Dodonaea viscosa (PROTA) : Différence entre versions

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Version du 6 juillet 2015 à 17:36

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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wild


Dodonaea viscosa 1, male flower; 2, bisexual flower; 3, female flower; 4, fruiting twig; 5, fruit Source: PROSEA


Dodonaea viscosa fruiting branch

Dodonaea viscosa Jacq.




Protologue: Enum. syst. pl. : 19 (1760).
Famille: Sapindaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 28

Synonymes

Dodonaea angustifolia L.f. (1782).

Noms vernaculaires

Dodonée visqueuse (Fr). Hopbush, switch sorrel, sand olive (En). Vassoura vermelha (Po). Mkaa pwani, mkengata (Sw).

Origine et répartition géographique

On pense que le centre d’origine de Dodonaea viscosa est l’Australie, mais cette plante est présente dans toutes les régions tropicales et subtropicales. En dehors de l’Australie, deux variétés ont été identifiées: var. viscosa, que l’on trouve en Afrique à l’état naturel le long des côtes d’Afrique de l’Ouest (du Sénégal au Nigeria) et d’Afrique de l’Est (du Kenya au Mozambique), ainsi qu’à Madagascar; et var. angustifolia (L.f.) Benth., que l’on trouve à l’état naturel depuis la République démocratique du Congo à l’ouest jusqu’en Ethiopie et en Somalie à l’est, et jusqu’en Afrique du Sud au sud, puis également à Madagascar. Cette dernière variété est cultivée au Ghana, au Nigeria et au Cameroun. Les deux variétés sont pantropicales. Dodonaea viscosa n’est pas une plante évidente pour la plantation délibérée, mais sa large distribution et des types d’utilisations similaires rencontrés dans différents pays peuvent s’expliquer en partie par une dispersion par l’ homme.

Usages

Dodonaea viscosa a beaucoup d’usages. C’est un médicament traditionnel dans le monde entier, administré par voie orale ou comme cataplasme pour traiter une grande variété de maux. Des infusions de feuilles ou de tiges sont utilisées pour traiter les maux de gorge; des infusions de racines pour traiter les rhumes. Les tiges et les feuilles servent pour traiter la fièvre, et les graines (en mélange avec les graines d’autres plantes et enrobées de miel) pour traiter le paludisme. Les tiges sont utilisées comme fumigants contre le rhumatisme. Les feuilles sont utilisées pour soulager les démangeaisons, et une lotion faite à partir de parties non-précisées de la plante sert à soigner les entorses, les contusions, les brûlures et les plaies. Des désordres du système digestif, parmi lesquels l’indigestion, les ulcères, la diarrhée et la constipation sont généralement traités en médecine traditionnelle au moyen d’une décoction de feuilles ou de racines administrée par voie orale. Le trachome est traité par des applications de jus de feuilles, et les feuilles réduites en poudre permettent d’expulser les ascaris. Les racines broyées sont un des composants des produits anthelminthiques. Les racines, sous forme de décoction ou fraîches, sont ingérées par les femmes en Afrique de l’Est pour stimuler la production de lait après l’accouchement et pour traiter la dysménorrhée et les menstruations irrégulières. En Ethiopie, les femmes fabriquent une amulette de Dodonaea viscosa et d’autres plantes enroulée par du fil de soie rouge et portée autour des hanches pour éviter la stérilité.

Le bois de Dodonaea viscosa sert à fabriquer des manches d’outils, des outils, des balais, des pioches, des lances, des gourdins et des piquets; lorsque le bois disponible est de grande taille, on l’utilise également pour fabriquer des poteaux et des cadres pour des structures permanentes et au Kenya pour la membrure des dhows. Partout où il est présent Dodonaea viscosa est une source importante de bois de feu; en Afrique de l’Est il est préféré pour la production de charbon de bois. Dans certaines régions on utilise les brindilles comme brosses à dents.

Dodonaea viscosa est utilisé pour le reboisement, la mise en valeur des marais et des terrains dégradés, et comme stabilisant des sols. Il permet de faire de bonnes haies vives dans les régions sèches et est planté comme brise-vent. Il est traditionnellement cultivé comme plante ornementale partout où il est présent grâce à sa fructification abondante et ses feuilles vernissées. Des cultivars avec des feuilles allant du rouge bleuâtre, du rose et du rouge au vert jaunâtre ont été obtenus. Les feuilles et les fruits sont également utilisés pour faire des guirlandes. Il constitue une haie robuste qui résiste à la coupe et est apte à l’art topiaire.

