Les témoins (cookies) nous aident à fournir nos services. En utilisant nos services, vous acceptez notre utilisation des témoins.

Haltît (Ibn al-Baytar)

Halâb
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Halboub


688 - حَلْتِيت - ḥaltīt - Haltît, Asa fœtida.


Nom accepté : Ferula assa-foetida

[1-447]

C’est la gomme de l’andjoudân صمغ انجدان - ṣamġ ānǧudān.

  • Galien, livre VIII. L’asa jouit de propriétés attractives extrêmement prononcées et, en raison de cette constitution que je lui ai assignée, elle resserre les chairs et les fait fondre.
  • Dioscorides, livre VIII.
  • Razès. J’ai vu l’asa réussir merveilleusement dans les affections des nerfs. Rien ne l’égale pour réchauffer et enlever la fièvre. On en donne au malade la valeur d’une fève matin et soir, cela avec du bon vin mais en petite quantité, sous peine d’échauffer le corps.
  • Le même, dans le Haouy. J’ai lu dans les livres des Indiens qu’ils emploient l’asa comme aphrodisiaque. Pour ma part, je la crois efficace, attendu qu’elle est très chaude. Il y a plus : si l’on en met un peu dans le canal de l’urèthre, il en résulte de fortes érections. Si l’on en met dans un vase, que l’on verse par-dessus de l’huile de jasmin et qu’on le laisse quelques jours, puis que l’on s’en frotte, l’homme et la femme éprouveront une merveilleuse volupté.
  • Hobeïch ibn el-Hacen. L’asa est chaude et sèche au commencement du quatrième degré. Son action se rapproche de celle des poisons. Elle nuit à l’estomac et au foie. Placée dans la cavité d’une dent cariée, elle l’émiette. Son odeur est très forte. Elle se rapproche de la chaleur de l’anacarde. On prétend que les moissons ne réussissent pas dans le Sind à moins de l’employer ainsi : ils en renferment dans un linge et la suspendent à l’embouchure des cours d’eau, et son odeur, répandue dans les moissons, y tue ce qu’il y a de chiens d’eau كلاب الما - kalāb al-mā et de vers. On dit aussi que les Arméniens, dans leurs guerres contre les habitants de la Susiane الخوز - al-ẖūz, quand ils sont frappés par une flèche empoisonnée, en appliquent sur la plaie pour se préserver contre le poison.
  • Avicenne. Elle est utile contre les hémorrhoïdes. Elle est diurétique. Elle est utile contre les coliques. Paul prétend qu’elle est légèrement laxative malgré son astringence. Cependant il est bien connu de tous qu’elle est efficace contre le dévoiement chronique de nature algide. On l’emploie aussi contre la fièvre quarte.
  • Autre. Elle enlève les humeurs des articulations : c’est là une propriété merveilleuse dont elle jouit. Elle tue les vers longs et les larges.
  • Livre des Expériences. L’asa est très avantageuse dans les tumeurs abcédées de l’abdomen. On en prend une demi-drachme diluée dans de la décoction de plantain. On la mélange aussi avec les médicaments astringents et subtils pour corroborer leur action. Elle arrête le dévoiement causé par des humeurs visqueuses. Si l’on en prend une demi-drachme avec une égale quantité de sagapenum et que l’on prolonge son emploi, elle est très utile contre la paralysie et l’engourdissement, aussi bien que contre les affections des articulations de nature algide qui donnent au toucher une vive sensation de froid. Elle est très salutaire tant à l’intérieur qu’à l’extérieur contre les piqûres de scorpion. On en fait avec succès des frictions contre les piqûres venimeuses de nature froide, et elle calme les douleurs de la plaie en même temps que la démangeaison et la pesanteur de l’organe affecté. Prise avec de l’ail, elle est salutaire contre la morsure de chien enragé.

____________________

Les Arabes ont rendu par andjoudân le silphion des Grecs, la serpitium des Latins, et son suc par hentît ou heltit, l’asa des modernes. Les anciens connaissaient deux silphions : celui de la Cyrénaïque, de beaucoup le plus estimé, particulièrement pour sa suavité, et celui de Médie, réputé inférieur. Etaient-ils le produit d’une même plante ? Il est permis d’en douter, si l’on compare les monnaies de Cyrène, où le silphion est représenté, avec les figures de Kampfer. Les fruits paraissent différer. Les plantes étaient sans doute congénères. Le silphion de Cyrénaïque finit par manquer et on le remplaça par l’autre. Les Arabes ne connurent pas le premier, mais, pour eux, le heltit ou l’asa représente toujours le silphion des Grecs. On a voulu contester l’identité du silphion avec l’asa par la raison que l’odeur de l’asa est détestable. Quelle que soit cette odeur, il n’en est pas moins vrai que cette substance est toujours usitée comme condiment, et même les Européens qui l’ont goûtée ne sont pas de l’avis de Saumaise, qui ne saurait admettre que l’asa ait jamais servi de condiment. Le frère Ange, dans la Pharmacopée persane, en parle ainsi : « Ipsemet autem probavi sæpius non esse ingrati saporis, aut odoris. » L’asa se dit en persan hing. On la rapporte soit à une Ferula, soit à une Narthex asa fœtida. Daoud el-Antaki dit que la meilleure asa vient des montagnes du Kerman. Voir l’andjodân, n° 158.

Voir aussi :