Solanum nigrum (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Légume | |
Médicinal | |
Fourrage | |
Sécurité alimentaire |
- Protologue: Sp. pl. 1: 186 (1753).
- Famille: Solanaceae
- Nombre de chromosomes: 2n = 72
Synonymes
Noms vernaculaires
Morelle noire, brède martin, herbe à calalou (Fr). Black nightshade, common nightshade, garden nightshade (En). Erva moura (Po). Suga, mnavu (Sw).
Origine et répartition géographique
L’origine exacte de Solanum nigrum est inconnue, mais on s’accorde pour le dire originaire d’Europe et d’Asie, et probablement aussi d’Afrique. Solanum nigrum (hexaploïde) serait dérivé du tétraploïde Solanum villosum Mill. et du diploïde Solanum americanum Mill., mais il se peut que d’autres taxons soient impliqués. Il est très bien adapté au climat méditerranéen, et il se peut qu’il tire son origine de cette région. Il a certainement été introduit en Amérique du Nord, en Nouvelle-Zélande et en Australie, et on ne l’a pas encore trouvé en Amérique du Sud et en Amérique centrale, ni sur les îles de l’océan Pacifique. En Afrique, il a probablement une répartition étendue, mais des études taxinomiques détaillées restent à mener dans de nombreux pays.
Usages
Solanum nigrum a de nombreux usages, mais la détermination de la véritable identité de la plante appelée Solanum nigrum dans la littérature est généralement impossible et il se peut que certains des usages décrits ici s’appliquent à des espèces étroitement apparentées.
L’emploi médicinal de Solanum nigrum remonte probablement à plus de 2000 ans. Les plantes sont utilisées comme émollient et analgésique pour traiter les démangeaisons, les brûlures et les douleurs névralgiques, et on leur prête aussi des vertus expectorantes et laxatives. De même, les feuilles sont créditées de propriétés sédatives et cicatrisantes et on les applique sur les coupures, les ulcères, les plaies, les inflammations et les maladies de peau. Les feuilles se prennent en décoction pour soigner le pian. Le fruit est considéré comme un remède contre le diabète. On prête également à la plante des propriétés diurétiques. L’extrait de feuilles et de tige est utilisé pour traiter l’hydropisie, les maladies cardiaques, les hémorroïdes, la gonorrhée, la fièvre, les maladies oculaires et l’hypertrophie chronique du foie et de la rate. En Tanzanie, les racines sont consommées pour traiter les maux d’estomac.
Les feuilles et les jeunes pousses de Solanum nigrum sont vraisemblablement récoltées dans la nature comme d’autres Solanum spp. et consommées cuites à l’eau comme légume. Il est recommandé de changer l’eau de cuisson plusieurs fois. Toutefois on a signalé, par ex. en Ethiopie, que les feuilles ont un goût amer et ne sont consommées que lorsque des légumes plus savoureux font défaut. Les fruits seraient toxiques, mais il existe plusieurs mentions de fruits consommés mûrs. La plupart des sources indiquent que les fruits immatures sont particulièrement toxiques.
Production et commerce international
Propriétés
Lorsque les feuilles de Solanum nigrum sont consommées régulièrement (plusieurs fois par semaine), on dit qu’elles entraînent des maux d’estomac en raison de la présence de glyco-alcaloïdes toxiques tels que la solanine (avec l’aglycone solasodine). La teneur totale en alcaloïdes des feuilles séchées à l’air est de 0,1%. L’empoisonnement à la solanine peut provoquer des vomissements, des étourdissements, un état de confusion mentale, une aphasie et parfois une cécité. Solanum nigrum contient en outre des sapogénines, la diosgénine et la tigogénine. Les baies immatures contiennent 0,7% de solasodine, 0,2% de diosgénine et 0,15% de tigogénine ; les feuilles contiennent 1,3% de tigogénine.
On a observé que les parties aériennes réduites en poudre de Solanum nigrum et leur extrait méthanolique réduisaient de façon significative la formation d’ulcères gastriques chez les rats, et un extrait alcoolisé de fruit a montré une importante inhibition de l’œdème induit par la carraghénine. Un extrait alcoolisé de feuilles s’est avéré actif contre Staphylococcus aureus et Escherichia coli. Parmi les autres activités pharmacologiques constatées, on peut citer des activités antispasmodique, hypotensive, hypocholestérolémique et anti-VIH-1, ainsi que des activités insecticide et molluscicide.
Botanique
Plante herbacée annuelle atteignant 70 cm de haut, à tige retombante ou érigée, glabre ou à poils longs simples et multicellulaires, glandulaires ou non. Feuilles disposées en spirales, simples ; stipules absentes ; pétiole de 0,5–6,5 cm de long, légèrement ailé vers l’apex ; limbe ovale à lancéolé-rhombique, de 2,5–10 cm × 2–7 cm, base cunéiforme, apex obtus, bord entier à ondulé-denté. Inflorescence : cyme racémiforme, extra-axillaire, à 3–12 fleurs ; pédoncule de 1–3 cm de long. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères ; pédicelle recourbé chez le fruit ; calice campanulé, atteignant 2,5 mm de long à lobes ovales, défléchis ou adhérant à la base du fruit mûr ; corolle étoilée, de 0,5–1 cm de diamètre, blanche avec étoile basale jaune-vert, lobes de 1,5–4 mm de long ; étamines insérées sur la gorge de la corolle, filets atteignant 1,5 mm de long, anthères atteignant 2,5 mm de long ; ovaire supère, globuleux à ellipsoïde, d’environ 1 mm de diamètre. Fruit : baie globuleuse à ovoïde de 6–10 mm de diamètre, violet terne à noirâtre ou parfois jaune-vert, contenant de nombreuses graines. Graines aplaties, obovoïdes, d’environ 2 mm de long, blanc crème, finement ponctuées.
