Chicorée Endive (Candolle, 1882)
Nom accepté : Cichorium endivia L.
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Chicorée Endive. — Cichorium Endivia, Linné.
Les Chichorées blanches, Endives ou Scarole, des jardins, se distinguent du Cichorium Intybus en ce qu'elles sont annuelles et d'une saveur moins amère. En outre, les lanières de leur aigrette au-dessus de la graine sont quatre fois plus longues, et inégales, au lieu d'être égales. Aussi longtemps qu'on comparait cette plante avec le C. Intybus, il était difficile de ne pas admettre deux espèces. On ne connaissait pas l'origine du C. Endivia. Lorsque nous reçûmes, il y a quarante ans, des échantillons d'un Cichorium de l'Inde appelé par Hamilton C. Cosmia, ils nous parurent tellement semblables à l'Endive que nous eûmes l'idée de voir l'origine de celle-ci dans l'Inde, comme on l'avait quelquefois supposé 7 ; mais les botanistes anglo-indiens disaient, et ils affirment de plus en plus, que la plante indienne est seulement cultivée 8. L'incertitude continuait donc sur l'origine géographique. Dès lors, plusieurs botanistes 9 ont eu l'idée de comparer l'Endive avec une espèce annuelle, spontanée dans la
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7. Aug. Pyr. de Candolle, Prodr. 7 p. 84 ; Alph. de Candolle, Géogr. bot. p. 845.
8. Clarke, Compos. ind., p. 250.
9. De Visiani, Flora dalmat., II, p. 97 ; Schultz, dans Webb, Phyt. canar., sect. II, p. 391 ; Boissier, Fl. orient., III, p. 716.
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région méditerranéenne, le Cichorium pumilum, Jacquin (C. divaricatum, Schousboe), et les différences ont été trouvées si légères que les uns ont soupçonné, les autres ont affirmé l'identité spécifique. Quant à moi, après avoir vu des échantillons sauvages, de Sicile, et comparé les bonnes figures publiées par Reichenbach (Icones, vol. 19, pl. 1357 et 1358), je n'ai aucune objection à prendre les Endives cultivées pour des variétés de la même espèce que le C. pumilum. Dans ce cas, le nom le plus ancien étant C. Endivia, c'est celui qu'on doit conserver, comme l'a fait Schultz. Il rappelle d'ailleurs un nom vulgaire commun à plusieurs langues.
La plante spontanée existe dans toute la région dont la Méditerranée est le centre, depuis Madère 1, le Maroc 2 et l'Algérie 3, jusqu'à la Palestine 4, le Caucase et le Turkestan 5. Elle est commune surtout dans les îles de la Méditerranée et en Grèce. Du côté ouest, par exemple en Espagne et à Madère, il est probable qu'elle s'est naturalisée par un effet des cultures, d'après les stations qu'elle occupe dans les champs et au bord des routes.
On ne trouve pas, dans les textes anciens, une preuve positive de l'emploi de cette plante chez les Grecs et les Romains 6; mais il est probable qu'ils s'en servaient comme de plusieurs autres Chicoracées. Les noms vulgaires n'indiquent rien, parce qu'ils ont pu s'appliquer aux deux espèces de Cichorium. Ils sont peu variés 7 et font présumer une culture sortie du milieu gréco-romain. On cite un nom hindou, Kasni, et tamul, Koschi 8, mais aucun nom sanscrit, ce qui indique une extension tardive de la culture dans l'est.
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1. Lowe, Flora of Madeira, p. 521.
2. Ball, Spicileg., p. 534.
3. Munby, Cat., ed. 2, p. 21.
4. Boissier, l. c.
5. Bunge, Beitr. zur flora Russland's und Central-Asien's, p. 197.
6. Lenz, Botanik der Alten, p. 483, cite les passages des auteurs. Voir aussi Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenl., p. 74.
7. Nemnich, Polygl. Lexic., au mot Cichorium Endivia.
8. Royle, Ill. Himal., p. 247 ; Piddington, Index.