Avoine (Cazin 1868) : Différence entre versions

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Version du 11 août 2015 à 20:52

Aurone
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Baguenaudier

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Avoine

Nom accepté : Avena sativa

AVOINE. Avena sativa. L.

Avena nigra. Bauh. — Avena vulgaris. — Tourn. — Avena vesca. Lob.

Graminées. — Avénacées. Fam. nat. — Triandrie digynie. L.

L'avoine est une plante annuelle, originaire d'Asie, et que l'on cultive dans toute l'Europe. Elle aime une température peu élevée jointe à un peu d'humidité. On la sème en février, mars ou avril, suivant la saison ou le climat.

Description. — Racine se composant de fibrilles nombreuses, très-menues, garnies pourtant dans presque toute leur longueur de filaments capillaires. — Tige droite, ferme, creuse, noueuse, haute de 60 centimètres à 1 mètre. — Feuilles longues, planes,


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un peu rudes au toucher, engaînantes. — Fleurs en panicule lâche, quelquefois unilatéral, composé d’épillets pendants, à deux fleurs, dont les balles, plus courtes que les glumes, ont une arête longue, torse vers la base. Cette arête se perd souvent par la culture. — [Etamines trois à anthères allongées. — Style bifide, terminé par deux stigmates plumeux. — Fruit : caryopse, long, farineux, pointu aux deux extrémités.]

Parties usitées. — La semence.

[Culture. — La culture de cette plante est essentiellement du domaine de l'agriculture.]

propriétés physiques et chimiques. — L’écorce qui recouvre cette semence est dure, coriace, d’une saveur amère, nauséabonde, qui se communique au pain et à la bière qu'on en prépare. L’arête placée à la balle extérieure se courbe et tourne de différents sens, suivant le plus ou moins d’humidité de l'atmosphère, en sorte qu'elle offre un hygromètre naturel.

La farine d’avoine contient, d'après Vogel, 59 parties de fécule, 4.30 d'albumine, 3.50 de gomme, 8.25 de sucre et de principe amer, 2 d'huile grasse et un peu de matière fibreuse. Davy en a retiré 10 pour 100 de gluten. Suivant Journet, l’écorce de la semence d'avoine renferme un principe aromatique analogue à celui de la vanille, soluble dans l’alcool, et que l'on peut employer pour aromatiser les liqueurs, les crèmes, les pastilles, le chocolat, etc. L’avoine noire ou rouge, bouillie dans le lait destiné à faire des crèmes, lui communique ce principe. Les traiteurs de Paris connaissent et emploient cet innocent succédané de la vanille.

Vauquelin a constaté la présence du phosphate de chaux et de la silice dans les cendres de cette graine,

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

[Le gruau est à peu près la seule partie de l’avoine employée en médecine ; on l’obtient en passant les grains d’avoine entre deux meules pour les débarrasser de l’épicarpe, comme on le fait pour l’orge ; le gruau ainsi obtenu est employé en décoction à la dose de 30 à 60 gr. sous la forme de tisane. Ce n’est pas avec cette avoine que l'on fait le pain de luxe connu sous le nom de pain de gruau. Celui-ci est préparé avec la plus belle farine de froment.

(L'avoine était la base du decoctum avenacum Loweri.)

Dan nos pays, l’avoine sert principalement à la nourriture des chevaux, des vaches, des brebis, des porcs de la volaille, etc. Elle augmente considéraillement le lait des vaches. Elle donne aux chevaux plus d’énergie ; mais on prétend qu’elle fatigue les organes digestifs par l'irritation que cause son enveloppe corticale en contact avec la muqueuse, et qu’elle abrège ainsi la durée de la vie de ces animaux. (On a conseillé, pour obvier à cet inconvénient, de faire macérer l’avoine avant de la leur donner.)

Divers peuples regardaient l’avoine comme une des principales plantes alimentaires. La bouillie d'avoine, au rapport de Pline, servait à la nourriture des anciens Germains. Les pauvres habitants de la Norvège, de la Suède, ceux, de quelques provinces de l’Angleterre, de l’Allemagne et de la France, mangent du pain d’avoine, surtout quand les autres céréales sont rares. Ce pain est gras, visqueux, foncé en couleur, amer et indigeste.

