Camelée (Cazin 1868)

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Calament
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Cameline
PLANCHE XI : 1. Caille-lait. 2. Camelée. 3. Camomille romaine. 4. Camphrée. 5. Capillaire.


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Nom accepté : Cneorum tricoccon


CAMELÉE. Cneorum tricoccum. L.

Chamelæa tricoccos. C. Bauh., Tourn. — Garoupe.

Térébinthacées. — Cnéorées. Fam. nat. — Triandrie monogynie. L.


La camelée (Pl. XI), petit arbuste touffu et toujours vert, est indigène de l’Italie, de l'Espagne et des départements méridionaux de la France. On la trouve sur certaines montagnes des environs de la Méditerranée, et particulièrement près de Narbonne, sur la montagne dite Pas-de-loup. Elle est si commune dans cette contrée qu'elle sert pour chauffer les fours. On la cultive pour l'ornement des bosquets d'hiver.

Description. — Tige de 60 à 75 centimètres, recouverte d’une écorce brunâtre, divisée en nombreux rameaux redressés, cylindriques, glabres. — Feuilles alternes, sessiles ou brièvement pétiolées, vertes, entières, allongées, plus larges au sommet qu'à là base, persistantes, se rapprochant pour leur forme de celles de l'olivier. — Fleurs jaunes, terminales, longuement pédonculées, axillaires, quelquefois deux ou trois ensemble, plus souvent solitaires. — Calice tridenté, persistant. — Trois pétales oblongs, concaves, beaucoup plus grands que le calice. — Trois étamines un peu plus courtes que les pétales, insérées sur un gynophore. — Un ovaire supérieur trilobé, surmonté d'un style terminé par un stigmate trifide. — Fruit : se compose de trois coques, drupacées, charnues, à noyau ligneux, conservant le style de la fleur, renfermant deux ou trois graines. D'abord verte, cette baie devient rouge en mûrissant.

Parties usitées. — Toute la plante (très-peu usitée).

[Culture. — On multiplie la camelée de graines semées en terre légère ; elle se resème d'ailleurs toute seule, mais les graines ne poussent qu'à la seconde ou à la troisième année.] Quand on veut la cultiver dans les contrées où elle ne vient pas spontanément, on en fait des boutures au printemps sur une couche tiède, ou bien, on sème les graines sur couche dès qu'elles sont mûres : il en lève une certaine quantité au printemps suivant. Celles qu’on destine à la pleine terre doivent être placées à l'ombre et surtout empaillées pendant les froids rigoureux ; il est même prudent de conserver quelques pieds en orangerie.


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Récolte. — Cette plante peut être recollée pendant toute la belle saison.

Propriétés physiques et chimiques. — Toutes les parties de la camelée ont une saveur âcre et brûlante, qui décèle la présence d'un principe résineux tris actif. Je ne connais aucune analyse chimique de cette plante.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L’INTÉRIEUR. — Poudre des feuilles, 60 centigr. à 1 gr. 50 centigr. comme altérant progressivement, de 2 à 6 gr. comme diurétique.
Extrait (par inspissation du suc), 2 à 8 gr. progressivement.

Les anciens l'administraient aussi en teinture vineuse.
A L’EXTÉRIEUR. — Feuilles en cataplasme comme rubéfiant et comme moyeu iatraleptique sur l’abdomen.


La camelée est un purgatif drastique analogue à la gomme-gutte, ans euphorbes, au colchique, à l'ellébore, à la coloquinte, etc. Toutes ses parties, appliquées sur la peau, l'enflamment et produisent même la vésication.

S'il faut en croire quelques auteurs, les anciens employaient fréquemment la camelée comme purgatif ; mais il est au moins douteux qu'ils aient connu celle dont il est question : celle que Théophraste et Dioscoride désignent sous le nom de cneorum se rapporte au genre daphne.

La camelée, douée d'une extrême énergie, peut être employée avec prudence dans les cas où une forte révulsion est indiquée, comme dans l'apoplexie, la paralysie, l'hydropisie, certaines vésanies, etc., quand une sorte de torpeur des organes rend nuls les remèdes ordinaires.

Rondelet et Jean Bauhin retiraient un grand avantage de l'application des feuilles de garoupe en cataplasme sur l'abdomen des hydropiques. Ils employaient aussi à l'intérieur le suc exprimé et soigneusement desséché, comme hydragogue, à la dose de 4 et 8 gr. Gilibert assure que les feuilles de la camelée, pulvérisées et adoucies avec un mucilage, ont dompté des symptômes vénériens qui avaient résisté à toutes les méthodes.

« On n'a plus employé la camelée aussi souvent, dit Fourcroy[1], depuis qu'on a renoncé aux purgatifs très-violents, dont les anciens faisaient beaucoup plus d'usage que nous. J'ajouterai que cette pratique s'est conservée traditionnellement dans la médecine populaire, et que nos docteurs anodins, pour me servir de l'expression de Gilibert, ont vu plus d'une fois des hydropiques, doucement et infructueusement traités par eux, guérir en quelques jours au moyen d’un violent purgatif administré par un guérisseur de campagne. Les feuilles de la camelée, appliquées à l'extérieur en cataplasme, sont, dit Biett[2], un des meilleurs rubéfiants que l'on connaisse.

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  1. Encyclopédie méthodique, t. IV, p. 328.
  2. Dictionnaire des sciences médicales, t. III, p. 520.