Arrabidaea chica (Pharmacopées en Guyane) : Différence entre versions
Ligne 61 : | Ligne 61 : | ||
Tests chimiques en fin d’ouvrage. | Tests chimiques en fin d’ouvrage. | ||
+ | |||
+ | ____________________ | ||
+ | |||
+ | <references/> | ||
[[Category:Pharmacopées en Guyane]] | [[Category:Pharmacopées en Guyane]] |
Version actuelle en date du 15 décembre 2020 à 10:33
|
Sommaire
Arrabidaea chica (Humb. et Bonpl.) Verl.
- Nom accepté : Fridericia chica
Synonymie
Bignonia chica Bonpl.
Noms vernaculaires
- Créole : calajourou [kalajourou], calajiro [kalajiro], calijouri [kalijouri].
- Wayãpi : —
- Palikur : karajura.
- Kali’na : krawiru, ka:lawi:lu.
- Wayana : tari.
- Portugais : carajurú, pariri, cipό-cruz, crajirú.
Écologie, morphologie
Arbuste lianescent à racine tubéreuse qui, bien que souvent cultivé, n’est jamais abondant [1].
Collections de référence
Jacquemin 1638, 2481 ; Prévost et Grenand 3021.
Emplois
Cette plante est avant tout connue en Amazonie pour ses propriétés tinctoriales, les feuilles à peine froissées devenant rouge carmin ; en Guyane, elle est utilisée par les Wayana et les Kali’na [2]. Outre des utilisations comme colorant, qui se raréfient d’ailleurs actuellement, cette espèce est aussi connue régionalement pour ses usages magiques et médicinaux.
Un guérisseur créole nous a donné la recette suivante : la décoction des feuilles et des tiges, sucrée et additionnée d’une cuillerée de Jacobin (Eau des Révérends Pères jacobins de Rouen) est bue matin, midi et soir à raison d’une tasse, pour faire baisser la tension [3].
Quant aux Palikur, ils préparent avec Arrabidaea chica un charme pour la chasse. On fait bouillir une grande quantité de feuilles jusqu’à épaississement. En fin d’opération, on ajoute les tubercules pilés des arums suivants (cf. Caladium bicolor) : masas yitβey, « arum-charme pour le daguet rouge », masas uwakβey, « arum-charme pour la gymnote électrique » et masas pakihβey, « arum-charme pour le pécari à lèvre blanche ». Le résultat final est une boule rouge enfermée dans une feuille que l’on transporte dans son sac-côté (musette) et qui donne de la chance à la chasse de tous les gibiers [4].
Chimie et pharmacologie
Les propriétés tinctoriales de cette plante sont dues à deux pigments anthocyaniques du type 3-désoxyanthocyanidines (HEGNAUER, 3, 1964) : la carajurine, qui est le pigment principal et la carajurone dont la structure a été révisée par ZORN et al. (2001). L’acide oléanolique et un pigment flavonique dérivé de la 5-méthoxyflavone, appelé carajuflavone comprenant l’acacétol et la génine ont aussi été isolés (TAKEMURA et al., 1995) ; ce composé ne serait pas responsable de la couleur, la forme hétérosidique étant souvent incolore ou très peu colorée. La carajurine, outre ses propriétés tinctoriales, semble aussi posséder des propriétés anti-inflammatoires. Les tests chimiques réalisés ont montré la présence de saponines, de flavanes et de tanins dans les feuilles et les tiges. On observe avec les feuilles une fausse réaction des alcaloïdes, probablement due à une interaction avec des iridoïdes présents dans cette famille.
Tests chimiques en fin d’ouvrage.
____________________
- ↑ Cette plante indigène au bassin amazonien (DUCKE, 1946) n'a été trouvée que cultivée dans le nord de la Guyane. Elle semble en revanche spontanée dans le haut Maroni. Pour les Palikur, Il s'agit d'ailleurs d'une plante introduite anciennement par les « Brésiliens » (comprendre les réfugiés amérindiens venus du bas Amazone au XIXe siècle). Enfin, les noms employés en Guyane sont des emprunts à la Lingua Geral (tupi) de l'Amazone.
- ↑ Le colorant fit autrefois l'objet d'un petit commerce au Brésil et fut exporté en Europe sous le nom de « Rouge américain », à une époque où « le fard des Parisiennes et des Indiens d'Amazonie sur le pied de guerre était dû au même pigment » (GOTTLIEB et MORS, J978).
- ↑ En Amazonie péruvienne, les feuilles sont utilisées comme anli-inflammatoire. Les Tikuna utilisent également les feuilles pour soigner les conjonctivites (DUKE et VASQUEZ, 1994). Enfin, la plante est vendue sur le marché de Manaus pour traiter l'anémie, le diabète et l'inflammation de l'utérus (FERREIRA, 1992).
- ↑ L'usage magique d’Arrabidaea chica est aussi très fréquent chez les Caboclos amazoniens, ainsi que nous avons pu le vérifier. Chez les Walmiri Atroari, les feullles sont l'un des ingrédients principaux d'une infusion à caractère protecteur utilisée lors de l'initiation des adolescents (MILLIKEN et al., 1992).