Polygonacées (Le Floc'h, 1983) : Différence entre versions

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(298. Ammi visnaga (L.) Lamk)
(299. Ammoides verticillata (Desf.) Briq.)
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Les modifications de nomenclature obligent à indiquer ce taxon par la combinaison (''Flora europaea'') : ''A. pusilla'' (Brot.) Breistr. L'espèce est également connue par une synonymie : ''Ptychotis verticillata'' Dub.
 
Les modifications de nomenclature obligent à indiquer ce taxon par la combinaison (''Flora europaea'') : ''A. pusilla'' (Brot.) Breistr. L'espèce est également connue par une synonymie : ''Ptychotis verticillata'' Dub.
  
M. - En Egypte le nom arabe de ''Ptychotis verticillata'' Dub., à savoir « hhashishat el baras » signifiant « herbe à la lèpre », est héri­té des propriétés particulières reconnues à la poudre des graines (DU­CROS, 1930). Cette semence est également utilisée dans ce pays, com­me carminative, diurétique et emménagogue.
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M. - En Egypte le nom arabe de ''Ptychotis verticillata'' Dub., à savoir « hhashishat el baras » signifiant « herbe à la lèpre », est héri­té des propriétés particulières reconnues à la poudre des graines (DU­CROS, 1930). Cette semence est également utilisée dans ce pays, com­me ''carminative'', ''diurétique'' et ''emménagogue''.
  
 
== 300. Carum carvi L. ==
 
== 300. Carum carvi L. ==

Version du 4 janvier 2012 à 22:37

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Sommaire

078. Populus nigra L.

[II/2; p:6] SALICACÉES

M. - Populus nigra (fr. = peuplier noir) et, à un moindre titre, Populus tremula (*) (fr. = peuplier tremble) servaient à préparer un onguent employé en usage externe comme vulnéraire et antihémorroïdal soulignent PARIS et MOYSE (1967) qui notent aussi que les « peupliers » servent à préparer un charbon léger antiseptique intestinal.

(*) Populus tremula L. n'est pas signalé dans la Flore de la Tunisie de (POTTIER-ALAPETITE.

079. Salix alba L.

[II/7; p:9] SALICACÉES

M. - L'écorce de ce «saule blanc» est tonique, fébrifuge et antirhumatismale (PARIS et MOYSE, 1967).

080. Juglans regia L.

[II/8; p:10] JUGLANDACÉES

M. - Selon TROTTER (1915), c'est l'écorce des racines (« souac ») qui a surtout un grand emploi auprès des femmes qui la mastiquent et s'en servent éventuellement de « dentifrice ».

Cet usage est aussi rapporté par GATTEFOSSÉ (1921).

Pour la région des Ababsas nous avons également relevé la gran­de réputation d'anticarie et de tonique des gencives du « souac », utilisé essentiellement par les femmes.

D.- L'enveloppe charnue, du fruit du noyer, dite (brou de noix », est récol­tée à mâturité, utilisée après macération pour teindre les laines (JATTEAU, 1977).

081. Castanea sativa Mill.

[II/10; p:11] FAGACÉES

Ce taxon est aussi connu par une autre combinaison synonyme C. vulgaris Lam.

D.A. - L'écorce, riche en tannin gallique, est utilisée dans l'industrie du tanna-

[72]

ge, alors que les fruits servent d'aliment (PARIS et MOYSE, 1967 ; LEMORDANT et al., 1977).

082. Quercus suber L.

[II/12; p:14] FAGACÉES

M. - Les " noix de galle ", qui se développent sur les feuilles de ce chêne, servent en Algérie (DORVAULT et WEITZ, 1945) à com­poser un liniment pour frictionner les boutons survenant souvent à la tête des enfants. C'est également, selon ces mêmes auteurs, la pou­dre de ces « noix » que les chirurgiens arabes utilisent pour accélérer la cicatrisation des plaies d'armes à feu.

D. - Bien entendu, cette espèce (ar. = fersi, fernan ; fr. = Chêne liège) est surtout appréciée pour son liège (LEMORDANT et al, 1977).

083. Quercus ilex L.

[II/14; p:15]

A. - Les glands, comestibles, sont largement utilisés en Kabylie, signale TROTTER (1915).

D. - Le « Chêne vert », comme le chêne kermès (cf. Quercus coc­cifera n° 084), est susceptible de porter l'insecte nommé Coccus illicis. Nous n'avons cependant pas confirmation de cette présence sur Quer­cus ilex en Tunisie.

084. Quercus coccifera L.

[II/l5;p:15]

Longtemps eonsidéré comme étant une graine, le « kermès » est de fait le corps desséché de la femelle de diverses espèces de Coccus, insecte de la famille de Coccidées, dont les principales espèces sont Coccus illicis et Coccus vermilio. Ces insectes (ar. = quermez habb, fr. = kermès) vivent sur le Quercus coccifera L. et le Quercus ilex L. Leur présence est attestée en Tunisie, par POTTIER-ALAPETITE, sur le Quercus coccifera L.

M. - Dans le droguier égyptien (DUCROS, 1930), le « kermès » est employé comme astringent, dessicatif et sert à la préparation de certains éluctuaires stimulants et aphrodisiaques. Cette vertu astrin­gente est également rapportée par LEMORDANT et al. (1977).

[73]

D. - Les « kermès », qui se récoltent en juin, après la mort des femelles consécutive à la ponte, servaient pour la teinture des étoffes et des fils en « écarlate » (JATTEAU, 1977).

085. Urtica urens L.

[II/18; p:18] URTICACÉES

M. - L'emploi de l' « ortie grièche » est rapporté, par PARlS et MOYSE (1967), avec les propriétés générales attribuées aux « orties » (cf. Urtica dioica ; n° 087).

La vertu antidiarrhéique de la « grièche » (ar. = harika) est aussi notée par LEMORDANT et al. (1977).

086. Urtica pilulifera L.

[II/20; p:18]

A. - GOBERT (1940, 1955) indique que, si les Tunisiens utilisent, de préférence, les jeunes feuilles de cette espèce (ar. : horriq), c'est de fait, la plante entière qui peut être consommée cuite avec le « mhammes ».

M.R. - Les graines s'emploient (BOUQUET, 1921) contre les calculs rénaux et la cystite. A Marrakech (GATTEFOSSÉ, 1921), elles sont considérées aphrodisiaques et diurétiques.

La plante fournit à la médecine ses feuilles et ses graines dont on fait :

- des tisanes employées contre la gravelle et la rétention d'urine,

- des gargarismes,

- des cataplasmes émollients.

A ces indications, qu'il note également, DUCROS (1930) ajoute que le suc de l' « ortie rude » arrête les hémorragies et les crache­ments de sang.

La plante passe pour avoir aussi de précieuses propriétés contre l'anasarque et l'ascile (GOBERT).

Cette « ortie » serait utilisée, en Libye, dans le traitement des rhumatismes (KOTOB HUSSEIN, 1979).

[74]

087. Urtica dioica L.

[II/21; p:18]

M.- La médecine populaire utilise les « orties » pour leurs propriétés antianémiques, hémostatiques et antidiabétiques. Urtica dioica (fr. = grande ortie) est une source intéressante pour la préparation de la « chlorophylle » ou encore des « extraits chlorophylliens » commerciaux utilisés comme antituberculeux, antianémiques. En usage externe elle est cicatrisante, désodorisante et constitue un colorant alimentaire autorisé (PARIS et MOYSE, 1967).

Pour cette espèce (ar. : harika ; fr. = grande ortie), LEMOR­DANT et al. (1977) insistent aur son intérêt hémostatique et antidia­bétique.

088. Parietaria officinalis L.

[II/23; p:21]

M. - Le nitrate de potassium et les flavonoïdes, signalés par PARIS et MOYSE (1967), sont à l'origine de l'emploi, noté égale­ment par LEMORDANT et al. (1977), de cette espèce (ar. : libida ; fr. pariétaire) comme diurétique.

089. Ficus carica L.

[II/26; p:23] MORACÉES

A. - La Figue constitue, une ressource alimentaire, dans tout le Nord de l'Afrique et TROTTER (1915) souligne que le sirop (ar. = rub), obtenu en faisant macérer des figues sèches, est utilisé comme condiment, pour les mets doux, lors des fêtes religieuses.

M.T. - Le fruit bouilli dans du miel est émollient et s'emploie contre la toux (BOUQUET, 1921).

PARIS ct MOYSE (1967) signalent que le fruit est intéressant par sa richesse en sucres et en vitamines A, B et C et qu'outre leur valeur alimentaire, les figues sont légèrement laxatives, émollientes et pectorales. Les mêmes auteurs notent éga­lement que les feuilles de cette espèce peuvent occasionner des dermatoses.

Nous avons relevé dana la region des Ababsas que les fruits très mûrs, tombés au sol et que l'on donne à manger aux enfants en milieu de journée, sont réputés être puissamment vermifuges.

D. - Certains se servent du jus qui coule d'une entaille faite à un figuier pour faire cailler le lait ; ce liquide est épongé dans un flocon de laine que l'on presse dans le lait au moment venu (BOU­QUET, 1921; RENON s.d.).

[75]

090. Calligonum comosum L'Hérit.

[II/31 ; p:28] POLYGO­NACÉES

M. - DUVEYRIER (in TROTTER, 1915) indique qu'avec les racines on fabrique une décoction vermifuge.

Sans autre précision, CAUVET (1925) rapporte que l'espèce sert au traitement de la gale du chameau.

D.A. - Cette espèce saharienne, ainsi que les autres Calligonum, est très recherchée pour la fabrication de charbon de bois ce qui a grandement contribué à sa quasi-diaparition.

Au Ahaggar, GAST (1968) semble indiquer que les populations tirent le maximum de cette plante (tam. : aressou ; ar. arta) ainsi :

- le bois est très recherché comme combustible et pour la fabrication de charbon de bois,

- l'écorce est utilisée pour le nettoyage des outres à lait,

- les « tubercules » des racines sont consommés par les nomades soit crus, soit en farine en mélange avec un peu d'eau ou de beurre fondu.

091. Calligonum azel Maire

[II/32; p:28]

Nous avons admis ici que la forme « azal » de Calligonum comosum L'Hér. est bien Calligonum azel Maire.

D. - Selon FOUREAU (in TROTTER, 1915) la forme « azal » de Calligonum comosum L'Hér. procure, par son écorce et ses feuilles, une substance employée pour le tannage des outres en peau de chê­vre. Cet usage est aussi rapporté par POTTIER-ALAPETITE (1979).

092. Polygonum aviculare L.

[II/37; p:32] POLYGONACÉES

M. - Polygonum aviculare (fr. = renouée des oiseaux) est très employé comme astringent, antidiarrhéique, vulnéraire et hémostatique (PARIS et MOYSE, 1967 ; LEMORDANT et al., 1977).

[76]

093. Polygonum equisetiforme S. et Sm.

[II/40; p:33]

M. - La plante possède des principes astringents justifiant son emploi comme antidiarrhéique (TROTTER, 1915).

Pour le Sud tunisien, LOUIS (1979) signale plusieurs emplois :

- L'infusion sert à laver les plaies et à les désinfecter,

- L'emplâtre de « gordab » et de savon, dissous dans l'huile, active la cicatrisation et la guérison des plaies. Le même emplâtre peut également être additionné de « passerine »(Thymelea hirsuta Endl.)

- l'espèce est réputée être fortifiante pour les jeunes chamelons.

094. Polygonum maritimum L.

[II/41; p:33]

M. - RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921), a noté que la plante est employée contre les brûlures et les enflures.

095. Emex spinosus (L.) Campd.

[II/43; p:34] POLYGONACÉES

Cette combinaison est orthographiée actuellement (Flora europaea) : E. spinosa (L.) Campd.

A. - Si GOBERT (1940) indique que, chez cet « Emex » (ar. = bezzoulet naja), seule la racine se consomme crue, CHOUMOVITZ et SERRES (1954) notent de surcroît la consommation dea feuilles tendres.

Au Fezzan, LETHEILLEUX (1948) rapporte que les feuilles larges d'un Emex, connu sous le nom vernaculaire « el hanzab » (*), peuvent rentrer dans la préparation de l' « idam », aorte de sauce grasse.

(*) Il s'agit assurément de Emex spinosus, seul Emex cité par KEITH (1965) et BOULOS (1979) en Libye.

096. Rumex crispus L.

[II/47; p:37] POLYGONACÉES

M. - PARIS et MOYSE (1967) et LEMORDANT et al. (1977) signalent que la racine de cette plante (ar. = snanoun ; fr. = patience) est astringente.

[77]

097. Rumex vesicarius L.

[II/50; p:39]

Combinaison et orthographe conformes à Flora europaea. La similitude d'usage nous incite à rapporter également ici les indications relatives à : Rumex vesicarius var. typicus Murb. signalée en Tunisie.

A. - Au Fezzan, LETHIELLEUX (1948) note que l'oseille sauvage « kourricha el rât » (Rumex vesicarius ou Launaea glomerata*) est cueillie pour les animaux mais que l'on en met aussi dans l'«idam», sorte de sauce grasse.

D'après LARRIBAUD (1952) l'espèce (« hammouid ») est consommée en salade ou cuite avec la viande (cf. à Launaea glomerata n° 464) recette rapportée également par CHOUMOVITZ et SERRES (1954), PASSAGER et BARBANÇON (1956), PASSAGER et DOREY (1958), DOREAU (1961).

A propos de Rumex vesicarius L. var. typicus Murb. (tam. : tanesmint ; fr. : Oseille aauvage) ; GAST (1968) rapporte que la feuille a un goût aigrelet rafraîchissant, qu'elle n'est pas consommée en Ahaggar, mait qu'elle le aerait au Tassili n'Ajjer.

(*) Il s'agit très probablement de Rumex vesicarius signalée en Algérie par QUEZEL et SANTA (1963) sous le nom vernaculaire « qorissa ».·

098. Rumex tingitanus L.

[II/53; p:40]

A. - L'espèce (ar. = korressa) serait consommée crue (GOBERT, 1940). TROTTER (1915) précise que ce sont les feuilles que l'on mange et qu'elles ont, comme d'ailleurs Rumex vesicarius L., un agréable goût d'oseille.

099. Rumex thyrsoides Desf.

[II/54; p:41]

A. - GOBERT (1940) note que cette oseille (ar. = Isan thour) se mange crue ou cuite dans la « chekchouka » de piments et de fèves.

100. Rumex tuberosus L.

[II/55; p:41]

Rumex tuberosa, combinaison que l'on trouve dans la littérature, est une synonymie de celle adoptée par POTTIER-ALAPETITE.

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A. - Réputées trop acides, les espèces Rumex acetosa (*), R. tuberosa et R. acetosella (*), confondues dans les dénominations vernaculaires, sont cependant consommées en cas de disette (BOUQUET, 1938). Selon le même auteur, d'autres plantes (cf. à Anchusa aegyptia·ca, n° 355) sont souvent mélangées à l'oseille sauvage (**) pour en relever le goût.

(*) Rumex acetosa L. et Rumex acetosella L. sont considérées absentes de Tunisie.

(**) Nous avons estimé qu'il s'agissait très probablement de Rumex tuberosus L.

101. Beta vulgaris L.

[II/57; p:44] CHENOPODIACÉES

Aux notes concernant B. vulgaris L., nous avons ajouté celles se rapportant à : B. maritima L. considérée actuellement comme étant la ssp. maritima de Beta vulgaris et à laquelle se rattachent tous ·les taxons cités pour la Tunisie. Orthographiée B. vulgaris Ssp. maritima (L.) Batt. dans la Flore de la Tunisie cette sous-espèce s'écrit en fait : B. vulgaris ssp. maritima (L.) Arcangeli dans Flora europaea.

Comestible ce taxon a également des propriétée émollientes.

A. - En Tunisie, BOUQUET (1938) rappol\te que l'on rassemble sous les noms vernacubires arabes : serj, si1dj el bedebcha, bend­ jar, barba semlakh, aïtiace, chaouender, hezab, hatrab, left m'ta el bagar, lift ahmar· soukr; les espèces spontanées Beta vulgaris, B. ma­crocarpa et B. maritima. Les feuilles sont consommées comme légume vert dans les soupes et les ragoûts. La racine, si elle est tubérisée, s'emploie dans le bouillon en lieu et place de raves et navets. BOU­QUET note encore qu'en année de disette, dans le Nord de la Tunisie, on fait sécher la racine dont, par la suite, la farine s'emploie en mélange avec la farine d'orge, de blé ou de fèves. La consommation dee feuilles de ces eepèces est également attestée par GOBERT (1940, 1955) (cf. à Asphodelus fistulosus n° 055).

LEMORDANT et al., (1977) confirment l'emploi de Beta vulgaris « lift ahmar Soukr » comme aliment.

M. - Selon DUCROS (1930) graine, feuille, racine et tige ont

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les mêmes propriétés, (même si la tige est réputée moins active), la plante entière étant considérée adoucissante et émolliente.

102. Beta macrocarpa Guss.

[II/58; p:44]

A. - L'espèce est, rapporte BOUQUET (1938) consommée (cf. B. vulgaris L. n° 101).

103. Chenopodium ambrosioides L.

[II/60 ; p : 46] CHENOPODIACÉES

M. - Très aromatiques, les tiges florifères, de ce chénopode, sont employées comme digestif et carminatif (GATTEFOSSÉ, 1921). C'est aussi, note encore GATTEFOSSÉ, un bon galactogogue dont l'essence concentrée des fruits a des qualités anthelmintiques indiscutées.

104. Chenopodium vulvaria L.

[II/61; p:46]

A. - Lea graines servent, en Ahaggar (GAST, 1968) dana l'alimentation des nomades, associées le plus souvent, en bouillie ou même en couacous, à d'autres céréales.

105. Chenopodium album L.

[II/63; p:48]

T. - Cette plante est réputée toxique du fait de l'acide oxalique qu'elle contient.

106. Atriplex halimus L.

[II/77; p:54] CHENOPODIACÉES

L' « arroche » est, fréquemment, utiliaée dans l'alimentation humaine lors des périodes de disette sévère et présente quelque intérêt pour soigner les plaies.

A. - CLASTRIER (1936) et BOUQUET (1938) en particulier signalent l'usage de cette espèce dans l'alimentation. CLASTRIER précise que les baies de Juniperus phœnicea sont acceptées comme aliment et quelques fois associées à Atriplex halimus ( « hermes » ). BOUQUET rapporte que l'on fait cuire le « guetaf • à l'eau salée, jusqu'à l'épaississement et qu'on le consomme seul ou mélaogé à la « déhi-

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cha » ; il ajoute également que les Touaregs récoltent les graines (ar­mas) et les consomment en bouillie.

