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|titre=[[Cazin, Traité des plantes médicinales|Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868]]
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}}
[101]
ASARET. Asarum europaeum, L.
Asarum Dodonoei. B.
Cabaret, — asaret d'Europe, — oreille d'homme, — oreillette, — nard sauvage, — rondelle,
— girard, — roussin, — panacée des fièvres quartes.
ARISTOLOCHIACÉES. Fam. nat. ■.— DODÉCANDRIE MONOGYNIE. L.
Cette plante vivace (PL VI) se rencontre dans les lieux ombragés et vient
spontanément dans toute l'Europe. Je l'ai cultivée dans mon jardin. Je l'ai
trouvée dans la forêt de Boulogne-sur-Mer et dans les bois environnants.
Description.— Rhizome brun-grisâtre extérieurement, jaunâtre à l'intérieur,
tortueux, genouillé, tuberculeux, quadrangulaire, dense et comme ligneux, jetant de
nombreuses fibres radicales, blanchâtres. — Tige très-courte, simple, garnie d'écaillés
membraneuses, se terminant par deux.feuilles.— Feuilles portées sur de longs pétioles,
réniformes, coriaces, d'un vert foncé et luisant en" dessus, d'un vert pâle en dessous,
recourbées en dedans. — Fleurs hermaphrodites, régulières, solitaires, petites, d'un
pourpre noirâtre, portées sur un court pédoncule, et dont tous les organes persistent
jusqu'à la maturité (avril-mai). — Calice campanule, pétaloïde, à limbe trifîde, à lobes
égaux, velus en dehors. — Corolle nulle. — Etamines au nombre de douze, à
filets courts, alternativement longues et courtes, insérées sur un disque au sommet de
l'ovaire ; anthères bilobées. — Ovaire infère soudé avec le tube du calice, à six loges
polyspermes ; ovules ascendants, insérés sur deux rangs dans chaque loge. — Style
indivis, court, hexagone. — Stigmate à six divisions disposées en étoiles. — Fruit cap-
sulaire, coriace, surmonté du limbe du calice, à six loges irrégulièrement déhiscentes,
contenant de petites graines rugueuses transversalement, ovales, attachées au bord
central des cloisons. — Embryon très-petit, placé dans un périsperme charnu. — Radi-
cule dirigée vers le hile.
Parties usitées. — Les racines et les feuilles.
[Culture.— L'asaret n'est cultivé que dans les jardins de botanique ; il vient
dans tous les terrains, mais il préfère une exposition ombragée; on le propage par-
éclats des rhizomes.]
Récolte. — La récolte de l'asaret doit se faire au printemps avant la floraison, ou à
1 automne pour la racine, pendant tout l'été pour les feuilles. En récoltant la racine
aux deux époques indiquées, on l'a de bonne qualité pendant toute l'année, puisqu'on
peut ainsi la renouveler deux fois par an. Quand on là prend dans le commerce, il faut
la choisir belle, entière, bien nourrie, grosse comme une moyenne plume d'oie, récem-
m™t séchée, d'une odeur agréable et pénétrante, camphrée et lérébenthinée. On la
mélange souvent avec les. racines d'arnica, d'asclépiade, de fraisier, de polygala; et
principalement de valériane sauvage : l'odeur forte et particulière de cette dernière
suflit pour la distinguer. On confond aussi assez souvent dans le commerce la racine
«asarum.avec celle d'une autre plante nommée asarine, antirrhinum asarina. L.
Propriétés physiques et chimiques. — La racine d'asaret exhale une
(1) Hippocrate, in Proeceplis.
[102]
odeur forte, pénétrante, analogue à celle du nard celtique, de là l'origine du nom
de nard sauvage. Sa saveur, de même que celle de ses feuilles, est acre, amère, nau-
séeuse. D'après l'analyse de Lasaigne et Feneulle, la racine d'asaret contient une
huile volatile concrète et camphrée, une huile grasse très-âcre, une substance jaune
nauséeuse, soluble dans l'eau, analogue à la cytisine, dans laquelle paraît résider le
principe actif; de l'albumine, de la fécule, du muqueux, de l'acide citrique, du sur-
citrate de chaux, et quelques autres sels. On n'a pu y découvrir l'émétine.
