Vigna aconitifolia (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Légume | |
Médicinal | |
Fourrage | |
Auxiliaire | |
Sécurité alimentaire |
Vigna aconitifolia (Jacq.) Maréchal
- Protologue: Bull. Jard. Bot. Belg. 39(2) : 160 (1969).
- Famille: Papilionaceae (Leguminosae - Papilionoideae, Fabaceae)
- Nombre de chromosomes: 2n = 22
Synonymes
Phaseolus aconitifolius Jacq. (1768).
Noms vernaculaires
Haricot mat, mat, haricot papillon (Fr). Moth bean, moth gram, mat bean, dew bean, dew gram (En).
Origine et répartition géographique
Le haricot mat est originaire d’Inde, du Pakistan et de Myanmar où il est à la fois sauvage et cultivé. Il est également cultivé dans d’autres parties d’Asie et d’Afrique, aux Etats-Unis et à Cuba. C’est surtout en Inde et en Thaïlande qu’il est cultivé comme légume sec ; ailleurs, il s’agit essentiellement d’une plante fourragère, d’engrais vert ou de plante de couverture. En Afrique tropicale, il a été signalé au Soudan, en Erythrée, en Somalie, au Kenya et au Botswana.
Usages
Les graines mûres entières ou cassées sont consommées bouillies ou frites. En Inde, on préfère les graines germées et cuites pour le petit-déjeuner alors que les graines cassées et frites sont consommées comme aliment prêt à manger. Les graines sont parfois moulues en une farine qui est mélangée à d’autres dans la fabrication de pain non levé. Les gousses immatures sont quelquefois consommées bouillies comme légume. En Inde, les cosses ainsi que les résidus subsistant après la préparation du “dal” servent à nourrir les animaux. Le mat est également cultivé comme engrais vert, fourrage frais ou foin, et plante de couverture. Les graines servent de médicament dans des régimes contre la fièvre ; quant aux racines, elles seraient narcotiques.
Production et commerce international
En Inde, le haricot mat est cultivé sur 1,5 million d’ha qui produisent environ 0,4 million de t de graines par an, lesquelles sont commercialisées et consommées dans le pays. A l’échelle mondiale, c’est une culture qui s’étend sur près de 2 millions d’ha.
Propriétés
Les graines mûres et crues contiennent par 100 g de partie comestible : eau 9,7 g, énergie 1435 kJ (343 kcal), protéines 22,9 g, lipides 1,6 g, glucides 61,5 g, Ca 150 mg, Mg 381 mg, P 489 mg, Fe 10,9 mg, Zn 1,9 mg, vitamine A 32 UI, thiamine 0,56 mg, riboflavine 0,09 mg, niacine 2,8 mg, vitamine B6 0,37 mg, folates 649 μg et acide ascorbique 4,0 mg. La composition en acides aminés essentiels par 100 g de partie comestible est la suivante : tryptophane 147 mg, lysine 1248 mg, méthionine 220 mg, phénylalanine 1028 mg, valine 734 mg, leucine 1541 mg et isoleucine 1138 mg. Les principaux acides gras par 100 g de partie comestible sont : acide linoléique 485 mg, acide palmitique 313 mg, acide linolénique 265 mg, acide oléique 129 mg et acide stéarique 51 mg (USDA, 2005). La protéine a une digestibilité inférieure à celle du haricot mungo (Vigna radiata (L.) R.Wilczek). La digestibilité de l’amidon et de la protéine est considérablement améliorée par des traitements tels que le trempage, l’élimination du tégument de la graine, la germination ainsi que la cuisson sous pression.
Description
Plante herbacée annuelle, mince, poilue, à tige courte, anguleuse, érigée, atteignant 40 cm de haut et à nombreux rameaux prostrés jusqu’à 150 cm de long. Feuilles alternes, 3-foliolées ; stipules lancéolées, d’environ 12 mm de long, peltées ; pétiole de 5–10 cm de long, cannelé ; stipelles petites ; folioles de 5–12 cm de long, profondément divisées en 3–5 lobes étroits. Inflorescence : fausse grappe axillaire, en forme de tête, dense ; pédoncule de 5–10 cm de long. Fleurs bisexuées, papilionacées ; pédicelle de 5–8 mm de long ; calice campanulé, d’environ 2,5 mm de long ; corolle jaune, étendard orbiculaire, jusqu’à 8 mm de long, ailes d’environ 6 mm de long, carène falciforme, d’environ 7 mm de long ; étamines 10, dont 9 soudées et 1 libre ; ovaire supère, sessile, d’environ 4 mm de long, style incurvé. Fruit : gousse cylindrique de 2,5–5 cm × 0,5 cm, marron, couverte de poils raides courts, contenant 4–9 graines. Graines rectangulaires à cylindriques, de 3–5 mm × 1,5–2,5 mm, vert blanchâtre, jaunes à marron, souvent mouchetées de noir ; hile blanc, linéaire. Plantule à germination épigée.
