Nicotiana tabacum (Pharmacopées en Guyane)
Noms vernaculaires
- Créole : tabac [tabak].
- Wayãpi : makule.
- Palikur : aig.
- Brésilien : fumo, tabaco.
Écologie, morphologie
Grande plante herbacée cultivée surtout chez les Amérindiens [1].
Collections de référence
Berton 201 ; Haxaire 774 ; Prévost 1286.
Emplois
Il s’agit sans nul doute d’une des plantes les plus célèbres héritées du monde amérindien et son utilisation comme narcotique (cigare, jus de tabac vert) a été discutée à propos du chamanisme (cf. 2e partie, p. 66). Pour une utilisation proche du jus de tabac chez les Créoles, cf. Quararibea duckei (Bombacacées).
Le tabac peut également être utilisé comme remède et les populations de Guyane illustrent bien ce cas :
Les Créoles associent les feuilles sèches à Scoparia dulcis (cf. Scrophulariacées), cependant que les Wayãpi utilisent le goudron de nicotine pour asphyxier les larves de ver macaque (Dermatobia hominis, Cuterebridés) qui parasitent la peau des hommes, des chiens et des grands mammifères. Lorsque la larve a lâché prise, elle est extraite par pression. Les Palikur font du tabac un usage plus diversifié. Ils utilisent abondamment les feuilles vertes comme cholagogue : la décoction de deux feuilles est suffisante pour calmer une crise de foie.
Deux feuilles vertes chauffées à la flamme sont, utilisées en cataplasme, un remède contre les céphalées [2]. Une seule goutte de jus de tabac vert constitue un collyre puissant. Enfin, nous décrivons à Rhabdadenia biflora (Apocynacées), son utilisation contre les piqûres de raie.
Chimie et pharmacologie
D’après PARIS et HURABIELLE (1981), la teneur des feuilles en matières minérales est très élevée (15 à 20 %) ; il s’agit surtout de phosphates et de nitrate de potassium.
Les feuilles renferment des acides organiques : malique, citrique et nicotinique ; des acides phénols : caféique et chlorogénique ; des polyphénols : flavonoïdes et coumarines, des traces d’huiles essentielles, des bases volatiles, etc. Enfin, elles contiennent de 1 à 10 % d’alcaloïdes, dont le principal est la nicotine avec de petites quantités de nornicotine et d’anabasine.
La nicotine est un poison du système nerveux central et du système nerveux autonome : elle a une action ganglioplégique se traduisant par une activité au niveau des systèmes sympathiques et parasympathiques avec stimulation initiale des récepteurs suivie d’une inhibition. La dose mortelle chez l’homme est de 0,06 g. La mort survient par paralysie respiratoire et cardiaque.
La nicotine est également un irritant pour les muqueuses et un toxique vis-à-vis des animaux à sang froid. Cette dernière propriété l’a fait utiliser autrefois comme anthelminthique et parasiticide en usage externe, mais ce dernier emploi est surtout exploité en agriculture (BEZANGER-BEAUQUESNE et al., 1975).
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- ↑ Le tabac, qu’il se trouve près des habitations ou dans les abattis, exige un sol riche et bien nettoyé par le feu. Il nécessite un désherbage constant. Il n’est jamais étêté comme dans les cultures industrielles, car on veut récolter le plus possible de ses graines à la germination réputée capricieuse.
- ↑ On notera que le tabac fut connu en France au XVIe siècle sous le nom d’herbe-à-la-reine parce que Nicot l'offrit à Catherine de Médicis comme préservatif de la migraine (BONNIER, 1911-1934).