Cette racine donne à la distillation une huile volatile liquide, une matière cristalline
nommée asarite, et une matière blanche, transparente et aussi cristallisable, à laquelle
Blanchet et Sell ont donné le nom à'asarone (1), et que l'on désigne maintenant sous
le nom de camphre d'asarum. [D'après ces auteurs, l'huile essentielle d'asaret a pour
formule = C-° Hls O 5; elle a été étudiée par Smith, elle fond à 120 degrés, elle se
dissout dans l'acide azotique qui forme avec elle une matière résinoïde rouge incrislal-
lisable.]
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Poudre (racine ou feuilles),
comme vomitif, 60 centigr. à 2 gr.;—comme
excitant, 5 à 20 centigr.
Feuilles fraîches, 6 à 15 feuilles infusées pen-
dant une nuit dans 180 gr. d'eau bien pure.
Extrait aqueux, 1 gr. à 1 gr. 50 centigr.
Extrait alcoolique, 60 centigr. à 1 gr.
Vin (li à 16 gr. de racine pour 500 gr. de vin
blanc),—se donnait autrefois comme vomi-
tif, et à petites doses, comme excitant, diu-
rétique, fondant, etc.
A L'EXTÉRIEUR. — En poudre, comme stornu-
tatoire. Elle entre dans la composition de
la poudre sternntatoire de Saint-Ange et de
la poudre céphalique de la pharmacopée
d'Edimbourg.
La racine et les feuilles d'asaret sont excitantes, émétiques et anthelmin-
tiques. Elles sont aussi sternutatoires. Mises en contact avec la peau privée
de son épiderme ou avec une membrane muqueuse, elles produisent une in-
flammation locale très-vive, de même que Pipécacuanha. (A petite dose, en
vertu de son principe aromatique, l'asaret est stomachique ; à dose plus forte,
il régularise les évacuations intestinales, en produisant le vomissement et la
purgation.)
L'asaret a été regardé, de tout temps, comme un des meilleurs vomitifs.
Dioscoride, Galien, Mesué, ont reconnu ses propriétés. Ettmuller, Fernel,
Kramer, Hoffmann, Boerhaave, Willis, et un grand nombre d'autres méde-
cins, en ont fait le plus grand éloge. Rivière le considérait comme le vomitif
par excellence dans la fièvre quarte; Linné a reconnu que les feuilles d'asa-
rum, réduites en poudre très-fine, avaient des propriétés vomitives plus éner-
giques que Pipécacuanha.
Venel se plaignait de ce que les théories des docteurs anodins avaient
banni de la pratique de la médecine cette précieuse plante. Burtin a re-
cueilli un grand nombre d'observations qui prouvent que l'asarum ne le cède
en rien à Pipécacuanha. Les expériences de Coste et "Wilmet sur ce vomitif
indigène né sont pas moins concluantes. Hanin le regarde aussi comme le
meilleur succédané de la racine brésilienne, et Wauters s'exprime ainsi
sur cette plante : Principiis suis constituenlibus cum ipecacuanha coincidere
videtur, licet aliquando venenis adnumeratum fuerit, quum àb impnulenti-
bus sine dcbitis cautelis proescribebatur: En effet, je pense, avec cet auteur,
que si quelques praticiens ont rejeté l'emploi de l'asaret comme agissant
avec violence, et n'ayant qu'une action irrégulière et inconstante, c'est parce
qu'on l'a administré sans précaution ou à des doses trop élevées ou môme
clans des cas où une irritation préexistante en contre-indiquait l'usage. Si une
prédilection marquée pour les médicaments exotiques n'existait pas chez la
plupart des médecins, on tiendrait compte aussi de l'action irrégulière de
Pipécacuanha, si souvent observée dans la pratique. Le plus ou moins d'effet
des médicaments vient bien plus de la disposition idiosyncrasique des sujets
qui en reçoivent l'action que du médicament lui-même.' C'est une vérité pra-
tique que l'expérience journalière confirme et qui s'applique à tous les genres
de médication.
(1) Journal de pharmacie, t. VI, p. 561 ; t. XX, p. 347.
[103]
L'asarum* dont les anciens faisaient grand-cas, a été négligé depuis la dé-
couverte de Pipécacuanha ; mais les gens de la campagne, plus attachés aux
traditions populaires que les citadins, ont conservé l'usage de ce remède.
