Mercuriale (Cazin 1868) : Différence entre versions

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[[File:Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes (Pl. XXVI) (6459822271).jpg|thumb|PLANCHE XXVI : 1. Ményanthe. 2. Mercuriale. 3. Millefeuille. 4. Millepertuis. 5. Morelle.]]
  
  

Version actuelle en date du 8 mars 2017 à 17:25

Ménianthe
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Méum
PLANCHE XXVI : 1. Ményanthe. 2. Mercuriale. 3. Millefeuille. 4. Millepertuis. 5. Morelle.


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Mercuriale annuelle

Nom accepté : Mercurialis annua


MERCURIALE. Mercurialis annua. L.

Mercurialis mas et fœmina. - J. Bauh. — Mercurialis testiculata sive mas Dioscoridis et Plinii. C. Bauh.

Mercuriale annuelle ou officinale, — herbe d'Hermès, — foirole, — foirotte, — foirande, - chiole, — ortie bâtarde, — cagarelle, — caquenlit, — rinberge.

EUPHORBIACÉES. Fam. nat. — DIOECIE ENNÉANDRIE. L.


La mercuriale annuelle (Pl. XXVI) se rencontre partout en Europe dans les jardins négligés, les lieux cultivés, parmi les décombres, dans les terrains pierreux.

Description. — Racines blanchâtres, fibreuses. — Tige droite, glabre, cylindrique, à rameaux opposés, haute de 30 à 40 centimètres. — Feuilles opposées, pétiolées, ovales-lancéolées, très-glabres, d'un vert clair, aiguës et dentées à leur circonférence. — Fleurs dioïques. Individus mâles à fleurs disposées par paquets sessiles sur des épis grêles, allongés, axillaires, pédoncules. — Calice à trois folioles. — Neuf à douze étamines distinctes. Individus femelles à fleurs sessiles, axillaires, presque géminées. - Un ovaire hérissé, bilobé. — Deux styles légèrement denticulés. — Fruit : capsules à deux coques bivalves, renflées et couvertes de quelques poils raides blanchâtres, à deux semences.

Parties usitées. — L'herbe entière.

(Culture. — L'herbe sauvage suffit aux besoins de la médecine ; elle n'est cultivée que dans les jardins botaniques ; semis.)

Récolte. — Cette plante s'emploie fraîche ; la dessiccation lui ôte ses propriétés. Elle jouit de tonte son activité avant la floraison ; quand elle est montée à graine ou lorsqu'elle commence à jaunir, elle a beaucoup moins d'énergie. Cependant on peut l'employer jusqu'aux gelées. Elle reste verte longtemps dans nos jardins.

Propriétés physiques et chimiques. — La mercuriale a une odeur fétide, une saveur amère et salée très-désagréable. Elle contient, d'après l'analyse de Feneuille[1], un principe amer purgatif, du muqueux, de la chlorophylle, de l'albumine végétale, une substance grasse blanche, une huile volatile, de l'acide pectipe, du ligneux, quelques sels, de l'ammoniaque. — Distillée avec l'eau, la mercuriale ne donne aucune huile essentielle : son principe aromatique se décompose probablement à la température de l'eau bouillante. « L'hydrolat qu'on en obtient, dit Stanislas Martin[2], a une odeur et une saveur forte, vireuse, détestable ; il provoque au vomissement, et serait probablement très-nuisible si l'on en faisait usage en boisson. »

(Reichardt[3] a obtenu, en traitant cette plante par un procédé particulier, un alcaloïde très-vénéneux qu'il nomme mercurialine ; c'est un liquide huileux à odeur nauséabonde, à réaction alcaline et se transformant à l'air en une résine de consistance butyreuse. Elle est très-avide d'eau et, saturée de celle-ci, elle perd un peu de son odeur. Bout à 140 degrés ; absorbe l'acide carbonique et forme un carbonate très-soluble dans l'alcool.)

Cette plante fournit à la teinture un principe colorant bleu, et son suc bleuit le papier de tournesol. Cette couleur n'est pas de l'indigo, d'après Chevreul.

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  1. Journal de chimie médicale, 1826, t. II, p. 116.
  2. Bulletin de thérapeutique, t. XLII, p. 359.
  3. Répertoire de pharmacie, juin 1833.