Par contre, pour la région d'Ain Moularès (Tunisie), CHOUMOVITZ et SERRES (1954) considèrent que les populations n'utilisent pas toutes les ressources que la nature met à leur disposition et dont on a tiré partie dans d'autres lieux de Tunisie ; ils citent à titre d'exemple les feuilles des divers Atriplex et en particulier celles d'Atriplex halimus « guetaf » non consommées dans le Sud tunisien.

C'est au Ahaggar que GAST (1968) a noté le pius nombreux usa­ges de cette plante (tam. : abougboug ouan aramas : ar. = guetaf ; fr. = arroche) :

- les graines broyées servent à confectionner, soit une bouillie épaisse fortement salée, soit une galette,

- les bourgeons sont consommés, même en dehors de la période de disette, cuits à l'eau (mais en changeant plusieurs fois l'eau de cuisson, agrémentés d'un peu de beurre fondu ; il ne s'agit pas cependant d'un aliment de haute valeur énergétique,

- les feuilles fraîches, au goût aigrelet, sont appréciées des nomades,

- les feuilles sont aussi consommées cuites ou bouiUies dana l'eau et essorées plusieurs fois pour en ôter le goût salé.

GAST signale, également, qu'en Ahaggar, on laisse les chameaux fatigués broûter durant une quinzaine de jours dans les groupements de cette espèce dont les feuilles sont chargées de sels minéraux.

M. - Outre son intérêt alimentaire, iexiate quelque emplois de cette espèce, par exemple dans la pharmacopée traditionnelle. Ain­si GAST rapporte que, même s'il est actuellement peu employé, le bois de la racine, servait, autrefois, de brosse à dent et qu'on lui attribuait des vertus antiscorbutiques.

BOUQUET, déjà cité, notait pour sa part que les nomades du Sud attribuent au « guetaf » une vertu curative du « debab » (maladie grave du dromadaire causée par un trypanosome inoculé par les taons). A propos du soin des plaies et lésions, PASSAGER et BARBANÇON (1956) ont signalé plusieurs médications possibles

[81]

- Zygophyllum album « aggaïa » mâché avec du sel.

- emplâtre fait de henné (*) de quartiers d'oignons ou de beurre et de romarin (**),

- feuilles écrasées d'Atriplex halimus (« guettaf » (pour assé­cher les plaies),

- cendres de Nitraria retusa (« guerzim ») qui ont la propriété de retirer les humeurs des plaies infectées.


(*) henné = Lawsonia inermis L. (Lythracée).

(**) romarin = Rosmarinus sp. (Labiée).

107. Atriplex mollis Desf.

[II/79; p:55]

M.T. - En Libye, la sève d'Atriplex mollis est réputée causer la stérilité chez les humains (BOUQUET, 1921 ; KEITH, 1965). DU­VEYRIER (in TROTTER, 1915) mentionnait déjà cette propriété et signalait que les femmes arabes trop fécondes en faisaient un grand usage.

108. Salicornia arabica L.

[II/87; p:59] CHENOPODIACÉES

La situation nomenclaturale de cette espèce semble évoluer rapidement ·puisque, connue dans Flora europaea sous la combinaison : Arthrocnemum fruticosum (L.) Moq., elle est repérée par BOULOS (1979) sous la dénomination : Sarcocornia fruticosa (L.) A.J. Scott.

Certaines données de la littérature relatives à ce taxon sont pro­posées comme concernant la combinaison synonyme S. fruticosa L.

D. - Les rameaux eervent éventuellement de combustible (TROTTER, 1915).

KEITH (1965), à propoe de la Libye, indique que lee cendres de Salicornia fruticosa L., appelées « barilla », étaient exportées comme source de aoude utilisée pour fabriquer le savon et le verre.

[82]

109. Suaeda mollis (Desf.) Del.

[II/88 ; p:60) CHENOPO­DIACÉES

Il paraît correct de considérer qu'il s'agit là du taxon répondant à la combinaison adoptée par BOULOS (1979) : S . vermiculata Forskal ex Gmelin.

M. - L'absorption, durant plusieurs jours conséeutifs, d'un potage où entrent de l'orge et du Suaeda vermiculata calmerait les dou­leurs lombaires (PASSAGER et BARBANÇON, 1956).

110. Suaeda fruticosa (L.) Forsk.

[II/90; p:61]

La combinaison de référence, actuellement en usage, s'orthogra­phie selon BOULOS (1979) S. fruticosa Forskal ex Gmelin.

D. - COUSTILLAC (1958) rapporte que cette espèce (ar. = swida) est notée, par MASSABIE, comme étant utilisée, dans le Djerid, pour donner une teinture noire des laines.

111. Salsola kali L.

[II/93; p:63] CHENOPODIACÉES

M. - PARIS et MOYSE (1967) et LEMORDANT et al. (1977) rapportent que cette plante (ar. = kali ; fr. : soude) a des propriétés d'hypotenseur.

112. Salsola longifolia Forsk.

[II/97; p:66]

POTTIER-ALAPETITE (1979) admet la synonymie avec S. oppositifolia Desf.

T. - L'espèce (notée sous la dénomination Salsola oppositifolia Desf.*), est considérée vénéneuse par les bergers qui rapportent, qu'au printemps, elle occasionne chez les animaux qui en mangent des troubles intestinaux pouvant entraîner la mort (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954).

D. - Les cendres seraient (TROTTER, 1915) utilisées dans la fabrication du savon.

[83]

113. Salsola sieberi Presl.

[II/98; p:66]

La Flore de la Tunisie retenant Salsola sieberi Presl. au rang d'espèce bien différenciée nous avons isolé, ici, l'indication qui lui est relative malgré le fait que BOULOS (1979) considère qu'i!l s'agit là d'une synonymie de S. longifolia Forskal traitée au n° 112.

T. - Salsola sieberi (« demrane ») est suspectée d'entraîner la mort des bourricots qui en consomment (PASSAGER et BARBANÇON, 1956).

114. Salsola vermiculata L.

(II/99; p:67]

D. - Salsola vermiculata (« ghessal ») et Zygophyllum album (« aggaïa ») sont, rapportent PASSAGER et BARBANÇON (1956), utilisées pour laver le linge et les chevelures féminines.

M. - En cataplasmes, les feuilles de cette plante malodorante, sont employées sur les boutons Texte en italiqueet pour le traitement de la teigne (GATTEFOSSÉ, 1921).

PASSAGER et BARBANÇON notent également que contre le pru­rit, dû aux dermatoses et aux teignes, on fait absorber du lait dans lequel ont trempé des feuilles de «ghessal».

115. Arthrophytum schmittianum (Pom.) Maire et Weill.

[II/100; p:68] CHENOPODIACÉES

Ayant successivement appartenu aux genres : Arthrophytum, Caroxylon et Hammada, ce taxon correspond à la combinaison actuelle (in BOULOS, 1979) : Haloxylon salicornicum (Moq.) Bunge ex Boiss.

D. - Selon DE PERGOLA (in TROTTER, 1915) les bédouins utilisent les cendres de Haloxylon schmittianum Pom. sous forme d'infusion chaude, pour imprégner des morceaux de tissus qui, après séchage, deviennent des « mêches à l'amadou ».

116. Arthrophytum scoparium (Pom.)Iljin

[II/101; p:68]

Ainsi repéré dans la Flore de la Tunisie, ce taxon correspond dans

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la nomenclature actuelle à Haloxylon scoparium Pomel et les indica­tions rapportées concernant le plus souvent l'un des synonymes :

(1) Haloxylon tamariscifolium Pau,

(2) Haloxylon articulatum (Cav.) Bunge.

Le « remet » a de nombreux usages, en thérapeutique tradition­nelle, mais certains d'entre eux amènent à envisager d'éventuelles con­fusions avec les espèces du genre Artemisia.

M. - A Laghouat (FOLEY, 1939), les feuilles de Juniperus phœnicea, pulvérisées, sont mélangées à la poudre de feuilles de tabac et à des cendres d'Haloxylon tamariscifolium « remet » pour la prépa­ration du tabac·à priser « neffa ». Nous avons pu constater, qu'à l'ex­clusion du Juniperus phœnicea, très rare, la même formule est encore en usage dans le Sud tunisien et que la « neffa », ou tabac à priser, présente ·par ailleurs de nombreuses vertus thérapeutiques dont la plus importante reste son action dans le traitement de la gale des ovins dans des formules variables selon les situations. Le t·raitement le plus simple de la gale consisterait en l'application de jus de « neffa », mêlé d'huile, sur les plaques de gale ; c'est la recette que rapporte RE­NON (s.d.) qui souligne que le moyen de lutte jugé le plus efficace est l'emploi d'une décoction de « remeth » dans l'eau du sel et du jus de tabac. Dans l'Ouara (Tunisie), nous avons relevé pour le même usage une préparation où se retrouvent broyés, le « remeth >> et Reta­ma raetam. D'après LOUIS (1979), l'infusion de « remeth » sert à la­ver les blessures consécutives à la tonte ou les plaques de gale sur les­quelles on projette ensuite un jet de jus de tabac.

Nous éloignant du jus de tabac et de la gale ovine, nous trou­vons encore d'autres emplois. Pour lutter contre les diarrhées, LAR­RIBAUD (1952) note l'usage entre autres recettes d'une infusion de « remet » associé à un jeûne de 24 heures (cf. à Acacia raddiana n° 183).

Dans les soins contre la blennorragie, le malade doit avaler, à midi et le soir, deux bouchées de couscous contenant un peu de poudre de Bubonium graveolens var. villosum (*) et boire une infusion soit de Cymbopogon schœnanthus ssp. laniger soit de Cleome arabica soit de « remt » ou encore de Gaillonia reboudiana (**) (LARRIBAUD).

[85]

L'emploi de cette eapèce pour les soins en cas de morsures de serpents est assez fréquemment noté chez les auteurs consultés. En ces cas d'envenimements, LARRIBAUD signale la pratique qui consiste à faire une plaie à la place de la morsure et d'y faire brûler quelques brindilles de « remt » ou de fibres de « tourja » (Calotropis procera) (**). Dans le même cas, REYNIER (1954) a relevé que l'on faisait bouillir longuement la plante, jusqu'à ce que l'eau prenne une teinte noirâtre et que cette décoction, qui aurait une action émétisante, doit être absorbée non sucrée par la victime. Selon BOUCHAT (1956), l' « oural » (***) s'immuniserait contre les morsures de vipère en consommant cette plante utilisée par l'homme en application externe ou par voie orale; ·l'infusion de « remt », Haloxylon tamarisci­folium (1) et Haloxylon articulatum var. scoparium (2) procure la même immunisation.

BOUCHAT indique, par ailleurs, que cette infusion est également utilisée contre les rhumatismes et que lee feuilles séchées et pilées de Pistacia atlantica en mélange avec le « remt » et Cleome arabica sont employéee en cataplasme contre les céphalées.

Pour le traitement des plaies avec hémorragie, REYNIER (1954) note aussi l'emploi des cataplasmes de « remt » tandis que PASSAGER et BARBANÇON (1956) ont relevé comme procédé de traitement antalgique la scarification suivie de frictions à l'aide d'une préparation induant en mélange : oignon, fenugrec (****), amande, noyau d'abricot et Arthrophytum scoparium.

En dernier lieu, LOUIS (1979) rapporte que le wc des jeunes pousses est utilisé comme collyre dans le Sud tunisien.

PARIS ET DILLEMAN (1960) pensent quo cette espèce est susceptible de contenir autant d'alcalcüdes qu'Anabasis aphylla.

(*) Dans notre texte, nous utilisons le binôme Asteriscus graveolens (Forsk.) DC.

(**) Gaillonia reboudiana Coss. et Dur., (familles des Rubiacées) absente de Tunisie.

- Calotropis procera (Ait.) Ait., (famille des Asclepiadacées), absente de Tunisie.

(***) oural = varan = Varanus griseus griseus.

(****) Trigonella foenum-graecum L. (famille des Papillionacées).

[86]

117. Anabasis aphylla L.

[II/102; p:69] CHENOPODIACÉES

Nous ne présentons ici que les indications se rapportant à la ssp. africana (Murb.) Maire dont nous ignorons le statut nomenclatural actuel.

Si elle est connue par les populations comme toxique, ou du moins non appréciée du bétail, cette espèce présente cependant des propriétés insecticides ayant intéressé les chimistes.

M. - En Tunisie c'est la ssp. africana (Murb.) Maire, moins riche en alcaloïdes que la ssp.·scytica de la région arabo-caspienne, qui est présente et qui a été utilisée pour le traitement des moutons (?).

T. - Cette espèce est en Tunisie nommée « dega » selon LE­MORDANT et al. (1977) qui soulignent également ses vertus insecticides. Il est cependant possible qu'ils fassent la référence à la ssp. scytica qui parait être celle étudiée par CHOPRA et al. (1960), PARIS et DILLEMAN (1960), PARIS et MOYSE (1967) et DAJOZ (1969).

118. Anabasis articulata (Forsk.) Moq.

[II/103; p:69]

D. - En Ahaggar, l'espèce (tam. : tassa) était autrefois utilisée pour laver les tissus (GAST, 1968).

119. Cornulaca monacantha Del.

[II/105; p:71] CHENOPO­DIACÉES

M. - TROTTER (1915) siguale qu'elle a un effet purgatif pour l'homme et les animaux.

Les indigènes du Sahara Occidental utilisent le « had » pour le traitement des maladies du foie (GAUTHIER-PILTERS, 1969).

120. Amaranthus angustifolius Lamk.

[II/110 ; p : 75] AMARANTHACÉES

Ce taxon correspond dans la nomenclature actuelle (Flora europaea) à : A. graecizans L.

Pour la Tunisie, seule la ssp. sylvestris (Desf.) Maire et Weill. eat signalée.

[87]

V. TÄCKHOLM (1974) indique la combinaison A. angustifolius ssp. sylvestris (Desf.) Maire et Weill. comme synonyme de A. graecizans L.

A. - Les feuilles, de cette « amaranthe » (tam. = talenkhatait) bouillies sont, pour la consommation humaine, asaociéee à des sauces ou mêlées aux bouillies de mil ou de blé (GAST, 1968).

121. Phytolacca americana L.

[II/116 ; p : 78] PHYTOLACCACÉES

D. - Selon POTTIER-ALAPETITE (1979) elle fournit une teinture d'un rouge intense.

122. Mesembryanthemum cristallinum L.

[II/119 p:80] AIZOACÉES

Ce taxon s'orthographie (Flora europaea) : M. crystallinum L.

A. - GOBERT (1955) note, qu'en Tunisie, Mesembryanthemum forskhalei Hochst. (*) a été utilisé, en remplacement des céréales. Cet­ te information est également rapportée par TROTTER (1915).

D. - Employée directement, comme savon, pour laver le linge, Mesembryanthemum crystallinum a cependant un rendement moina bon que Aizoon hispanicum L. (TROTTER).

(*) Mesembryanthemum forskahlei Hochst. est signalée en Libye (Fezzan) par KEITH (1965) qui mentionne de plus que les graines de cette espèce peuvent être confondues avec celles de Cryophytum cristallinum (L.) N.E. Brown, synonymie de Mesembryantllemum cristallinum L.

Mesembryanthemum critallinum étant courante en Tunisie alors que Mesembryanthetum forskhalei Hochst. n'y est pas signalée, nous pouvons, à ce niveau, suggérer une confusion dans le propos de GOBERT.

123. Mesembryanthemum nodiflorum L.

[II/120; p:81]

A. - Selon VERNEAU (in GOBERT, 1940), la population guancho des Iles Canaries, dans une recette de « gofio » (préparation équi­valente à la « baissa » de Tunisie), utillsait, en absence de céréales, des grainee de cette espèce.

[88]

D. - L'espèce est réputée saponifère au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921).

Pour la Tunisie, COMBES et COMBES (1945) ont rapporté que si, après lavage à la terre à foulon (ar. = torba), la laine est encore sale, les femmes utillisent alors la cendre de cette espèce (ar. = r'asoul). La potasse contenue dans la cendre de « r'asoul » racornit cependant les fibres de la laine qui sera alors de mauvaise qualité.

124. Mesembryanthemum edule L.

[II/sans n° ; p:81]

Par suite de modification nomenclatwa1e ce taxon est actuellement identifié (Flora europaea) par la combinaison : Carpobrotus edulis (L.) N.E.Br.

A. - En Italie les feuilles sont mangées en salade et les fruits considérés comme comestibles (POTTIER-ALAPETITE, 1979) ; il ne semble pas en être de même en Tunisie.

125. Aizoon canariense L.

[II/122; p:83] AIZOACÊES

A. - Dans son ouvrage, très documenté, GAST (1968) rapporte que les graines rouges ou noires, très petites, douces et un peu gras­ses de cette plame (tam. = eheifief), sont utilisées cuites, en bouil­lie ou en galette, après avoir été pilées.

126. Aizoon hispanicum L.

[II/123; p:84]

D. - En Libye cet « aizoon » est employé directement comme savon pour laver le linge (TROTTER, 1915), usage également signalé par GATTEFOSSÉ {1921) au Maroc.

127. Portulaca oleracea L.

(II/125; p:85] PORTULACACÉES

Pour la Tunisie il n'est signalé (POTTIER-ALAPETITE, 1979) que la ssp. silvestris (D.C.) Thell. qui dans Flora europaea correspond à la combinaison P. oleracea ssp. sativa (Haw.) Celsk.

[89]

A. - Selon BOUQUET (1921), la graine est réputée, ausceptible de couper la soif et les feuilles de pouvoir diminuer le besoin de man­ger.

La consommation des graines en cas de diaette eet aignalée par GALAN (1951) (cf. à Cistanche phelypea n° 391) et à Panicum turgidum, n° 023). En Ahaggar, le pourpier (tam. = alora ; ar. = benderakek, bel­kazit) a d'assez nombreux usages (GAST, 1968) :

- les feuilles comme les tiges ne sont consommées qu'occasionnellement crues ou ajoutées aux sauces comme légumes.

- les graânes pilées et mêléea à d'autres feuilles sont préparéea en bouillie, ou mangées avec des dattes réduites en poudre.

T. - S'il signale que ce pourpier peut être mangé en salade, LABBE (1950) note qu'ii est aussi accusé d'avoir causé la mort d'animaux.

