Hépatique (Cazin 1868)

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Guimauve
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Herniaire

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Nom accepté : Marchantia polymorpha


HÉPATIQUE DES FONTAINES. Marchantia polymorpha. L.

Lichen petræus latifolius, sive hepatica fontana. C. Bauh. — Hepatica terrestris. Ger. — Lichen, sive hepatica fontana. J. Bauh. - Lichen sive hepatica vulgaris. Park.

Hépatique des fontaines, — hépatique officinale, marchantée étoilée ou variée, — marchantia polymorphe, — herbe de Hallot, — herbe aux poumons.

HÉPATICÉES. Fam. nat. — CRYPTOGAMIE. L.


Cette plante croît sur les bords des fontaines et des puits ; elle s'attache aussi aux arbres et aux rochers, entre les pavés des cours, et forme comme une espèce d'écaille.

Description. — Se présente sous forme d'expansions nombreuses ou de croûtes vertes, planes, étalées, lobées, transparentes, ponctuées en dessus, traversées en dessous par des radicelles très-menues. Sur la face supérieure, des conceptacles sessiles, en forme de coupe, contenant les capsules, et des conceptacles mâles en forme d'ombelles, dont le contour offre cinq lobes peu marqués, arrondis-obtus.

Parties usitées. — Toute la plante.

Récolte. — On peut récolter l'hépatique des fontaines dans toutes les saisons, mais de préférence dans l'été, la plante étant alors dans toute sa vigueur. On en sépare les feuilles mortes, on la fait sécher au soleil ou à l'étuve, et on la conserve dans un lieu sec et à l'abri du contact de l'air.

L'hépatique des fontaines était regardée par les anciens comme propre à combattre les maladies du foie ; de là le nom qu'elle porte. Quoique rarement employée, on la considère encore aujourd'hui comme diurétique, dépurative et détersive. Lieutaud dit que son usage ne paraît pas sans succès dans les embarras du foie et des autres viscères, et même dans la phthisie. Ce médecin la conseille aussi comme dépurative dans les maladies chroniques de la peau.

« M. Short, médecin de l'infirmerie royale d'Edimbourg, assure avoir employé avec beaucoup de succès l'hépatique à l'extérieur, pour faire couler les urines et amener par là la guérison de différentes espèces d'hydropisies. Ce diurétique ne lui a pas toujours réussi, mais jamais il n'a déterminé d'accidents fâcheux. Voici la manière dont il l'emploie : il fait bouillir pendant douze heures deux poignées de feuilles d'hépatique dans l'eau ; il les broie ensuite à l'aide d'un pilon, y joint une quantité égale de farine de graine de lin, et en forme un cataplasme qu'il étend sur le ventre des malades. Ce cataplasme est renouvelé deux fois par jour ; il produit une abondante transpiration, et augmente considérablement la sécrétion des urines. Si au bout de quelques jours, on n'en obtient pas d'effet, il est inutile d'en continuer l'usage plus longtemps... Le seul inconvénient qui résulte de l'applioation de ces cataplasmes est de jeter les malades dans une grande faiblesse, qui force de temps à autre à en suspendre l'emploi. Pendant tout le temps de la cure, ce médecin ne donne aucun médicament à l'intérieur ; il se borne à soutenir les forces avec des bouillons de boeuf et de poulet[1].

J'ai essayé, dans deux cas d'anasarque, les cataplasmes d'hépatique. Dans le premier cas, aucune action sensible n'a été produite ; clans le second, la sécrétion urinaire a été considérablement augmentée ; mais cet effet ne s'est soutenu que pendant cinq à six jours. J'ai alors essayé l'usage interne de cette plante ; j'en ai fait broyer et infuser 60 gr. dans un kilogr. de vin blanc. Cent gr. de ce vin, administrés deux fois par jour, produisirent un effet diurétique prononcé ; au bout de quinze jours, l'infiltration séreuse du tissu cellulaire était entièrement dissipée. Cette infiltration était survenue,

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  1. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, t. IV, p. 103.


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chez un manouvrier âgé de cinquante ans, à la suite d'une fièvre quarte contre laquelle il n'avait employé, à diverses reprises, qu'une forte décoction de café avec addition de suc de citron et d'eau-de-vie. Je ferai observer à cette occasion, que lorsqu'on supprime les accès des fièvres intermittente automnales sans, au préalable, avoir ramené les organes digestifs à un état favorable, les embarras viscéraux, et, surtout, l'engorgement de la rate, l'œdème et l'hydropisie, sont fréquemment la conséquence de cette pratique irrationnelle. J'ai vu l'engorgement splénique, que je considère comme effet et non comme cause, subsister longtemps après la cessation des accès de fièvre.

Levrat-Perrotton a employé avec succès la décoction concentrée du marchantia dans des cas de gravelle qui avaient résisté à divers traitements.

Le marchantia rampe dans les lieux humides, sur de vieux murs placés aux bords des ruisseaux, ou sur des roches calcaires infiltrées d'eau. Il doit nécessairement contenir certains sels, de ceux peut-être qui ont une action dissolvante sur les calculs urinaires. Il a des propriétés diurétiques comme le nitre, la digitale, la scille et la pariétaire ; car il augmente les urines. Mais il doit avoir aussi quelques principes différents des autres diurétiques, puisque ces derniers sont souvent impuissants dans des cas où il réussit.

Depuis longtemps, Gensoul, collègue de l'auteur, employait le marchantia comme diurétique ; il n'a eu qu'à s'en louer. Cette plante a été connue des anciens. Pollini dit d'elle : Apud mediços olim in usu erat (marchantia) in morbis hepatis et vesicæ. Les dictionnaires de médecine moderne l'ont oubliée, voire même la Pharmacopée universelle de Jourdan.

Le marchantia employé par Levrat-Perrotton est le conica ; le marchantia polymorpha, ayant les mêmes habitudes, a les mêmes propriétés médicales[1].

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  1. Abeille médicale, 1844, p. 35.