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Germandrée (Cazin 1868)

Géranium
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Gesse
PLANCHE XX : 1. Géranium. 2. Germandrée aquatique. 3. Germandrée maritime. 4. Germandrée petit-chêne. 5. Globulaire.


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Germandrée petit-chêne

Nom accepté : Teucrium chamaedrys


GERMANDRÉE. Teucrium chamædrys. L.

Chamædrys major repens Bauh., Tourn. — Trissago sive chamædrys. Matth. - Chamædrys trissago Black. — Quercula calamandrina. Schrœd.

Germandrée officinale, - petit chêne, — chenette, — sauge-amère, — chasse-fièvre

LABIÉES. — AJUGOÏDÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE GYMNOSPERMIE. L.


La germandrée, plante vivace (Pl. XX), vient spontanément dans toute la


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France, sur les coteaux arides, dans les bois montueux, calcaires, les terrains sablonneux et secs.

Description. — Racines grêles, jaunâtres, un peu rampantes, garnies de fibres courtes, déliées. — Tiges de 15 à 25 centimètres, nombreuses, grêles, un peu couchées vers le bas, peu rameuses, velues. — Feuilles opposées, oblongues-lancéolées, courtement pétiolées, crénelées, lisses, d'un vert gai en dessus, plus pâle et peu velues en dessous, quelquefois un peu lobées à leur contour. — Fleurs purpurines ou rosées, quelquefois blanches, réunies deux et trois à l'aisselle des feuilles supérieures (qui sont souvent colorées), courtement pédonculées, en grappes terminales feuillées (juillet-septembre). — Calice pubescent, souvent teint de pourpre, à cinq dents pointues, presque égales. — Corolle d'apparence unilabiée, à tube court inclus dans le calice ; lèvre supérieure très-courte et profondément fendue ; lèvre inférieure pendante, à trois lobes, dont deux latéraux petits, oblongs ou lancéolés, le moyen beaucoup plus grand, concave, entier. — Quatre étamines didynames faisant saillie par la fente de la lèvre supérieure, [à filets grêles, subulés, glabres, à anthères ovoïdes, réniformes et rougeâtres. — Ovaire composé de trois carpelles ovoïdes, surmonté d'un style simple et d'un stigmate bifide. — Fruit formé de quatre akènes obovales, nus, glabres, soudés à la base.]

Parties usitées. — Les feuilles et les sommités fleuries.

[Culture. — La germandrée croît à peu près dans tous les sols ; on la propage de graines semées en place ou sur couche, ou par séparation des pieds faite au printemps ou à l'automne.].

Récolte. — On doit choisir celle qui est courte, garnie de feuilles nombreuses. On la récolte au mois de juin, et on la fait sécher comme toutes les autres plantes. Lorsqu'elle est bien séchée, elle conserve sa saveur, sa couleur verte et ses vertus.

Propriétés physiques et chimiques. — Le chamædrys, d'une odeur faiblement aromatique et d'une saveur amère, contient de l'huile volatile et une grande proportion d'un principe extractif amer. L'eau dissout ses principes actifs, l'alcool n'en prend qu'une partie.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre, de 2 à 10 gr., en bols, pilules, ou dans un liquide approprié.

Eau distillée, de 50 à 100 gr., en potions.
Extrait, de 1 à 8 gr., en bols, pilules, ou dans du vin.


La germandrée a joui d'une grande réputation. Elle a été préconisée contre les engorgements de la rate, l'ictère, les scrofules, l'asthme, le catarrhe pulmonaire chronique, l'aménorrhée, l'hypochondrie, le scorbut, et surtout contre les fièvres intermittentes et la goutte.

On a beaucoup trop exalté les vertus de cette plante. C'est un tonique amer qui n'a rien de plus spécial que beaucoup d'autres amers indigènes que l'on administre dans tous les cas où une légère médication tonique est indiquée.

Les qualités physiques de la germandrée, dit Chaumeton, ne me semblent point assez prononcées pour justifier la grande renommée dont cette plante a joui depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Pline, qui ne s'appuie souvent que sur des récits incertains, la dit très-efficace contre la toux invétérée, les affections pituiteuses de l'estomac, les douleurs de côté, l'hydropisie commençante, etc. Suivant Prosper Alpin, les Egyptiens l'opposent avec confiance aux fièvres intermittentes, contre lesquelles Matthiole, Boerhaave, Rivière, Chaumel, Baumes, proclament aussi ses bons effets. On la désignait autrefois, en Italie, sous un nom qui signifie herbe aux fièvres. D'après Trousseau et Pidoux, il y a probablement quelque rapport entre cette propriété et ce que les auteurs grecs, puis arabes, ont toujours raconté sur son action désobstruante des viscères et surtout de la rate : Lienem


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absumit chamædrys. Vitet recommande comme succédanée du quinquina dans les fièvres intermittentes, une forte décoction (deux fortes poignées et même quatre dans 500 gr. d'eau), à prendre en deux verres, le matin à jeun, en réitérant chaque jour, même pendant une semaine après la dissipation de la fièvre.

