Marrube (Cazin 1868)

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Marronnier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
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Sommaire

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Marrube

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MARRUBE. Marrubium vulgare. L. Marrubium album vulgare. C. BAUH. — Marrubium album, J. BAUH,

Marrube blanc, — marrube commun, — herbe vierge, — marrochemin.

LABIÉES. — STACHVDÉES. Fam. nat. — DIDYKAMIE GYMKOSPEMIIE. L.

Cette plante vivace (PI. XXIV) croît spontanément dans toute l'Europe, sur le bord des chemins, parmi les décombres, dans quelques lieux incultes, autour des fortifications des villes de guerre, etc.

Description.— Racine ligneuse, fibrée. — Tiges droites, dures, rameuses,couverte d'un duvet blanchâtre.— Feuilles épaisses, opposées, pétiolées, cotonneuses, d'un vert un peu cendré, inégalement crénelées. — Fleurs blanches, petites, nombreuses, disposées en verticilles aux aisselles des feuilles, accompagnées de bractées sétacées et velues (mai-octobre). — Calice tubuleux à dix dents crochues dont cinq plus petites alternati- vement. — Corolle à deux lèvres, la supérieure linéaire, presque droite et bifide, l'infé- rieure plus large à trois lobes dont deux latéraux, plus petits, quelquefois nuls. — Quatre étamines didynames. — Un style. — Un stigmate bifide. — Quatre semences nues oblongues, situées au fond du calice.

Parties usitées. — Les feuilles et les sommités.

Récolte. — Se fait avant ou pendant la floraison. Il vaut mieux la faire avant le développement des fleurs. Elle perd de son odeur par la dessiccation, mais elle conserve sa saveur ; ses feuilles se rident et se courbent en dessus, de manière que leur face in- férieure, qui est blanche, devient la plus apparente.

[Culture. — Le marrube, très-commun à l'état sauvage, suffit aux besoins delà médecine; on ne le cultive que dans les jardins botaniques, il vient clans tous les sols, se propage par éclats de pieds plantés à la fin de l'hiver.]

Propriétés physiques et chimiques. — L'odeur du marrube, surtoui à l'état frais, est forte, aromatique, et comme musquée ; sa saveur est chaude, anifljr nauséeuse et un peu acre. Elle contient une huile volatile, un principe amer, de 1aciJ gallique et un peu de fer. L'eau et l'alcool dissolvent ses principes actifs. (Tnorej w affirme avoir extrait de cette plante un principe, la marrubine, jouissant de propne basiques.) . , ,

Le marrube, combiné au sulfate de fer, donne une aussi belle teinture que la noix galle (3).

(1) Mouchon, Monographie des fébrifuges indigènes, p. 10S.

(2) Réveil, Formulaire des médicaments nouveaux, 186S.

(3) Dictionnaire de l'industrie. Paris, 1795, t. IV, p. 268. downloadModeText.vue.download 646 sur 1308


MARRUBE.

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PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET HOSES.

A.l'mrf'iuBbBii— Infusion, de 15 à 30 gr. par kilogramme d'eau.

Suc exprimé, 30 à 60 et même 100 gr. avec du miel et pareille quantité de lait.

Eau distillée (1 sur 4 d'eau), 50 à 100 gr., en potion.

Sirop (1 sur 32 d'eau de marrube et 64 de su- cre), 15 à 100 gr., en potion.

Estait aqueux, là 4 gr., en pilules, po- tion, etc.

Estait alcoolique, 1 à 3 gr., en pilules, po- tion, etc. (plus amer et plus actif que l'ex- trait aqueux).

Poudre, 4 à 8 gr. Conserve, 30 à 60 gr.

Vin (30 gr. pour 1 kilogr. de vin blanc), 30 à 100 gr.

A L'EXTÉRIEUR.— Décoction, 30 à 60 gr. pat- kilogramme d'eau, pour lotions, fomenta- tions, etc.

Le marrube fait partie de la thériaque d'An- dromaque, des pilules d'agaric de Charas, de Vhiera deacolocynthidos, du sirop de marrube de Mésué, etc.

