Colocase (Candolle, 1882) : Différence entre versions
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− | + | |titre=[[Alphonse de Candolle, Origine des plantes cultivées. 1882 et 1886.|Alphonse de Candolle, ''Origine des plantes cultivées'', 1882]] | |
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Version du 17 juin 2012 à 16:14
Nom accepté : Colocasia esculenta (L.) Schott
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Colocase. — Arum esculentum, Linné. — Colocasia antiquorum, Schott 3.
On cultive cette espèce, dans les localités humides de la plupart des pays intertropicaux, à cause du renflement de la partie inférieure de la tige, qui forme un rhizome comestible, analogue à la partie souterraine des Iris. Les pétioles et les jeunes feuilles sont utilisés accessoirement comme légume.
Depuis que les différentes formes de l'espèce ont été bien classées et qu'on possède des documents plus certains sur les flores du midi de l'Asie, on ne peut plus douter que cette plante ne soit spontanée dans l'Inde, comme le disait jadis Roxburgh 4, et plus récemment Wight 5, et autres ; à Ceylan 6, à Sumatra 7 et dans plusieurs îles de l'archipel indien 8.
Les livres chinois n'en font aucune mention avant un ouvrage de l'an 100 de notre ère 9. Les premiers navigateurs européens l'ont vue cultivée au Japon et jusqu'au nord de la Nouvelle-Zélande 10, par suite probablement d'introductions anciennes sans coexistence certaine avec des pieds sauvages. Lorsqu'on jette des fragments de la tige ou du tubercule ils se naturalisent aisément au bord des cours d'eau. C'est peut-être ce qui est arrivé aux îles Fidji et au Japon, d'après les localités indiquées par les auteurs 11. On cultive la Colocase çà
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3. Arum Ægyptium, Columna, Ecphrasis 2, p. 1, tab. 1 ; Rumphius, Amboin., vol. 5, tab. 109. — Arum Colocasia et A. esculentum, Linné. — Colocasia antiquorum, Schott, Melet., 1, 18 ; Engler in D. C. Monogr. Phaner., 2, p. 491.
4. Roxburgh, Fl. ind., 3, p. 495.
5. Wight, Icones, t. 786.
6. Thwaites, Enum. plant. Zeylan., p. 335.
7. Miquel, Sumatra, p. 258.
8. Rumphius, Amboin., vol. 5, p. 318.
9. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works, p. 12.
10. Forster, Plantæ escul., p. 58.
11. Franchet et Savatier, Enum., p. 8 ; Seemann, Flora Vitiensis, p. 284.
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et là aux Antilles et ailleurs dans l'Amérique tropicale, mais beaucoup moins qu'en Asie ou en Afrique, et sans la moindre indication d'une origine américaine.
Dans les pays où l'espèce est spontanée, il y a des noms vulgaires, quelquefois très anciens, qui diffèrent complètement les uns des autres, ce qui confirme une origine locale. Ainsi le nom sanscrit est Kuchoo (prononcez Koutschou), qui subsiste dans les langues modernes de l'Inde, par exemple dans le bengali 1. A Ceylan, la plante sauvage se nomme Gahala, la plante cultivée Kandalla 2. Les noms malais sont Kelady 3, Tallus, Tallas, Tales ou Taloes 4, duquel vient peut-être le nom si connu des O-taïtiens et Novo-Zélandais de Tallo ou Tarro 5, aux îles Fidji Dalo 6. Les Japonais ont un nom tout à fait distinct, Imo 7, qui montre une existence très ancienne, soit originelle soit de culture.
Les botanistes européens ont connu la Colocase d'abord par l'Egypte, où elle est cultivée depuis un temps qui n'est peut-être pas très reculé. Les monuments des anciens Egyptiens n'en ont fourni aucun indice, mais Pline 8 en a parlé sous le nom d'Arum Ægyptium. Prosper Alpin l'avait vue dans le xvie siècle et en parle longuement 9. Il dit que le nom dans le pays est Culcas, qu'il faut prononcer Coulcas, et que Delile 10 a écrit Qolkas et Koulkas. On aperçoit dans ce nom arabe des Egyptiens quelque analogie avec le sanscrit Koutschou, ce qui appuie l'bypothèse, assez probable, d'une introduction de l'Inde ou de Ceylan. De L'Ecluse 11 avait vu la plante cultivée en Portugal, comme venant d'Afrique, sous le nom Alcoleaz, évidemment d'origine arabe. Dans quelques localités du midi de l'Italie où l'espèce a été naturalisée, elle se nomme Aro di Egitto, selon Parlatore 12.
Le nom Colocasia donné par les Grecs à une plante dont la racine était employée par les Egyptiens peut venir évidemment de Colcas, mais par transposition à une autre plante que le vrai Colcas. En effet, Dioscoride l'applique à la Fève d'Egypte ou Nelumbium 13, qui a une grosse racine ou plutôt un rhizome, dans le sens botanique, assez filandreux et mauvais à manger.
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1. Roxburgh, l. c.
2. Thwaites, l. c.
3. Rumphius, l. c.
4. Miquel, Sumatra, p. 258 ; Hasskarl, Catal. horti bogor. alter, p. 55.
5. Forster, l. c.
6. Seemann, l. c.
7. Franchet et Savatier, l. c.
8. Pline, Hist., 1. 10, c. 5.
9. Alpinus, Hist. Ægypt. naturalis, ed. 2, vol. 1, p. 166 ; 2, p. 192.
10. Delile, Flora Egygt. ill., p. 28. De la Colocase des anciens, br. in-8, 1846.
11. Clusius, Historia, 2, p. 75.
12. Parlatore, FI. ital., 2, p. 235.
13. Prosper Alpinus, l. c ; Columna ; Delile, Ann. du Mus., 1, p. 375, De la colocase des anciens ; Reynier, Economie des Egyptiens, p. 321.
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Les deux plantes sont très différentes, surtout par la fleur. L'une est une Aracée, l'autre une Nymphéacée ; l'une est de la classe des Monocotylédones, l'autre des Dicotylédones. Le Nelumbium, originaire de l'Inde, a cessé de vivre en Egypte, tandis que la Colocase des botanistes modernes s'est conservée. S'il y a eu confusion chez les auteurs grecs, comme cela paratt probable, il faut l'expliquer par le fait que le Colcas fleurit rarement, du moins en Egypte. Au point de vue de la nomenclature botanique il importe peu qu'on se soit trompé jadis sur les plantes qui devaient s'appeler Colocase. Heureusement, les noms scientifiques modernes ne s'appuient pas sur les définitions douteuses des anciens, et il suffit de dire aujourd'hui, si l'on tient aux étymologies, que Colocasia vient de Colcas, à la suite d'une erreur.