Les médecins de Gênes, d'après Vésale, firent prendre au goutteux Charles-Quint, pendant soixante jours, une décoction vineuse de germandrée, sans obtenir la guérison que ces médecins lui avaient promise. Solenander et Sennert ont également vanté cette plante contre la goutte. Tournefort dit que de son temps elle était fort en vogue contre cette maladie mais qu'il n'a pas reconnu, pour son compte, que sa propriété antigoutteuse fût très-marquée. Cependant, Carrère raconte que son grand-père, qui était sujet à la goutte, en a fait usage avec succès pendant quarante ans.

« On a trop exalté, sans doute, son utilité dans les affections arthritiques, dit Bodart ; mais on ne peut refuser à la germandrée beaucoup d'efficacité comme tonique amer dans les maladies goutteuses qui reconnaissent pour principe une débilité sensible dans les fonctions digestives[1]. » Ces réflexions sont très-justes ; mais nous possédons une foule de plantes amères beaucoup plus énergiques, tant pour remplir cette indication que pour combattre les fièvres intermittentes, les affections catarrhales, la débilité des voies digestives, etc. En réduisant, toutefois, les propriétés de la germandrée à leur juste valeur, elles trouvent leur application dans les circonstances qui n'admettent que l'usage gradué des toniques. C'est ainsi que j'emploie avec avantage l'infusion de cette plante après la période d'irritation des fièvres muqueuses, lorsque l'état de l'estomac et des intestins ne permet pas encore l'administration de toniques plus énergiques, bien que ceux-ci soient indiqués par la débilité générale du malade : ce sont des nuances thérapeutiques que l'observation apprécie et que l'expérience confirme.

(Chomel employait l'infusion dans la convalescence des fièvres continues. Trousseau, dans sa pratique, ordonne de prendre, la veille de l'administration du kousso, deux tasses d'infusion concentrée de germandrée.)

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  1. Botanique médicale comparée.


Germandrée aquatique

Nom accepté : Teucrium scordium

GERMANDRÉE AQUATIQUE. Teucrium scordium. L.

Scordium. J. Bauh. et C. Bauh. — Scordium legitimum. Park.

Chamaras, — germandrée d'eau, — scordium.

LABIÉES. — AJUGOÏDÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE GYMNOSPERMIE. L.


Cette plante, beaucoup plus énergique que la précédente, croit dans les terrains humides et marécageux du midi de la France.

Description. — Racines fibreuses. — Tiges faibles, velues, rameuses, couchées en partie sur la terre, de 1 à 6 décimètres. — Feuilles opposées, molles, ovales, oblongues, d'un vert blanchâtre, pubescentes, dentées. — Fleurs blanches, bleuâtres ou purpurines, ordinairement deux à chaque aisselle, courtement pétiolées (juillet-août). — Calice tubulé, à cinq divisions aiguës. — Corolle labiée ; lèvre supérieure très petite, profondément fendue en deux dents contre lesquelles sortent quatre étamines didynames ; lèvre inférieure grande, trifide. — Ovaire à quatre lobes. — Style subulé, à stigmate bifide. — Fruit : akènes nus au fond du calice.

Parties usitées.— Les feuilles et les sommités.

[Culture. — Cette plante vient dans tous les sols ; on la propage de graines semées en place et de boutures.]

Récolte. — Elle doit être faite pendant la floraison. La dessiccation lui fait perdre une grande partie de son odeur alliacée. Elle peut être regardée comme trop vieille


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quand cette odeur est complètement dissipée. Cependant, elle conserve son amertume. Le scordium qui croît dans le Midi est considéré comme plus actif que celui des autres parties de la France.