R. - Les feuilles sont réputées anaphrodiaiaquea (BOUQUET, l921).

GAST indique que dans le Tell l'espèce est, parfois, considérée comme pourvue de « baraka » car le Prophète Mohamed, blessé au pied, fut guéri après avoir marché sur cette plante.

128. Paronychia argentea (Pourr.) Lamk.

[II/128; p:90] CARYOPHYLLACÉES

De fait, la combinaison en vigueur (Flora europaea) est P. argentea Lam.

M. - En .Algérie Paronychia argentea Lam. est employée en infusion diurétique et est, dans ce but, l'objet d'un petit commerce d'ex­portation (TROTTER, 1915). Le même usage est rapporté pu GATTEFOSSÉ (1921).

R. - Selon RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ) l'espèce serait aphrodisiaque.

[90]

129. Herniaria glabra L.

[II/134; p:94] CARYOPHYLLACÉES

M. - Pour DORVAULT et WEITZ (1945) cette espèce est douée de propriétés diurétiques et passe pour antinéphritique.

La propriété diurétique de Herniaria glabra L. (fr. = herniaire, turquette) est aussi signalée par PARIS et MOYSE (1967).

130. Herniaria hirsuta var. cinerea (D.C.) Lor. et B.

[II/135 p:94]

A ce taxon, retenu dans la « Flore de la Tunisie », correspond la combinaison actuellle (Flora europaea) : Herniaria cinerea DC.

M. - L'intérêt de Herniaria cinerea DC. (fr. = herniole), ainsi que celui de diverses autres Herniaria a été rapporté par DORVAULT et WEITZ (1945) (cf. à Spergularia bocconei, n° 132).

131. Spergularia marginata Kittel.

[II/151; p:103] CARYO­PHYLLACÉES

Tout en conservant son rang d'espèce ce taxon correspond dans la nomenclature actuelle à S. media (L.) C. Presl.

M.- Cette espèce (fr. : polygale de Syrie) est, selon PARIS et LYS (in PARIS et DILLEMAN, 1960) et PARIS et MOYSE (1967), parfois substituêe au « polyga­le de Virginie » (recherché pour ses propriétés expectorantes marquées) constitué par la souche et les racines de Polygala senega (*). Spergularia marginata qui contient également des saponines, est de plus, de toxicité très inférieure à celle de Poly­gala senega.

(*) Polygala senega L. (famille des Polygalacées) espèce absente en Tunisie.

132. Spergularia bocconei (Scheele) Asch.

[II/154; p:l04]

A cette combinaison orthographiée correctement (Flora europaea) comme suit : S. bocconii (Scheele) Ascherson & Graebner, nous avons rapporté les indications relatives à Arenaria rubra et à Spergularia rubra p.p. que, par le jeu de synonymies successives. nous avons assimilées, peut être à tort, au taxon traité ici.

[91]

M. - Selon TROTTER (1915) ce taxon, serait en Libye et en Algérie, utillisé comme diurétique.

DORVAULT et WEITZ (1945) rapportent qu'en Algérie, diverses espèces d'Herniaria sont employées, concurremment avec Arenaria rubra, contre la gravelle et le catarrhe de la vessie.

133. Silene succulenta Forsk.

[II/198 ; p:130] CARYOPHYL­LACÉES

D. - A Benghazi (Libye), les racines de ce « silène » sont utili­sées pour le lavage des laines (TROTTER, 1915).

134. Vaccaria pyramidata Medik.

[II/217; p:141] CARYOPHYLLACÉES

D. - Les Marocains considèrent que cette espèce est saponifère (GATTEFOSSÉ, 1921).

135. Nigella sativa L.

[II/224; p:l45] RENONCULACÉES

La vertu purgative de cette espèce dont on utilise essentiellement les graines, est souvent rapportée parmi d'autres indicationa très diverses.


A. - Les grainee sont employées pour aromatiser le miel (DU­VEYRIER, in TROTIER, 1915) et ce mélange est lui même considéré comme apéritif. Le même auteur signale également qu'en Algérie ces graines sont ajoutées aux pains et aux galettes comme condiment. Ces propos sont également rapportés par BOUQUET (1921).

GOBERT (1940) et DUTHU et al. (1954) notent que pour décorer le pain, on le parsème avant de le porter au four d'une pincée de graines de nigelle.

M. - Les grainee de la nigelle « habbet es souda » sont, dans le Coran, considérées comme étant une panacée (BOUQUET, 1921).

L'usage de » sanoudj » pour faire, en cas de fièvre, transpirer le malade a été signalé par LARRIBAUD (1952) (cf. à Fœniculum vul­gare, n° 305).

[92]

Il apparaît que lee graines de nigelle ont été de tout temps très employées ; ainsi déjà DIOSCORIDE (in DUTHU el al., 1954) en indiquait de nombreux usages :

- en friction contre les maux de tête et la lèpre, - en décoction contre lee maux de dents, - en. poudre et reepirées pour soulager lors des rhumes de cerveau, - comme diurétiques, emménagogues et galactogènes.

Les emplois actuels, em pays arabes, seraient encore voisins de ceux signalés par DIOSCORIDE, rapportent DUTHU et al.

Dans les propos de TROTTER, il est aussi noté que les graines sont reconnues comme diurétiques et emménagogues.

Des propriétés canninatives, emménagogues, diurétiques et anthelmintiques sont reconnues en Egypte (DUCROS, 1930) à la semence de cette espèce (ar. = kammoun asswad).

Au Gourara (Sud algérien), REBOUL (1953) rapporte que Nigella sativa (« kammoun el akhal >>) et Ferula assa·fœtida (*) («hentit»), écrasées dans l'hui!le, sont employées, comme liniment, contre les rhu­matismes et servent aussi à aromatiser le couscous.

En mélange à celles de Trigonella fenum-graecum L., les graines de « sanoudj » ou de « kemmoun el -akhal », bouillies dans du lailt, sont employées pour combattre le « marr » et la constipation (MAIRE et SAVELLI, 1955). Les mêmes auteurs signalent également, comme REBOUL, la préparation d'un liniment.

Au Sahara oranais (PASSAGER et BARBANÇON, 1956), l'infu­sion du « sanoudj » est recommandée contre les nausées , gastralgies, vomissements et les coliques. On y recommande aussi, contre ·les coliques post-partum, l'absorption d'un œuf cuit à la poële avec du cumin (**) et du « sanoudj ».

Ecrasées et prises dans de l'eau ou du lait, les graines de « sanoudj » sont considérées au Sahara algérois comme efficaces contre la constipation et les céphalées notent PASSAGER et DOREY (1958); ils indiquent également que l'espèce entre dans une préparation avec le

[93]

coriandre (**), le cumin (**) et du sucre; cette préparation « donne aux garçons force et courage et aux filles beauté et santé » à raison d'une cuillerée à soupe le matin en hiver.

Dans toute l'Afrique du Nord, les graines de Nigella sativa (tam. = tikâmmine ; ar. = sanoudj, habet est soûda, bou nafâa ; fr. = nigelle) s'emploient, particulièrement en période de Ramadan, comme aromate sur les pains note GAST (1968) qui révèle aussi que pour favoriser l'appétit et se fortifier, on prend à titre de médication le ma· tin quelques graines de nigelle sur un peu de miel.

PARIS et MOYSE (1967) mentionnent que dans l'huile essentielle de cette graine on a séparé la nigellone active contre le bronchospasme provoqué par l'histamine.

T. - DUTHU et al. (1954) notent qu'il est signalé, chez cette espèce (ar. = sanouj ; ber. = tikamnin), deux alcaloïdes et que l'on pouvait déceler une toxicité éventuelle consécutive à des inhalations répétées lors de soins comme ceux, par exemple, des rhumes de cerveau. Le pouvoir nécrosant de produits essentiels volatils contenus dans l'essence de nigelle est incontestable.

(*) Ferula assa·foetida L. (famille des Ombellifères) absente de la flore tunisienne.

(**) ar. = kemmoun ; fr. = cumin = Cuminum cyminum L. - Coriandre = Coriandrum sativum L.

136. Nigella damascena L.

[II/225; p:145]

M. - La drogue, obtenue à partir des graines, est employée comme inhibiteur des contractions musculaires, hypotenseur et hypothermisant. L'intérêt antispasmodique de cette plante (ar. = habbet es souda, sinouch ; fr. = nigelle) a également été relevé par LEMORDANT et al. (1977).

137. Delphinium staphysagria L.

[II/232; p:151] RENONCULACÉES

M. - Les graines de cette espèce sont utilisées au Maroc pour le traitement de la teigne (GATTEFOSSÉ, 1921).

DUCROS (1930) rapporte que le nom d' « herbe aux poux » est dû aux propriétés antivermineuses des graines de cette espèce. Etant

[94]

âcre, corrosive et vomitive, la semence est essentieLlement employée à l'extérieur en poudre ou en décoction, dans les affections pédiculaires, la gale et les dartres.

138. Anemone coronaria L.

[II/233 ; p : 151] RENONCULACÉES

M. - Cette « anémone » est appréciée pour ses propriétés détersives (DUCROS, 1930) qui justifient l'emploi de son suc, en décocté ou en collyre, contre les taies de l'œil et la cataracte. La fleur desséchée et pulvérisée sert à la cicatrisation des ulcères et sa graine est em­ployée dans les soins de la lèpre.

139. Ranunculus sceleratus L.

[II/240 ; p : 156] RENONCU­LACÉES

M.- PARIS et MOYSE (1967) soulignent qu'à l'état frais les propriétés vési­cantes, de Ranunculus bulbosus (*) et Ranunculus sceleratus, sont dues à la ranun­culine et à la protoanémonine dont la teneur est maximale dans les plantes fleuries.

(*) Ranunculus bulbosus L. n'est pas signalé dans la Flora de la Tunisie de POTTIER·ALAPETITE.

140. Ranunculus macrophyllus Desf.

[II/243; p:157)

A. - Comme celles de Trigonella fœnum-graecum, les graines de cette espèce servent à engraisser les femmes.

M. - Selon RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921), l'espèce est considérée purgative et vomitive.

141. Ranunculus ficaria L.

[II/252; p:161]

Tous les taxons, retenus comme présents en Tunisie appartien­nent à la ssp. ficariiformis (F. Schultz) Rouy et Fouc. de cette espèce que Flora europaea signale sous la combinaison ssp. ficariiformis Rouy et Fouc..

Ficaria ranunculoides Mœnch. parfois cité, constitue une syno­nymie que nous pensons pouvoir admettre de R. ficaria L.

[95]

M. - PARIS et MOYSE (1967) signalent chez « La Ficaire » (= Ficaria ranunculoides Mœnch) des propriétés vésicantes.

Dans les propos de LEMORDANT et al. (1977), cette espèce (ar. = bou Tegha ; fr. = ficaire) est un antihémorroïdaire .

142. Adonis annua sep. autumnalis (L.) Maire et Weill.

[II/254; p:162] RENONCULACÉES

Nous avons supposé que A. automnalis L. cité par PARIS et MOYSE (1967) correspondait à la ssp. autumnalis (L.) Maire et Weill. de la Flore de la Tunisie. De fait dans Flora europaea, A. annua L., retenu comme étant en vigueur, admet A. autumnalis L. comme synonyme.

M.- De faible activité cardiotonique, ce taxon et A.aestivalis sont rejetés par la pharmacopée mais sont parfois illicitement utilisés en substitution de Adonis ver­nalis L. (*), plus actif (PARIS et MOYSE, 1967).

  • A. vernalis : espèce absente de Tunisie.

143. Adonis aestivalis L.

[II/255; p:163]

M. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921) cette plante est réputée emménagogue. PARIS et MOYSE (1967) lui attribuent des propriétés similaires à celles d'Adonis annua ssp. automnalis (cf. n° 142).

144. Adonis dentata Del.

[II/256; p:163]

Nous avons adopté la synonymie présentée par QUEZEL et SAN­TA où A. microcarpa DC. équivaut à A. dentata Del. combinaison de référence de la Flore de la Tunisie. De fait BOULOS (1979) après Flora europaea semble réfuter cette équivalence quand il spécifie que c'est Adonis dentata auct. non Delile qui est synonyme de A. microcarpa DC.

M. - Selon TROTTER (1915) Adonis microcarpus DC. est une plante médicinatle utilisée pour le cœur mais il pense qu'elle n'est paa en fait employée en Libye.

Selon KOTOB HUSSEIN (1979) Adonis microcarpus contient des glucosides et dea saponines.

[96]

T. - Adonis ·microcarpus DC. serait mortelle pour le bétail note CHIOVENDA (in TROTTER).

145. Leontice leontopetalum L.

[II/257; p:164] BERBERIDACÉES

M. - En Libye (TROTTER, 1915) on fait ingérer aux chameaux, des morceaux de tubercule de cette espèce, pour les guérir de quelques infirmités.

La racine de cette plante est reconnue comme ayant des propriétés antispasmodiques et émollientes et ainsi au Liban le jus frais et l'extrait aqueux sont employés avec succès contre l'épilepsie (PARIS et MOYSE 1967). Ces mêmes auteurs rapportent que la drogue est utilisée comme relaxant musculaire antispasmodique et antiépileptique.

KOTOB HUSSEIN (1979) signale que Leontice sp. (") contient des alcaloïdes aminés.

(*) BOULOS (1979) ne note qu'une espèce de Leontice dans la flore libyenne il s'agit de Leontice leontopetalum L. auquel nous pouvons donc rapporter l'indication de KOTOB HUSSEIN.

146. Laurus nobilis L.

[II/258; p:164] LAURACÉES

D.M. - L'emploi essentiel de ce laurier est, assurément, celui qui est fait des feuilles comme aromates (LEMORDANT et al. 1977; PARIS et MOYSE, 1967).

Ces derniers auteurs signalent toutefois que les fruits sont employés dans des alcoolats et des pommades antirhumatismales et parasiticides.

147. Glaucium corniculatum (L.) Curt.

[II/259 ; p:166] PAPAVERACÉES

Noua pensona qu'il s'agit là du taxon correspondant à la combinaiaon de Flora europaea : G. corniculatum (L.) J.M. Rudolph.

A.T. - Ce sont les graines qui sont consommées.

Ainsi GOBERT (1940) rapporte que ces petites graines « zgougou >> ont un goût apprécié et que les mères, au moment de la moisson, en rapportent à leurs enfants comme friandise.

[97]

Sdon GAST (1968), en Ahaggar, les graines (tam. = agenesmes), qni ressemblent à celles de l'oignon sont croquées crues ou grillées. GAST note également que les chameaux qui en mangent resteraient ensuite quelques heures dans l'incapacité de boire et de manger.

M. - Lee feuilles du « pavot cornu » (ar. = mamitha) sont, employées comme résolutif en cataplasmes et en frictions sur les ulcères (DUCROS, 1930)

148. Roemeria hybrida (L.) D.C.

[II/261; p:167] PAPAVERACÉES

M. - Comme les Glaucium et les Hypecoum, cette espèce est caustique (utilisée contre les verrues) et narcotique (GATTEFOSSÉ, 1921).

149. Papaver somniferum L.

(II/262 ; p : 168] PAPAVERACÉES

A. - Les graines sont éventuellement utilisées dans l'alimentation.

M.T. - BOUQUET (1921) note que le pavot « khechkhach » s'emploie trop souvent en infusion pour calmer et flaire dormir les en­fants qui pleurent. Il souligne cependant aussi d'autres usages :

- pilé et délayé dam de l'eau de fleurs d'oranger ou de jasmin en compresses sur les tempes et le front, contre l'insomnie et et les migraines,

- en fumigations vaginales (usage rapporté aussi par GATTE­FOSSÉ au Maroc) pour les soins de toutes les affections des organes génitaux féminins.

- en macérations aqueuses miellées (de capsule de pavot à fleurs blanches) contre la toux avec hémoptisies. Pour les enfants, on mélange cette macération avec son volume de macération de coquelicot (cf. Papaver rhoeas L. n° 150).

Le même auteur rapporte aussi que l'opium (« hafioun »), qui est un suc épais recueilli par incisions des capsules fraiches, est man-

[98]

gé mais peu fumé au Maghreb et de pius H est utilisé en thérapeutique comme calmant général après correction avec son poids de poivre ou de girofles. Comme succédanés, BOUQUET révèle aussi que, l'on re­commande de prendre 3 fois le poids de jusquiame ou 2 fois son poids de racine de mandragore.

Quelques usages du pavot en Egypte sont rapportés par DUCROS (1930) qui spécifie que la « tête » est utilisée pour ses propriétés cal­mantes, et narcotiques. Cet emploi s'effectue :

- en lavages ou en applications dans les cas d'ophtalmie,

- en décoctions contre la toux,

- en cataplaemes dans les inflammations.

DUCROS souligne, encore, que ces têtes de pavot, après extrac­tion de l'opium, sont actuellement vendus sur les marchés et que les enfants après en avoir mastiqué tombent dans une sorte de somnolen­ce. Cette habitude, dit-il, entraîne l'enfant, devenu adulte, à s'adon­ner à l'opium.

L'opium est un suc laiteux, obtenu en incisant les capsules pleinement déve­loppées, mais non encore mûres de Papaver somniferum ou de sa variété album DC. (CHOPRA et al., 1960). Ces auteurs ajoutent que l'opium contient de nombreux alcaloïdes dont ils donnent la liste et les effets.

PARIS ET MOYSE (1967) apportent au sujet de cette espèce de nombreuses précisions :

- les feuilles entrent dans la préparation de «vl'huile de Jusquiame » (anal­gésique).

- les capsules, en gargarismes, sont calmantes mais servent par ailleurs, à la préparation d'un extrait total succédané de l'opium et à l'extraction de la morphine.

- le suc laiteux ou « opium » se prête à l'extraction de nombreux alcaloïdes et entre également : = en poudre, dans des préparations employées, comme analgésique, antidiarrhéique et soporifique, = en extrait aqueux dans les préparations utilisées dans les cas d'affection de l'appareil respiratoire.

D -PARIS et MOYSE ont aussi signalé que les graines fournissent à l'ex-

[99]

traction l'huile d'œillette, utilisée comme huile de table, siccatif des peintures et qui, iodée, procure un opacifiant employé en radiologie.