Le genre Vigna comprend environ 80 espèces et est présent dans tous les tropiques. Vigna aconitifolia appartient au sous-genre Ceratotropis, qui inclut également Vigna radiata (L.) R.Wilczek (haricot mungo), Vigna umbellata (Thunb.) Ohwi & H.Ohashi (haricot riz), Vigna mungo (L.) Hepper (haricot urd) et Vigna angularis (Willd.) Ohwi & H.Ohashi (haricot adzuki). En Inde, il existe un grand nombre de variétés traditionnelles et de cultivars de haricot mat.
Pour la germination du mat, une température de 25–27°C est optimale. La croissance végétative débute lentement. Le mat est essentiellement autogame et il lui faut 75–90 jours après le semis pour arriver à maturité. Il nodule efficacement avec des souches de Bradyrhizobium appartenant au groupe d’inoculation croisée du niébé.
Description
Autres données botaniques
Croissance et développement
Ecologie
En Inde, le haricot mat est le légume sec le plus résistant à la sécheresse, et il est cultivé surtout en zones chaudes arides à semi-arides. Pour une production optimale, il nécessite une température moyenne de 24–32°C, mais supporte des températures diurnes allant jusqu’à 45°C. En Inde, il est cultivé du niveau de la mer jusqu’à 1300 m d’altitude. Il s’accommode de précipitations annuelles bien réparties comprises entre 500–750 mm, mais se développe aussi très bien dans des zones où elles n’excèdent pas 200–300 mm par an. Même avec seulement 50–60 mm réparties en 3–4 averses durant la période de croissance, on peut obtenir un certain rendement. Le haricot mat est une plante quantitative de jours courts, mais on connaît aussi des types indifférents à la longueur du jour. Il pousse sur plusieurs types de sols mais est particulièrement adapté aux sols sablonneux, légers et secs. Il ne tolère pas l’asphyxie racinaire. En revanche, il supporte un certain taux de salinité et une large gamme de pH (3,5–10).
Multiplication et plantation
Gestion
Le haricot mat se multiplie par graines ; le poids de 1000 graines est de 10–35 g. Le lit de semis doit être bien préparé. Il est généralement semé à la volée, selon une densité de semis de 10–20 kg/ha lorsqu’il est cultivé pour ses graines en culture pure et de 7–34 kg/ha lorsqu’il est cultivé comme plante fourragère. Lorsqu’il est semé en lignes, la densité de semis est de 2–5 kg/ha en culture pure, l’espacement des lignes de 30–90 cm, et la profondeur du semis de 2,5–4 cm. Lorsqu’il est cultivé comme culture pluviale en zones arides, les meilleurs résultats ont été obtenus en Inde en plantant des quantités égales de types précoces et tardifs en lignes alternées. Il est fréquemment semé en fin de saison des pluies et pousse en utilisant l’humidité résiduelle du sol. La lutte contre les mauvaises herbes est importante jusqu’à ce que le couvert se soit complètement développé. L’irrigation et l’apport d’engrais sont rares. En Inde, il est cultivé en culture pure ou associée avec du mil, du sorgho ou d’autres céréales, de temps en temps avec des légumes secs. Il est cultivé comme engrais vert en rotation avec du coton. Les maladies les plus graves du haricot mat sont le virus de la mosaïque jaune du mungo (MYMV) transmis par la mouche blanche (Bemisia tabaci), ainsi que la pourriture des racines et la fonte des semis provoquée par Macrophomina phaseolina, qui est transmis par le sol et par les graines. Il existe des cultivars résistants à la mosaïque jaune ; certains cultivars sont modérément résistants à Macrophomina phaseolina. Le mat est également affecté par des nématodes, notamment Meloidoigyne incognita. Il est parasité par plusieurs espèces de Striga. Les bruches (Callosobruchus spp.) se nourrissent des graines lors du stockage. Il est difficile de faucher les plantes à la faucheuse à cause des rameaux prostrés. Elles sont généralement moissonnées à la faucille, mises à sécher pendant une semaine, puis battues et vannées. Les rendements en graines moyens s’élèvent à peine à 70–270 kg/ha, bien que ceux obtenus à titre expérimental aux Etats-Unis et en Australie atteignent 2600 kg/ha. Le rendement en matière verte pour le fourrage est de 37–50 t/ha et celui en foin de 7,5–10 t/ha.
