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Arnica (Cazin 1868)

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danois, au rapport de Murray, se guérissent des fièvres intermittentes en prenant, deux heures avant l'accès, une infusion saturée de fleurs d'arnica. « Je ne proclamerai point, dit Chaumeton, avec la même confiance les succès de l'arnica dans le traitement des lièvres intermittentes, parce que les tentatives de Donald Monro, de Bergius, de Wauters, ont été, comme les miennes, trop souvent infructueuses. » Wauters, qui a expérimenté celte plante dans l'hôpital de Gand, et dont le zèle pour la recherche des succé danés du quinquina est connu, s'exprime en ces termes : Licet arnica hic aliis febrifugis fucrit adjuncta, equidcm statuere valemus àb ea non multum boni in his febribus expectandum esse. Gilibert a trouvé que, dans les fièvres intermittentes et rémittentes, l'ar nica diminue seulement l'intensité des accès et augmente les sueurs criti ques. Je n'ai pas été beaucoup plus heureux que ce praticien. Toutefois, je dois dire que dans un cas de fièvre double-tierce par récidive, avec œdé- matie des extrémités inférieures, gonflement de la rate, débilité, sans irri tation gastrique, observé, en novembre 1851, chez un cultivateur qui avait été atteint de fièvre tierce négligée pendant le printemps et une partie de l'été, j'ai obtenu une grande amélioration par l'emploi de la poudre de fleurs d'arnica à la manière de Stoll. L'œdème se dissipa, l'engorgement splénique diminua de près de moitié dans l'espace de dix jours, le stade de froid fut beaucoup moin» intense, la sueur plus abondante; mais l'accès ne fut entièrement coupé qu'à l'aide d'un vin concentré d'absinthe et d'écorce de saule, dont l'usage, continué pendant quinze jours, rétablit complète ment le malade. (L'arnicine représente peut-être le principe amer antipériodique de l'ar- nique ; il serait, ce nous semble, utile d'entreprendre des expérimentations à ce sujet.) Gomme excitant de l'action nerveuse cérébro-spinale, l'arnica a été pré conisé dans les paralysies. Quand ces maladies sont susceptibles de guéri- son, ce médicament agit à la manière des préparations de noix vomique. Les malades éprouvent des douleurs dans les yeux, des fourmillements dans les membres, des tiraillements, une chaleur vive, et ces effets sont presque toujours d'un heureux présage. L'arnica, d'après J.-C. Franck, est surtout utile si la maladie est ancienne, si elle est l'effet d'une seconde attaque d'apoplexie, si le malade est épuisé, si le pouls est mou et la face pâle. Colin dit qu'il faut attendre qu'il n'y ait plus de fièvre ou qu'elle soit bien diminuée, et joindre alors le nitre à l'arnica. Rogery (1) cite le cas très-remarquable d'une jeune femme qui, à la suite d'une fièvre mal jugée, éprouvait une sorte d'engourdisse ment et un état d'impuissance dans les membres inférieurs. Ce médecin lui prescrivit la décoction de fleurs d'arnica et l'extrait de ces mêmes fleurs, qu'on faisait dissoudre dans l'eau de menthe édulcorée avec le sucre. Comme il n'avait pas obtenu tout le succès désiré, il donna les fleurs pulvé risées de cette plante dans suffisante quantité de miel, et bientôt la malade éprouva des fourmillements et des douleurs auxquelles succéda la restitu tion complète du mouvement et de la sensibilité. Korubeck vante l'usage de l'arnica dans les paralysies d'origine mercurielle. « Il va sans dire, ajoute avec raison Martin Lauzer (2), que cette plante ne conviendrait que dans les paralysies nerveuses, de nature asthénique, quel qu'en fût le siège. » Thielmann a donné avec succès, dans le tremblement des doreurs (3), l'infusinn d'arnica: 12 gr. dans 200 gr. d'eau; — une cuillerée à bouche toutes les heures. (1) Recueil périodique de la Société médicale de Péris. (î) Journal des connaissances médico-cliirurgicales, 2e série, t. II, p. 123. (3) Journal de médecine et de chirurgie prai:ques, t. XVII, p. 26.
