Sclerocarya birrea (Fruitiers du Cameroun) : Différence entre versions
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Version du 22 juillet 2015 à 13:50
Sclerocarya birrea (A. Rich.) Hochst., Fl. Seneg. 1: 152 (1831)
Synonymes
- Poupartia birrea (A. Rich.) Aubrév.
- Spondias birrea A. Rich.
Noms locaux
- Arabe : homeïd
- Foulfouldé : edi
- Guiziga : dougouas
- Haoussa : dania
- Koma : kampé, diko, zagbe yakgo
- Mofou : lalaway
- Toupouri : teengui
Origine, distribution géographique et écologie
Originaire d’Afrique tropicale, l’espèce est présente depuis la Mauritanie et le Sénégal jusqu’au Cameroun, l’Angola, l’Ouganda et l’Ethiopie. C’est une espèce typiquement sahélienne qu’on retrouve parfois sur les sols secs de la zone guinéenne et sur les sables littoraux. Elle croît très bien dans les sables fins en formant des peuplements clairs. C’est une espèce grégaire qu’on rencontre souvent en peuplements purs. Elle exige peu d’eau et nécessite un climat chaud.
Description
- Arbre atteignant 20 m de hauteur et 80 cm de diamètre ; cime arrondie et assez ouverte ; fût tortueux et court ; écorce grise à gris foncé ou parfois noirâtre, écailleuse à tranche rougeâtre, fibreuse exsudant une résine translucide.
- Feuilles alternes, groupées à l’extrémité de rameaux gros et courts ; composées imparipennées, atteignant 20 cm de longueur ; (3) 6-10 (20) paires de folioles opposées ou subopposées ; alternes, plus une foliole terminale ; limbes obovales ou elliptiques, d’environ 4 x 2 cm, sommets arrondis ou aigus et toujours mucronés, bords entiers ou dentés sur les rejets ; pétiolules courts, jusqu’à 2 mm de longueur.
- Plante dioïque. Inflorescences terminales en épis mâles d’environ 6-8 cm de longueur ou en racèmes femelles atteignant 5 cm de longueur.
- Fleurs rouges, violettes ou verdâtres ; petites, atteignant 7 mm de diamètre ; odorantes ; fleurs femelles comptant 15-25 étamines stériles autour d’un ovaire à 2-3 loges.
- Fruits : drupes globuleuses atteignant 4 cm de diamètre, jaunes pâles ; pulpe fibreuse ; noyau subglobuleux atteignant 3 x 2,5 cm.
- Graines : au nombre de 2-3, mesurant 1,5-2 x 0,5-1 cm.
Feuilles caduques en saison sèche. Floraison généralement avant la nouvelle feuillaison qui s’étend de novembre à janvier. Fructification de février à mars. Le fruit tombe en début de maturation, et le mûrissement s’achève lorsque le fruit est au sol.
Variabilité génétique et conservation de la ressource
Des études ont révélé des variations génétiques entre populations, et au sein d’une même population entre individus. L’espèce est largement multipliée dans les pépinières. C’est le seul arbre dont l’architecture présente un tronc susceptible d’être utilisé par les artisans du Sahel. Ceci explique la rareté des beaux et vieux plants dans certaines régions sahéliennes. Son exploitation nécessiterait une réglementation pour la meilleure gestion de la ressource dans son habitat.
On trouve également cette espèce dans d’autres pays africains. Dans certaines régions du Kenya, la fructification a lieu entre avril et mai, tandis que dans d’autres, elle a lieu en juillet. En Afrique du Sud, la floraison a lieu entre septembre et novembre, tandis que la fructification a lieu entre janvier et mars. On pense qu’il s’agit de la sous espèce cafra.
Agronomie
C’est une espèce relativement rustique qui s’accommode de différents types de sols, en peuplements purs ou, généralement, en association avec Balanites aegyptiaca. Elle se reproduit par graines ; ces dernières arrivent à maturité au mois de juin. La régénération se fait naturellement par la dissémination des drupes ou par drageonnage. La croissance est optimale dans les sables fins ; elle est relativement rapide (3,5 m de hauteur en 3 ans dans la région de Maroua).