Maladies et ravageurs
Récolte
Ressources génétiques
La plus importante collection de ressources génétiques du haricot mat se trouve au National Bureau of Plant Genetic Resources (NBPGR), New Delhi, Inde, qui détient plus de 1000 entrées. Des collections plus réduites sont disponibles aux Etats-Unis (USDA Southern Regional Plant Introduction Station, Griffin, Géorgie, 56 entrées), au Kenya (National Genebank of Kenya, Crop Plant Genetic Resources Centre, Kikuyu, 47 entrées) et dans la Fédération de Russie (Institut Vavilov, St. Petersbourg, 56 entrées). Il convient de poursuivre les efforts entrepris pour la collection, la caractérisation, l’évaluation ainsi que la préservation des ressources génétiques. Des cultivars améliorés de mat ont été mis au point et lancés sur le marché en Inde, tels que ‘RMO-40’, ‘RMO-225’, ‘RMO-257’, ‘RMO-435’ et ‘Jwala’. La transformation génétique du mat a été effectuée par bombardement de particules ou par l’intermédiaire d’Agrobacterium.
Perspectives
Le haricot mat passe pour être l’un des plus tolérants à la sécheresse de tous les légumes secs, mais son port étalé, qui rend la récolte difficile, ainsi que l’absence d’information sur son potentiel et sur des pratiques culturales adaptées freinent sa diffusion et son utilisation. Bien qu’il soit signalé dans plusieurs pays, il n’a pas pris d’importance en Afrique tropicale. Il pourrait pourtant accroître la production vivrière et fourragère en zones arides et semi-arides, et protéger le sol contre l’érosion. Ses limites écologiques, des pratiques culturales optimales de même que des cultivars plus adaptés doivent être étudiés. Les priorités de sélection incluent la mise au point de types érigés, précoces, la résistance aux maladies et une grande qualité nutritive de la graine.
Références principales
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- Narain, P., Singh, R.S. & Kumar, D., 2000. Droughts and dew bean productivity in northwestern arid Rajasthan, India. Drought Network News 13(1): 7–9.
- Negi, A., Boora, P. & Khetarpaul, N., 2001. Starch and protein digestibility of newly released moth bean cultivars: effect of soaking, dehulling, germination and pressure cooking. Nahrung/Food 45(4): 251–254.
- Thulin, M., 1983. Leguminosae of Ethiopia. Opera Botanica 68: 1–223.
- van Oers, C.C.C.M., 1989. Vigna aconitifolia (Jacq.) Maréchal. In: van der Maesen, L.J.G. & Somaatmadja, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 1. Pulses. Pudoc, Wageningen, Netherlands. pp. 66–67.
Autres références
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- Hanelt, P. & Institute of Plant Genetics and Crop Plant Research (Editors), 2001. Mansfeld’s encyclopedia of agricultural and horticultural crops (except ornamentals). 1st English edition. Springer Verlag, Berlin, Germany. 3645 pp.
- Kamble, S., Misra, H.S., Mahajan, S.K. & Eapen, S., 2003. A protocol for efficient biolistic transformation of mothbean Vigna aconitifolia L. Jacq. Maréchal. Plant Molecular Biology Reporter 21: 457a–457j.
- Kathju, S., Garg, B.K., Vyas, S.P. & Lahiri, A.N., 2003. Sustainable production of moth bean through genotype management under arid environments. Journal of Arid Environments 53: 137 143.
- Khatri, R.S., 2004. Breeding priorities for genetic improvement in mothbean (Vigna aconitifolia (Jacq.) Maréchal). Annals of Biology 20(2): 219–222.
- National Academy of Sciences, 1979. Tropical legumes: resources for the future. National Academy of Sciences, Washington, D.C., United States. 331 pp.
- Nimkar, P.M., Mandwe, D.S. & Dudhe, R.M., 2005. Physical properties of moth gram. Biosystems Engineering 91(2): 183–189.
- Rathore, B.S., 2001. Screening of mothbean genotypes against root rot and seedling blight caused by Macrophomina phaseolina. Plant Disease Research 16(1): 110–112.
- Thulin, M., 1993. Fabaceae (Leguminosae). In: Thulin, M. (Editor). Flora of Somalia. Volume 1. Pteridophyta; Gymnospermae; Angiospermae (Annonaceae-Fabaceae). Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. pp. 341–465.
- USDA, 2005. USDA national nutrient database for standard reference, release 18. [Internet] U.S. Department of Agriculture, Agricultural Research Service, Nutrient Data Laboratory, Beltsville, Maryland, United States. http://www.nal.usda.gov/ fnic/foodcomp. September 2005.
Sources de l'illustration
- van Oers, C.C.C.M., 1989. Vigna aconitifolia (Jacq.) Maréchal. In: van der Maesen, L.J.G. & Somaatmadja, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 1. Pulses. Pudoc, Wageningen, Netherlands. pp. 66–67.
Auteur(s)
- M. Brink
PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
- P.C.M. Jansen
PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Consulté le 22 décembre 2024.
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