Croton macrostachyus (PROTA) : Différence entre versions
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Version du 26 novembre 2014 à 18:36
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Glucides / amidon | |
Médicinal | |
Bois de feu | |
Ornemental | |
Fourrage | |
Auxiliaire | |
Changement climatique |
Croton macrostachyus Hochst. ex Delile
- Protologue: Voy. Abyssinie 3: 158 (1847).
- Famille: Euphorbiaceae
Noms vernaculaires
- Croton à feuilles larges (Fr).
- Woodland croton, forest fever tree, broad-leaved croton (En).
- Mtumbatu (Sw).
Origine et répartition géographique
Croton macrostachyus est présent partout en Afrique tropicale y compris Madagascar.
Usages
Dans toute l’aire de répartition de la plante, la décoction, l’infusion ou la macération de feuilles, d’écorce de tige ou de racine se prennent comme purgatif et vermifuge. Le jus des feuilles s’emploie de la même façon. L’huile des graines est un purgatif très puissant.
En Afrique de l’Ouest, différentes parties de la plante se prennent en décoction pour traiter la constipation, les maux d’estomac et la stérilité féminine ; en usage externe, elles servent à traiter les douleurs du genre points de côté et les blessures dues au ver de Guinée. En Ethiopie, Croton macrostachyus a de nombreux usages. L’extrait de feuilles s’applique contre les démangeaisons du cuir chevelu. La décoction de rameaux feuillés mélangée à Justicia schimperiana (Hochst. ex Nees) T.Anderson se prend pour traiter la jaunisse et la petite vérole. La préparation se consomme avec du poivre, du beurre et du lait. L’infusion de rameaux feuillés et de racines sert en bain de bouche pour traiter les maux de dents. Les feuilles ou les jeunes pousses se consomment pour traiter la fièvre et les œdèmes, et les feuilles écrasées s’appliquent sur les hémorroïdes. Une préparation à base de graines est introduite dans l’oreille pour traiter les affections de cet organe. Les graines sont toxiques et s’utilisent pour confectionner du poison de pêche ; quant aux graines et aux feuilles broyées dans l’eau, elles se prennent pour traiter les infections causées par le ténia ; les graines sont consommées pour déclencher les avortements, et la décoction de fruit, d’écorce ou de racine, ou encore le fruit cru, se prennent pour traiter les maladies vénériennes. La macération d’écorce est absorbée comme boisson pour ses vertus abortives et utérotonifiantes, ou contre la rétention placentaire. Mais ce sont des traitements réputés dangereux. L’écorce de racine ou de tige se mastiquent pour traiter les maux de dents, mais aussi la rage. Les fruits mûrs écrasés mélangés à du beurre ou du miel et les feuilles broyées s’appliquent pour soigner les affections cutanées. Au Kenya, les Luhyas lèchent la cendre de feuilles comme remède contre la toux. La décoction de feuilles se prend aussi pour traiter la toux et les problèmes d’estomac. La décoction de racine se prend pour traiter l’indigestion. Les Kikuyus soignent le paludisme avec la décoction de racine ; ils mettent du jus de feuilles sur les plaies pour améliorer la coagulation du sang, et aussi pour traiter les blessures, les verrues et la teigne. Au Kenya et en Tanzanie, on traite les parasites intestinaux avec de l’infusion de racine. La décoction de l’écorce de tige et de racine sert à baigner les bébés souffrant d’exanthème. L’infusion d’écorce sert à traiter les problèmes pulmonaires et les rhumatismes. Le cataplasme de feuilles s’applique en usage externe pour traiter la pleurésie. La poudre de feuilles et d’écorce de rameau s’ingère pour calmer les bouffées délirantes et la possession.