150. Papaver rhoeas L.

[II/263; p:l68]

M. - En Algérie les pétales servent de narcotiques (TROTTER, 1915).

La propriété de sédatif faible, rappelée par PARIS et MOYSE (1967) et LEMORDANT et al. (1977) (ar. : bou karoun ; fr. = coquelicot), est à l'origine de la consommation de la graine, pilée dans du miel, pour dissiper l'insomnie (DORVAULT et WEITZ, 1945). PARIS et MOYSE ont aussi signalé l'espèce comme étant pectorale.

151. Fumaria capreolata L.

[II/273; p:l76] PAPAVERACÉES (FUMARIACÉES incl.)

M.- Pour PARIS et MOYSE (1967), Fumaria officinalis L. pouvait être éven­tuellement remplacée par Fumaria capreolata L. présentant, sous forme de drogue, la même saveur amère.

152. Fumaria officinalis L.

[II/279; p:l78]

M.- Cette espèce a connu une grande vogue comme dépuratif, laxatif et stimu­lant biliaire rapportent PARIS et MOYSE (1967) ; ils notent que l'on utilise aussi la plante, en infusé, alcoolature ou sirop, dans les cas d'artériosclérose. Les mêmes auteurs confirment qu'à la date de leur publication, les travaux scientifiques avaient permis la mise en évidence de la faible toxicité de l'espèce, ses propriétés hypotensi­ves, son action de stimulant respiratoire et d'antispasmodique, mais que les vertus cholérétiques n'avaient pu être vérifiées.

153. Capparis spinosa L.

[II/283; p:180] CAPPARIDACÉES

Nous avons rassemblé ici les données concernant :

- le taxon tel qu'il est traité dans la Flore de la Tunisie et Flora europaea.

- Capparis rupestris Sibth. et Sm. qui est dans Flora europaea inclus dans C. spinosa L. alors que POTTIER-ALAPETITE (1979) en fait la variété suivante : C. spinosa var. rupestris (S. et Sm.) Viv.

[100]

Cette espèce est l'une des panacées de l'Afrique du Nord.

A. Le « câprier » est connu pour l'emploi des boutons floraux (fr. = câpres) marinés au vinaigre comme condiment (recherché à cause de sa saveur sulfurée). En outre, dans toute l'Afrique du Nord, on en fait un usage abondant pour diverses médications de la théra­peutique traditionnelle.

M. - En Libye, l'infusion de Capparis rupestris Sibth. et Sm., en association avec une autre herbe non citée (TROTTER, 1915), sert dans les cas de maux d'estomac. TROTTER puis GATTEFOSSÉ (1921) rapportent également qu'en Algérie les câpres sont employées comme médicament antiscorbutique et contre la sciatique.

Selon BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ, les rameaux sont utilisés en décoction contre la dysenterie. GATTEFOSSÉ signale, en outre, qu'au Maroc les fruits servent aussi en infusion, parfois mélangés au « henné », contre l'hydropysie.

DUCROS (1930) signale que, chez cette espèce (ar. = qabbar), les graines, les fruits et les feuilles ont des propriétés identiques quoique les feuilles soient moins actives. Dans le droguier égyptien on reconnaît aux graines de cette espèce des vertus carminatives et aphro­disiaques. Ecrasées puis mêlées à un corps gras, les graines servent aussi pour réduire les ulcères, scrofules et ganglions.

Dans le cas d'abcès dentaire, on écrase dans un linge des feuilles et des graines de cette espèce et l'emplâtre obtenu est ensuite appli­qué sur la joue où il provoque localement une impression de brûlure identique à celle de la moutarde (REYNIER, 1954). Pour les maux de ventre, BOUCHAT (1956) note l'emploi de la décoction sucrée de cette espèce et de Warionia saharae (*) (« afzag »).

Les feuilles et les fruits constituent, aux dires de PASSAGER et BARBANÇON (1956), un excellent liniment contre les rhumatismes : pour cela on écrase puis on mélange dans de l'huile d'olive des feuil­les et des fruits de Capparis spinosa ainsi que des feuilles de Cleome arabica.

La sciatique, serait, selon DORVAULT et WEITZ (1945), soignée en Algérie à l'aide de la décoction des câpres ou boutons floraux.

[101]

S'il n'a observé sur le terrain comme usage théra·peutique, de cet­ tE" espèce, que son emploi comme liniment contre les rhumatismes, DOREAU (1961) indique cependant que le « kebbar », considéré comme une panacée, est de fait paré de vertus mutltiples :

- action amère, laxative, diurétique, expectorante et emménagogue de l'écorce, - fumigations contre les rhumatismes ; - infusion pour guérir la blennorragie et calmer les migraines ; - soins de la paralysie, de la tuberculose, soins dentaires ; - talisman pour combattre le mauvais œil.

Très documenté sur cette espèce, DOREAU a révélé aussi que :

- les boutons floraux contiennent de la rutine, de 1'acide et des saponines, etc...,

- les graines ont de 24 à 36 % d'huile volatile,

- l'écorce de la racine présente aussi de l'acide rutique ainsi qu'une substance volatile à odeur alliacée.

Les câpres seraient antiscorbutiques (CHOPRA et al., 1960). Ces mêmes au­teurs signalent aussi que l'écorce est amère, laxative, diurétique, expectorante, em­ménagogue et tonique, et qu'elle est employée pour soigner les rhumatismes, la pa­ralysie, les maux de dents, les affections du foie de la rate et la tuberculose glandu­laire. Les feuilles broyées sont, selon eux, utilisées en cataplasme contre la goutte.

En Ahaggar, les boutons floraux de cette espèce (tarn. = teloulout ; fr. : câprier), ne constituent pas une nourriture mais, sont consommés pour calmer les maux de ventre et traiter les rhumatismes. Les feuilles séchées et pilées, mélangées à du lait caillé ou du beurre, sont employées en friction contre la gale des chameaux et cuites, elles sont appliquées en cataplasme pour soigner le lumbago (GAST, 1968).

Nous avons également collecté quelques formules d'emploi de cette plante. Ainsi, dans la région de Toggourt (Algérie), pour calmer les céphalées, on utilise une préparation où entrent 1/4 de « cabbar » à l'état vert et 3/4 de henné (**) à l'état sec. Cette préparation, pilée, est appliquée sur les mains, les pieds et la tête. Dans le Sud tunisien, les mêmes soins sont apportés par des feuilles vertes, mordillées ou broyées en une pâte et appliquées sur le front.

[102]

R. - Dans la région d'El Hamma, il est suggéré que le mélange broyé, de cette espèce, avec Haplophyllum tuberculatum, Rosmarinus officinalis, Ruta chalepensis et Thymus capitatus, incorporé à une viande dans un couscous est susceptible de procurer la puissance sexuelle.

(*) Warionia saharae Benth. et Hook. (famille des Composées) absente de la flore tunisienne. (**) henné : Lawsonia inermis L. (famille des Lythracées)

154. Cleome arabica L.

[II/284 ; p : 181] CAPPARIDACÉES (BOULOS, 1979 = CLEOMACÉES)

BOULOS (1979) rectifie en rappelant que le véritable Cleome arabica L. a une aire limitée au Sinaï et que pour le reste du Nord de l'Afrique (et donc pour la Tunisie) il s'agit de Cleome amblyoarpa Barr. & Murb.

Cette plante paraît être essentiellement utilisée comme béchique, et sédative.

M. - De nombreux usages de cette espèce (« mkhenza ») sont rapportés par PASSAGER et BARBANÇON (1956) :

- contre les migraines et les coryzas, l'emploi d'un fragment d'oignon ou de Cleome arabica introduit dans les narines cons­ titue une panacée. - contre les rhumatismes (cf. = à Capparis spinosa, no 153) ; - en cas de nausées, gastralgies, vomissements et coliques (cf. à Artemisia herba-alba, no 431).

Au moment des paroxysmes douloureux de ces mêmes gastralgies, on conseille (LARRIBAUD 1952) de boire une infusion de Cleome ara­bica (« mkhenza »), ou de Cymbopogon schœnanthus ssp. laniger (« karouit »). Le même auteur a relevé pour les soins de la blennor­ragie l'emploi d'une préparation où entre Cleome arabica.

Contre les œdèmes étendus et les fluxions articulaires, REYNIER (1954) rapporte que l'on utilise des infusions de Juniperus phœnicea et que localement on peut aussi passer d'abord une couche de miel et

[103]

ensuite Cleome arabica (« mkhenza ») finement écrasé et légèrement grilllé.

La plante est aussi utilisée, (BOUCHAT, 1956) sous forme de ca­taplasmes en mélange avec Juniperus phœnicea (« 'ar'âr ») et de l'oi­gnon pilé pour calmer les douleurs ; elle sert aussi contre les céphalées (cf. à Arthrophytum scoparium, n° ll6).

T. - L'espèce (« lemkhainze ») se révèle, au Sahara Occidenta1, susceptible de provoquer des troubles nerveux, chez les animaux do­mestiques quand elle est ingérée seule et en grande quantité (GAUTHIER-PILTERS, 1975).

155. Brassica napus L.

[II/sans n° ; p:189] CRUCIFÈRES

Dans Flora europaea la dénomination correcte de la var. rapifera citée ici s'orthographie Brassica napus ssp. rapifera Metzger. Pour la Tunisie, POTTIER-ALAPETITE n'a pas cependant cité les sous-espèces.

M. - A propos de la variété rapifera, TROTTER (1915) signale, sans plus de précision, que les graines·ont un intérêt médicinal.

156. Brassica tournefortii Gouan

[II/289; p:190]

A. - Les jeunes pousses et les tiges florifères sont comestibles (TROTTER,l915).

157. Sinapis alba L.

[II/296; p:l94] CRUCIFÈRES

A.- La graine de la « moutarde blanche » laxative par son mucilage, entre dans la composition de certaines moutardes et peut donner lieu à l'extraction d'une huile (PARIS et MOYSE, 1967).

LEMORDANT et al. (1977) signalent que cette espèce (ar. lift) sert aussi de condiment.

158. Diplotaxis acris var duveyrierana Coss.

[II/298 ; p 196] CRUCIFÈRES

Non cités dans les travaux nomenclaturaux récents, ce taxon est mal orthographié dans la Flore de la Tunisie. Les publications concer-

[104]

nant l'Algérie (QUEZEL et SANTA, 1963 ; OZENDA, 1977 ; BARRY et al., 1976) autorisent la rectification amenant à D. acris var. duvey­rierana Cosson, combinaison probablement correcte pour ce taxon parfois érigé au rang d'espèce : D. duveyrierana Cosson.

Les feuilles sont consommées alors que les graines ainsi que le « suc » servent au traitement de la gale du chameau.

A. - DUVEYRIER (in TROTTER, 1915 et in GAST, 1968) rap­porte que les feuilles sont consommables. Il est cependant important de faire très attention aux déterminations puisque dans le texte de GAST, il est noté que le nom vernaculaire « tanekfait » recouvre les espèces suivantes :

Eruca sativa var. aurea Batt. (*)

Eruca vesicaria (L.) Cav.

Matthiola·oxygeras DC. (**)

Diplotaxis duveyrierana Coss.

M. - La décoction de la graine et le suc de la plante seraient (TROTTER, 1915 et CAUVET, 1925) utilisés dans le traitement de la gale du chameau.

(*) Eruca sativa var. aurea Batt. (famille des CRUCIFÈRES) ab­sente de la flore tunisienne. (**) Matthiola oxygeras DC. = Matthiola longipetala (Vent.) DC. qui quoiqu'appartenant à la flore de la Tunisie n'est pas traité dans cette publication.

159. Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss.

[Il/300; p: 197]

Consommée comme légume cette plante est également suspectée de toxicité.

A. - Sous le nom tamaheq de « azezzega », GAST (1968) note deux espèces :

Diplotaxis acris var. duveyrierana Coss. (déjà cité sous l'autre nom de « tanekfait »),

[105]

- Diplotaxis harra (Forsk.) Boiss. dont il souligne que les feuilles sont consommées, bouillies à l'eau ou mêlées aux sauces avec des légumes.

T. - Dans le Sud tunisien, il nous a souvent été relaté (ce qui est également rapporté par BURGEMEISTER, 1975), que 4 à 6 mois après l'ingestion de la plante par les chameaux, ces derniers manifes­tent une rigidité des extrémités postérieures évoluant vers des paraly­sies. De fait, la plante fraîche est généralement refusée par les ani­ maux, mais eHe serait donnée (apparemment sans ennui) comme fourrage sec aux chèvres et aux moutons près des enclos.

160. Eruca vesicaria (L.) Cavan.

[II/304; p: 199] CRUCIFÈRES

A. - Sa consommation a été rapportée par GAST (1968) (cf. à Diplotaxis acris var. duveyrierana Coss., n° 158).

161. Raphanus sativus L.

[II/sans no; p:202] CRUCIFÈRES

A.M.- Dans les graines de ce « radis », PARIS et MOYSE (1967) signalent la présence d'un hétéroside souffré, particulier, dont l'hydrolyse procure une substance à propriétés antimicrobiennes.

LEMORDANT et al. (1977) notent l'intérêt de cette espèce (ar. = fjil ; fr. :. radis) comme aliment.

162. Enarthrocarpus clavatus Del.

[II/308; p:202] CRUCIFÈRES

BOULOS (1979) rectifie l'orthographe de cette combinaison de la façon suivante : E. clavatus Delile ex Godron.

T. - Selon TRABUT (in CAUVET, 1925) l'espèce (« el kartâz ») consommée en grande quantité, serait mortelle pour les chameaux.

163. Oudneya africana R. Br.

[II/318; p:208] CRUCIFÈRES

Anciennement connue sous la combinaison Henophyton deserti, ce taxon correspond dans la nomenclature actue1le (BOULOS, 1979) à : O. deserti (Cosson & Durand) Bullock.

[106]

A. - Sous le binôme de Henophyton deserti (ar. = halga), BOUQUET (1938) signale la consommation de cette espèce (cf. à Mo­ricandia suffruticosa ssp. arvensis n° 164).

164. Moricandia arvensis ssp. suffruticosa (Desf.) Maire

[II/319; p:210] CRUCIFÈRES

Ne oonnaissant pas la position nomenclaturale actuelle de ce taxon, nous adoptons la combinaison proposée par POTTIER-ALAPETI­TE. Cette sous-espèce aurait des vertus antiscorbutiqnes.

A. - L'usage alimentaire de « hamin » est précisée par BOUQUET (1938) qui indique que l'on fait cuire les feuilles dans de l'eau salée (on jette l'eau de cuisson), puis, après les avoir écrasées et y avoir ajouté de l'huile, on les fait cuire de nouveau. Il rapporte aussi que, à Djeneien (Sud tunisien) on dit remplacer le « hamin » par les feuilles d'Henophyton deserti (*). (ar. = helga).

La préparation culinaire présentée par GOBERT donne selon CHOUMOVITZ et SERRES (1954) un mets au goût voisin de celui de la « meloukhia » (**).

M. - Si l'espèce (ar. = hamin) est essentiellement utilisée dans l'alimentation humaine, elle est également (JOLY, 1910), employée dans le traitement de la syphilis selon les indications suivantes : on fait bouillir les tiges et les feuilles jusqu'à ce que le bouillon se réduise et passe à l'état presque sirupeux ; cette décoction sert comme boisson et pour laver les parties malades.

De l'avis de BOUQUET, les crucifères à essence sulfurée ont, incontestahlement, pour ces populations, de précieuses qualités antiscorbutiques.

(*) Henophyton deserti Coss. et Dur. = Oudneya africana R. Br., (**) Préparation culinaire à base de Corchorus olitorius L. (famille des Tiliacées), espèce cultivée en Tunisie mais non traitée ici.

165. Lepidium sativum. L.

[II/sans n•; p:213) CRUCIFÈRES

Consommées, les graines et les feuilles ont également de nombreuses vertus thérapeutiques.

[107]

A. - Si PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977) rapportent l'emploi des feuilles en salade, TROTTER (1915) puis DOREAU (1961), signalent que les graines aussi ont une valeur alimentaire. Par ailleurs RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921) note que l'espèce sert à engraisser les taureaux et à panser les plaies.

M. - Réputée être une panacée de la médecine populaire arabe, l'espèce a effectivement de nombreux emplois en thérapeutique traditionnelle (RENAUD et 1934 ; BOUCHAT, 1956).

Les graines sont vendues à des fins médicales et employées broyées puis infusées dans l'eau, contre la toux et l'asthme (GATTEFOSSÉ); FOUREAU (in TROTTER) note qu'au Sahara algérien les graines broyées sont utilisées en mélange avec le « henné » (*) lors des soins des blessures des chevaux et des chameaux.

Selon DUCROS (1930) le cresson alénois (ar. = reshad) est stimulant (dans les cas de rachitisme) et diurétique; à l'extérieur on en fait des cataplasmes pour cicatriser les ulcères scrofuleux.

Un emplâtre composé de feuilles de Lepidium sativum (« habb er-rechad ») ou de Ziziphus lotus (« sedra ») fait mûrir les furoncles (LARRIBAUD, ]952). Cette panacée « habb er rechad » recommandée par le Prophète est utilisée pour faire mûrir les abcès, guérir les plaies, et faciliter l'expectoraation (BOUCHAT, 1956).

Au Sahara (DOREAU, 1961), on attribue à la plante (« ab rachet»; fr. : cresson alénois) des propriétés fébrifuges toniques, reconstituantes et antiscorbutiques. Les graines sont ingérées comme base d'un traitement dess affections broncho-pulmonaires, servent en limineent à soigner les entorses, et leur emploi est recomandé pour combattre les maladies oculaires

R. - En ALgérie (TROTTER) les graines sont considérées aphrodisiaques, usage rapporté aussi par GATTEFOSSÉ.

D. - En Erythrée (TROTTER) la plante fournit également une substance tinctoriale.

(*) henné = Lawsonia inermis L. (famille des Lytracées)

[108]

166. Capsella bursa-pastoris (L.) Mœnch.

[II/340 ; p : 222] CRUCIFÈRES

Flora europaea indique la combinaison correcte : C. bursa pastoris (L.) Medicus.

M.- Cette espèce est selon PARIS et MOYSE (1967) employée en médecine populaire, comme succédané de l'ergot du seigle en tant que vaso-constricteur et hémostatique (propriétés attribuées à des alcaloïdes contenus dans la plante). Ces propriétés sont aussi rapportées par LEMORDANT et al. (1977).

167. Anastatica hierochuntica L.

[non répertoriée] CRUCI­FÈRES

Cette espèce, quoique non signalée en Tunisie par POTTIER­ ALAPETITE, y est cependant présente dans la région des Basses Plaines Méridionales. Nous avons indiqué la dénomination signalée par BOULOS (1979).

