Verbena (Rolland, Flore populaire)
Sommaire
[Tome VIII, 38]
Verbena vulgaris
- Nom accepté : Verbena vulgaris
- hierobotane, aristereon, verbena, herbena, sagmen, sagmina, pl. lat. (cette herbe sacrée était cueillie à Rome, sur le Capitole par les Féciaux. Celui qui la portait était appelé verbenarius.) — berbenaca, palumbaris, columbina, benerea, beneria, erculania, cincinalis, lustrago, exuperans, herba sanguinalis, verpidion, lat. de Dioscoride, publié par Stadler. — berbina, auricula vervicina, verminaca, verminacia, peristereon, columboris, columbaria, lirobotanum, gerobotanis, sacra frondis,
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- ferraria, sanguinaria, emagallis, militaris, exupra matricalis, aelius, bonion, thiabsenti, peltoclotis, peltodotes, crista gallinacia, nymphæa, lat. du m. â., Goetz.
- sacra herba, lat. du Ve s., apr. J.-C., Marcellus Empiricus.
- verminatio, l. du m. â., Steinmeyer, III, 603.
- herba verminata, l. du m. â., F. Lenormant, Pseudo-Apulée.
- hierobotanum, sacralis, verminaca, verbigena, demetria, demedria, demetina, dametra, botanica, centrum galli, vertipedium, vertipodum, vertirœdum, lerepontrina, esclaurus, eseberus, Iustago, l. du m. â., Dief. — hiera, herculana, sacratimen, l. du m. â., Simon Januens., 1486. — bona herba Veneris, gerabotanum, recia (?), l. du m. â., Mowat. — herba sagminalis, l. du m. â., Fuchsius, 1546. — diosatim, diosatin, l. du m. â., Kobert, p. 41. — herba sancti Johannis, anc. nomencl., Bauhin, 1591 ; De Toni. — verbena recta, verbena columbina, columbina recta, herba sanguinalis, crista gallinacea, exupera, ferria, trixago, anc. nomencl., Dodoens, 1557. — verbena mascula, anc. nomencl., Bauh., 1671.
- vervena, verbena, berbena, anc. provenç. — verbene, f., vervayne, f., verveine, f., vervine, f., vermaine, f., anç. franç. — vèrbèna, f., varvèna, varvëno, varvéne, varvègne, vèrvin-ne, varvan-na, vrëvin-na, vèrvouèn', vèrvouin-ne, vouorvéno, vorouéne, bèrbéno, barbéno, bèrbèn', bèrbiéno, erbo dé lo bèrbèno, bérbéë, en div. pat. — verveine droicte, franç., Dodoens-L'Escluse, 1557. — bouono barbéno, f., Apt (Vaucl.). — vèrvèlo, f., Corrèze. — vërvéle, f., Vosges. — virvoni, m., Salignac (Dord.), r. p. — bordèno, f., Mur-de-Barr. (Aveyr.), Carb. — darbèno, f., Perloz (Val d'Aoste). — vèrmèno, f., bèrmèno, f., bèrmày'no, f., Languedoc, Gascogne. — morméno, f., Gers, L.-et-G., Aveyr. — vèrlêne, f., vèrlin-ne, f., vèrvin-ne, f., vèlvône, f., wallon, c. p. M. J. Feller. — barbénéga, f., Nice, Risso. — vèrbènày’, f., Pays messin. — brébouane, f., herbe de l'effort, Nièvre. — barbàntano, f., prov., Achard. — vratour, m., Tavaux (Jura), r. p.
- herbe à la croix, Champagne. — erbo crusàdo, f., erbo crousado, f., Provence . — créy'sèta, f., créy'jéta, f., crijéta, f., Suisse rom.
- èrbo dé mèrvèyo, èrbo dé Nouéstro-Damo, Digne. — èrbo dé la mèrbèlho, èrbo dé la rato, Aveyr.
- herbe de sang, herbe à tous maux, herbe au chat, menthe de chat, Haute-Marne, c. p. M. A. Daguin.
- herbe aux sorciers, Ille-et-V., Orain.
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- fleur de madame, La Reid (Belg.), c. p. M. J. Feller. (Par opposition à la fleur de monsieur qui est le Sisymbrium officinale. Sur les rapports entre la verveine et le sisymbre officinal, voyez : J. Feller, dans Bull. de Folklore, t. II (1893), 105-109.)
- columbaire, f., columbyne, f., anc. fr. — pijounièro, f., Var.