Au Kenya, Croton macrostachyus se plante couramment comme ombrage dans les villages et les plantations de café. En Afrique orientale et australe, le bois sert à faire des manches d’outil, de petits tabourets, des caisses, des cageots et du contreplaqué ; il s’utilise dans les revêtements de sol et les matériaux de construction, et aussi en charpente. Il sert aussi de combustible qui brûle même vert, mais avec une déplaisante odeur épicée et beaucoup de fumée ; on en fait aussi du charbon de bois. Sa résistance à la sécheresse et la rapidité de sa croissance prédisposent Croton macrostachyus à l’afforestation des dunes de sable instables, des terrains vagues dégradés, des flancs de collines, des ravins et des sols latéritiques. On le cultive aussi comme plante de haie et il se prête aux cultures associées. En Inde, on a réussi à l’associer à Azadirachta indica A.Juss. dans des ceintures de protection. En Ouganda, moutons et chèvres évitent les jeunes feuilles, mais n’hésitent pas à consommer les vieilles feuilles. Au Soudan, les feuilles brûlées servent à fabriquer du sel végétal. En Ethiopie, les feuilles servent d’engrais vert et de fourrage. Très appréciés des oiseaux, les fruits pourraient servir à nourrir les volailles. Les fleurs, qui sont très parfumées, donnent un miel de couleur ambre foncé très savoureux. Croton macrostachyus est une plante rituelle très employée.
Propriétés
Les graines contiennent environ 19% d’huile ; l’huile est un liquide légèrement visqueux, jaune orangé et légèrement vésicant. Les graines renferment aussi plusieurs saponines et une résine qui a la réputation d’être bien plus toxique pour les insectes que la roténone. La plante contient aussi une chalcone, la crotine. L’écorce de tige et les rameaux contiennent du lupéol, de la bétuline et plusieurs acides gras. Les fruits renferment du crotépoxyde, un cyclohexane diépoxyde, qui inhibe certaines tumeurs sur des modèles animaux. Le crotépoxyde a aussi une activité trypanocide modérée contre Trypanosoma brucei et Trypanosoma evansii. Des fractions protéiniques issues des feuilles ont déclenché une mitogenèse chez des cellules T isolées d’humains et de souris.
Les extraits aqueux et à l’alcool d’écorce de tige sont toxiques en injection intrapéritonéale chez des souris. Toutefois, après autopsie, aucun changement pathologique prononcé n’a été noté. Les extraits ont eu des effets ténicides avérés chez des volontaires infectés par le ténia. Un extrait de feuilles à l’hexane a fait ressortir une activité antibactérienne contre Bacillus subtilis, Micrococcus luteus et Staphylococcus aureus in vitro. Les extraits d’écorce de racine et de tige ont eu une faible activité antibactérienne. Un extrait aqueux de racine s’est avéré toxique dans l’essai à l’Artemia. Les graines broyées brutes ont montré une forte efficacité molluscicide in vitro.
Dans un essai au champ en Ethiopie, on a découvert que la vitesse de décomposition des feuilles de Croton macrostachyus était trois fois plus élevée que celle de Millettia ferruginea (Hochst.) Baker. La vitesse de décomposition des feuilles tombées naturellement était à peine plus lente que celle des feuilles récoltées vertes. Lors d’un autre essai au champ en Ethiopie sur l’effet d’apports associés d’engrais vert et d’urée (chacun à raison de 100 kg N/ha) sur la productivité du maïs, on n’a trouvé aucun avantage significatif à court terme de l’association d’engrais vert à base de Croton macrostachyus et d’urée par rapport à un apport d’urée pure.
La densité du bois est d’environ 540 kg/m3 à 12% d’humidité. Le bois est moyennement tendre, périssable et sensible aux attaques des insectes xylophages. Il est difficile à scier. Lors de tests, la pulpage cuisson sulfatée a donné une pulpe de résistance moyenne ; le bois peut servir à la fabrication de papier d’écriture ou de papier journal après blanchissage, mais il ne convient pas à la production de papier d’emballage.
