Xylocarpus granatum (PROTA)
Xylocarpus granatum J.König
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Oléagineux | |
Colorant / tanin | |
Médicinal | |
Bois de feu | |
Ornemental |
- Protologue: Naturforscher 20 : 2 (1784).
- Famille: Meliaceae
- Nombre de chromosomes: 2n = 42, 52, 58
Synonymes
Carapa obovata Blume (1825), Xylocarpus obovatus (Blume) A.Juss. (1830), Carapa granatum (J.König) Alston (1931).
Noms vernaculaires
Cannonball mangrove (En). Mangalbola de canhão (Po). Mkomafi, mtifi (Sw).
Origine et répartition géographique
Xylocarpus granatum est largement réparti dans les régions côtières des tropiques de l’Ancien Monde, depuis l’Afrique orientale et Madagascar, en passant par l’Asie tropicale, jusqu’à l’Australie tropicale et à la Polynésie.
Usages
L’écorce du fût de Xylocarpus granatum est riche en tanin, et est employée pour tanner les peaux épaisses et en obtenir du cuir de semelles et autres cuirs épais, ainsi que pour renforcer et préserver les filets de pêche. Elle est parfois utilisée pour teindre les tissus en brunâtre ou roussâtre. Le bois est comparable à l’acajou, mais comme le tronc est généralement tortueux et creux, on ne peut en tirer de longues pièces droites. Il est employé dans la construction de bateaux, et pour faire des chevilles, des poteaux de construction, des objets sculptés, des manches d’outils et des meubles, mais il n’est pas résistant aux termites. En Inde, on le considère comme propre à faire des crayons de deuxième qualité. On peut aussi l’utiliser comme bois de feu, mais il brûle rapidement en dégageant beaucoup de chaleur, ce pourquoi on lui préfère d’autres bois. L’huile extraite des graines a été utilisée pour l'éclairage et comme huile capillaire. L’écorce astringente a quelques usages médicinaux. Elle sert à traiter la dysenterie, la diarrhée et autres troubles intestinaux, et est employée comme fébrifuge. Le fruit est utilisé en Inde pour traiter l’enflure des seins et l’éléphantiasis. Les graines torréfiées ont été utilisées en mélange avec du soufre et de l’huile de coprah contre les démangeaisons de la peau. Sur l’île de Mafia en Tanzanie, on boit une décoction de fruits broyés comme aphrodisiaque.
Production et commerce international
L’écorce n’est utilisée que localement pour le tannage et la teinture, parce que les disponibilités naturelles ne sont pas abondantes. Xylocarpus granatum ne pousse généralement pas en peuplements purs, et son écorce est peu épaisse. Son bois n’a qu’une importance locale.
Propriétés
Presque toutes les parties de l’arbre contiennent du tanin : écorce, bois, feuilles et fruits. Toutefois, c’est l’écorce des arbres adultes qui est la plus riche en tanin, en comptant 20–34% de la matière sèche. Ce tanin pénètre les peaux rapidement et produit un cuir brun rougeâtre, résistant, mais on ne connaît rien de sa composition. Les graines fournissent 1–2% d’huile. Le bois contiendrait 0,1% de gédunine, limonoïde ayant une action antipaludique et que l’on trouve dans de nombreuses autres espèces de Meliaceae, par ex. le nim (Azadirachta indica A.Juss.). En Malaisie, un extrait aqueux de graines a montré une importante action in vitro contre la filaire Brugia malayi. Le bois est moyennement lourd, avec une densité de 630–790 kg/m3 à 15% de teneur en eau, et il est moyennement dur et durable. Le bois de cœur est rougeâtre, fonçant à l’air pour prendre une couleur brun chaud foncé, et il est généralement bien distinct de l’aubier, qui est mince et de couleur chamois à gris argenté. Fil droit ou léger contrefil, le grain est fin et régulier. Le retrait est faible, le bois est généralement facile à travailler et à finir, et il prend un beau poli. Les qualités papetières du bois de Xylocarpus granatum se classent comme médiocres.
Description
Arbre de taille petite à moyenne, atteignant 15(–20) m de hauteur ; fût souvent de forme médiocre, atteignant 90 cm de diamètre, avec des racines superficielles fines, ramifiées, rubanées ; écorce mince, lisse, écailleuse, se desquamant irrégulièrement, blanchâtre à brun-jaune, écorce interne rose rougeâtre. Feuilles alternes, composées paripennées, avec 1–2 (–3) paires de folioles ; stipules absentes ; pétiole et rachis jusqu’à 12 cm de long ; pétiolules de 2–11 mm de long, épaissies ; folioles elliptiques ou obovales, de 4–12 cm × 2–6 cm, base cunéiforme, apex arrondi, entières, coriaces. Inflorescence : thyrse axillaire jusqu’à 6 cm de long, souvent fourchu avec un axe principal peu distinct. Fleurs fonctionnellement unisexuées, régulières, 4-mères ; pédicelle de 3–9 mm de long, épaissi près du calice ; calice à lobes atteignant le milieu, lobes de 1–3 mm de long ; pétales libres, oblongs, de 3,5–6,5 mm × 2–3 mm, blanc crémeux ou rosés ; étamines 8, unies en un tube de 2–3,5 mm de diamètre ; disque bien développé, à 8 lobes, rouge ; ovaire supère, 4-loculaire, style court et épais, grand stigmate. Fruit : capsule sphérique, pendante, ligneuse, de 12–25 cm de diamètre, pesant jusqu’à 3 kg, tardivement déhiscente par 4 valves à partir de l'apex, contenant 6–20 graines. Graines en forme de tétraèdre irrégulier, jusqu’à 6 cm de long, brunes, avec un tégument liégeux. Plantule à germination hypogée, initialement avec des feuilles écailleuses, premières feuilles simples.