- yzerne, f., wallon du XVe s., J. Camus, Man. nam.
- vènèré, fém., jargon de Razey près Xertigny (Vosges), r. p.
- vervenn, varlenn, barlenn, louzaouenn ar groaz (= herbe à la croix), kroazik, breton.
- verbena, berbina, vermina, virminaca, erba colombina, erba de san-Gioan, erva de la mivuza (= herbe de l'ictère du foie), erba minsaea, erba milzea, sabiarella, crous, clumbeina, dial. ital. — barbèra, catalan.
- isinima, isanina, isenarre, isarna, iserenhard, iserhart, eysenchrawt, ysendeck, eisenrich, isnwurze, verbien, anc. h. all. — grünkraut, Brême. — hardiizer, iizerhard, iizerkruid, kerckkruid, dial. flam. et holland.
- hraetelwyrt, berbeana, berbine, anglo-saxon. — flegwurt, biscopwyrtil, anc. angl. — vervine, pigeon's grasse, holy herb, Juno's teares, Mercuries moistblood, angl., Cotgr., 1650.
- ria' el hhamân (= pâture des pigeons), arabe. — werbinâdj, ayân nouthay, qannabîyyé, arabe syrien, Berggren.
« L'érbo de la vèrméno Fo coulà lou sanc séns doubri la vèno = la verveine fait couler le sang sans qu'on ouvre la veine. » La Salle (Gard), c. p. M. P. Fesquet.
La verveine passe pour guérir nombre de maladies et en bien des endroits pour garantir des sorciers celui qui la porte sur soi.
« On emploie cette plante comme détersive, on dit qu'elle mange le sang. » Belg. wall., c. p. M. J. Feller.
« Prenez chaque matin, pendant neuf jours, un morceau de pain et une gousse d'ail ; puis allez les déposer devant un pied de verveine. Cela fait vous aurez soin d'uriner sur le tout ; c'est un remède infaillible contre les fièvres quartes. » Landes, c. p. M. J. De Laporterie. — « Pisser sur la verveine porte bonheur. » Naintré (Vienne), r. p.
« Pour morsure de serpent, ardez la vervainne et en faites poudre, si la metez sur la morsure, si garira. Et qui portera la vervainne suz soy jamais serpent ne le grevera.» J. Camus, Réceptaire, p. 10.
Les vieilles femmes vont chercher la verveine dont elles se servi-
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- ront comme remède, au clair de la lune et en marchant à reculons. » Morvan, Bidault, Superst. méd. du Morvan, 1899, p. 36.
« Le sorcier, qui veut savoir quelle maladie a celui qui vient le consulter, cueille, en décours de la lune, trois branches de verveine qu'il laisse macérer pendant trois jours et trois nuits dans du vinaigre. Au lever de la lune, il reconnait, à la manière dont les feuilles sont entrelacées, de quelle maladie son client est atteint. » G. Symphor Vaudoré, Lettres d'un vieux laboureur, 1867, p. 88.
Sur les vertus médicinales de la verveine, voyez encore : Dialogue des créatures, 1482, 30e dialogue.
« Pour n'estre point las en allant, prens verveine cueillie la veille de la Saint-Jehan et la porte sur toy. » Bastiment des receptes, 1544, fet 59, v°.
« Pour qu'un cheval se lasse pas en courant attachez lui la grosse dent du loup en marchant et pendez lui au cou des racines de verveine et d’armoise. » Maladies du bétail, Fribourg (Suisse), 1858.
« Pour escalader facilement les montagnes, les armaillis et surtout les garçons de chalet mettent à leur jarretière un rameau de verveine qu'ils appellent vérvéna à corre = verveine à courir. » Gruyère (Suisse), Chenaux, Le diable et ses cornes, 1876, p. 53.
« Pour faire dix lieues à l'heure vous appliquez sur la rate un emplâtre composé de divers ingrédients parmi lesquels sept feuilles de verveine. » Grand grimoire bernois cité par Chenaux, Le diable et ses c., 1876, p. 54.
« La verveine donne de la force aux lutteurs. » Bretagne, Mme Vattier, Yvonne, p. 18.
« Au Sabbat les diablotins se font des jarretières de verveine pour marcher sans fatigue. » Char.-Inf., c. p. M. E. Lemarié.
« Pour que les pommiers produisent beaucoup, on met un brin de verveine dans les branches. » H.-Bretagne, Rev. d. tr. p., 1905, p. 296.
