Moscatelline (Cazin 1868)

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Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Mouron rouge


Sommaire

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Moscatelline

Nom accepté : Adoxa moschatellina


MOSCATELLINE. Adoxa moscatellina. L.

Moschatellina foliis fumariæ bulbosæ. J. Bauh.

Moscatelline à feuilles de fumeterre bulbeuse, — moscatelle, — herbe musquée.

ARALIACÉES. Fam. nat. — OCTANDRIE TÉTRAGYNIE. L.


La moscatelline, plante vivace (Pl. XXVII), se trouve partout en France, dans les prairies fraîches, dans les haies ombragées, au bord des ruisseaux, dans les terrains légers, sablonneux.

Description. — Racine épaisse, géniculée, transparente, fistuleuse, armée de petites écailles semblables à la dent du chien. — Tige de 8 a 10 centimètres, simple. — Feuilles d'un vert jaunâtre, au nombre de deux, ternées, à folioles latérales demi-lobées, foliole moyenne bifide. — Fleurs verdâtres, petites, réunies au nombre de cinq, formant une petite tête cubique terminale (avril-mai). — Calice trifide. — Corolle monopétale à quatre où cinq divisions. — Huit ou dix etamines. — Quatre ou cinq styles. — Fruit : baie succulente à cinq loges, adhérente au calice. — Cinq semences h peu près semblables à celle du lin.

Parties usitées. — L'herbe.

[Culture. — Cette petite plante, très-commune dans les bois ombragés, n'est cultivée que dans les jardins botaniques ; on la propage de graines.]

Propriétés physiques et chimiques .— La racine est inodore ; le fruit mûr a l'odeur et un peu le goût de la fraise ; les fleurs et les feuilles ont une odeur de musc très-agréable, surtout le matin et dans les terrains humides. Renfermées quelque temps dans une boîte ou tenues dans la main, elles exhalent la même odeur. Hannon[1] a retiré des feuilles et des fleurs, ainsi que de celles de la mauve musquée et du mimulus moschatus, par le procédé de distillation qui convient aux végétaux d'un tissu délicat, une huile essentielle musquée à laquelle il a donné le nom de musc végétal, et qu'il regarde comme pouvant être substituée au musc animal.

L'odeur de cette plante a fait présumer à Bodart qu'elle possédait une vertu anodine et calmante, et qu'on pourrait la substituer au musc et au castoréum. Je l'ai mise en usage comme antispasmodique dans les affections nerveuses, la gastralgie, les flatuosités. Elle m'a paru produire du soulagement et agir un peu comme diaphorétique. Je l'administre en infusion théiforme. Je la joins quelquefois aux fleurs de tilleul et aux sommités de caille-lait jaune.

Le MUSC VÉGÉTAL, dont nous venons de parler, pris à la dose de deux ou trois gouttes, exerce, suivant Hannon, sur le tube intestinal et sur l'encéphale, une action excitante énergique.

Chez l'homme bien portant il provoque des vertiges, de la céphalalgie, de la sécheresse dans le pharynx et dans l'œsophage, des pesanteurs vers l'épigastre et des éructations. De ces symptômes, la céphalalgie seule persiste, et l'action sur le centre nerveux se manifeste par un abattement général assez considérable, de la fatigue des paupières, de la somnolence, des bâillements fréquents et prolongés jusqu'à ce que le sommeil survienne, ce qui

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  1. Presse médicale belge, août 1853, et Bulletin de thérapeutique, t. XLV, p. 378.


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a lieu ordinairement après cinq ou six heures. Chez les personnes très-nerveuses et chez les chlorotiques, il se joint aux symptômes précédents de fréquents tremblements nerveux et même des vomissements. Le pouls conserve à peu de chose près son rythme normal. Au réveil tout a cessé et l'organisme retrouve son calme habituel.

A l'état morbide et dans toutes les affections où le musc est indiqué, dit Hannon, l'analogie d'effets est encore plus marquée entre le musc végétal et le musc animal. Ainsi, dans ces attaquesoù les rires et les pleurs s'entrechoquent, et où l'on voit ces syncopes avec abolition de tous les sens sauf l'ouïe, le musc végétal agit merveilleusement ; il en est de même dans les crises où les spasmes des muscles pharyngieux et respiratoires semblent devoir asphyxier à chaque instant les malades. Le musc végétal réussit encore chez les hystériques pour combattre le ballonnement de l'estomac et des intestins, qui persiste plus ou moins longtemps après la crise et à la suite d'éructations abondantes. D'après Hannon, le musc végétal réussirait aussi complètement à combattre les accidents nerveux qui entravent la marche des affections typhoïdes et de certaines pneumonies ataxiques. En résumé, l'essence du mimulus moschatus serait indiquée dans l'hystérie avec tout son cortège d'accidents, et dans les accidents nerveux compliquant d'autres maladies, pourvu que ces accidents ne soient pas l'effet direct d'un état phlegmasique ou d'une altération du sang par une maladie d'une longue durée ; en un mot, dans les symptômes dépendant directement du système nerveux. Quant à la dose, elle est de 2 à 4 gouttes par vingt-quatre heures.