La multiplication se fait en pépinière, par bouturage ou par semis. Dans ce dernier cas, il faut ramollir préalablement les graines pendant 24 heures dans une eau tiède, ce qui permet d’obtenir un pourcentage élevé de germination. Les graines ainsi traitées sont alors semées à raison d’une graine par sachet. La plantation a lieu 4 mois après la germination en pépinière. La possibilité de bouturage peut permettre une amélioration génétique de l’espèce dans le but de produire des plants de qualité supérieure.
L’espèce est généralement dioïque ; cependant, il existe des individus monoïques à prédominance mâle. C’est un arbre des zones sèches affectionnant les sols sablo-argileux et les climats chauds. Il est sensible au froid et résistant à la sécheresse ; mais il peut croître en altitude lorsque les basses températures ne durent pas longtemps. Il prospère sous des pluviométries variant de 200 à 1370 mm et à des altitudes allant de 500 à 800 m. Sclerocarya birrea est également connu pour sa grande tolérance au sel. En Israël, il prospère bien lorsqu’il est irrigué à l’eau salée.
Les semences sont de type orthodoxe. Cependant, elles perdent leur viabilité lors du stockage à l’air libre. Les semences se conservent mieux en milieu sec et à basse température. Un kilogramme de semence contient près de 400 graines. Les noyaux sont utilisés pour produire les plants en pépinière. Le nombre estimé de noyaux varie de 300 à 500. Ils sont prétraités pour dégager les bouchons (opercules) qui ferment les ouvertures de germination et permettre à la radicule et à l’hypocotyle de se développer. Les prétraitements peuvent se faire soit par immersion des noyaux dans de l’eau bouillante, suivie d’un trempage dans de l’eau froide pendant 24 heures (taux de réussite 53 %), soit par un dégagement mécanique des bouchons de noyaux fraîchement nettoyés (taux de 70 % après une semaine).
La propagation se fait par semis, par bouturage ou par rejets. La germination est rapide après trempage à l’eau. La croissance est relativement rapide (3,5 m à 8 ans à Niamey, 1,5 m à 3 ans à Maroua).
Utilisations
Les parties utilisées sont le fruit, l’écorce, la graine, les feuilles et le bois. La pulpe contenue dans le fruit de Sclerocarya birrea est comestible. Elle se consomme fraîche ou fermentée. Elle permet de confectionner des jus et des boissons. La graine est oléagineuse et contient 60 % d’huile comestible (Vivien et Faure, 1995 ; Nouvellet, 1987).
Sclerocarya birrea possède une grande valeur médicinale. L’écorce utilisée en macération, décoction, poudre, boisson ou frottée sur les parties malades soigne les enflures, l’aménorrhée, la rougeole, les caries dentaires, le paludisme infantile, l’inflammation de la rate, la toux, les céphalées, etc. Les jeunes feuilles réduites en poudre et mises dans l’eau soignent la conjonctivite (Malgras, 1992).
Le bois est utilisé en petite menuiserie (bancs, selles, manches, outils, ustensiles de cuisine, mortiers). Sa gomme est utilisée pour produire de l’encre. Elle peut être utilisée pour épiler des peaux avant tannage (Arbonnier, 2000).
Niveaux de production
Bien que consommé, la commercialisation de ce fruitier reste limitée dans le Nord du Cameroun. Parmi les fruits sauvages les plus appréciés en Zambie, Sclerocarya birrea est le plus sollicité dans les plantations. En Mauritanie, il fait l’objet d’un commerce local (Walter, 2001). En Namibie, la valeur commerciale annuelle de Sclerocarya birrea est évaluée à 841 800 $EU (Namibia Forestry Strategic Plan, 1996 cité par Walter, 2001).
Potentialités
Sclerocarya birrea est une espèce fruitière à usages multiples. Autant on peut consommer directement ses fruits, autant on peut les transformer en huile, en jus, en confiture, en bière ou en liqueur. C’est sans doute ce qui justifie que sa domestication soit assez avancée dans certains pays comme le Botswana et le Zimbabwe (Packham, 1993).