« Si on frotte les poules avec de la verveine sauvage, on est assuré de les vendre un bon prix. » Dinan (C.-du-N.), Rev. d. tr. p., 1904, p. 162.
« La femme qui a perdu son lait, doit, pour le recouvrer, cueillir trois sommités de branches de verveine, en récitant le Pater noster et l’Ave Maria et les porter sur soi. » Docum. des envi-
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- rons d'Albi, en 1485, Revue du Tarn, 1877, p. 39. — « La verveine fait venir du lait aux chèvres. » Char.-Inf.
« Un brin de verveine porté constamment sur soi, rend chaste. » H.-Bret., Rev. d. tr. p., 1905, p. 160.
« Cueillie et brûlée le jour de la Saint-Jean la v. guérit les hernies. Nos paysans disent ironiquement que, dans sa cendre, se trouve le gekkensteen (= pierre des fous). » Belg. flam., Coremans, Année de l'anc. Belg., 1844.
« Les femmes blanches, apparitions nocturnes, présentent aux personnes qu'elles rencontrent une branche de chêne ou d'herbe de la croix (verveine). Si l'on accepte ce talisman, on sera doué d'autant d'années de puissance et de joie que la branche a de feuilles ; mais au bout de ce temps, votre âme appartiendra au démon. » Pays de Tréguier et Cornouailles, Mosaïque de l'Ouest, Il, 320.
« Quand on veut acquérir l'affection d'une personne, on lui présente de la verveine. » Chroniqueur du Périgord, 1853, p. 120.
Conjuration pour se faire aimer. « Il faut par trois vendredis à huit heures du matin faire autour d'une verveine trois tours à rebours et bénédiction de la main gauche ; et le dernier vendredi l'arracher de la main gauche et en la cueillant il faut dire ces mots : o pega vervena, o pega, o pega, Lucia vervena, Lucia vervena, Lucia, o Luna, Luna. Puis il faut faire poudre de cette verveine, en disant : Je te conjure aux noms de Vénus et de Cupidon, du Soleil et de la Lune que celle de toi (sic) je toucherai ne puisse nul autre aimer que moi et m'aime comme toi même. Puis en touchant la fille, dites : Audi filia (ici le nom de la fille) et inclina aurem tuam et obliviscere populum tuum et domum patris tui et sequere me. » Extrait d'un cahier manuscrit originaire de la Bretagne, c. p. feu L. F. Sauvé.
Autre incantation pour se faire aimer : « Le premier vendredi de la nouvelle lune, il faut avoir un couteau neuf et aller cueillir une verveine. Il faut se mettre à genoux, la face tournée vers le soleil levant et, coupant la dite herbe avec le couteau, dire : Sara isquina safos ; je te cueille, herbe puissante, afin que tu me serves à ce que je voudray. Puis vous vous lèverez sans regarder derrière vous. Étant dans votre chambre, vous la ferez sécher et pulvériser et vous ferez avaler cette poudre à la personne. » XVIIe s., J. Cousin, Secr. mag., 1868, p. 45.
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Autre incantation pour se faire aimer : « Prenez de la verveine que vous pilerez et en frotterez le talon de votre main gauche, puis avec cette main, vous formerez un signe de croix à votre front, ensuite à celui de la fille, en disant : Cathos, que ton désir seconde au mien comme celui de Saint-Joseph avec Marie ! » XVIIe s., J. Cousin, Secr. mag., 1868, p. 7.
« La verveine prise le soleil étant en Aries, avec de la graine de pivoine d'un an, mises en poudre, si la poudre est mise entre deux amants, aussitôt ils auront querelle. » XVIIe s., J. Cousin, Secr. mag., 1868, p. 37.
Langage des fleurs. — « La verveine signifie : ne me laissez pas pour une autre. » Traité curieux des couleurs, 1647, p. 85. — « Un brin de verveine sauvage, offert à une fille, équivaut à une déclaration. » Côte-du-N., Rev. d. tr. p., 1905, p. 160.
« La verveine symbolise les enchantements. » Leneveux, 1837. — « La verveine symbolise l’inspiration, la poésie. » E. Faucon.
Verbena supina
- Nom accepté : Verbena supina
- verbenaca supinaca, columba supina, licinia, chamedrys (par confusion, chez les apothicaires), anc. nomencl., Dodoens, 1557, p. 96.
- verveine basse, f., anc. fr., Dodoens-L'Écluse, 1557, p. 97.