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PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Décoction, 20 à 50 gr. par demi-kilogramme d'eau.
Suc exprimé, 30 à l00gr.
Miel de mercuriale simple, 30 à 60 gr. (rarement par la bouche).
Miel de mercuriale composé (sirop de longue vie), 30 à 60 gr.
(Extrait, 4 à 8 gr., comme purgatif.)
A L'EXTÉRIEUR. — Miel de mercuriale en lavement, 60 à 120 gr.

Suc, 30 à 60 gr., en lavement.
Décoction, en fomentations , lotions , lavements.
Feuilles, en cataplasme.
Extrait, 16 gr., en lavement.
(Glycérolé (Surun) : suc de mercuriale, glycérine, a ͡a 500 gr. ; chauffez lentement ; passez au blanchet pour séparer la chlorophylle et l'albumine coagulée, et ramenez par la chaleur à 500 gr.)


La mercuriale est considérée comme laxative ; mais on ne lui trouve qu'une action inconstante. Cette prétendue inconstance des effets de la mercuriale vient de la manière de l'employer. 11 faut l'administrer fraîchement cueillie ; car la dessiccation lui enlève presque toute son activité. La coction diminue aussi cette activité, et de purgative que cette plante était, elle devient par cette préparation simplement laxative. Ces faits, que j'ai été à même de constater, expliquent suffisamment les préventions des praticiens modernes contre une plante que les anciens employaient généralement, et qui, presque abandonnée de nos jours, offre pourtant de grandes ressources à la campagne, où elle abonde de tous côtés.

Cependant on l'emploie en lavement, en décoction et sous forme de mellite. Tous les médecins connaissent l'usage du miel de mercuriale. Ce miel est resté dans nos pharmacies modernes, malgré le système d'exclusion adopté contre la plupart de nos plantes indigènes. Les feuilles de mercuriale en décoction sont employées comme émollientes et jointes le plus souvent à celles de mauve, de bouillon blanc, etc.

Le bouillon de veau auquel on ajoute la mercuriale, la laitue et la poirée (de chaque une poignée), est un doux laxatif que j'ai souvent mis en usage dans ma pratique rurale.

Les qualités purgatives de la mercuriale étaient déjà connues du temps d'Hippocrate. On l'employait particulièrement dans l'hydropisie. Dioscoride, Galien, Oribase, Paul d'Egine, la prescrivaient comme purgative dans les fièvres continues et intermittentes, pour purger les femmes enceintes et délicates, et les vieillards atteints de constipation. — Brassavole rapporte que de son temps (1S34) les habitants de Ferrare mangeaient de cette plante dans le potage ou sous forme de bouillie, pour se purger. Gonan faisait manger aux enfants qui avaient des vers une soupe préparée avec cette plante. Dans les campagnes les sages-femmes combattent souvent la constipation chez les femmes en couches et détournent le lait, chez celles qui ne veulent pas nourrir, au moyen de lavements d'infusion de mercuriale (une poignée par 300 gr. d'eau) fraîchement cueillie. Elles en font aussi des cataplasmes qu'elles appliquent sur le bas-ventre pour favoriser les lochies ou les rappeler quand elles sont supprimées.

« Nous recognoissons, dit Constantin, en la mercuriale une puissance laxative très-fidelle, de la phlegme, de l'humeur séreux et la bile et sans aucune perturbation ; tellement qu'elle est très-utile pour purger aux fièvres continues et ardentes, et aussi à celles qu'assaillent le malade par intervalle, que nous appelons intermittentes.

