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Acanthe
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Aconit

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Ache

Nom accepté : Apium graveolens


ACHE. Apium graveolens. L.

Apium palustre, seu officinarum . B. T.

Céleri sauvage ou des marais, — persil des marais, — céleri odorant.

OMBELLIFÈRES. — AMMINÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE DIGYNIE. L.

L'ache (PI. I), plante bisannuelle, croît partout dans les lieux humides, est cultivée dans les jardins, où elle a acquis, sous le nom de céleri ou ache douce, des qualités qui en font une des plus précieuses plantes potagères.


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[II a produit, à son tour, une sous-variété appelée céleri-rave, caractérisée par des feuilles étalées, des pétioles plus courts, et surtout par une racine arrondie et charnue.] L'ache n'est point rejetée par les animaux : les chèvres, les moutons et les vaches s'en nourrissent, mais les chevaux n'y touchent pas.

Description. — Racine épaisse, courte, pivotante, rameuse, roussâtre en dehors, blanchâtre en dedans, quelquefois chargée de plusieurs têtes. — Tige de 60 à 80 centimètres, droites, creuses, glabres, rameuses, sillonnées, noueuses. — Feuilles une ou doux fois ailées, solides, larges, lobées, incisées ou dentées, luisantes, glabres, les radicales opposées, celles de la tige alternes. — Fleurs jaunâtres, petites, en ombelles terminales ou axillaires. — Corolle de cinq petits pétales disposés en roue, pas d’involucre ni d'involucelles, rayons des ombelles courts et inégaux (juillet). — [Les fruits sont des akènes, ovales, oblongs, striés et grisâtres.]

[Culture. — Les modifications que l'ache subit par la culture sont telles que quelques auteurs n'hésitent pas à regarder le céleri comme une espèce distincte : Miller la désigne sous le nom d’Apium dulce ; on l'a aussi appelée A. graveolens sativum par opposition avec le type sauvage auquel on réservait le nom d’A. graveolens sylvestre. Rothen a fait une espèce du genre sium sous le nom de Sium apium, et pour Scopoli, c'était une espèce de seseli. Le céleri est multiplié par semis que l’on repique, en osses, et que l'on chausse fortement du pied.]

Parties usitées. — Les racines, les feuilles et les fruits.

Récolte. — La racine, qui est bisannuelle, doit être récoltée la seconde année ; ses propriétés sont moins actives dans la première année. Elle perd son odeur désagréable et comme vireuse par la dessiccation. Les feuilles sont employées fraîches.

Propriétés physiques et chimiques. — L'ache, d'une odeur aromatique sui generis, d'une saveur acre, a des principes qui sont à peu près les mêmes que ceux du céleri, où Vogel a reconnu une huile volatile incolore à laquelle la plante doit son odeur, une huile grasse mêlée de chlorophylle, un peu de soufre, de la bassorine en dissolution dans un acide faible qui forme une gelée tremblante, une matière gommeuse et une matière brune extractive, de la mannite, du nitrate de potasse en quantité considérable, de l'hydrochlorate de potasse. Le fruit de l'ache est la seule partie de la plante d'où la distillation extraie l'huile volatile.

[Le céleri contient, dit-on, de la mannite. On connaît dans le commerce deux sortes de racines d'ache, la vraie, colle des marais, appelée Paludapium, est très-rare en France, elle vient d'Allemagne, elle est coupée en tronçons de la grosseur du pouce, souvent fendus longitudinalement, d'un gris jaunâtre en dehors, blanchâtre en dedans, elle présente une odeur aromatique qui résiste à la cuisson, sa saveur est amère, puis acre. On lui substitue presque toujours la seconde sorte qui est produite par l’ache des montagnes ou livêche (ligusticum levisticum) qui est plus petite et plus aromatique.]

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A l’INTERIEUR. — Suc des feuilles, 30 à 60 gr., comme diurétique ; 100 à 200 gr., comme fébrifuge.
Infusion ou décoction des racines, 30 à 60 gr. par kilogr. d'eau.
Sirop, 30 à 100 gr. seul ou en potion.
Conserve, 30 à 60 gr.

