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Belladone (Cazin 1868)

Beccabunga
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Belle-de-nuit
PLANCHE VIII : 1. Beccabunga. 2. Belladone. 3. Bénoite. 4. Berce. 5. Berle.


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Nom accepté : Atropa bella-donna


BELLADONE. Atropa belladona. L.

Solanum maniacum. J. B. — Belladona majoribus foliis et floribus. T. — Solanum lethale. Dod. — Solanum somniferum et lethale. Lob. — Solanum furiosum. — Belladona trichotoma. Scop. — Belladona. Pharm.

Belle-dame[1], — belladone baccifère, — morelle furieuse, — mandragore baccifère, — guigne de côte, — permenton, — herbe empoisonnée.

Solanacées. — Solanées. Fam. nat. — Pentandrie monogynie. L.


Cette plante (Pl. VIII), commune dans les climats chauds, et tempérés,

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  1. Parce que les dames romaines employaient son suc pour embellir la peau.


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croît sur les montagnes, dans les fossés ombragés, le long des haies, des murs et des décombres, dans les bois taillis, etc. On la trouve dans la forêt de Cressy, dans la garenne de Canneville, entre Chantilly et Creil ; dans la plupart des forêts des environs de Paris et dans celles du centre et du midi de la France. Je l'ai rencontrée dans les taillis du Boulonnais. Elle est cultivée dans les jardins.

Description.— Racine vivace, épaisse, longue, rameuse. — Tige herbacée, vivace, dressée, haute de 90 centimètres à 1 mètre 30 centimètres, cylindrique, rameuse, tomenteuse. — Feuilles alternes, ovales, aiguës, grandes, géminées au sommet, d'un vert foncé, pédoncule axillaire pendant, pubescent. — Corolle d'un rouge-brunàtre et comme vineux, monopétale, campanulée, un peu ventrue, en forme de cloche, dont le lîmbe offre cinq divisions courtes et obtuses (juin-août-septembre). — Calice campanulé à cinq divisions. — Cinq étamines plus courtes que la corolle, dont les filaments s'insèrent à la base de la corolle et portent des anthères obrondes à filets subulés ; pistil plus long qu'elles ; un ovaire supérieur, sphéroïde, surmonté d'un style un peu incliné, et terminé par un stigmate capité. — Fruit : baie globuleuse, un peu aplatie, marquée d'un léger sillon indiquant la place de la cloison intérieure, prenant à sa maturité le volume d'une cerise, noirâtre, pulpeuse, entourée à sa base par le calice persistant, qui s'étale alors en étoile, biloculaire et contenant plusieurs graines réniformes fixées sur un placenta à épisperme chagriné.

[Parties usitées. — Les racines, les feuilles, les fruits, les graines.

Culture. — La belladone demande une bonne terre et l'exposition à l'ombre ; on la multiplie par semis faits au printemps, et on repique en juin et juillet, mais on préfère employer des éclats des pieds qui produisent plus rapidement des feuilles bonnes à récolter.]

Récolte. — On récolte les feuilles dans le mois de juin, les baies dans les mois d'août, les racines de mai en juin. La racine recueillie en mars est moitié moins énergique ; celle de l’automne possède une activité intermédiaire (Scholf). Ces différentes parties se sèchent à l'étuve : les feuilles et les sommités disposées en guirlandes, les racines, qui sont grosses et longues, coupées en rouelles.

Propriétés physiques et chimiques. — La belladone est douée d'une odeur vireuse et d'une saveur un peu âcre et nauséabonde. Vauquelin, qui a analysé cette plante, y a trouvé une matière albumineuse ; une substance animalisée, insoluble dans l'alcool, soluble dans l'eau, précipitable par la noix de galle ; une matière résineuse soluble dans l'alcool, et qui paraît être le principe actif ; de l'acide acétique libre ; beaucoup de nitrate de potasse ; du sulfate, du chlorhydrate et du suroxalate de potasse ; de l'oxalate et du phosphate de chaux ; du fer et de la silice.

L'eau et l'alcool s'emparent des principes actifs de la plante.

Selon Brandes, la belladone contient 1 1/2 pour 100 de malate d'atropine. Ce chimiste y a trouvé deux matières extractives azotées (phyteumacol, pseudotoxin).

La belladone doit ses propriétés énergiques et vénéneuses à l'Atropine. Ce principe, découvert par Brandes, a été trouvé combiné à l'acide malique dans les racines, les feuilles et les tiges de cette plante. C’est une substance incolore, cristallisée en prismes soyeux, transparents ; fusible et volatile un peu au-dessus de 100 degrés, soluble dans 500 parties d'eau froide, très-soluble dans l'alcool, dans 15 parties d'élher et dans 60 parties d'eau bouillante, [un peu volatile et répandant, lorsqu'on la chauffe, une odeur spéciale qui la fait reconnaître] ; se combinant fort bien et formant des sels avec les acides ; sa solution aqueuse précipite en blanc par la noix de galle, en jaune par le chlorure d'or, en blanc par l'iodure double de mercure et de potassium. D’après Planta, elle aurait la même formule que la saturnie, C34 H25 Az O6.)

Mein (cité par Dorvault) dit avoir obtenu 20 grains (1 gramme) d'atropine de 12 onces (360 grammes) de racine de belladone.

(Le sulfate d’atropine s'obtient par mélange direct d'une solution de l'alcaloïde avec l'acide dilue ; quand il y a saturation, on fait cristalliser. Ce sel est constitué par une poudre blanche ou en aiguilles fines incolores, nacrées, réunies en étoiles ou en aigrettes. Il est très-soluble dans l'eau. Le valérianate d'atropine est un produit blanc ou blanc jaunâtre résultant de la neutralisation de l'acide valérianique aqueux par Q. S. d'alcaloïde, et qu'on fait évaporer avec précaution).


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PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTERIEUR. — Infusion, 40 à 60 centigr. par 250 gr. d'eau bouillante, dont on prend par jour 30 à 50 gr. (avec précaution et progressivement).
Teinture de feuilles fraîches (1 sur 4 d'alcool à 30 degrés), 5 à 30 centigr. en potion.
Teinture de feuilles sèches (1 sur 5 d'alcool à 22 degrés), 10 à 50 centigr. en potion
Teinture éthérée (1 de feuilles sèches sur 4 d'éther), 10 à 50 centigr. en potion.
Sirop (1 d'extrait sur 30 d'eau et 75 de sucre), 15 à 30 gr., en potion.
Extrait aqueux. (1 à 30 centigr. progressivement), en pilules, potion.
Extrait de suc clarifié, par inspissation (de 1 à 20 centigr. progressivement), en potion, pilules, etc.
Extrait de suc non dépuré, de 1 milligr. à 10 centigr. progressivement.
Extrait alcoolique (1 de suc sur 4 d’alcool à 35 degrés, ou 2 de feuilles sèches sur 7 d'alcool à 21 degrés) ; 2 à 10 centigr. progressivement.
Poudre des feuilles, 1 à 20 centigr, progressivement.
Poudre de la racine, 1 à 20 centigr. progressivement.
A L'EXTÉRIEUR. — Infusion, 4 à 15 gr. par kilogramme d'eau, pour lotions, fomentations, bains, etc.
Lavement, 10 à 30 centigr. par 200 gr. d'eau. La dose de 4 gr. indiquée dans quelques formulaires serait toxique si le lavement était gardé en entier.
Fumigations (infusion de sauge, 1 litre ; poudre de belladone, 4 gr.), à la température de 40 à 50 degrés. — Feuilles desséchées à fumer dans une pipe, ou roulées en cigarettes.
Huile par digestion.
Pommade, 2 à 8 gr. d'extrait par 30 gr. d'axonge, en frictions.
[Emplâtre de belladone. — Cet emplâtre est préparé par la méthode de Planche, qui consiste à incorporer l'extrait glucosique dans une masse emplastique. C’est un excellent fondant ; on l'applique en écusson, dans les adénites et les tumeurs douloureuses.]
Atropine, ou 2 millier. à 1 centigr. progressivement et avec beaucoup de précaution. A la dose de 1 centigr. pour début, elle peut produire de grave» accidents.
Teinture d’atropine, 1 goutte dans un demi-verre d’eau comme prophylactique de la scarlatine pour un enfant de cinq ans ; — 2 gouttes à dix ans, — 3 à quinze ans.
[Mais on emploie plus souvent, pour le même usage, la teinture de belladone à dose progressive de 6 à 20 gouttes

dans un verre d'eau sucrée pris par cuillerées à bouche.
(A L’EXTÉRIEUR. — Collyre : eau distillée, 30 gr. ; atropine, 5 centigr.
Pour l'examen ophthalmoscopique, on élève la dose jusqu'à 20 centigr.
Solution titrée pour injection sous-cutanée : atropine, 30 centigr. ; eau, 30 gr. (Béhier). Injectez de 1 à 5 gouttes. Inusité à l'intérieur.
Les doses du sulfate d'atropine sont les mêmes que celles de l'alcaloïde.
Le valérianate se donne en potions ou en granules (Michea) à la dose de 1 milligramme par jour.)
[Papiers belladonés et atropinés. — Les extraits de belladone sous forme de solutions ou de pommades, l'atropine et son sulfate, sont journellement employés depuis quelques années dans les maladies des yeux. Leur dosage par gouttes est très-infidèle, et peut-être souvent la cause d'accidents graves. D'un autre côté, les collyres ainsi appliqués coulent sur le globe oculaire et se répandent au dehors, ou bien ils sont très-rapidement absorbés. C'est dans le but d'obvier à cet inconvénient que Streatfield a proposé des papiers belladones et atropines. Ce sont des fragments de papiers sans colle imprégnés de solutions d'extraits de belladone ou d'atropine ; mais ici encore les doses étaient indéterminées. C. Le Perdriel fabrique ces papiers sous le nom de collyres secs gradués ; ce sont, des fragments de papier de Berzélius de 5 centimètres de côté divisés en 25 centimètres carrés ; ceux-ci sont à leur tour subdivisés en demi et en cinquièmes de centimètres carrés. Chaque centimètre carré reçoit exactement une solution, soit de 1 centigr. d'extrait de belladone, soit de 1 milligramme de sulfate d'atropine, de sorte qu'en découpant avec des ciseaux le papier correspondant à la quantité de principe actif qu'il veut employer, le médecin peut à volonté appliquer à l'instant même sur l’œil ou ailleurs le médicament qu'il porte dans son portefeuille. Hart a modifié le procédé de C. Le Perdriel ; il incorpore les principes actifs dans de petits pains à cacheter en gélatine que l’on humecte d’eau et que l'on applique sur l'oeil ; mais ici le dosage ne nous paraît pas aussi exact ni aussi facile qu'avec les papiers gradués : il est bien entendu que cette forme d'administration des médicaments peut être appliquée à toute autre substance active (calabar, esérine ou calabarine, morphine, strychnine, etc.), et qu'on pourrait l'appliquer à la méthode endermique.]


L’action de l'atropine, comparée à celle de la poudre de racine de belladone, peut-être estimée dans le rapport de 20 à 1.

La belladone entre dans le baume tranquille (vulg. huile verte) et dans l'onguent populeum, préparations qui contiennent les principes narcotiques des solanées, que l'on emploie trop rarement, et qui étaient autrefois d'un usage fréquent.

Parmi les préparations désignées pour l’usage interne, la poudre des feuilles ou de la racine, l’extrait de suc non clarifié, l’extrait alcoolique (lorsque ces deux extraits ont été bien préparés) et la teinture éthérée, paraissent être celles qui doivent mériter la préférence. Toutefois l'atropine, employée avec prudence, devra l'emporter sur toutes


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les autres préparations : comme principe actif de la plante, elle offre plus de certitude et de constance dans ses effets.

Nous devons signaler le rob de belladone obtenu avec les baies à maturité dont on extrait le suc, et l'extrait de semences. Cette dernière préparation, suivant Trousseau et Pidoux, mériterait d'être employée de préférence à beaucoup d'autres préparations, en raison de ses effets plus constants.

Effets toxiques. — La belladone est un poison narcotico-âcre.

Avant de parler des effets de ce poison chez l'homme, nous devons faire connaître ceux qu'il produit chez les animaux. Si l'on en croit Giacomini, les chèvres paraissent pouvoir prendre impunément cette plante. Un lapin fut nourri de belladone pendant trente jours sans en éprouver le moindre effet, même sans dilatation des pupilles[1]. (Cl. Bernard s'est élevé avec force contre cette idée d'immunité acceptée sans contrôle sérieux, et qui a cours depuis trop longtemps dans la science. Mon compatriote, ami et ancien collègue Lemattre, dans son mémoire sur les alcaloïdes des solanées, couronné par l’Institut, s’exprime ainsi à ce sujet : « Les animaux dont il est question ont toujours l’estomac rempli d’aliments….. Lorsqu’un principe toxique vient au centre de ce bol alimentaire, l’absorption s'en fait lentement (la lenteur de l'élimination le prouve), et la quantité de principe actif qui se trouve à un moment donné dans le sang est trop minime pour empoisonner[2]. » — Une injection dans la jugulaire de 0.08 de sulfate d’atropine tue un lapin en cinq minutes, et l'urine donne, avec l'iodure mercuro-potassique, un précipité blanc. Les lapins qui ont vécu un mois de belladone ont trouvé dans cette plante des matériaux nutritifs suffisants à l'entretien de leur vie.)

Suivant Flourens, la belladone rend les oiseaux aveugles. Orfila a fait avaler trente baies de belladone à un petit chien qui n'en éprouva rien. D'autres chiens, soumis par ce médecin à l'action de l'extrait aqueux de cette plante, périrent empoisonnés. L'action du poison fut plus intense et plus prompte lorsqu'il fut injecté dans les veines que lorsqu'il fut appliqué sur le tissu cellulaire ou introduit dans l'estomac. Dans le cas d'ingestion du poison dans l'estomac, cet organe ne présenta que peu ou point d'inflammation. Les autres altérations ne sont pas assez remarquables pour rendre compte du mode d'action du poison.

Les fruits, en raison de la ressemblance qu'ils présentent avec certaines variétés de cerises, ont occasionné plus fréquemment l'empoisonnement accidentel que les autres parties de cette solanée. Les médecins de campagne qui cultivent la belladone doivent prendre des précautions contre les dangers qu'offre cette plante aux enfants, qui se laissent séduire par la couleur de ses baies, dont le goût n'a rien de désagréable.

Le vin coloré par ce fruit a donné lieu à l'empoisonnement : Ferrein en cite des exemples. Boucher[3] a réuni les cas cités dans les anciens auteurs botaniques. Bulliard rapporte le fait de quatorze enfants de la Pitié qui s'empoisonnèrent au Jardin du Roi, en 1773, avec les baies de belladone. L'exemple le plus remarquable est celui de cent cinquante soldats français qui furent victimes d'une semblable méprise[4].

On lit dans le Bulletin des sciences médicales de Férussac[5] deux faits qui tendent à prouver que ces fruits ne sont toxiques qu'à une dose un peu élevée. Selon Gigault[6], de Pont-Croix, en Bretagne, les paysans mangent les fruits de la belladone, qu’ils appellent guignes de côte, et depuis trente ans

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  1. Journal de pharmacie, t. X, p. 85.
  2. Archives générales de médecine, juillet 1865.
  3. Ancien Journal de médecine, t. XXIV, p. 310.
  4. Gaultier de Claubry, Journal général de médecine, t. XLVIII.
  5. Tome I, p. 160.
  6. Journal de chimie médicale, t. IV, p. 390.


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il a soigné un grand nombre de personnes qui en avaient trop mangé, et dont aucune n'est morte. Il emploie le vomissement. Hufeland[1] cite l'observation d'un idiot qui mangea sans résultat fâcheux, c'est-à-dire sans en mourir, car il y eut empoisonnement, trente à quarante fruits mûrs de belladone.

D'autres faits, bien plus nombreux, déposent contre cette innocuité des baies de belladone prises à petite dose. On lit dans Valniont de Bomare ce qui suit : « De deux jeunes gens qui, dans le Jardin des Plantes de Leyde, mangèrent deux ou trois de ces baies, l'un mourut le lendemain, et l'autre fut très-mal. On est d’abord attaqué d’un délire court ; on fait des éclats de rire et différentes gesticulations même audacieuses ; ensuite, on tombe dans une véritable folie ; après cela dans une stupidité semblable à celle d’une personne ivre, furieuse, et qui ne dort pas ; enfin, l'on meurt. On trouve dans le Recueil périodique de médecine, août 1759, une observation remarquable au sujet de deux jeunes filles qui furent frappées de manie et des symptômes précédents, pour avoir mangé deux à trois baies de morelle furieuse (belladone), et qu'un médecin guérit par l'usage de l'émétique en lavage[2]. »

Les empoisonnements causés par d'autres parties de la plante ont été assez souvent observés. Dans un cas, la poudre, à la dose de 2 gr. 35 centigr., a été la cause des accidents[3]. Couty de la Pommerais[4] a rapporté une observation où deux lavements, contenant chacun 50 centigr. d'extrait, déterminèrent des accidents terribles.

Le Journal de médecine de Toulouse[5] cite un cas où l'application d'un emplâtre de belladone a produit des phénomènes toxiques.

Les symptômes principaux de l’empoisonnement par la belladone ou l’atropine sont les suivants : nausées, quelquefois suivies de vomissement ; sécheresse de la bouche et de la gorge, soif, déglutition difficile ou même impossible ; anxiété, lipothymie, cardialgie, coliques, besoin faux d’aller à la selle ; pesanteur de tête, céphalalgie, éblouissements, vertiges, pâleur de la face, hébétude, difficulté ou impossibilité de se tenir debout ; yeux rouges, saillants, hagards, pupilles fortement dilatées et immobiles, vision confuse ou même abolition momentanée ou permanente de la vue ; délire le plus souvent gai, avec sourire niais, mais devenant quelquefois furieux; loquacité, chant, danse, apparence d’ivresse, manie, folie, terreurs; gesticulations variées, contorsions extraordinaires, mouvements fréquents des bras et des mains, mouvements convulsifs, tremblement, trismus, raideur tétanique et momentanée de l’épine ou des membres, faiblesse musculaire générale ; hallucinations les plus singulières ; extravagances, exaltation mentale ; voix frêle, enrouée, quelquefois croupade ; sons confus poussés péniblement, aphonie ; stupeur, somnolence, coma, somnambulisme, léthargie ; respiration courte, précipitée ou irrégulière et oppressive, stertoreuse ; pouls fréquent, fort, vif ou rare, faible et irrégulier ; aversion pour les liquides ; chaleur de la peau, éruption scarlatines, taches gangreneuses ; incontinence d’urine, dysurie, ischurie ; enfin, syncope ou convulsions, soubresauts des tendons, rire sardonique, tuméfaction et sensibilité du bas-ventre ; pouls petit, filiforme ; froid des extrémités, chute des forces, prostration, mort.

Ces symptômes n'existent pas au même degré, ni tous à la fois. Ils se succèdent ou alternent entre eux. Les principaux, tels que les nausées, le vertige, le délire, les spasmes, la difficulté ou l’impuissance de la station dêbout, la dilatation des pupilles, l'assoupissement, etc., sont variables dans leur invasion. L'assoupissement qui suit quelquefois le délire, se montre

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  1. Journal pratique, 1823.
  2. Dictionnaire d’histoire naturelle, article Belle-dame.
  3. Jolly, Nouvelle bibliothèque médicale, t. III.
  4. Archives générales, t. XVII, p. 239.
  5. 1858, p. 153.


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dans un assez court intervalle. On a vu le délire reparaître après avoir cessé. Dans l'un des cas décrits par Brunwell[1], ce symptôme, qui arrive ordinairement assez près de l'invasion, ne parut que trois jours après l'ingestion du poison.

Lorsque le malade résiste à l’action toxique de la belladone, ce qui arrive le plus ordinairement, les accidents, après un, deux, ou trois jours, se dissipent peu à peu ; mais la dilatation des pupilles ne cesse que longtemps après les autres symptômes ; quelquefois même divers accidents nerveux, tels que des tremblements, des vertiges, du trouble dans la vision, persistent pendant trois ou quatre semaines. On a quelquefois vu des individus empoisonnés par cette plante rester dans un état d'idiotisme, ou conserver une paralysie, soit complète, soit partielle.

« Les cadavres des individus qui ont péri empoisonnés, dit Giacomini, offrent une teinte bleu noirâtre, et leurs tissus passent promptement à la putréfaction. Bien que quelques personnes aient cru y voir des traces de phlegmasie, il est facile de reconnaître que ce qu’ils ont appelé de ce nom consiste seulement en engorgements de sang veineux. Les intestins sont distendus par des gaz et ne présentent ni inflammation ni autre lésion organique. » Dans un cas de nécropsie rapporté par Faber[2] on a seulement noté que le ventre était tendu, gonflé, que l'estomac était parsemé de taches gangreneuses. Un autre cas fourni par Gmelin[3] est celui d'un berger qui mourut dans le coma, douze heures après avoir mangé des baies de belladone. Sur le cadavre, qui avait un commencement de putréfaction, on trouva les vaisseaux de la tête gorgés : le sang était tout fluide ; il s’en écoulait avec abondance de la bouche, du nez et des yeux.

Voici le traitement de l'empoisonnement par la belladone :

Lorsqu'on a lieu de croire que le poison est encore dans l'estomac, on doit solliciter le vomissement par la titillation du fond de la gorge avec une plume, ou en faisant avaler une grande quantité d'eau tiède. Il faut bien se garder de donner l'émétique quand il n'y a pas chance d'évacuer le poison, Baldinger a vu un individu, déjà en voie de rétablissement d'un empoisonnement, mourir en un instant après avoir pris 70 centigr. de tartre stibié. C'était ajouter un effet hyposthénisant à celui de la belladone, qui est elle-même un puissant hyposthénisant. Il est à remarquer d'ailleurs que dans ce cas l'estomac est souvent réfractaire à des doses très-fortes d'émétique. Il ne faut point oublier que l'absorption du principe actif de la belladone se fait peu de temps après l'ingestion de cette plante et que ses effets délétères sur l'organisme se font sentir immédiatement. C'est donc en combattant ces effets par les stimulants, tels que l'éther, l'ammoniaque, l'opium, l'infusion chaude et concentrée de café, les dérivatifs aux extrémités inférieures, etc. Comme, en général, les accidents diminuent lorsque la constipation cesse, on doit prescrire l'emploi réitéré des lavements purgatifs : ils agissent à la fois comme évacuants et comme révulsifs. Chez les personnes pléthoriques, menacées d'une congestion sanguine de la tête, la saignée générale ou locale est quelquefois nécessaire. C'est un symptôme qu'il faut combattre, sans perdre de vue les effets généraux et ultérieurs du poison. Les affusions froides sur la tête calment toujours l'agitation et le délire furieux. Je les ai employées avec avantage jointes à l’administration de 3 centigr. d'extrait gommeux d'opium d'heure en heure chez une demoiselle qui avait pris par erreur une tasse d'infusion de feuilles de belladone au lieu de celles d'oranger, et qui éprouvait des symptômes analogues à ceux du delirium tremens.

L'opium et la belladone, considérés comme antidotes réciproques, ont

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  1. Lond. med. obs. and inquir., t. VI, p. 223.
  2. De strychnomania, obs. II.
  3. Geschichte der Pflanzengœrten, p. 538.


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été l'objet de recherches historiques et expérimentales du plus haut intérêt.

Déjà, dans la deuxième édition de ce Traité, Cazin père disait, en résumant les propriétés de la belladone (p. 172) : « Ses effets toxiques différaient essentiellement de ceux de l’opium, auxquels ils paraissaient même opposés ; et plus loin (p. 173) : Elle peut être employée avec avantage dans l'empoisonnement par l'opium, en raison de l'antagonisme qui existe entre ce dernier et les solanées vireuses. » A l'appui de cette opinion, il apportait deux observations recueillies dans sa clientèle : celle qui précède et celle que nous allons transcrire (première édition, p. 365).

M. Moleux, propriétaire à Wierre-aux-Bois, âgé de cinquante-cinq ans, d'un tempérament sanguin, d'une forte constitution, livré au repos depuis quelques années, ayant eu, depuis vingt ans, attaques de goutte aux pieds, est pris le 10 décembre 1839, vers le soir, d'une strangurie qui, dans la nuit même, devient une rétention complète d'urine.

Appelé le 11, au matin, je pratique une saignée de 700 gr. ; je fais appliquer vingt-cinq sangsues au périnée et je prescris un bain tiède prolongé. Ces moyens n'amènent aucun changement. Une seconde saignée, aussi copieuse que la première, pratiquée à onze heures du soir, calme l’agitation et l'anxiété, mais ne fait point cesser l'ischurie. L'introduction de la pommade de belladone dans le rectum, réitérée pendant la nuit, procure l'émission répétée de quelques gouttes d'urine et un peu de soulagement dû, sans doute, autant à l'espoir d'une amélioration prochaine, qu'à l'action du médicament.

Le 12, au matin, les symptômes ont repris toute leur intensité, et le malade, pourtant, ne consent pas à l'opération du cathétérisme, à laquelle, d'ailleurs, je répugne toujours moi-même en pareil cas, en raison des difficultés qui tiennent à la nature de l'affection et des accidents qui peuvent en résulter. Plusieurs lavements émollients n'ayant provoqué qu'une selle peu abondante, et l'état habituel de constipation me faisant soupçonner l'accumulation de matières fécales dans les intestins, je prescris 45 gr. d'huile de ricin mêlés avec 30 gr. de sirop de limon. En même temps, j'ordonne, pour employer en frictions sur l'hypogastre et le périnée, un liniment composé de 6 gr. de laudanum liquide de Sydenham, de 2 gr. de teinture de belladone, et de 40 gr. d'huile d'amandes douces. Obligé de m'absenter vers dix heures du matin pour un accouchement que la sage-femme qui me fait appeler considère comme dangereux, je désigne soigneusement à la garde la mixture que le malade doit avaler, et le liniment qui est destiné à l'usage externe. Je promets à M. Moleux, que je laisse à regret dans un état extrême d'agitation de corps et d'esprit, de revenir le plus tôt possible.