M. -L'espèce est, selon BOUQUET (1921), réputée en infusion contre les convulsions des enfants et l'épilepsie; il souligne cependant que cet emploi relève plus du fétichisme que de la médecine, ces maladies étant considérées comme le résultat de possession par un génie. Le même auteur note enrore que dans le Sud tunisien le même usage est fait de Asteriscus pygmaeus. Signalons cependant que, selon RENAUD et COLIN (1934), la confusion est possible entre cette espèce et Asteriscus pygmaeus Coss. et Kral. (n° 419).

Selon DUCROS (1930) la plante macérée dans l'eau donne une liqueur emménagogue.

R. - DUCROS signale une croyance populaire attribuant à la plante sèche, déposée dans un verre d'eau, le pouvoir, par le temps qu'elle met à s'ouvrir, d'indiquer la durée des douleurs de l'accou­chement.

168. Rorippna nasturtium-aquaticum (L.) Hayek

[II/365; p:235] CRUCIFÈRES

Les modifications taxonomiques (Flora europaea) ramènent ce taxon à la combinaioon suivante : Nasturtium officinale R. Br.

A.M.R. - Au Maroc, l'espèce est employée comme antiscorbutique et aphrodisiaque (GATTEFOSSÉ, 1921).

[109]

PARIS et MOYSE (1967), signalent que Nasturtium officinale R. Br. est un antiscorbutique et un diurétique utilisé dans l'alimentation. Cet intérêt alimentaire de l'espèce (ar. = heberched ; fr. cresson des fontaines) est aussi noté par LE­MORDANT et al. (1977).

169. Sisymbrium erysimoides Desf.

[II/387; p: 247] CRUCIFÈRES

A. - L'espèce (ar. fesseouya) se consomme crue (GOBERT, 1940).

170. Sisymbrium officinale (L) Scop.

[II/388; p:247]

Synonymie admise : Erysimum officinale L.

M. - Moins rubéfiante que la moutarde, la graine de « vélar » (DUCROS, 1930) est employée comme détersif, vulnéraire, expectorant et diurétique'Texte en italique.

PARIS et MOYSE (1967) ont noté les vertus béchiques, expectorantes et la propriété de combattre l'enrouement de cette espèce (fr. = erysimum vélar ; herbe aux chantres).

LEMORDANT et al. (1977) ont aussi relevé les propriétés citées ci-dessus.

171. Reseda alba L.

[II/395; p:253] RESEDACÉES

M. - Comme pour Reseda luteola (n° 172), BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ (1921) signalent l'emploi de cette espèce en infusion contre les coliques, les diarrhées infantiles et les empoisonnements.

172. Reseda luteola L.

[II/397; p:254)

Précisons que le seul taxon retenu comme appartenant à la flore tunisienne est R. luteola ssp. eu-luteola var. gussonei (Boiss.) Mull. Arg. qu'il faut orthographier R. luteola ssp. eu-luteola var. gussonei (Boiss.) Muller Arg.

M. - BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ (1921) rapportent remploi de cette espèce, en infusion, contre les coliques, les diarrhées infantiles et les empoisonnements.

[110]

D. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921) la « gaude » est employée powr la teinture en jaune des cuirs et des tissus. Ceci est confirmé par POINSOT et REVAULT (1937) qui notent que cette plante était utilisée, par les Kairouanais, pour obtenir la teinture jaune des lai­nes.

Si la matière colorante est répandue dans toute la plante, elle se trouve cependant principadement accumulée dans la partie supérieure. L'extraction du colorant de la racine étant trop longue, cette partie n'est donc guère utilisée. La « gaude » est considérée comme étant la seule plante, teignant en jaune de grand teint, à ne pas avoir le défaut de passer au roux révèle JATTEAU (1977) qui souligne qu'avant de faire subir une teinture de « gaude » il est nécesssaire d'effectuer :

- un mordançage de la laine à l'alun et crème de tartre

- une décoction de la plante.

173. Crataegus oxyacanthus L.

[II/428; p:273] ROSACÉES

Tous les taxons cités en Tunisie relèvent de la ssp. monogyna (Jacq.) Rouy et Camus dont il semble qu'au niveau de Flora europaea, elle soit devenue l'espèce : C. monogyna ]acq. (synonyme également. de C. oxyacantha L.) ou la ssp. C. Monogyna Jacq. ssp. monogyna.

L'aubépine, parfois consommée, a également quelques usages pharmacologiques.

A. Les fruits servent d'alimemt de misère : cf. Bunium incras­satum n° 302 * erreur n° 301 (CLASTRIER, 1936) et cf. Crataegus azarolus n° 174 (BOUQUET, 1938).

M. - Pour PARIS et MOYSE (1967), l'espèce est utilisée en préparations galéniques (teinture et extrait fluide) oomme :

- cardiotonique entre les cures de digitaline et lors des troubles du rythme cardiaque, les coronarites et le traitement de l'artériosclérose (en association avec Marrubium vulgare L.),

- sédatif nerveux, associé à la valériane ou la passiflore.

Les mêmes indications sont rapportées par LEMORDANT et al. (l977) qui notent l'espèce sous le nom arabe « bou mekherri »,

[111]

174. Crataegus azarolus L.

[II/429; p:274]

A.-· Les fleurs de cette espèce (ar. = zaaroura, zinebit; berb. = tazaraourt, tafirez, tefifiha) riches en coumarine sont très odorantes, et les fruits, quoique de peu de saveur et manquant de suc, sont consommés crus, c'est du moins ce que signale BOUQUET (1938) qui ajoute que les fruits minuscules des Crataegus : C. oxyacantha (*), C. laciniata (**), C. ruscinonensis (**), sont également récoltés et consommés surtout en année de disette.

(*) Crataegus oxyacanthus L.

(**) Crataegus laciniata Ucria

- Crataegus ruscinonensis Gren. et Blanc est l'hybride de Crataegus azarolus L. x C. oxyacantha L.

Les espèces marquées (**) ne sont pas signalées en Tunisie par POTTIER· ALAPETITE (1979).

175. Rubus ulmifolius Schott.

[II/431; p:276] ROSACÉES

Ce taxon correspond de fait à plusieurs combinaisons. Nous avons rapporté ici les indications relatives à Rubus discolor Weihe et Ness. retenu comme synonyme dans la Flore de la Tunisie mais qui dans Flora europaea est considéré comme étant une espèce indépendante.

A. - BOUQUET (1938) sous le binôme Rubus discolor, a rapporté les nombreuses dénominations vernaculaires de la plante et de son fruit. Le même auteur rapporte que le fruit de Rubus discolor ulmifolius (*) se consomme cru ou en sirop épais, où il est mêlé au miel.

(*) Cette combinaison n'a bien entendu aucun sens et l'auteur faisait proba­blement allusion à la synonymie : R. discolor = R. ulmifolius.

176. Potentilla reptans L.

[II/435; p:278] ROSACÉES


M. - La souche rhizomateuse de cette espèce, comme celles des autres Rosacées à tanins (cf. Agrimonia eupatoria n° 178), a des vertus astringentes et antidiarrhéiques signalées par PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977).

[112]

177. Geum urbanum L.

[II/436; p:278] ROSACÉES

Le seul taxon cité en Tunisie est : G. urbanum var. mauritanicum Pom.

M. - Le rhizome, comme celui des autres Rosacées à tanins (cf. Agrimonia eupatoria n° 178) est, en médecine populaire, employé pour ses vertus de tonique amer et d'astringent (PARIS et MOYSE, 1967).

178 Agrimonia eupatoria L.

[II/438; p.279] ROSACÉES

Les informations manquant souvent de précision, sur le plan taxonomique, nous avons rapporté ici les renseignements concernant l'espèce alors que n'est signalé pour la Tunisie que : A. eupatoria var. intermedia Batt.

M. - Les folioles constituent une drogue qui, en Egypte (DUCROS, 1930), est réputée détersive et astringente. En décoctions ou en lavements astringents, la drogue est utilisée dans les affections de la gorge et des intestins.

A l'ensemble des espèces classées dans la catégorie des Rosacées à tanins, PARIS et MOYSE (1967) reconnaissent des propriétés astringentes qui les font employer en usage interne comme antidiarrhéiques et en usage externe comme vulné­raires.

179. Rosa gallica L.

[II/444; p:283] ROSACÉES

M. - La décoction du bouton floral, débarrassé de son calice et de ses étamines, constitue la drogue prise à l'intérieur comme ra­fraîchissant et astringent et à l'extérieur comme collyre (DUCROS, 1930).

180. Rosa canina L.

[II/449; p:284]

M. - La drogue astringente et antidiarrhéique a été recommandée dans les affections des voies respiratoires (PARIS et MOYSE, 1967). Il est aussi noté que la richesse en vitamines se réduit au cours de la conservation. Les propriétés d'astringent et d'autidiarrhéique de cette espèce (ar. = nesri; fr. = églantier) sont également rapportées par LEMORDANT et al. (1977).

[113]

181. Prunus spinosa ssp. fruticans (Weihe) Nym.

[II/451; p : 288] ROSACEES

La Flore de la Tunisie n'indique que P. spinosa L. ssp. fruticans (Weihe) Nym., dénomination à laquelle nous rattachons les indications relatives à P. fruticans et à P. spinosa que Flora europaea considère cependant comme deux espères distinctes : P. fruticans Weihe et P. spinosa L.

A. - Chez Prunus fruticans, qui est de fait l'ancêtre du prunier cultivé (BOUQUET, 1938), les fruits de la grosseur d'une noisette sont cueillis et mangés crus. En Kroumirie on recueille parfois les fruits d'autres pruniers dont ceux de Prunus spinosa (ar. = berqouq el ouahch).

182. Prunus avium L.

[II/455; p:290]

Quoique la Flore de la Tunisie ne signale que la variété sylvestris (Kischl.) Dierb., nous avons retenu les usages rapportéa pour l'espèce.

M.D. - L'amande s'emploie pour parfumer les onguents et pour confectionner des colliers réputés antinévralgiques (BOUQUET, 1921).

183. Acacia raddiana Saw

[II/457; p:293] LÉGUMINEUSES

La définition systématique de cette espèce ne semble pas très claire dans l'esprit des botanistes qui sont de fait partagés sur l'éven­tualité d'y discerner plusieurs sous-espèces ou espèces.

Cette comhinaison retenue dans la Flore de la Tunisie est aussi adoptée par TÄCKHOLM (1974) pour l'Egypte.

Cet Acacia (ar. = talha) s'est très raréfié du fait de ses usages multiples.

M. - Travaillant au Sahara occidental, LARRIBAUD (1952) indique que pour combattre les diarrhées, on utilise surtout une décoction de graines de fenugrec (*) ou une infusion de Arthrophytum scoparium en restant à jeun vingt-quatre heures, mais que parfois dans les cas légers on se contente de sucer de la résine de Acacia raddiana. Il rapporte également que contre les taies on applique sur la cornée un mélange broyé de graines émondées de Cassia obovata (*) (« suina ») en provenance de Tombouctou, de Acacia raddiana et une noix de kola.

[114]

Pour le Sahara oranais, PASSAGER et BARBANÇON (1956) ont noté que la gomme servait à relever et à coller les cils dans les débuts d'entropions.

D. - Le « gommier » a d'autres emplois et est utilisé en premier lieu pour son bois, très apprécié dans la fabrication des poulies, des supports de poutres pour le puisage de l'eau et comme bois de chauf­fage. Il semble par ailleurs que l'usage le plus fréquemment rap­porté soit ceiui qui est en fait de l'écorce dea racines pour le tannage du cuir. Cet emploi, encore effectif en Tunisie dans les zones où subsiste cette espèce, est aussi signalé dans la littérature par COUR­NAND (1958) et pu LETHIELLEUX (1948) au Fezzan (Libye).

(*) fenugrec: = Trigonella fenum-graecum L. (**) Cassia obovata Coll. = Cassia aschrek Forù. (famille des Légumineuses) absente de la flore tunisienne.

184. Ceratonia siliqua L.

[II/459; p:294] LEGUMINEUSES

Les fruits dits « caroubes » ont des propriétés antidiarrhéiques reconnues.

A. - Les fruite, ou « caroubes », employés surtout comme four­rage (DUCROS, 1930), aliment, pour la fabrication d'un alcool et d'un succédané du café (TROTTER, 1915), ont cependant d'autres usagee essentiellement en médecine.

M. - L'écorce est réputée astringente alors que la pulpe qu'elle contient, triturée dans l'eau, fournit, selon DUCROS (1930), un suc rafraîchissant, diurétique, béchique et laxatif. Cette dernière proprié­té est en apparence réfutée au Maghreb où l'on considère que cette pulpe constitue de fait un puissant antidiarrhéique.

En Afrique du Nord, en effet, rapportent DORVAULT et WEITZ (1945), les populations considèrent lea caroubes séchées comme étant favorables aux individus atteints d'anciennes affections des bronches et l'extrait d'écorce du caroubier comme un puissant antidiarrhéique à la dose de 30 à 50 centig./jour.

La propriété antidiarrhéique est confirmée par PARIS ct DILLEMAN (1960) parlant des graines et des fruits, puis par PARIS et MOYSE (1961) qui précisent que la pulpe du mésocarpe, privée des graines, puis séchée, est riche en glucides

[115]

et administrée contre les diarrhées infantiles et les gastroentérites. Ces mêmes auteurs insistent sur le fait que les manno-galactates de la caroube ne sont pas diges­tiblea et n'ont donc aucune valeur alimentaire. PARIS et MOYSE soulignent encore 6qu'en pharmacie, la gomme de caroube est un épaississant contre les vomissements du nourrisson et dans le régime des obèses.

LEMORDANT el al. (1977) notent les propriétés antidiarrhéiques et l'emploi comme gomme épaississante de cette espèce (« kharoub »).

Les caroubes (« kharûba »), entrent avec le fenugrec (*), les rai­sins secs, le cumin (*) et les figues sèches dans la tisane que l'on fait prendre à une accouchée dont on ne parvient pas à arrêter l'hémor­ragie. L'eau de caroube eet également réputée pour le traitement des affections du foie (LOUIS, 1963).

Noua avons, dans le Sud tunisien, recueilli le fait que, mis à cuire jusqu'à procurer une compote brune, le mélange de caroube et de fi­gues est donné aux femmes lors de leurs relevailles.


D. - Pour les emplois autres que ceux relevant de la médecine, les informations sont plus rares. Cependant selon REVAULT (1967) le jus de caroube est utilisé pout l'ornementation des poteries traditionnelles, alors que TROTTER (1915) indique que l'écorce du tronc a des propriétés tannantes.

PARIS et MOYSE (1961) écrivent que, dans l'industrie, la caroube procure un succédané de la gomme astragante (émulsionnant), employé en cosmétologie, pour l'encollage du papier, l'industrie du textile, etc...

Le bois rosé du caroubier est utilisé en menuiserie (POTTIER­-ALAPETITE).

(*) fenugrec = Trigonella foenum - graecum L.

- cumin = Cuminum cyminum L. (Ombellifères)

185. Anagyris foetida L.

[11/460; p:298] LÉGUMINEUSES

M. - La graine (ar. : « Hhabb el kila » = graine des reins) est employée en Egypte (DUCROS, 1930) comme vomitif, purgatif et émétique en particulier dans les affections des reins, d'où son nom arabe. Les feuilles sont aussi considérées comme fortement emménagogues et purgatives ; pilées puis appliquées en cataplasme elles aont résolutives.

[116]

T. - GATTEFOSSÉ (1921) rapporte amsi le caractère émétique et ajoute que les graines, qui contiennent un alcaloïde, sont toxiques.

186. Lupinus luteus L.

[II/462; p:299] LÉGUMINEUSES

T.- A propos de cette espèce, PARIS et MOYSE (1967) rapportent les mê­mes indications que pour Lupinus hirsutus L. (n° 187) en précisant que la lupinine, poison cardiaque, est particulièrement abondante dans les graines.

187. Lupinus hirsutus L.

[II/463; p:300]

Suite à des modifications nomenclaturales, ce taxon correspond dans Flora europaea à 1a combinaison L. micranthus Guss.

A.M.T.D. - Les graines sont parfois utilisées, dans l'alimentation, ou après torréfaction comme succédané du café ; cependant, s'il existe des variétés pauvres en alcaloïdes, il en existe également qui, riches en alcaloïdes, sont considérées com­me amères et toxiques (PARIS et MOYSE, 1967).

L'intérêt fourrager de cette espèce (ar. : termouss ; fr. = lupin hérissé) est noté pwr LEMORDANT et al. (1977).

188. Spartium junceum L.

[II/466; p:302] LÉGUMINEUSES

Cette espèce toxique présente aussi quelque intérêt comme textile.

M. - Au Sahara, on recouvre les plaies des morsures de vipères de tiges de Spartium junceum pilées et bouillies (DORVAULT et WEITZ, 1945).

T. - FONT-QUER (1962) signalant la présence d'un alcaloïde (la cytisine) fait état de la toxicité de tous les organes de la plante y compris les fleurs.

PARIS et MOYSE (1967) ne notent que la toxicité de la graine mûre, toxicité égallement rapportée par LEMORDANT et al. (1977).

D. - Le « genêt d'Espagne » procure un excellent combustible et fournit de bonnes fibres textiles (TROTTER, 1915).

GRIGNAC (1956) signale à ce propos que depuis la plus haute antiquité la plante est réputée textile et est appréciée comme telle du

[117]

fait de l'imputrescibilité élevée de ses fib:res et de leur résistance aux microorganismes.

189. Genista saharae Coss. et Dur.

[II/474; p:307] LÈGUMINEUSES

Il est assez étonnant de oonstater que tour à tour l'espèce parait toxique ou comme possédant quelques vertus.

T.M. - Selon CAUVET (1925), l'espèce (« merkh ») est toxique et provoque, quand elle est ingérée à l'état sec, une grave rétention d'urine (« el tahsir »), l'origine de ces cystites étant confirmée par CURASSON (in BURGEMEISTER, 1975). CAUVET signale par ailleurs que les rhumatismes (« ghaf ») dûs à l'ingestion par les chameaux de Cistacées à l'état sec (Helianthemum lippii var. sessiliflorum et Helianthemum tunetanum*) et provoquant de longues boîteries, sont soignés en faisant passer les animaux malades dans les pâturages à « merkh ». Il serait possible, suggère CAUVET, que Genista saharae exerce ainsi quelque influence du fait de ses propriétés diurétiques, Le même auteur note encore que le pâturage du « merkh » constitue également un remède contre les affections du système respiratoire. l'espèce est par contre suspectée de provoquer des affections intestinales ainsi que des paralysies de l'arrière train, mais BURGEMEISTER, qui rapporte ces faits, souligne également qu'ils ne sont nulle­ment démontrés (**).

