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Anacardium occidentale (Pharmacopées en Guyane)

Pfaffia glomerata
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Mangifera indica


Anacardium occidentale. Fruits de cajou (ou noix de cajou) au bout de pédoncules charnus colorés (ou pomme cajou)
Anacardium spruceanum. Fleurs et fruits immature d’un cajou sauvage


Anacardium occidentale (L.)

Noms vernaculaires

  • Créole : cajou [kajou], pomme cajou [ponm-kajou], pommier cajou.
  • Wayãpi : akayu.
  • Palikur : mihitui.
  • Portugais : caju, cajueiro.
  • Aluku : kassu.
  • Français : noix de cajou.

Écologie, morphologie

Espèce communément cultivée dans toute la Guyane mais croissant aussi spontanément sur les cordons sableux du littoral. Dans de bonnes conditions, devient un arbre de taille moyenne.

Collections de référence

Berton 55 ; Haxaire 771, 1061 ; Moretti 771 ; Prévost et Grenand 4204.

Emplois

Chez les Créoles et les Palikur, la décoction de l’écorce est un antidiarrhéique majeur[1]. Selon HAY (1998), la partie externe de l’écorce fraîche est grattée puis mise à bouillir dans l’eau. La solution filtrée est ensuite laissée au repos avant d’être bue. Elle peut être additionnée de quelques gouttes de vinaigre ou de jus de citron. Pour un litre d’eau, la quantité d’écorce varie selon l’âge du patient ; pour un bébé, on gratte un morceau d’écorce d’environ 5 cm sur 2, tandis que pour l’adulte, on prend le double. La préparation est bue trois fois par jour, à raison de trois cuillères à café pour un enfant et un verre pour un adulte. Le même remède est utilisé pour arrêter les vomissements. Certaines femmes palikur considèrent que l’action des écorces de cajou est plus forte que celles du goyavier (cf. Psidium guajava, Myrtacées). Elles n’utiliseront le cajou que si le traitement au goyavier est inefficace. Une autre recette consiste à laisser macérer les écorces de cajou dans l’eau à température ambiante pendant 7 à 8 heures, mais on nous a précisé qu’il ne fallait pas abuser de ce remède, au risque de devenir constipé. Toujours chez les Créoles et les Palikur, le suc caustique du fruit est utilisé pour brûler les verrues et les grains de beauté.

Un usage plus spécifiquement palikur consiste à appliquer le suc caustique sur la verrue puis à se faire piquer par une fourmi tanairi (Eciton sp.). Pour soigner la leishmaniose, les Créoles grillent la noix et en extraient l’huile chaude qu’ils appliquent directement sur la plaie. L’opération est répétée matin et soir pendant trois jours. Le nombre de noix utilisées varie selon la dimension de la plaie. Il convient, selon les femmes interrogées, d’éviter ce remède pour les enfants en bas-âge, son action étant forte et douloureuse. La décoction de l’écorce est aussi utilisée par les Palikur en bain de bouche comme hémostatique à la suite de l’extraction d’une dent. Les femmes l’utilisent aussi en application locale pour arrêter les saignements après l’accouchement[2]. Pour un dernier usage, cf. Eleutherine bulbosa (Iridacées).

Chez les Wayãpi, l’écorce est un remède contre le muguet des enfants : la face interne est grattée en copeaux fins dont on exprime la sève dans la bouche des enfants. La coque du fruit est utilisée pour cautériser les crevasses sous les orteils : on la gratte ou on la jette au feu où elle exsude rapidement un jus huileux et caustique qui, recueilli au bout d’un bâtonnet, est appliqué sur la crevasse. Les Wayãpi associent les crevasses sous les pieds à la consommation des rognons de pécari à lèvre blanche (Tayassu pecari) et soulignent la ressemblance du remède (la noix de cajou) avec cet organe.

Étymologie

  • Créole : du tupi akayu, « arbre Anacardium occidentale » et non, comme le suggère une étymologie populaire, de acajou (Cedrela odorata, Méliacées).
  • Wayãpi : de akaya, « arbre Spondias mombin (Anacardiacées) » et u, « grand, gros », « le gros mombin », en raison du volumineux pédoncule qui ressemble à un fruit et possède le même goût acide.