Une heure environ après mon départ, on vient m'annoncer que le malade urine abondamment, qu'il est calme et parfaitement bien. Je ne le vois qu'à cinq heures et demie du soir. Je le trouve au lit, immobile et dans un état de somnolence dont il ne sort un instant que pour répondre avec justesse aux questions que je lui adresse ; la respiration est facile ; le pouls, à 78 pulsations, est large, développé, mou ; la face est colorée, les conjonctives un peu injectées, les pupilles dilatées, la peau chaude et moite. Il y a eu écoulement abondant d'urine ; l'hypogastre est légèrement douloureux au toucher, mais souple, peu tuméfié.

Les symptômes d'un narcotisme modéré, et qui n'a pas été plus prononcé, sont évidents. On s'aperçoit seulement alors, d'après mes questions, et je m'assure moi-même que M. Moleux a avalé le liniment au lieu de la mixture laxative ! Mais comme, à mon grand étonnement, il n'en est résulté, pendant près de sept heures, que les suites que je viens de rapporter et que je regarde comme heureuses, eu égard à la cessation instantanée du spasme vésical, je m'abstiens de toute médication. Une abondante transpiration, qui


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dure toute la nuit, dissipe l'assoupissement. A mon arrivée, le lendemain 13 au matin, je trouve M. Moleux ayant seulement les pupilles dilatées, la vue un peu trouble, de la propension au sommeil, mais, du reste, enchanté d'une cure aussi prompte qu'inespérée.

Cette dose toxique de laudanum et de belladone, qui a guéri à l'instant même M. Moleux, l'aurait infailliblement empoisonné s'il avait été dans son état normal. La dépression des forces circulatoires et de la vie organique par les émissions sanguines, d'une part, et la persistance, du spasme local porté à un haut degré, avec exaltation de la vie nerveuse, d'autre part, ont fait d'un poison un remède énergique et prompt.

L’action simultanée de l'opium et de la belladone, dont les effets sur l'orgnisme ne sont point identiques, n'a-t-elle pas pu aussi apporter quelque modification dans le résultat de leur ingestion ?...

(Cette dernière interprétation des faits ne laisse dans l’esprit aucune espèce de doute ; comme le dit Behier[1], en citant le fait précédent, la tolérance ne peut s'expliquer que par « une neutralisation réciproque des deux agents contenus dans le liniment. »

Mon père ignorait, au moment où paraissait la première édition du Traité des Plantes médicinales indigènes (1849) que cette particularité avait été entrevue par plusieurs auteurs anciens[2]. Dans la deuxième édition, il cite deux cas dus à l'observation de Lindrey[3], et il ajoute, en parlant des faits qui lui sont propres, avec la modestie de l'homme de mérite vrai) :

« En rappelant ces derniers faits, dont l'un recueilli en 1839 est rapporté dans la première édition de cet ouvrage, et l'autre a été observé en 1848, j'ai moins pour but de revendiquer une priorité à laquelle j'attache peu de prix, que d'appuyer une découverte thérapeutique, importante. »

(Depuis, de nombreux travaux ont été publiés à ce sujet, de nouveaux faits sont venus établir l'action réciproque en véritable loi. — Nous mentionnerons le mémoire de B. Bell, lu à la Société médico-chirurgicale d’Edimbourg et traduit dans l’Union médicale (17 et 26 février 1859) ; la note de Behier déjà citée ; enfin un travail des auteurs des Archives résumant tous les éléments de la question (mai 1865) ; de l'ensemble de ces études médico-physiologiques, il ressort :

1° Il existe dans les deux substances des propriétés opposées ; la dilatation de la pupille pour la belladone, la contraction pour l’opium, sont une des manifestations les plus apparentes de ces oppositions d’action ;

2° La belladone peut être utilisée dans l'empoisonnement par l'opium, et l'opium dans celui par la belladone.

3° L'âge du malade n'est pas une contre-indication à l'emploi de cet antidote[4].

4° La première indication à remplir dans l'empoisonnement par l'une on l'autre substance est d'évacuer l'estomac par les vomitifs ou la pompe aspirante ; la seconde d'administrer l'agent antagoniste à dose élevée et fractionnée, en se guidant sur l'apparition des symptômes physiologiques spéciaux à l'antidote, et surtout sur l'état de la pupille. Il faut arrêter l'emploi de la substance antagoniste aussitôt que son action physiologique a suffisamment contre-balancé celle du poison.

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  1. Union médicale, 5 juillet 1859.
  2. Pena et Mathia de Lobel, Stirpium adv. nov. Londres, 1570. — Horstius, Op. med., 1661. — Faber, Strychnomania, 1677, p. 87. — Boucher (de Lille), in Journ. de med., 1706. — Lippi, De Venef. bacc. bell. prod. atque opii in eo usu. Tubingue, 1810. — Giacomini, Trad. Mojon et Rognetta. Paris, 1839.
  3. Edimb. med. Journal, 1855.
  4. Cas de Behier, Union médicale, 16 juillet 1859, soixante-quinze ans ; celui de Blake, cité par les Archives, p. 588, quatre ans ; un autre de Mac Namara, Quarterly Journal, Dublin, 1863, enfant de vingt-six mois.


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(Cet antagonisme s’exerce de même localement ; ainsi, Wharton Jones[1] a trouvé qu'une artère dans la membrane interdigitale d'une grenouille, sous le microscope, se resserrait presque jusqu'à l'oblitération, lorsqu'on y appliquait une solution de sulfate d'atropine ; le sang, dans les capillaires correspondants et les radicules veineuses, devenait dans un état voisin de la stagnation. Il versa une certaine quantité de liqueur sédative d'opium de Battley; l'effet fut une dilatation complète du vaisseau et l'élan vigoureux d'une ondée de sang. Une nouvelle application de sulfate d'atropine ramena là contraction du vaisseau.

La présence simultanée de l'opium et de la belladone dans un collyre diminue l'action dilatante de cette dernière (Fano) ; aussi avons-nous employé le laudanum ou une solution morphinée pour ramener plus promptement l'oeil à l'état normal après la dilatation obtenue par l'atropine, afin de faciliter l'examen ophthalmoscopique).

(A propos de l'aconit, nous avons déjà parlé des propriétés neutralisantes du charbon animal dans l'empoisonnement par les solanées vireuses.

Bouchardat a préconisé comme antidote une solution d'iodure de potassium iodurée. On sait, du reste, que ce réactif précipite presque tous les alcaloïdes. Roux de Brignolles[2] a rapporté une belle observation de guérison par l'emploi de ce moyen.

Garrod a publié que la potasse et les autres alcalis caustiques détruisent complètement le principe actif des solanées vireuses.

Nous ignorons si on a expérimenté, en France, la fève de Calabar comme antidote de la belladone ; nous savons seulement que le professeur Sédillot a suggéré l’idée de l'utiliser contre les effets toxiques de cette plante ou de l'atropine dans un cas rapporté par Kleinwaechter : 10 gouttes d'une solution d'extrait de calabar dans de la glycérine ont été administrées avec un succès éclatant[3].

A la suite d'un empoisonnement par l'atropine[4], il était resté une énorme dilatation des pupilles. L'introduction du papier calabarisé dans l’œil gauche du sujet lui permit bientôt de lire sans difficulté, tandis qu'il ne put obtenir pareil résultat qu'au bout de cinq jours avec l'œil droit.)

Effets physiologiques. — (Dans ce paragraphe nous aurons aussi bien en vue l'action de la belladone et celle de l'atropine, son principe essentiel. En traitant des effets toxiques, nous avons déjà pu donner une idée des symptômes causés par leur administration. Mais, à dose thérapeutique ou insuffisante pour amener des désordres graves, le tableau, pour avoir des points communs avec celui que nous avons tracé, n'en a pas les couleurs sombres. Le plus souvent, l'influence de l'agent ne se manifeste que par la sécheresse de la gorge, les troubles de la vue et la mydriase ; à une dose plus forte, ou lorsque, comme médicament, on a dépassé la dose ordinaire, outre les phénomènes précédents, il se produit des nausées, des vertiges, du délire. Ces symptômes, qui peuvent durer vingt-quatre heures, s'observent aussi par l'effet seul de la susceptibilité individuelle.

Les phénomènes, peuvent être rangés sous deux chefs principaux : action locale et primitive ; action générale et secondaire.

L’action locale varie suivant le point où est appliqué l'agent ; sur la peau, sur les muqueuses, il diminue la sensibilité, et, exerçant son influence dans une certaine étendue, il amène une anesthésie comparable à celle du chloroforme, mais agit davantage sur le sens du tact proprement dit. Appliqué sur la surface du derme dénudé par un vésicatoire, il produit une sensation de

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  1. Med. Times and Gaz., janvier 1857.
  2. Annuaire de Bouchardat, 1861, p. 13.
  3. Berlinklin, Wochenblatt, septembre.
  4. Klinisches Monatsblatt für Augenheilkunde.


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forte brûlure. Déposé sur la conjonctive, il amène la mydriase dans un temps variable, mais ordinairement très-court ; et, comme le fait remarquer Lemartre, la dilatation pupillaire, unilatérale, est le plus souvent le seul symptôme consécutif à cette application. L'action générale ou secondaire se manifeste au bout de dix à quinze minutes après l'administration du médicament par la dilatation de la pupille, puis par la sécheresse de la bouche et de la gorge, qu'accompagnent rarement de la douleur, mais quelquefois une rougeur assez vive du voile du palais, des amygdales et du pharynx. Giacomini pense que ce phénomène est dû seulement à l'augmentation de l'absorption.

On observe ensuite de la céphalalgie, des fourmillements dans les membres, du subdelirium, des vertiges, des éblouissements (voyez Effets toxiques), des hallucinations de la vue et des troubles divers dans les fonctions.

Les troubles de la vue consistent dans une diminution dans la netteté des images, dans des brouillards et une faiblesse plus ou moins marquée dans la perception optique. Il est souvent difficile de distinguer si ces troubles sont d'origine cérébrale ou rétinienne par la congestion de la membrane sensible oculaire, ou enfin s'ils peuvent être reliés à l'aberration de sphéricité que la pupille dilatée ne vient plus corriger).

Flourens pense que l'extrait aqueux de belladone, à une dose déterminée, agit spécialement sur les tubercules quadrijumeaux, et qu'il n'affecte que le sens de la vue, c'est-à-dire les fonctions attribuées à ces tubercules. Si la dose est plus forte, l'action s'étend sur les lobes cérébraux : toujours est-il que cette action laisse après elle une effusion sanguine qui en circonscrit les limites et l'étendue.

L'influence sur le système musculaire se traduit par le relâchement des sphincters, spécialement ceux de la vessie et du rectum. Combien de conséquences thérapeutiques n’aurons-nous pas à déduire de ce fait ? Elle se manifeste aussi par la contraction des muscles vaso-moteurs. (Voyez plus haut l'expérience de Wharton Jones, à propos de l'antagonisme de l'opium et de la belladone.) Cette excitation des vaisseaux tend à diminuer la quantité de sang dans les organes et produit une diminution relative de leurs propriétés vitales, surtout de celles de la moelle et des nerfs (Brown Sequard). C'est à cette oligaimie de la moelle (Sée) qu'il faudrait rapporter le ralentissement du coeur et du pouls, la faiblesse des pulsations et l'abaissement marqué, quoique passager, de la pression du sang. Suivant Schroff, après ce ralentissement, il se produirait une accélération du pouls allant beaucoup au delà de l'état normal. « Le resserrement initial des vaisseaux peut contribuer pont sa part à l’affaiblissement cardiaque qui est incontestable... La respiration devient plus rapide, stertoreuse. » (Sée, in Bull. de thérapeutique, 15 juillet 1865.)

Secondairement à la contraction artérielle, il se produit une stase veineuse ; le visage est livide ; l’oeil congestionné, etc., etc.

A dose thérapeutique, l’appareil urinaire est souvent peu influencé ; l'éruption scarlatiniforme consécutive à l'empoisonnement est rare.

L’étude du pouvoir mydriatique de la belladone doit nous arrêter un instant ; c'est là, en effet, si je puis m'exprimer ainsi, sa caractéristique, spécialité. L'action purement locale est ici très-évidente, nous l'avons déjà avancé. Gosselin pense que c'est par l'intermédiaire de l'humeur aqueuse qu'elle se produit (Gaz. hebd., 1855) sur le trajet intra-oculaire des liquides absorbés à la surface de l'oeil.

La limitation d'action au côté où a eu lieu l'expérimentation s'observe aussi lorsque l'agent (belladone ou atropine) est appliqué sur la peau qui avoisine l'orbite. Suivant Christison Ehlers, la dilatation produite ainsi n'est pas souvent accompagnée de troubles dans la vision, tandis que la vue est ordinairement obscurcie lorsque la belladone a amené cette dilatation par


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l'intermédiaire de l'absorption et de la circulation. Dans le cas d'administration intérieure, pour Lemattre ce serait encore par saturation de l'humeur aqueuse que se fait la dilatation. En effet, ses expériences lui ont prouvé que l'humeur aqueuse retirée de l'oeil d'un chien empoisonné dilate la pupille d'un autre chien non intoxiqué.

Voyons maintenant quel est le mécanisme de cette dilatation :

Tout le monde ou à peu près admet maintenant que l'iris est constitué par deux ordres de fibres contractiles, très-probablement musculaires : 1° des fibres circulaires, véritable sphincter, agents de constriction, soumis à l'influence nerveuse du moteur oculaire commun ; 2° des fibres radiées, présidant à la dilatation, animées par les rameaux du grand sympathique. La belladone paralyse les premières et met en jeu les secondes ; mais les fibres radiées agissent-elles alors par suite de la paralysie des fibres circulaires, ou bien la belladone exerce-t-elle sur elles une action excitante ? M. Ruete, de Vienne, a donné une réponse concluante à cette question. Il démontra que l'orifice pupillaire dilaté et immobile à la suite de la paralysie de la troisième paire, peut encore s'agrandir par l'action de la belladone, d'où il conclut que le premier degré de dilatation était dû à la paralysie des fibres circulaires animées par le moteur oculaire commun, et le second à la contraction des fibres radiées animées parle grand sympathique.

Du reste, on peut couper chez un animal en expérience le moteur oculaire commun, et la dilatation n'en continue pas moins.

Les phénomènes de contraction vasculaire artérielle dépendant de l'excitation plus grande des nerfs vaso-moteurs, émanant aussi du grand sympathique, peuvent aussi contribuer à cette dilatation.

Nous sommes donc en droit de dire avec Lemattre : « La mydriase belladonique n’est point due à une paralysie ; elle est due à une contraction musculaire, contraction qui porte à la fois sur les fibres rayonnées et les fibres musculaires vaso-motrices de l'iris. »

Graefe a établi que l’action de la belladone s'étendait au delà de l'iris et affectait, en les excitant, les fibres rayonnées du muscle de l'accommodation ; la contraction de ces fibres radiées correspondrait au relâchement de l'accommodation et au minimum de convexité du cristallin ; les malades seraient presbytes. (Voyez BELLADONE, § Maladies des yeux.)

Sans oublier que la belladone peut porter son action sur d'autres points des centres nerveux, nous sommes en droit d'établir, d'après le raisonnement et nos expériences personnelles, que cette solanée vireuse est un agent excitant du système du grand sympathique.)

Or, le grand sympathique n'agit que comme un conducteur qui transmet une influence dont le point de départ est dans une région de la moelle, nommée par Budge et Waller région cilio-spinale. La belladone aurait donc la propriété d'exciter ce point du système nerveux.

Terminons en citant quelques-unes des conclusions du mémoire de Lemattre, relatives à l’étude analytique de l'aclion de l'atropine, conclusions qui s'appuient sur des expérimentations nombreuses et très-habilement conduites.

L’atropine agit en détruisant l’excitabilité des nerfs et en conservant l’irritabilité musculaire quelquefois affaiblie ; l'excitabilité sensitive disparaît d'abord ; la destruction de la sensibilité des nerfs disparaît de la périphérie au centre ; l'action directe à dose concentrée, tant sur le muscle de la vie de relation que sur le muscle cardiaque, est de détruire complètement à la fois et l'excitabilité des nerfs et l'irritabilité des muscles.

L’action de l'atropine sur la respiration et la circulation s'exerce non par l'intermédiaire du tronc du pneumo-gastrique, mais bien en influençant les parties périphériques de ce nerf.


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Thérapeutique

Thérapeutique. — La belladone n'a été employée comme médicament que vers la fin du XVIIe siècle. Nous épargnerons au lecteur l'histoire de l'emploi des diverses préparations de cette plante en thérapeutique, où elle occupe aujourd'hui une place si distinguée. Ces détails se trouvent dans tous les livres de matière médicale ; nous nous tiendrons dans les limites de ce qui est essentiellement pratique. Notre tâche sera encore assez étendue.

La belladone, considérée sous le rapport thérapeutique, est calmante et stupéfiante d'une manière toute spéciale. Elle n'est point somnifère comme l'opium, et si elle rend le sommeil, c'est en calmant les douleurs ou en dissipant les symptômes qui l'empêchent. C'est donc à tort que la plupart des auteurs l'ont rangée parmi les hypnotiques. Comme l'opium, elle combat le symptôme douleur avec efficacité, mais avec cette différence qu'elle est plus utile pour les douleurs extérieures, et que l'opium calme plus particulièrement les douleurs internes.

On l'emploie dans les névralgies, les névroses, la coqueluche, les tous nerveuses et convulsives, l'asthme, les affections spasmodiques, l'épilepsie, l'hystérie, la chorée, le tétanos, les coliques hépatiques et néphrétiques ; contre certaines inflammations aiguës et chroniques, la dysenterie, le ténesme, le rhumatisme, les tumeurs blanches articulaires, les douleurs aiguës des fissures, les contractions spasmodiques, les irritations de l'anus, les spasmes de divers organes tels que l'anus, l'urètre, l'utérus, l'anneau inguinal, etc. ; pour dilater la pupille et rendre plus facile l'opération de la cataracte, explorer le cristallin ; pour combattre l'iritis, la rétinite, la sclérolite, quelques ophthalmies, etc., etc.

Névralgies. — Douleurs. — La belladone est le remède par excellence des névralgies. Tous les praticiens ont eu à se louer de son emploi dans ces affections. Baldinger[1], Marc[2], Herber[3], Tod[4], ont guéri par l'usage interne ou externe des préparations de belladone, des névralgies faciales, des tics douloureux, des sciatiques, etc. On lit dans la Revue médicale, t. II, p. 284, un cas de tic douloureux guéri en cinq jours au moyen de la teinture de belladone, donnée à la dose de 20 gouttes, répétée trois fois par jour. Deleau[5] a fourni de nouvelles preuves de l'efficacité de la belladone dans le traitement des névralgies faciales. La racine lui a paru plus efficace que les autres parties de la plante. Il la réduit en pulpe par l’ébullition, et en prépare des cataplasmes qu'il tient appliqués jour et nuit sur la partie malade jusqu'à la cessation des douleurs. Il survient quelquefois, pendant la nuit, des rêves inaccoutumés et un peu de trouble dans les idées ; mais ces accidents ne sont pas à craindre et annoncent même l'action utile du médicament sur l'organisme. Les observations de Deleau sont d'autant plus concluantes qu'elles ont été répétées pendant sept ans, et que les applications locales dont il s'agit n'ont été secondées par aucun médicament interne.

J'ai dissipé, comme par enchantement, des douleurs névralgiques au moyen de cataplasmes de racine de belladone écrasée et appliquée fraîche sur le siège de la douleur.

Bailey[6] rapporte un assez grand nombre de cas de névralgies faciales guéries d’une manière rapide à l'aide de la belladone prise à l'intérieur, sous forme de teinture ou d'extrait, a une dose assez élevée. Toutefois, le praticien anglais avoue que cette médication ne lui a pas toujours réussi, et

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  1. Bibliothèque germanique, t. V, p. 45.
  2. Dictionnaire des sciences médicales, t. III, p. 75.
  3. Journal de Hufeland, juin 1813.
  4. Transact. of the surgeons apothec., t.1.
  5. Mémoire présenté à l'Académie des sciences, 1833.
  6. Observ. relat., to the use of belladonna in painful disorders of the head and face. Londres, 1818.


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il fait remarquer qu'elle est contre-indiquée lorsqu'il existe de la fièvre ou une inflammation autour de la base d'une dent cariée.

Trousseau et Pidoux administrent la belladone à l’intérieur de la manière suivante : — Ils font préparer des pilules de 1 centigr. d'extrait, et ils en ordonnent une toutes les heures, jusqu'à ce qu'il se manifeste des vertiges. « Ordinairement, les douleurs sont déjà diminuées ; il convient alors d'éloigner les doses, car on verrait bientôt se manifester du délire, qui, pour n'avoir rien de grave, n'en doit pas moins être évité, à moins que la douleur ne puisse être calmée autrement. Nous continuons ainsi pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que le malade n'éprouve plus aucun accident névralgique. C'est surtout dans les névralgies de la face que nous avons fait usage de ce moyen. Il ne nous a pas, à beaucoup près, aussi bien réussi dans la sciatique. Nous devons dire que, même pour les névralgies de la face, la belladone seule n'a pas toujours suffi à la complète curation, et qu'il a été quelquefois nécessaire, pour prévenir le retour de la maladie, de donner de fortes doses de quinquina ou de préparations martiales. Toutefois, dans les névralgies fugaces, il est inutile d'avoir recours à ces derniers moyens. »

Suivant les auteurs que nous venons de citer, l’application de la belladone sur la peau revêtue de son épiderme jouit d’une efficacité incontestable lorsque le nerf malade est situé superficiellement. « Nous avons vu, disent-ils, plusieurs névralgies sus-orbitaires guéries dans l'espace d'une demi-heure, par l'application de l'extrait de belladone sur l'arcade sourcilière ; et quand la maladie était périodique, chaque accès était facilement prévenu en usant préalablement du même moyen. Que si, malgré l'absence de la douleur, le malade éprouvait néanmoins le malaise qui ordinairement accompagne le paroxysme, le quinquina terminait tout. Le même moyen réussit assez bien encore pour calmer les névralgies temporales ; mais il échoue souvent quand le mal occupe le nerf maxillaire inférieur ou le sous-orbitaire, ce qui tient sans doute à la plus grande profondeur où ces nerfs se trouvent placés. Jamais, par ce moyen, nous n'avons pu calmer de douleurs sciatiques. »

Voici le mode d'application auquel ces thérapeutistes ont recours : on fait, au point où la douleur se fait le plus sentir, des frictions, chaque heure et pendant dix minutes, jusqu'à ce que les douleurs s'apaisent, avec 50 centigr. à 2 gr. d'extrait de belladone, en consistance demi-liquide (en y ajoutant quelques gouttes d'eau). Après la disparition des paroxysmes, on laisse un intervalle de quatre, cinq, et même douze heures entre chaque friction. Des compresses imbibées de teinture de belladone seraient aussi efficaces. D'après Trousseau et Pidoux, ces frictions suffisent, le plus souvent, lorsque la névralgie occupe le rameau sus-orbitaire, et même les rameaux temporaux superficiels ; mais si elle occupe le tronc sous-orbitaire et les branches du maxillaire inférieur, il faut recourir aux frictions sur les gencives et la face interne des joues, en recommandant au malade de ne point avaler l'extrait.

Quand la névralgie occupe le cuir chevelu, on fait raser la tête en totalité ou en partie pour appliquer l'extrait de belladone. Si le malade ne veut pas faire le sacrifice de ses cheveux, on imbibe ces derniers d’une décoction de 30 gr. de feuilles, de tiges ou de racine de belladone pour 1 kilogr. d'eau ; on recouvre la partie d'une compresse très-épaisse imbibée de la même manière, et l'on enveloppe la tête d'un bonnet de toile cirée. Trousseau et Pidoux ont vu des névralgies qui duraient depuis longtemps céder à l'emploi de ce moyen.

Quand la névralgie est profonde, comme dans la sciatique, Trousseau et Pidoux ont retiré de bons effets de l'extrait de belladone en application sur le derme dénudé, à une dose qui ne doit jamais dépasser 30 centigr. Plusieurs sciatiques récentes ont cédé en peu de jours à l'emploi de ce moyen.


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Si cette affection a plusieurs mois de durée, elle ne se dissipe pas entièrement, et alors ces médecins introduisent dans une incision pratiquée entre le grand trochanter et l'ischion, et qui pénètre jusqu'au tissu cellulaire graisseux, des boulettes contenant 5 à 25 centigr. de poudre de belladone, à laquelle ils ajoutent une certaine quantité d'extrait d'opium. Cette médication, la plus constamment utile, réunit les avantages du cautère et ceux des applications stupéfiantes.

L'application de l'extrait de belladone sur le derme dénudé cause de très-vives douleurs. Pour y obvier, Trousseau et Pidoux enduisent un morceau de toile fine qu’ils appliquent du côté où ils n'ont pas mis l'extrait. Ils recouvrent le tout d'un morceau de sparadrap agglutinatif. L'extrait se dissout peu à peu et ne cause aucune sensation pénible.

Brookes[1] cite le cas d’une névralgie faciale guérie en deux jours au moyen de frictions pratiquées trois fois par jour, avec gros comme un pois de la pommade suivante : atropine, 0,25 ; axone 12,00 ; essence de rose, 1 goutte. Bouchardat et Stuart Cooper ont guéri, d'une manière rapide, une névralgie splénique, suite de la fièvre intermittente, et qui avait résisté à l'emploi du sulfate de quinine, au moyen de l'atropine, appliquée à la dose de 1 centigr. sur le derme dénudé, à l'aide d'un vésicatoire. Il faut dire, toutefois, qu'à cette dose le médicament a causé un délire assez intense, qui a duré de quinze à dix-huit heures. Il faut toujours commencer par une dose très-légère.