 
 
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Les rétentions d'urine par atonie de la vessie, chez les vieillards, ont été efficacement combattues par l'arnica. Kluyskens en a obtenu le succès le plus complet chez trois malades dont l'inertie de la vessie durait depuis quatre-vingts à cent jours. Renier (1) s'est bien trouvé du même médica ment dans des cas analogues. Colin prétend avoir guéri plusieurs amauroses au moyen de l'administra tion des fleurs d'arnica. Murray, Scarpa, ont obtenu de grands succès de la teinture d'arnica dans les amauroses légères et nerveuses. Suivant Schmuc- ker, il échoue constamment dans l'amaurose arrivée peu à peu à son plus haut degré d'intensité. Il est bien difficile, pour une maladie dont le dia gnostic était alors entouré de tant d'obscurité, d'avoir des données exactes sur l'efficacité d'un traitement. Escolar (2) a publié trois faits tendant à prouver les propriétés de l'arnica contre l'béméralopie; mais comme ce médicament a été employé concur remment avec d'autres moyens, tels que les frictions mercurièlles cam phrées et belladonées, la valériane, l'oxyde de zinc, etc., il n'est pas pos sible d'en distinguer ici les effets. L'arnica a guéri, suivant Murray, le tremblement des membres ou de la langue, l'opisthotonos, les convulsions de la léte, le spasme cynique, les soubresauts des membres. Vitet prescrit le traitement suivant comme le plus efficace contre la chorée : « Fleurs de bétoine de montagne (arnica) de puis 10 grains (50 centigr.) jusqu'à 30 (1 gr. 50 centigr.), à délayer dans une petite verrée d'infusion de fleurs de tilleul, à prendre le matin à jeun ; réitérez pareille dose sur les cinq heures du soir; infusion de bétoine de montagne depuis 1 drachme (-4 gr.) jusqu'à 2 (8 gr.), dans 1 livre (500 gr.) d'eau pour lavement, à administrer avant la première prise de bétoine. Ne soyez point étonné de voir les fleurs de bétoine exciter, les premiers jours, un léger vomissement; l'estomac se fait à l'action de ce remède, et le vo missement cesse; alors augmentez par degrés presque insensibles, en bois son, la dose des fleurs de bétoine jusqu'à 1 drachme 1/2 (6 gr.) au plus par jour.... Toutes les méthodes proposées jusqu'à ce jour, dit Vitet, ne l'em portent point sur la bétoine de montagne. » C'est là un jugement trop absolu; tout est relatif en médecine. Si aux désordres nerveux qui caracté risent les affections dont nous venons de parler se joint l'asthénie des or ganes, l'arnica pourra réussir; mais s'il y a prédominance du système sanguin, congestion cérébrale, angioténie générale ou irritation phlegma- sique occupant un organe ou un appareil fonctionnel important, ce médica ment sera évidemment nuisible. Nous nous dispenserons de retracer rénumération des diverses maladies de poitrine dans lesquelles Murray vante la vertu incisive et résolutive de l'arnica ; mais nous dirons, avec Roques, que les propriétés nauséeuses de ce végétal ont plusieurs fois triomphé de catarrhes opiniâtres. Dans ces cir constances, on môle avec avantage une certaine dose de fleurs d'arnica aux fleurs pectorales, de manière à produire des effets nauséeux. On doit conti nuer ce moyen avec quelque persévérance. L'arnica n'a pas été moins heu reux, selon le médecin que nous venons de citer, dans quelques cas de pneumonie où les forces vitales abattues font craindre que la crise ne soit importante, comme dans la pneumonie ataxique. On administre alors, dit Roques, l'infusion ou la décoction des fleurs avec l'extrait de quinquina; cette composition excite le système général des forces, ranime l'action pul monaire et favorise l'expectoration. Dans le catarrhe suffoquant, Hufe- land, après la saignée et le vomitif, employait avec succès la décoction de racine d'arnica. J'ai guéri promptement un catarrhe pulmonaire chro- (1) Schubarth's Receptlaschenbueh. Berlin, 1828. (2) Boletin de med. cir. y farm., 1852.
 
 
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nique, avec expectoration très-abondante, revenant périodiquement chaque automne depuis cinq ans, chez une dame âgée de soixante-douze ans, par l'administration simultanée de la poudre de fleurs d'arnica et de semence de phellandre aquatique, à doses graduellement augmentées jusqu'à celle de 2 gr. de chaque substance par jour. « Lorsque nous voyons, de nos jours, Gintrac, de Bordeaux, prescrire le tartre stibié à haute dose (et alors il agit comme nauséeux) dans les catarrhes chroniques (1); le professeur Broussonnet, de Montpellier, donner l'infusion concentrée d'ipécacuanha à haute dose également dans la pneumonie des vieillards et le catarrhe chronique (2); et, enfin, le profes seur Cruveilhier donner de la tisane d'ipécacuanha dans les phlegmasies pulmonaires, nous ne pouvons nous empêcher de faire cette remarque, que l'on revient souvent de nos jours aux mêmes ordres de moyens que ceux qu'employaient les anciens. Qui ne voit que l'arnica produisait, par ses pro priétés nauséeuses, des effets analogues à ceux que l'on obtient d'une ma nière seulement plus certaine de l'ipécacuanha ? Maintenant, ce