Il a été constaté que des concrétions intestinales singulières peuvent être produites ; par l’usage habituel de l’avoine comme aliment. « Claret et Lagillardais, médecins, ont adressé à l’Académie des sciences deux calculs qu’ils ont retirés du rectum d'une fille reçue par eux à l'hôpital de Vannes. — Guinourt ayant examiné ces deux concrétions avec beaucoup de soin, a reconnu que la première pesait 40 grammes, la seconde 27. Toutes deux présentaient à leur centre un noyau de prune. L’enveloppe extérieure de ce corps étranger était une sorte de feutre formé sans doute par la pellicule extérieure de l’avoine dont cette femme se nourrissait habituellement. Ces concrétions, en effet, sont très-communes chez les chevaux, et on ne les rencontre guère


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dans l’espèce humaine que parmi les gens qui font leur nourriture habituelle de la farine d'avoine (1). »

La semence d’avoine, dépouillée de sa pellicule, forme le gruau, qui est émollient et nutritif. Il est très-employé en décoction dans les maladies de poitrine, les catarrhes, les toux sèches, l’hémoptysie, les phlegmasies du tube digestif et des voies urinaires. Avec le lait il forme une nourriture douce, rafraîchissante, calmante, qui convient surtout aux enfants. Pendant tout le cours des fièvres typhoïdes, je nourris les malades avec l’eau de gruau, plus ou moins épaisse, le jaune d’oeuf étendu dans l’eau, le bouillon, à mesure que le malade approche de sa convalescence, pendant laquelle je donne la bouillie faite avec le gruau concassé, les soupes grasses, etc. Il est de toute nécessité d’alimenter les malades dans les fièvres. Si l’on n'avait pas oublié à cet égard les préceptes d’Hippocrate, on n'aurait pas vu tant de malades mourir d'inanition au déclin de leur maladie. L’application pratique de la doctrine de Broussais en a fourni de nombreux exemples. J’ai vu, vers la fin des maladies aiguës, l’irritation de l'estomac, la persistance de l'état fébrile, avec sécheresse de la peau, urines rouges, etc., cesser comme par enchantement sous l'influence d'une alimentation douce et graduellement augmentée.

En Angleterre on fait un grand usage, comme nourriture, de la bouillie de gruau. Cette bouillie est plus délicate si l’on y ajoute des amandes douces et du sucre. Ce mets est restaurant et d'une digestion facile. On le donne aux enfants, aux valétudinaires et aux femmes en couche.

(Hippocrate, Galien, Paul d’Egine, Alex. de Tralles, Oribase, Hoffmann, Boerhaave, prescrivaient la décoction d’avoine brute comme celle d’orge dans les affections aiguës et inflammatoires.)

Dans ma pratique rurale, j’employais généralement la tisane d'avoine telle qu'elle est, c'est-à-dire non dépouillée de ses enveloppes. Je lui ai quelquefois reconnu une propriété diurétique assez marquée, mais irrégulière et inconstante. Thémont, d’Ath (2), a vu des hydropiques rebelles céder à l'usage de ce remède populaire. Il l’administrait à la dose de deux fortes poignées, en décoction, dans un litre et demi réduit à un litre. Dubois, de Tournai, a connu un charretier qui s’est guéri d’une infiltration générale de tout le corps en prenant la même décoction. Elle lui a aussi parfaitement réussi chez une femme de soixante-cinq ans, d’une constitution débile, qui avait, depuis plusieurs semaines, les extrémités inférieures fortement infiltrées. Ce médicament provoqua une diurèse très-abondante, qui fit disparaître le gonflement en quarante-huit heures. Dans deux autres cas d’hydropisie, ce remède ne produisit aucun bien.

L’eau aigrie sur la farine d'avoine forme, avec le sucre et une petite dose de vin blanc, une limonade antiseptique et stimulante, dont Pringle a constaté les avantages pour arrêter les progrès du scorbut.

On prépare, avec l’avoine torréfiée et réduite en poudre, un café laxatif qui soulage les personnes atteintes d’hémorroïdes ou sujettes à la constipation. Deux ou trois tasses prises le matin à jeun, pendant deux ou trois jours, produisent ordinairement un effet salutaire. On peut y ajouter quelques cuillerées de lait et un peu de sucre. (Roques.)

La balle d’avoine, qui est douce et souple, est employée dans les coussinets pour les appareils de fracture, dans les paillassons pour les enfants au berceau, et pour les oreillers dans les affections de la tête où les oreillers de plume causent trop de chaleur. — En cataplasme, la farine d’avoine est émolliente, légèrement résolutive et maturative. J’ai employé avec avantage, sur les ulcères putrides, un cataplasme composé de farine d’avoine et de levure de bière ; l’effet antiseptique de ce cataplasme est très-prompt. — J'applique


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(1) Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1853, p. 81.

(2) Journal de médecine de Bruxelles, août 1844.


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quelquefois, à l’exemple des campagnards, l'avoine entière cuite avec du vinaigre, sur les points de côté pleurétiques et sur le lombago ; mais je leur préfère l’action d'un rubéfiant.