En Afrique tropicale Dodonaea viscosa est brouté par le bétail et les chameaux et utilisé comme fourrage d’urgence pendant la saison sèche. C’est une source de nectar et de pollen pour le miel. Les graines donnent un poison pour la pêche. D’autres usages incluent le rembourrage et le nouage des matelas au Pérou à partir des fibres de la tige et de la résine des feuilles, alors qu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée les feuilles sont entassées dans les murs des maisons pour servir d’isolation.

En Australie, le tanin de l’écorce est utilisé pour le tannage des peaux; l’écorce est, cependant, considérée comme une matière tannante de qualité inférieure. Les fruits sont utilisés dans des pots-pourris et, dans le passé, ils ont servi de substitut au houblon dans la production de levure et la fabrication de bière en Iraq et en Australie.

Production et commerce international

Dodonaea viscosa est principalement cultivé ou collecté pour des usages domestiques ou locaux, mais les feuilles sont vendues sur les marchés locaux comme médicament en Afrique du Sud et au Mexique.

Propriétés

L’utilisation de Dodonaea viscosa en médecine traditionnelle correspond, en certains cas, aux propriétés pharmacologiques de la plante. Des huiles essentielles et des extraits obtenus à partir des feuilles ont démontré une efficacité antibactérienne et une activité hypotensive. Des extraits aqueux et alcooliques ont permis de mettre en évidence des propriétés de dépresseur cardiaque et de constriction coronaire, et une légère efficacité anthelminthique. Un mélange de saponines issu des graines permet d’augmenter la phagocytose, et possède des propriétés analgésiques et molluscicides (dont une action sur l’escargot Biomphalaria glabrata, vecteur de la schistosomose). L’utilisation des graines comme poison de pêche est corroborée par la présence de saponines triterpènes.

Un certain nombre de 3-méthoxy flavones dérivés de la quercétine et du kaempférol présents dans les graines, l’écorce, les inflorescences et les feuilles ont démontré une efficacité antivirale importante et se sont montrés efficaces en culture de tissus sur les polio-virus, rhino-virus et picorna-virus. Une activité spasmolytique pourrait provenir de la présence de certains diterpènes, de la sakuranétine, de la quercétine et de la rutine dans les graines, l’écorce, les inflorescences et les feuilles. On a démontré qu’un extrait au chloroforme-méthanol des parties aériennes inhibe la contraction spontanée du muscle intestinal lisse de l’iléon isolé de rat et de cobaye, et que les effets observés dépendent de la dose administrée. Ceci expliquerait l’utilisation de préparations de Dodonaea viscosa pour alléger des désordres gastro-intestinaux. La coumarine fraxétine isolée a attiré quelque attention comme antioxydant, et a démontré des propriétés analgésiques dans des essais sur les souris. Par ailleurs, différents extraits de Dodonaea viscosa ont démontré une efficacité insecticide contre le ver du cotonnier Spodoptera littoralis.

Le bois est extrêmement dur et à fil serré. C’est du bon bois de feu car on l’allume aisément et il brûle lentement en dégageant beaucoup de chaleur. Sa valeur énergétique est d’environ 19225 kJ/kg. Le bois est résineux et flexible, malgré le fait qu’il est dur et relativement difficile à couper; il est assez résistant aux attaques de termites. Le bois de cœur est marron, avec des contours irréguliers, quelquefois moucheté de noir. L’aubier est pâle. Le bois est très lourd, 1200–1250 kg/m².

