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Réglisse (Cazin 1868)

Redoul
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Reine des prés


[897]

Nom accepté : Glycyrrhiza glabra


RÉGLISSE. Glycyrrhiza glabra. L.

Glycyrrhiza siliquosa vel germanica. C. Bauh., T. — Glycyrrhiza vulgaris. Dod. — Liquiritia. Brunf. — Liquiritia seu glycyrrhiza. Off.

Réglisse glabre, — réglisse vulgaire, — réglisse des boutiques, — racine douce, — glycaraton.

LÉGUMINEUSES. — LOTÉES. Fam. nat. — DIADELPHIE DÉCANDRIE. L.


La réglisse croît spontanément en Bourgogne et dans les départements méridionaux de la France. On la cultive aux environs de Paris.


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Description. — Racines longues, rampantes, cylindriques, d'un jaune brun en dehors et d'un jaune pâle en dedans. — Tiges de 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres de hauteur, presque ligneuses, fermes, rameuses, arrondies, à rameaux un peu pubescents — Feuilles alternes, pétiolées, imparipinnées, composées de treize ou quinze folioles opposées, entières, presque sessiles. — Fleurs petites, rougeâtres ou purpurines, en épis longs, axillaires, peu fournis (juillet-août). — Calice tubulé à deux lèvres, la supérieure à 4 divisions inégales, l'inférieure simple et linéaire. — Corolle papilionacée. — Dix étamines diadelphes. — Un style subulé à stigmate obtus. — Fruits : gousses ovales un peu comprimées, pointues, glabres, ordinairement polyspermes, contenant six graines réniformes.

Parties usitées. — La racine ou rhizome, le bois.

Culture, récolte. — Cette racine, qu'on nomme aussi bois de réglisse, se récolte au printemps et à l'automne, mais pas avant sa troisième année. On la fait sécher au soleil ou au grenier. Elle nous est envoyée ordinairement de Bayonne ou de la Touraine. Depuis quelque temps le commerce livre une réglisse décortiquée fort belle. - Dans les terres fortes, la réglisse ne végète que difficilement. Cette plante, très-rustique et très-vivace, est d'une culture facile dans un terrain doux, léger, substantiel et profond. Alors ses racines s'étendent à de grandes distances, en fournissant beaucoup de jets. Le moyen le plus prompt de la multiplier consiste à planter au printemps ou à l'automne des drageons ou pieds enracinés, que l'on place en lignes distantes de 30 centimètres et en planches séparées par des tranches garnies de fumier. [On peut aussi la propager de graines semées en pots, sous couche, au printemps, et repiquées en mottes.]

Propriétés physiques et chimiques. — La racine de réglisse, d'une odeur faible, est d'une saveur douce, sucrée, un peu âcre. Elle contient, suivant Robiquet, une matière sucrée particulière, non fermentescible, qu'il a nommée glycyrrhizine (C16 H12 O6), se présentant en masse d'un jaune sale ; une matière analogue à l'asparagine, mais cristallisable ; de l'amidon, de l'albumine, une huile résineuse, épaisse et âcre ; du phosphate et du malate de chaux et de magnésie, du ligneux. L'eau froide dissout les principes sucrés et émollients, mais ne se charge pas de l'huile âcre, qui ne se dissout que dans l'eau chaude.

La racine de réglisse donne à peu près un tiers de son poids d'extrait. Celui du commerce, préparé par décoction, contient de la matière âcre et est souvent en partie brûlé. Il contient aussi du cuivre, qui a été enlevé mécaniquement aux vases évaporatoires. Aujourd'hui, on le trouve toujours falsifié par une forte proportion de poudre inerte d'amidon, de pulpe de pruneaux, de gomme commune, etc. Pour l'usage médical, le suc de réglisse préparé dans les laboratoires est donc préférable à celui du commerce. [Celui-ci contient en outre souvent des proportions notables de cuivre, provenant des vases dans lesquels on le prépare.]

