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Nîledj (Ibn al-Baytar)

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Nîloufer
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Nîmfeâ


2244 - Nîledj, Indigo et Isatis.


Nom accepté : Isatis tinctoria et Indigofera tinctoria

[3-384]

  • El-Ghafeky. C’est l’indigo nîl et l’I’dhlim (voyez le n° 1562). Quant au nîl employé chez nous par les teinturiers, c’est l’i’dhlim. Celui que mentionne Dioscorides est appelé chez nous, en Espagne, sommany, xxx, et l’on en fait peu d’usage. On l’emploie surtout dans le pays grec, ainsi que dans la partie occidentale de l’Espagne. La plante mentionnée par Dioscorides s’emploie pour la teinture des vêtements, et on obtient la matière tinctoriale en faisant macérer les feuilles.
  • Dioscorides, II, 215. L’Isatis, dont se servent les teinturiers, a les feuilles pareilles à celles du plantain, mais plus noires et plus grasses. La tige a la hauteur d’une coudée. Quant à l’isatis sauvage, c’est une plante qui ressemble à la précédente ; mais ses feuilles sont plus grandes et se rapprochent de celles de la laitue. Ses rameaux sont allongés, très divisés et rougeâtres. À leur extrémité sont des follicules nombreux, en forme de langues et pendants, dans lesquels sont contenues des graines. La fleur est jaune et petite.
  • El-Ghafeky. Quant à ce que les teinturiers connaissent sous le nom de nîledj, c’est une plante qui a une tige douée de consistance, à rameaux grêles, couverts de feuilles petites, rangées de chaque côté, ayant de la ressemblance avec les feuilles du câprier, si ce n’est qu’elles sont plus arrondies, et d’une couleur cendrée et bleuâtre. La tige est remplie de siliques contenant des graines pareilles à celles de l’orobe, mais plus petites et de couleur rougeâtre. Cette plante est l’i’dhlim. C’est d’elle que l’on retire le nîledj. Pour cela, on lave les feuilles dans de l’eau chaude, ce qui leur enlève leur coloration bleue extérieure qui ressemble à une poussière étendue sur leur surface : elles restent vertes. On laisse alors reposer cette eau et le nîledj se dépose au fond comme de l’argile. On décante ensuite l’eau, on fait sécher le dépôt et on le met en réserve. Or les médecins qui ont mentionné le nîledj dans leurs ouvrages, ne savent pas que c’est tout autre chose que la substance dont Dioscorides et Galien ont parlé. Ils se sont trompés à cet égard. En le décrivant, ils lui ont affecté des caractères qui ne lui appartiennent pas : ce qu’ils disent à ce propos est erroné et mensonger. Les propriétés de ce second nîl ont incontestablement une action réfrigérante. Il convient dans toutes les tumeurs (ou abcès) au début. On dit que, pris à la faible dose de quatre grains en dissolution dans de l’eau, il calme les élancements des abcès et l’effervescence du sang, et qu’il dissipe l’appétit vénérien avant qu’il ne soit bien établi. Le peuple croit qu’il est salutaire dans cette toux violente des enfants qui est accompagnée de vomissements et qui provient, à mon avis, de matières subtiles et chaudes, car c’est un puissant réfrigérant. On prétend aussi qu’il est salutaire contre les ulcères du poumon et la pleurésie atrabilaire, qu’il suspend les crachements de sang, qu’il fait disparaître le vitiligo et l’impétigo, et qu’il convient contre l’alopécie et les brûlures.
  • Le Chérif. Le nîl indien ou du Kerman, pris à la dose de deux drachmes avec une once de conserves de roses, est avantageux contre l’hébétude et la tristesse. Il guérit les palpitations, surtout associé à moitié son poids de litharge, de poivre, d’huile de roses et de cire. En frictions, il est avantageux contre la gangrène, après qu’on a fait des lotions préalables avec de l’eau de plantain et du miel. C’est un fait d’expérience.
  • Livre des Expériences. Il est avantageux contre les ulcères de la tête, en dissolution dans du vinaigre et employé en frictions. Les cataplasmes de nîledj prolongés sur les scrofules abcédés les amollissent et les cicatrisent.
  • Ishak ibn Amrân. On le remplace par son poids de farine d’orge et trois fois son poids de glaucium.

Il est évident que, sous la rubrique nîledj, il s’agit ici de deux substances, d’abord de l’isatis des anciens, le pastel, et en second lieu, de l’indigo. L’opinion de Saumaise est que le pastel aurait reçu le nom de nîl, que portait primitivement l’indigo, à cause de sa ressemblance avec cette dernière substance. On les a confondus plus tard, et nous voyons les médecins arabes signaler cette confusion.