Cynoglosse (Cazin 1868) : Différence entre versions

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''Cynoglossum majus vulgare''. C. Bauh., Tourn. — ''Cynoglossum vulgare''. J. Bauh.
  
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BORRAGINÉES. — BORRAGÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MONOGYNIE. L.
  
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Cenedilla<ref>''Giornale di farm. di Milano'', 1828.</ref> a fait l'analyse de la racine ; il y a trouvé de l'eau chargée d'un principe odorant, une matière grasse colorante, une matière résineuse, du suroxalate de potasse, de l'acétate de chaux, du tannin, de la matière extractive, une matière animale, de l'inuline, une matière gommeuse, de l'acide pectique, de l'oxalate de chaux, de la fibre ligneuse. Ce chimiste pense que le principe odorant en est le principe actif.
odorant, une matière grasse colorante, une matière résineuse, du suroxalate de potasse, de l'acétate de chaux, du tannin, de la matière extractive, une matière animale, de l'inuline, une matière gommeuse, de l'acide pectique, de l'oxalate de chaux, de la fibre ligneuse. Ce chimiste pense que le principe odorant en est le principe actif.
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Il règne beaucoup de vague sur les propriétés de la cynoglosse ; les uns la considèrent comme narcotique, tandis que les autres la regardent comme adoucissante et mucilagineuse seulement. Scopoli, Desbois, de Rochefort, assurent qu'elle n'a rien de vireux. Vogel, Morison, Murray, et la plupart
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Il règne beaucoup de vague sur les propriétés de la cynoglosse ; les uns la considèrent comme narcotique, tandis que les autres la regardent comme adoucissante et mucilagineuse seulement. Scopoli, Desbois, de Rochefort, assurent qu'elle n'a rien de vireux. Vogel, Morison, Murray, et la plupart des anciens, la considèrent comme une plante très-vénéneuse. Murray rapporte l'histoire d'une famille entière qui fut empoisonnée par l'usage inconsidéré des feuilles de cynoglosse. Chaumeton, étant occupé à arranger sur des feuilles de papier plusieurs échantillons de cette plante fraîche, fut pris de malaise, de défaillance, et éprouva d'abondants vomissements. Cette plante est réellement délétère ; mais cette qualité s'affaiblit et disparaît même par la dessiccation. Dans ce dernier état, j'en ai employé les racines et les feuilles comme béchiques et adoucissantes, à la dose de 30 gr. à 60 gr. pour 1 kilogr. d'eau, dans les affections catarrhales, les diarrhées avec tranchées, les toux sèches ou nerveuses. Les pilules de cynoglosse, dont on fait un fréquent usage, méritent-elles le nom qu'elles portent ? C'est à l'opium et aux semences de jusquiame, qui entrent dans leur composition, que la plupart des médecins attribuent la propriété calmante et hypnotique dont elles jouissent. Cependant quelques praticiens, et en particulier Chaumeton, ont pensé que cette préparation ne pouvait être remplacée par l'opium seul, parce que la racine mucilagineuse de la cynoglosse tempère l'énergie de l'opium et de la jusquiame, et leur imprime une modification dont les plus célèbres médecins reconnaissent l'utilité. Je crois que cette modification est due à l'association de l'opium et de la jusquiame, lesquels se mitigent l'un l'autre. II entre aussi dans ces pilules du castoréum, de l'oliban, du safran. Murray, encore élève en médecine, fit un heureux essai de ces pilules sur son père, à qui une toux violente et opiniâtre avait depuis longtemps ravi le sommeil. « ''Massa hac cum nitro versus noctem data, olim optimo patrum nocturnam quietem, crebris pectoris à tussi concusssionibus diu turbatam, tiro medicus feliciter restitui''. »
des anciens, la considèrent comme une plante très-vénéneuse. Murray rapporte l'histoire d'une famille entière qui fut empoisonnée par l'usage inconsidéré des feuilles de cynoglosse. Chaumeton, étant occupé à arranger sur des feuilles de papier plusieurs échantillons de cette plante fraîche, fut pris
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de malaise, de défaillance, et éprouva d'abondants vomissements. Cette plante est réellement délétère ; mais cette qualité s'affaiblit et disparaît même par la dessiccation. Dans ce dernier état, j'en ai employé les racines et les feuilles comme béchiques et adoucissantes, à la dose de 30 gr. à 60 gr. pour 1 kilogr. d'eau, dans les affections catarrhales, les diarrhées avec tranchées, les toux sèches ou nerveuses. Les pilules de cynoglosse, dont on fait un fréquent usage, méritent-elles le nom qu'elles portent ? C'est à l'opium et aux semences de jusquiame, qui entrent dans leur composition, que la plupart des médecins attribuent la propriété calmante et hypnotique dont elles jouissent. Cependant quelques praticiens, et en particulier Chaumeton, ont pensé que cette préparation ne pouvait être remplacée par l'opium seul, parce que la racine mucilagineuse de la cynoglosse tempère l'énergie de l'opium et de la jusquiame, et leur imprime une modification dont les plus célèbres médecins reconnaissent l'utilité. Je crois que cette modification est due à l'association de l'opium et de la jusquiame, lesquels se mitigent l'un l'autre. II entre aussi dans ces pilules du castoréum, de l'oliban, du safran. Murray, encore élève en médecine, fit un heureux essai de ces pilules sur son père, à qui une toux violente et opiniâtre avait depuis longtemps ravi le sommeil. « ''Massa hac cum nitro versus noctem data, olim optimo patrum nocturnam quietem, crebris pectoris à tussi concusssionibus diu turbatam, tiro medicus feliciter restitui''. »
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Les feuilles et les racines fraîches de cynoglosse, en cataplasme ou en décoction concentrée, sont très-utiles appliquées sur les brûlures, les inflammations superficielles ; elles calment la douleur. Les cultivateurs en font fréquemment usage dans la médecine vétérinaire, en fomentation sur les engorgements inflammatoires, dans l'ophthalmie, et même sur les plaies gangreneuses, sans doute quand celles-ci sont le résultat d'un excès d'inflammation.  
 