Description
Arbre caducifolié, monoïque ou dioïque, de taille moyenne, atteignant 25(–30) m de haut ; fût cylindrique, atteignant 100 cm de diamètre ; écorce grise à gris-brun, finement fissurée et craquelée, écorce interne brun pâle à brun rougeâtre, odeur poivrée ; cime arrondie et lâche à grandes branches étalées ; jeunes rameaux à poils étoilés denses. Feuilles alternes, simples, virant à l’orange avant leur chute ; stipules linéaires, atteignant 15 mm de long, tombant rapidement ; pétiole atteignant 12(–20) cm de long, à 2 glandes stipitées au sommet ; limbe ovale-elliptique à presque circulaire, atteignant 17(–25) cm × 14(–20) cm, base cordée, apex acuminé, bords irrégulièrement dentés, à denses poils étoilés sur les deux faces, vert blanchâtre en dessous. Inflorescence : mince grappe terminale atteignant 35 cm de long, soit uniquement à fleurs mâles, soit uniquement à fleurs femelles, ou à fleurs mâles et femelles en proportion variable. Fleurs unisexuées, 5-mères, régulières, jaunâtres à blanches, parfumées ; fleurs mâles à pédicelle de 3–10 mm de long, calice campanulé, lobes ovales à triangulaires, de 2,5–3,5 mm de long, bords à denses poils blancs, pétales oblongs à oblancéolés, de 3–4,5 mm de long, étamines 15–17, libres ; fleurs femelles à pédicelle de 2–4 mm de long, charnues, calice identique à celui des fleurs mâles mais lobes plus triangulaires, persistant chez le fruit, pétales linéaires ou absents, atteignant 1,5 mm de long, ovaire supère, arrondi, à denses poils étoilés, 3-loculaire, styles 3, bifides jusqu’à la base, de 3–6 mm de long, tors et arqués. Fruit : capsule presque globuleuse de 8–12 mm de diamètre, légèrement 3-lobée, à poils étoilés, apex déprimé au centre, blanchâtre à brun grisâtre pâle, à 3 graines. Graines ellipsoïdes, de 6–8 mm × 4–5,5 mm, aplaties, caroncule lobé, de couleur crème. Plantule à germination épigée.
Autres données botaniques
Le genre Croton comprend environ 1200 espèces des régions chaudes. Il est surtout représenté dans les Amériques ; sur le continent africain, il y en a environ 65 espèces et à Madagascar à peu près 125. Les fruits mûrs de Croton macrostachyus s’ouvrent avec un bruit sec.
Croissance et développement
Dans les régions sèches d’Afrique de l’Ouest, la floraison commence au début de la saison des pluies. Au Nigeria, elle a lieu en mars–mai. Au Kenya, la floraison a lieu presque toute l’année, avec un pic en mars–juin dans l’ouest du pays et en mai–juin dans le centre. Le fruit met 4–5 mois à se développer. La pollinisation est effectuée par les insectes. La vitesse de croissance maximale est d’environ 1,5 m par an.
Ecologie
Croton macrostachyus pousse couramment dans les forêts secondaires, en particulier en lisière de forêt et au bord des rivières ou des lacs, dans les forêts de montagne sempervirentes humides ou sèches, les savanes boisées, arborées ou arbustives, et le long des routes, souvent sur des sols d’origine volcanique, à 200–2500(–3400) m d’altitude. La pluviométrie annuelle moyenne varie de 150 à 1200 mm.
Multiplication et plantation
Croton macrostachyus est multiplié par graines ou par sauvageons. Le semis direct est préférable et aucun traitement avant semis n’est nécessaire. Le nombre de graines par kg est de 16 000–27 000. Les graines sont semées dans un mélange de sable et de compost (1:2), légèrement couvert de compost fin et maintenu humide. Elles mettent 3–8 semaines à germer. Dans des conditions idéales, 40–70% des graines germent en 4 semaines. En pépinière, le repiquage doit se faire au stade 2 feuilles. Les graines gardent leur viabilité plusieurs mois si elles sont conservées à l’abri de l’humidité et des insectes à une température de 20°C maximum, et au moins 2 ans lorsqu’elles sont séchées en dessous de 8% d’humidité.
Gestion
Croton macrostachyus peut se traiter par émondage, par étêtage ou en taillis. Il pousse aussi bien à l’ombre qu’en plein soleil, mais il est vulnérable au vent froid et au gel, surtout les jeunes plants qu’il faut protéger pendant les deux premières années. Croton macrostachyus a une longue racine pivotante et de nombreuses racines latérales, ce qui le rend adapté aux climats secs.
Maladies et ravageurs
En Ethiopie, les feuilles de Croton macrostachyus sont attaquées par le champignon Cylindrosporium sp. qui provoque des taches foliaires. Les graines sont souvent endommagées par des insectes lorsqu’elles sont encore sur l’arbre.
Traitement après récolte
Les fruits sont mis à sécher au soleil pour dégager les graines.
Ressources génétiques
Bien que disséminé et localisé dans toute son aire de répartition, Croton macrostachyus n’est pas menacé d’érosion génétique.