L'observation suivante, recueillie dans ma pratique, m'a paru mériter d'être rapportée :

Mme la marquise de B***, de Soissons, âgée de 63 ans, d’un tempérament lymphatique, était à Boulogne pour prendre les bains de mer dans l’été de 1846, lorsqu’elle me fit appeler. Cette dame, atteinte d'une arthrite chronique, était en même temps en proie, depuis plus de deux ans, à des attaques très-frequentes de strângurie spasmodique, attribuée, par les médecins qu'elle avait consultés à Paris, à l'existence d'une cystalgie essentielle ayant son siège au col de la vessie. Une extrême irritabilité du tube intestinal et des douleurs arthritiques vagues alternaient avec les accès de cystalgie, ou les accompagnaient avec plus ou moins d'intensité. Les antispasmodiques, les bains généraux et locaux, un régime antiphlogistique, avaient été employés en vain. Les douleurs vésicales, avec émission goutte à goutte et fréquemment répétée des urines, persistaient et épuisaient les forces de la malade, lorsque je prescrivis l'introduction matin et soir dans le rectum d'un suppositoire de beurre de cacao, au centre duquel je faisais mettre 5 centigr. d'extrait de belladone. L'effet en fut si prononcé dès le premier jour, que je fus obligé, à cause de l'action générale de ce médicament, d'en réduire la dose à 3 centigr. Bientôt les douleurs et le spasme diminuèrent graduellement, la malade put goûter quelques heures de sommeil non interrompu par l'émission des urines. Ce moyen si simple, continué depuis un an, avec une augmentation très-graduelle des doses d'extrait de belladone, a toujours produit le même soulagement toutes les fois qu'il y a eu apparition du spasme ou de la douleur.

J'ai apaisé comme par enchantement des migraines très-intenses en mettant dans l'oreille du coton imbibé de teinture de belladone, et en frictionnant à diverses reprises la partie douloureuse avec cette même teinture. On peut aussi dans ce cas appliquer l'extrait de cette plante. Piorry arrête presque immédiatement cette espèce de migraine qu'il attribue à une névrose de l'iris (iralgie), en frictionnant les paupières avec l'extrait de belladone étendu d'une suffisante quantité d'eau pour lui donner une consistance sirupeuse.

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  1. Bouchardat, Annuaire, 1849, p. 48.


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Rhumatisme, Goutte. — Plusieurs praticiens ont constaté l'utilité de la belladone dans le traitement du rhumatisme. Münch a fait connaître, en 1789, les bons effets de cette plante dans les affections rhumatismales. Ziégler, au rapport de Murray, en aurait aussi obtenu des résultats heureux dans les mêmes cas. Blackett rapporte qu'un rhumatisme aigu de la plus grande violence, après avoir résisté à la saignée, aux purgatifs, aux sudorifiques, etc., fut guéri en peu de jours par des bains dans lesquels on faisait dissoudre 30 gr. d'extrait de belladone. Chevalier[1] a obtenu d'excellents effets dans les rhumatismes aigus partiels, de frictions faites sur le point douloureux avec une pommade composée d'extrait de belladone (1/8e à 1/4) et d'axonge, et de quelques gouttes d'huile de lavande.

Quelques praticiens combattent le rhumatisme articulaire aigu au moyen de l’extrait de belladone, à la dose de 1 centigr. 1/4 (un quart de grain) chaque heure. Le délire apparaît ordinairement le second jour de cette médication. Quelle que soit l'intensité des accidents cérébraux, on continue l'usage du remède jusqu'à la cessation complète de la douleur et de la tuméfaction. Lebreton, qui a eu de fréquentes occasions de recourir à cette médication, affirme qu'elle guérit en huit jours les rhumatismes aigus, et que jamais il n'a vu les désordres cérébraux avoir aucune suite fâcheuse[2].

Trousseau et Pidoux, qui ont obtenu de bons effets de cette médication, administraient en même temps des purgatifs journaliers, afin de prévenir la constipation.

La belladone n'a jamais été proposée pour le traitement de la goutte proprement dite, où, comme tous les stupéfiants, elle pourrait causer de graves accidents. Dolor in hoc morio est amarissimum naturœ pharmacum ; qui quo vehementior est eo citius prœter labitur paroxysmus (Sydenham).


NÉVROSES. — L’action puissante de la belladone sur le système nerveux, dont elle émousse pour ainsi dire la sensibilité, explique les bons effets qu'on en obtient dans les névroses.

Épilepsie. — Bon nombre d'auteurs ont vanté la belladone contre l'épilepsie. Nous citerons : Münch[3], Stoll, Evers[4], Theden[5], Greding[6], Lallemand[7], Leuret et Ricard[8], Guyault[9], Séguy[10]. Bretonneau[11], est parvenu à diminuer la maladie, et dans quelques cas à la guérir entièrement. Il emploie la racine en poudre, et l'extrait de la plante. Les premiers jours il ne dépasse pas la dose de 1 centigr. par jour, et le remède est donné le soir, si les accès reviennent surtout la nuit, et le matin, s'ils se montrent durant le jour. La dose de la poudre est portée jusqu'à 5 et rarement jusqu'à 10 centigr., et l'on y reste pendant deux ou trois mois. Le remède est alors interrompu pendant une semaine, repris ensuite durant trois semaines, interromnu après pendant quinze jours, repris encore deux jours de suite, puis laissé pendant trois semaines, en ayant soin d'y revenir aux époques présumées du retour des accès, et de donner alors les doses les plus élevées. On continue ainsi avec persévérance pendant au moins trois ou quatre ans.

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  1. The London med. and physic. Journ., novembre 1826.
  2. Trousseau et Pidoux, t. II, p. 63.
  3. Dissert. inaug., etc., circa usum belladonæ in melancolia, mania et epilepsia. Gœttingue, 1783.
  4. Hannoversches Magazine, 1783, n° 99.
  5. Neue Bemerkungen und Erfahrungen, t. II, p. 212,
  6. Murray, Ouvrage cité, t. I, p. 646.
  7. Annales cliniques de Montpellier, t. XIV, p. 47.
  8. Gazette médicale, 1838.
  9. Bulletin de l’Académie royale de médecine, t. II, p. 765.
  10. Revue medicale, avril 1839.
  11. Trousseau et Pidoux, t. II, p. 64.


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Debreyne[1], qui regarde la belladone comme la plus précieuse de toutes les plantes indigènes de France, est le médecin qui, de nos jours, a obtenu les résultats les plus nombreux et les plus certains de l’usage de cette plante dans les névroses, et notamment dans l’épilepsie. Il a administré ce médicament à plus de deux cents épileptiques, et pas une seule fois sans obtenir quelque effet avantageux. Des malades qui avaient des accès tous les jours ont fini par ne plus en avoir, qu’à de longs intervalles ; d’autres, qui en avaient moins fréquemment, ont obtenu une amélioration notable ; enfin, plusieurs ont été guéris complètement. Suivant ce praticien, les effets du médicament sont surtout marqués chez les épileptiques dont les accès sont très-fréquents et même journaliers. Il faut en continuer longtemps l'usage.

Blache et Trousseau[2] ont adopté le mode d’administration suivant de la belladone contre l’épilepsie : Extrait de belladone, poudre de belladone, de chaque 1 centigr. pour une pilule. Le premier mois, le malade prend une pilule ainsi composée, le soir en se couchant. Le deuxième mois, deux pilules au lieu d’une ; le troisième mois, trois pilules ; le quatrième, quatre, toujours à la fois, quel qu’en soit le nombre. Si la dose du médicament paraît trop élevée, trouble la vision, produit un sentiment d’âcreté à la gorge, on rétrograde et on n’augmente la dose que tous les deux mois. On arrive ainsi au bout de l’année au chiffre de sept ou huit pilules chaque soir, et on apprécie alors l'influence de la médication. Lorsqu’après un an de traitement vous constatez une diminution dans la force et le nombre des attaques, une modification heureuse dans la forme, vous insistez sur l’emploi de la belladone pendant deux, trois ou quatre ans de suite, en augmentant tous les deux ou trois mois la quantité du médicament d’un centigramme, jusqu'à dose intolérable. Quand on a obtenu la cessation entière des attaques, on suspend la médication et on la reprend pendant quinze jours ; puis on laisse deux mois de repos, suivis de deux mois de traitement ; et ainsi de suite, en augmentant progressivement ces intervalles, mais sans jamais abandonner l’usage de la belladone d’une manière absolue. Sur cent cinquante malades traités de cette manière, Trousseau en a guéri vingt.

On peut conclure de tous les faits que nous venons de rapporter, que la belladone diminue souvent la fréquence et l'intensité des attaques d'épilepsie, et que dans quelques cas, lorsqu'elle est essentielle, elle la guérit complètement. Il est des sujets chez lesquels elle est évidemment nulle ou nuisible : « Nous avons vu, dit Debreyne, sous l'influence de cette solanée, tout héroïque qu'elle est, les accès augmenter chez une femme qui était épileptique depuis près de vingt ans. Il a fallu absolument y renoncer. »

Suivant Hufeland l’usage à trop forte dose ou trop longtemps prolongé de la belladone, pourrait, dans certains cas, transformer l'épilepsie en imbécillité.

Convulsions. — Bergius, Stoll, Lallemand[3] ont traité avec succès, à l’aide de la belladone, des affections convulsives violentes et qui avaient résiste à tous les autres antispasmodiques. Le professeur Chaussier combattait les convulsions qui arrivent pendant l’accouchement par des onctions de pommade de belladone sur le col utérin.

L’expérimentation clinique prouve chaque jour ce fait depuis longtemps reconnu par Debreyne, que la belladone est le spécifique du phénomène convulsion, et qu’elle est l’antispasmodique par excellence. — Trousseau[4] prescrit la poudre des feuilles à la dose de 1, 2 et 3 centigr. dans

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  1. Thérapeutique appliquée, p. 11.
  2. Revue de thérapeutique médico-thirurgicale, 1856, p. 123.
  3. Annales cliniques de Montpellier, t. XIV, p. 47.
  4. Journal des connaissances médico-chirurgicales, 15 mars 1852.


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les vingt-quatre heures chez les enfants atteints de convulsions ; il donne en même temps le sirop d’éther à celle de 15 à 20 gr. ; il fait aussi frictionner les gencives avec une solution légère d’extrait de belladone, quand la dentition est la cause des convulsions. Tout en combattant le phénomène convulsion, on doit s’occuper des causes. Aux convulsions vermineuses on oppose les anthelmintiques, à celles qui tiennent aune constipation opiniâtre, à une surcharge gastrique, l’administration des lavements, des purgatifs, etc. « Nous avons eu à nous louer, disent Trousseau et Pidoux, de la belladone dans le traitement des maladies convulsives, mais surtout dans celui de l’éclampsies enfants et des femmes en couches ; nous ne comptons guère sur ce moyen au début des convulsions ; mais lorsqu’elles se renouvellent plusieurs fois par jour et plusieurs jours de suite, la belladone, administrée à faible dose, amène quelquefois des résultats inespérés. C’est surtout dans les convulsions épileptiformes, unilatérales ou partielles que nous avons eu à nous louer de l’administration de la belladone, bien entendu lorsque ces convulsions n’étaient pas symptomatiques d’une grave lésion organique.

Tétanos, Trismus. — Suivant Debreyne, la belladone doit être considérée comme le meilleur remède à opposer aux affections tétaniques. — Vial[1] cite trois cas de guérison par ce médicament. Ce médecin prescrit la poudre fraîche à la dose de 10 à 20 centigr., suivant l’effet du remède et l’âge du malade : il conseille en même temps les fomentations ou les frictions avec une solution belladonée. — Besse[2] a vu un cas de tétanos traumatique, rebelle à l’opium et au musc, céder rapidement aux frictions faites sur les muscles contractés avec la teinture de belladone à la dose de 100 gr. par jour. — Sandras a guéri en trente jours, au moyen de l’extrait de belladone donné à la dose de 2 à 15 cent, par jour, concurremment avec les bains de vapeurs (deux par jour), un jeune homme de dix-neuf ans, qui, après avoir eu le pied écrasé par une roue de voiture, présenta tous les symptômes du trismus à un haut degré.

Mme Debette, de Calais, âgée de trente-trois ans, d’une grande taille, d'une constitution grêle, d’un tempérament nervoso-sanguin, enceinte de cinq mois, fut prise au mois d’août 1811 d'un resserrement spasmodique des mâchoires, qui d’abord peu prononcé, augmenta dans l'espace de cinq à six jours au point de tenir la bouche constamment fermée. Le contact sur les lèvres et les gencives de boissons ayant une saveur quelconque, et surtout acide, augmentait le spasme et la constriction jusqu’à faire saigner les gencives. Il y avait absence complète de douleur. Une saignée de 7 à 800 gr. fut pratiquée et n’amena aucun soulagement. Je prescrivis des demi-lavements avec l’extrait gommeux d'opium, un liniment camphré et opiacé, sans obtenir plus de succès. La malade était dans le même état depuis six jours, quand il me vint à l’idée d’employer des onctions de pommade de belladone sur les mâchoires. Cette pommade, dans la proportion de 4 gr. d’extrait sur 30 gr. d’axone, était appliquée à la dose de 4 gr. toutes les trois heures. Dès le second jour de l’emploi de ce moyen, la malade commença à desserrer les dents ; sa bouche s’ouvrit peu à peu, et au bout de six à huit jours la guérison de ce trismus était complète. Il est à remarquer que, pendant plus de quinze jours, une tension spasmodique était toujours provoquée par la présence des boissons acides dans la bouche.

L’emploi de la belladone dans le tétanos n'est pas toujours couronné de succès. Je n’en ai obtenu aucun résultat chez une jeune fille atteinte de cette maladie, à la suite de l'application du caustique de Vienne sur une tumeur

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  1. Bullelin de thérapeutique, mars 1843.
  2. Bouchardat, Annuaire, 1849, p. 44.


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cancéreuse du sein, et chez laquelle, il est vrai, l’opium à grande dose, le chloroforme, etc., ont été aussi sans effet.

Voyez Atropine.

Rage. — Mayerne (1)[1] préconisa, au commencement du XVIe siècle, l'emploi de la belladone contre la rage. — Théodore Turquet, dans un ouvrage publié en 1696, avait annoncé la décoction de baies de belladone comme un spécifique contre l’hydrophobie. — Schmidt, ministre protestant, publia ce remède dans le Journal de Hanovre en 1763. — Les deux Münch[2] publièrent plusieurs cas de guérison. Ils faisaient préalablement saigner les malades jusqu’à la syncope, et administraient ensuite l’extrait de belladone à la dose de 5 à 70 centigr. tous les deux jours. — Buchols, Jahn, Hufeland, Sauter, Schaller, Locher-Balber, Rau, Neimecke, ont aussi rapporté des faits à l’appui de la vertu antilyssique de la belladone. Cette plante a été administrée à cent quatre-vingt-deux malades, qui tous avaient été mordus par des chiens enragés. Sur ce nombre, cent soixante-seize avaient été blessés depuis peu de temps, et n’offraient aucun symptôme de rage ; chez les six autres l’hydrophobe était confirmée. Voici les résultats du traitement : les cent soixante-seize récemment mordus furent préservés ; des six enragés, quatre furent guéris, et deux succombèrent[3]. — Sauter donnait la belladone en extrait à la dose de 40, 50, 60 centigr., et répétait cette dose à chaque accès. — Ghérardini en a donné jusqu’à 4 gr. en douze heures. — Giacomini fait observer avec raison que ceux qui sont opposés à l’emploi antilyssique de la belladone, n’ont donné cette substance qu’à la dose ordinaire, tandis que ceux qui en ont vanté les bons effets l’ont administrée à doses assez fortes.

« Cette médication, tout éminemment sédative et antispasmodique qu’elle est, ne suffira pas, dit Debreyne, parce qu’elle ne paraît pas de nature à pouvoir détruire le virus de la rage. Elle n'a qu'une vertu purement antispasmodique, anticonvulsive, et non une puissance destructive ou neutralisante[4]. »

« De nos jours, disent Trousseau et Pidoux, on a acquis la triste confiction de l’inutilité des moyens divers vantés jusqu'ici dans le traitement de la rage. »

Comment a-t-on acquis cette triste conviction ? A-t-on répété les essais de Münch, ou n’a-t-on opposé que des préventions, des idées systématiques, des raisonnements non justifiés par l’expérience ? Swilgué affirme que l’on n’a fait en France aucune recherche propre à déterminer le degré de confiance que la belladone peut mériter sous le rapport de sa propriété antilyssique. S’il est permis d'élever des doutes sur cette propriété, il ne l'est pas moins de se garantir de ce scepticisme qui nous fait trop souvent regarder comme faux tout ce qui contrarie notre manière de voir ou nos préventions. On ne peut rejeter tous les faits observés par Münch sans suspecter la bonne foi de ce ministre protestant. La justice et la raison invoquent ici l’expérience clinique, qui seule peut juger en dernier ressort cette importante question. »

Hystérie — On a cité des faits qui prouvent l’efficacité de la belladone dans certains cas d'hystérie. En général, dans l’hystérie, la sensibilité est augmentée, surtout au début des accès. « Quel médecin n’a vu, dit Landouzy[5], chez la plupart des hystériques, le moindre bruit, la moindre

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  1. Prax. med. syntagma de morb. extern.
  2. De belladona efficaci in rabie, etc. Gœttingue, 1781.
  3. Bayle, Bibliothèque de thérapeutique, t. II, p. 502.
  4. Annales de la Société de médecine de Gand, 1853, p. 156.
  5. Traité complet de l'hystérie, 1848, p. 312.


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odeur, le moindre contact augmenter le paroxysme ? — D’après Blackett[1], la belladone ne saurait convenir dans l’hystérie qui dépend de causes débilitantes. Sur six malades auxquels ce médecin administra la belladone, trois furent guéris assez rapidement ; les trois autres, qui, sans doute, n’étaient pas dans des conditions convenables à l’action de ce médicament, éprouvèrent divers accidents nerveux qui firent renoncer à son usage. Blackett administrait la belladone sous forme de teinture.

Pages[2] a fait disparaître des accès hystériques accompagnés de douleurs utérines analogues à celles de l’avortement, en pratiquant plusieurs fois par jour, sur le col de l’utérus, des onctions avec la pommade d’extrait de belladone.

Debreyne regarde ce médicament comme le meilleur modificateur du système nerveux chez les hystériques. Il rapporte, entre autres, deux cas d’hystérie rebelle qui offraient les symptômes les plus insolites, et dont l’un durait depuis six années, et l'autre depuis six mois.

Chorée. — La belladone s’est montrée efficace dans la danse de Saint-Guy essentielle et sans complication. Hufeland[3] dit s’en être bien trouvé dans cette maladie. — Ketterling[4] a guéri un individu affecté de chorée au moyen de la poudre des feuilles de cette plante, donnée à la dose de 10 à 15 centigr. par jour. — Seguy[5] rapporte deux observations de chorée guérie en peu de temps par l’extrait de belladone, à la dose de 5 à 15 centigr. par jour. — Debreyne a vu l’extrait de belladone produire les meilleurs effets dans cette aberration nerveuse ; il emploie ordinairement les pilules formulées plus haut contre l’hystérie. — Mault[6], dans un cas très-intense, chez un choréique de quatorze ans, et qui avait résisté à diverses médications, appliqua sur la colonne vertébrale un vésicatoire de huit pouces de long, et pansa douze heures après le derme dénudé avec un linge recouvert d’une légère couche d’extrait de belladone. Ce linge ne fut laissé qu’une heure en place. Au bout d’une demi-heure, il y avait déjà un mieux sensible, et quatre heures après il restait à peine quelques traces de convulsions. Quarante heures après, quelques convulsions s'annoncent à la face, on recommense à panser avec l'extrait de belladone, et l'on obtient le même résultat que la première fois. Le cinquième jour, comme il était revenu quelques mouvements convulsifs dans le bras gauche, on applique un nouveau vésicatoire et l’on panse comme auparavant. Les convulsions s’arrêtent encore et ne reparaissent plus.

Tremblement nerveux. — Suivant Debreyne, le tremblement nerveux cède ordinairement aux pilules d’extrait de belladone, mais souvent aussi il reparaît dès qu’on cesse le remède.

Delirium tremens. — Grieve[7] a fait cesser comme par enchantement les accidents du delirium tremens portés à un haut degré (surexcitation nerveuse, hallucinations optiques, pouls au-delà de 120 pulsations, transpiration froide et visqueuse, contraction considérable des pupilles) chez un homme de quarante-neuf ans, d’une constitution robuste et qui s’était enivré régulièrement depuis trois semaines, en faisant des frictions sur les paupières avec la pommade de belladone. Aussitôt que l’effet physiologique du médicament se manifesta par la dilatation des pupilles, les hallucinations

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  1. Lond. Med. repository, avril 1824.
  2. Revue médicale, 1829.
  3. Hufeland’s Journal, t. IX, cah. III, p. 100.
  4. H. Musset, Traité des névroses, p. 194.
  5. Revue médicale, avril 1839.
  6. Journal des connaissances médico-chirurgicales, 1851, p. 102.
  7. Monthly Journal et Bulletin général de thérapeutique, t. XLVI, p. 496.


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de la vue perdirent de plus en plus leur caractère, les autres symptômes se calmèrent et le malade s’endormit. Il est probable que c’est bien plutôt à l’influence de la belladone sur les centres nerveux, qu'à la dilatation de la pupille, comme le pense Griève, qu'est dû cet heureux et prompt résultat.

Folie. — La belladone a été employée avec succès dans ce cas par Münch fils[1], Münch père (in Murray), Ludwig[2], Greding[3], Murray, Evers, Schmalz[4], J. Franck, Schmidtmann, David Scott[5].

On sait que la belladone administrée à une certaine dose produit une folie momentanée. Son efficacité dans les maladies mentales semble justifier ce principe de Hahnemann : Similia similibus curantur. On puise quelquefois dans les systèmes les plus absurdes des vérités utiles : les doctrines opposées et exclusives ne sont ni vraies ni fausses en tous points. « Car l'expérience a prouvé qu'une multitude de maladies étaient guéries par des agents thérapeutiques qui semblent agir dans le même sens que la cause du mal auquel on les oppose (in Trousseau et Pidoux). »

C’est principalement dans les monomanies accompagnées d'hallucinations fixes que la belladone s'est montrée efficace.

Paralysie. — Jahn[6] a préconisé la belladone dans la paralysie. - Schmucker[7] l’a conseillée contre l’hémiplégie. — Murray cite le cas d’une hémiplégie sérieuse qui a cédé à la poudre des feuilles de belladone, à la dose de 25 centigr. à 1 gr. par jour. — Les docteurs Forstern et Verschuir (in Szerlecki) ont employé ce médicament avec succès dans un cas de paralysie spasmodique des muscles de la face. — Bretonneau a obtenu, à l’aide de la belladone, des guérisons aussi inespérées que peu explicables dans plusieurs cas de paraplégie. « Mais lorsqu’il s’agit d'une hémiplégie, disent Trousseau et Pidoux, à moins qu’il n'y ait en même temps spasmes convulsifs, il n'obtient rien en général. » — Tessier[8] cite un cas d’hémiplégie qui céda à l’usage du suc éthéré de belladone, à la dose d'une goutte par jour.

Hoquet. — Le hoquet constitue quelquefois une névrose opiniâtre qui n’est pas sans gravité. Dans ce cas, Debreyne emploie les pilules suivantes, qui lui ont constamment réussi : Extrait de belladone, 2 gr. ; camphre, 15 gr. ; sirop de gomme, Q. S. pour 60 pilules. Deux pilules le premier jour, matin et soir ; le second jour trois, matin, midi et soir ; on augmente chaque jour d’une pilule, jusqu’à six en vingt-quatre heures en trois fois, un tiers matin, midi et soir.

Gastralgie. — La belladone réussit ordinairement dans la gastralgie. L’extrait de la racine, associé à l’eau de laurier-cerise, à la dose de 1 centigramme 1/2 à 2 centigr. 1/2, a été employé avec un succès remarquable par Schmidtmann dans un cas de gastralgie contre laquelle on avait en vain mis en usage les médicaments appropriés à ce genre de maladie. — Hauff[9], Hufeland[10] se sont très-bien trouvés de la belladone en pareil cas. Le dernier prescrit 30 gouttes trois fois par jour du mélange de 30 centigr. d’extrait de belladone et de 15 gr. d'eau de laurier-cerise. — Caizergues[11]

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  1. Loco citato.
  2. Dissert. de belladona, hujusque usu in vesania.
  3. Ludwig, Dissert. cit.
  4. Chirurgische und medizinische Vorfælle, p. 79.
  5. London med. Gaz., juillet 1838.
  6. Klinik der chronischen Krankheiten, t. I, p. 365.
  7. Schmucker's vermischte Schriften, t. I, p. 365.
  8. Bouchardat, Annuaire, 1847, p. 20.
  9. Medizinisches Conversationsblatt, n° 2, 1832.
  10. Sebernheim, Handbuch der praktischen Arzneimittel. Berlin, 1836, p. 5.
  11. Revue thérapeutique du Midi.


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employait une masse composée de 10 gr. de sous-nitrate de bismuth et de 1 gr. d’extrait de belladone, divisée en 40 pilules, dont il faisait prendre deux matin et soir. — Leblus[1] a guéri une gastralgie opiniâtre, accompagnée de hoquet, au moyen des pilules suivantes : Extrait de belladone, 1 décigr. ; sous-carbonate de fer, 5 décigr., pour douze pilules, à prendre d’heure en heure. « Là où le chlorhydrate de morphine manque son effet, dit Sandras, l’extrait de belladone le remplace avec avantage et calme la gastralgie. » Ce médecin administre une pilule de 25 millier. toutes les demi-heures ; le malade est soulagé après en avoir pris une, deux ou trois. — S’il y a constipation, Bretonneau (in Trousseau et Pidoux) fait prendre une très-petite quantité de belladone, soit en mangeant, soit le soir, au moment où le malade se couche ; s’il y a, au contraire, tendance à la diarrhée, il proscrit l’emploi de ce médicament et a recours à l’opium. C’est là une indication judicieusement formulée pour le traitement de la gastralgie et de l’entéralgie.