(*) Helianthemum tunetanum Coss. et Kral. = Helianthemum crassifolium (Poir.) Pers.

(**) En effet, comment ne pas être surpris par l'usage de l'espèce dans les soins de boiteries (CAUVET) et leur implication dans l'apparition de paralysies, il semble y avoir là contradiction flagrante justifiant les doutes de BURGEMEISTER.

190. Retama raetam (Forsk.) Webb.

[II/475; p:308] LÉGU­MINEUSES

Ce taxon correspond à la dénomination actuelle (Flora europaea) Lygos raetam (Forskal) Heywood.

Cette espèce utilisée surtout en thérapeutique traditionnelle pour faire des pointes de feu semble cependant devoir être employée avec précaution.

[118]


M. - Selon DUVEYRIER (in TROTTER, 1915) les racines ser­vent à préparer des décoctions vermifuges.

Les tiges et feuilles pilées avec du miel sont vomitives souligne BOUQUET (1921) qui ajoute qu'elles sont aussi administrées en lave­ments purgatifs et vermifuges.

RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921) rapporte l'usage, à Marakech, de la flagellation avec des tiges fraîches de « r'tem » pour lutter contre les enflures.

Le « retam » est le plus souvent signalé pour le traitement des dou­leurs et des plaies. Ainsi, RAMES (1941) note que toute douleur peut être traitée par des pointes de feu faites avec un fragment de tige de régime de dattes ou avec une baguette de « retem » ou encore une tige de henné (*). Cet usage, pour les pointes de feu, est aussi signalé par REBOUL (1953) et PASSAGER et BARBANÇON (1956). Selon DO­REAU (1961), la plante serait fébrifuge et servirait au traitement des plaies, emploi que nous avons ausi relevé dans le Sud tunisien, l'es­pèce (ar. = retem) étant alors broyée et mélangée à du lait.

L'emplâtre de « retem » (LOUIS, 1979) est employé dans le traitement des boutons purulents.

Nous avons relevé, dans le Sud tunisien, l'emploi de cette plante pour les soins en cas de morsure de serpent (cf. à Artemisia campestris n°430), pour le traitement de la gale des ovins (cf. à Arthrophytum scoparium n° 116) et dans la lutte contre l'infection des plaies (cf. à Helianthemum confertum var. brachypodium n° 271).

T. - A dose élevée le « retem », très recherché par les chameaux, les moutons et les chèvres, serait abortif (BOUQUET, 1921) propriété qui, selon GATTEFOSSÉ (1921), serait due à la présence de rétamine.

Pour CAUVET (1925), l'espèce consommée à l'état sec, produit chez le chameau une grave rétention d'urine. Cette toxicité est également rapportée par DURAND (1958) qui, cependant, affirme que les chameaux ne consomment jamais de « retem ». OZENDA (1977) attribue cette nocivité à des hétérosides cyanogénétiquee et RAMES (1941) rapporte un décès de femme à la suite de l'ingestion d'un infusé de « retem ».

[119]

D. - Cette plante sert aussi de combustible (TROTTER) et communique au lait une odeur désagréable (BOUQUET, 1921).

(*) henné = Lawsonia inermis L.

191. Retama sphaerocarpa (L.) Boiss.

[II/476; p:308]

La nouvelle dénomination pour ce taxon est (Flora europaea) : Lygos sphaerocarpa (L.) Heywood.

M.- Comme pour Retama monosperma (*),PARIS et DILLEMAN (1960) signalent des alcaloïdes chez R. sphaerocarpa.

(*) Retama monosperma Boiss. est absent de la flore tunisienne.

192. Erinacea anthyllis Link

[II/477; p:308] LÉGUMINEUSES

Si cette combimaison est aussi en accord avec la nomenclature de Flora europaea nous avons rapporté ici une indication concernant son synonyme E. pungens Boiss.

T. - La « chedida » (ou « chdid ») est, selon CAUVET (1925), qui le désigne sous le binôme Erinacea pungens, susceptible de provoquer des entérites chez le chameau. Il apparaît cependant que l'appellation « chedida » est appliquée à plusieurs espèces: ce qui rend l'in­dication peu précise. CAUVET signale la même indication concernant Genista microcephala var. capitellata (Coss.) Maire pour lequel nous sommes incapables d'indiquer une synonymie dans la Flore de la Tu­nisie.

193. Calycotome villosa ssp. intermedia (Salzm.) Maire

[II/478; p:309] LÉGUMINEUSES

Nous avons rapporté ici une indication relative, de fait, à Calycotome iintermedia Presl. que nous assimilons à C. villosa ssp. intermedia (Sarlzm.) Maire cité dans la Flore de la Tunisie. Sans connaître la position actuelle de ce taxon infraspécifique dans la nomenclature ré­cente il faut cependant rectifier selon Flora europea l'orthographe de la combinaison de rang d'espèce en : Calycotome villosa (Poiret) Link.

D. - TROTTER (1915) indique l'emploi qui est fait de Calycotome intermedia Presl. comme combustible et pour la délimitation des propriétés.

[120]

194. Ononis natrix L.

[II/482; p:313] LÉGUMINEUSES

D.M. - Dans les Aurès (CLASTRIER, 1936), on prétend que pour débarasser un gourbi des puces, le mieux est de le balayer avec des touffes d'Ononis natrix (ar. = tfizza). CLASTRIER note égalememt la propriété hémostatique de cette espèce (cf. à Carlina involucrata n° 437).

195. Trigonella gladiata Stev.

[II/506 ; p:327) LÉGUMINEUSES·

Dans Flora europaea le taxon est orthographié : Trigonella gladiata Steven ex Bieh.

A. - Les fruits très aromatiques sont utilisés comme condiment dans le sud marocain (GATTEFOSSÉ, 1921).

196. Trigonella foenum - graecum L.

[II/sans n° ; p:327] LÉ­GUMINEUSES

Toutes les parties de cette plante fourragère, cultivée, sont con­sommées à l'état vert. Dans les usages par l'homme, ce sont surtout les graines qui ont de l'intérêt du fait de leur composition chimique remarquable.

A. - Il s'agit d'un aliment, réputé donner de l'embonpoint et utilisé à cette fin par certaines personnes et en particulier des femmes note TROTTER (1915) qui, de plus, indique que les graines sont man­gées fraîches et que, desséchées· puis réduites en farine, elles entrent dans la fabrication d'une pâte comestible.

M. - BOUQUET (1921) signale que contre l'enflure de la rate on emploie des cataplasmes obtenus en faisant bouillir la farine de « helba » avec du vinaigre et du salpètre. La décoction de la plante entière s'utilise :

- en bain de siège, contre les affections de la matrice.

- en lotion pour l'entretien de la chevelure ainsi que pour la guérison des gourmes du cuir chevelu des enfants.

[121]

GATTEFOSSÉ (1921) indique cette espèce comme étant active surtout contre la constipation, les hémorroïdes, les affections de la matrice et en tant que purgatif vétérinaire.

L'espèce est (RENAUD et COLIN, 1934) parfois considérée comme étant une panacée et son nom arabe se rattache peut-être au mot « hailib » signifiant lait faisant ainsi allusion aux galactogogues de la plante.

La farine obtenue à partir des graines calme la toux (TROTTER, 1915) et les maux de ventre (LETHIELLEUX, 1948).

Selon TROTTER, le fenugrec est considéré comme fébrifuge, alors qu'en infusion, REBOUL (1958) le signale comme fortifiant pour les enfants et sédatif des douleurs durant l'accouchement. Cette vertu de fortifiant est aussi signifiée par BOUCHAT (1956) qui qu'après macération la plante est aussi employée comme vermifuge.

PASSAGER et BARBANÇON (1956) révèle la préparation d'un traitement antalgique où entre cette espèce (cf. à Arthrophytum scoparium n° 116). L'infusion des graines est encore signalée par PAS­SAGER et DOREY (1958) en médication contre l'anémie, la diarrhée et le mal de poitrine. Ces mêmes auteurs relatent, par ailleurs, le ca­ractère fortifiant d'un mélange dans lequel entre le fenugrec (cf. à Nigella sativa n° 135).

Les populations sahariennes attribuent, aux graines, diverses propriétés et les utilisent dans les cas de troubles intestinaux, les affec­tions broncho-pulmonaires et comme fébrifuges ; DOREAU (1961) qui rapporte ces indications note également la réputation de cette espèce comme étant antianémique, dstimulante de l'acouchement, curative des angines et de la gale .

LOUIS (1963) signale, entre autre, à propos du fenugrec une réfé­rence bibliogra:phique :

FURST, W.J. 1939. Contribution à l'étude physiochimique et pharmacologi­que du fenugrec et de ses principaux constituants. (Thèse Université de Strasbourg, 163 p.).

Plusieurs emplois de l'espèce chez les nomades du Sud tunisien sont encore mentionnés par LOUIS (1971)

[122]

- pour les cas de fièvre : si l'accès est violent on se sert de la viande semi-boucanée d'un renard ou d'un chacal en mélange avec la « halba »,

- le fenugrec guérit les indigestions et, cuit dans l'huile, est un palliatif des diarrhées,

- pour la guérison des fractures, après réduction, on enserre le membre cassé et on applique sur le pansement un emplâtre fait de six œufs et de fenugrec réduit en poudre. On fait, pour ac­tiver sa guérison, consommer au malade du lait ou un mélange cuit d'orge pilée, de fèves, de fenugrec et de viande boucanée ou de graisse de mouflon.

C'est aussi un stimulant neuro-vasculaire. Administré sous forme de poudre ou d'extrait fluide c'est un stimulant de l'appétit et de la nutrition employé dans les cas d'amaigrissement (PARIS et MOYSE, 1967).

R. - L'espèce est aussi un aphrodisiaque réputé (BOUQUET, 1921 ; GATTEFOSSÉ, 1921 ; DORVAULT et WEITZ, 1945 ; PARIS et MOYSE, l967).

197. Melifotus indica (L.) All.

[II/508; p:328] LÉGUMINEU­SES

M. - Les fruits sont, signale SURCOUF (in GATTEFOSSÉ, 1921), utiles dans les soins des maladies des organes génitaux des deux sexes.

198. Melifotus macrocarpa Dur.

[II/510; p:329]

A.M. - BATTANDIER et TRABUT (in GATTEFOSSÉ, 1921) notent que les fruits, de cette espèce, chargés de coumarine sont uti­lisés comme épice et antispasmodique.

199. Medicago sativa L.

[II/516; p:334] LÉGUMINEUSES

La farine de Luzerne (ar. = kessa, fassa, nefel, safsafa) est antianémique, reconstituante, récalcifiante, antihémorragique (PARIS et MOYSE, l967 ; LEMORDANT et al. 1977).

[123]

200. Trifolium pratense L.

[II/553; p:356] LÉGUMINEUSES

T. - BŒUF (1933) rapporte que Trifolium hybridum (*), Tri­folium pratense, Trifolium elegans (*) et Trifolium roseum (*) ont des propriétés photosensibilisantes (cf. à Hypericum triquetrifolium n° 260).

(*) Trifolium hydridum L.

- Trifolium elegans Savi

- Trifolium roseum Presl. = Trifolium ochroleucum Huds.

Ces espèces (*) sont considérées comme absentes de la flore tunisienne.

201. Anthyllis sericea ssp. henoniana (Coss.) Maire

[II/564; p:363] LÉGUMINEUSES

Cette sous-espèce est, dans Flora europaea, érigée au rang d'espè­ce sous la combinaison : A. henoniana Cosson ex Batt.

T. - Cette espèce « kezdir », ainsi que Helianthemum kahiricum, Helianthemum lippii var. sessiliflorum et Helianthemum tuneta­num (*), produirait, chez le chameau, quand elle est ingérée au mo­ment de la floraison une maladie, appelée « torba » dans l'Est algé­rien et « akraf » dans l'Ouest algérien. Cette maladie se traduit par une paralysie des membres pouvant être mortelle (CAUVET, 1925 ; TRABUT et CURASSON in DURAND, 1958). Ce dernier auteur indi­que que les guérisons de cette maladie, appelée aussi « krafft », obte­nue pendant que les animaux sont au pâturage dans dea zones à An­thyllis semblent prouver que l'espèce traitée ici ne peut être tenue res­ponsable de l'apparition de cette maladie.

(*) Helianthemum tunetanun Coss. et Kral. = Helianthemum crassifolium (Poir.) Pers.

202. Lotus edulis L.

[II/570; p:367] LÉGUMINEUSES

A. - La cosse verte et tendre de cette espèce (ar. krambouch) est consommée crue (GOBERT, 1940). C'est également ce qu'expri­ment LEMORDANT et al. (1977) à propos de cette plante (fr. = lo­tus à fruit comestible).

[124]

203. Psoralea americana L.

[II/587; p:377] LÉGUMINEUSES

A. - Les graines sont susceptibles de procurer une huile de bon­ne qualité (GATTEFOSSÉ, 1957).

204. Astragalus baeticus L.

[II/598; p:386] LEGUMINEUSES

Cette combinnaison s'orthographie de fait : A. boeticus L.

A. - TROTTER (1915) souligne qu'en Algérie les graines de As­tragalus baeticus L. sont utilisées pour fournir un succédané du café.

205. Astragalus corrugatus var. tenuirugis Boiss.

[II/600 ; p : 387]

Ce taxon est, dans TACKHOLM (1974), érigé au rang d'espèce sous la combinaison : A. tenuirugis Bois. C'est à ce taxon que nous avons rattaché, après correction orthographique, l'espèce citée par LETHIELLEUX.

T. - Au Fezzan LETHIELLEUX (1948) signale que Astragalus femerugis Boiss. (« el megrouwa ») est susceptible de provoquer des empoisonnements chez les bêtes qui en consomment.

206. Astragalus caprinus ssp. lanigerus (Desf.) Maire

[II/604 ; p : 389]

II ne nous a pas été possible de connaître 1a position nomenclaturale actuelle de ce taxon. Nous avons retenu l'indication relative à A. lanigerus Desf. que nous avons considéré comme étant synonyme de la combinaison adoptée dans la Flore de la Tunisie.

A. - Les graines d'Astragalus lanigerus Desf. qui ont un goût de petit pois, sont consommées fraîches (TROTTER, 1915).

207. Glycyrrhiza foetida Desf.

[II/613; p : 393] LÉGUMINEUSES

A. - A propos de cette espèce, GATTEFOSSÉ (1957) rapporte que les rhrizomes de provenance marocaine sont impropres à la con­sommation comme « bâtons à macher » alors que ceux de provenance algérienne conviennent parfaitement.

[125]

208. Coronilla scorpioides (L.) Koeh.

(II/623 ; p:398] LÉGU­MINEUSES

T. - Les hétérosides stéroïdiques cardiotoniques des graines de Coronilla scorpioides (L.) Koeh. et de Coronilla glauca L. (*) sont susceptibles (PARIS et MOYSE, 1967) de provoquer des intoxications chez les animaux et parfois chez les jeunes enfants. Cette toxicité e&t rappelée par LEMORDANT et al. (1977) en ce qui concerne la « Coronille queue de scorpion ».

(*) Coronilla glauca L. = C. valentina ssp. glauca (L.) Batt., ta­xon non proposé pour la Tunisie par POTTIER-ALAPETITE (1979).

209. Hedysarum camosum Desf.

[II/634; p:404] LÉGUMINEUSES

A. - Les jeunes pousses et les sommités fleuries de cette espèce, « sulla», sont consommées (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954).

210. Cicer arietinum L.

[II/642; p:407] LÉGUMINEUSES

A. - En plus des usages hahituels qui sont fait des graines (bouillies ou grillées), TROTTER (1915) signale l'emploi des tiges et feuilles sèches pour 1'affouragement des animaux.

211. a) Vicia sativa ssp. amphicarpa (L.) Batt.

[II/646; p:412] LÉGUMINEUSES

Flora europaea adopte pour combinaison correspondante de ce taxon : V. sativa ssp. amphicarpa (Dorthes) Ascherson et Graebner. Ce même taxon est également connu par sa synonymie : V. amphicarpa Roth.

b) Vicia onobrychioides L. [II/648; p:413]

A. - Les fruits de V. amphicarpa et V. onobrychioides sont signalés comme éventuels aliments de misère (cf. à Bunium fontanesii n° 302, CLASTRIER, 1936).

212. Lathyrus ochrus D.C.

[II/661; p:421] LÉGUMINEUSES

L'orthographe correcte de cette combinaison (Flora europaea) est : L. ochrus (L.) DC.

[126]

A.T. - Au Maroc, VILLAX (in KERNICK, 1978), considère que les graines de Lathyrus ochrus peuvent en toute sécurité, être consommées par le bétail, alors que FOURY (in KERNICK, 1978), rapporte la chose comme étant dangereuse, quelques accidents ayant été enregistrés chez les moutons à la suite de l'alimentation avec des graines de Lathyrus cicera et de Lathyrus ochrus.

213. Lathyrus sativus L.

[ll/666; p:423]

A.T. - On attribue à l'ingestion prolongée de cette plante, une maladie dite lathyrisme spasmodique (TROTTER, 1915).

Lathyrus sativus (fr. = gesse cultivée ou jarosse) est classée par PARIS et MOYSE (1967) parmi les espèces susceplibles de provoquer des accidents, toxicité également rapportée par LEMORDANT et al. (1977).

214. Lathyrus cicera L.

[II/667; p:423]

T. - La « gesse chiche » est signalée comme toxique par PARIS et MOYSE (1967), et ceci est confirmé par FOURY (in KERNICK, 1978) qui note qu'elle est susceptible de provoquer des accidents chez les moutons (cf. à Lathyrus ochrus n° 212).

215. Geranium robertianum L.

[II/685; p: 431] GERANIACÉES

M. - Quoique à intérêt médicinal limité, ce Geranium (fr. = « herbe à Robert »), riche en tanins, est employé pour ses propriétés astringentes et antidiarrhéiques rapportent PARIS et MOYSE (1967), puis LEMORDANT et al. (1977).