Ils recourent à l'infusion des feuilles pour provoquer le vomissement et la pur-
gation. Je dois dire que je l'ai toujours vu employer avec avantage, et qu'il
n'a produit, dans certains cas, d'autres accidents que ceux que tous les
éméto-cathartiques excitent quand ils sont pris à dose trop élevée ou intem-
pestivement administrés ; 60 à 80 centig. de poudre de racine d'asaret font
aussi bien vomir que la même dose d'ipécacuanha, et ne fatiguent pas davan-
tage. J'ai employé cette poudre à la dose de 10,15 ou 20 centig., comme
altérante, dans la bronchite chronique, la coqueluche, et surtout dans la
diarrhée. Elle m'a réussi aussi bien que Pipécacuanha. Je la mêle quelque-
fois à la belladone pour combattre la coqueluche.
Des auteurs, et notamment Gilibert, ont avancé que l'énergie des feuilles
est moins puissante que celle des racines. Je n'ai pas cette opinion ; les feuil-
les m'ont paru jouir d'une action tout au moins aussi prononcée. Loiseleur-
Deslongchamps a même constaté, par une série d'expériences, que la force
émétique était plus développée dans les feuilles que dans les racines ; ces
feuilles, dit le zélé défenseur de la matière médicale indigène, offrent un
émétique qui l'emporte sur tous les autres.
Longtemps gardée, cette racine n'est plus vomitive; après six mois, elle
n'est que purgative ; après deux ans elle ne purge presque plus, même à la
dose de 1 gr. §0 cent. Elle acquiert alors la vertu diurétique, et peut être
employée comme telle dans les tisanes. 11 faut donc avoir égard à son plus
ou moins de vétusté pour en régler les doses ou remplir telle ou telle indi-
cation.
Il est bon de remarquer que l'administration de l'asarum sous forme
aqueuse excite beaucoup moins les vomissements et les évacuations alvines :
mais elle a plus d'activité sur la peau et sur les voies urinaires.
(Le nom de Cabaret provient, dit-on, de ce que les ivrognes employaient
cette plante comme vomitive, afin de recommencer à boire. En Russie, elle
a la réputation d'être un excellent remède contre les effets des liqueurs al-
cooliques. Y a-t-il simplement dyspepsie à crapula, Smirnoff (1) lui attribue
la propriété de relever l'appétit défaillant et de neutraliser le besoin fac-
tice, mais irrésistible de l'alcool. Quand Peau-de-vie ne peut être aban-
donnée par les buveurs invétérés, c'est ce liquide lui-même qu'il prend pour •
véhicule ; l'asaret soutient alors la résistance du malade et on voit augmen-
ter l'intervalle qui sépare les attaques de delirium tremens habituelles; pen-
dant l'ivresse elle-même, traitement en tout identique, par la décoction
n'asarum.)
Rondelet dit'avoir employé avec beaucoup de succès la décoction aqueuse
d'asaret contre la sciadque.
Quelques auteurs rapportent que l'asarum a été souvent employé dans le
but coupable de provoquer l'avortement.
Les maréchaux qui, dans nos campagnes, exercent la médecine vétéri-
naire d'une manière toute traditionnelle et routinière, regardent le cabaret
comme un bon purgatif, propre au traitement du farcin et à l'expulsion des
vers chez les poulains : ils donnent la racine en poudre à la dose de 15 à
30 gr. mêlée avec du son mouillé.
La poudre des feuilles sèches d'asaret est un sterhutatoire énergique. Em-
ployée seule ou mélangée avec la poudre de muguet, de bétoine, etc., elle
est regardée comme efficace dans les céphalées opiniâtres, dans la suppres-
sion d'un flux nasal habituel, et autres maladies indiquant l'emploi des
errhins. Les feuilles de cette plante, fraîches ou sèches, mâchées, pro-
(1) Médical Times and Ganette, 1860.
[104]
voquent une salivation abondante, et peuvent être employées comme siala-
gpgues. Introduites dans le conduit auditif externe, comme irritantes, elles
ont pu être utiles dans la surdité.