Perspectives
Croton macrostachyus est une importante plante médicinale, surtout en Afrique de l’Est. Il s’utilise largement comme purgatif et vermifuge, mais également pour traiter les maladies vénériennes et pour déclencher des avortements. Toutes les parties de la plante, mais surtout les graines, sont réputées toxiques, et les remèdes que l’on en tire doivent être employés avec prudence. Mais ces nombreux usages médicinaux n’ont suscité que peu de travaux sur la composition chimique et la pharmacologie des différentes parties de la plante et cela justifie une poursuite des recherches. Croton macrostachyus a plusieurs autres usages importants, par ex. pour lutter contre l’érosion du sol, comme arbre d’ombrage, pour son engrais vert et son fourrage, qui méritent de nouveaux essais au champ.
Références principales
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- Bekele-Tesemma, A., Birnie, A. & Tengnäs, B., 1993. Useful trees and shrubs for Ethiopia: identification, propagation and management for agricultural and pastoral communities. Technical Handbook No 5. Regional Soil Conservation Unit/SIDA, Nairobi, Kenya. 474 pp.
- Burkill, H.M., 1994. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 2, Families E–I. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 636 pp.
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- Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
Autres références
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- Beentje, H.J., 1994. Kenya trees, shrubs and lianas. National Museums of Kenya, Nairobi, Kenya. 722 pp.
- Berhan, A., Asfaw, Z. & Kelbessa, E., 2006. Ethnobotany of plants used as insecticides, repellants and antimalarial agents in Jabitehnan district, West Gojjam. Ethiopian Journal of Science 29(1): 87–92.
- Giday, M., Asfaw, Z., Elmqvist, T. & Woldu, Z., 2003. An ethnobotanical study of medicinal plants used by the Zay people in Ethiopia. Journal of Ethnopharmacology 85: 43–52.
- Giday, M., Teklehaymanot, T., Animut, A. & Mekonnen, Y., 2007. Medicinal plants of the Shinasha, Agew-awi and Amhara peoples in northwest Ethiopia. Journal of Ethnopharmacology 110: 516–525.
- Gindaba, J., Olsson, M. & Itanna, F., 2004. Nutrient composition and short-term release from Croton macrostachyus Del. and Millettia ferruginea (Hochst.) Baker leaves. Biology and Fertility of Soils 40(6): 393–397.
- Gindaba, J., Rozanov, A. & Negash, L., 2005. Trees on farms and their contribution to soil fertility parameters in Badessa, eastern Ethiopia. Biology and Fertility of Soils 42(1): 66–71.
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- Kokwaro, J.O., 1993. Medicinal plants of East Africa. 2nd Edition. Kenya Literature Bureau, Nairobi, Kenya. 401 pp.
- Moshi, M.J., Cosam, J.C., Mbwambo, Z.H., Kapingu, M. & Nkunya, M.H.H., 2004. Testing beyond ethnomedical claims: brine shrimp lethality of some Tanzanian plants. Pharmaceutical Biology 42(7): 547–551.
- Njoroge, G.N. & Bussmann, R.W., 2007. Ethnotherapeutic management of skin diseases among the Kikuyus of Central Kenya. Journal of Ethnopharmacology 111: 303–307.
- Oliver-Bever, B., 1986. Medicinal plants in tropical West Africa. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom. 375 pp.
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- Teklay, T., Nyberg, G. & Malmer, A., 2006. Effect of organic inputs from agroforestry species and urea on crop yield and soil properties at Wondo Genet, Ethiopia. Nutrient Cycling in Agroecosystems 75(1–3): 163–173.
- Venter, F. & Venter, J.-A., 1996. Making the most of indigenous trees. Briza publications, Capetown, South Africa. 304 pp.
Sources de l'illustration
- Maundu, P. & Tengnäs, B. (Editors), 2005. Useful trees and shrubs for Kenya. World Agroforestry Centre - East and Central Africa Regional Programme (ICRAF-ECA), Technical Handbook 35, Nairobi, Kenya. 484 pp.
Auteur(s)
- F.S. Mairura, Kenya Tropical Soil Biology and Fertility Institute of CIAT, P.O. Box 30677, Nairobi, Kenya
Citation correcte de cet article
Mairura, F.S., 2007. Croton macrostachyus Hochst. ex Delile. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 23 décembre 2024.
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