Chou (Cazin 1868)

De PlantUse Français
Révision de 27 avril 2013 à 07:45 par COGNEAUX Christian (discussion | contributions) (Page créée avec « {{Tournepage |titre=Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868 |titrepageprécédente=Chiendent (Cazin 1868) |nomcourtpr... »)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher
Chiendent
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Ciguë



CHOU. Bràssica oleracea. L.

Brassica capitata alba, — Bràssica capititarubra. BAUH., TOURÏÏ,

Chou rouge. CRUCIFÈRES. — BRASSICÉES. Fam. nat. — TÉTRADYNAMIE SILIQDEUSE. L,

Le chou, dont l'origine est peu connue, est cultivé en grand dans tousfc jardins. Les bestiaux broutent ses feuilles avec avidité.

Je crois inutile d'en donner la description. Les variétés obtenues parli culture sont très-nombreuses. Il ne sera ici question que du chou vert et du chou rouge.

[Parties usitées.— Les feuilles.

Culture. — On a obtenu par la culture un nombre infini de choux ; on les repro- duit par semis el on les repique en place.]

Propriétés physiques et chimiques. — D'une odeur fade, le clioiii une saveur herbacée, douceâtre et légèrement acre. Par la coction, il communique i l'eau une odeur forte et repoussante. Abandonné à lui-même, il se putréfie prompîe- ment, en répandant une fétidité insupportable. D'après Berzélius (1) le cliou n'a pis été analysé complètement: on n'en a examiné que le suc. Schrader a trouvé dans le suc li 100 parties de choux frais 0.65 de fécule verte, 0.29 d'albumine végétale, 0.05* résine, 2.89 d'extrait gommeux, 2.8Û d'extractif soluble dans l'eau et dans l'alcool.En outre, ce suc contient du sulfate, du nitrate et du chlorure potassiques, du nitrateetii phosphate calciques, du phosphate magnésique, de l'oxyde ferreux el de l'oxyde manga- neux. D'autres analyses ont démontré dans le chou la présence du soufre et d'un prin- cipe animal plus abondant encore que dans aucune autre plante crucifère. [Le chou rouge sert à préparer un sirop d'un beau rouge pourpre, qui est le réaclif le plus sensible fc acides.]

Indépendamment de ses usages culinaires, le chou était considéré, dèsli plus haute antiquité, comme un remède précieux. Hippocrate prescrivait!! chou cuit avec du miel dans la colique et la dysenterie. Les Athéniennes mangeaient du chou pendant qu'elles étaient en couches (2). Les philo- sophes, les naturalistes et les médecins de l'antiquité ont attribué au chou la singulière propriété de prévenir et de combattre l'ivresse. Tous aifirment qu'on peut boire à l'excès sans être enivré quand on a mangé des choui, Personne, suivant la remarque de Montègre (3)', n'a encore constaté, par des expériences, la vérité ou la fausseté d'une opinion aussi remarquable el qu'on retrouve encore de nos jours parmi le peuple. Enfin, l'enthousiasiit pour le chou a été porté si loin qu'on a été jusqu'à attribuer à l'urine te personnes qui s'en nourrissaient, la vertu de guérir les dartres, les'ulcèffi, les fistules, les cancers, etc. Cette croyance existe encore chez les habita* des campagnes. «Du moment que l'erreur est en possession des esprits,dit Fontenelle, c'est une merveille si elle ne s'y maintient toujours.»

Le chou, déchu de son antique réputation, est presque tout à fait i-elégué dans les cuisines, où il tient un rang distingué comme aliment substantiel, bien qu'on l'accuse d'être parfois difficile à digérer. La choucroute (cl» aigri par la fermentation), fort en usage dans le Nord, devient très-salubre et plus facile à digérer. On en fait des approvisionnements pour les voyages de long cours ; on le considère comme un excellent antiscorbutique.

Réduit de nos jours à sa juste valeur comme médicament, le chou est con- sidéré comme légèrement excitant, antiscorbutique, pectoral. Le cliourof surtout est souvent employé comme béchique, et le nouveau Codex indiqua deux préparations de cette plante, le sue exprimé et le sirop. On prépare

(1) Traité de chimie, t. VI, 1832, p. 251.

(2) Athenenoei, lib. ix.

(3) Dictionnaire des sciences médicales, t. V, p. 167. downloadModeText.vue.download 332 sur 1308


CHOU. 303

aussi une gelée de chou rouge qui s'emploie comme le suc et le sirop dans le rhume, la bronchite aiguë ou chronique, la phthisie, etc.