dernier donne-t-il plus ou moins de ton que l'arnica aux capillaires bronchiques pour se débarrasser des mucosités ? C'est ce que l'expérience comparative pourrait seule décider (3). » Gentil, d'Amorbach (4), rapporte que dans une épidémie de coqueluche, qui a régné il y a quelques années dans sa localité, épidémie dans laquelle lous les moyens les plus vantés comme spécifiques ne produisirent aucun bon résultai, et ne laissèrent que trop souvent la maladie emporter les petits malades, il n'y eut qu'un seul moyen qui lui rendît de bons services : la racine d'arnica montana. Il prescrivait ordinairement celui-ci à la dose de </2 gros (2 gr.) à 1 gros (4 gr.) pour une décoction à ramener à 4 onces de colature ; cette dose devait être prise dans la journée. Stoll n'hésite point à accorder à l'arnique le titre de spécifique de la dysenterie. Il s'appuie sur des faits incontestables, et désigne avec sa saga cité habituelle les cas où elle lui a réussi. Dans la dysenterie, dit Hufe- land, si la maladie prend un caractère putride, ce qu'on reconnaît à la faiblesse extrême et à l'odeur cadavéreuse des déjections, les meilleurs moyens à employer sont le vin et la racine d'arnica (15 décigr. de la poudre toutes les deux heures, ou f5 gr. bouillis dans assez d'eau pour obtenir 300 gr. de colature). On doit surtout l'opposer, dit Boques, à ces diarrhées énervantes, à ces flux dysentériques opiniâtres qui, dans la troisième pé riode du typhus, menacent d'éteindre entièrement les forces de la vie. J'ai eu fréquemment occasion de constater les bons effets de l'arnica en pa reilles circonstances. Barthez a recommandé l'arnica dans le traitement de la goutte. Boques dit qu'on ne doit l'employer dans cette affection que pour favoriser les sueurs critiques, lorsque la nature parait choisir ce mode de solution. H est encore une foule de maladies contre lesquelles on a employé ou proposé l'arnica, sans en expliquer rationnellement l'action spéciale. Nous citerons l'ictère avec congestion, l'inflammation du foie avec péléchics, les suppressions des règles et celles des lochies, la ménorrhagie avec rétention de caillots, les engorgements de la rate, la néphrite calculeuse, etc. (C'est ainsi que Sébastien, cité par Bouchardat (5), croit devoir à l'emploi de l'alcoolature d'arnica l'immunité quant à la fièvre puerpérale de deux cent quatre-vingt-sept accouchées soumises à son observation.) (1) Journal des connaissances médico-chirurgicales, février 1840 et décembre 1847. (2) Même journal, 1" février 1851. (3) Martin Liuzer, Journal des connaissances médico-chirurgicales, 1862, p. 122. (4) Journal de médecine de Bruxelles, janvier 1850. (5) Annuaire de thérapeutique, 1861, p. 80.
 
 
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Liedbeck, d'Upsal (I), prescrit avec avantage, contre les varices des femmes enceintes, l arnica à l'intérieur. Il fait infuser 1 gr. de fleurs d'ar nica dans 250 gr. d'eau, et y ajoute quelques grammes d'alcool. Il fait prendre une cuillerée à bouche de cette infusion quatre fois par jour. L'effet ordinaire de cette médication est, dit-on, la diminution des douleurs qu'occasionnent les varices et la disparition graduelle de ces tumeurs. Il faut convenir que c'est là une propriété aussi merveilleuse qu'inexplicable. L'arnica est mis en usage à l'extérieur comme résolutif, stimulant, anti septique, sternutaloire, etc. La fomentation résolutive de Rosas, contre les ecchymoses des paupières, est composée d'une infusion de fleurs d'arnica et de sommités de romarin dans le vin rouge. Hufcland prescrit, contre l'induration du tissu cellulaire des nouveau-nés, des fomentations avec l'in fusion d'arnica. (Pendant mon internat à l'hôpital Sainte-Eugénie, dans le service de R. Marjolin, nous avons très-fréquemment obtenu avec rapidité (trois semaines environ) la résolution de cœphalamalomes volumineux par l'application bi-quotidienne d'un linge imbibé de teinture d'arnica.) Szer- lecki vante la teinture alcoolique étendue de quatre fois son poids d'eau, en application sur les tumeurs hémorrhoïdales douloureuses. Cette teinture doit Cire préparée avec le suc fraîchement exprimé de la plante. J'ai appli qué avec avantage sur les ulcères sordides et gangréneux le mélange de par ties égales de poudre de racine d'arnica et de camphre. (Talley (2), a recours aux embrocations d'arnica dans les douleurs articu laires et musculaires.) . Les paysans des Vosges se servent des feuilles et des fleurs sèches d'ar nica en guise de tabac. L'extension que j'ai donnée à cet article est justifiée par le désir de réha biliter une plante qui est loin de mériter la proscription dans laquelle elle languit depuis longtemps. Si les médecins allemands ont exagéré les pro priétés de l'arnique, les médecins français l'ont trop dépréciée. Trousseau et Pidoux ne l'ont pas jugée digne de figurer dans leur excellent traité de thérapeutique et de matière médicale (5e édition). (Actuellement, il se fait une réaction en sa faveur, et son emploi tend à se généraliser.)
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