Entéralgie. — Suivant Schmidtmann, la belladone serait un excellent remède contre l’entéralgie, tandis que l’opium produirait de mauvais effets dans cette affection, sans doute à cause de la constipation qui l’accompagne presque toujours. — Sandras obtient un soulagement immédiat dans l’entéralgie, au moyen de quelques centigrammes d'extrait de belladone étendu dans un lavement émollient peu abondant et répété au besoin.

M.B..., directeur des postes, âgé de quarante-sept ans, d'un tempérament bilioso-sanguin, d’une forte constitution, était atteint depuis plusieurs mois d’une douleur fixe et continue à la région hypogastrique, sans cause connue, et n’apportant aucun changement dans les fonctions intestinales ni dans celles des organes urinaires. Cette douleur, plus incommode que vive, avait résisté à l’usage des bains, à l’application des sangsues à l'anus, aux cataplasmes et aux liniments opiacés. Je prescrivis un suppositoire de beurre de cacao avec 5 centigr. d’extrait de belladone à introduire matin et soir. Dès le second jour d'emploi de ce moyen, la douleur diminua. J'augmentai la dose d'extrait de belladone graduellement jusqu'à celle de 12 centigrammes, Dès lors la douleur disparut complètement. Après deux mois que le malade a cessé l’emploi du suppositoire belladone, aucun symptôme de récidive n’a eu lieu.

Iléus. — Rosati[2] a employé avec succès, dans l’iléus, des frictions faites sur l'abdomen avec la pommade de belladone. Plusieurs praticiens, au rapport de Szerlecki, tels que Pages, Magliari, Spencieri, Duponget, Albers, Marino, Méola, Frœnkel, auraient aussi obtenu de bons effets de l’usage extérieur de ce médicament dans la même maladie.

Stannius et Becker[3] ont employé avec succès un lavement composé d’une infusion de 4 gr. de racine de belladone dans 200 gr. d'eau. Ce remède a guéri le malade sans produire d'effet stupéfiant. Il faut néanmoins se défier d’une dose aussi élevée : je commence toujours par un lavement de 60 centigr. à 1 gr. de feuilles infusées dans 150 gr. d’eau, et je n’augmente cette dose, au besoin, que graduellement.

« Il est évident, dit Debreyne, après avoir rapporté plusieurs faits concluants, que la belladone est une excellente, une précieuse ressource contre une maladie si terrible, si féroce et si indomptable. »

Vomissement nerveux. — La belladone a été très-utile dans les vomissement essentiellement spasmodiques, ou tenant à une irritation fugace, sym-

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  1. Wahu, Annuaire de médecine et de chirurgie pratiques, 1847, p. 92.
  2. Observ. med. di Napoli.
  3. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1842, p. 20.


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pathique, etc. — Hufeland et Siemerling[1] prescrivent contre les vomissements chroniques, surtout chez les personnes adonnées aux boissons alcooliques, 30 à 40 gouttes, trois ou quatre fois par jour, du mélange de 10 centigr. d’extrait de belladone et de 8 gr. d’eau de laurier-cerise. — Sandras s’est bien trouvé, dans le vomissement nerveux, de frictions sur tout l’abdomen avec une pommade contenant environ un vingtième de son poids d’extrait de belladone.

Dans les vomissements nerveux qui surviennent pendant la grossesse, Bretonneau (in Trousseau et Pidoux) fait pratiquer des frictions sur le ventre avec la pommade de belladone ou une forte solution d’extrait de cette plante dans l’eau, en consistance sirupeuse. Cette médication manque rarement de procurer du soulagement au bout de quelques jours. Elle m’a réussi, aidée de la position horizontale, chez une femme enceinte de sept mois, atteinte depuis trois mois de vomissements continuels qui l’avaient jetée dans un grand état de faiblesse. Mais, dans certains cas plus graves, disent Trousseau et Pidoux, et ces cas ne sont malheureusement pas rares, la belladone reste impuissante comme tous les autres moyens, et il ne reste souvent que la triste et regrettable ressource de l’avortement provoqué. »

« Dans une circonstance où cette opération allait être pratiquée pour sauver la femme, Cazeaux, qui avait essayé vainement la belladone suivant la méthode de Bretonneau, pensa qu’il obtiendrait un effet plus sûr en appliquant sur le col même et dans la cavité du col une grande quantité d’extrait de belladone, et cette petite opération, qu’il répéta une fois plusieurs jours de suite, amena une guérison rapide et inespérée.

Coliques hépatiques et néphrétiques. — Dubla[2] a employé avec avantage des frictions sur les lombes avec une pommade composée de 75 centigr. d’extrait de belladone et de 15 gr. d’axone, dans deux cas de colique néphrétique. Ces coliques ont été suivies d'expulsion de calculs.

Mme Hanson, demeurant à Calais, âgée de vingt-six ans, d’un tempérament lymphatique, me fit appeler le 16 juin 1818. Elle était prise d’un violent accès de colique néphrétique. J’avais inutilement employé la saignée et le bain de longue durée, quand, attribuant les symptômes au spasme local, je fis frictionner de demi-heure en demi-heure, avec la pommade de belladone (4 gr. d’extrait pour 30 gr. d’axone), la région correspondante au rein, siège de douleurs lancinantes très-vives. Dès la seconde friction la douleur s’apaisa. La malade s'endormit après la troisième friction. Le lendemain les douleurs étaient entièrement dissipées, et cinq petits calculs avaient été rendus avec quelque difficulté pendant leur passage dans l’urètre. Deux de ces calculs étaient de la grosseur d’un pois.

Rostan et Martin-Lauzer[3] font cesser promptement les douleurs dans les coliques hépatiques et néphrétiques, en administrant toutes les quatre ou six heures une pilule contenant 5 centigr. d’extrait d’opium et autant d'extrait de belladone. L’amélioration a lieu dix minutes environ après la prise du médicament, et souvent la crise cesse en moins d’une demi-heure avec une seule pilule. — Pointe, de Lyon, s'est également bien trouvé, au rapport de Martin-Lauzer, de l’opium et de la belladone réunis contre les coliques hépatiques. — Sandras[4] emploie dans les névralgies des conduits biliaires les pilules suivantes : Extrait de belladone, 15 centigr. ; chlorhydrate de morphine, 5 centigr. ; mucilage de poudre inerte Q. S. pour faire 10 pilules ; en prendre une de demi-heure en demi-heure.

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  1. Journal de Hufeland, juillet 1830.
  2. Revue médicale, t. III, p. 447.
  3. Journal des connaissances médico-chirurgicales, t. XXXIV, p. 37.
  4. Journal de médecine et de chirurgie pratique, 1853.


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Colique de plomb. — Malherbe[1] déclare avoir obtenu de la belladone des résultats avantageux dans vingt-neuf cas de colique de plomb. Le plus grand nombre des malades a éprouvé un soulagement du premier au troisième jour. Chez la plupart d’entre eux les douleurs cessaient plus ou moins de temps avant l'apparition des selles. Dans la moitié des cas, la belladone n’a été prise que pendant quatre ou cinq jours... « Nous pensons, conclut Malherbe, que la belladone est destinée à procurer des guérisons plus rapides que les autres méthodes de traitement. Elle s’attaque d'ailleurs aux deux principaux symptômes de la maladie : la douleur et la constipation. La belladone peut, dans ce cas, être donnée à doses beaucoup plus élevées que dans les maladies non douloureuses. On commence par 5 centigr. d’extrait mêlé à 10 centigr. de poudre de racine ; on augmente ou l’on diminue suivant qu'il y a ou non effets toxiques. On prescrit en même temps chaque jour un ou deux lavements avec 2 à 5 centigr. d’extrait, et l’on fait des onctions sur le bas-ventre avec la pommade de belladone. — Le docteur Blanchet a aussi employé avec succès la belladone contre la colique de plomb, mais il l’a unie à la thériaque. »

Colique nerveuse des pays chauds. — Cette colique, si fréquente chez les marins qui naviguent entre les tropiques, a été traitée par Fonssagrives[2] à l’aide de la belladone avec le plus grand succès. Les purgatifs ne sont point exclus ; mais ils ne doivent être administrés que lorsque les douleurs sont calmées.

Palpitations. — « Il est des palpitations nerveuses, dit Martin Lauzer[3], que j’ai pu arrêter au bout de quelques instants, en faisant appliquer sur la région du coeur un emplâtre fait avec 4 gr. d’extrait de belladone. »

Je suis parvenu à faire cesser des palpitations de coeur très-violentes chez une jeune fille de dix-huit ans, devenue chlorotique par suite de frayeur, en faisant frictionner deux fois par jour la région précordiale avec un liniment composé d’un jaune d’œuf, de 2 gr. de suc de belladone et de 4 gr. de suc de digitale. Ces palpitations étaient purement nerveuses. — J’ai obtenu un soulagement prompt dans les palpitations et les douleurs causées par l’hypertrophie du cœur, en employant le même liniment ou la pommade de belladone. Il est à remarquer que, dans ces cas, l'usage de la belladone à l'intérieur ne produit aucun soulagement.

Coqueluche. — C’est sans contredit dans la coqueluche que la belladone a peut-être été employée avec le plus d'avantages. Schæffer, en Allemagne[4] et Marteau de Granvilliers, en France[5] en ont les premiers signalé les bons effets dans cette maladie. — Vinrent ensuite Hufeland[6], qui considéra cette solanée presque comme spécifique ; Buchave[7], qui, dans une épidémie de coqueluche en 1784, eut de nombreuses occasions d’en constater l’efficacité ; Kraff[8], dans une épidémie observée à Runckel en 1806, et à laquelle il opposa pour tout traitement l’infusion de 1 gr. 20 centigr. de racines et de feuilles de belladone dans 30 gr. d’eau bouillante, qu’il administrait trois fois par jour à la dose de 3 à 30 gouttes, selon l’âge, jusqu’à l’effet physiologique manifesté par la rougeur du visage, la dilatation des pupilles, etc.

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  1. Journal de médecine et de chirurgie de Malgaigne, 1850.
  2. Archives générales de médecine, octobre 1852.
  3. Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, t. XXXIV, p. 36.
  4. Journal de Hufeland, t. VI.
  5. Ancien Journal de médecine, t. XVI, p. 461.
  6. Journal.
  7. Journal de Hufeland, 1808.
  8. Acta regia Soc. med. Hafniensis, t. II.


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Mais c’est surtout Wetzler[1] qui, dans une épidémie de coqueluche qui régna en 1810 à Augsbourg, a vérifié les effets héroïques de la belladone dans cette affection convulsive des organes respiratoires. Trente enfants auxquels ce médecin administra ce remède guérirent tous du huitième au quinzième jour. Il donnait, matin et soir, 1 centigr. et demi de racine en poudre aux enfants au-dessous de deux ans ; 5 centigr. à ceux de deux à trois ans ; 7 centigr. et demi aux enfants de quatre à six ans. On augmentait cette dose au bout de deux à trois jours, sans toutefois dépasser celle de 1 centigr. et demi en vingt-quatre heures chez les plus jeunes, et celle de 15 centigr. chez les plus âgés.

Depuis, un très-grand nombre de médecins se sont servis de la belladone, et s’en servent journellement avec succès contre la coqueluche. Cette solanée, suivant Laennec[2], diminue le besoin de respirer, et par conséquent la dyspnée, plus constamment qu'aucune autre plante narcotique.

Blache[3] pense avec Hufeland que c’est du quinzième au vingtième jour de la maladie qu’il faut employer la belladone, pourvu toutefois qu'il n'existe aucune inflammation thoracique, car alors il considère ce médicament comme plus nuisible qu’utile. Au reste, il ne l’a vu réussir que lorsque la dilatation de la pupille a eu lieu, et il n’a pas été besoin, dit-il, de dépasser la dose de 20 à 25 centigr. — Suivant Duhamel[4] la coqueluche présente deux nuances ou variétés distinctes : l’une est apyrétique, et l'autre est accompagnée de fièvre. La belladone réussit, dit-il, dans la première ; elle échoue dans la seconde. Il donne la racine en poudre à la dose de 6 centigr. par jour, en trois fois, matin, midi et soir, aux enfants au-dessous de trois ou quatre ans ; à un âge plus avancé, il porte quelquefois la dose à 20 centigrammes. Dans la plupart des cas, il a combattu la maladie dans l’espace de trois, quatre, cinq ou six jours. Duhamel ne s’est-il pas trompé en comptant les jours ?... Je n’ai jamais pu obtenir un résultat aussi prompt dans le cours de ma longue pratique. — Debreyne, qui, pendant plus de trente ans, a employé la belladone dans la coqueluche sur un nombre immense de malades, dont la plupart ont été guéris en huit ou dix jours, n’a recours à ce médicament que du dixième au douzième jour de la maladie, quand les symptômes inflammatoires ou pléthoriques ont été combattus, et que la toux est devenue purement spasmodique. Il donne la racine en poudre à la dose d’autant de fois 5 centigr. que l’enfant a de mois, à prendre en douze jours. Ainsi, un enfant de six mois en prend 30 centigr. en douze jours, et ainsi de suite. La dose se prend en trois fois dans la journée, matin, midi et soir. — Trousseau et Pidoux emploient avec avantage dans la période convulsive, afin de prévenir l’insomnie que la belladone produit quelquefois, le sirop suivant : Extrait de belladone, 20 centigr. ; faites dissoudre dans sirop d’opium et de fleurs d’oranger, de chaque 30 gr. ; en prendre une à huit cuillerées dans les vingt-quatre heures. Il faut employer l’opium avec prudence, et ne pas insister longtemps sur son usage, à cause de la propriété qu’il a de constiper et de favoriser les congestions sanguines au cerveau, déjà si fréqueutes dans la coqueluche. — Bretonneau administre toujours la poudre de belladone en une seule dose, soit le matin, soit le soir, à là dose de 1 centrigramme, en augmentant de 1 centigr. tous les deux jours, jusqu’à ce que la toux soit très-notablement calmée. Si après quelques jours le mal reste stationnaire, il augmente encore, mais sans aller jusqu’à effet toxique. Quand la maladie rétrocède, il diminue graduellement et ne cesse que lorsqu’il n’existe plus que les symptômes d'un simple catarrhe.

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  1. Journal de Hufeland, t. VI, p. 285.
  2. Traité de l'auscultation médiate, t. I, p. 86.
  3. Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques.
  4. Mémoire couronné en 4848 par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles.


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La belladone ne guérit pas toujours la coqueluche. Joseph Frank l’a employée avec beaucoup de succès dans une épidémie, et infructueusement dans six autres. — Desruelles[1], imbu de la doctrine de Broussais, la regarde comme un médicament dangereux, même quand on l’administre à petites doses ; selon lui elle ne mérite pas les éloges qu’on lui a prodigués. — Ratier[2], à une époque où la doctrine de l’irritation, arrivée à son point culminant, n’admettait plus comme agents thérapeutiques que les sangsues, l’eau de gomme, le lait et les pommes cuites, affirmait qu’il avait eu plusieurs fois l’occasion de voir employer et d’employer lui-même ce médicament contre la coqueluche, et que jamais il ne l’avait vu réussir. C’est ainsi qu'on observe quand on veut tout rattacher à l'idée mère d'un système.

J’ai employé pendant quarante ans la belladone contre la coqueluche. Excepté dans une épidémie dont je parlerai plus bas, elle m’a presque toujours réussi. Je me sers de la racine en poudre à la dose de 1 à 5 centigr. répétée de quatre heures en quatre heures, et mêlée avec une certaine quantité de sucre. J'augmente graduellement cette dose suivant l'âge et l'indensité des symptômes, mais sans jamais dépasser 25 centigr. dans les vingt-quatre heures. Je l’administre aussitôt que la période catarrhale ou inflammatoire est dissipée. Je fais vomir de temps en temps avec l'ipécacuanha ou l'asaret. Ce traitement modère et éloigne promptement les quintes de toux. Néanmoins la guérison n’a lieu, pour les cas les plus simples, que du dixième au vingtième jour, et pour les cas les plus graves que dans l'espace de vingt-cinq à trente-cinq jours. Si le soulagement se fait trop attendre, je prescris des frictions à l’épigastre avec la pommade de belladone (4 gr. sur 30 d’axonge : 2 à 6 gr. par friction chaque jour), que je substitue même entièrement au traitement interne lorsque celui-ci est sans effet. Presque toujours alors les symptômes s'amendent promptement. Je diminue ou je suspens les doses à la moindre apparence de dilatation des pupilles. Les insuccès de la belladone, peuvent être attribués à l’exiguïté de la dose à laquelle on l'administre. Comme Debreyne, j’ai souvent obtenu de prompts et heureux résultats en administrant une dose plus élevée que celle que prescrivent les auteurs, et que l’on donnait inutilement depuis plusieurs semaines. J’ai vu dans certains cas la poudre des feuilles et l'extrait, quoique bien préparés avec la plante récemment récoltée, ne produire aucun effet, tandis que la poudre des racines de la même plante donnait les résultats les plus heureux. Dans l’épidémie qui a régné en 1855 à Boulogne-sur-Mer, toutes les préparations de belladone m’ont fait presque complètement défaut, tandis que l’aconit, comme je l’ai dit à l’article concernant cette dernière plante ([Aconit (Cazin 1868)|page 22]]), m'a constamment réussi. Il est à remarquer que dans cette épidémie la période catarrhale persistait souvent avec plus ou moins d’intensité pendant tout le cours de la maladie, et se terminait, dans un assez grand nombre de cas, quand on n’employait pas de bonne heure l'aconit, par une pneumonie aiguë ou chronique presque toujours mortelle.

Le tartre stibié, mêlé à la pommade de belladone dans l’intention de produire à la fois une action révulsive et antispasmodique, a peu d’effet sur la peau. Les frictions que j’ai faites à diverses reprises avec ce mélange n'ont produit que peu où point de boutons.

Toux nerveuse. — La toux purement nerveuse ou convulsive, et celle qui, sans avoir spécialement ce caractère, n’est pas déterminée par une inflammation des organes de la respiration, peuvent être avantageusement combattues par la belladone. — Lenkossek (in Szerlecki), Delhaye[3] et Mouremans[4]

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  1. Traité de la coqueluche, p. 194.
  2. Formulaire pratique.
  3. Archive de de la médecine Belge, 1841.
  4. Ibid.


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en ont constaté les bons effets dans ces affections. — Sandras recommande l’extrait de belladone administré à l’intérieur ou employé à l’extérieur d'après la méthode endémique, à la dose de 2 à 5 centigr. par jour ; dans la toux convulsive tenant purement à l'état nerveux. Ce traitement lui a réussi merveilleusement dans la toux hystérique. — Lebert[1], qui a eu plusieurs fois l’occasion d’observer la toux périodique nocturne des enfants, que Behrend, de Berlin, a fait connaître il y a quelques années, est toujours parvenu à la guérir en peu de jours au moyen de la poudre de racine de belladone récemment préparée, et donnée le soir dans un peu d’eau sucrée, à une dose proportionnée à l’âge et graduellement augmentée. Ce médicament lui a également réussi dans les différentes espèces de toux nerveuses et convulsives ou avec suffocation chez les adultes. — Debreyne fait habituellement usage de la formule suivante dans toute espèce de toux, hors celle qui est déterminée par une phlegmasie des organes respiratoires : Infusion de coquelicot, 180 gr. ; extrait de belladone, 20 centigr. ; sirop de guimauve, 60 gr. ; eau de fleurs d’oranger, 15 gr. ; à prendre dans l’espace de quarante-huit heures, une cuillerée à bouche toutes les deux ou trois heures. — L’espèce particulière de toux qu’on nomme tussis matutina vomitoria (pituite) et qui attaque ordinairement les vieux ivrognes, surtout les buveurs d’eau-de-vie, se guérit, suivant Hufeland, par l’usage de la belladone avec l’eau de laurier-cerise. — Cruveilhier[2] a plusieurs fois diminué intensité de la toux des phtisiques, en leur faisant fumer des feuilles de belladone qu’on avait fait infuser dans une forte solution d’opium. On fume de deux à trois pipes par jour.

Dans la toux qui tourmente les phtisiques et les malades atteints de catarrhes pulmonaires anciens, j’ai souvent obtenu, par l'administration de l'extrait ou de la racine pulvérisée de belladone, un soulagement qu'aucune autre médication ne pouvait procurer. L’usage de la belladone n'a pas, comme celui de l'opium, l'inconvénient de supprimer l'expectoration.

Asthme. — La belladone, administrée à l’intérieur contre l'asthme essentiel, c’est à-dire sans altération organique autre que l'emphysème pulmonaire, a presque toujours apporté du soulagement. Lenkossek (in Szerlecki), Barbier, d’Amiens, Sandras ont obtenu de bons effets de la racine en poudre dans l’asthme. Mais les résultats que produit la belladone ainsi administrée contre cette affection ne peuvent être comparés, suivant Trousseau et Pidoux, à ceux qu’on obtient en faisant fumer la feuille sèche, soit seule, soit mêlée à du tabac. « Nous avons vu deux fois, disent ces médecins, des dyspnées intermittentes, durant depuis longtemps et revenant chaque nuit avec une opiniâtreté désespérante, se guérir complètement par l’usage de la fumée de belladone ou de datura stramonium. Souvent nous avons, sans guérir parfaitement le malade, produit une amélioration qu’aucune médication n’avait obtenue. » — Magistel[3] préconise, dans le traitement de l'asthme, l'emploi des fumigations de feuilles de belladone en décoction. Sur cinq malades traités par ce moyen, quatre ont guéri, et le cinquième, vieillard âgé de soixante -quinze ans, a éprouvé de l’amélioration. De tels succès ne s’observent guère que dans les hôpitaux, où l’on ignore, après la sortie malade soi-disant guéri, s’il y a eu ou non récidive de la maladie. — Bretonneau (in Trousseau et Pidoux) se trouve très-bien de l'administration de la belladone à l'intérieur contre l'asthme nerveux pour prévenir le retour la maladie ; mais il compte plutôt, pendant l’accès, sur les cigarettes de belladone ou de stramoine. Le traitement dure plusieurs mois et même plu-

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  1. Abeille médicale, 1846, p. 251.
  2. Nouvelle bibliothèque médicale, 1828.
  3. Gazette médicale, décembre 1834.


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sieurs années. La belladone est donnée en une seule dose graduellement augmentée comme pour la coqueluche. L’effet du médicament se constate par un léger sentiment de sécheresse à la gorge, par la dilatation des pupilles, et par des selles en général plus abondantes et plus faciles. (On fabrique plusieurs espèces de papiers antiasthmatiques, où la belladone, associée aux autres solanées vireuses et au nitre, joue le plus grand rôle.)

Angine de poitrine ou Sternalgie. — « Depuis quelques années, dit Debreyne, nous avons prescrit plusieurs fois avec avantage des potion avec l’extrait de belladone contre cette rare, douloureuse et grave maladie ; et c’est désormais contre elle notre principal et peut-être seul remède[1]. »

Aphonie. — On a vu la belladone produire l'aphonie. Joseph Frank et Gaultier de Claubry ont observé cet effet, qui, sans doute, a fait naître l'idée, en vertu de la loi des semblables, de l’employer contre cette maladie. — J. Frank prescrit les feuilles contre l'aphonie spasmodique. — Sell (in Szerlecki) a employé la belladone avec succès dans un cas d'aphonie, suite d'apoplexie, et Burtels[2] l'a même préconisée dans l'aphonie qui accompagne la phthisie laryngée. — Stuart-Coopert[3] guérit en peu de jours, par l’itropine, une femme de trente ans atteinte depuis un mois d’une aphonie complète, suite d'une métrorrhagie très-abondante. On administrait ce médicament à la dose de 0,003 gr. dans un julep gommeux dont on donnait une cuillerée d’heure en heure.

J’ai pu, au moyen de frictions faites avec la pommade de belladone à la partie antérieure du cou, dissiper en huit jours une aphonie complète, suite , d’une frayeur, chez une jeune fille de dix-neuf ans, qui était atteinte de cette affection depuis deux mois.

La propriété anticontractile ou anticonstrictive de la belladone a rendu et rend chaque jour les plus grands services dans un grand nombre de maladies, où aucun autre médicament ne saurait, d’une manière absolue, suppléer à cette solanée. On en a constaté les heureux effets dans la constipation, la constriction anale, l’iléus, les hernies étranglées, la constriction urétrhale, la constriction utérine, etc.

Constipation. — La constipation dépend souvent de la constriction spasmodique du sphincter de l’anus, lors même qu’il n’y a point de fissures. C’est surtout dans ce cas que la belladone est employée avec succès. La constipation qui accompagne la gastralgie, a été combattue par Bretonneau au moyen d’une très-petite dose de belladone prise au moment du repas, ou le soir au moment du coucher. (Voyez Gastralgie, p. 150.) — Blache (4)[4] emploie à peu près le même moyen dans les constipations les plus rebelles. Il donne le matin à jeun, ou le soir, trois heures après le souper, une pilule composée de 1/2 centigr. à 1 centigr. d’extrait et de 1 à 2 centigr. de poudre de belladone.

Fleury[5] fait introduire dans le rectum, pour combattre la constipation, des mèches enduites de pommade de belladone (4 gr. sur 30 gr. d’axone) que l'on change une fois par jour. La défécation s’obtient en deux ou trois jours, même dans les constipations les plus opiniâtres.