[[Catégorie:Cazin 1868]]
|titre=[[Cazin, Traité des plantes médicinales|Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868]]
|titrepageprécédente=Arum (Cazin 1868)
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|nomcourtsuivant=Asclépiade
}}
[101]
ASARET. Asarum europaeum, L.
Asarum Dodonoei. B.
Cabaret, — asaret d'Europe, — oreille d'homme, — oreillette, — nard sauvage, — rondelle,
— girard, — roussin, — panacée des fièvres quartes.
ARISTOLOCHIACÉES. Fam. nat. ■.— DODÉCANDRIE MONOGYNIE. L.
Cette plante vivace (PL VI) se rencontre dans les lieux ombragés et vient
spontanément dans toute l'Europe. Je l'ai cultivée dans mon jardin. Je l'ai
trouvée dans la forêt de Boulogne-sur-Mer et dans les bois environnants.
Description.— Rhizome brun-grisâtre extérieurement, jaunâtre à l'intérieur,
tortueux, genouillé, tuberculeux, quadrangulaire, dense et comme ligneux, jetant de
nombreuses fibres radicales, blanchâtres. — Tige très-courte, simple, garnie d'écaillés
membraneuses, se terminant par deux.feuilles.— Feuilles portées sur de longs pétioles,
réniformes, coriaces, d'un vert foncé et luisant en" dessus, d'un vert pâle en dessous,
recourbées en dedans. — Fleurs hermaphrodites, régulières, solitaires, petites, d'un
pourpre noirâtre, portées sur un court pédoncule, et dont tous les organes persistent
jusqu'à la maturité (avril-mai). — Calice campanule, pétaloïde, à limbe trifîde, à lobes
égaux, velus en dehors. — Corolle nulle. — Etamines au nombre de douze, à
filets courts, alternativement longues et courtes, insérées sur un disque au sommet de
l'ovaire ; anthères bilobées. — Ovaire infère soudé avec le tube du calice, à six loges
polyspermes ; ovules ascendants, insérés sur deux rangs dans chaque loge. — Style
indivis, court, hexagone. — Stigmate à six divisions disposées en étoiles. — Fruit cap-
sulaire, coriace, surmonté du limbe du calice, à six loges irrégulièrement déhiscentes,
contenant de petites graines rugueuses transversalement, ovales, attachées au bord
central des cloisons. — Embryon très-petit, placé dans un périsperme charnu. — Radi-
cule dirigée vers le hile.
Parties usitées. — Les racines et les feuilles.
[Culture.— L'asaret n'est cultivé que dans les jardins de botanique ; il vient
dans tous les terrains, mais il préfère une exposition ombragée; on le propage par-
éclats des rhizomes.]
Récolte. — La récolte de l'asaret doit se faire au printemps avant la floraison, ou à
1 automne pour la racine, pendant tout l'été pour les feuilles. En récoltant la racine
aux deux époques indiquées, on l'a de bonne qualité pendant toute l'année, puisqu'on
peut ainsi la renouveler deux fois par an. Quand on là prend dans le commerce, il faut
la choisir belle, entière, bien nourrie, grosse comme une moyenne plume d'oie, récem-
m™t séchée, d'une odeur agréable et pénétrante, camphrée et lérébenthinée. On la
mélange souvent avec les. racines d'arnica, d'asclépiade, de fraisier, de polygala; et
principalement de valériane sauvage : l'odeur forte et particulière de cette dernière
suflit pour la distinguer. On confond aussi assez souvent dans le commerce la racine
«asarum.avec celle d'une autre plante nommée asarine, antirrhinum asarina. L.
Propriétés physiques et chimiques. — La racine d'asaret exhale une
(1) Hippocrate, in Proeceplis.
[102]
odeur forte, pénétrante, analogue à celle du nard celtique, de là l'origine du nom
de nard sauvage. Sa saveur, de même que celle de ses feuilles, est acre, amère, nau-
séeuse. D'après l'analyse de Lasaigne et Feneulle, la racine d'asaret contient une
huile volatile concrète et camphrée, une huile grasse très-âcre, une substance jaune
nauséeuse, soluble dans l'eau, analogue à la cytisine, dans laquelle paraît résider le
principe actif; de l'albumine, de la fécule, du muqueux, de l'acide citrique, du sur-
citrate de chaux, et quelques autres sels. On n'a pu y découvrir l'émétine.