Les feuilles et les racines fraîches de cynoglosse, en cataplasme ou en décoction concentrée, sont très-utiles appliquées sur les brûlures, les inflammations superficielles ; elles calment la douleur. Les cultivateurs en font fréquemment usage dans la médecine vétérinaire, en fomentation sur les engorgements inflammatoires, dans l'ophthalmie, et même sur les plaies gangreneuses, sans doute quand celles-ci sont le résultat d'un excès d'inflammation.  

Version du 1 décembre 2016 à 20:52

Cynanque
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Cyprès


[363]

Nom accepté : Cynoglossum officinale


CYNOGLOSSE.

Cynoglossum majus vulgare. C. Bauh., Tourn. — Cynoglossum vulgare. J. Bauh.

BORRAGINÉES. — BORRAGÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MONOGYNIE. L.

Langue de chien, — herbe d'antal.


La cynoglosse, plante bisannuelle (Pl. XVI), croît dans les lieux incultes et pierreux ou sablonneux.

Description. — Racine grosse, pivotante, rameuse, gris-noirâtre en dehors, blanche en dedans, s'enfonçant jusqu'à 30 centimètres dans la terre. — Tiges herbacées, striées, épaisses, velues, rameuses, de 60 centimètres environ. — Feuilles alternes, allongées, lancéolées, pubescentes, douces au toucher, d'un vert blanchâtre ; les radicales pétiolées, sessiles. — Fleurs d'un rouge violacé, légèrement pédonculées, réunies au sommet des rameaux en cymes scorpioïdes (mai-juillet). — Calice presque campanulé, à cinq découpures. — Corolle monopétale, infundibuliforme, à tube un peu plus court que le calice. — Cinq étamines, plus courtes que la corolle. — Quatre carpelles. — Un style persistant. — Fruit consistant en quatre akènes comprimés, attachés au style latéralement, chargés d'aspérités à leur face supérieure.

Parties usitées.— La racine et les feuilles.