216. Erodium cicutarium (L.) L'Hérit.

[II/687; p:435] GERA­NIACÉES

A. - Selon CHOUMOVITZ et SERRES (1954), les feuilles sont consomméee (cf. à Asphodelus fistulosus n° 055).

M. - En plus des propriétés astringentes, antidiarrhéiques, com­munes aux Erodium (propriétés conférées par la richesee en tanins), cette espèce (fr. = bec de grue) possède des propriétés ocytociques (PARIS et MOYSE, 1967) qui sont rappelées également dans le travail de LEMORDANT et al. (1977).

[127]

217. Erodium guttatum (Desf.) Willd.

[II/692; p:437]

A. - BOUQUET (1938) distingue chez cette espèce « t'mir » qu'il désigne aous le binôme Erodium guttatum :

- « t'mir en nès », sur les rives des oueds et des collines, à saveur légèrement sucrée, assez aqueuse et toujours consommée crue.

- « t'mir el djemel » (*) comommée cuite à l'eau en période de disette sévère et distribuée aux animaux en cas d'insuffisance de pâturage.

(*) Dans le Sud tunisien nous avons relevé que l'appellation arabe « t'mir el djemel » s'applique habituellement à Erodium glaucophyllum L'Hérit. et à Erodium arborescens Desf. (**) ce qui permet de suggérer une confusion possible dans le texte de BOUQUET.

(**) Erodium arborescens Desf., espêœ de la flore tunisienne, n'est pas traitée ici.

218. Erodium glaucophyllum L'Hérit.

[II/693; p:437]

Combinaison retenue par TÄCKHOLM (1974) : E. glaucophyllum (L.) Aiton.

Les tubercules servent dans l'alimentation et la plante a, par ailleurs, des propriétéa tannantes.

A. - Lee tubercules de cette espèce (ar. = « morghid ») se consomment crus (BOUQUET, 1938).

D.- La plante est aussi utilisée pour tanner les peaux (LARRIBAUD, 1952). Le procédé consiste à laisser les peaux en contact avec de la poudre de feuilles d'Acacia seyal (*) (« tamat ») ou d'écorce de Rhus tripartitum (« jedari ») ou encore d' Erodium glaucophyllum (« reguem ») ; après 3-4 jour de ce traitement, la peau est assouplie avec du beurre puis épilée dans un bain conteaant « Perralderia coronopifolia (*) (« tirghet »). La teinture noire du cuir est obtenue avec Salsola fœtida var. gaetula (*) (« souid ») ou plus simplement en mé­langeant une décoction de feuilles d' Acacia seyal avec de la limaille de fer. La teinture rouge est tirée des racines de Trichodesma calcaratum (*) (« ahrech »).

[128]

Notons également que du fait de oonfusions éventuelles, il est possible que certaines indications rapportées par BOUQUET (1933) à propos de Erodium hirtum s'appliquent de fait à Erodium glaucophyllum.

(*) Acacia seyal DeL (famille des LEGUMINEUSES) - Perralderia coronopifolia Coss. (famille des COMPOSÉES) - Salsola fœtida var. gaetula (famille des CHENOPODIACÉES) - Trichodesma calcaratum Coss. (famille des BORAGINACÉES).

Ces quatre espèces sont absentes de Tunisie.

219. Erodium hirtum Desf.

[II/695; p:438]

Nous pensons que ce taxon correspond à la combinaison suivante, signalée dans Flora europaea : E. hirtum (Forskal) Willd.

A. - Les nodosités des racines sont consommées, surtout en cas de disette (JOLY, 1910).

La oonsommation des « tubercules » d'Erodium hirtum Willd. (ar. = aguiga) est attestée également par CHOUMOVITZ et SERRES (1954) qui précisent que ces nodosités, absorbées crues, ont une saveur légèrement sucrée.

220. Erodium malachoides (L.) Willd.

[II/702; p:441]

L'orthographe retenue dans Flora europaea est Erodium malachoides (L.) L'Hér.

A. - A Tanger (GATTEFOSSÉ, 1921), l'espèce est consommée crue en salade.

221. Oxalis cernua Thunb.

[II/706; p:444] OXALIDACÉES

Combinaison retenue pour Flora europaea : O. pes-caprae L.

A. - Les jeunes feuilles sont réputées oomestibles (TROTTER, 1915).

[129]

222. Linum usitatissimum L.

[II/713; p:448] LINACÉES

Nous avons retenu ici des données relatives à ce taxon, indiqué comme tel dans Flora europaea, et à sa ssp. usitatissimum (L.) Rouy.

Riche en mucilages, cette plante est réputée émolliente et laxative.·

M. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921), la graine est employée en cataplasmes pour combattre les inflammations.

Au Fezzan cette espèce (« el atal », « el atli ») est employée pour res vertus médicinales ; les graines servant aussi à faire des cataplasmes et la bouillie étant utilisée comme remède pour les femmes en couches (LETHIELLEUX, 1948). Les graines pilées et mélangées à la poudre de dattes sont, en Ahaggar (GAST, 1968) considérées efficaces contre les maux de ventre.

C'est la richesse en mucilage qui confère à la graine ses propriétés émollientes et laxatives. La drogue, en infusé ou en décocté, peut également être utilisée par voie buccale ou en lavements (PARIS et MOYSE, 1967). Les auteurs indiquent de plus :

- que la poudre, additionnée de farine de moutarde entre dans la préparation de cataplasmes émollients, anti-inflammatoires et révulsifs,

- que l'huile est dotée de propriétés vitaminiques ;

- que le linoléate est antidermatosique.

Dans cet ensemble de propriétés LEMORDANT et al. (1977) re­tiennent surtout pour cette espèce (ar. = kattan, kitûan ; fr. = lin) l'intérêt laxatif, émollient, anti-inflammatoire.

D. - Linum usitatissimum ssp. usitatissimum (L.) Rouy (tam. = ilatela ; ar. = zeriât et kettane ; fr. = lin) est réputé en Ahaggar pour ses fibres (GAST, 1968).

PARIS et MOYSE signalent aussi que l'industrie retient l'huile, très siccative, pour la fabrication du vernis et de la peinture'Texte en italique, alors que les tourteaux sont em­ployés dans lalimentation des bovins et que les fibres constituent un textile très anciennement réputé. ·

[130]

223. Peganum harmala L.

(11/715 ; p:449] ZYGOPHYLLA­CÉES

Le Prophète désignant l' « harmal » indique « une plante dont chaque racine, chaque feuiHe, est protégée par un ange dans l'attente qu'un homme vienne y chercher la guérison » (TROTTER, 1915). Ce­ ci justifie que, sérieusement étudiée du point de vue biochimique et sur le plan des actions physiologiques des alcaloïdes qu'elle contient (CHOPRA et al., 1960 ; DOREAU, 1961), elle soit considérée comme une panacée par les populations d'Afrique du Nord.

M. - La synthèse la plus complète, la concernant, est l'œuvre de VONDERHEYDEN (1937) dont nous examinons ici les indications souvent reprises dans d'autres travaux. Cet auteur signale que l'espè­ce (tam. : bender tiffin; ar. = harmel; fr. = rue verte, rue sauvage) intervient dans de nombreuses préparations employées en usage in­terne :

- les graines, pilées avec de l'huile, sont utilisées contre les coli­ques, les maux de tête et les douleurs rhumatismales. Les graines peuvent aussi être avalées directement dans un verre d'eau.

- les feuilles servent à faire des infusions que l'on prend com­me dépuratif; les citadins qui ont adopté l'anisette font macé­rer volontiers quelques feuilles de « harmel » dans uu litre de cette liqueur; l'anis absorbé ensuite est utile contre les mauvaises digestions.

ou en usage externe :

- la fumigation est la forme d'emploi la plus utilisée. Ainsi, par exemple, le malade atteint de rhumatismes, s'expose à la fumée que dégage la plante ou seulement les graines grillées. Les fumées de « harmel » avec celles de l'encens et de l'alun sont aussi efficaces contre le tétanos des nouveaux-nés.

- les femmes utilisent, en sinapisme sur la plante des pieds, des feuilles séchées pour faire descendre le sang et plus spé­cialement dans les tentatives d'avortement,

- le mélange du « harmel » avec des dattes, sous forme d'une pâte, est, après avoir été passé sept fois au-dessus de la fumée de l'encens, absorbé par les femmes qui craignent la stérilité,

[131]

- en lotion avec le « rassoul » (*), le « harmel » est employé pour faire repousser les cheveux,

- la poudre fine, délayée dans un jaune d'œuf, donne une pâte qui est appliquée sur la base de la joue, sur le cou et derrière l'oreille pour guérir les oreillons,

- c'est aussi un antiseptique utilisé, par exemple, après la cir­concision et en général pour cicatriser rapidement toutes sortes de plaies.

De façon dispersée géographiquement et dans le temps, nous avons relevé les informations suivantes qui, le plus souvent, corroborent ou devancent des usages signalés par VONDERHEYDEN (loc. cit.).

En 1850, PRAX indiquait que cette plante était administrée en poudre ou en décoction et employée pour les frictions; en outre, on fu­mait le « harmel », le matin, sans mélange de tabac, pour chasser le froid et le mauvais air (cf. à Anacyclus clavatus n° 423).

Les graines, aux vertus médicinales réputées, servent dans la ré­gion de Ghadamès (Libye) à la fabrication d'une huile médicinale nommée en arabe « zit el harmel » et utilisée pour les soins ophtal­mologiques (DUVEYRIER, in TROTTER, 1915). En plus de cet usa­ge dans les cas d'ophtalmies purulentes (TROTTER) les graines sont utilisées en Algérie pour soigner les rhumatismes et diverses maladies de la peau.

Divers emplois sont rapportés par BOUQUET (1921) pour le Ma­ghreb:

- le suc de la plante fraîche, mélangé à de la graisse de mouton est employé en friction contre les douleurs articulaires.

- la plante désséchée, pulvérisée et tamisée, trouve usage dans les soins contre la conjonctivite purulente, et la blépharite.

- hachée, bouillie dans l'huile et à dose d'une grande cuillerée à jeun durant sept jours, la plante sert à lutter contre les hémorroïdes et les vices du sang.

- en fumigations, la plante entière est utilisée contre les affections des organes génitaux de la femme.

[132]

Au Maroc, GATTEFOSSÉ (1921) note que la plante est surtout employée contre les empoisonnements et le venin des serpents comme la coloquinte (**) mais à condition d'en employer trois fois plus et d'y ajouter trois graines de ricin (***).

DUCROS (1930) rapporte, pour l'Egypte, quelques emplois des graines (ar. = bizr el Hharmal) de cette espèce dont certains sont russi signalés au Maghreb. Selon son propos, seule la graine est em­ployée en médecine où elle est considérée vomitive, anthelmintique, sudorifique, emménagogue, diurétique et parée de vertus enivrantes et somnifères analogues à celles du Cannabis indica (****).

Contre les rhumatismes, on utilise un emplâtre de feuilles de « harmel » (PIANA, 1939). Le même usage est aussi rapportée par LE­THIELLEUX (1948), MAIRE et SAVELLI (1955) (cf. à Matricaria pubescens n° 426).

Selon LETHIELLEUX, en plus de la faculté de calmer les rhumatismes, cette espèce (ar. : h'armel; fr. : rue) aurait, aux dires des fezzanais, de multiples emplois contre les conjonctivites, les maux de dents, les congestions, provoquerait des vomissements et serait utilisée lors des avortements.

Par ailleurs, les mozabites portent sur eux et suspendent dans leurs demeures, pour éloigner les scorpions et les maléfices, du « harmel >> fleuri. Ils l'utilisent de plus, contre les coliques, la toux, les rhuma­tismes et en mixture contre les fièvres (PASSAGER et DOREY, 1958).

Tout en précisant la nature chimique des aicaloïdes que contient cette plante, DORVAULT et WEITZ (1945) comme DUCROS (loc. cit.) rapportent qu'elle est parfois cultivée et a des graines enivrantes, soporifiques, anthelrnintiques et antipaludiques.

BEN ALI et LOUIS (1946) la considèrent comme étant une véritable panacée employée pour guérir la conjonctivite, les rages de dents (gargarismes), les affections de la poitrine (cataplasme) et les rhumatismes (liniment à hase de « harmel » et de « marrube » (*****)). Ils relèvent aussi dans la bibliographie quelques données plus ancien· nes, ainsi :

MOULIERAS (1899) : l'usage de la plante contre la migraine selon le procédé suivant : « on cuit dans l'huile les racines de « harmel » et on applique la décoction sur la tête »,

[133]

- MARÇAIS (1925) : au sujet de la croyance aux vertus prophylactiques du « harmel ».

- QUEMENEUR (1944) : l'emploi des graines de « harmel », que l'on avale le jour d' « Aoussou » (12 juillet = canicule), pour s'immuniser contre la conjonctivite granuleuse.

De très nombreux usages sont aussi rapportés pour le Sud algérien par DOREAU (1961) qui indique que les sahariens citent les proprié­tés suivantes en thérapeutique traditionnelle :

- infusions employées dans le traitement des nausées, de la fiè­vre, des rhumatismes,

- drogue entraut dans la composition des liniments antirhuma­tismaux (emplâtre de feuilles),

- traitement des : blépharites, troubles intestinaux, céphalées, états syncopaux, toux, eczémas, vers intestinaux, brûlures.

En 1962, FONT-QUER a, dans Plantes médicinales, noté que les semences de « harmel » sont, depuis des temps immémoriaux, utilisées sous diverses formes dans le but de se procurer une délicieuse ivresse (cet emploi fût déjà signalé par LINNÉ). Selon le même auteur on considère au Maroc que ces graines constituent une sorte de panacée et il est vrai qu'elles sont réputées ténifuges, anthelmintiques et em­ménagogues.

Pour PARIS et MOYSE (1967), la plante a des propriétés excitantes du système nerveux, dues aux alcaloïdes qu'elle contient. Ils indiquent aussi qu'il s'agit d'un anthelmintique et d'un ocytocique.

Cette réputation de panacée est confirmée par LOUIS (1963) qui ajoute, aux usages déjà cités dans BEN ALI et LOUIS (1946) concer­nant les soins des affeetions de la poitrine et les rhumatismes, l'emploi de la décoction prise en gargarisme pour guérir les rages de dents.

Pour le Sud tunisien, le même auteur (LOUIS, 1979) ajoute en­core que les feuilles séchées réduites en poudre et saupoudrées sur une plaie en facilitent la cicatrisation, alors qu'en Libye, KOTOB HUS­SEIN (1979) les considère anthelmintiques.

Pour notre part, nous avons relevé les indications selon lesquelles le Peganum est utilisé dans la région de Feriana, pour donner de l'ap-

[134]

pétit aux enfants et dans la région des Souassis, pour lutter contre la stérilité des femmes.

T. - La plante aurait une certaine toxicité et ainsi est-elle, selon CAUVET (1925), mortelle pour le chameau qui, d'ailleurs le plus souvent, n'y touche pas VONDERHEYDEN (1937), dans sa synthèse, confirme que cette toxicité est souvent signalée dans la lexicographie arabe, ce qui n'empêche pas la plante de servir de médicament interne.

RODIN et al. (1970) révèlent que la teneur de la plante en alca­loïdes s'élève brusquement durant la phase de mûrissement des fruits et qu'une paisson abondante en hiver entraîne un amaigrissement, des convulsions et un dérèglement des fonctions digestives des animaux mais que, de fait, l'espèce est peu broutée.

Les propriétés toxiques et hallucinogènes prévalent chez cette es­pèce (ar. = harmel; fr. = harmel) (LEMORDANT et al. 1977).

R. - En Tripolitaine la plante brûlée, avec des versets du Coran, serait un bon remède contre les maladies mentales et nerveuses (TROTTER), alors qu'en Cyrénaïque (HAIMANN, in TROTTER) l'espèce sert à chasser les démons. Ces observations sont confirmés par RENAUD et COLIN (1934) puis par VONDERHEYDEN qui note que le « harmel » joue aussi un grand rôle en propbyllaxie magique pour chasser le mauvais œil et dans toutes les purifications.

Pour éloigner les mauvais esprits (RAMES, 1941) lors de la cir­concision, on orne le poignet droit des enfante d'un lien de laine qui comporte un bouton d'étoffe contenant des gTaines de « harmel ». On fait aussi brûler de l'encens pour écarter les maléfices (BOUCHAT, 1956).

Le « harmel » fleuri est suspendu dans les demeures pour éloigner les scorpions et les maléfices; porté sur soi en permanence, un brin préserve des maladies et des mauvais génies (DOREAU).

(*) rassoul = il s'agit d'une espèce dont nous n'avons pu établir l'identité avec précision. note des numérisateurs : le rassoul est une argile saponifère très employée dans les hammams pour le soin des cheveux et du corps.

(**) coloquinte = Colocynthis vulgaris (L.) Schrad. (fam. Cucurbitacées).

(***) ricin = Ricinus communis L. (fam. Euphorbiacées).

(****) Cannabis indica Lam. synonyme de C. sativa L. (fam. des Moracées) espèce absente de Tunisie.

(*****) Marrube = Marrubium sp. (fam. Labiées).

[135]

224. Fagonia cretica L.

[II/717; p:451] ZYGOPHYLLACÉES

D. - Cette espèce saponifère cet très employée dans le Sud marocain (GATTEFOSSÉ, 1921).

225. Fagonia glutinosa Del.

[II/720; p:454]

A.T. - SAUVAGE (in GAUTHIER-PILTERS, 1969), écrivant à propos de la Hammada du Dra signale que, la plante (« desme ») sur­tout en graine, est estimée nutritive mais que, ingérée seule et en gran­de quantité, elle provoquerait des coliques.

226. Zygophyllum cornutum Coss.

[II/722 ; p:455] ZYGOPHYLLACÉES

Signalons que ce taxon est considéré par LE HOUEROU (1959) comme non distinguable de Zygophyllum album L.

M.-Confirmé par la suite, à partir d'expériences cliniques, l'effet hypoglycémiant de l'espèce a été à l'origine de son emploi comme remède empirique du diabète sucré (PARIS et DILLEMAN, 1960 ; PARIS et MOYSE, 1967).

227. Zygophyllum album L.

[II/723; p:455]

Pour plus de précision Flora europaea retient comme combinaison complète : Z. album L. fil.

M. - Cette espèce a d'assez nomhreux emplois dans la thérapeutique traditionnelle :

- GATTEFOSSÉ (1921) rapporte que les sommités fleuries sont utilisées en infusion pour les soins du visage (beauté du teint) et la toilette corporelle des jeunes enfants.

