Simaba cedron (Pharmacopées en Guyane)

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Quassia amara
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Simaba guianensis



Simaba cedron Planch.


Synonymie

  • Quassia cedron (Planch.) Baill.

Noms vernaculaires

  • Créole : wan édé
  • Wayãpi : —
  • Palikur : timaaβain purubumna.
  • Aluku : wan ede.
  • Portugais : pau-para-tudo, serve-para-tudo.

Écologie, morphologie

Arbre ne dépassant généralement pas quinze mètres, assez fréquent en forêt primaire – dans le nord de la Guyane –, reconnaissable à son port rappelant celui des palmiers.

Collections de référence

Grenand 1911 ; Moretti 1120 ; Prévost et Sabatier 3839.

Emplois

Certains Créoles emploient les racines de cet arbre aux mêmes fins que celles de Simarouba amara, c’est-à-dire comme vermifuge, antipaludique et tonique amer. Les Palikur préparent avec l’écorce une décoction utilisée en bain pour soigner des éruptions cutanées d’origine diverses [1]. Pour favoriser l’accouchement, on place sous la moustiquaire de la parturiente une décoction fumante de la même écorce ; enfin, la même préparation, réputée très amère, est bue contre les fièvres palustres.

Étymologie

  • Palikur : de timaaβain, « support de la râpe à manioc », nom de l’arbre Simarouba amara et purubumna, « à grandes feuilles ».
  • Créole : emprunt à l’aluku wan ede (wan, « une » et ede, « tête », en raison du port de l’arbre).

Chimie et pharmacologie

Des fruits de cette espèce, fort réputés au Brésil comme alexitères [2], deux quassinoïdes, la cédronine et la cédronoline, ont été isolés (POLONSKY, 1973).

Nous avons vérifié les propriétés antipaludiques de la cédronine, principe actif largement majoritaire dans cette plante, que nous avons isolé des écorces de tronc d’un échantillon récolté en Guyane.

La cédronine est l’un des rares quassinoïdes ayant un squelette à 19 atomes de carbone, mais possédant aussi les éléments structuraux nécessaires à l’activité biologique. L’activité cytotoxique mesurée sur cellules de mammifères (souche KB) est effectivement moins élevée que celle des quassinoïdes actifs en C20. Ce composé manifeste une activité antipaludique in vitro et in vivo remarquable. Cependant la toxicité sélective de la cédronine sur les Plasmodium, comparée à celle sur cellules de mammifères, est moins favorable que celle obtenue avec la chloroquine diphosphate (MORETTI, 1994).

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  1. Un usage similaire a été noté chez les Urubu-Ka'apor (BALÉE, 1994).
  2. Il nous paraît intéressant de reproduire ici ce qu'écrivait LE COINTE (1, 1922) à propos de cette espèce : « En Guyane Française, on dit merveille de ses propriétés thérapeutiques. Contre les morsures de serpent, les amandes seraient d'un effet infaillible ; on fait macérer, dans quatre cuillerées d'eau de vie, la pulpe de cinq à six amandes et l'on donne à boire au malade la moitié du liquide, tandis qu'avec le reste, on maintient mouillé un linge appliqué sur la morsure. La convalescence est très rapide. L'étude des propriétés antivenimeuses de cette espèce mérite d'être entreprise. » Selon ce même auteur, les amandes seraient antidysentériques. Ce serait « un antipaludique plus efficace que la quinine ».
    Pour ces dernières propriétés, se reporter au paragraphe introductif sur la famille et au commentaire chimique ci-dessus.
    L'usage des graines comme alexitère est également signalé au Venezuela (DELASCIO CHITTY, 1985) et l'usage antidysentérique a récemment été retrouvé chez les Caboclos du bas Amazone (AMOROZO et GÉLY, 1988).