Propriétés physiques et chimiques. — Le scordium exhale une odeur forte, pénétrante, alliacée, surtout quand on le froisse entre les doigts. Le principe alliacé de cette plante est si pénétrant qu'il infecte le lait des vaches. Le beurre préparé avec ce même lait a un goût détestable. — Le scordium contient un principe gommo-résineux amer, dépositaire de son action stimulante. — Winckelb[1] y a signalé un principe amer particulier. (La scordinine est jaune de corne, aromatique, soluble dans les alcalis et l'alcool), insoluble dans l'eau froide, donnant une saveur très-amère à l'eau bouillante, etc. — Selon Newmann et Cartheuser, l'extrait alcoolique qu'on retire de cette plante est moins abondant, mais plus amer et plus actif que celui qu'on obtient par l'eau.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.
Suc exprimé et clarifié, de 15 à 60 gr.
Extrait, de 3 à 10 gr., eu pilules ou dans du vin.
Extrait alcoolique, 2 à 6 gr.

A L'EXTÉRIEUR. — En décoction ou infusion aqueuse ou vineuse, en cataplasme, etc.

La germandrée aquatique entre dans le diascordium.
Le scordium entrait dans un grand nombre de préparations pharmaceutiques, parmi lesquelles on peut citer l'essence alexipharmaque de Stuhl, l'eau vulnéraire, la thériaque, le diascordium, électuaire opiacé, qui lui doit son nom, et dont on fait encore usage aujourd'hui.


Cette plante, presque entièrement oubliée de nos jours, et que des propriétés non équivoques recommandent, était employée dès le temps d'Hippocrate. Ses vertus ont été l'objet d'une sorte de culte. On fit honneur à Mithridate de sa découverte, de ses merveilleuses propriétés, et les flatteurs du roi de Pont donnèrent même à cette plante le nom de mithridation. Galien rapporte qu'à la suite d'une bataille, les morts qui étaient gisants aux endroits où cette plante était abondante, se corrompaient moins vite, et qu'ainsi fut découverte sa propriété antiseptique. Dès lors elle devint une des plantes les plus estimées de l'antiquité ; elle fut surtout préconisée contre la gangrène, les maladies putrides et les poisons.

Parmi les modernes, Rondelet, Guillaume et Pélissier, évêque de Montpellier [in Lobel), ont exalté les vertus du scordium à tel point que l'on a été jusqu'à le considérer comme le spécifique de la peste. Le baron de Busbec, dans son voyage à Constantinople, s'en servit pour guérir les gens de sa suite, atteints de cette maladie après s'être partagé les dépouilles d'un Turc qui en était mort. « L'odeur du scordium, dit Loiseleur-Deslongchamps[2], semblable à celle de l'ail, que le vulgaire s'est plu à considérer comme une sorte de préservatif contre les contagions, est peut-être la cause de ces exagérations. »

L'expérience, en dissipant les erreurs enfantées par l'ignorance et l'amour du merveilleux concernant le scordium, nous a laissé quelque chose de réel au fond de son creuset. On ne peut refuser à cette plante une propriété tonique et stimulante, dont l'action physiologique facilite la digestion, accélère la circulation, augmente la chaleur générale, l'exhalation cutanée, la sécrétion de l'urine, etc., avec plus ou moins d'effet sur telle ou telle de ces fonctions, suivant les dispositions particulières des organes propres à chacune dalles. Elle peut donc être employée avec avantage dans les maladies qui tiennent essentiellement à un état de débilité bien caractérisé, telles que les fièvres muqueuses avec prostration des forces, la fièvre typhoïde, après avoir combattu les points phlegmasiques intenses, s'il en existe ; la paralysie sans congestion sanguine au cerveau, la chlorose, l'aménorrhée atonique, l'anasarque, les cachexies, les catarrhes chroniques,

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  1. Bulletin des sciences médicales. Férussac, t. XVII, p. 174.
  2. Dictionnaire des sciences médicales, t. L, p. 266.


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l'asthme humide, etc. Je me suis bien trouvé de l'usage de l'infusion de scordium dans les fièvres muqueuses-vermineuses qui régnent fréquemment en automne dans les campagnes marécageuses du Calaisis et de l'Ardrésis. Dans les fièvres putrides, après l'administration de quelques purgatifs salins, ou mieux de la crème de tartre, je me suis souvent contenté, pour tout traitement, de la décoction concentrée d'écorce de saule et de sommités de scordium, à laquelle je mêlais quelquefois un peu de vin ou de teinture d'angélique. Par ce traitement simple et pourtant très-efficace, le pauvre ménager n'était pas dans la triste obligation de dépenser en quelques jours, pour des drogues officinales, le fruit des pénibles travaux de la moisson.

