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Aconit (Cazin 1868)

360 octets ajoutés, 20 janvier 2013 à 18:50
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Il est toujours prudent de ne commencer l’usage de cette plante que par des quantités très-faibles, surtout si on ne connaît pas le degré d'activité de la préparation. On peut arriver, pour l’extrait aqueux, à la dose de 20 centigr. par jour et même davantage. (Quardi en a donné jusqu'à 15 centigr. et Borda jusqu'à 30 centigr. en vingt-quatre heures dans les maladies inflammatoires. La poudre de la racine peut se donner, dans la plupart des cas, à la même dose que l'extrait. On peut aussi, à l'exemple de Stoerk, donner l'extrait en poudre en le triturant avec une grande quantité de sucre. L'extrait préparé à grand feu est souvent carboné , noir et peu actif ou même inerte (1). Préparé au bain
 
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(1) Le principe actif des renonculacées en général, et en particulier de l'aconit, se détruit par la chaleur et même par la simple dessiccation, les renouculacées fraîches, par exemple,
Il est donc de tonte nécessité que l'extrait de cette plante soit préparé à une basse température. Grandval {Bulletin de thérapeutique, 1851, p. 399) a fait connaître, il y a six ou sept ans, un appareil qui permet l'évaporation à siccité dans le vide, non-seulement de l'extrait d'aconit, de celui de ciguë, mais de tous les extraits. Maldan, de l’hôpital de Reims, qui, sous la direction d'Andral, avait expérimenté l'extrait d'aconit dans des cas très-nombreux, à des doses élevées, et avec des résultats presque négatifs, a constaté l'action énergique des extraits d'aconit et de ciguë préparés à l'aide de l'appareil de Grandval. Celui de Berjot, qui évapore aussi dans le vide, produit les mêmes effets.
 
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(1) ''Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques'', t. Ier, p. 293.
L'action de l'aconit est essentiellement asthénique. C'est donc à tort qu'on a regardé cette, plante comme analogue à l'opium. L'action de ces deux substances est si différente, que l'une peut être détruite par l'autre. La première, en effet, est antiphlogistique; tandis que l'autre est évidemment stimulante du système sanguin. « Le véritable antidote de l'aconit a été, dit Giacomini, indiqué par Lémery. Ce grand observateur avait remarqué que l'aconit tue en produisant des phénomènes analogues à ceux de
 
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(1) Thèses de la Faculté de Paris, 1863.
Il résulte de l’expérimentation physiologique et des faits thérapeutiques bien observés, que l’aconit est un remède antiphlogistique dont l'action dans les maladies à caractère hypersthénique ne saurait être contestée. Cependant, nous ne dirons point avec les homœopathes qu'il peut, dans tous les cas d'inflammations aiguës ou de congestions sanguines, remplacer efficacement la saignée. La raison et la dignité professionnelle ont fait justice de la thérapeutique lilliputienne d'Hahnemann, que le crédule amour du merveilleux accueille encore, et que le charlatanisme sait si bien exploiter. Même à dose allopathique, l'aconit ne saurait être substitué d'une manière
 
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(1) ''Gazette médicale de Lyon'', 1850.
« Dans les rhumatismes bénins apyrétiques ou accompagnés seulement d’une fièvre légère, dit Teissier, l'alcoolature d'aconit, administrée dès le début, peut supprimer complètement les douleurs en trois ou quatre jours, et abréger par conséquent la durée de la maladie. L'observation nous a appris, au contraire, que dans les rhumatismes intenses, accompagnés d’un mouvement fébrile très-prononcé, la même substance pouvait bien modérer les accidents, mais qu'elle n'était pas susceptible d'arrêter brusquement la
 
