Sanicle (Cazin 1868) : Différence entre versions

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[[File:Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes (Pl. XXXVI) (6459827741).jpg|thumb|PLANCHE XXXVI : 1. Safran. 2. Salicaire. 3. Sanicle. 4. Saponaire. 5. Sauge.]]
  
  

Version actuelle en date du 8 mars 2017 à 20:59

Salsepareille
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Santoline
PLANCHE XXXVI : 1. Safran. 2. Salicaire. 3. Sanicle. 4. Saponaire. 5. Sauge.


[949]

Nom accepté : Sanicula europaea


SANICLE. Sanicula europæa. L.

Sanicula officinarum. C. Bauh., Tourn. — Sanicula mas. Fuchs. — Sanicula mas Fuchsii, sive diapensa. J. Bauh.

Sanicle d'Europe, — sanicle commune, — herbe de Saint-Laurent, — herbe du Deffaut.

OMBELLIFÈRES. — SANICULÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE DIGYNIE. L.


La sanicle, plante vivace (Pl. XXXVI), est commune dans les bois, les haies, à l'ombre, dans les lieux humides.

Description. — Racine assez grosse, brune, noueuse et très-fibreuse. — Tige grêle, simple, peu rameuse, cannelée. — Feuilles radicales, longuement pétiolées, glabres et luisantes en dessus, d'un vert moins foncé en dessous, divisées en trois ou cinq lobes, dentées ou incisées. — Fleurs blanches, petites, sessiles, la plupart hermaphrodites, disposées en ombellules arrondies sur quatre ou cinq rayons ternes, formant l'ombelle entière (mai-juin-juillet). — Calice à cinq lobes foliacés. — Corolle à cinq pétales réfléchis. — Cinq étamines un peu plus courtes que les pétales. — Les fleurs hermaphrodites ont un ovaire infère à deux loges uniovulées, couronné par un disque bilobé surmonté de deux styles divergents. — Deux styles. — Fruit : diakène globuleux, courbé, hérissé de pointes subulées, crochues, surmonté par les lobes persistants du calice et porté sur un pédoncule fructifère légèrement accru.

Parties usitées. — Les feuilles.

Récolte. — On peut la récolter pendant une grande partie de la belle saison.

[Culture. — La sanicle n'est cultivée que dans les jardins botaniques. On les propage par éclats de pieds faits à l'automne ou au printemps. Elle préfère les lieux ombragés, les bois humides.]

Propriétés physiques et chimiques. — La sanicle a un goût amer et styptique, laissant dans l'arrière-bouche un sentiment d'âcreté. Cette saveur est moins forte dans la plante fraîche que lorsqu'elle est sèche. La décoction ou l'infusion noircit par le sulfate de fer.

On regardait autrefois cette plante comme une panacée universelle (1)[1]. Elle est surtout employée comme vulnéraire, et, à ce titre, elle est restée comme une des principales espèces dans les vulnéraires suisses ou Falltrank, sorte de farrago dont l'infusion est d'un usage vulgaire dans les chutes et dans beaucoup de maladies aussi différentes par leur nature que les plantes qui composent ce mélange le sont par leurs propriétés. La confiance populaire dans les vulnéraires a pour effet, comme tous les remèdes innocents, d'empêcher de recourir à des moyens rationnellement indiqués et plus efficaces.

Quoi qu'il en soit, la sanicle, à cause de sa légère astringence, a été employée dans les hémorrhagies passives, la leucorrhée, la diarrhée, la dysenterie, l'hématurie, etc. On en donne le suc (SO à 100 gr.) ou l'infusion (30 à 60 gr. par kilogr.). Les gens de la campagne broient une poignée de sanicle, la font infuser à froid pendant une nuit dans un verre de vin blanc, passent le tout par un linge, avec forte expression, et font avaler ce remède à jeun contre les hémorrhagies et surtout contre le crachement de sang, les diarrhées et les dysenteries chroniques. On donne aussi, dans quelques cantons, sous le nom d’herbe de Deffaut, la sanicle aux vaches qui viennent de vêler, afin de favoriser l'expulsion de l'arrière-faix.

La sanicle a été employée à l'extérieur comme tonique et détersive. Elle est aujourd'hui presque inusitée, malgré ce distique de l'École de Salerne :

Qui a la bugle et la sanicle,
Fait aux chirurgiens la nique.

Cette plante n'est pas entièrement dépourvue de propriétés. Elle est sur

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  1. Sanicula dérive du verbe sanare, guérir.


[950]

la même ligne, comme astringente, que l'aigremoine, la centinode, l'argentine, etc.

(Au Maryland, on emploie la racine de sanicula Marylandica, desséchée et pulvérisée, à la dose d'une cuillerée à thé, renouvelée trois fois par jour[1]. Labriski se loue de ce mode d'administration dans la chorée. J'ai vainement tenté l'usage de notre sanicle, et, tout en engageant les expérimentateurs à voir par eux-mêmes, je puis affirmer qu'elle est bien loin de l'exotique, dont l'action se ferait sentir en très-peu de jours.)

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  1. Labriski, in Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1849, t. XX, p. 102.