Description

Arbuste à tiges multiples ou petit arbre à tronc unique jusqu’à 7(–9) m de haut, dioïque ou monoïque; fût jusqu’à 20 cm de diamètre; écorce noirâtre, de rugosité variable, fine et se détachant en longues bandes fines; rameaux noirâtres ou brun rougeâtre, glanduleux, développant des fissures verticales, partie supérieure des jeunes branches verdâtre et à angles proéminents. Feuilles alternes, simples; stipules absentes; pétiole très court, jusqu’à 2,5 mm de long, ou absent; limbe oblancéolé ou largement à étroitement elliptique, de (1–)4–13 cm × (0,5–)1,5–4 cm, étroitement cunéiforme à la base, obtus mais très légèrement apiculé à l’apex, bords entiers, les deux surfaces glabres mais glanduleuses et recouvertes (particulièrement les jeunes) d’un exsudat visqueux glandulaire, avec une nervure médiane bien visible des deux côtés et 15–20(–30) paires souvent indistinctes de nervures latérales. Inflorescence: panicule lâche thyrsoïde à l’extrémité des rameaux. Fleurs bisexuées ou unisexuées, blanchâtres à jaune verdâtre; pédicelle de 8–15 mm de long; sépales 3–4, libres, de 2–2,5 mm de long; pétales absents; étamines 7(–9), filets très courts, anthères oblongues, jusqu’à 3 mm de long chez les fleurs mâles, jusqu’à 2 mm de long chez les fleurs bisexuées et réduites à des staminodes ou faisant complètement défaut chez les fleurs femelles; ovaire supère, oblong, aplati, 2–3-loculaire, très rudimentaire chez les fleurs mâles, style 2–3-lobé. Fruit: capsule papyracée à 2–3 ailes, de 15–23 mm × 18–25 mm, blanche ou de couleur paille à brune ou violacée, déhiscente en se fendant le long de 2–3 cloisons centrales, chaque loge à 2 graines. Graines subglobuleuses, plus ou moins comprimées, environ 3 mm de diamètre, noires. Plantule à germination épigée; hypocotyle de 8–16 mm de long; cotylédons lancéolés, aigus; épicotyle de 0,5–1,5 cm de long.

Autres données botaniques

Le genre Dodonaea compte environ 60 espèces, qui se limitent presque toutes à l’Australie, suggérant que l’Australie est son centre d’évolution et de dispersion. En Australie, Dodonaea viscosa est décrit comme ayant 7 sous-espèces, qui se distinguent nettement d’un point de vue géographique. En Afrique tropicale, 2 variétés de Dodonaea viscosa sont distinguées: la variété côtière var. viscosa, avec des fleurs blanchâtres en général bisexuées, une cicatrice fortement bilobée au-dessous du fruit provenant des sépales tombés, et des graines non ou peu comprimées, et la variété plutôt continentale var. angustifolia (L.f.) Benth., avec des feuilles généralement plus courtes et plus étroites, à fleurs jaune verdâtre généralement unisexuées, possédant une cicatrice plus ou moins annulaire au-dessous du fruit provenant des sépales tombés, et des graines plus comprimées. Ces différences sont quelquefois considérées comme suffisantes pour distinguer 2 espèces séparées, la dernière variété étant alors élevée au rang d’espèce (et nommée Dodonaea angustifolia L.f.).

Croissance et développement

Dodonaea viscosa produit de grandes quantités de graines à un âge précoce. Il peut fleurir et produire des graines viables dans les trois ans qui suivent son établissement. Le nombre de graines par kg est d’environ 100000. Le taux de germination des semences peut dépasser 75% en conditions optimales. En Afrique de l’Est, le taux de germination est de 30–70% après 15 jours. La floraison a lieu presque toute l’année dans toute son aire de répartition géographique, mais la plupart des peuplements fleurissent au printemps et en été. La pollinisation est probablement effectuée par le vent, bien qu’on ait observé des abeilles collectant le pollen. La maturation des fruits demande 10–11 mois après la floraison. Ils présentent de larges ailes, donnant l’impression d’un mode de dispersion par le vent.

Ecologie

On trouve Dodonaea viscosa var. viscosa dans les savanes arbustives côtières, sur le côté intérieur des forêts de mangroves, sur des dunes de sable et sur des rochers coralliens généralement juste au-dessus de la marque d’eau supérieure. En Afrique de l’Est on le trouve aussi dans les savanes boisées à Casuarina, des terrains broussailleux à Grewia glandulosa Vahl et des plantations jusqu’à 75 m d’altitude. On trouve var. angustifolia dans des savanes herbeuses, des savanes arbustives, des savanes boisées ou des forêts sur lave, souvent dans des endroits rocailleux, des flancs de montagne caillouteux et des terrains perturbés jusqu’à 2700 m, généralement au-dessus de 1000 m. Dodonaea viscosa est une espèce pionnière qui colonise aisément des étendues ouvertes, des jardins abandonnés ou des forêts secondaires. Elle est tolérante à la salinité, la sécheresse, les vents violents et la pollution.

