Piloselle (Cazin 1868)

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Pigamon
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Piment

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Nom accepté : Pilosella officinarum

PILOSELLE. Hieracium pilosella. L.
Dens leonis, qui pilosella officinarum dicitur. Tourn. — Pilosella auricula muris. Tab., Offic., Murr.
Epervière, — piloselle, — oreille de souris ou de rat.
Synanthérées. Fam. nat. — Syngénésie polygamie égale.


Cette petite plante vivace (Pl. XXXI) est très-commune au bord des chemins et dans les lieux secs et incultes, les coteaux arides, où elle montre ses fleurs jaunes pendant tout l'été.

Description. — Racine petite. — Tige munie de rejets rampants qui partent du collet de la racine ; hampes nues ou munies d'une seule feuille, velues, grêles, dressées, de 10 à 20 centimètres. — Feuilles entières, ovales-oblongues, rétrécies en pétioles, cotonneuses en dessous, vertes en dessus, garnies de longs poils blancs sur les nervures et en leurs bords. — Fleurs jaunes en capitules assez gros et solitaires à l'extrémité des hampes (mai-septembre) ; demi-fleurons hermaphrodites, en cornets, terminés par une languette tronquée à cinq dents. — Involucre imbriqué, pubescent, chargé de poils noirs et rudes.

Parties usitées. — L'herbe, les fleurs.

Récolte. — On la récolte ordinairement en mai ou en juin, avant la floraison ; mais on peut la cueillir toute l'année pour la conserver. Il est préférable de ne l'employer que verte.

(Faivre d'Esnans insiste pour que les fleurs soient cueillies par un beau temps, au moment de leur épanouissement, entre huit et dix heures du matin, et desséchées de suite en plein soleil.)

[Culture — Les piloselles sont très-communes dans les lieux arides. On ne les cultive que dans les Jardins botaniques ; on les propage par graines ou par éclats de pied.]

Cette plante, un peu amère et astringente, était jadis employée contre les hémorrhagies passives, les diarrhées chroniques, les ulcérations internes, la


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phthisie, et comme fébrifuge. Elle est tombée aujourd'hui dans l'oubli le plus profond. Mais les campagnards, qui n'abandonnent pas aussi facilement que les hommes de science les traditions populaires, la mettent encore en usage. J'ai vu plusieurs fois une forte décoction aqueuse de cette plante agir assez puissamment sur les reins pour faire rendre des graviers.

Miergues[1], prétendant retrouver dans la piloselle sa vertu fébrifuge, la prescrit dans un bouillon composé, où rentrent plusieurs espèces amères et astringentes. En voyant la piloselle figurer ici comme ingrédient principal, et annoncée comme tel, on peut supposer à la racine de réglisse ajoutée à la salsepareille la vertu dépurative et antisyphilitique attribuée à cette dernière.

(Faivre d'Esnans[2] se loue de l'infusion des fleurs dans le traitement des affections hépatiques ; de plus, il lui trouve une spécialité assez remarquable, celle de faire cesser presque instantanément le sentiment de fatigue que l'on éprouve à la suite d'une longue marche ou d'un exercice violent des bras... De plus en plus merveilleux !)

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  1. Revue thérapeutique du Midi, 1853.
  2. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1860, p. 366.