Je rapporterai, comme assez remarquable, le fait suivant : Maillard, proprietaire cultivateur à Condette, âgé de trente ans, taille moyenne, cheveux blonds, tempérament lymphatico - nerveux, caractère pusillanime, atteint de gastralgie par cause morale (peur extrême du choléra), habituel-

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  1. Annales de la Société médicale de Gand, mars et avril 1853, p. 87.
  2. Rust’s Magasin, 1835, p. 65.
  3. Bouchardat, Annuaire, 1849, p. 28.
  4. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1849, p. 43.
  5. Archives de médecine, mars 1838.


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lement constipé, me fait appeler le 16 février 1851. Je le trouve dans l’état suivant : face pâle, traits altérés, découragement, anxiété, pouls peu développé, irrégulier, point de fièvre ; langue humide, non chargée, éructations continuelles, efforts de vomissement et élancements douloureux très-vifs à l’épigastre par l’injection de la plus petite quantité de boisson ; tuméfaction de l’abdomen, mais sans douleur à la pression ; constipation complète depuis le 1er février (quinze jours), bien que l’alimentation, pendant les dix premiers jours, ait été assez abondante pour produire l’accumulation d’une grande quantité de matières fécales dans l’intestin.

L’application de quinze sangsues à l’épigastre, des cataplasmes émollients, des bains tièdes, des lavements purgatifs, que le malade ne peut retenir, l’huile de ricin, immédiatement vomie, n'ont apporté aucun soulagement.

Je prescris la décoction de feuilles de belladone (30 gr. pour 1 kilogr. d’eau) en fomentation tiède et fréquemment répétée sur le ventre. Je fais injecter dans le rectum, matin et soir, la solution de 10 centigr. d’extrait aqueux de la même plante dans 100 gr. d'eau de laitue. Cette injection n’est pas rejetée.

Le lendemain 17, le malade a pris sa troisième injection et la fomentation a été continuée toute la nuit. Expulsion de vents par l'anus, diminution notable de la tuméfaction du bas-ventre et des douleurs épigastriques ; mais douleur profonde dans le bassin, strangurie, ténesme vésical et anal, agitafion extrême, pouls concentré, intermittent, face pâle, sueur froide. Vers midi, bain tiède, dans lequel le malade expulse, au bout de vingt-cinq minutes, une énorme quantité d’excréments en pelotes marronées, agglomérées et durcies, ce qui amène un soulagement immédiat.

Quelques lavements émollients, en provoquant plusieurs autres selles abondantes, remettent promptement le malade dans son état habituel.

Constriction de l’anus, avec ou sans fissure. — La constriction spasmodique du rectum peut exister sans fissure ou gerçure ; mais la fissure existe rarement sans constriction : l’une peut être la cause de l’autre. Dans l’un comme dans l'autre cas, la belladone est d'une efficacité devenue vulgaire,

D’après Dupuytren[1], on peut guérir l'ulcération allongée qui existe dans la fissure de l’anus, en faisant cesser la contraction du sphincter dont elle n'est qu'un phénomène. Pour cela, il faut introduire dans l’anus, plusieurs fois dans la journée, une mèche enduite d’une couche épaisse de la pommade suivante : Axonge, 6 gr. ; extrait de belladone, 1 gr. ; acétate de plomb, 1 gr. — Laborderie[2] et Lamoureux[3] : le premier avec la pommade de belladone et d’acétate de plomb, le second au moyen d’une mèche de charpie enduite de cérat belladone, ont guéri des fissures chez deux malades qui s’étaient refusés à l’opération. — « L’usage de petites mèches enduites pommade de belladone, dit le professeur Cloquet, m’a réussi chez une dame à laquelle Roux avait proposé l’opération, et qui s'y était refusée[4]. »

Mme H***, de Boulogne, âgée de quarante-quatre ans, ayant eu des hémorrhoïdes à la suite de couches, était atteinte d’une constriction douloureuse du sphincter de l'anus. Une constipation habituelle avait lieu ; les excréments étaient comme arrêtés au fondement, et ne pouvaient être expulsés que peu à peu, à diverses reprises, et avec douleur et excoriation. Il n’y avait pas de fissures. Cet état durait plus ou moins violemment depuis quinze ans, lorsque je fis pratiquer des onctions à l’intérieur du rectum, matin et soir, avec la pommade belladonée (4 gr. sur 30 d’axonge). Au bout de deux ou trois joue l’effet avantageux de ce simple moyen fut très-prononcé. Les selles devinrent

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  1. Revue médicale, mars 1829.
  2. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, art. 179.
  3. Même Journal, art. 757.
  4. Debreyne, Annales de la Société de médecine de Gand, mars et avril 1854.


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plus faciles et moins douloureuses ; la constipation fut ensuite combattue avec succès par les lavements d’eau froide. Il suffit, toutes les fois que la constriction du sphincter donne la moindre crainte de retour, d’employer la même pommade pour la dissiper aussitôt.

La belladone en topique convient également aux crevasses hémorrhoïdales.

Hernies étranglées. — L’emploi de la belladone pour favoriser la rentrée des hernies étranglées remonte au commencement de ce siècle. On lit dans le Journal de Hufeland (1803) qu’un individu ayant une hernie étranglée, en fut guéri au moyen d’un lavement préparé avec la belladone qu’on avait prise par mégarde pour du tabac. — En 1804, van Looth[1] fit rentrer une hernie étranglée, dans l’espace d'une heure, au moyen d'un lavement préparé avec 15 gr. de feuilles de belladone en infusion dans 300 gr. d'eau, et que probablement le malade aura immédiatement rendu en grande partie, cette forte dose n’ayant pas produit l’intoxication. — En 1810, Koehler[2] traita avec un succès étonnant les étranglements herniaires à l'aide d'applications abondantes de pommade de belladone et de lavements avec l'infusion de la même plante. — Plus tard, Kruger[3] réduisait facilement les hernies étranglées en donnant de trois en trois heures des lavements préparés avec 10 centigr. de tabac et 50 centigr. de belladone en décoction. Il faisait appliquer en même temps sur le ventre des cataplasmes composés de feuilles de belladone, de tabac et de ledum palustre, et, sur la tumeur herniaire, une vessie remplie d’eau froide et de sel. De plus, il administrait, à l’intérieur, de deux en deux heures, une poudre composée de 5 centigr. de belladone, de 10 centigr. de calomel et de 50 centigr. de sucre. — Magliari[4], Giacomini, Dupougat[5], Meola[6], Gouvion et beaucoup d’autres médecins ont employé, avec le plus grand succès, les frictions de pommade de belladone sur la partie malade. — Poma[7], qui a fourni dix observations qui attestent l’efficacité de la belladone contre l’étranglement des hernies abdominales, conseille l’emploi de l'extrait non associé à l'axonge. J'ai deux fois rendu facile la réduction d’une hernie inguinale étranglée par l'application du suc de belladone mêlé avec autant d’eau chaude, ou employé pur en frictions. L'effet est plus prompt qu'en usant de la pommade composée avec cette plante. L’extrait simplement appliqué en emplâtre ou sur de l’ouate m'a suffi dans un cas pour faire rentrer une hernie en trois heures.

Schneider[8] a réussi au moyen de lavements préparés avec 2 gr. de feuilles de belladone dans 280 gr. d’eau, pour trois lavements à donner d’heure en heure. — La Gazette médicale de Paris, 1838, n° 8, rapporte quatre observations d’étranglements intestinaux guéris par l’emploi de lavements composés avec une infusion de 4 gr. de racine de belladone (c’est une dose trop forte) et 30 gr. de fleurs de camomille. — Surville[9] a obtenu des succès constants, même dans les cas les plus désespérés, en frictionnant d’abord la partie malade avec l’extrait de belladone, puis en administrant une potion dans laquelle on faisait entrer l'huile de croton et celle de ricin. — Carré[10], avait inutilement employé la saignée et les bains sans pouvoir réduire une hernie étranglée et volumineuse qu’il était sur le point d'opérer.

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  1. Kluyskens, Annales de littérature médicale étrangère, t. III, p. 192.
  2. Hufeland’s Journal, juillet 1810.
  3. Rust’s Magazin, 1821.
  4. Observ. med. di Napoli, 1828.
  5. Revue médicale, t. IV.
  6. Observations médicales, janvier 1830.
  7. Gazette médicale de Milan.
  8. Journal de Hufeland, 1832, p. 66.
  9. Abeille médicale.
  10. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, juillet 1833.


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Une bougie enduite de pommade de belladone fut introduite dans l’urètre, et une demi-heure s’était à peine écoulée que ce chirurgien put opérer facilement la réduction. — De Lame, de Bergerac[1], a publié les observations de trois femmes présentant des hernies crurales et d’un homme atteint de hernie inguinale, chez lesquels l’étranglement intestinal, produit à diverses reprises, s'était montré constamment réfractaire aux manoeuvres du taxis. La réduction devint très-facile cinq à six heures après l’administration par petites cuillerées, toutes les dix minutes, d’une potion composée de 60 gr. d'eau distillée, de 20 centigr. d’extrait aqueux de belladone et de 30 gr. de sirop de fleurs d'oranger. Je viens tout récemment de rendre facile la réduction d’une hernie crurale étranglée chez une fermière âgée de cinquante-six ans, après l’emploi par cuillerées, de quart d’heure en quart d'heure, d'un julep dans lequel j'avais fait entrer quinze gouttes de teinture alcoolique de belladone.

L'observation suivante m'a paru mériter l'attention des praticiens :

Mme Jennequin, cuisinière chez M. Porter, à Maquétra, près de Boulogne, âgée de soixante-cinq ans, constitution grêle, délicate, tempérament lymphatico-nerveux, taille moyenne, cheveux châtains, sentit, le 3 février 1836, après un violent exercice, une douleur à l’aine droite, où une petite tumeur très-sensible s’était formée tout à coup et avait donné lieu à des coliques qui forcèrent la malade à se mettre au lit.

Appelé le même jour, à midi, je constate l’état suivant : douleurs atroces dans l’abdomen, hoquet, vomissements, constipation ; face altérée, agitation extrême ; pouls petit, fréquent, concentré ; tumeur dure, globuleuse, de la grosseur d’une noix, très-douloureuse, et dont le siège, joint aux autres symptômes, annonce évidemment l’existence d’une hernie crurale étranglée.

Le toucher augmentant à l’instant même les souffrances et surtout le vomissement, le taxis, auquel, d’ailleurs, la malade se refuse opiniâtrement, m'est tout à fait impossible. Je fais appliquer en grande quantité sur la tumeur la pommade de belladone (10 gr. sur 30 gr. d’axone), et je prescris immédiatement la potion suivante :


Eau distillée de laitue 150 gr.
Teinture alcoolique de belladone 25 gouttes.
Gomme arabique pulvérisée 4 gr.
Sirop de coquelicot 30 gr.


Six grandes cuillerées à bouche de cette potion sont prises dans l’espace d'une demi-heure. Les autres sont administrées de dix minutes en dix minutes, de quart d’heure en quart d'heure, de demi-heure en demi-heure et enfin d'heure en heure, suivant l'effet produit[2].

Sous l'influence de cette médication, les douleurs se calment. Les vomissements, le hoquet, l’agitation, en un mot, tous les effets sympathiques de l’étranglement intestinal cessent dans l’espace de deux à trois heures ; mais la tumeur herniaire persiste et est toujours douloureuse au toucher. — Le 4 (2e jour), même calme du côté du tube digestif ; seulement le bas-ventre, surtout vers la fosse iliaque droite, est douloureux au toucher et légèrement tuméfié ; point de selles ; pouls développé, à 80 pulsations ; la même potion, prise pendant la nuit, de deux en deux heures, est continuée ; la pommade de belladone est appliquée comme la veille. — Le 5 (3e jour), mêmes symp-

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  1. Revue thérapeutique du Midi, 1856.
  2. La manière d’administrer les médicaments, suivant les circonstances, est pour beaucoup et quelquefois même pour tout dans le succès. Il est de la plus haute importance, en médecine pratique, de proportionner l’action à la résistance, de distinguer les moments où l’on doit s'abstenir ou attaquer avec ménagement son ennemi, de ceux où il faut promptement et vigoureusement le frapper. Une maladie étant donnée, il ne suffit pas d’en trouver le remède. Bon lui-même, et rationnellement indiqué, ce remède devient nul, insuffisant ou même nuisible, s’il n’est appliqué convenablement et en temps opportun.


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tômes ; mêmes prescriptions, lavement purgatif qui provoque une selle demi-concrète assez abondante, sans apporter le moindre changement dans la tumeur herniaire. — Le 6 (4e jour), malaise général, insomnie, soif, pouls à 85, douleurs parfois assez vives dans la tumeur, qui est plus volumineuse, rouge ; quinze sangsues produisent une saignée locale assez abondante et qui apporte du soulagement. — Le 7 (5e jour), mêmes prescriptions ; manifestation de l’effet de la belladone sur les pupilles. Cataplasme de décoction de racine de guimauve et de mie de pain. Frissons vagues, suivis de chaleur et de soif ; cessation de l’usage de la potion belladonée ; limonade, sirop de groseille, eau de gruau, bouillon de veau. — Du 8 au 11 (6e au 9e jour), la tumeur herniaire, tout à fait phlegmoneuse, présente de la fluctuation ; j’en propose l’ouverture par l’instrument tranchant ou par le caustique de Vienne : la malade s’y refuse. Un lavement de décoction de mauve produit une selle semi-liquide, assez abondante et suivie de soulagement. — Le 13 (11e jour), une escarre putrilagineuse, d’un blanc jaunâtre, recouvre presque toute la tumeur, qui s’ouvre spontanément le 14 au matin et donne issue à une grande quantité de pus d’une odeur infecte, mêlé ensuite à des matières intestinales digérées et semblables à de la levure de bière. Lotions avec le chlorure d'oxyde de sodium étendu dans l'eau, application d’un digestif animé, pansements très-fréquents, soins de propreté. La malade est mieux et se sent de l'appétit. Bouillon avec l'arrow-root, vin ; infusion de racines de gentiane et d’angélique à prendre par petites tasses dans la journée.

Les jours suivants, les matières fécales passent par la plaie et par la voie naturelle. Une pilule de 25 centigr. d’aloès, chaque jour, en favorise l'évacuation par cette dernière voie : un linge fin couvert de cérat fait disparaître l'érythème et les excoriations résultant du contact de ces matières. Alimentation plus substantielle, digestion facile, rétablissement graduel des forces. Les parties gangrenées se détachent, la plaie se déterge, les chairs fongueuses sont réprimées au moyen de l’azotate d’argent fondu, avec lequel une ouverture fistuleuse subsistante est profondément cautérisée, ce qui hâte la guérison, qui est complète vers le 1er avril (46° jour).

Les effets de la belladone furent ici très-remarquables. A peine quelques doses rapprochées de ce médicament avaient-elles été administrées, que l’irritation spasmodique du tube digestif et les symptômes les plus graves de l’étranglement intestinal se dissipèrent comme par enchantement, bien que la hernie ne fût point réduite. Au lieu d’une inflammation très-aiguë, rapidement gangreneuse et avec épanchement abdominal possible, il y eut phlegmasie lente et désorganisatrice des parties engagées, abcès au dehors, péritonite circonscrite et avec adhérences qui borna la gangrène et préserva les parties internes d’une atteinte mortelle. La nature, grâce à l’action prompte et soutenue de la belladone, eut le temps de déployer ses ressources.

Constriction urétrale ou Rétrécissement spasmodique de l’urètre. — Rétention d’urine ; strangurie ; cathétérisme ; calcul engagé dans le canal de l’urètre, etc. — Will, chirurgien des dispensaires de Londres[1] a fait cesser le rétrécissement spasmodique de l’urètre en introduisant dans ce canal les bougies enduites de pommade de belladone. — Carré, de Besançon[2], dissipé un rétrécissement de même nature qui s’opposait à l’émission des urines, en frictionnant le gland avec la pommade de belladone et en appliquant sur le périnée un cataplasme de mie de pain cuite dans une décoction de feuilles de la même plante. — Holbrook[3] combattait la constric-

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  1. Journal des progrès des sciences médicales, t. I, p. 97.
  2. Journal des connaissances médico-chirurgicales, mai 1835.
  3. Bulletin des sciences médicales, t. I, p. 362.


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tion spasmodique ou inflammatoire du canal de l'urètre au moyen de l'infusion de feuilles de belladone en lavement et en fomentation sur le périnée.

M. de B***, de Boulogne, âgé de soixante-six ans, d'un tempérament nerveux, d’une constitution grêle, était atteint d'un engorgement chronique de la prostate, avec difficulté d’uriner, flux muqueux, et surtout douleurs vives pendant l'émission fréquemment répétée des urines. Lorsque je vis le malade, au printemps de 1846, ces douleurs existaient depuis six mois et avaient résisté à l’application réitérée des sangsues, à l’usage journalier des bains et à un repos absolu dans une position horizontale. Je fis pratiquer, matin et soir, des frictions avec la pommade de belladone (4 gr. d’extrait sur 30 gr. d’axone) au périnée et le long du canal de l’urètre, dans lequel je faisais introduire plusieurs fois par jour de cette même pommade au moyen d’une bougie. Dès le premier jour il y eut soulagement; au bout de huit jours les douleurs étaient complètement dissipées et l’émission des urines plus rare. Il a suffi d’enduire la bougie dont le malade se sert habituellement, pour empêcher le retour des douleurs. L’embonpoint et les forces, que la continuité des souffrances avait fait perdre, se rétablirent peu à peu sous l’influence du calme moral, du repos et d’une alimentation analeptique.

On lit dans le London med. and phys. Journ. (1832) qu’un cas de dysurie, avec cessation complète des urines depuis vingt-quatre heures, céda, au bout de quelques secondes, à l’introduction dans l'urètre d'une bougie enduite de pommade de belladone. — Dans plusieurs cas de ce genre, Gérard, d’Avignon[1], a employé avec succès des frictions sur les régions hypogastrique et périnéale avec la pommade de belladone (8 gr. d’extrait pour 30 d'axonge).

Pour stupéfier les organes et faciliter le cathétérisme, il suffit d’enduire la sonde d'extrait de belladone, de même que pour l'introduction des instruments dans l'opération du broiement de la pierre.

(Cette action ne s’arrête pas à un effet local ; il résulte d’expérience faites sur lui-même par Crawcoar, qu’à la suite de l'introduction d'une sonde enduite de pommade belladonée, il se produit très-rapidement sur l’organisme les phénomènes physiologiques propres à l’agent employé. Ce pouvoir absorbant de l’urètre est limité à sa région prostatique et au col de la vessie ; car il est nul dans le reste du canal et dans le réservoir urinaire lui-même. Voilà une nouvelle porte d’entrée pour les substances actives qu'on ne pourrait employer par une autre voie.)

Phimosis et Paraphimosis. — Dans un cas de paraphimosis, Mazade, d’Anduse[2], fit recouvrir le gland et la partie étranglée avec 2 gr. d’extrait de belladone. Le gland se réduisit avec facilité au bout de douze à quinze heures. — Debreyne combat le paraphimosis au moyen d’onctions faites plusieurs fois le jour sur la partie affctée avec une pommade composée de 4 gr. d’extrait de belladone et de 15 gr. de cérat. — « Dans le paraphimosis, dit de Mignot[3], l’extrait de belladone dilate peu à peu le cercle de constriction formé par le prépuce ; il enlève l’inflammation et surtout la douleur, et, après l’emploi suffisamment prolongé de ce topique, la réduction est généralement possible et l’incision presque toujours inutile. » De Migml fait des onctions toutes les heures sur les parties affectées avec une pommade composée de 30 gr. de cérat simple, de 12 gr. d’extrait de belladone et d’une suffisante quantité d'eau distillée.

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  1. Journal des connaissances médico-chirurgicales, 1835.
  2. Gazette médicale de Paris, 1834.
  3. Journal des connaissances médico-chirurgicales, 8e année, 2e semestre, p. 272, et plus tard Bulletin médical de Bordeaux, 1842.


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Je fis cesser en quelques jours l’inflammation et l'étroitesse du prépuce chez un jeune homme de dix-huit ans, atteint d’une gonorrhée, en faisant baigner la verge pendant une demi-heure matin et soir dans une forte décoction tiède de feuilles de belladone. Dans un cas de paraphimosis porté à un haut degré, avec inflammation et gonflement considérable du gland qui rendaient toute manoeuvre de réduction impossible, j’obtins un soulagement presque immédiat, la résolution et enfin la guérison en quelques jours, au moyen de l’application souvent répétée de suc frais de feuilles de belladone mêlé avec autant d’eau tiède.

Constriction spasmodique et rigidité du col utérin. — Lorsque le col utérin résiste spasmodiquement aux violentes et longues contractions de la matrice, on l’enduit, pour le dilater, avec l'extrait de belladone. Chaussier, qui le premier eut recours à ce moyen, portait sur le col de l’utérus, à l’aide d'une seringue ayant une large canule, 8 gr. d'une pommade composée de 60 gr. de cérat ou d'axonge, de 60 gr. d'eau distillée et de 8 gr. d'extrait de belladone. — Aux observations de Chaussier vinrent se joindre plusieurs faits recueillis par Blackett (in Roques). Toutefois, ce dernier vit, dans un cas, ce médicament produire à la fois la dilatation et la paralysie de la matrice. Ce résultat est d’autant plus rare que les contractions du corps de cet organe sont plus violentes, et la résistance de son col plus grande. Si, en même temps que la belladone fait cesser la rigidité de cette dernière partie, les contractions du corps de l’utérus diminuent et devienment insuffisantes ou nulles, on leur rend toute leur énergie en administrant le seigle ergoté. Tout médecin ami de la science et de l'humanité doit s'incliner devant le triomphe du concours, vers un même but, de ces deux substances de nature opposée, et aussi merveilleuses qu’inexplicables dans leur action. — Beaucoup d’accoucheurs ont dû l'avantage de voir le col utérin se dilater dans des cas de constriction contre lesquels on n’employait autrefois que la saignée, les bains, les injections mucilagineuses, etc., moyens d’une action lente et incertaine. — Mandt[1], Conquest[2], Carré[3] ont retiré les plus grands avantages de ce moyen dans les cas dont il s’agit. — Gouvion[4] est parvenu, à l’aide de frictions faites avec l'extrait de belladone sur un col utérin squirreux en plusieurs points, à le dilater assez pour livrer passage à un fœtus. Si l’on n’obtient pas toujours des résultats avantageux de ce médicament, cela tient, selon Delmas[5], à la manière de l’appliquer, qui consiste à le porter sur le col de l’utérus au moyen de l'extrémité du doigt ; il faut pratiquer des injections au fond du vagin avec la solution aqueuse chaude de cet extrait. — Mandt faisait simultanément des frictions sur le col utérin avec une pommade analogue à celle de Chaussier, mais il pratiquait aussi des injections avec l’infusion des feuilles de belladone, et appliquait sur le ventre des cataplasmes préparés avec la même plante.

J’ai eu plusieurs fois occasion d’employer la pommade de belladone dans le cas de rigidité spasmodique du col utérin pendant l’accouchement. L’effet en a été prompt et satisfaisant. Une fois j’ai introduit de cette pommade dans l’utérus pour faire cesser le resserrement partiel de cet organe, produisant l’e nchatonnement du placenta; mais je ne puis assurer que la dilatation n'eût pas eu lieu sans cela, ainsi qu'on l'observe fréquemment quand on attend quelques minutes, et que l’on sollicite les contractions générales de la matrice par des frictions sur l'hypogastre. Dans un cas de providence du cordon ombilical chez une jeune femme primipare, dont le col utérin

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  1. Rust’s Magazin, t. XIX, p. 350.
  2. London med. repository, mars 1828.
  3. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, juillet 1833.
  4. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, juillet 1833.
  5. Union médicale, 1852.


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effacé, mais résistant, épais, douloureux, avait trois à quatre centimètres d’ouverture, j’ai pu obtenir en très-peu de temps, au moyen d'onctions faites avec le doigt, entre la matrice et la tête de l’enfant, une dilatation qui me permit d'employer le forceps et de sauver l'enfant.

(L’emplâtre de belladone, étant plus solide que l'extrait, est plus facilement mis et maintenu en contact avec l'orifice utérin. On doit l’employer de préférence. Dans le même but, je mets souvent en usage le beurre de cacao, dans lequel on enrobe de l’extrait de belladone. Beck[1] s’en est servi pour dilater le col, dans un cas de polype intra-ulérin, dont il voulait ainsi favoriser l'arrachement.)

Extrait aqueux de belladone comme succédané du seigle ergoté dans la pratique obstétricale. — Soma, de Magliano[2], a obtenu d’heureux résultats de l'extrait de belladone employé dans le but de ranimer les contractions utérines trop languissantes, et d’amener, par conséquent, une plus prompte dilatation du col de cet organe. Dans les trois cas rapportés par l’auteur, le col était peu dilaté, malgré les contractions utérines faibles ou ralenties. La dose du médicament était très-élevée ; — (50 centigr. dans 125 gr. d’émulsion de gomme arabique et 30 gr. de sirop simple : deux cuillerées de dix minutes en dix minutes) ; — après l’administration de la moitié de cette potion, les contractions utérines devinrent énergiques, à la suite desquelles l’accouchement eu lieu. Soma fut quelquefois obligé de porter la dose jusqu’aux trois quarts de la potion, et pourtant sans aucun inconvénient, la tolérance en pareil cas était très-grande. — Il semble résulter des faits observés par Soma, que dans beaucoup de cas on pourrait substituer l’extrait de belladone au seigle ergoté : 1° parce qu’il est plus agréable à prendre que le seigle ergoté ; 2° parce que les cas de vomissements spasmodiques, qui ne sont pas rares, empêchent l’absorption des médicaments, tandis que la belladone calme en même temps ces vomissements par ses propriétés antiémétiques ; 3° parce que ce médicament paraît agir avec plus d’énergie et de promptitude que le seigle ergoté, dont l’action est toutefois plus prolongée ; 4° parce que les accouchées ne conservent pas, à la suite de l’extrait, ces contractions utérines qui se prolongent quelquefois plusieurs heures et même plusieurs jours après l’accouchement, dans les cas où le seigle ergoté a été administré, bien que ; à vrai dire, on puisse observer quelquefois ces contractions dans des accouchements où la malade n’a pris aucun médicament.