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(1) ''Revue de thérapeutique médico chirurgicale'', 1853, p. 66.
C'est surtout dans les névralgies que l'aconit napel s'est montré d'une grande efficacité. Bergius a constaté les bons effets de l'aconit dans le traitement de la sciatique. Vogel calma, au moyen de ce médicament, une migraine qui avait résisté pendant onze ans à tous les remèdes. Wildberg. Hufeland, Prus, etc., ont employé avec succès le même moyen dans diflérentes espèces de névralgies, et notamment dans les névralgies faciales. Burger (1) en a éprouvé les bons effets dans la céphalalgie nerveuse. Il prescrivait les pilules d'extrait frais, à la dose de 2 centigr., toutes les deux heures. Costes (2) fait prendre une pilule contenant 5 centigr. d'extrait alcoolique d'aconit, toutes les trois heures, dans les névralgies simples, où la douleur est l'élément dominant. Fleming (3) a traité quarante-quatre
11_______________________ (1) Bouchardat, ''Annuaire de thérapeutique'', 1842.
(2) ''Mémoires'' etc., 1847.
Un cas semblable s'est offert tout récemment à mon observation chez une dame écossaise. Mme Fordyce, âgée de soixante-trois ans, d'une constitution grêle, d'un tempérament nerveux, ayant été, à diverses époques, atteinte de névralgie. Prise au mois d’avril 1855 d’une violente douleur sus-orbitaire du côté droit, elle réclama mes soins. Celte névralgie commençait périodiquement tous les jours à midi, augmentait peu à peu d'intensité, devenait intolérable vers cinq heures, et ne cessait que dans la nuit. J’avais inutilement administré le sulfate de quinine (qui, dans les attaques précédentes, avait guéri Mme Fordyce), le valérianate de quinine, le cyanure de potassium, la belladone à l’intérieur et à l'extérieur, l'hydrochlorate de morphine, lorsqu'au bout de douze jours, me rappelant les heureux effets obtenus par Aran, j'eus recours à l'extrait d'aconit. J'en fis prendre d'abord 2 centigr. 1/2 en pilules, de deux heures en deux heures, dans l'intermission. Le soulagement fut peu sensible. Le lendemain je portai la dose à
 
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(1) ''Journal de médecine et de chirurgie pratique'', 1848, p. 641.
(3) ''Bulletin de thérapeutique'', 1854, p. 84.
[4] Il est, à remarquer que l’extrait d’aconit de la pharmacie de l'hôpital, où a été receuillie recueillie cette observation. était faible. Dans d'autres cas, il ne faudrait débuter, suivant l'avis judicieux du rédacteur du ''bulletin général de thérapeutique'', que par la dose de 10 centigrammes, et n'aller beaucoup au delà que graduellement. 
[21]
Je partage d'autant plus l'opinion du médecin distingué que je viens de citer, que j'ai moi-même employé avec succès, depuis plus de vingt ans, les préparations d'aconit dans l'inflammation chronique des poumons, maladie très-rare dans nos grandes cités, mais assez fréquente à la campagne, où, comme l'a remarqué notre savant et honorable confrère Munaret , sur dix cas de phthisie pulmonaire, sept proviennent de ''rhume négligé''. Dans ces cas, où la fréquence du pouls, la chaleur de la peau, l'état fébrile sont permanents, et donnent à l'affection les caractères plus ou moins prononcés de l'acuité, bien que, par la durée, elle soit considérée comme chronique, j'ai toujours eu à me louer de l'emploi de l'extrait de suc d'aconit ou de la
 
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(1) ''Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales'', t. I, p. 584.
(4) ''Revue de thérapeutique médico chirurgicale'', 1863.
 
[22]
(Isnard a résumé dans trois articles de l'''Union médicale'' (4e trimestre, 1861, p. 23-43-64) l'état de la science sur cette question. Il est arrivé aux conclusions suivantes, reposant sur les faits publiés et sur ceux de sa propre pratique : « L'action prophylactique de l'aconit, quoique manquant encore de certitude, repose sur des faits assez encourageants, sur des probabilités assez grandes, pour qu'on y ait recours toutes les fois que cet accident est à craindre. Sa vertu curative plus positive lui donne le premier rang dans la médication, sans exclusion des autres moyens susceptibles de remplir des indications spéciales. » Tessier attribuait le succès de l'aconit à une action controstimulante et sudorifique ; mais, ainsi que le fait observer Isnard, comme ces deux classes d'agents n'ont donné que des résultats incertains, il faut bien reconnaître à l'aconit, sans faire abstraction de ses vertus éliminatives, une action spéciale, jusqu'alors inexpliquée, dont le résultat paraît être de soustraire l'organisme aux atteintes de l'infection purulente. 0. Turchetti (3) rapporte deux cas remarquables de cette terrible maladie guéris par l'aconit associé au sulfate de quinine.)
 
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(1) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1852, p. 12.
(3) ''Ganetta med. degli Stati Sardi'' et ''Union médicale de Bordeaux'', février 1858.
 
[23]
Dès le 5 au matin, Lefèvre éprouva des frissons suivis de chaleur et de fièvre. En même temps le pouce blessé devint douloureux, s'enflamma, se tuméfia, prit une teinte rouge-brun qui s'étendit bientôt le long des vaisseaux radiaux jusqu'au tiers inférieur de l'avant-bras. La suppuration s'établit dans la petite plaie et autour de l'ongle, qu'elle détacha. Deux ou trois jours après (le 7 ou le 8), une tumeur du volume d'un œuf
 
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(1) ''Considérations sur les fièvres puerpérales.'' Thèse inaugurale. Paris, 1850.
(3) ''Archives belges de médecine militaire'', 1852.
 