Les brasseurs, en Flandres et en Angleterre, emploient le suc de réglisse pour la fabrication de la bière, qui en devient plus colorée et plus douce. — Julia de Fontenelle et Poisson ont présenté en 1827, à l'Académie des sciences, des échantillons d'un beau papier fait uniquement avec le bois de réglisse.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion à froid (racine), 8 à 16 gr. par 500 gr. d'eau (enlever l'écorce, la fendre en quatre ou six), suivant la grosseur, six heures de macération.
Infusion à chaud, mêmes quantités, — saveur plus forte et même un peu acre, quand l'infusion est prolongée.
Décoction, moins agréable que les infusions, parce qu'elle contient le principe oléo-résineux âcre et amer de la racine. Dans les tisanes, il ne faut ajouter la racine de réglisse qu'au moment où la décoction est terminée ou presque froide.
Extrait, on le mâche ou on le fait fondre dans l'eau ou dans les tisanes.
Extrait de réglisse dépuré. (Extrait de réglisse du commerce, Q. S. ; eau froide, Q. S. — Mettre l'extrait sur un diaphragme et le plonger dans l'eau, où il se dissout peu à peu ; passer au blanchet et faire évaporer en consistance d'extrait pilulaire).
Pâte de réglisse blanche. (Racine de réglisse

grattée, 1 ; gomme arabique, 8 ; sucre blanc, 8 ; eau de fleurs d'oranger, 1 ; blanc d'œuf, Q. S. — Douze blancs d'œuf pour 1 kilogr. de sucre. La plupart des pharmaciens suppriment les blancs d'œufs et coulent cette pâte en plaques comme celle de jujubes).
Pâte de réglisse brune. (Suc de réglisse, 1 ; gomme arabique, 15 ; sucre, 10 ; eau, 25 ; extrait d'opium, 1 gr. par kilogr. de sucre. 100 gr. de cette pâte contiennent encore 3 gr. d'extrait d'opium.
Pâte de réglisse noire. (Sucre de réglisse, 1 ; gomme arabique, 2 ; sucre, 1. - Faire fondre le suc dans 4 parties d'eau, y dissoudre la gomme et le sucre, passer à travers un blanchet, faire évaporer sur un feu doux en consistance ferme, couler la masse sur un marbre blanc huilé.)
La poudre de réglisse est employée en pharmacie pour rouler les pilules et leur donner une consistance convenable.


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La racine de réglisse est adoucissante, rafraîchissante, béchique et diurétique. Elle apaise la soif et convient dans les fièvres, les maladies inflammatoires, surtout dans celles des voies aériennes et urinaires. On l'emploie vulgairement dans les rhumes. Elle remplace le miel et le sucre pour édulcorer les tisanes, dans les hôpitaux et dans la médecine des pauvres. L'infusion de cette racine ou de son suc est une boisson populaire dans les chaleurs de l'été. L'orge, le chiendent, la réglisse, et un peu de repos, sont les meilleurs médicaments pour l'ouvrier échauffé, fatigué. L'extrait de réglisse, suc ou jus de réglisse, jus noir, s'emploie journellement dans les affections catarrhales ; il calme la toux et facilite l'expectoration. Les pâtes de réglisse sont employées dans les mêmes cas à la campagne : on fait un looch domestique avec l'infusion de graine de lin, 15 gr. d'extrait de réglisse et 1 cuillerée de miel : on y ajoute quelquefois la pulpe d'un oignon cuit sous la cendre et trituré dans le mélange.

L'huile de foie de morue est prise sans répugnance, surtout chez les enfants, quand on la joint à quatre ou six fois autant de solution concentrée d'extrait de réglisse ou jus noir, prise froide et après avoir bien agité le mélange. C'est le mode d'administration que j'emploie depuis longtemps, et qui m'a le mieux réussi.


[Nous citerons encore la réglisse hispide ou hérissée (G. echinata, L.), la réglisse velue (G. hirsuta, L.) et la réglisse rude (G. asperrima, L.), dont les produits sont moins estimés que ceux de la réglisse glabre ou officinale.]