Cecropia obtusa (Pharmacopées en Guyane)

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Drymaria cordata
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Goupia glabra


Cecropia obtusa. Georges Elfort au pied d’un bois canon de deux ans


Famille Cecropiaceae

Cecropia obtusa Trécul

Noms vernaculaires

  • Créole : bois canon [bwa-kannon].
  • Wayãpi : ama’ɨ.
  • Palikur : tukuwi.
  • Portugais : imbauba.

Écologie, morphologie

Arbre moyen caractéristique des forêts secondaires et des bords de route.

Collections de référence

Grenand 261, 1153 ; Jacquemin 2826 ; Moretti 1377 ; Prévost et Grenand 1009.

Emplois

Cette espèce, ainsi que d’autres Cecropia d’aspect très similaire [1] semblent, entre autres usages, avoir attiré un peu partout l’attention en Amérique tropicale pour ses propriétés médicinales.

Elle est d’utilisation très commune en médecine créole. La tisane préparée avec les feuilles jaunissantes serait diurétique, tandis que l’infusion des feuilles vertes est employée en lavement comme désinfectant génital après l’accouchement.

Les inflorescences séchées au feu et incorporées sous forme de poudre à de la chandelle molle (suif) constituent une pommade appliquée localement sur les leishmanioses [2]. En médecine vétérinaire, on fait manger les feuilles aux animaux herbivores pour les déparasiter.

Chez les Wayãpi, la face interne grattée de l’écorce gorgée de sève sert à préparer des cataplasmes salutaires pour réduire les fractures des membres, résorber les hématomes ou encore cicatriser les plaies [3].

Les Palikur utilisent les plantules pour préparer des cataplasmes appliqués pour tuer les vers macaques et diverses larves de diptères (yuyen) qui parasitent la peau des humains et des chiens.

La pulpe des jeunes rameaux est également utilisée comme émollient en association avec des Astéracées (Chromolaena odorata). Pour d’autres usages, cf. Sambucus simpsonii (Caprifoliacées) et Costus erythrothyrsus (Costacées) et Vismia cayennensis (Clusiacées).

Étymologie

  • Créole : de bois, « arbre » et canon, « canon », parce que le tronc très droit est creux comme le canon d’une arme à feu.
  • Wayãpi : de amã, « pluie » et a’ɨ, « fils de ». Les Wayãpi disent que cet arbre est envoyé sur terre par la pluie.

Chimie et pharmacologie

Les tests que nous avons effectués montrent la présence de triterpènes ou de stérols. Des stéroïdes et de l’acide ursolique ont été isolés de Cecropia peltata L. (HEGNAUER, 5, 1969). Les feuilles de Cecropia renferment des alcaloïdes (cécropine et ambaïne), du policarpol, sitostérol et les acides fumariques et caféiques (ESTRELLA, 1996). Un brevet a été déposé sur les applications en dermato-cosmétique, à visée amincissante et assouplissante, d’un extrait de ce Cecropia, présentant une activité prononcée sur la lipolyse (PAULY et MORETTI, 1998a).

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  1. L’espèce Cecropia obtusa, de loin la plus répandue en Guyane française, est confondue par les diverses ethnies de basse Guyane avec Cecropia palmata Willd., plus rare et essentiellement présente dans la zone côtière.
  2. Dans les pays d’Amérique centrale, les feuilles de Cecropia sont employées en voie interne pour les troubles gastriques et intestinaux (CACERES et al., 1990). DEVEZ (1932) signale également pour la Guyane l’usage de la sève pour dessécher les verrues et les dartres.
  3. Des usages très proches des gros bourgeons, sont signalés pour Cecropia peltata chez les Caraïbes de la Dominique (HODGE et TAYLOR, 1957) et les Arawak de la Moruca en Guyana (VAN ANDEL, 2000) et pour Cecropia palmata, chez les Caboclos d’Amazonie (LE COINTE, 1922). Dans le bas Amazone (Amapá, Pará), l’espèce commune semble être plutôt Cecropia peltata L., où elle est employée comme hypotensive, fébrifuge, diurétique, cicatrisante de la peau et comme tonique capillaire. La décoction des feuilles serait antimalarique. La sève est aussi appliquée sur les ulcères gangréneux et diverses affections de la peau (CORRÊA, [1926] IV, 1984).