Solanum nigrum appartient au sous-genre Solanum et à la section Solanum, de même que des espèces comme Solanum americanum Mill., Solanum florulentum Bitter, Solanum grossedentatum A.Rich., Solanum scabrum Mill., Solanum tarderemotum Bitter et Solanum villosum Mill. De nombreuses espèces de la section Solanum ont jadis été nommées Solanum nigrum ; par conséquent, les références à Solanum nigrum dans la littérature doivent être interprétées avec une grande prudence. Il faut encore mener des recherches afin de mieux comprendre les espèces de la section Solanum et leur diversité. Solanum nigrum peut être divisé en 2 sous-espèces : subsp. nigrum (glabre à légèrement poilu, à poils apprimés non glandulaires) et subsp. schultesii (Opiz) Wessely (densément poilu, à poils glandulaires bien visibles). Cependant, la distinction n’est pas claire dans tous les cas.
Description
Autres données botaniques
Croissance et développement
Ecologie
Solanum nigrum est souvent présent comme adventice dans les champs, mais également dans les terrains vagues, au bord des routes et dans les endroits perturbés, en plein soleil ou légèrement à l’ombre, du niveau de la mer jusqu’à 3000 m d’altitude.
Multiplication et plantation
Gestion
Maladies et ravageurs
Recolte
Ressources génétiques
Solanum nigrum est variable et répandu, et il n’est pas menacé d’érosion génétique. Il existe une collection de ressources génétiques au jardin botanique et expérimental de l’Université de Nimègue aux Pays-Bas.
Perspectives
Solanum nigrum restera un légume-feuille d’importance secondaire, surtout important en période de disette. Ses composés toxiques ne permettent pas une consommation à grande échelle et rendent ses usages risqués comme plante médicinale.
Références principales
- Blomqvist, M.M. & Nguyen Tien Ban, 1999. Solanum L. In: de Padua, L.S., Bunyapraphatsara, N. & Lemmens, R.H.M.J. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(1). Medicinal and poisonous plants 1. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 453–460.
- Bukenya-Ziraba, R. & Carasco, J.F., 1995. Solanum (Solanaceae) in Uganda. Bothalia 25(1): 43–59.
- Edmonds, J.M. & Chweya, J.A., 1997. Black nightshades. Solanum nigrum L. and related species. Promoting the conservation and use of underutilized and neglected crops 15. Institute of Plant Genetics and Crop Plant Research, Gatersleben, Germany/International Plant Genetic Resources Institute, Rome, Italy. 113 pp.
- Gonçalves, A.E., 2005. Solanaceae. In: Pope, G.V., Polhill, R.M. & Martins, E.S. (Editors). Flora Zambesiaca. Volume 8, part 4. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 124 pp.
- Katambo, M.L.M., 2007. A systematic study of African Solanum L. Section Solanum (Solanaceae). PhD thesis, Radboud University, Nijmegen, Netherlands. 154 pp.
Autres références
- Bukenya-Ziraba, R., 1996. Uses, chromosome number and distribution of Solanum species in Uganda. In: van der Maesen, L.J.G., van der Burgt, X.M. & van Medenbach-de Rooy, J.M. (Editors). Proceedings 14th AETFAT congress, 22–27 August 1994, Wageningen, Netherlands. Kluwer Academic Publishers, Dordrecht, Netherlands. pp. 33–37.
- Bukenya-Ziraba, R. & Carasco, J.F., 1999. Ethnobotanical aspects of Solanum L. (Solanaceae) in Uganda. In: Nee, M., Symon, D.E., Lester, R.N. & Jessop, J.P. (Editors). Solanaceae 4: Advances in biology and utilization. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. pp. 345–360.
- Bukenya-Ziraba, R. & Hall, J.B., 1988. Solanum (Solanaceae) in Ghana. Bothalia 18(1): 79–88.
- Debray, M., Jacquemin, H. & Razafindrambao, R., 1971. Contribution à l’inventaire des plantes médicinales de Madagascar. Travaux et Documents No 8. ORSTOM, Paris, France. 150 pp.
- Decary, R., 1946. Plantes et animaux utiles de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 54e année, 6e série, 4e volume, 1er et dernier fascicule. 234 pp.
- Edmonds, J.M., 1977. Taxonomic studies on Solanum section Solanum (Maurella). Botanical Journal of the Linnean Society 75: 141–178.
- Edmonds, J.M., 1979. Biosystematics of Solanum L. section Solanum (Maurella). Botanical Journal of the Linnean Society 76: 27–51.
- Gurib-Fakim, A., Guého, J. & Bissoondoyal, M.D., 1997. Plantes médicinales de Maurice, tome 3. Editions de l’Océan Indien, Rose-Hill, Mauritius. 471 pp.
- Nacro, M. & Millogo-Rasolodimbi, J., 1993. Plantes tinctoriales et plantes à tanins du Burkina Faso. Editions ScientifikA, Amiens, France. 152 pp.
- van Wyk, B.E. & Gericke, N., 2000. People’s plants: a guide to useful plants of southern Africa. Briza Publications, Pretoria, South Africa. 351 pp.
Sources de l'illustration
- Blomqvist, M.M. & Nguyen Tien Ban, 1999. Solanum L. In: de Padua, L.S., Bunyapraphatsara, N. & Lemmens, R.H.M.J. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(1). Medicinal and poisonous plants 1. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 453–460.
Auteur(s)
- P.C.M. Jansen
PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Consulté le 23 décembre 2024.
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