Affections utérines. — Dans certaines douleurs utérines qui dépendent de la rétention des menstrues, Trousseau et Pidoux obtiennent des effets avantageux de l’application extérieure de la belladone. — Bretonneau, qui attribue ces douleurs à la rigidité du col utérin s’opposant à l’écoulement menstruel, emploie avec succès l’extrait de la même plante porté sur cette partie. — Rousseau[3] se sert, dans les douleurs névralgiques de l’utérus, les métrites douloureuses, etc., d’un topique composé de 0,10 d’extrait alcoolique de belladone, de 0,05 d'opium. Ce mélange est placé au milieu d’un plumasseau de charpie ; on noue celui-ci d’un fil, et on l’introduit dans le vagin jusqu'au col de l'utérus. On le laisse en place pendant vingt-quatre heures. Dans les métrites douloureuses accompagnées de leucorrhée, ou ajoute 30 centigr. de tannin. — Bérard[4] cite un cas de constriction douloureuse de la vulve, analogue à celle du sphincter de l'anus dans la fissure, et qui s'opposait à l'acte du mariage. Il prescrivit d’introduire dans le

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  1. Bulletin de thérapeutique, 1858.
  2. Bulletin de thérapeutique, t. XLVI, p. 547.
  3. Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, 1853, p. 24.
  4. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, art. 2040, 1843.


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vagin des mèches de plus en plus grosses, enduites de pommade de belladone. On faisait, en outre, des injections à l’entrée du vagin avec la solution de ratanhia. Il ne fallut que trois semaines pour dissiper cette constriction douloureuse. — Mestler, de Schelestadt[1], considérant le rétrécissement du col utérin comme une cause fréquente de stérilité, propose, pour y remédier, la dilatation au moyen d’une éponge enduite de pommade de belladone. Cette opinion n'est pas dénuée de fondement. J’ai eu l'occasion de mettre ce moyen en pratique, non pour remédier à l’étroitesse de l'orifice utérin, mais pour combattre l’extrême irritabilité de cette partie, que je considérais comme la cause de la stérilité chez une jeune femme mariée depuis quatre ans. Comme chaque mois il y avait pléthore locale et dysménorrhée, je prescrivis, en outre, deux ou trois jours avant l’époque menstruelle, une saignée du bras de 500 gr., l'usage des bains tièdes généraux, et une grande modération dans le coït. Cette jeune femme devint enceinte après un mois de ce traitement. — J’ ai fait cesser des douleurs utérines très-intenses, suite d’un effort et annonçant un avortement presque inévitable, au moyen de la pommade de belladone appliquée à plusieurs reprises sur le col utérin.

Scarlatine. — C’est à Hahnemann[2] que l'on doit la découverte de la propriété prophylactique de la belladone contre la scarlatine. Ce médecin ayant remarqué, après l’administration à l’intérieur de petites doses de bellapone, l'apparition sur la peau de plaques rouges analogues à celles de la scarlatine, en a conclu, d’après la loi homœopathique des semblables, qu'elle devait être un préservatif de cette maladie. Il faisait prendre deux ou trois cuillerées par jour du mélange de 10 centigr. d’extrait de belladone dans 500 gr. d’eau. — En 1808, une épidémie de scarlatine exerçait ses ravages dans le bailliage de Hilschenbach ; déjà un grand nombre de personnes en étaient mortes ; Schenck[3] fit prendre le préservatif de Hahnemann à cinq cent vingt-cinq personnes. Sur ce nombre cinq cent vingt-deux furent préservées. — Hufeland dit que dans une épidémie des plus violentes, tous ceux qui ont fait usage de la belladone en furent préservés.

(Nous pourrions multiplier les citations sans grand profit pour le lecteur ; il trouvera dans la monographie de la belladone de Cazin père, la liste presque complète des observateurs qui ont publié des faits d’immunité concluants.)

Mais nous devons mentionner Stiévenart comme le médecin qui a fourni en faveur de cette propriété les preuves les plus incontestables[4]. Dans une commune des environs de Valenciennes, où l’épidémie avait déjà fait quatre-vingt-seize victimes , il fit prendre ce préservatif à quatre cents individus, et tous, sans exception, furent à l’abri de la contagion. D’autres personnes, qui habitaient la même localité et qui étaient soumises aux mêmes influences, n’eurent point recours au préservatif et contractèrent la maladie. Stiévenart emploie la teinture de belladone à la dose de deux gouttes par jour dans une potion, pour les enfants d’un à trois ans, à celle de trois gouttes pour ceux de trois à six ans ; passé cet âge, il augmente d’une goutte chaque année.

Pendant une épidémie de scarlatine qui régna à Calais en 1823, j’étais chargé, comme médecin du bureau de bienfaisance, de soigner vingt-cinq familles indigentes agglomérées dans une ancienne caserne. J’administrai moi-même la teinture de belladone à soixante enfants : tous furent préser-

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  1. Gazette médicinale de Strasbourg, 1852.
  2. Traitement prophylactique de la scarlatine. Gotha, 1801.
  3. Journal de Hufeland, mai 1812.
  4. Bouchardat, Annuaire, 1845, p. 33.


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vés, à l'exception d'un seul qui fut faiblement atteint. Il est à remarquer que ces enfants couchaient pêle-mêle avec les malades atteints de scarlatine.

Malgré tous les faits que nous venons de citer, on a contesté à la belladone sa vertu préservatrice. Joseph Franck lui refuse cette propriété par la seule raison qu’elle émane de l'homœopathie. « Je n’ai point employé la belladone, dit-il, comme moyen prophylactique contre la scarlatine, parce que le sens commun s’opposait à ce que je me servisse de ce remède aux doses minimes et ridicules de Hahnemann. » — Giacomini regarde comme douteuse la propriété préservatrice de cette plante ; il se fonde sur ce qu’on ne pourrait pas s’assurer, selon lui, que les enfants qui ne furent pas atteints de la scarlatine en prenant le médicament, l’auraient été en ne le prenant pas. D’après ce raisonnement, toute expérimentation devient inutile, et la vaccine même eût été rejetée par Jenner. — Souvenons-nous que Dupuytren ne voulut jamais, malgré l'évidence, admettre les propriétés obstétricales du seigle ergoté, et que Magendie se prononça à priori et irrévocablement contre l’emploi du chloroforme. — « Quelque imposantes que soient les autorités qui vantent la vertu prophylactique de la belladone dans le cas qui nous occupe, disent Trousseau et Pidoux, nous avouerons que nous ne pouvons que rester dans le doute, attendu que nous ne savons jusqu’à quel point les praticiens, dont nous récusons ici presque entièrement les conclusions, avaient justement apprécié tous les effets des influences épidémiques. »

Eh quoi ! Il s’agit d’un moyen simple qui peut rendre les plus éminents services, et, avant de récuser presque entièrement les conclusions de praticiens éclairés et de bonne foi qui ont vu, Trousseau et Pidoux ne veulent pas voir, ne cherchent pas à s’éclairer, à se convaincre par l’observation ? et pourtant, thérapeutistes consommés, est-ce là la marche qu'ils suivent habituellement dans la recherche des vérités pratiques qui distinguent leurs travaux ? Non, bien certainement. Ils réfutent eux-mêmes, par l’expérience qu'ils invoquent tous les jours contre des raisonnements que rien ne justifie, l’opinion qu'ils ont si légèrement émise sur la vertu prophylactique de la belladone. In medicina majorem vim habet experientia quàm ratio. (Baglivi.)

Mais voici des objections plus sérieuses. Raminski[1] affirme avoir eu de trop fréquentes occasions d’observer les mauvaises effets de la belladone pour croire à sa vertu préservatrice. — Lehmann[2], dans une épidémie, de scarlatine qui régna à Torgau en 1825, ne put obtenir le moindre avantage de l’emploi de ce médicament. — Les observations de Teuffel[3] viennent à l’appui de celles de Lehmann. Ce sont là des faits exceptionnels qui ne peuvent en rien détruire les faits bien plus nombreux qu’on leur oppose. On peut encore se demander si le médicament était bien préparé, s’il n'avail pas perdu sa vertu par la vétusté, si les enfants l'ont régulièrement pris...

La belladone a été aussi employée comme moyen curatif dans la scarlatine. Barthez[4] a eu recours à la fumée des feuilles de cette plante dans une épidémie de scarlatine accompagnée de bronchite. Ce moyen, qu'il faisait toujours précéder d’émissions sanguines abondantes, lui a été très-avantageux. — (Socquet[5] profite de l’action astringente de la belladone (Wharton Jones) sur les vaisseaux capillaires, qui amène la siccité et la pâleur des muqueuses, pour combattre l’angine scarlatineuse.)

Erysipèle. — Bock (Tragus), qui, à l'époque de la renaissance des lettres,

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  1. Rust's Magazine, t. XXIII.
  2. Ibid.
  3. Annalen für die gesammte Heilkunde, 1828.
  4. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, novembre 1835.
  5. Journal de médecine de Lyon, septembre 1864.


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eut le mérite de donner à la botanique une impulsion nouvelle, parle de l’utilité des feuilles de belladone employées à l’extérieur pour combattre l’érysipèle. — Gauneau et Mériot[1] ont employé avec succès, dans cette phlegmasie, des frictions sur la partie malade, trois ou quatre fois par jour, avec une pommade composée de 3,00 d’extrait de belladone et de 20,00 d’axone. Ils considèrent ce traitement comme supérieur à tous ceux employés jusqu’à ce jour. — Chevalier[2] dit avoir obtenu de bons effets de la pommade de belladone dans la même affection.

La propriété que possède la belladone de produire, dans certains cas, une éruption analogue à l’érysipèle, a suggéré l’idée à Yvaren de l'employer dans cette maladie. Il cite le cas d’un érysipèle des nouveau-nés, guéri au moyen de la teinture de belladone administrée à la dose d’une à deux gouttes dans la journée, en solution dans 100 gr. d’eau, dont le malade prenait une cuillerée chaque heure[3].

D’après Rasori, Borda, Tommasini, Rognetta, Giacomini, etc., la belladone ne serait efficace que dans les affections à fond hypersthénique, c’est-à-dire dans celles où le traitement antiphlogistique est indiqué. Ils la regardent comme un puissant auxiliaire de la saignée. Selon Rognetta, des maladies inflammatoires très-graves ont été traitées en Italie uniquement par la belladone. Bien qu’un grand nombre de faits aient été publiés à l'appui de cette manière de voir, les médecins français sont loin de l’avoir adoptée sans restriction. Dans les phlegmasies superficielles, dans celles des organes doués d’une vive sensibilité, où l'élément douleur domine, il est incontestable que la belladone peut être d’une grande utilité, quod sedat curat ; mais alors c’est plus ordinairement à l’extérieur qu'à l'intérieur qu'on l'emploie. Au reste, l’idée d'opposer la belladone aux phlegmasies n'est pas nouvelle. On trouve dans Tragus le passage suivant : « Herba humus solani una cum flore, et fructu suo maturo, in fine maii distillata, omnis generis internis ardoribus et inflammalionibus prœsenlissimo est remedio, si singulis vicibus mesura II aut III cochlearium ea aqua bibatur, et foris etiam linteolis lineis excepta imponatur. »

Phlegmasie des membranes séreuses. — Dans un cas d’ascite aiguë survenue chez une jeune fille de treize ans, à la suite d’une diarrhée brusquement supprimée, Trousseau[4], se plaçant au point de vue d’une phlegmasie très-superficielle, sécrétoire et douloureuse de la membrane séreuse abdominale, s’adressa à l'élément douleur pour abattre l'inflammation et l'hypersécrétion. Le ventre fut couvert de cataplasmes arrosés avec une mixture composée de parties égales d’extrait de belladone, d’extrait d’opium et d’une suffisante quantité d’eau pour donner à ce mélange la consistance de sirop. En même temps, on administra le calomel à doses fractionnées. Bientôt les douleurs s'apaisèrent, et, au bout de dix jours, l'épanchement séreux avait entièrement disparu ; mais l'absorption de la belladone avait produit une paralysie temporaire de la vessie, avec rétention d'urine.

J’ai calmé très-promptement une douleur pleurétique intense, et qui avait résisté à une saignée copieuse du bras et à une ample application de sangsues, au moyen d’un cataplasme de décoction de feuilles de belladone et de mie de pain. Ce moyen convient surtout dans les cas où la douleur est disproportionnée à l’inflammation et s'entretient par un état nerveux toujours facile à reconnaître. Ne pourrait-on pas employer avec avantage cette médication pour apaiser les douleurs aiguës de la méningite tuberculeuse ? Des onctions avec la pommade de belladone et l'onguent mercuriel

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  1. Abeille médicinale, 1850.
  2. The London med. and physic. Journ., 1820, p. 403.
  3. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1849.
  4. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1855, p. 205.


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combattraient à la fois l’élément douleur et l'élément inflammatoire. — Barbier pense que cette plante est contre-indiquée quand il y a de l'irritation ou de la phlogose sur quelque point de l'encéphale, et qu'elle augmente les accidents quand on l'administre dans l'arachnoïdite, la célébrite partielle, etc. Nous ne partageons pas cette opinion, qui, d'ailleurs, n'est appuyée sur aucun fait.

Maladies des voies respiratoires. — Rilliet et Barthez pensent que la belladone pourrait être très-utilement employée dans le traitement de la laryngite spasmodique, et qu’on pourrait la substituer au musc et à l'assa-fœtida dans les cas graves ou lorsque les accès sont fréquemment répétés. — Popper[1], se fondant sur plus de cinq cents observations, affirme qu’il n'est pas de meilleur remède contre l'angine tonsillaire que la teinture de belladone administrée en potion. Ce médicament, qui, du reste, ne convient ni dans l’angine diphtérique ni dans celle qui est de nature syphilitique, produit si rapidement l’effet désiré, que, le plus souvent, la guérison ne se fait pas attendre au delà de vingt-quatre heures !...

De Larue, de Bergerac[2], rapporte une observation de pneumonie au troisième degré et annonçant une fin prochaine, dans laquelle 15 centigr. d’extrait de belladone en solution dans 10 gr. de sirop, administrés en une seule fois, a produit des effets prodigieux. « Variable selon l’exigence des cas, dit de Larue, notre nouvelle méthode de traitement est, comme toutes les médications héroïques, décisive, d’une pratique généralement difficile, parfois périlleuse. » Cette observation a pour épigraphe : La hardiesse est quelquefois une sage prudence. — Delchiappa[3] cite l'observation d'une pneumonie chez un berger robuste, âgé de seize ans, où la poudre de racines de belladone, donnée à haute dose jusqu’à intoxication légère, avait amené la guérison.

Dysenterie. — Le sirop préparé avec les baies de belladone, à la dose d’une petite cuillerée, a offert à Gesner un moyen rapide de guérison dans une épidémie de dysenterie. « Ut vel ligulæ, aut cochlearis parvi mensura somnum inferat, fluxiones sistat, dolores tollat, dysenteriam curet ; gratus est plane, sed cavendum ne ampliùs detur[4]. »

Leclercq[5] fait appliquer au-dessus du pubis un large emplâtre quadrilatère d'extrait de belladone. Chaque emplâtre doit être renouvelé toutes les vingt-quatre heures chez les malades gravement atteints, ou chez les dysentériques qui n'ont été soumis au traitement qu'après le huitième jour delà maladie. Chaque emplâtre de belladone doit être composé d’au moins 30 gr. d'extrait préparé au bain-marie. L’emplâtre de datura produit le même effet. Dans les cas graves, il est bon d'alterner l'emplâtre d'extrait de datura, et vice versa. Les résultats obtenus de l'emploi de la belladone à l'intérieur dans la dysenterie n’ont pas été assez décisifs pour que Leclercq puisse conseiller ce mode de traitement. Toutefois, il est persuadé que cette affection, combattue dès le début par les solanées vireuses convenablement administrées à l’intérieur, céderait à leur action.

(J’ai combattu avec le plus grand succès le ténesme si pénible de la dysenterie par des lavements répétés de belladone. Toutes les deux heures, je faisais pratiquer une injection anale avec 150 gr. d’eau et 2 à 5 centigr. d’extrait. Malgré l'élévation relative de la dose, je n'ai jamais constaté de

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  1. Annales médicales de la Flandre occidentale, 1856.
  2. Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, t. II, 1854, p. 8.
  3. Mem. intoruo la vita di Borda.
  4. Epist., lib. I, fol. 34.
  5. De la médication curative de la dysenterie aiguë et de la dysenterie chronique, etc. Tours, 1856.


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sécheresse à la gorge, etc. J’associe souvent la belladone au ratanhia dans ces cas.)

Blennorrhagie. — Blackett[1] conseille, surtout dans la blennorragie cordée, les frictions sur le canal de l’urètre avec l'extrait de belladone. J'ai plusieurs fois employé ce moyen avec succès. On peut administrer concurremment à l’intérieur la lupuline, dont les effets anaphrodisiaques ont été récemment constatés. (Voy. l'art. Houblon.)

Panaris, orchite, brûlure, engelure, contusions. — Debreyne dit avoir guéri, en deux ou trois jours, des panaris très-graves, par l’application d’une pommade composée de deux parties d'onguent napolitain, d'une partie d'opium et d'extrait de belladone. La partie malade est recouverte avec cette pommade, et toutes les heures ont fait des frictions pour favoriser l’absorption. J’ai souvent employé le mélange d’onguent mercuriel et de pommade de belladone pour arrêter le panaris à son début, et j’ai presque toujours réussi. Le cataplasme de feuilles fraîches de belladone calme très-promptement la douleur et produit le même effet. — Groenendals a ordonné avec succès, dans les mêmes cas, les cataplasmes de mie de pain et d’extrait de belladone.

(Dans l'orchite, ce traitement réussit souvent. La teinture d’iode, associée aux préparations de la plante qui nous occupe, constitue un excellent résolutif. Il en est de même de l'iodure de potassium.)

La décoction, le suc étendu dans l’eau, l'extrait délayé, appliqués sur une brûlure du premier degré, calment promptement la douleur et préviennent l’inflammation. Mais ces applications ne sont pas sans danger sur les surfaces dénudées, à cause de l'absorption du médicament. Dans les engelures non ulcérées ces topiques sont très-efficaces.

Gaglia a vu des contusions très-fortes, avec douleurs intenses, céder à des onctions de pommade de belladone. En pareil cas, j’ai souvent prévenu l’inflammation et le gonflement par l'application des feuilles fraîches de bellapone, ou, à défaut de celles-ci, de cataplasmes faits avec la décoction des mêmes feuilles sèches et la mie de pain.

Hémorrhagies. — Hémoptysie. — Dans sept cas d’hémoptysie que Schrœder[2] a eu occasion de traiter, l’hémorrhagie s'est presque toujours arrêtée immédiatement après l'emploi de fumigations de feuilles de belladone incisées finement (4 gr. jetés sur des charbons ardents) et que l’on fait respirer au malade. — De Cigalla, médecin du roi de Grèce[3], a arrêté plusieurs fois l’hémoptysie en faisant fumer à ses malades le mélange de feuilles de belladone, de feuilles de digitale et de fleurs de pavot. Ce médecin prétend aussi avoir guéri des phtisiques par le même moyen ! — Dubois, de Tournay[4], a fait promptement cesser un crachement de sang très-abondant chez un sujet d’une constitution grêle, à poitrine étroite, en lui faisant fumer trois ou quatre pipes par jour de feuilles de belladone.

Hématémèse. — Camerer[5] a recommandé l’usage de la belladone dans cette espèce d'hémorrhagie. Dans le but de diminuer la grande irritabilité de l’estomac, Schœhlin, de Berlin[6], en conseille aussi l’emploi dans ce cas.

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  1. The London med. repository, 1823.
  2. Abeille médicale, 1844, p. 109.
  3. Ibid., 1845, p. 211.
  4. Journal de la Société de médecine de Gand, 1852, p. 40.
  5. Férussac, Bulletin des sciences médicales, t. V, p. 55.
  6. Annali univ. di med., avril 1845.


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Métrorrhagie. — Dubois, de Tournay[1], rapporte l’observation d’une métrorrhagie abondante, ayant quinze jours de durée, avec douleurs gravatives dans les lombes, pâleur, affaiblissement, contre laquelle on avait inutilement employé le ratanhia, et qui diminua au moins des trois quarts dès le second jour de la médication suivante : Frictions sur la région utérine avec la pommade de belladone (15 gr. pour 30 d’axone) ; potion composée de 10 centigr. de belladone et de 120 gr. d’eau distillée de laitue, à prendre par cuillerée. L’infusion de sauge (30 gr. pour 1 kilog. d’eau) fit disparaître entièrement cette hémorragie, restée stationnaire à un faible degré, malgré l'usage de la belladone. « Une autre femme, de quarante-cinq ans, dit Dubois, était réduite à un état de faiblesse extrême, par suite d’une métrorrhagie abondante qui durait depuis trois semaines. Soumise au même traitement que la malade de l’observation précédente, l'hémorrhagie s'arrêta complètement dès le second jour de son emploi.

Fièvres. — Fièvres intermittentes simples. — Quand la fièvre intermittente renaît sans cesse après l’usage devenu inutile des préparations de quinquina, ce qui arrive particulièrement aux quartes, Hufeland recommande la belladone à la dose de 15 à 20 centigr. par jour. — Stosch[2] a reconnu son efficacité dans ces circonstances. — Nepple[3] vante l’extrait de belladone, à la dose de 20 à 50 centigr., contre les fièvres intermittentes névralgiques. — Isensée et Romberg[4] se servent avec avantage de la formule suivante dans le traitement de la fièvre intermittente : Sulfate de quinine, 2 gr. 50 centigr. ; extrait aqueux de belladone, 10 centigr. ; extrait de ménianthe, q. s. pour vingt pilules, dont on prend une toutes les trois heures. Ces pilules, suivant Isensée, réussissent neuf fois sur dix dans toute espèce de fièvre intermittente. — Perrin[5] a employé ces pilules avec le même avantage, mais en doublant la dose d’extrait de belladone. La première pilule est prise immédiatement après le premier accès, et les suivantes de quatre heures en quatre heures, jusqu’à concurrence de trois pilules en vingt-quatre heures seulement. Les malades restent ainsi placés pendant près de sept jours sous l’influence de la médication ; et comme l’ingestion des six premières pilules est suivie presque toujours de la disparition des accès, il en résulte que les quatorze pilules restantes, qui sont prises les jours suivants, toujours au nombre de trois, matin, midi et soir, préviennent le retour de la fièvre. Le sulfate de quinine, comme on le voit, n'intervient ici que dans des proportions vraiment économiques.

Fièvres intermittentes pernicieuses. — Dans un cas de fièvre intermittente pernicieuse avec délire et douleur atroce à la région frontale, dont les trois premiers accès avaient été exaspérés par le sulfate de quinine, Ducros, de Marseille[6], fit cesser le quatrième par l’administration de 60 centigr. d’extrait de belladone dans l’intermission. Le malade, exposé de nouveau aux effluves marécageux des bords du Rhône, fut repris de la même maladie, et guérit par le même moyen.

Dans la fièvre pernicieuse cholérique que j’ai eu souvent l’occasion d'observer pendant les chaleurs de l’été dans les marais du Calaisis, l'opium à l’intérieur et la belladone appliquée à l'épigastre faisaient presque toujours cesser les vomissements et les évacuations alvines qui avaient lieu pendant l’accès.

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  1. Journal de la Société de médecine de Gand, 1852, p. 40.
  2. Casper's Wochenschrift, 1835.
  3. Traité sur les fièvres rémittentes et intermittentes.
  4. Schmidt's Jahrbuch, 1836-1837.
  5. Bulletin de la Société de médecine de la Sarthe, 1852.
  6. Rapport des travaux de l'Académie de Marseille, 1827.


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Fièvres continues. — Graves[1] considère la belladone comme un remède efficace dans certaines fièvres ataxiques accompagnées de rétrécissement de la pupille. L'action de la belladone semble justifier cette opinion.

Affections oculaires. — (La belladone, agent mydriatique par excellence, est fréquemment employée dans les affections oculaires. L'introdiction d'une solution atropinée dans L'oeil amène la dilatation pupillaire dans un espace de temps qui varie entre dix et vingt minutes, et qui, dans tous les cas, est en rapport avec l’intensité de la dose. En même temps, la vue se trouble, pour deux raisons ; d’abord, une plus grande surface de la lentille venant à être mise à découvert, un certain nombre de rayons divergents pénètrent dans l’œil, et, comme le foyer de tous ces rayons ne se formeras au même point, il en résulte que le contour des objets paraît moins net. En second lieu, la belladone paralyse l’appareil accommodateur de l'oeil, qui ne peut plus s'accommoder aux petites distances[2]. Sous ce rapport, on observe des différences notables entre les divers individus ; il y a des yeux qui sont disposés de telle façon qu’ils peuvent encore voir les objets placés à une certaine distance, tandis que d’autres ne voient pas les objets à quelque distance qu’ils soient placés.

L’instillation belladonée produit quelquefois un phénomène très-curieux, consistant à faire voir tous les objets plus petits que nature, que Donders, qui l’a signalé le premier et observé sur lui-même, a désigné sous le nom parfaitement approprié de micropsie[3].

Cette particularité, observée depuis par Warlomont, Cornaz, de Neufchâtel, Sichel, van Roosbrœck, paraît, vu sa rareté, n’être liée qu’à une idiosyncrasie du sujet.

La belladone ou l’atropine maintiennent la pupille dilatée pendant quatre, cinq et quelquefois huit jours. — Nous avons vu que l’opium et la solution d’extrait de calabar pouvaient abréger cet espace de temps.)

(Il résulte des recherches de Lemattre que l’atropine a un pouvoir mydriatique supérieur à celui de la daturine et l'hyosciamine, sous le rapport de la rapidité et de la durée d'action.)

