Mandragore (Cazin 1868)

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Maïs
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Marjolaine


[611]

Nom accepté : Mandragora officinarum


MANDRAGORE. Atropa mandragora. L.
Mandragora officinalis. Pers.
Mandegloire.
Solanées. Fam. nat. - Pentandrie Monogynie. L.


[Description. - Plante vivace à racine épaisse, fusiforme, charnue, bifurquée ou trifurquée, munie de radicelles minces, blanc jaunâtre. - Feuilles radicales, grandes, entières, en rosette. - Fleurs d'un blanc pourpre, solitaires. - Calice tur­biné, a cinq sépales acuminés. - Corolle campanu!ée, marcescente, à tube court, velue en dehors, à cinq lobes. - Cinq étamines à filets dilatés et barbus à la base. - Ovaire ovoïde à deux loges pluriovulées. - Style simple, terminé par un stigmate en tête. - Fruit : baie ovoïde, charnue, molle, de la grosseur d'un petit œuf de poule, renfermant un grand nombre de graines réniformes à épisperme chagriné.

Parties usitées. - Les racines, les feuilles et les fruits.

Récolte. - Les racines, très-grosses et bifurquées, de la mandragore lui ont fait donner le nom d’anthropomorphon et de semihomo; on la récolte à l'automne, les feuilles au moment de la floraison, et les graines à la maturité des fruits. On distingue deux variétés de mandragore : l'une, la mandragore mâle, a des feuilles longues et !arges, des fleurs blanches, son fruit est rond, uniloculaire ; l'autre, dite mandragore femelle, a des feuilles petites et étroites, les fleurs pourpres, le fruit est allongé avec calice persis­tant à divisions aiguës.

Culture. - La mandragore se propage par semis faits au printemps, en pleine terre, en bonne exposition, avec couverture de feuilles ou de litière pendant l'hiver.

Propriétés physiques et chimiques. - Par sa composition la mandragore se rapproche de la belladone.]


(La mandragore participe des propriétés de la belladone, mais a un moindre degré ; sa rareté et la facilité de se procurer sa congénère ont fait renoncer à son emploi.

Les anciens, Hippocrate, Celse, Galien, la préconisaient comme hypno­tique et stupéfiante ; ils y avaient surtout recours avant de pratiquer les opérations chirurgicales, espérant amener chez le sujet un certain degré d'anesthésie.

Dioscoride et son commentateur Matthiole l'établissent comme agent somnifère et anesthésique.

Cette réputation s'est perpétuée jusque vers le XVIe siècle, car nous lisons dans Bodin[1] :

« L'on peut bien endormir les personnes avec la mandragore et autres breuvages narcotiques, en sorte que la personne semblera morte, et néan­moins il y en a qu'on endort si bien qu'ils ne se réveillent plus, et les autres ayant pris les breuvages, dorment quelquefois trois ou quatre jours sans s'éveiller, comme on fait en Turquie à ceux qu'on veut chastrer, et se pra­tiqua en un garçon du Bas-Languedoc étant esclave, qui depuis fut ra­cheté. »

Dans ces derniers temps, on s'est servi avec un certain succès de la ra­cine en poudre, à la dose de 8 décigr. en moyenne, contre l'aliénation mentale. La dose la plus forte n'a jamais dépassé 1 gr.

A l'extérieur, Boerhaave conseillait l'usage des feuilles en cataplasme sur les tumeurs scrofuleuses.)

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  1. Démonomanie des sorciers, édition in-12, 1598, p. 247.