Chimie et pharmacologie

La « noix de cajou » tient une place considérable sur le marché international pour son usage alimentaire. L’amande contenue dans le fruit vrai est entourée d’une coque interne qui est aussi utilisée dans l’industrie du plastique et de la résine pour le phénol qu’elle contient. Une huile épaisse, caustique, appelée cardol, s’accumule entre la coque et la noix. Cette huile contient des phénols toxiques (BRUNETON, 1996). Avant d’être consommée, la « noix de cajou » doit être lavée et grillée pour la débarrasser de cette huile et éliminer les toxines. La gomme qui exsude du tronc et de la coque des fruits renferme de la bassorine. Les feuilles renferment des hétérosides, du kaempférol et du quercétol (LAURENS et PARIS , 1977). Les propriétés biologiques d’Anacardium occidentale sont les suivantes :

Hypoglycémiante et hypotensive

Des extraits de feuille et d’écorce de tige se sont montrés hypotensifs et hypoglycémiants (BEZANGER-BEAUQUESNE, 1981). L’effet hypoglycémiant de l’extrait d’écorce administré par voie orale commence 10 à 20 min après l’ingestion, atteint son maximum d’efficacité en 60 à 90 min et se maintient après 3 heures (POUSSET, 1989). Cet extrait présente aussi des propriétés antihypertensives qui ont été vérifiées chez le rat et le singe. L’action se manifeste par une vasodilatation périphérique qui dure plus de 10 heures (POUSSET, 1989). L’huile essentielle extraite des feuilles a une action dépressive sur le SNC (GARG et KASERA, 1984). POUSSET (ibid.) préconise l’emploi de cette plante comme hypotensive et hypoglycémiante, en préparant 10 g de poudre d’écorce dans 200 ml d’eau, à raison de 20 ml de cette solution prises deux fois par jour.

Anti-inflammatoire et antidiarréhique

Les écorces et les tiges contiennent une grande quantité de tanins. Ceux de l’écorce présentent une activité antiinflammatoire chez le rat par voie orale et intrapéritonéale ( POUSSET, ibid). Les propriétés des tanins pourraient expliquer l’emploi de cette plante dans le traitement de la diarrhée.

Antiparasitaire

En 1993, FRANÇA et al. ont évalué l’effet thérapeutique de l’extrait hydro-alcoolique de l’écorce contre Leishmania brasiliensis. L’extrait a montré une forte activité dans le modèle in vitro contre les promastigotes de cette espèce. Par contre, dans le modèle in vivo, aucune activité curative n’a été démontrée. En outre, en 1996, une étude a été réalisée sur différentes plantes utilisées dans le traitement d’ulcères leishmaniens dans la région de Bahia (Brésil). Parmi les principales plantes employées, Anacardium occidentale était utilisée par 65 % de la population (FRANÇA, 1996).

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  1. Dans la région d'Urucaua (Amapâ), les Palikur utilisent aux mêmes fins l'espèce sauvage mihitui hamwi, Anacardium spruceanum Benth. ex Engl. (Grenand 3114).
  2. Au Brésil, un thé préparé avec les écorces est utilisé en lavement pour les sécrétions vagInales et comme astringent après l'extraction d'une dent (DUKE et VASQUEZ, 1994). Chez les Aluku, les feuilles écrasées dans l'eau avec de l'argile blanche constituent un remède contre les règles persistentes (FLEURY, 1991). DUKE et VASQUEZ (ibid.) ont aussi observé en Amazonie péruvienne que les fruits verts sont utilisés pour traiter l'hémoptysie (crachement de sang).
    Dans la médecine traditionnelle africaine, on absorbe une macération d'écorce fraîche dans l'eau pour soigner les maux de ventre (POUSSET, 1989). Enfin des Amérindiens du Surinam utilisent l'huile toxique de la noix pour tuer les larves de mouches qui se sont insérées sous la peau (PLOTKIN, 1993).