Multiplication et plantation

Dodonaea viscosa se régénère abondamment par graines, sa germination est améliorée aussi bien par le feu que par des perturbations du sol. Les graines tolèrent la dessiccation et gardent un haut niveau de viabilité pendant de longues périodes lorsqu’elles sont sèches. Un traitement préalable de la semence par scarification, par entaille du tégument ou avec de l’eau bouillante favorise la germination. La germination doit être suivie par des pluies pour assurer la survie du semis. Les plantations peuvent être établies par semis direct ou par l’utilisation de plants de pépinière. La multiplication par boutures de tige a été également pratiquée avec succès.

Gestion

Dodonaea viscosa est rarement cultivé sauf comme plante de jardin. Les plantes adultes poussent rapidement et ne nécessitent que peu ou pas d’intervention une fois établies. Elles peuvent rejeter à partir de la base du tronc et elles se rétablissent bien après une coupe ou de légers incendies. Cependant, leur capacité de régénération à partir de tiges souterraines n’est pas très développée. Par ailleurs, les plantes juvéniles sont plus sensibles aux dégâts provoqués par le feu que les arbustes plus âgés. A des fins ornementales, les arbustes sont élagués pour améliorer leur apparence; il faut éviter de tailler dans le vieux bois.

Maladies et ravageurs

La “maladie jaune du Dodonaea”, une maladie similaire à la maladie “en épi” du bois de santal (Santalum album L.), affecte Dodonaea viscosa. Elle est probablement provoquée par des organismes proches des phytoplasmes. Les plantes malades ont une apparence buissonnante avec des feuilles plus petites rappelant les balais de sorcière, et la floraison et la fructification s’arrêtent. Lorsqu’elles sont gravement infectées, les plantes meurent. Plusieurs maladies sont d’importance locale, telles que la rouille des feuilles, la maladie des taches foliaires et le mildiou. Dodonaea viscosa est un hôte du nématode à galles des racines Meloidogyne incognita, qui peut affecter de nombreuses plantes cultivées. En Inde, Dodonaea viscosa est affecté par la noctuelle du ricin (Achaea janata), qui affecte aussi Ricinus communis L. et des arbres fruitiers tels que les Citrus. En Afrique du Sud, l’arbre est souvent infesté par une cochenille blanche et dans le sud de l’Australie les feuilles et les branches sont abîmées par les galles d’une cécidomyie.

Récolte

Les fruits, les feuilles, l’écorce et le bois de Dodonaea viscosa sont collectés quand le besoin s’en fait sentir.

Rendement

Ressources génétiques

Dodonaea viscosa est une espèce commune, extrêmement répandue et non-menacée. Elle est présente dans certaines collections de graines, et des sélections à fins ornementales sont quelquefois commercialisées.

Perspectives

Le potentiel que présente Dodonaea viscosa en médecine nécessite une recherche plus approfondie, particulièrement au niveau de ses propriétés pharmacologiques. Un certain nombre de composés (par ex. la fraxétine, la sakuranétine et certains diterpènes) pourraient représenter des pistes intéressantes pour l’évaluation pharmacologique et méritent donc davantage de recherches. La capacité de régénération rapide dans des sols pauvres rend cette espèce adaptée à la réhabilitation de terrains dénudés. Il y a aussi un potentiel pour augmenter son utilisation comme bois de feu. Ainsi, en Ouganda, elle a été recommandée en plantation comme bois de feu sur les hauts plateaux de Kabale où elle serait également utile pour stabiliser les structures qui servent à la conservation du sol. La capacité de son bois d’œuvre à résister à des attaques de termites rend Dodonaea viscosa potentiellement important pour une utilisation dans la construction en Afrique tropicale.

Références principales

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Sources de l'illustration

  • van Valkenburg, J.L.C.H. & Bunyapraphatsara, N. (Editors), 2001. Plant Resources of South-East Asia No 12(2). Medicinal and poisonous plants 2. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. 782 pp.

Auteur(s)

  • G. Pearman

PROTA Country Office UK, Centre for Economic Botany, Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, Surrey TW9 3AB, United Kingdom

Consulté le 23 décembre 2024.


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