Suivant Desbois, de Rochefort, le chou et le navet doivent composer la principale nourriture des scorbutiques. En y ajoutant l'usage de la salade de cresson et des pommes de terre, on pourra se dispenser d'un traitement pharmaceutique. Chelius conseille contre la croûte laiteuse la décoction de

' 16er. de chou vert dans du lait, que l'on administre matin et soir, ou 30 gr. de cette plante, desséchée et réduite en poudre, que l'on donne chaque jour dans du lait ou dans de la bouillie. La décoction de chou a été em- ployée avec quelque succès dans le traitement des catarrhes pulmonaires, contre l'enrouement, les toux diverses et la phthisie pulmonaire. On le joint alors au bouillon de veau, de poulet, de limaçons, de tortue, d'écre- visses,.de grenouilles, ou au sucre, au miel, à la gomme, etc.; on le donne en sirop, en marmelade. (Le sirop de choux rouges a été pendant le siècle . dernier préconisé comme remède secret dans la phlhisie pulmonaire, sous liiiioin de sirop de Boerhaave.) Une dame, âgée de quarante-sept ans, était atteinte d'une bronchite chronique contre laquelle j'avais inutilement em- ployé sans succès pendant plusieurs mois les traitements les plus rationnels; on dui conseilla de prendre matin et soir une jatte de soupe aux choux verts et de manger en même temps ceux-ci : elle guérit en moins de deux Thbis.: Si l'on éri croit Lobb, la décoction du chou aurait quelquefois réussi àdissoùdre les calculs urinaires dans la vessie ! Je l'ai vu apporter du sou- lagement dans la gravelle.

vLorsqû'on fait en automne des incisions longitudinales à la tige du chou, il en découle un suc mielleux qui, au rapport d'Hoffmann, agit comme un douxlâxatif. Suivant Pauli, 'ce suc a une si grande activité, qu'il suffit d'en

. frotter les verrues pour les guérir radicalement. Geoffroy rapporte à ce sujet l'histoire d'une servante qui, par ce seul moyen, fit complètement dispa-

• 'Mitre en quatorze jours cette sorte d'excroissance dont elle avait les mains couvertes. Appliquées chaudes sur la poitrine, les feuilles de chou ont quel-

■■ quéfois diminué ou dissipé des points de côté. Leur application sur les plaies des vésicatoires excite une exhalation séreuse abondante; sur les ul-

■ cèrés, elle les déterge; sur la tête, elle rappelle la croûte laiteuse. En cata-

■ plasme sur les mamelles, ces feuilles préviennent ou diminuent l'inflamma- tion de ces organes, dissipent les engorgements qui surviennent à la suite

. des; couchés, et s'opposent à l'accumulation du lait chez les femmes qui

n'allaitent pas. Dans la teigne rebelle, dit Hufeland, on se trouve bien d'ap- j pliqùer trois fois par jour des feuilles de chou dont on superpose trois l'-une àl'autre, et qui détachent peu à peu toutes les croûtes, après la chute des- 5 quelles on termine le traitement par des frictions huileuses.

■' ■' J'i Macé'-'â publié (1) quelques observations constatant le bon effet de l'ap-

plication de feuilles de chou dans diverses affections douloureuses, et notam- j nient dansi "la goutte, les affections arthritiques, le rhumatisme. On a même

■ conseillé d'en couvrir tout le corps, afin d'exciter une abondante transpira-
lion. Ce moyen, préconisé par Récamier, doit être employé de la manière

suivante : on prend les feuilles les plus externes d'un chou; on retranche

avec des ciseaux la partie saillante de la grosse nervure qui occupe la partie
médiane ; on écrase les petites nervures collatérales. On superpose ensuite

'une sur l'autre, trois, quatre et jusqu'à cinq de ces feuilles; puis on les faur

'leensemble, afin qu'elles ne puissent pas se séparer. On les présente au feu

pour les flétrir un peu : si le chou est un peu frisé, et si les feuilles réunies i prpient un volume embarrassant, on les place sous le pli d'une serviette el

lonPasse sur celle-ci, à plusieurs reprises, un fer à repasser suffisamment

i (1) Journal des connaissances médico-chirurgicales, 18/j8, p.'177. downloadModeText.vue.download 333 sur 1308


304 CIGUË.

chauffé. Il suffit que le cataplasme soit tiède, appliqué à nu sur la partie malade; on l'y retient avec des bandes, des mouchoirs ou des serviettes.Il faut le tenir en place pendant dix à douze heures, en le remplaçant ensuite par une nouvelle application du même topique. On doit préférer le chou rouge quand on peut se le procurer.