Cette racine donne à la distillation une huile volatile liquide, une matière cristalline
nommée asarite, et une matière blanche, transparente et aussi cristallisable, à laquelle
Blanchet et Sell ont donné le nom à'asarone (1), et que l'on désigne maintenant sous
le nom de camphre d'asarum. [D'après ces auteurs, l'huile essentielle d'asaret a pour
formule = C-° Hls O 5; elle a été étudiée par Smith, elle fond à 120 degrés, elle se
dissout dans l'acide azotique qui forme avec elle une matière résinoïde rouge incrislal-
lisable.]
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Poudre (racine ou feuilles),
comme vomitif, 60 centigr. à 2 gr.;—comme
excitant, 5 à 20 centigr.
Feuilles fraîches, 6 à 15 feuilles infusées pen-
dant une nuit dans 180 gr. d'eau bien pure.
Extrait aqueux, 1 gr. à 1 gr. 50 centigr.
Extrait alcoolique, 60 centigr. à 1 gr.
Vin (li à 16 gr. de racine pour 500 gr. de vin
blanc),—se donnait autrefois comme vomi-
tif, et à petites doses, comme excitant, diu-
rétique, fondant, etc.
A L'EXTÉRIEUR. — En poudre, comme stornu-
tatoire. Elle entre dans la composition de
la poudre sternntatoire de Saint-Ange et de
la poudre céphalique de la pharmacopée
d'Edimbourg.
La racine et les feuilles d'asaret sont excitantes, émétiques et anthelmin-
tiques. Elles sont aussi sternutatoires. Mises en contact avec la peau privée
de son épiderme ou avec une membrane muqueuse, elles produisent une in-
flammation locale très-vive, de même que Pipécacuanha. (A petite dose, en
vertu de son principe aromatique, l'asaret est stomachique ; à dose plus forte,
il régularise les évacuations intestinales, en produisant le vomissement et la
purgation.)
L'asaret a été regardé, de tout temps, comme un des meilleurs vomitifs.
Dioscoride, Galien, Mesué, ont reconnu ses propriétés. Ettmuller, Fernel,
Kramer, Hoffmann, Boerhaave, Willis, et un grand nombre d'autres méde-
cins, en ont fait le plus grand éloge. Rivière le considérait comme le vomitif
par excellence dans la fièvre quarte; Linné a reconnu que les feuilles d'asa-
rum, réduites en poudre très-fine, avaient des propriétés vomitives plus éner-
giques que Pipécacuanha.
Venel se plaignait de ce que les théories des docteurs anodins avaient
banni de la pratique de la médecine cette précieuse plante. Burtin a re-
cueilli un grand nombre d'observations qui prouvent que l'asarum ne le cède
en rien à Pipécacuanha. Les expériences de Coste et "Wilmet sur ce vomitif
indigène né sont pas moins concluantes. Hanin le regarde aussi comme le
meilleur succédané de la racine brésilienne, et Wauters s'exprime ainsi
sur cette plante : Principiis suis constituenlibus cum ipecacuanha coincidere
videtur, licet aliquando venenis adnumeratum fuerit, quum àb impnulenti-
bus sine dcbitis cautelis proescribebatur: En effet, je pense, avec cet auteur,
que si quelques praticiens ont rejeté l'emploi de l'asaret comme agissant
avec violence, et n'ayant qu'une action irrégulière et inconstante, c'est parce
qu'on l'a administré sans précaution ou à des doses trop élevées ou môme
clans des cas où une irritation préexistante en contre-indiquait l'usage. Si une
prédilection marquée pour les médicaments exotiques n'existait pas chez la
plupart des médecins, on tiendrait compte aussi de l'action irrégulière de
Pipécacuanha, si souvent observée dans la pratique. Le plus ou moins d'effet
des médicaments vient bien plus de la disposition idiosyncrasique des sujets
qui en reçoivent l'action que du médicament lui-même.' C'est une vérité pra-
tique que l'expérience journalière confirme et qui s'applique à tous les genres
de médication.
(1) Journal de pharmacie, t. VI, p. 561 ; t. XX, p. 347.
