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Tanaisie (Cazin 1868)

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Tamaris
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Térébinthe


[1062]

Tanaisie

Voir la page [[]]

TANAISIE. Tanacetum vulgare. L.

Tanacetum vulgare luteum. C. BAUH., TOURN. — Tanacetum flore luteo.

J. BAUH.

Tanaiaie commune, — herbe aux vers, — herbe Saint-Marc, — barbotine indigène,

herbe amère.

COMPOSÉES. — SÉNÉCIONÏDÉES. Fam. nat. — SYNGÉNÉSIE POLYGAMIE supEnFME, L.

Cette plante vivace (PL XXXLX) croît spontanément en France dans les prairies, le long des chemins, dans les terrains incultes et un peu humides. On la cultive dans les jardins comme plante d'ornement et pour l'usage pharmaceutique. Elle produit une bellejvariété à feuilles presque frisées.

Description. — Racines ligneuses, rameuses, longues. — Tiges dressées, fortes, glabres, assez nombreuses, striées, cylindriques, rameuses, à rameaux panicules. - Feuilles alternes, amples, pétiolées, planes, glabres, incisées et dentées à folioles décur- rentes et pinnatifides. — Fleurs d'un beau jaune, nombreuses, hémisphériques, dispo- sées en corymbes terminaux très-compactes (juillet-septembre). — Galice imbriqué, hémisphérique, d'un vert un peu jaunâtre. — Corolle à peine plus longue que le calice.

— Fleurons du disque hermaphrodites, tubuleux, quinquéfides, à cinq étamines synan- thères; fleurons de la circonférence femelles, à trois lobes. — Fruits : akènes couronnes par un rebord membraneux.

Parties usitées. — Les feuilles, les fleurs et les fruits.

Récolte. — Les fleurs se récoltent au mois d'août; les graines en septembre et octobre. On fait ordinairement sécher les fleurs, sans les racines ni même les tiges, dessiccation ne lui fait rien perdre de ses qualités.

[Culture. — La tanaisie demande une exposition chaude, une terre 1^}*'* blonneuse et fraîche. On la sème en place au printemps, ou en pépinière à 1 autom . Le plus souvent on la multiplie d'éclats de pied faits vers la fin de l'hiver. Elle se pin page seule et très-rapidement.]

Propriétés physiques et chimiques. — Toutes les.parties de la ta- naisie exhalent une odeur forte, pénétrante; leur saveur est aromatique, tres-^i nauséeuse. L'infusion des feuilles noircit le sulfate de fer. L'analyse des «e™s " feuilles réunies, faite par Peschier (1), y a démontré : une huile volatile, une nuire g' une résine, une matière tenant le milieu entre la cire et la stéarine, de la cnioiop'j .

(1) Journal analytique de médecine, t. II, p. 132. downloadModeText.vue.download 1092 sur 1308


TANAISIE. 1063

je la gomme, un principe colorant jaune, et de l'extractif. Les feuilles isolées offrent en outre de l'acide gallique et du tannin; les fleurs (une substance non azotée, cristalli- sal)]e d'une amertume intense, que Leroy a nommée tanacétine), un acide particulier, crislallisable (acide tanacétiquej et du phosphate de chaux. L'eau, le vin et l'alcool s'emparent des principes actifs de cette plante. En Allemagne et dans quelques autres contrées de l'Europe, on substitue quelquefois la tanaisie au houblon dans la préparation de la bière. Les habitants du Nord emploient ses semences comme condiment, en aro- matisent leurs gâteaux, et en tirent, dit-on, une couleur verte.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INIÉRIEBII.— Infusion, de 15 à. 30 gr. par

kilogramme d'eau bouillante. Eau distillée (1 sur h d'eau), de 30 à 100 gr- 1

en potion. Vin(1 sur 16 de vin blanc), 60 à 100 gr. Sirop, de 15 à 60 gr., en potion. Poudre, de 2 à 8 gr., en bols, pilules, ou en

■suspension dans un liquide. Estait aqueux (1 sur 6 d'eau), de 30 centigr.

à 1 gr., en bols, pilules, etc.

Extrait alcoolique (1 sur 4 d'alcool et 1 d'eau), de 30 centigr. à 1 gr., en bols; pi- lules, etc.

Huile essentielle, de 20 à 50 centigr., en po- tion, oléo-saccliarum, etc.

A L'EXTÉRIEUR.— Décoction en lavement (50 centigr. à 1 gr. par kilogramme d'eau), fo- mentations , lotions, etc. ; infusée dans l'huile, en liniment, embrocation, etc.