Phlegmasies. — L’emploi de la belladone dans l’ophthalmie n'est pas nouveau. — Tragus en parle ainsi : « Succus albumine ovi temperantus oculis impositus, inflammationes eorum tollit. » — Vicat dit que, depuis longtemps, Welsh avait recommandé cette plante contre les phlegmasies de l’œil. Dans certaines ophthalmies dont le symptôme le plus saillant est la photophobie avec larmoiement abondant, Lisfranc faisait pratiquer des frictions sur les tempes et derrière les oreilles avec 4 gr. d’extrait de belladone délayé dans un peu d'eau. Quelquefois il faisait instiller dans l’œil une solution de 5 à 10 centigr. de cet extrait dans 120 gr. d’eau distillée de rose ou de plantain. Ce traitement, que Dupuytren employait déjà depuis longtemps, a réussi dans beaucoup d’ophtalmies qui avaient résisté aux moyens ordinairement mis en usage. — Les lotions faites avec une faible infusion de jusquiame ou de belladone sont préconisées par Jungken, de Berlin[4], contre l’ophtalmie militaire avec irritabilité extrême des yeux. — Sichel[5] considère les antiphlogistiques et les frictions faites avec 1'extrait de belladone, quatre à huit fois par jour, sur le front, la région sous-orbitaire, les pommettes, les tempes, comme les moyens les plus efficaces contre la photophobie. Quand le mal résiste, il y joint l'emploi de la bella-

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  1. Dublin Journal, juillet 1838.
  2. Voyez page 141.
  3. Annales d’oculistique, 1853.
  4. Mémoire sur l’ophthalmie qui règne dans l’armée belge, p. 23.
  5. Traité de l'ophthalmie, p. 46.


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done à l'intérieur. — Une ophthalmie violente, avec rétrécissement considérable de la pupille, avait résisté pendant trois mois à tous les moyens employés. Mandeville la voit céder en quinze jours à l’usage de l’extrait de belladone administré à l’intérieur à la dose d’un sixième de grain par jour, et à l’instillation dans l’œil, en même temps, de quelques gouttes de là décoction de la plante. — Quand l’ophtalmie est accompagnée de photophobie, Desmarres fait pratiquer cinq ou six frictions par jour, sur le front et sur les tempes, avec gros comme une noisette d’une pommade composée de : Miel blanc, 10 gr. ; d’extrait de belladone, 5 gr. ; de mercure, 5 gr. — Ammon, de Berlin[1], emploie le collyre suivant dans l’ophtalmie des nouveaux-nés : Extrait de belladone, 30 centigr., eau chlorurée, 10 gouttes ; eau distillée, 120gr. On applique sur les paupières, tous les quarts d’heure ou toutes les demi-heures, une éponge imbibée de cette solution tiède. — « Dans les ophtalmies des enfants, qui s’accompagnent si souvent d’iritis, l'emploi simultané du calomel à doses fractionnées, et de la belladone, appliquée en frictions autour de l’orbite, rend les plus utiles services. La belladone, toutefois, doit être continuée aussi longtemps que l'œil reste sensible à la lumière. »

Cade[2] remédie à la photophobie qui a lieu dans la sclérotique, et qui, selon lui, est due au tiraillement du ligament ciliaire congestionné et irrité, en instillant entre les paupières quelques gouttes d’une solution d’extrait de belladone.

Dans tous les cas où la sensibilité de l’œil est exaltée, soit par l'iritis on la rétinite, soit par une irritation nerveuse ou une excessive sensibilité du malade, soit enfin par un vice scrofuleux déterminant une véritable photophobie, Debreyne fait laver les yeux quatre ou cinq fois par jour avec une solution de 2 gr. d’extrait de belladone dans 125 gr. d’eau de roses. — Suivant Velpeau[3], l’extrait de belladone en frictions sur l’orbite produit peu d'effet dans le traitement de la kératite. Il préconise, au contraire, le collyre suivant : Extrait de belladone, 2 gr. ; laudanum liquide, 10 à 30 gouttes ; eau de rose, de mélilot, de bluet ou de plantain, 120 gr. On instille entre les paupières une certaine quantité de ce collyre trois ou quatre fois par jour. Velpeau regarde ce collyre comme plus nuisible qu’utile dans la kératite superficielle et dans la kératite ulcéreuse.

Dans la photophobie scrofuleuse, j’obtiens en quelques jours les plus heureux résultats par l’emploi de la décoction de la belladone ou de jusquiame en collyre, et l’usage, en même temps, de l'hydrochlorate de baryte à l'intérieur.

Saunders a, le premier, fait connaître les bons effets de la belladone dans l’iritis. « Cette substance, dit-il, appliquée convenablement sur l'oeil pendant le procédé adhésif de l'inflammation, force la marge interne de l'iris de s’étendre et dé s'éloigner de l'axe de la pupille, de surmonter l'obstacle provenant de l’agglutination de la lymphe, et d'allonger la bande organisée qui unit l'iris à la capsule, si le mal n'est pas ancien. Ainsi les adhérences sont réduites à une extrême ténuité, et il en résulte une transparence qui laisse passer les rayons lumineux. Si l’effet de l'inflammation a été léger, les adhérences seront peu de chose, et la pupille ne sera que légèrement irrégulière. L’iris conservera une certaine puissance d'action et la visionne sera que peu lésée. En général, la pupille est déformée, et l’iris parfaitement fixe ; mais si l’ouverture est assez grande et que la capsule ne soit pas devenue trop opaque, le malade pourra encore voir.[4].

Lorsque l’iritis se termine par exsudation, le professeur Stœber[5] con-

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  1. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1844, p. 12.
  2. Thèse sur les ophthalmies spéciales, 1837.
  3. Dictionnaire de médecine en 30 volume, art. Cornée.
  4. Annales de littérature médicale étrangères, par le docteur Kluyskens, t. VII, p. 140.
  5. Manuel pratique d'ophthalmologie, p. 127.


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scille l’usage de la belladone pour dilater la pupille et empêcher, autant que possible, cette exsudation de nuire à la vision. Quand elle a établi des adhérences entre la cornée et l’iris, ou entre celle-ci et la capsule cristalline, ou forme des filaments qui vont d’un côté de la pupille à l'autre, cet habile ophtalmologiste considère encore l'application de la belladone comme étant d’un grand secours. — Sichel a vu plus d'une fois les phlegmasies anciennes de l’iris, avec obstruction complète de la pupille, céder à l'emploi de ce médicament. — Suivant Caron du Villards, la belladone doit être employée dès le début de la maladie. « Car elle a, dit-il, le double effet de calmer les douleurs et la photophobie, et d’obtenir la dilatation de la pupille. Une fois que l’inflammation est intense, elle a peu d'action sur l'iris, et il faut seconder sa puissance par de nombreuses évacuations sanguines. » Il fait des frictions sur l’orbite le soir, parce qu’alors les douleurs sont plus violentes, et que pendant la nuit et le sommeil la pupille se contracte. — Dans l’iritis traumatique, Ammon[1] a employé avec avantage des embrocations faites sur l’oeil avec l'extrait de belladone délayé dans l'eau froide. Velpeau[2] combat préalablement, surtout au moyen du calomel, les principaux symptômes de la maladie. Une fois l'action mercurielle manifestée sur la bouche, il a recours aux frictions avec la pommade de belladone sur les paupiètes ou autour de l'orbite, à l'instillation de la solution aqueuse de l'extrait, afin de détruire, autant que possible, les adhérences, les angles, la forme irrégulière de la pupille. Selon Gerhard[3] et Debreyne[4], il ne faut recourir à ce médicament que lorsque la période aiguë de l’affection est passée ; avant, elle a, dit-il, des inconvénients réels, et ne peut combattre les contractions morbides de l’iris. — D’après Tonnelle, de Tours, quand on ne parvient pas à détruire, au moyen des préparations de belladone, les membranes qui se sont formées à la suite, de l’iritis, on a encore l’immense avantage d’empêcher l’oblitération de la pupille. Tonnelle emploie aussi ce médicament dans toutes les lésions traumatiques de l’iris, afin de prévenir l’oblitération de la pupille et les adhérences membraneuses, suite de l'iritis. Quand il ne peut parvenir à empêcher ces dernières, ce qui est rare, il maintient la pupille dans un état de dilatation tel, qu’on peut détruire les membranes à l’aide de l’aiguille avec la plus grande facilité. La meilleure préparation à employer, suivant le chirurgien de l’hôpital de Tours, est l’extrait aqueux dans l’eau distillée de la même plante, dans la proportion de 1 à 2, qu'on applique sur l’oeil malade, ayant soin de la renouveler de deux heures en deux heures.

Dans quelques cas d’iritis, Miquel a obtenu la dilatation de la pupille par le mélange du calomel et de la belladone, administré à l’intérieur, sans l'emploi des préparations de cette plante à l'extérieur.

Bulley emploie les lotions de belladone avec un peu de sulfate de cuivre, contre les iritis et les ophtalmies atoniques au début.— Escolar cite une observation d’iritis, qu’il appelle rhumatismale, guérie par la belladone à haute dose à l’intérieur et à l'extérieur.

Roguetta[5] regarde la belladone comme le remède spécifique de la rétinite. Il suffit de prendre matin et soir une pilule de 2 cent. 1/2 d’extrait de cette plante. Dans l’inflammation de la capsule, du cristallin (capsulitis), le professeur Stœber prévient l’adhérence de l'iris avec la capsule au moyen de la belladone.

Rétrécissement spasmodique de la pupille. — Dans le resserrement spas-

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  1. De iritide commentatio.
  2. Dictionnaire de médecine en 30 volumes, 2e édition, t. XVII, art. Iris.
  3. Abeille médicale, octobre 1851.
  4. Journal de la Société de médecine de Gand, 1853, p. 136.
  5. Revue médicale, janvier 1833.


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modique de la pupille, comme dans celui qui survient après avoir longtemps fixé les yeux sur des corps brillants et lumineux, Himly[1] conseille l'usage de la belladone. — Stœber prescrit les frictions de belladone ou de jusquiame dans le rétrécissement de la pupille dépendant de l'habitude.

Adhérences de l'iris. — Pour s'assurer si l'iris est adhérent, et pour prévenir cette adhérence, Himly (in Merat et Delens) conseille l'emploi de la belladone. Il suspend de temps en temps l’usage de cette plante, afin de produire alternativement des resserrements et des dilatations. — Velpeau emploie contre les adhérences qui ne sont pas trop anciennes une solution de quelques grains d'extrait de belladone dans une cuillerée à café d'eau, qu'il fait instiller matin et soir entre les paupières. Il laisse reposer l'oeil pendant deux ou trois jours. Lorsque la pupille a repris son état primitif, il fait recommencer la même opération, et ainsi de suite jusqu'à ce que ces adhérences aient été détruites par les tiraillements modérés et répétés que produit le médicament sur cette membrane. — Cunier[2] a remporté le plus grand succès, dans des adhérences irido-cristalloïdiennes qui duraient depuis des mois, des années, quelquefois avec abolition de la vue, en faisant introduire matin et soir, entre les paupières, gros comme une tête d'épingle d'une pommade composée de 30 centigr. d'atropine et de 4 gr. d'axonge.

Hernie de l’iris. — Beaucoup de praticiens ont employé la belladone dans le traitement des hernies ou des providences de l’iris. — Quand on n'a pu réduire, au moyen d'un stylet mousse, la hernie récente et produite par une lésion traumatique, Caron du Villars recommande l’usage de la belladone à l'intérieur et à l'extérieur. « Par ce moyen, dit-il, on obtient une dilatation grande et énergique qui, dans la plupart des cas, fait disparaître la hernie commençante ; cet état de l’iris devra être provoqué et maintenu pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, on cherchera à obtenir par tous les moyens possibles la cicatrisation de la cornée. » — Quand le prolapsus s’est fait par un ulcère ou par une ouverture très-petite, et qu’il ne peut être réduit mécaniquement, le professeur Stœber conseille la position sur le dos, l’occlusion des paupières, l'obscurcissement de la chambre, et l'instillation de la belladone. « Ces moyens, dit-il, dégagent quelquefois l’iris et donnent le temps à la cornée de se cicatriser, » Dans les cas où la cornée, ramollie ou ulcérée, menace de se perforer. — Sichel conseille, pour prévenir la hernie de l’iris, l’extrait de belladone en frictions autour de l’orbite et en instillation entre les paupières ; mais si le ramollissement ou l’ulcération occupent la circonférence de la cornée, cette médication, selon lui, peut être nuisible ; car alors la dilatation, en rapprochant davantage la partie libre de l’iris du point ramolli ou perforé, tend à favoriser l’accident qu’on cherche à éviter. — Velpeau[3] pense aussi que ce n’est que pour les procidences qui ont lieu assez loin de la sclérotique, qu’on peut recourir à l’emploi de la belladone. Dans ces cas seulement il y aurait, suivant lui, quelque chance de retirer l’iris en arrière en dilatant forcément la pupille. — Lorsque, dans la providence de l’iris, la pupille prend une forme oblique et allongée qui met obstacle au passage des rayons lumineux, on doit, suivant Bérard[4], tenter la réduction de la procidence, soit en exposant brusquement l’œil à la lumière, soit en repoussant l’iris hernie avec un stylet mousse, soit enfin en provoquant une dilatation permanente de la pupille, et par conséquent la rétraction de l’iris, en instillant de la

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  1. Bayle, Bibliothèque de thérapeutique, t. II, p. 454.
  2. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1848, p. 40.
  3. Dictionnaire de médecine en 30 volumes, t. XVII, art. Iris.
  4. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, t. XV, p. 387.


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belladone, — Dans un cas de vaste procidence de l'iris à travers une ulccération perforante de la cornée, Florent Cunier[1] a obtenu les résultats les plus satisfaisants d’une solution de 30 centigr. de sulfate d’atropine dans 4 gr. d'eau distillée, en instillation dans l'œil, matin, midi et soir.

Nyctalopie. — Debreyne cite un cas de nyctalopie qui avait été traité en vain par les sangsues et les vésicatoires, et qui fut guéri en huit jours par l’usage à l’intérieur de l’extrait de belladone porté graduellement à la dose élevée de 30 centigr. par jour. Leprestre[2] a traité une femme de trente ans, dont l’œil, qui ne présentait d’ailleurs aucune apparence de lésion, était tellement impressionné par le contact de la lumière, qu'il devenait impossible à la malade de supporter le jour. Elle ne voyait que des lames de feu et était condamnée à rester dans une obscurité profonde. Des frictions faites sur l’orbite avec un mélange d’extrait de belladone et d'onguent mercuriel double ont été suivies d'une prompte guérison.

Cataracte. — L’emploi de la belladone pour dilater la pupille et préparer l’œil à l'opération de la cataracte est aujourd'hui généralement connu et adopté. On évite ainsi plus facilement les lésions de l’iris, on observe mieux les mouvements de l’aiguille, et, si on le juge utile, on peut faire passer plus facilement des parcelles du cristallin dans la chambre antérieure. Continuée à un certain degré après l'opération, la dilatation de la pupille prévient le développement de l'iritis et l'oblitération pupillaire. Reimarus, de Hambourg (in Wilmet), fit le premier usage de la belladone dans ce cas, après la remarque faite d’abord par Ray que les applications de cette plante sur les paupières déterminent la dilatation des pupilles. Il faisait instiller quelques gouttes de l’infusion aqueuse peu d'heures avant l'opération. — Himly (in Bibliothèque Bayle), qui en constata ensuite les avantages, instillait entre les paupières, une ou deux heures avant, quelques gouttes de la solution de 1 gr. 20 centigr. d’extrait de belladone dans 30 gr. d’eau. — Demours, Antoine Dubois, Travers, Stœber, Caron du Villars, Sichel, Bérard, ont employé ce moyen avec le plus grand avantage. « J’emploie ordinairement, dit Caron du Villars, 8 grains de belladone et 4 grains de jusquiame dans un gros et demi d’eau ; l'association de ces deux médicaments produit une dilation plus grande que quand on les emploie isolément : il faut chercher à obtenir le plus grand degré de dilatation possible. » D'après cet ophthalmologiste, les blessures de l'iris seraient bien moins fréquentes depuis qu'on dilate la pupille au moyen de la belladone avant l'opération. « Si, dit-il, cet accident arrive très-souvent à Roux, ainsi qu’on peut s’en convaincre en lisant le travail de Maunoir jeune et les observations de Furnari, c'est que Roux n'emploie jamais la dilatation préalable de la pupille. » Ce dernier, en cela en désaccord avec tous les praticiens, prétendait que l’usage de la belladone communiquait à l’œil une disposition plus grande à s’enflammer par suite de l’opération.

Tonnellé (in Trousseau et Pidoux) réserve l’emploi de la belladone pour opération de la cataracte par abaissement ; il le rejette d’une manière absolue dans le procédé par extraction, parce que la dilatation artificielle de la pupille, inutile pour favoriser la sortie du cristallin, expose l’iris, pendant l’opération, au tranchant de l'instrument, et, après l'opération, à des adhérences vicieuses de la cornée.

Tonnellé parvient presque toujours à éloigner la cataracte secondaire, qui, suivant lui, est le résultat constant des fausses membranes qui se forment la suite de l’iritis, au moyen de la solution d’une partie d’extrait de belladone dans deux parties d'eau distillée de la même plante, qu'on appli-

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  1. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, 1848.
  2. Séance extraordinaire de la Société de médecine de Caen, de juin 1853.


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que sur l’œil malade, ayant soin, comme il est indiqué à l'article Iritis, p. 159, de la renouveler de deux heures en deux heures. Comme c’est ordinairement vers le quatrième jour de l’opération que se forment les produits membraneux, c'est alors, suivant Tonnellé, qu'il faut recourir à cette préparation : plus tard, il est plus difficile de réussir. Cependant le chirurgien de Tours y est parvenu au huitième, quelquefois au douzième jour. Au reste, lorsque la belladone ne détruit pas les fausses membranes, elle a au moins l’avantage de s’opposer à l'occlusion de la pupille.

Cunier[1] recommande l’atropine après l'opération de la cataracte par broiement, afin de maintenir une dilatation pupillaire qui favorise l’absorpiton et diminue les chances de voir survenir des adhérences. — Suivant Brookes[2], l’atropine produit la dilatation de la pupille plus rapidement et plus complètement que la belladone. Dans un cas où cette dernière avait produit peu d’effet, il obtint une large dilatation au moyen d’une pommade préparée avec 15 décigr. d'atropine et 8 gr. d'axonge.

Dieulafoy[3], avant l'opération de la cataracte par abaissement, fait instiller pendant huit jours, matin et soir, entre les paupières, quelques gouttes d’un collyre composé de 4 gr. d’extrait de belladone, de 20 centigr. de sulfate d'atropine, et de 30 gr. d'eau distillée de belladone. En outre, plusieurs fois dans la journée, on introduit dans les narines, pendant quelques minutes, un tampon de charpie imbibé de cette même liqueur. « Par cet emploi prolongé de la belladone, dit Cadéac[4], on obtient d’abord une dilatation très-grande de la pupille, ce qui permet au chirurgien de voir beaucoup mieux le jeu de son aiguille, et l’expose moins à la blessure, toujours grave, de l’iris. En outre, on produit une véritable anesthésie de l’œil, qui est doublement avantageuse : 1° en prévenant cette contraction spasmodique qu’éprouve toujours l’iris sous l'influence de la douleur provoquée par la piqûre de l'aiguille qui pénètre dans la coque de l'oeil, lorsque l'anestnésie dont nous parlons n'existe pas (on conçoit que cette contraction fait que l'emploi trop peu prolongé de la belladone est tout à fait inutile) ; 2° en diminuant momentanément la sensibilité de la rétine, et, par suite, en rendant beaucoup moins douloureuse la première impression de la lumière sur l’organe essentiel de la vision, qui en a été privé, et qui peut déterminer une irritation inflammatoire et compromettre ainsi le succès de l’opération.

Lorsque le cristallin est opaque dans son centre, ou qu’il existe des taies au centre de la cornée (cataracte centrale, taies centrales), on peut donner passage aux rayons lumineux à côté de la partie opaque qui les intercepte, et rendre au malade la faculté de voir les gros objets. « A cet effet, dit Debreyne, nous faisons instiller tous les jours, ou de deux jours l’un, une goutte de solution saturée d’extrait de belladone dans les yeux, afin de maintenir la pupille suffisamment large pour dépasser la circonférence de la tache ou le noyau opaque du cristallin cataracte. C’est ainsi que nous avons fait voir plusieurs aveugles qui ne pouvaient plus se conduire, et qui aujourd’hui, munis d’une solution d'extrait de belladone, se promènent librament depuis plusieurs années ; et un entre autres qui était complètement aveugle depuis cinq ans par une large taie centrale qui occupe son seul et unique œil. Depuis qu'il instille dans l'oeil de la solution de belladone, c'est-à-dire depuis sept ans, il voit suffisamment pour se conduire, et même, dit-il , pour travailler. C’est aussi à l'aide de ces instillations de belladone que nous avons, il y a trente-six à trente-sept ans, fait voir au bout d’une demi-heure une personne atteinte de cataracte centrale depuis vingt ans, avec

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  1. Bouchardat, Annuaire, 1848, p. 12.
  2. Ibid., 1849, p. 41.
  3. Journal de médecine chirurgicale et pharmaceutique de Toulouse, janvier 1856, p. 20-21.
  4. Ibid.


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constriction habituelle des pupilles. Le fait fut regardé par le public comme prodigieux. Aujourd'hui, vu l'immense vulgarisation de l'emploi de la belladone, le prestige ne ferait plus fortune nulle part. »

Tavignot[1] se sert avec succès, dans les mêmes cas, d’une solution de 4gr. d’extrait de belladone dans 125 gr. d'eau, dont on instille chaque jour quelques gouttes entre les paupières. On en continue l'usage indéfiniment,

Pour distinguer la cataracte noire de l’amaurose, il suffit d’instiller dans l’oeil une solution concentrée d'extrait de belladone : si la pupille se dilate considérablement, il est presque certain qu'il y a cataracte et non amaurose.

On emploie la solution aqueuse de belladone en instillation dans l’œil pour s'assurer si la cataracte est adhérente ou non.

Il existe dans la science des faits d'après lesquels, sous l'influence de la belladone administrée comme moyen palliatif dans la cataracte, la guérison ou du moins une grande amélioration s'est produite. Rouault[2] résume ainsi les avantages des instillations de solution concentrée de belladone dans la cataracte : 1° elles peuvent être faites indifféremment sans inconvénient pour l’appareil optique ; 2° elles constituent un moyen tellement simple, que, une fois l’habitude contractée, le malade fait instinctivement, et sans y penser, cette petite opération ; 3° dans certains cas, si elles sont faites régulièrement et avec persévérance, elles peuvent peut-être retarder ou même s’opposer au progrès ultérieur de la cataracte, et, dans des circonstances plus favorables encore, provoquer son absorption ; 4° elles auront toujours pour résultat de prolonger la vue du malade et de lui procurer assez de lumière pour le dispenser de l’opération ; 5° dans tous les cas, ces instillations sont toutes-puissantes pour prévenir la formation d’adhérences entre la cristalloïde et l'iris, ou pour détruire celles-ci lorsqu'elles naissent déjà ; 6° enfin, employées ainsi longtemps avant l'opération, elles ont encore pour effet de rendre celle-ci plus facile, plus prompte et le succès plus constant.

Blépharospasme. — Bérard combat la contraction spasmodique du muscle orbiculaire des paupières, qui accompagne fréquemment la blépharite, par des frictions avec l'onguent mercuriel belladone, et en instillant dans l’œil quelques gouttes de solution concentrée d'extrait de belladone.

Lésions traumatiques de l’œil. — La belladone est efficace dans toutes les lésions traumatiques de l'œil. La formule suivante est recommandée dans les Annales de la médecine belge et étrangère (1839) : Extrait de belladone préparé à la vapeur, 8 gr. ; camphre, 1 gr. 20 centigr. Dissolvez dans huile d’amandes douces, quantité suffisante ; onguent napolitain, 8 gr. On frictionne les paupières, le sourcil et la tempe avec un peu de cette pommade, une, deux ou plusieurs fois dans la journée.

Pour d'autres détails au sujet des affections oculaires, voyez Atropine.


AFFECTIONS CONSTITUTIONNELLES. — Cancer ; Squirres ; Tumeurs Squirroïdes, etc. — L’emploi de la belladone dans les affections cancéreuses remonte à une époque très-reculée. Galien, Avicenne, Paul d’Égine, etc., en ont fait mention. Les charlatans, les guérisseurs de campagne, les bonnes femmes se servaient de la belladone dans les cancers avant que les vertus de cette solanée fussent connues des médecins. — Münch rapporte qu’une femme de l’électoral de Hanovre l’employait contre le cancer et les tumeurs en général dès l’année 1683, et que plus de cent ans auparavant, dans le même pays, on mettait en usage contre ces maux un onguent de belladone. — Jean Ray indique les feuilles appliquées extérieurement comme propres

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  1. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, février 1871.
  2. Thèses de Paris, 1856.


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à combattre le cancer et l'induration des mamelles. « Hujus folia recetia mammis imposita, carum duritias et tumores etiam cancrosos emolliunt, discutiunt et sanant, ut sœpius expertus est qenerosus vir D. Percivallus Willughby, M. D. quod à nomine antehac quod sciant prodilum publicœ ulilitatis causa, sine invidia communicamus » — Au rapport de Murray, Brummen, médecin de Gotha, employa la belladone au commencement du XVIIIe siècle contre les tumeurs réputées squirreuses ou cancéreuses. Brummen transmit son secret à Spaet, médecin de Wisbade. (Voyez dans la monographie de la belladone de Cazin père l’énumération des divers travaux à ce sujet.)

