Hernandia guianensis (Pharmacopées en Guyane)

De PlantUse Français
Révision de 30 janvier 2021 à 17:09 par Michel Chauvet (discussion | contributions) (Étymologie)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher
Heliconia psittacorum
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Sparattanthelium guianensis


Hernandia guianensis. Fruits avec calice accrescent de bois banane.
Inflorescence et fleurs de Hernandia guianensis.



Famille Hernandiaceae

Hernandia guianensis Aublet

Noms vernaculaires

  • Créole : bois banane [bwa-bannann], mirobolan.
  • Wayãpi : waliwowo.
  • Palikur : maoksi adudu.
  • Portugais : ventosa.

Écologie, morphologie

Grand arbre peu commun et grégaire en forêt primaire humide.

Collections de référence

Cremers 7020 ; Grenand 996 ; Jacquemin 2620 ; Moretti et Damas 125 ; Prévost 3500.

Emplois

Les Palikur utilisent les inflorescences, les feuilles et les fruits préparés en décoction comme remède contre la coqueluche. Anciennement, la décoction était absorbée dans le calice accrescent enveloppant le fruit. Les fruits et les fleurs sont également mis à macérer dans l’os hyoïde du singe hurleur rempli d’eau ; cette potion absorbée par les enfants leur donne du souffle.

Étymologie

  • Créole : de bois, « arbre » et banane, « bananier », en raison du bois blanc et poreux comme le faux tronc du bananier ; mirobolan est un mot de l’ancien français (XIIIe siècle) désignant selon REY (1998) « plusieurs espèces de fruits desséchés servant dans les préparations pharmaceutiques ».
  • Wayãpi : waliwowo, onomatopée du bruit du vent passant dans le calice accrescent ressemblant au cri du singe hurleur (Alouatta seniculus).
  • Palikur : de maoksi, « singe hurleur » et adudu, « goître », en raison de la forme du calice accrescent. La coqueluche porte d’ailleurs le nom de maoksikan, « cri du singe hurleur ».

Chimie et pharmacologie

Avec l’équipe de BRUNETON, nous avons publié la présence de huit alcaloïdes dans cette plante (RICHOMME, 1984 ; RICHOMME et al., 1984). Les teneurs atteignent 0,9 % dans les écorces de tronc, 2 % dans les écorces de racine et 0,21 % dans les feuilles. Ces alcaloïdes sont : la nandigérine (F. ET., ER.), l’hervonine (ET., ER.), l’ovigérine (F., ET.), la laurotétanine (F., ET.), la N-méthylnandigérine (F., ET., ER.), l’actinodaphnine (F.), la réticuline (F.) et la N-méthylhernovine (ET.). D’après PERNET (1971), la laurotétanine est un curarisant.

Nous avons également trouvé quatre lignanes dans la plante : la désoxypodophyllotoxine (F., ET., ER.), l’acétylpodophyllotoxine (ET., ER.), la burséhernine (ET.) et le podorhizol (ER.).

RICHOMME et al. (ibid.) précisent que les podophyllotoxines sont particulièrement importantes pour les propriétés cytostatiques de leurs dérivés. La désoxypodophyllotoxine possède un pouvoir inhibiteur sur les cellules leucémiques p 388 et sur le carcinome humain du nasopharynx (cellules KB) ; de plus elle présente une activité antiherpétique.

La burséhernine a également une activité antitumorale. GOTTLIEB et al. (1980) signalent la présence dans les écorces de picropodophylline et de deux stérols : le sitostérol et l’estigmastérol.

Tests chimiques en fin d’ouvrage.