A L’EXTÉRIEUR. — Infusion ou décoction des feuilles et des racines, 50 à 100 gr. par kilogr. d’eau
Feuilles, quantité suffisante en cataplasme.
Suc en lotion, gargarisme.
L’ache entrait dans plusieurs préparations polypharmaques des anciens, telles que l’orviétan, l’électuaire de psyllium, le phylonium romanum, les pilules dorées, la poudre lithontriptique de Renou, la bénédicte laxative, l’emplâtre de bétoine, l’onguent mondificatif d’ache, etc.

(Cette plante était fort estimée des anciens ; ils en tressaient des couronnes pour leurs convives. Horace dit quelque part :

Non desint epulis rosæ,
Neu vivax apium, etc., etc.

Par un curieux contraste, on en répandait sur les tombeaux, dans cette pensée qu'elle était agréable aux morts. De cette coutume était résultée une locution proverbiale : avoir besoin d'ache (Plutarque), applicable à quiconque était sur le point de mourir.)

L’ache est diurétique, fondante, expectorante, résolutive. La racine


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fraiche contient un principe adorant auquel plusieurs médecins ont attribué une action nuisible sur le système nerveux. On la prescrit sèche. C’est une des cinq racines apéritives majeures des anciens. Elle a été employée de temps immémorial dans les obstructions des viscères abdominaux, dans les hydropisies, les cachexies, suite des fièvres intermittentes, l'ictère, la gravelle, etc.

Le suc exprimé des feuilles à la dose de 150 à 200 gr., est, suivant Tournefort, un très-bon fébrifuge pris au moment de l’accès. Son analogie avec celui du persil, récemment proposé pour combattre les fièvres intermittentes, m’a engagé à l’essayer. J’ai employé ce suc, à la dose de 180 gr. dans 500 gr. de décoction concentrée de la racine sèche de la même plante, prise en trois fois, entre chaque accès, dans un cas de fièvre double-tierce avec engorgement splénique, œdème des pieds, commencement d'anasarque, chez le nommé Bigand, âgé de trente-sept ans, manouvrier indigent, habitant une chaumière humide et non aérée. Ce malade avait eu, pendant le printemps de 1847, plusieurs rechutes après l'usage brusquement et plusieurs fois discontinué du sulfate de quinine. L'ache, que je trouvai dans le fossé humide qui entourait son petit jardin, le débarrassa de la fièvre et de l'infiltration séreuse en huit jours. II en continua l'usage de deux jours l'un pendant quinze jours, après lesquels il recouvra ses forces et son embonpoint. Celte plante a agi ici à la fois comme fébrifuge et comme diurétique. L'état du malade indiquait la nécessité de cette double action thérapeutique.

L’extrait d'ache était autrefois spécialement recommandé dans les fièvres quartes ; on en mêlait 4 gr. avec 8 gr. d'extrait de quinquina.

J'ai vu employer avec avantage, par quelques cultivateurs atteints de catarrhe pulmonaire chronique, ou d'asthme humide, une décoction de feuilles d'ache dans du lait sortant du pis de la vache, et prise à jeun.

(Chomel assure avoir guéri une extinction de voix ancienne en faisant manger en salade les feuilles de l'ache.)

Le fruit de l'ache, improprement appelé semence, est aromatique, stimulant, carminatif ; c'est une des quatre semences chaudes majeures des anciens. (On l'a recommandé dans la dysménorrhée par inertie utérine.)

Pilées et appliquées sur les contusions et les engorgements froids, les feuilles fraîches d'ache agissent comme résolutives. Les femmes de la campagne se servent contre les engorgements laiteux des mamelles d'un cataplasme de feuilles d'ache bouillies dans le saindoux. On y ajoute quelquefois des feuilles de menthe, et on le saupoudre de fruits d'ache. Ce cataplasme a souvent dissipé des engorgements glanduleux, suite de mammite aiguë. Le suc d’ace est antiscorbutique et détersif en gargarisme ; il sert aussi en topique sur les ulcères et les cancers ulcérés.

(Le mélange des feuilles contusées, de sel commun et de vinaigre, constitue un remède populaire contre la gale.

Abâtardie par la culture, l'ache, devenue céleri, a conservé, malgré l'étiolement de son énergie native, la réputation d'être stimulante, et particulièrement aphrodisiaque.)