Le scordium a toujours été considéré comme anthelminthique et comme fébrifuge. Son amertume et son odeur alliacée, suivant Roques, mettent promptement en fuite les vers lombricoïdes. Sa propriété vermicide m'a paru plus faible qu'on ne le croit généralement, et celle qu'on lui a attribuée comme fébrifuge est douteuse. Elle ne m'a pas réussi dans trois cas de fièvres intermittentes où je l'ai employée, et comme vermifuge je l'ai mise en usage sans en éprouver un succès bien constaté. Entre autres faits, je citerai celui d'un enfant de quatre ans qui, après en avoir pris en infusion concentrée pendant cinq jours, ne put être débarrassé de plusieurs ascarides lombricoïdes que par l'emploi de l'ail bouilli dans le lait. Il est vrai qu'on ne peut rien conclure de ce seul fait, attendu que tel vermifuge qui réussit chez un sujet ne réussit pas chez un autre.

Sans attacher au rapport de Galien sur les vertus antiputrides du scordium plus d'importance qu'il n'en mérite, on peut employer cette plante à l'extérieur comme stimulant antiseptique, soit en lotion ou cataplasmes, soit en poudre, contre les ulcères sordides ou atoniques, la gangrène, la pourriture d'hôpital, etc. Je l'ai appliquée sur un ulcère qu'il a parfaitement détergé. L'infusion ou la décoction de scordium dans le vin ou le vinaigre, avec addition d'un peu d'alcool camphré ou d'acide hydrochlorique, ou tout simplement une suffisante quantité de sel commun, est un des meilleurs topiques que l'on puisse opposer à la gangrène.


Germandrée maritime

Nom accepté : Teucrium marum


GERMANDRÉE MARITIME. Teucrium marum. L.

Chamædrys maritima incana frutescens foliis lanceolatis. Tourn. - Marum verum, seu marum Syriacum. Off., Murr.

Germandrée cotonneuse, — herbe aux chats, — marum.

LABIÉES. — AJUGOÏDÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE GYMNOSPERMIE. L.


Ce sous-arbrisseau (Pl. XX), remarquable par sa blancheur, croît sur les bords de la Méditerranée, aux îles d'Hyères, dans les lieux stériles, rocailleux. On le cultive dans les jardins. Les chats aiment le marum autant que la cataire et la valériane. Ils se roulent sur lui, le lèchent, le mordent avec délices, le baignent de leur urine, et même quelquefois de leur sperme.

Description. — Racine chevelue. — Tiges nombreuses, droites, cotonneuses, très-blanches, grêles, d'environ 30 centimètres de hauteur. — Feuilles opposées, très-petites, entières, ovales-acuminées, d'un vert grisâtre en dessus, tomenteuses et blanches à leur revers. — Fleurs purpurines, en épis terminaux allongés et fort grêles (juillet-août). — Calice cotonneux, campanulé, à cinq dents. — Corolle à lèvre supérieure nulle, à lèvre inférieure grande, dressée, à trois lobes terminaux et deux dents pointues à sa base. — Quatre étamines remplaçant la lèvre supérieure. — Style à stigmate bifide. — [Ovaire à quatre carpelles soudés ; le fruit est un tétrakène, accompagné du calice persistant.]

Parties usitées. — Les feuilles.


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[Culture. - Il faut cultiver le marum en pot suspendu, sous grillage, ou sous une cage de fer ; on le multiplie de graines et de boutures.]

Récolte. — On le recueille pendant tout l'été. La dessiccation ne lui fait rien perdre de ses qualités. Il faut continuer de le préserver des atteintes des chats.

Propriétés physiques et chimiques. — Le marum a une odeur forte, pénétrante, balsamique, sternutatoire, une saveur chaude, aromatique et très-amère. Ses propriétés résident principalement dans son huile volatile, qui est très-âcre, et dont l'odeur se rapproche de celle du camphre. On trouve une analyse du marum par Bley[1] que nous nous dispenserons de rapporter en détail, à cause de sa longueur et de son peu d'utilité ; il y a, outre l'huile volatile, du tannin, de l'acide gallique, de l'extractif, de l'albumine, du phosphate de chaux, du gluten, etc. L'eau, le vin et l'alcool s'emparent de ses principes actifs.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion, 8 à 30 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre, de 2 à 3 gr., en électuaire, pilules, ou dans du vin.

Extrait, de 1 à 2 gr., en pilules ou dans du vin.