[Culture. — La cynoglosse est très-abondante à l'état sauvage ; on ne la cultive que dans les jardins botaniques ; elle exige un sol sec et une exposition chaude ; on la sème au printemps ou à l'automne en place ; elle supporte mal la transplantation, même lorsqu'elle est jeune.]

Récolte — On récolte la racine au printemps, lorsqu'elle est à sa seconde année. On doit en séparer le cœur, qui est ligneux et sans vertu ; faire sécher promptement l'écorce coupée par petits fragments et la conserver, dans un lieu bien sec. Les feuilles sont meilleures la première année, avant l'apparition de la tige. Elles perdent de leurs vertus par la dessiccation.

Propriétés physiques et chimiques. — Cette plante a une odeur forte que l'on a comparée à celle du bouc ou du chien. Sa saveur est fade, nauséabonde.


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Cenedilla[1] a fait l'analyse de la racine ; il y a trouvé de l'eau chargée d'un principe odorant, une matière grasse colorante, une matière résineuse, du suroxalate de potasse, de l'acétate de chaux, du tannin, de la matière extractive, une matière animale, de l'inuline, une matière gommeuse, de l'acide pectique, de l'oxalate de chaux, de la fibre ligneuse. Ce chimiste pense que le principe odorant en est le principe actif.

Il règne beaucoup de vague sur les propriétés de la cynoglosse ; les uns la considèrent comme narcotique, tandis que les autres la regardent comme adoucissante et mucilagineuse seulement. Scopoli, Desbois, de Rochefort, assurent qu'elle n'a rien de vireux. Vogel, Morison, Murray, et la plupart des anciens, la considèrent comme une plante très-vénéneuse. Murray rapporte l'histoire d'une famille entière qui fut empoisonnée par l'usage inconsidéré des feuilles de cynoglosse. Chaumeton, étant occupé à arranger sur des feuilles de papier plusieurs échantillons de cette plante fraîche, fut pris de malaise, de défaillance, et éprouva d'abondants vomissements. Cette plante est réellement délétère ; mais cette qualité s'affaiblit et disparaît même par la dessiccation. Dans ce dernier état, j'en ai employé les racines et les feuilles comme béchiques et adoucissantes, à la dose de 30 gr. à 60 gr. pour 1 kilogr. d'eau, dans les affections catarrhales, les diarrhées avec tranchées, les toux sèches ou nerveuses. Les pilules de cynoglosse, dont on fait un fréquent usage, méritent-elles le nom qu'elles portent ? C'est à l'opium et aux semences de jusquiame, qui entrent dans leur composition, que la plupart des médecins attribuent la propriété calmante et hypnotique dont elles jouissent. Cependant quelques praticiens, et en particulier Chaumeton, ont pensé que cette préparation ne pouvait être remplacée par l'opium seul, parce que la racine mucilagineuse de la cynoglosse tempère l'énergie de l'opium et de la jusquiame, et leur imprime une modification dont les plus célèbres médecins reconnaissent l'utilité. Je crois que cette modification est due à l'association de l'opium et de la jusquiame, lesquels se mitigent l'un l'autre. II entre aussi dans ces pilules du castoréum, de l'oliban, du safran. Murray, encore élève en médecine, fit un heureux essai de ces pilules sur son père, à qui une toux violente et opiniâtre avait depuis longtemps ravi le sommeil. « Massa hac cum nitro versus noctem data, olim optimo patrum nocturnam quietem, crebris pectoris à tussi concusssionibus diu turbatam, tiro medicus feliciter restitui. »

Les feuilles et les racines fraîches de cynoglosse, en cataplasme ou en décoction concentrée, sont très-utiles appliquées sur les brûlures, les inflammations superficielles ; elles calment la douleur. Les cultivateurs en font fréquemment usage dans la médecine vétérinaire, en fomentation sur les engorgements inflammatoires, dans l'ophthalmie, et même sur les plaies gangreneuses, sans doute quand celles-ci sont le résultat d'un excès d'inflammation.

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  1. Giornale di farm. di Milano, 1828.