Autres données botaniques
Xylocarpus est un genre peu nombreux, ne comprenant que 3 espèces qui sont très semblables, et ont été en conséquence souvent confondues. En Afrique tropicale et sur les îles africaines de l’océan Indien, on ne trouve que 2 espèces : Xylocarpus granatum et Xylocarpus rumphii (Kostel.) Mabb. Dans la plupart des flores africaines, Xylocarpus rumphii est appelé par erreur Xylocarpus moluccensis (Lam.) M.Roem., qui est en fait la troisième espèce, confinée à l’Asie tropicale et à l’Australie et que l’on ne trouve pas en Afrique. Xylocarpus rumphii n’est pas une espèce de mangrove, poussant sur des côtes sableuses et rocheuses, et n’a pas de racines superficielles rubanées. Il a des folioles ovales, légèrement acuminées, et des fruits de 6–8 cm de diamètre. Son écorce est rugueuse et fissurée longitudinalement, et peut aussi être utilisée pour le tannage, bien qu’en Afrique l’espèce soit moins commune que Xylocarpus granatum. Le bois de Xylocarpus rumphii est employé occasionnellement au Kenya, par ex. pour faire des mâts et des meubles.
Anatomie
Description anatomique du bois :
– Caractères macroscopiques :
Bois de cœur rougeâtre, fonçant à l’air en un brun chaud sombre, en général nettement distinct de l’aubier mince, de couleur chamois à gris argenté. Fil droit ou léger contrefil. Grain fin et régulier. Le bois présente des bandes plus foncées qui produisent une belle figure de soie moirée sur les surfaces tangentielles. Les cernes d’accroissement sont distincts ou indistincts.
Croissance et développement
Les arbres sont généralement sempervirents, même dans les climats à saisons marquées, mais ils sont parfois décidus. Ils drageonnent à la base lorsqu’ils sont endommagés, et les arbres affaiblis peuvent former plusieurs troncs. La croissance se déroule selon le modèle architectural de Rauh, caractérisé par un tronc monopodial qui croît rythmiquement et produit des étages de branches. Chaque nouvelle vague de croissance est marquée par quelques écailles suivies par des feuilles pennées. La floraison a lieu généralement durant la saison des pluies. Les fleurs sont fonctionnellement unisexuées, les fleurs mâles ayant un ovaire non fonctionnel, plutôt grêle, et les fleurs femelles ayant des étamines non fonctionnelles qui ne sont jamais déhiscentes ou qui produisent un pollen stérile. On a observé que certains individus, bien que fleurissant abondamment, ne produisent jamais de fruits, ce qui laisse penser que l’arbre est parfois dioïque. Les fleurs sont probablement pollinisées par des insectes à langue courte tels que les abeilles. Habituellement il se forme un seul fruit par inflorescence. Le tégument liégeux de la graine représente une adaptation à la dispersion par l’eau, et les graines peuvent commencer à germer alors qu’elles flottent encore. Les graines germées ne s’installent pas facilement dans la vase, mais sont souvent emportées par la marée. Cela peut contribuer à l’abondance de l’espèce dans les parties hautes des mangroves.
Ecologie
Xylocarpus granatum est une espèce de mangrove, que l’on trouve sur les sols vaseux des marécages de mangrove, notamment vers leur limite supérieure. Il tolère une salinité de 0,1–3%.
Multiplication et plantation
Dans les conditions naturelles, les graines de Xylocarpus granatum flottent juste au-dessous de la surface de l’eau et sont dispersées par les courants marins. La viabilité des graines décroît rapidement au cours du stockage. Elles doivent être semées avec la partie convexe vers le haut. Le pourcentage de germination est d’environ 70% en 1–2,5 mois. Les semis peuvent atteindre 50 cm de hauteur en 3 mois. Le semis direct a été appliqué avec succès dans une plantation expérimentale de Xylocarpus granatum à 1 m × 1 m d’écartement. Xylocarpus est moyennement exigeant en lumière, et particulièrement tolérant à l’ombre lorsqu’il est jeune. Une réduction de l’apport d’eau douce durant la saison sèche peut entraîner une forte mortalité.
Gestion
Dans les forêts de mangrove, les espèces de Rhizophora et Bruguiera sont généralement considérées comme plus intéressantes que Xylocarpus, qui est parfois coupé pour favoriser la croissance des autres espèces. Les grands arbres de Xylocarpus granatum sont souvent tordus et noueux, et leur fût est creux, ce qui fait qu’il est difficile d’en tirer des bois de grande dimension.