« D'icelle se peuvent aussi purger, sans aucun regret, tous ceux qui doyvent avoir en tout temps le ventre lasche et libre : elle est convenable aux femmes enceintes et à toutes vieilles gens, qui coustumièrement ont le ventre chiche et constipé ; les enfants encore, et les plus tendrelets, en peuvent recevoir à l'intention susdite. Son jus est très-utile à recevoir les poudres des médicaments dédiez pour les pilules : ses feuilles pilées et meslées avec le miel ou le vin cuit, pourront estre réservées en forme d'opiat, laquelle conviendra non seulement à lascher le ventre, mais aussi pour déliurer


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et ouvrir les obstructions des parties internes ; et principalement prouoquer les menstrues aux femmes, pour lequel faict aussi, elle peut estre très utilement supposée en forme de pessaire ; et pour autant qu'elle offense quelque peu l'estomach, celuy-là corrigera et augmentera sa puissance purgative qui la meslera avec l'absinthe[1]. »

J'ai vu des constipations opiniâtres céder à un moyen tout populaire, qui consiste à introduire dans l'anus des feuilles et sommités de mercuriale broyées avec un peu de miel ou d'huile d'olive, de la grosseur d'une noix et même davantage, suivant le cas. Les nourrices font quelquefois un suppositoire avec un morceau de tige de chou qu'elles taillent de manière à lui donner la forme et le volume convenables, et qu'elles induisent de suc de mercuriale. Ce suppositoire est très-efficace. Il ne faut pas oublier, dans tout ceci, que la mercuriale est de la famille des euphorbes, et que son usage chez les enfants doit inspirer une juste méfiance.

Swinger a inventé un sirop de mercuriale composé qui a joui d'une grande vogue sous le nom de sirop de longue vie ou de Calabre. Ce sirop, tombé dans l'oubli pour avoir été trop vanté, a pour base le suc de mercuriale, la racine d'iris germanique ou d'iris et celle de gentiane infusées dans le vin blanc. Comme à la fois laxatif et tonique, il convient dans tous les cas où se présente la double indication de fortifier les organes, et, en même temps, de lâcher le ventre.

J'ai connu un goutteux qui ne se soulageait que par l'usage de ce sirop ; il en augmentait ou il en diminuait la dose suivant l'effet tonique ou laxatif qu'il voulait produire. Les vieillards constipés, cacochymes et asthmatiques s'en trouvent bien.

J'ai vu plusieurs fois employée par des commères, et j'ai moi-même employé avec succès la mercuriale cuite sous la cendre et appliquée chaude sur la tête, pour rappeler les croûtes de lait, dont la rétrocession donnait lieu à divers accidents. Entre autres cas, je citerai celui d'une petite fille âgée de vingt mois, très-lymphatique, ayant habituellement le râle muqueux qu'on observe chez quelques enfants, et qui nécessite souvent l'emploi de l'ipécacuanha comme vomitif. Ce râle, produit de l'augmentation de la sécrétion muqueuse, était considérablement augmenté, accompagné d'une difficulté de respirer, et faisait craindre un catarrhe suffocant. Après trois vomissements provoqués par l'administration de 3 centigr. de tartre stibié mêlés à trois onces d'eau distillée, prises par cuillerées, la mercuriale fut appliquée sur toute l'étendue du cuir chevelu. Dès cette première application, l'exsudation séro-purulente reparut, et les symptômes bronchiques s'apaisèrent notablement. Une seconde application de mercuriale rendit à l'affection cutanée toute son activité, et fit disparaître complètement la maladie produite ou du moins considérablement augmentée par une rétrocession qui, considérée comme cause ou comme effet, détermine souvent les accidents les plus graves.

Les feuilles de mercuriale pilées et appliquées tièdes sont plus actives que ces mêmes feuilles cuites sous la cendre.

Le miel de mercuriale est fréquemment employé dans les lavements comme laxatif. Les pharmaciens, en le préparant, y ajoutent souvent, au rapport de Mérat et Delens, les grabeaux de séné pour en rendre l'effet plus marqué. Je doute que cette addition ait lieu.

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  1. Pharmacopée provençale, liv. II, ch. VIII, p. 120.


Mercuriale bisannuelle

Nom accepté : Mercurialis perennis


(MERCURIALE BISANNUELLE. — Se rencontre en extrême abondance dans les bois couverts, les taillis, les endroits sombres).

(Description. — Racines traçantes. — Tiges droites ou rameuses, garnies de quelques poils. — Feuilles ovales, lancéolées, dentées et d'un vert sombre.)


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(Cette plante est regardée comme vénéneuse. Sloane[1] lui attribue la production de selles, de vomissements, suivis de chaleur brûlante, d'assoupissement de convulsions et de mort. Son usage médical est nul).

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  1. Essai d'Edimbourg, 228.