Teinture, en frictions.

La tanaisie est tonique, excitante, anthelminthique, emménagogue. Elle convient dans l'atonie des voies digestives, les fièvres intermittentes, la chlorose, l'aménorrhée avec asthénie, la leucorrhée, l'hystérie, les affections vermineuses.

Congénère en. vertus à l'absinthe, la tanaisie peut être employée dans tous les cas où cette dernière est indiquée. Elle convient, par conséquent, dans toutes lès maladies caractérisées par l'atonie des organes ; mais c'est sur- tout comme vermifuge que la tanaisie a été plus particulièrement signalée et répandue traditionnellement dans la médecine populaire. Je l'ai souvent employée à l'intérieur et en lavement contre les lombrics et les ascarides vermiculaires. Les semences sont pour moi aussi précieuses que le semen- contrà; elles produisent tout autant d'effet que ce dernier, soit en décoction, soit en poudre, mêlées avec le sirop simple, avec du miel, ou délayées dans un peu de vin. Un vieillard, au rapport de Dubois, de Tournai, s'est dé- barrassé d'un ténia long de plusieurs mètres, en mangeant une espèce de salade préparée avec de l'huile d'oeillette et les feuilles encore tendres de tanaisie, cueillies au commencement du printemps. Ce remède lui avait été conseillé par une femme de la campagne, qui prétendait l'avoir employé avec succès sur elle-même et sur d'autres personnes.

Goste etWilmet affirment que la semence de tanaisie, dont ils vantent les propriétés anthelminIniques, se vend, dans les pharmacies de la Lorraine, pour le semen-contrà. Wauters la préfère à ce dernier, qui, le plus souvent, contient diverses substances avec lesquelles on le falsifie.

,Dans les campagnes, on emploie fréquemment la tanaisie infusée dans le ™, la bière ou le cidre, pour combattre les fièvres intermittentes, contre lesquelles elle a la même efficacité que l'absinthe, la camomille, la petite centaurée, etc. Gésalpin préconise le vin de tanaisie comme fébrifuge et surtout comme emménagogue. Je le donne par cuillerées aux enfants lym- phatiques, à ceux qui sont tourmentés par les vers, aux chlorotiques, et ™s les cas de dysménorrhée atonique ou nerveuse, de menstruation irré-

L'odeur repoussante de cette plante l'a fait employer dans les affections l'eyfUSe-S' ™vstérié,les vertiges, la gastrodynie, les coliques spasmodiques, dsnt in!le'x/a cHorée' etc- Suivant Simon-Pauli, les fleurs sont très-utiles RouftPi y >• Clerk et Bradley ont attribué à la tanaisie une vertu anti- L ,e 1u'°n ne peut rationnellement rapporter qu'à ses propriétés to- nnes, lorsque ces affections sont accompagnées de débilité. On en a fait downloadModeText.vue.download 1093 sur 1308


1064 TÉRÈBINTHE.

aussi usage dans l'hydropisie. Payer (1) rapporte qu'un soldat atteint de cette maladie, ayant pris de la décoction de tanaisie au lieu de celle d'ab sinthe, rendit une si grande quantité d'urine que son anasarque se dissinî promptement.

À l'extérieur, la tanaisie est employée en cataplasme sur le bas-ventre comme vermifuge. Geoffroy, médecin de l'Hôtel-Dieu (2), rapporte qu'avant fait appliquer de la tanaisie sur le ventre d'un sujet affecté de maladie grave, il évacua trente-deux vers lombrics. Ce cataplasme m'a souvent réussi chez les enfants ; j'y ajoute quelquefois de l'ail, des feuilles de pêcher d'absinthe, d'tiièble, de gratiole, etc. ' '

En fomentations ou en cataplasmes préparés avec l'eau ou le vin, la ta- naisie est résolutive, détersive et antiseptique. Elle s'est montrée utile dans les entorses, les contusions, le rhumatisme chronique, les engorgements lymphatiques, les ulcères atoniques, sordides, vermineux ou gangreneux, Elle a, comme antiseptique, la même énergie que l'absinthe. ïournefort dit qu'on emploie en'lotions, contre le rhumatisme, un esprit préparé avec la tanaisie et l'alcool. Hercule Saxonia se servait du suc de cette plante pour guérir les gerçures des mains. « Je connais une dame, dit Dubois, de Tour- nai, qui prétend s'être guérie d'une carie très-ancienne au cubitus, en pre- nant des bains locaux préparés avec la décoction de tanaisie, »