Recolte
L’écorce est levée sur l’arbre pour être utilisée dans les tanneries locales. L’arbre récupère aisément après l’écorçage.
Traitement après récolte
En général l’écorce est utilisée directement pour le tannage ou pour le traitement des filets de pêche.
Ressources génétiques
Les espèces de Xylocarpus sont relativement communes et répandues, et ne semblent pas menacées, si ce n’est que la forêt de mangrove a été coupée dans de nombreuses régions. Là où Xylocarpus est coupé pour favoriser d’autres espèces de mangrove, il peut se trouver menacé.
Perspectives
La culture de Xylocarpus granatum dans les zones les plus sèches de la mangrove mérite considération. Ce pourrait être une espèce intéressante pour le tannage industriel parce qu’elle récupère aisément après l’écorçage. En outre, elle se multiplie aisément, et elle a une teneur relativement élevée en tanin.
Références principales
- Mabberley, D.J., Pannell, C.M. & Sing, A.M., 1995. Meliaceae. In: Foundation Flora Malesiana (Editor). Flora Malesiana, Series 1, Volume 12. Rijksherbarium/Hortus Botanicus, Leiden University, Leiden, Netherlands. pp. 1–407.
- Rudjiman, 1991. Xylocarpus Koenig. In: Lemmens, R.H.M.J. & Wulijarni-Soetjipto, N. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 3. Dye and tannin producing plants. Pudoc, Wageningen, Netherlands. pp. 128–130.
- Styles, B.T. & White, F., 1991. Meliaceae. In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 68 pp.
- Sukardjo, S., 1998. Xylocarpus J. König. In: Sosef, M.S.M., Hong, L.T. & Prawirohatmodjo, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 5(3). Timber trees: Lesser-known timbers. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 591–594.
- Tomlinson, P.B., 1986. The botany of mangroves. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom. 413 pp.
- White, F. & Styles, B.T., 1963. Meliaceae. In: Exell, A.W., Fernandes, A. & Wild, H. (Editors). Flora Zambesiaca. Volume 2, part 1. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 285–319.
Autres références
- Allen, J.A., Krauss, K.W. & Hauff, R.D., 2003. Factors limiting intertidal distribution of the mangrove species Xylocarpus granatum. Oecologia 135: 110–121.
- Barbosa, F.M.A., Cuambe, C.C. & Bandeira, S.O., 2001. Status and distribution of mangroves in Mozambique. South African Journal of Botany 67: 393–398.
- Beentje, H.J., 1994. Kenya trees, shrubs and lianas. National Museums of Kenya, Nairobi, Kenya. 722 pp.
- CSIR, 1950. The wealth of India. A dictionary of Indian raw materials and industrial products. Raw materials. Volume 2: C. Council of Scientific and Industrial Research, New Delhi, India. 427 pp.
- Decary, R., 1946. Plantes et animaux utiles de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 54e année, 6e série, 4e volume, 1er et dernier fascicule. 234 pp.
- Hassan, A.S. & Cheek, M., 1999. Meliaceae. In: Thulin, M. (Editor). Flora of Somalia. Volume 2. Angiospermae (Tiliaceae-Apiaceae). Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. pp. 228–238.
- Kokwaro, J.O., 1993. Medicinal plants of East Africa. 2nd Edition. Kenya Literature Bureau, Nairobi, Kenya. 401 pp.
- Mainoya, J. R., Mesaki, S. & Banyikwa, F.F., 1986. The distribution and socio-economic aspects of mangrove forests in Tanzania. In: Kunstadter, P., Bird, E.C.F. & Sanga Sabhasri (Editors). Man in the mangroves: the socio-economic situation of human settlements in mangrove forests. Proceedings of a workshop held at Nong Nuch Village, Pattaya, Thailand, 27–31 May 1985. United Nations University, Tokyo, Japan. 117 pp.
- Shinoda, Y., Iwata, S. & Tayima, T., 1987. The chemical composition of mangroves: 3, The bark [in Japanese]. Research Bulletin of the Faculty of Agriculture, Gifu University, Japan 52: 147–158.
- White, F., Styles, B.T. & Gonçalves, A.E., 1979. Meliaceae. In: Mendes, E.J. (Editor). Flora de Moçambique. No 42. Junta de Investigações Científicas do Ultramar, Lisbon, Portugal. 51 pp.
- Zaridah, M.Z., Idid, S.Z., Omar, A.W. & Khozirah, S., 2001. In vitro antifilarial effects of three plant species against adult worms of subperiodic Brugia malayi. Journal of Ethnopharmacology 78(1): 79–84.
Sources de l'illustration
- Rudjiman, 1991. Xylocarpus Koenig. In: Lemmens, R.H.M.J. & Wulijarni-Soetjipto, N. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 3. Dye and tannin producing plants. Pudoc, Wageningen, Netherlands. pp. 128–130.
Auteur(s)
- P.C.M. Jansen
PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Consulté le 22 décembre 2024.
- Voir cette page sur la base de données Prota4U.