Datura stramonium (TRAMIL)
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- Nom accepté : Datura stramonium
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Sommaire
Noms vernaculaires significatifs TRAMIL
- Haïti : datira
- autres noms créoles : konkonm dyab, konkonm zombi
Distribution géographique
Largement répartie sous les tropiques et les régions subtropicales du Vieux et du Nouveau Monde.
Description botanique
Herbacée annuelle, pouvant atteindre 1 m de haut, glabre ou pubescente sur ses parties jeunes. Feuilles alternes, ovées, acuminées, légèrement dentées, pouvant atteindre 20 cm. Fleurs dressées, de 6 à 10 cm; calice tubulaire, presque cylindrique, étroit, de 3 à 4 cm, muni de dents aiguës; corolle blanche, 5 lobes avec appendices filiformes. Capsule dressée, déhiscente, couverte d’épines longues et pointues; graines réniformes.
Voucher : Jiménez,686,JBSD
Emplois traditionnels significatifs TRAMIL
- crises d’asthme, dyspnée : fleur et feuille séchées, fumées1
Avertissements
Selon l’information disponible :
L’emploi de la fleur et de la feuille séchées contre les crises d’asthme et la dyspnée est classé TOXIQUE (TOX). Compte tenu de la toxicité des parties aériennes de cette plante, il convient de fortement déconseiller son usage, tout en reconnaissant ses qualités thérapeutiques. En cas d’intoxication par ingestion et/ou inhalation des parties aériennes, consulter un médecin.
Chimie
La feuille a été abondamment étudiée et contient, entre autres composants, des alcaloïdes : ± hyosciamine (atropine), (-) hyoscine (scopolamine)2-3; des phénylpropanoïdes : acide cafeïque, p-coumarique, férulique4 et chlorogénique; des terpénoïdes : campestérol, daturalactone, β-sitostérol, stigmastérol, stramonolide5; des flavonoïdes : camphérol, populnine, rutine, quercétine et dérivés6; des peptides : γ-L-glutamil-L-aspartate7. La plante entière contient des alcaloïdes (0,06-0,50%) : atropine et scopolamine, principalement2-3,8.
Activités biologiques
La fumée de feuille séchée équivalente à un quart et à une moitié de cigarette, mélangée avec la feuille d’Atropa belladonna et de Tussilago farfara, a montré une action antiasthmatique chez le cobaye9.
Les extraits aqueux et éthanolique (95%) de feuille ont montré une action antispasmodique sur l’iléon isolé de cobaye (200 μg/mL)10.
La feuille séchée administrée oralement a montré une action anticholinergique et hallucinogène sur l’être humain adulte11.
Le γ-L-glutamil-aspartate inhibe les récepteurs centraux du glutamate au niveau de l’hippocampe et du corps strié et diminue la mémoire à long terme7,12.
L’atropine contenue dans la plante est décrite comme un antagoniste compétitif de l’acétylcholine et bloque les récepteurs cholinergiques (type muscariniques) de divers organes. Son administration provoque une mydriase et une cycloplexie, une bradycardie, une vasodilatation cutanée et une sécheresse des muqueuses; elle réduit la bronchoconstriction, l’épuration mucociliaire, la sécrétion gastrique, la motilité gastro-intestinale et du côlon (antispasmodique); dans les voies urinaires elle favorise la rétention vésicale. Sa pénétration dans le système nerveux est faible, d’où l’action limitée de l’emploi de doses cliniques13.
Toxicité
La DL50 de l’extrait hydroalcoolique (40%) de feuille fraîche par voie orale à la souris Swiss albinos (18 a 22 g) a été de 821.93 mg/kg, selon la méthode OECD-198714. Les parties aériennes séchées (1,7 g/kg) administrées oralement à des truies ont entraîné des manifestations toxiques générales, mais elles n’ont pas eu d’effets tératogènes15.
L’extrait méthanolique (50%) de feuille et de tige (50 μg/ mL) in vitro a stimulé l’utérus isolé de hamster16. On a constaté chez des êtres humains plusieurs cas d’intoxication provoquée par les parties aériennes17-19, spécifiquement par la fleur séchée20-21 ou la feuille19,22-25, administrées oralement ou fumées26-27. Les symptômes ont été variés, incluant tachycardie, dilatation des pupilles, soif extrême, confusion mentale, cécité et convulsions pouvant aller jusqu’à la mort17.
L’intoxication par atropine est une cause fréquente d’intoxications cliniques, spécialement chez de jeunes enfants et chez des personnes âgées, à cause de la consommation d’infusions élaborées à partir de plantes qui contiennent ces alcaloïdes. Les cas mortels sont rares, mais on a constaté que chez les enfants, 10 mg ou moins peuvent entraîner la mort13.
L’ingestion de hautes doses de plante provoque des effets hallucinogènes et on a observé des tableaux d’intoxications chez des adolescents et des adultes qui avaient fumé des cigarettes confectionnées avec de la matière végétale contenant ces alcaloïdes. Les effets collatéraux (même à doses thérapeutiques) de scopolamine (hyoscine) entraînent une dépression du système nerveux central avec somnolence, amnésie, fatigue, troubles de la parole et de la motricité. On constate parfois des cas d’excitation, d’inquiétude, d’hallucinations et de délire dus à des doses toxiques de scopolamine, qui peuvent être suivis d’un tableau de dépression conduisant à un arrêt circulatoire et à une insuffisance respiratoire, incluant paralysie et coma. L’atropine (hyosciamine) administrée à hautes doses provoque des troubles visuels, une excitation, une agitation et un délire28-29 éventuellement suivis d’un accident cardiorespiratoire pouvant conduire à la mort13.
En cas d’intoxication par voie orale, on recommande de procéder à un lavage d’estomac, puis d’administrer de la pilocarpine ou de la physostigmine afin de contrecarrer les symptômes de l’atropine, et d’appliquer des compresses d’eau froide30.
Deux cas d’empoisonnement par du Datura ont été traités efficacement avec de la physostigmine31.
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