[103]
L'asarum* dont les anciens faisaient grand-cas, a été négligé depuis la dé-
couverte de Pipécacuanha ; mais les gens de la campagne, plus attachés aux
traditions populaires que les citadins, ont conservé l'usage de ce remède.
Ils recourent à l'infusion des feuilles pour provoquer le vomissement et la pur-
gation. Je dois dire que je l'ai toujours vu employer avec avantage, et qu'il
n'a produit, dans certains cas, d'autres accidents que ceux que tous les
éméto-cathartiques excitent quand ils sont pris à dose trop élevée ou intem-
pestivement administrés ; 60 à 80 centig. de poudre de racine d'asaret font
aussi bien vomir que la même dose d'ipécacuanha, et ne fatiguent pas davan-
tage. J'ai employé cette poudre à la dose de 10,15 ou 20 centig., comme
altérante, dans la bronchite chronique, la coqueluche, et surtout dans la
diarrhée. Elle m'a réussi aussi bien que Pipécacuanha. Je la mêle quelque-
fois à la belladone pour combattre la coqueluche.
Des auteurs, et notamment Gilibert, ont avancé que l'énergie des feuilles
est moins puissante que celle des racines. Je n'ai pas cette opinion ; les feuil-
les m'ont paru jouir d'une action tout au moins aussi prononcée. Loiseleur-
Deslongchamps a même constaté, par une série d'expériences, que la force
émétique était plus développée dans les feuilles que dans les racines ; ces
feuilles, dit le zélé défenseur de la matière médicale indigène, offrent un
émétique qui l'emporte sur tous les autres.
Longtemps gardée, cette racine n'est plus vomitive; après six mois, elle
n'est que purgative ; après deux ans elle ne purge presque plus, même à la
dose de 1 gr. §0 cent. Elle acquiert alors la vertu diurétique, et peut être
employée comme telle dans les tisanes. 11 faut donc avoir égard à son plus
ou moins de vétusté pour en régler les doses ou remplir telle ou telle indi-
cation.
Il est bon de remarquer que l'administration de l'asarum sous forme
aqueuse excite beaucoup moins les vomissements et les évacuations alvines :
mais elle a plus d'activité sur la peau et sur les voies urinaires.
(Le nom de Cabaret provient, dit-on, de ce que les ivrognes employaient
cette plante comme vomitive, afin de recommencer à boire. En Russie, elle
a la réputation d'être un excellent remède contre les effets des liqueurs al-
cooliques. Y a-t-il simplement dyspepsie à crapula, Smirnoff (1) lui attribue
la propriété de relever l'appétit défaillant et de neutraliser le besoin fac-
tice, mais irrésistible de l'alcool. Quand Peau-de-vie ne peut être aban-
donnée par les buveurs invétérés, c'est ce liquide lui-même qu'il prend pour •
véhicule ; l'asaret soutient alors la résistance du malade et on voit augmen-
ter l'intervalle qui sépare les attaques de delirium tremens habituelles; pen-
dant l'ivresse elle-même, traitement en tout identique, par la décoction
n'asarum.)
Rondelet dit'avoir employé avec beaucoup de succès la décoction aqueuse
d'asaret contre la sciadque.
Quelques auteurs rapportent que l'asarum a été souvent employé dans le
but coupable de provoquer l'avortement.
Les maréchaux qui, dans nos campagnes, exercent la médecine vétéri-
naire d'une manière toute traditionnelle et routinière, regardent le cabaret
comme un bon purgatif, propre au traitement du farcin et à l'expulsion des
vers chez les poulains : ils donnent la racine en poudre à la dose de 15 à
30 gr. mêlée avec du son mouillé.
La poudre des feuilles sèches d'asaret est un sterhutatoire énergique. Em-
ployée seule ou mélangée avec la poudre de muguet, de bétoine, etc., elle
est regardée comme efficace dans les céphalées opiniâtres, dans la suppres-
sion d'un flux nasal habituel, et autres maladies indiquant l'emploi des
errhins. Les feuilles de cette plante, fraîches ou sèches, mâchées, pro-
(1) Médical Times and Ganette, 1860.
[104]
voquent une salivation abondante, et peuvent être employées comme siala-
gpgues. Introduites dans le conduit auditif externe, comme irritantes, elles
ont pu être utiles dans la surdité.
[[Catégorie:Cazin 1868]]