Le marrube est tonique, stimulant, expectorant, emménagogue. Il est administré contre le catarrhe chronique, l'asthme humide, la bronchorrhée, la pneumonie et la pleurésie chronique; la toux rebelle, suite de la rougeole ou de la coqueluche, et chez les personnes débilitées par l'âge ou caco- chymes; On l'emploie aussi quelquefois pour rétablir les forces digestives affaiblies ou perverties, contre les dysenteries chroniques, quelques fièvres intermittentes, les fièvres muqueuses ou vermineuses, l'hystérie avec atonie, l'ictère, le scorbut, les scrofules, la chlorose, la leucorrhée atonique, cer- tains cas d'aménorrhée, l'anasarque, l'infiltration séreuse du poumon, etc.

Cette plante, dont l'odeur et la saveur annoncent l'énergie, est une pro- duction indigène à la fois abondante et précieuse. Si Cullen a contesté les vertus du marrube, Dehaen les a confirmées par sa propre expérience. Gili- bert dit avec raison que le marrube est une des meilleures plantes de l'Eu- rope.

Wauters a employé le marrube blanc comme succédané du quinquina, dans les fièvres intermittentes. Il en donnait la décoction concentrée le matin à jeun. (Thorel pense que l'extrait, alcoolique, prescrit aux mêmes doses que le sulfate de quinine, jouit de propriétés fébrifuges actives.) Le marrube blanc agit ici à peu près comme l'absinthe, et paraît plus particu- lièrement indiqué dans les cas de fièvres intermittentes anciennes avec en- gorgement des viscères, état cachectique, etc., ou après un long usage des préparations de quinquina, lorsque toutefois l'état des voies digestives per- met l'usage de cette plante éminemment amère et aromatique. Il est bien évident qu'elle serait nuisible s'il y avait irritation ou inflammation. Je ferai la même remarque pour les engorgements du foie et l'ictère, dans les- quels Zacutus Lusitanus, Forestus, Chomel et autres, n'ont pu employer le marrube avec succès que parce que ces maladies étaient exemptes de dou- leur, de pléthore et de phlegmasie. C'est bien moins une maladie désignée dans un cadre nosologique, que l'état du malade que l'on doit voir : le diagnostic individuel et différentiel d'une affection peut seul diriger le pra- ticien dans l'application de ces moyens thérapeutiques. Borelli attribue de ps-bons effets au marrube dans la chlorose et l'aménorrhée, quand celle-ci, sans douté, est atonique. Freind (1) assure que le sang, auquel on mêle l'in- rasion de cette plante, devient plus vermeil et plus fluide. Enfin, le mar- rube, trop négligé de nos jours, ainsi que le remarque judicieusement Ali- "ert, peut être administré dans toutes les circonstances où la médication tonique est nécessaire, avec plus d'avantages que beaucoup d'autres végé- taux bien moins énergiques, quoique plus vantés.

.ma expérience m'a confirmé dans l'opinion avantageuse que j'avais con- çue des effets du marrube, sur la foi des auteurs qui en ont parlé. Comme «lierre terrestre, le pouliot, l'hyssope, il paraît agir plus particulièrement "ur le système pulmonaire. Bien qu'il puisse être administré dans presque

W Emmemlogia. Londini, 717, p. 160.


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toutes les maladies.atoniques, il convient principalement dans les catarrhes pulmonaires passés de l'état aigu à l'état chronique, dans l'asthme humide dans la phthisie même, comme un des meilleurs expectorants. J'ai fréquem- ment employé le marrube en infusion aqueuse, avec du miel, dans ces diverses affections, et j'en ai toujours éprouvé de bons effets. Cette plante infusée dans le vin ou dans la bière, m'a été très-utile dans la gastralgie et dans les leucorrhées atoniques. Je joins souvent à cette infusion les sommi- tés d'absinthe, la racine d'aunée et celle d'angélique. J'ai cependant mis en usage, dans plusieurs cas, le vin de marrube seul, afin d'en apprécier isolé- ment les effets.

Cette plante est employée à l'extérieur comme tonique, détersive et anti- septique, dans les engorgements oedémateux, les ulcères sanieux, la gan- grène, etc. Celse, contre la pourriture des chairs, se servait de la décoction vineuse.