« Dans tous les recueils, disent Trousseau et Pidoux, publiés pendant la dernière moitié du XVIIIe siècle, l’efficacité de la belladone, dans le traitement du cancer, est constatée par un grand nombre de faits authentiques. Cette même période a vu publier aussi un grand nombre de faits contradictoires. »

Ces dissidences s'expliquent par le peu de précision du diagnostic résultant de la difficulté de distinguer les tumeurs cancéreuses des autres tumeurs dont la guérison s’obtient plus ou moins facilement, telles que certains engorgements lymphatiques ou scrofuleux, la mammite terminée par induration et que l'on a souvent prise pour le squirre à une époque où l'anaoemie pathologique en général et celle du cancer en particulier n’étaient pas aussi avancées qu’elles le sont aujourd'hui, bien qu'il y ait encore de nos jours une grande obscurité dans le diagnostic des diverses tumeurs du sein. La discussion soulevée en 1844, au sein de l’Académie[1], à l’occasion d’un mémoire du professeur Cruveilhier sur les Corps fibreux de la mamelle, prouve l’insuffisance de nos recherches sur ce point important de pathologie. Les professeurs Gerdy, Roux et Velpeau, ainsi que Lisfranc et Amussat, avouèrent que le diagnostic des tumeurs du sein est fort difficile. Auguste Bérard alla même jusqu’à le dire impossible. Blandin expliqua que c’est à l’amphithéâtre, le scalpel à la main, que l’anatomiste peut distinguer les tumeurs fibreuses de la mamelle des autres tumeurs dures de cette région. Enfin, le professeur Cruveilhier, invoquant l’autorité de Boyer, dit aussi lui même que le diagnostic entre les tumeurs d’apparence cancéreuse, mais qui ne sont pas cancéreuses, et les tumeurs d’apparence et de nature cancéreuses, est impossible dans l’état actuel de la science, parce que l'analomie pathologique de la mamelle n’est pas mieux faite aujourd'hui que du temps de Boyer.

Au reste, si les faits rapportés en faveur de la belladone ne prouvent pas toujours l’efficacité de cette plante contre le véritable cancer, ils démontrent au moins qu'elle a guéri des affections très-rebelles ayant avec ce dernier la plus grande analogie. Il est incontestable aussi qu’elle a presque constamment calmé les douleurs et ralenti les progrès de quelques maladies vraiment cancéreuses. Peut-être la récidive du cancer serait-elle moins fréqueute si l’on avait le soin, avant de l'enlever par l'instrument tranchant ou par le caustique, d'administrer pendant longtemps la belladone.

Scrofules. — La belladone a été employée pour combattre certains symptômes scrofuleux. Hufeland la recommande principalement dans les tumeurs glanduleuses qui menacent de s’indurer dans les ulcères chroniques et calleux. — Chevalier[2] a employé avec avantage la pommade de belladone dans les engorgements scrofuleux, dans les affections scrofuleuses des os et des surfaces articulaires, et dans plusieurs cas d’ulcérations scrofuleuses très-rebelles.

Baumes regarde l’oxymel de belladone comme très-avantageux contre

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  1. Bulletin de l'Académie de médecine, t. IX, p. 496.
  2. The London med. and physic. Jour., novembre 1826.


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les tumeurs scrofuleuses, surtout lorsqu’elles tendent à s'enflammer et à s'ulcérer.

J’ai maintes fois employé avec succès la pommade ou la décoction de la belladone dans les engorgements articulaires douloureux. Dans les tumeurs blanches je me sers avec avantage, et alternativement, de frictions avec l’onguent napolitain et d'applications de belladone.

Incontinence nocturne des urines. — Morand, l’un des fondateurs de la colonie agricole de Mettray, combat l’incontinence nocturne d'urine, chez les enfants, par l'administration de la belladone. Sans se montrer toujours infaillible, ce médicament obtient entre ses mains des succès fort nombreux. Voici, du reste, comment ce praticien l’emploie : Il fait ordinairement confectionner des pilules de 1 centigr. d’extrait de belladone ; il en administre d’abord une le matin et une autre le soir aux enfants de quatre à six ans. Si, au bout de huit jours, il n’y a aucun effet produit, il en donne une troisième à midi, au bout de quinze jours une quatrième. Pour les enfants de 12 à 15 ans, on peut commencer par trois pilules, et augmenter en conséquence. Chez les adultes, on peut aller jusqu’à dix, douze et quinze par jour.

« Si la vue vient à se troubler, s’il survient quelques symptômes toxiques, on suspend, pour reprendre plus tard.

« Deux, trois ou quatre mois de l’usage de la belladone suffisent ordinairement pour amener la cure radicale de l’incontinence d'urine. Toutefois, on comprend qu’une des conditions de succès est que cette maladie ne se rattache à aucune lésion des organes génito-urinaires, en un mot, qu’elle soit essentielle[1]. Alors la belladone étend ses bienfaits jusque sur les vieillards, du moins pendant quelque temps[2]. »

Blache[3] a obtenu les mêmes succès de l’emploi de la belladone chez des individus atteints d’incontinence nocturne d'urine, qui avaient inutilement fait usage de tous les remèdes conseillés contre cette infirmité. Il administre l’extrait à la dose de 1/2 à 1 centigr., et la poudre des feuilles à celle de 1 à 2 centigr. par jour, en une seule fois, le matin à jeun, ou au moins une demi-heure avant le premier repas, ou le soir trois heures après le souper. — Bretonneau (in Trousseau et Pidoux) a traité cette affection avec un succès extraordinaire. Il fait prendre le soir, une heure avant que les enfants se couchent, 1 à 4 centigr. de poudre et d’extrait de belladone. Après une semaine de traitement, il y a ordinairement une amélioration notable. Le remède est continué jusqu'à cessation de l'incontinence : suspendu alors pendant huit jours, et repris ensuite pendant quinze jours ; interrompu de nouveau, et recommencé chaque mois pendant huit jours, quelques mois de suite. Cette longue durée du traitement n’est pas toujours nécessaire ; mais, suivant la remarque judicieuse de Trousseau et Pidoux, il vaut mieux pécher par excès que par défaut de précaution. « Dans certains cas rebelles, disent ces médecins, il faut porter la dose d’extrait et de poudre à 15 et 20 centigr. en une seule fois, au moment de se mettre au lit ; en même temps on fait sur l’hypogastre des frictions avec une mixture aqueuse d’extrait de belladone. » Suivant Trousseau[4], on obtient neuf guérisons sur dix, quand on a le soin surtout d’employer la poudre de belladone, dont I’action, dit-il, est plus énergique et plus sûre que celle de l’extrait. Mais il faut pour cela s'assurer que la poudre, qui est moins employée que

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  1. On a obtenu dans l’incontinence nocturne d’urine des suces constatés de l’emploi de l’extrait de noix vomique, dont l’action est opposée à celle de la belladone. Ne pourrait on pas conclure de ces fait que l’affection dépends tantôt d’un défaut, tantôt d’une augmentation de sensibilité du col de la vessie ? Naturam morborum curationes ostendunt.
  2. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, t. XVI, p. 199.
  3. Bouchardat, Annuaire, 1849, p. 43.
  4. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1850.


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l’extrait, n’est pas devenue inerte par vétusté, et par conséquent inefficace, surtout à une dose aussi minime que celle qu’on prescrit en pareil cas ! Cette réflexion s’applique à plus forte raison à la poudre de racine de belladone, qui, bien que plus active, est encore moins employée que celle des feuilles. — Le mélange de la poudre et de l’extrait, ainsi que le pratiquait Bretonneau, est plus sûr. — Cauvin[1] a vu chez une petite fille âgée de sept ans une incontinence nocturne et souvent diurne, suite d’une anasarque, et dont la durée datait de quatre à cinq mois, céder à l’usage de la belladone ainsi administrée : pilules composées chacune de 1 centigr. de poudre et 1/2 centigr. d’extrait de belladone (on ne dit pas si c’est la poudre de la racine ou des feuilles) à prendre tous les soirs pendant une semaine en se couchant. Pendant la deuxième semaine deux pilules le soir, et pendant la troisième une le matin en se levant et deux le soir. Point d’amélioration pendant les deux premières semaines, mais grand amendement pendant la troisième. On continue encore l’usage des pilules pendant deux autres semaines, au bout desquelles la guérison est complète.

La belladone ne réussit presque jamais dans l’incontinence d'urine diurne des adultes, laquelle dépend presque toujours de l’atonie, du relâchement du sphincter de la vessie, tandis que chez les enfants il y a, au contraire, le plus souvent spasme, irritabilité de cette partie.

(Berciaux, chez des enfants atteints d’incontinence des matières fécales, avec ou sans incontinence d’urine, a obtenu en peu de jours la cessation de cette dégoûtante affection par l’emploi combiné du sirop, des pilules de belladone (1 centigr.) et de suppositoires belladonés)[2].

Choléra asiatique. — Indépendamment des moyens de calorification, Debreyne propose contre le choléra, comme moyen principal, la belladone unie au mercure. Ce médecin administre la belladone à haute dose à l'intérieur et à l'extérieur pour combattre les crampes. Il insiste surtout sur l’emploi des frictions faites avec la teinture de belladone sur toute l’épine dorsale et particulièrement sur les membres.

Dans le choléra de 1854, j’ai employé avec avantage et simultanément le laudanum à l’intérieur et la teinture de belladone mêlée à l'alcool camphré à l'extérieur, concurremment avec les révulsifs, les moyens de calécfaction, etc. L'extrait de belladone pur, appliqué sur un vésicatoire à l'épigastre, a fait cesser le vomissement chez un cholérique, et a ainsi favorisé l’action des autres moyens employés dès lors avec efficacité.

Leclerc, professeur à l’Ecole de médecine de Tours[3], se rappelait l'adage similia similibus, a combattu le choléra par la belladone. Il fait appliquer un large emplâtre d’extrait de belladone (représentant 50 à 60 gr. d’extrait) à l’épigastre, un second emplâtre d'extrait de belladone sur la région vésicale. En même temps le malade prend une pilule composée de 1 centigr. de poudre de belladone et de 1 centigr. d’extrait de la même plante. Suivant la gravité des cas, on donne chaque pilule toute les deux heures, toutes les demi-heures, tous les quarts d’heure, toutes les dix ou cinq minutes. Il est des attaques tellement foudroyantes, et dans lesquelles l’intoxication cholérique a si profondément envahi l'organisme, que les pilules de belladone sont à peine ingérées qu'elles sont vomies. Alors Leclerc a recours avec succès au suc de racine fraîche de belladone à la dose de cinq gouttes toutes les cinq minutes. L'absorption de ce suc s'opère encore même dans cet état si grave. (100 gouttes représentent 50 centigr. d'extrait ; 5 gouttes représentent 2 centigr. et une fraction d'extrait.) Ce suc doit être récemment exprimé, et non altéré par la fermentation. — Quelquefois des

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  1. Presse médicale, septembre 1849.
  2. Gazette hebdomadaire, 1858.
  3. De la médication curative du choléra asiatique. Tours, 1855.


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frictions avec le suc de racine de belladone ont dû être faites au cou, sous les aisselles, à la partie interne des cuisses, etc. Quelquefois aussi ce suc doit être donné en lavement à la dose de 15 à 20 gouttes dans une cuillerée d’eau tiède, et à l’aide d'une seringue d'un très-petit calibre.

Dans tous les cas, sans exception, la rougeur dé la face et celle delà peau, en général, ont indiqué à Leclerc que la belladone devenait toxique. Il faut donc diminuer le nombre des pilules aussitôt qu’apparaît la rougeur, et les donner alors toutes les deux, trois ou quatre heures, suivant les indications fournies par l’état du malade. Il ne faut pas cependant cesser soudainement cette médication. II suffit de mettre un intervalle convenable entre l'administration des pilules pour que leur effet toxique soit évité. Je le répète, ajoute ce médecin distingué, la rougeur de la peau devra guider le praticien à cet égard ; et si cette rougeur devenait générale et très-intense, il faudrait suspendre la belladone à l’instant. — Il faut renouveler les emplâtres d’extrait de belladone toutes les vingt-quatre heures. — Il arrive souvent que les vomissements et les évacuations alvines continuent malgré l’action de la belladone. Dans ce cas, Leclerc emploie avec succès des pilules, d’un centigr. chaque, d'acétate de plomb cristallisé, administrées en même temps que les pilules de 2 centigr. de belladone. — Pour modérer la soif, on donne d’heure en heure, de demi-heure en demi-heure, quelquefois de quart d’heure en quart d'heure, une ou deux cuillerées d'eau de Seltz, ou d’eau de riz, ou de vin vieux et d'eau de Seltz, ou de blanc d'œuf frais battu avec un peu de sucre et d’eau tiède ; cette dernière boisson a souvent rendu de grands services à Leclerc, ainsi que le bouillon éminemment nutritif (beef-tea). Il y a un grand avantage, suivant ce médecin, à sustenter le malade pendant la période algide et aussi pendant la réaction.

Les selles colorées, les selles verdâtres surtout, annoncent le retour des fonctions normales du tube digestif. Les selles colorées en vert précèdent presque toujours de quelques heures le retour des urines. Alors, dit Leclerc, il est bon de suspendre complètement la belladone et de donner une pilule composée : d’acétate de plomb 1 centigr., d’extrait d’opium 1/2 centigr., toutes les deux, trois ou quatre heures, suivant la fréquence des évacuations. Leclerc emploie aussi, pour faire cesser la diarrhée, la décoction de quinquina en lavement, et le vin de quinquina par faibles cuillerées.

L’auteur rapporte plusieurs observalions à l'appui de cette médication, et peut, dit-il, fournir la preuve qu'elle a sauvé les cinq sixièmes des cholériques qui y ont été soumis.

Ptyalisme. — Erpenbeck[1] croit, d'après plusieurs faits personnels, que la belladone constitue un bon moyen prophylactique contre la salivation mercurielle[2]. — Dans un cas de ptyalisme rebelle, Vanoye[3], se rappelant qu'une des propriétés de la belladone consiste à diminuer notablement les sécrétions de la partie supérieure du tube digestif, prescrivit l’extrait de cette plante à l’intérieur à la dose de 5, puis de 10 centigr. par jour. Le même médicament fut employé en gargarisme, dans de l’eau de son ou une décoction de guimauve, et sans autre addition que quelques gouttes de laudanum. Sous l'influence de ce traitement la sécrélion salivaire diminua progressivement, et la guérison eut lieu en huit jours. Dans un autre cas où le ptyaline reconnaissait pour cause une intoxication hydrargyrique, Vanoye l’a également arrêté avec l’extrait de belladone.

Glucosurie. — Morand[4] est parvenu, par l’usage de la belladone, à sus-

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  1. Hannoversches Correspondenzblalt.
  2. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 1854, p. 140.
  3. Journal des connaissances médico-chirurgicales, t. XXXIII, p. 163.
  4. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, I846, p. 18.


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pendre un écoulement involontaire de salive et à modérer les accidents de la glycosurie.

Spermatorrhée. — Lepri[1] s'est demandé, en présence d'un cas de spermatorrhée qui avait résisté à un grand nombre de moyens, pourquoi la belladone ne ferait pas cesser cette incontinence spermatique. Le résultat a été conforme à son attente.

(Je n'ai pas été aussi heureux chez trois malades où j'ai essayé la belladone. L’affection me paraissait se rattacher a une excessive irritabilité des organes génitaux, et surtout des conduits évacuateurs ; c’est ce qui m’avait conduit à mettre cet agent en usage.)

Emploi de la belladone à l’extérieur pour tarir la sécrétion lactée. - Goolden[2] a publié deux faits, dans lesquels l’application de l’extrait de belladone sur les auréoles des deux mamelons a suffi pour tarir au bout de quelques heures la sécrétion lactée. Cette suppression brusque n’a, dans les deux cas, déterminé aucun accident. Déjà Aran et Sandras avaient utilisé plusieurs fois avec succès cette propriété particulière de la belladone ; seulement ils avaient fait usage de ce remède à l’intérieur.

(Je combine les deux traitements, je donne l’extrait à l'intérieur à doses fractionnées (1 centigr. toutes les quatre heures), et je fais appliquer sur les seins un cataplasme de feuilles de belladone. 15 gr. de feuilles sèches décodées dans 250 gr. d’eau. Les feuilles sont mises à nu, et l’eau sert à délayer de la mie de pain ou de la farine de graine de lin, formant un cataplasme recouvrant le tout.)

Hémorrhoïdes. — Suivant Grœnendael’s[3], la belladone est, comme antiphlogistique et relâchant, un remède très-efficace dans les affections hémorroïdales ; il calme la douleur, facilite la dilatation du sphincter anal, fait cesser la constipation, cause principale de la stagnation du sang dans les vaisseaux du rectum. On fait, trois ou quatre fois par jour, des onctions à l’anus avec une pommade composée de 2 gr. d’extrait de belladone pour 30 gr. d'onguent rosat.

Dans les cas de tumeurs hémorroïdales volumineuses, enflammées, étranglées, très-douloureuses, je fais appliquer des linges fins imbibes du mélange suivant : Eau de laitue, 500gr. ; extrait de belladone, 8 gr. ; extrait gommeux d’opium, 2 gr. Sous l’influence de ces applications fréquemment renouvelées, les douleurs cessent, l'inflammation se dissipe, et, en continuant le même moyen, les tumeurs hémorroïdales diminuent peu à peu et se flétrissent. J'ai employé cent fois ce remède et toujours avec succès.

Atropine

(Atropine. — Pendant tout le cours de cet article, nous avons entendu parler de la plante, et de son alcaloïde dont les effets à l’énergie d’action près, sont identiques ; quelquefois même, nous n’avons pu séparer complètement l’histoire de l’une et de l’autre substance ; nous n’y revenons ici qu'à cause des applications particulières dont l'alcaloïde a été l'objet. On l’a employé à l’extérieur, dans les névralgies, déposé sur le derme dénudé par un vésicatoire, ou introduit sous la peau par inoculation à l'aide d'une lancette.

Nous signalerons surtout les injections hypodermiques par la méthode Wood, d’Edimbourg, que Behier a surtout vulgarisées en France.

C’est à l'aide de la seringue de Pravas que l'on introduit une dissolut titrée d’atropine dans le tissu cellulaire sous-cutané, où son absorption excessivement rapide. On commence par un 1/2 milligr., et on peut aller

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  1. Gaz. med. Toscana, janvier 1854.
  2. Annales médicales de la Flandre occidentale, 1857.
  3. Annales de la Société des sciences médicales de Malines, 1838.


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jusqu'à 1 milligr. et au-dessus ; à la suite de ces injections il survient quelquefois des accidents atropiques, que de petites doses d'opium ne tardent pas à conjurer. Ce mode de traitement convient surtout dans les névralgies, et a paru plus spécialement réussir dans celles qui avaient pour siège le nerf sciatique. On l’a appliqué contre l'épilepsie, la chorée, les hallucinations, le tétanos et même l'hydrophobie.

Le Bulletin de thérapeutique du 15 janvier 1864 contient un article sur l’emploi de ces injections dans les affections oculaires.

Grâce à la limpidité de sa solution, à son facile dosage, l’atropine est préférée à la belladone dans ces dernières affections, en collyres, instillations ; c’est à elle que l’on a communément recours pour faciliter l'examen ophthalmoscopique. L’atropine, ou le sulfate d'atropine, souvent employé dans ces cas à cause de sa plus grande solubilité, convient dans tous les cas que nous avons énumérés en parlant de la belladone. Maëstre[1] lui attribue la propriété de déterger les ulcères de la cornée et d’en favoriser la cicatrisation par une propriété modificatrice spéciale. Elle est, du reste, communément employée dans ces circonstances.

Mayeux a publié dans la Gazette des hôpitaux, avril 1858, une remarquable observation de luxation du cristallin, dont l’atropine a pu faciliter la réduction.

A l'intérieur, l'atropine a surtout été mise en usage dans les névroses.)

Bouchardat[2] cite un cas d’épilepsie, datant de quelques mois, dont les attaques ont été suspendues tant que le malade a été sous l’influence de l’atropine, qu'il regarde comme le modificateur le plus puissant et le moins incertain de tous ceux qui ont été opposés à l'épilepsie. Lusana[3] s’exprime en ces termes sur l’emploi de l’atropine dans l’épilepsie : « J'ai eu deux fois occasion de traiter par l’atropine la véritable épilepsie centrique ; dans un cas, elle datait de l’enfance, et le sujet avait plus de cinquante ans ; dans un autre, elle datait de quatorze ans. Or, ces deux cas sont ceux qui m’ont fourni les-résultats les plus remarquables. Dans l’un d’eux, six mois se sont écoulés sans qu’il soit survenu un accès ; dans l'autre, trois mois et demi après le commencement du traitement, il n’y avait pas eu encore de rechute.

« Si l’atropine a eu des succès dans l’épilepsie centrique, cérébrale ou idiopathique, elle a, au contraire, échoué dans l'épilepsie excentrique, réfléchie ou symptomatique, celle qui résulte d’une maladie qui a son siège dans un organe intérieur autre que le cerveau. »

Lusana administre l’atropine en dissolution dans l'alcool, l'acide acétique ou quelque autre acide affaibli, à la dose de 1/30 de grain, en augmentant progressivement jusqu’à celle de 1/4 de grain toutes les quatre heures.

(Dans un cas de hernie crurale étranglée, j’ai tenté en vain l'atropine à l'intérieur, et en injections sous-cutanées au niveau de la hernie. L’opération a pu seule sauver la malade.)

(Nous n’avons pas consacré d’article spécial au sulfate d’atropine ; disons seulement que Mosler, de Giessen, le préfère à l'atropine elle-même pour les besoins de la thérapeutique : selon lui, l'action en serait plus modérée, et conséquemment l'usage moins dangereux.)

Valérianate d’atropine. — Michéa[4] a fait une heureuse application des principes actifs de la valériane et de la belladone (valérianate d'atropine)

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  1. España medica, décembre 1850.
  2. Annuaire de thérapeutique, 1849, p. 40.
  3. Gazette de Lombardie cite par Wahu. — Annuaire de médecine et de chirurgie pratiques, 1852, p. 91.
  4. Académie de médecine, séance du 22 janvier 1836.


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au traitement des maladies convulsives, et principalement de l’épilepsie. Après avoir formé le premier ce sel dans le laboratoire de Pelouze, sous les yeux et avec le concours d’un des élèves les plus distingués de cet habile chimiste, Reynoso, il l’appliqua aussi le premier aux besoins de la thérapeutique.

En 1854, un pharmacien de Paris publia une formule qui diffère beaucoup de celle de Michéa. Dans la formule du pharmacien dont il s’agit, l'acide valérianique entre pour une proportion insignifiante, moins de trois dixièmes, tandis que, dans celle de Michéa, cet acide entre pour 1 partie 1/2. Le choix entre ces deux formules n’est pas indifférent, comme on voit.

Le valérianate d'atropine que Michéa recommande aux praticiens est le valérianate acide. Toute autre combinaison de l'atropine avec l'acide valérianique n'a pas les mêmes avantages thérapeutiques, et expose les malades à tous les dangers de l'atropine administrée à l'état d'alcali. Du reste, le valérianate acide préparé d'après la formule de Michéa est le seul qui ait subi le contrôle de l'expérimentation clinique et qui ait été l'objet de l'examen auquel s'est livrée la commission nommée par l'Académie.

Les affections nerveuses contre lesquelles ce nouveau sel a été le plus spécialement employé sont : l'épilepsie, l'hystérie, la chorée, l'asthme essentiel et la coqueluche. Sur six cas d'épilepsie, Michéa a déjà pu compter quatre guerisons complètes, ayant toutes la garantie de plusieurs années de date, et deux améliorations notables chez deux malades qui restent encore en traitement. Du reste, dans l'épilepsie même, quand il ne guérit pas, ce médicament procure toujours de l'amélioration : il éloigne et affaiblit les attaques, il les convertit en vertiges et quelquefois en simples spasmes, sans perte de connaissance.

Les doses auxquelles le valérianate d'atropine a été employé ont varié depuis 1/2 milligr. jusqu'à 2 milligr. dans les vingt-quatre heures. Chez les jeunes sujets, Michéa commence par 1/2 milligr., sans jamais excéder 1 milligr. par jour. D'un 1/2 milligr. il passe à 1 milligr. au commencement de la seconde semaine. Au bout de quinze jours il cesse l'usage du médicament. Il laisse reposer le malade pendant le même nombre de jours, puis revient à l'emploi du remède à la dose de 1 milligr., puis de 2 au commencement de la seconde semaine. Seconde interruption pendant quinze jours, et reprise du médicament à l’expiration de ce terme. Dans l'épilepsie, l'hystérie, l'asthme spasmodique, il quitte et reprend ainsi l'usage du médicament tous les quinze jours, et cela pendant des mois. Quand le traitement a dépassé six mois, il met des intervalles de trois semaines entre les reprises du médicament.

Michéa résume ainsi son travail :

1° Le valérianate d’atropine est un nouveau sel végétal qui, quand il est pur, bien préparé, et exclusivement à l'état de sel acide, peut rendre les plus grands services dans le traitement de l'épilepsie, de l'hystérie, de la chorée, de l'asthme nerveux, de la coqueluche ;

2° Il a sur la valériane et la belladone l'avantage d'être un produit fixe identique dans sa composition, susceptible d'être dosé avec exactitude, invariable dans ses effets thérapeutiques ;

3° Moins difficile que l’acide valérianique, il jouit de toutes les propriétés physiologiques de l’atropine sans avoir le danger de cet alcali végétal, que les praticiens prudents ne doivent jamais administrer à l'intérieur ;

4° Comme composé de deux substances thérapeutiquement similaire, dont l’une augmente l’aenction curative de l’autre, et, en sa qualité de combinaison saline acide qui le rend éminemment soluble et absorbable aux plus faibles doses, il l'emporte infiniment sur l'acide valérianique ou l'atropine administrés isolément à doses plus fortes ; toutes considérations qui en


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font l'antispasmodique par excellence, le plus puissant et le plus sûr de tous les anticonvulsifs.