[24]
Sur le dos du pied gauche se trouve un ulcère profond, traversant presque de part en part cette partie, entre le troisième et le quatrième os métatarsien, ayant 5 cent. de longueur sur 3 cent. de largeur, et se terminant en entonnoir vers la plante du pied. Les bords de cet ulcère sont taillés à pic, un peu renversés, indurés comme dans le chancre vénérien ; le fond est mamelonné, recouvert, dans des sillons irréguliers, d'une couche blanchâtre , membraniforme , épaisse. La suppuration , abondante , souvent sanieuse, exhale une odeur ‘'sui generis'' rendue insupportable par le réduit obscur et non aéré dans lequel Lefèvre est constamment couché, et qui forme un véritable foyer d'infection.
 
[25]
Vers le 20 mars, un engorgement dur se manifeste au mollet gauche, dont il envahit toute l'étendue en moins de huit jours. Cette tumeur, presque indolente, devient bientôt de la même couleur que celle du pied, semble faire corps avec les muscles, et présente, après une quinzaine de jours, sur divers points, des tubercules qui s'ouvrent spontanément, fournissent un pus roussâtre mêlé de sang, restent ouverts avec un décollement circulaire de la peau, et continuent de suppurer.
 
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(1) Je n'ai jamais vu l'ulcère farcineux du cheval. Malgré les dénégations du malade, je n'ai pu me défendre du soupçon de l'existence d'une syphilis latente se révélant occasionnellement dans la plaie en suppuration après l'ouverture de l'abcès farcineux.
 
[26]
«L'aconit, dit Richard (2), a été mis en usage pour guérir l'épilepsie, les convulsions et la paralysie, surtout celle qui est la suite des attaques d'apoplexie. Rappeler, médecin à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, l'a employé fréquemment dans cette dernière circonstance, et en a obtenu des succès souvent répétés. » Stoll indique ce remède dans la chorée. Bergius, Baldinger, Reinhold, ont guéri des fièvres intermittentes rebelles par l'aconit.
 
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(1) Cet extrait avait été préparé par M. Dausse, pharmacien, dont la spécialité est avantageusement connue.
(2) ''Dictionnaire de médecine'' en 21 volumes, t. I, p. 321.
 
[27]
Hottot et Liégeois, avec un produit complètement pur (voyez ''Préparations''), ont obtenu des effets semblables, mais très-exagérés; ainsi, une dose de 1 milligr. amène déjà des manifestations physiologiques; à celle de 3 milligr., des phénomènes d'une grande intensité. Nous croyons devoir reproduire ici les conclusions du travail de Hottot et Liégeois (3) :
 
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(1) ''Bulletin général de thérapeutique'', 1862.
(3) ''Journal de la physiologie de l'homme et des animaux'', 1802.
 
[28]
L'aconitine participe des propriétés thérapeutiques de la plante, et a été employée dans les mêmes cas. Gubler(1) a présenté une véritable monographie sur son usage dans les affections congestives et douloureuses (névralgies, rhumatismes), et contre les fièvres intermittentes. Nous renvoyons à ce travail, renfermant des observations très-intéressantes, que l'étendue déjà considérable de cet article ne nous permet pas de reproduire.
Turnbull préconise l'aconitine, en frictions sur le front, dans les affections inflammatoires des membranes profondes de l'oeilœil. Dans certains cas de surdité, le même observateur s'est bien trouvé de frictions sur la face et le derrière de l'oreille faites avec des gouttes alcooliques de vératrine, de delphine et d'aconiline; d'autres fois il les introduit dans le conduit auditif; dans ce cas, un des premiers effets est le rétablissement de la sécrétion cérumineuse, si elle a été supprimée.
Blanchet (2) a utilisé l'aconitine à l'intérieur sous forme de globules dans l'hypercousie et la paracousie. Il l’emploie dans ces cas si pénibles où les bruits bizarres prédominent, en injections dans l'oreille moyenne, à l'aide d'une sonde spéciale.
Pletzer, qui a tant contribué à la vulgarisation des injections médicamenteuses sous-cutanées, n'a obtenu aucun résultat avec l'aconitine à la dose d'un trentième à un vingtième de grain. En collyre dans les iridalgies, les inflammations douloureuses de l'oeil œil et de ses annexes, l'aconitine a des effets marqués.
La médecine homéopathique, heureuse de trouver un médicament actif sous un petit volume, pouvant être ''globulisé'', ordonne avec prodigalité l'aconitine dans le traitement des névroses, des maladies inflammatoires et des maladies fébriles en général).
 
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(1) ''Bulletin de thérapeutique'', t. LXVI.
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