La germandrée maritime, d'une odeur pénétrante, camphrée, sternutatoire, d'une saveur chaude, amère et âcre, est tonique et excitante. Elle exerce sur le système nerveux une action qui la rend efficace dans toutes les maladies qui ont pour caractère essentiel un état de débilité, d'atonie. Elle convient conséquemment dans la paralysie, la. chlorose, l'hydrothorax, l'asthme humide, le catarrhe pulmonaire chronique, le scorbut, l'aménorrhée par atonie, l'hypochondrie, etc. Wedelius donne à cette plante la qualification de polychreste ; Cartheuser et Linnée la rangent parmi les plus précieux médicaments, en proclament les nombreuses et éminentes vertus.

Bodart, dont les recherches thérapeutiques ont toujours eu pour but de détruire le préjugé qui nous fait préférer les plantes exotiques aus plantes indigènes ayant les mêmes propriétés, parle ainsi des vertus de cette plante : « Elle mérite le premier rang parmi les cordiaux. Son parfum suave et doux la rend supportable à presque toutes les constitutions ; on peut donc la considérer comme un médicament nervin, diaphorétique, diurétique, emménagogue, selon les organes atteints plus particulièrement de la faiblesse à laquelle il remédie. Succédané du camphre, dont il recèle une grande quantité, il s'oppose à la putridité, augmente la sécrétion de la bile, favorise les fonctions digestives, ranime l'appétit, et remédie à la lenteur du système circulatoire. »

On a attribué au marum la propriété, de guérir les polypes du nez et de s'opposer à leur reproduction. En 1822, Hufeland a annoncé cette propriété dans son journal. Mayer d'Arbon[2] a préconisé l'emploi de cette plante, prise par le nez comme le tabac, contre un polype de cette partie ; il en fit faire usage après son extraction ; il ne repullula point, et l'odorat, qui était perdu, revint. Cet auteur cite aussi un cas de guérison de polype nasal par le même moyen[3]. Il est probable que ces polypes étaient muqueux. La propriété d'empêcher la reproduction de cette maladie doit surtout fixer l'attention des praticiens.

Comme le marum ne croît ni dans le centre ni dans le nord de la France, et qu'on le trouve rarement dans les officines, on peut lui substituer, dans la plupart des cas, la petite sauge, le romarin ou la menthe poivrée.

(Nous signalerons les diverses espèces du genre teucrium, que l'on peut

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  1. Bulletin des sciences médicales, t. XII, p. 256.
  2. London med. and phys. Journ., janvier 1834.
  3. Nouvelle bibliothèque médicale, t. II, p. 450.


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substituer les unes aux autres, dans la plupart des maladies où l'emploi en est indiqué.)


Germandrée ivette

Nom accepté : Ajuga chamaepitys


GERMANDRÉE-IVETTE, PETITE IVETTE, IVETTE COMMUNE. — Teucrium chamæpitis, L. — Chamæpitis lutea vulgaris, sive folio trifido, C. B. — Chamæpitis vulgaris odorata flore luteo, J.-B. — Ajuga chamæpitis, Schred. - Iva arthritica, Off. — Plante annuelle qui croît dans les terrains incultes, arides, sablonneux.

Description. — Tige droite ou couchée, suivant les lieux où elle croît, tétragone, velue sur deux de ses faces, qui alternent à chaque articulation. — Feuilles opposées alternativement en croix, les inférieures très-allongées, les supérieures très-rapprochées, toutes velues, divisées en trois lobes étroits. — Fleurs jaunes, petites, axillaires-verticillées (mai-juillet-août). — Calice anguleux, à cinq dents aiguës. - Corolle unilabiée à tube très-court. — Quatre étamines didynames saillantes. - Un style à stigmate bifide.


IVETTE MUSQUÉE, Teucrium iva. L., qui croît dans le midi de la France, diffère de la précédente par ses feuilles ovales, dentées, plus velues, par ses fleurs roses, son odeur plus aromatique, etc.


Germandrée botrys

Nom accepté : Teucrium botrys


GERMANDRÉE BOTRYS, GERMANDRÉE FEMELLE. Teucrium botrys, L. - Croît dans toute la France. Elle se plaît dans les lieux arides et pierreux, les bois, les jachères ; elle est assez abondante aux environs de Paris.

Description. — Tige herbacée, droite, de 20 à 28 centimètres, tétragone, pubescente, très-rameuse. — Feuilles pétiolées, pinnatifides, pubescentes, verdâtres, à lobes peu nombreux, découpés ou trifides. — Fleurs purpurines en grappes, courtement pédonculées, trois ou quatre dans chaque aisselle (juin-juillet). — Calice devenant très-grand et fortement ventru à la maturité des fruits.

Il ne faut pas confondre ce végétal avec le botrys (Chenopodium botrys, L.) dont nous avons parlé (p. 202).


Germandrée sauge des bois

Nom accepté : Teucrium scorodonia


GERMANDRÉE SAUGE DES BOIS, L., GERMANDRÉE SAUVAGE, BAUME SAUVAGE, SAUGE DES BOIS, FAUX-SCORDIUM. — Teucrium scorodonia, L. - Scordium alterum sive salvia agrestis. C. B. — Chamædrys fructicosa sylvestris, melissæ folio, Tourn. — Plante vivace qui croît dans les bois montagneux, les lieux incultes. On la trouve fréquemment sur les coteaux boisés des environs de Paris.

Description. — Tiges droites, rapprochées, herbacées, pubescentes, fermes, dures, rameuses en haut. — Feuilles assez grandes, opposées, oblongues-cordiformes, ridées, légèrement velues, blanchâtres en dessous, dentées. — Fleurs d'un jaune pâle, nombreuses, solitaires à l'aisselle des bractées, disposées en grappes lâches, unilatérales et terminales (juillet-septembre). — Etamines purpurines remplaçant la lèvre supérieure de la corolle.

Sa saveur est amère, un peu aromatique ; son odeur est celle de l'ail. Les vaches, les chèvres, les brebis qui broutent cette plante donnent un lait d'un goût alliacé.

Les propriétés de la sauge des bois se rapprochent beaucoup de celles du scordium, auquel on pourrait la substituer. Cependant on l'a prescrite comme antivénérienne : in lue venerea utiliter exhibitur, dit Ray, qui la regarde aussi comme antihydropique. Elle est mise en usage dans nos campagnes contre l'anasarque ; on la fait infuser dans le vin blanc (30 gr. par kilogr.), et l'on donne un verre de ce vin trois ou quatre fois par jour. Ce remède convient, en effet, dans les cachexies, l'œdème et l'anasarque qui suivent ou accompagnent les fièvres intermittentes, le scorbut et autres affections qu'une atonie manifeste caractérise. C'est peut-être parce qu'elle a pu réussir dans certaines dyscrasies syphilitico-mercurielles qu'on l'a considérée comme antivénérienne. L'examen de ses effets, sous ce rapport, n'est point à dédaigner.


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Germandrée de montagne

Nom accepté : Teucrium montanum


GERMANDRÉE DE MONTAGNE. Teucrium montanum, L. — Polium lavandulæ folio, C. Bauh., Tourn. — Croît en touffes dans les pâturages secs et sur les pelouses. Elle est assez répandue dans les Pyrénées, dans l'Anjou, à Fontainebleau, à Saint-Germain, aux environs d'Orléans, sur les collines sèches et pierreuses de la Picardie, etc.

Description. — Tiges grêles, semi-ligneuses, rameuses, couchées sur la terre, longues de 12 à 15 centimètres. — Feuilles opposées, oblongues-lancéolées, un peu obtuses ou linéaires, vertes en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous, à bords roulés comme celles du romarin. — Fleurs d'un blanc jaunâtre, groupées et un peu serrées en têtes, aplaties à l'extrémité des tiges et des rameaux (juin-juillet.)


Germandrée polium

Nom accepté : Teucrium polium


GERMANDRÉE POLIUM. Teucrium polium, L. — Croît sur les montagnes et dans les lieux maritimes du midi de la France (Perpignan, Coret, Arles, Toulouse, etc.).

Description. — Tiges semi-ligneuses, cylindriques, rameuses, blanchâtres, cotonneuses, ordinairement un peu couchées à leur base. — Feuilles opposées, sessiles, oblongues, un peu obtuses, d'un vert blanchâtre et cotonneuses, surtout à leur revers. — Fleurs petites, blanches ou d'une couleur purpurine, réunies à l'extrémité des rameaux en têtes arrondies ou ovales (juin-septembre). — Calice recouvert d'un duvet blanchâtre.


Germandrée à fleurs en tête

Nom accepté : Teucrium polium subsp. capitatum


GERMANDRÉE A FLEURS EN TÊTE. Teucrium capitatum, L. — Polium maritimum erectum Monspeliacum, C. B. — Habite les rochers dans les départements méridionaux de la France. On la trouve à Collioure, Bagnols. — Elle a beaucoup de ressemblance avec la germandrée polium ; mais elle en diffère par sa tige plus élevée, toujours droite et nullement couchée à sa base.