- PASSAGER et BARBANÇON (1956) signalent l'action de Zy­gophyllum album dans le soin des proies (cf. à Atriplex hali­mus n°106).

- Dans le Sud tunisien (Ouara), préparée sous forme de thé, l'espèce (ar. = bou griba) sert au traitement des caries dentai­res et du diabète.

D. - Zygophyllum album (« aggaïa ») et Salsola vermiculata

[136]

(« ghessal ») sont utilisés pour le lavage des linges et des chevelures féminines (PASSAGER et BARBANÇON).

228. Tribulus terrester L.

[II/725; p:456] ZYGOPHYLLACÉES

Cette combinaison doit être orthographiée (Flora europaea) T. terrestris L.

M.T. - A propos de Tribulus terrestris L., DUCROS (1930) indi­que que le fruit, détersif, astringent et diurétique, est employé contre les coliques, les dysenteries et les douleurs de la vessie. Les fruits sont, par ailleurs, susceptibles de provoquer des accidents chez les lapins et les moutons qui en mangent.

Cette espèce renferme un principe photosensibilisant responsable d'accidents causés chez le mouton note BROCKMANN (in PARIS et DILLEMAN, 1960). Cette toxicité de l'espèce (ar. : hassek) est rap­portée aussi par LEMORDANT et al. (1977) et par PARIS et MOYSE (1967) qui précisent que ces intoxications sont provoquées par les sa­ponosides stéroïdiques à propriétés hémolytiques.

229. Nitraria retusa (Forsk.) Asch.

[II/725; p:456] ZYGOPHYLLACÉES (TÄCKHOLM, 1974 = NITRARIACÉES)

L'espèce est couramment indiquée sous une dénomination syno­nyme : N. tridentata Desf.

A. - Les drupes de Nitraria retusa (« guezim ») de Rhus tripartitum (« jedari ») et de Ziziphus lotus (« sedra ») sont considérées comestibles (LARRIBAUD, 1952).

Il s'agirait (KEITH, 1965) du « lotos » des Lotophages et les fruits sont uti1lisés pour préparer une boisson.

Les feuilles sèches servent, en décoction, de succédané au thé (TÄCKHOLM, 1978).

M. - Les feuilles de Nitraria tridentata Desf., additionnées d'eau, servent à fabriquer des cataplasmes que l'on applique comme résorbant des enflures (TROTTER, 1915). Cette indication est confirmée par KEITH et nous l'avons également relevée dans la région de l'Ouara en Tunisie.

[137]

Les cendres de cette espèce (ar. : guerzim) ont la propriété de retirer les humeurs des plaies infectées (cf. à Atriplex halimus n° 106) (PASSAGER et BARBANÇON, 1956).

230. Ruta montana L.

[II/726; p:457] RUTACÉES

Flora europaea indique : R. montana (L.) 1.

M.T.R. - Nous rapportons ici les indications signalées, par GATEFOSSÉ (1921), comme relatives aux diverses « rues » qui sont réputées être des panacées :

- à l'état sec, la « rue » est utilisée, comme emménagogue et abortif ou à faible dose comme diurétique et aphrodisiaque, dans de nombreuses préparations ;

- à l'état frais, le suc de la plante est employé en tant que col­lyre.

Diverses propriétés relatives à cette espèce (*) ont été rapportées par PARIS et MOYSE (1967) (cf. à Ruta chalepensis n° 231).

LEMORDANT et al. (1977) ont indiqué pour cette espèce (ar. fidjel el djebel ; fr. = rue des montagnes) un caractère toxique.

• De fait PARIS et MOYSE indiquent Ruta montana Clus.

231. Ruta chalepensis L.

[II/727; p:458]

Ont été rassemblées ici des données relatives aux taxons retenus dans la Flore de la Tunisie :

(l) l'espèce,

(2) la ssp. bracteosa (D.C.) Batt., non retenue dans Flora eu­ropaea où elle est réintégrée à l'espèce sous la dénomination R. brac­teosa DC.

- (3) la ssp. angustifolia (Pers.) P. Cout. qui dans Flora euro­paea retrouve le rang d'espèce sous la combinaison Ruta augustifolia Pers.

Les données rdatives à Ruta graveolens L. en sont exclues malgré la synonymie avec R. chalepensis L. proposée par BATTANDIER et TRABUT (1902) mais non acceptée dans Flora europaea.

[138]

M. - L'huile dans laquelle on aurait cuit Ruta bracteosa Boiss. (2) servirait, note DUVEYRIER (in TROTTER, 1915), dans les soins des douleurs rhumatismales et des contusions.

Divers usages pour Ruta bracteosa et R. angustifolia sont aussi rapportés par GATTEFOSSÉ (1921) (cf. R. montana n° 230).

La sous-espèce bracteosa (2) entre avec d'autres espèces dans la composition d'une tisane, dite « medhach », de la région de Korbous (cf. Artemisia arborescens n° 428) (BURNET, 1939).

Une infusion où entre Ruta chalepensis (cf. à Rosmarinus offici­nalis n° 348) est servie à la jeune accouchée, note REBOUL (1953.

Ruta angustifolia Pers. (3), Ruta chalepensis L. et Ruta montana Clus. ont, rapportent PARIS et MOYSE (1967) des propriétés analogues à celles de Ruta gra­veolens L. à savoir que cette plante {fr. = rue fétide) autrefois réputée contre la rage, l'épilepsie, comme abortive et anthelmintique est actuellement peu utilisée en médecine officielle car si les propriétés spasmolytiques et emménagogues ont été mises "en évidence, la « rue » est également susceptible de provoquer des métror­ragies et des gastroentérites. Ces propriétés sont rappelées par LEMORDANT et al. (1977) pour l'espèce (ar. fidgel ; fr. = rue) alors que pour la sous-espèce angus­tifolia (3)* (ar. = fidgel; fr. = rue à feuilles étroites) ils ne signalent que la toxicité.

R. - Rappelons éga;lement l'indication qne nous avons recueillie et selon 1aquelle, en mélange avec d'autres espèces, Ruta chalepensis est susceptible de procurer la puissance sexuelle (cf. à Capparis spino­sa n° 153).

D. - TROTTER (1915) et KEITH (l965) signalent que la sous­ espèce bracteosa (ar. = fejzel, figel )est réputée tenir les scorpions éloignés et avoir des propriétés aphrodisiaques.

(*) LEMORDANT et al. signalent de fait Ruta angustifolia.

232. Haplophyllum tuberculatum (Forsk.) Juss.

[II/729; p:459] RUTACÉES

La symonymie la plus couramment employée est : Ruta tuberculata Forskal. En Tunisie, POTTIER-ALAPETITE ne cite que H. tubercula­tum ssp. vermiculare (Handel-Mazetti) Maire qui paraît être la seule sous-espèce reconnue en Afrique du Nord.

Très répandue, cette plante est employée en pharmacopée tradi­tionnelle avec des indications diverses où l'on relève cependant assez

[139]

fréquemment son usage, en tant qu'abortif, pour combattre les nausées et les vomissements.

M. - La guérison des coliques, dues aux flatulences, obtenue à partie de cette plante a été signalée par TROTTER {1915) comme ori­gine probable du nom vernaculaire « sezeret en rih » signifiant « herbe du vent ».

LARRIBAUD {1952) note que contre les nausées et les vomisse­ments, on recommande de prendre le matin à jeun une infusion de feuilles de cette espèce {cf. à Ammodaucus leucotrichus n° 310). Sans en indiquer le traitement en détail, MAIRE et SAVELLI (1955) rap­portent également l'usage de l'infusion contre les nausées et les vomis­sements.

A forte dose, elle est abortive alors qu'à petite dose en infusion, elle est employée pour combattre la fièvre, le paludisme et la consti­pation (PASSAGER et DOREY, 1958}.

De nombreuses indications relevées chez les populations saharien­nes sont rapportées par DOREAU (l961) (ar. : fijel) concernant son usage dans les soins contre les vomissements, les nausées, la constipation, le paludisme, les rhumatismes, les aneuries, les douleurs gastri­ques, les vers intestinaux, les maux d'yeux ou d'oreilles, dans les cas d'accouchement difficile, comme aphrodisiaque, antivenimeux local et enfin pour conjurer les maléfices.

La propriété d'aphrodisiaque de cette espèce (« scezeret er rih »), ainsi que de Ruta chalepensis, est rapportée par KEITH (1965).

Plus proche dans le temps, LOUIS (1979) indique que dans le Sud tunisien la « rue sauvage » (ar. : fijel) entre dans une composition, avec du fenugrec (*) et de la bouillie de semoule grossière, comme cal­mant pour les femmes qui ont des règles difficiles ou des pertes et qu'elle est également considérée abortive.

Les graines noires de la « rue sauvage » sont efficaces pour soigner les irritations des yeux relève encore LOUIS, qui précise que pour les cas d'ophtahnie simple on brûle de l'alun, dit « chebb » jusqu'à pul­vérisation, puis on le mélange avec du blanc d'œuf et que l'on appli­que cette mixture sur l'œil. Le même auteur a relevé qu'en cas de toux pernicieuse (« sell ») on cueille des branchettes de « rue sauvage » encore verte, on les fait chauffer dans un plat de fer puis on les passe

[140]

rapidement dans de l'huile. Ces branchettes sont appliquées encore très chaudes sur le corps du patient que l'on enveloppe de laine toute la nuit. Cétte indication est appliquée de nuit en nuit, trois ou quatre fois s'il le faut.

Dans cette même region, nous avons nous-mêmes relevé chez les Beni-Zid, l'emploi de la plante, fraîche ou séchée, en tisane contre les gonflements du ventre et pour procurer la puissance sexuelle (cf. à Capparis spinosa n° 153).

Il faut ajouter à ces emplois celui déjà signalé pour les soins en cas de morsure de serpent (cf. à Artemisia campestris n° 430).

R. - Rappellons les usages signalés plus haut (DOREAU) com­me aphrodisiaque et pour conjwrer les maléfices.

D. - L'espèce, sous le binôme de Ruta tuberculata, est parée également (GAST et al., 1969) des propriétés d'agent clarificateur et conservateur de la matière grasse du beurre (cf. à Anethum graveo­lens n° 306).

(*) Trigonella foenum-graecum L. (fam. Légumineuses)

233. Chrozophora tinctoria Juss.

[II/735; p:465] EUPHORBIACÉES

Flora europaea indique comme orthographe correcte C. tinctoria (L.) A. Juss.

T.D. - Selon LABBE (1950), on tire de cette plante vénéneuse une matière colorante bleue, qui, rapporte TROTTER (1915), est surtout employée pour la teinture des nattes.

234. Chrozophora obliqua A. Juss.

[II/736; p:466]

L'orthographe de cette combinaison signalée dans Flora europaea peut-être rectifiée comme suit : C. obliqua (Vahl) A. Juss. ex Spren­gel. Nous avons rarpporté ici une indication relative à C. verbascifolia (Willd.) A. Juss. ex Sprengel admis comme synonyme dans Flora eu­ropaea et par POTTIER-ALAPETITE.

D. - Le charbon résultant de la combustion de Chrozophora verbascifolia A. de Juss. est employé dans la fabrication d'une poudre (TROTTER, 1915).

[141]

235. Mercurialis annua L.

[II/737; p·466] EUPHORBIACÉES

Nous avons rassemblé ici les données relatives à ce taxon, retenu au rang d'espèce dans Flora europaea, quoique seule la var. genuina Mull.-Arg, soit signalée en Tunisie. Ailleurs en Afrique du Nord il n'est pas distingué, non plus, d'autre taxon infraspécifique.

M. - L'espèce est employée en lavements purgatifs (GATTEFOSSÉ, 1921).

Connue remède contre la stérilité, on donne aux femmes, le jour qui suit la cessation de leurs règles, une bouillie où cette plante (ar. = habt dhol) est cuite en mélange avec des pois chiche et des raisins secs (GOBERT, 1940).

Il s'agirait également d'un purgatif populaire administré surtout en lavements préparés en infusé signalent PARIS ct MOYSE (1967) qui rapportent aussi que la « mercuriale vivace » Mercurialis perennis L. (*) a toujours été considérée d'un emploi plus dangereux.

(*) Mercurialis perennis L. non signalé pour la Tunisie.

236, Ricinus communis L.

[II/738; p:467] EUPHOHBIACÉES

M.T.D. - Les vertus purgatives de l'espèce sont très réputées. Ainsi en Li1bye, dans ce but, on mastique quelques graines, ou après broyage on les fait infuser dans l'eau chaude que l'on boit par la suite (TROTTER, 1915).

Le même usage est également rapporté par GATTEFOSSÉ (1921) contre les constipations opinâtres.

Quoique réputées toxiques, les graines de ricin, broyées ou entières, se sont révélées sans action sur les larves d'anophèles (SERGENT et SERGENT, 1928). PARIS et MOYSE (1967) notent que les graines entières ont été, à très faible do­420se, employées comme purgatif mais qu'aujourd'hui seule l'huile est employée à cet effet.

Sans plus de commentaire LEMORDANT et al. (1977) soulignent rïntérêt de l'espèce (ar. = kharoua; fr. = ricin) comme purgatif et son caractère toxique, ainsi que son utilisation dans l'industrie.

[142]

237. Euphorbia granulata Forsk.

[II/740 ; p : 470] EUPHOR­BIACÉES

Nous rapportons ici des indications concernant le taxon de rang « espèce » quoique la Flore de la Tunisie ne considère comme présente que la var. glaberrima Boiss.. Notre choix est dicté par le fait qu'ail­leurs, en Afrique du Nord, ces subdivisions taxonomiques de E. granu­lata ne sont pas non plus envisagées.

A.M. - Au Fezzan (Libye), LETHEILLEUX (1948) a noté que le rhizome de cette euphorbe (« el alga », « oum el lebban » « leb­ bina ») est comestible par l'homme et que les feuilles sont mangées par les animaux. Toujours en Libye, KEITH (1965) a signalé son utilisation pour les soins en cas de piqûre de scorpion et de morsure de vipère.

238. Euphorbia retusa Forsk.

[II/744; p:472]

Euphorbia cornuta Pers. est une synonymie fréquemment rencontrée.

M. - BOUCHAT (1956) rapporte une action de l'espèce pour lutter contre le trichiasis (cf. Euphorbia calyptrata n° 239).

Au Fezzan (Libye), la racine de cette plante nommée « el mriwa » est utilisée comme révulsif (LETHIELLEUX, 1948).

239. Euphorbia calyptrata Coss. et DR.

[II/745; p:472]

M. - Le suc de diverses euphorbes : Euphorbia calyptrata, E. guyoniana, E. paralias est, signale GATTEFOSSÉ (1921), utilisé com­me topique après débridement de la plaie dans les soins en cas de mor­sure de serpent ou de piqûre de scorpion, tarentule et scolopendre. Le même auteur note que la plante s'emploie aussi :

- séchée, pilée et mélangée à du miel en tant que collyre dans les cas de conjonctivite granuleuse et de trachome,

- bouillie dans l'huile et appliquée en frictioos cootre l'alopécie, les rhumatismes et les engourdissements par le froid.

Il. faut encore signaler, pour ce taxon, deux vertus :

- ainsi le « lait » ou « résine » de Euphorbia cornuta (*) et Eu­phorbia calyptrata (« oum Ibina », « mouibina ») mélangé de salive

[143]

agglutine les cils et est utilisé pour les redresser dans le trichiasis (BOUCHAT, 1956).

- Pour favoriser la cicatrisation des plaies on y applique soit de la poudre de tige de Panicum turgidum (« morkba ») soit des fibres calcinées de Calotropis procera (**) (« tourja ») soit des feuilles d'Euphorbia calyptrata var. involucrata (« remada ») (LARRIBAUD, 1952).

T. - CAUVET (1925) signalait Daemia cordata (***) comme ayant un suc laiteux mortel pour le chameau mais rapportait égale­ment que CHUDEAU considérant cette plante comme broutée en Mauritanie s'était étonné d'une toxicité dans l'Est algérien et pensait qu'il s'agissait donc de fait d'Euphorbia calyptrata.

(*) Euphorbia cornuta Pers. = Euphorbia retusa Forsk.

(**) Calotropis procera (Ait.) Ait. (famille des Asclépiadacées) n'est pas signalée en Tunisie.

- La variété involucrata d'Euphorbia calyptrata n'est pas signalée en Tunise.

(***) Daemia cordata R. Brown ex Schult. = Pergularia tomentosa L. (fam. des Asclépiadacées).

240. Euphorbia helioscopia L.

[II/755; p:476]

M. - Cette espèce est réputée laxative (LEMORDANT et al., 1977).

241. Euphorbia guyoniana Boiss. et Reut.

[II/757; p:477]

M. - En Libye (TROTTER, 1915) ainsi qu'au Sahara algérien (DOREAU, 1961) l'emploi de « lehen » est signalée en thérapeutique, in-situ, des piqûres de scorpions.

En plus de cet usage, GATTEFOSSÉ (1921) en rapporte maints autres (cf. Euphorbia calyptrata n° 239).

242. Euphorbia terracina L.

[II/759; p:477]

M. - En infusion, la racine de cette euphorhe est émétique (GATTEFOSSÉ, 1921).

[144]

243. Euphorbia paralias L.

[Il/760; p:479]

M. - Comme pour Euphorbia guyoniana le lait est utilisé pour les soins dans les cas de morsure de vipère et de piqûre de scorpions.

Les nombreux usages signalés par GATTEFOSSÉ (1921) sont également relatifs à cette espèce (cf. Euphorbia calyptrata n° 239).

244. Euphorbia peplus L .

[II/767; p:482]

M. - PARIS et MOYSE (1967) rapportent pour cette espèce des propriétés antiasthmatiques et anticartharrhales.

245. Pistacia lentiscus L.

[II/771; p:485] ANACARDIACÉES

Sans présenter la diversité d'usage de Pistacia atlantica, le Pista­cia lentiscus est cependant largement employé.

A. - Au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921) la « résine » de cette espè­ce est mâchée afin de se parfumer l'haleine ou ajoutée au pain. A ce propos, le même auteur signale que, dans ce pays, l'oléorésine de cette espèce ne se solidifie pas et qu'il n'y existe donc pas de mastic.

Le fruit renferme 20 à 25 % d'une huile grasse employée dans l'alimentation (DORVAULT et WEITZ, 1945).

M. - Les feuilles (BOUQUET, 1921) passent pour astringentes diurétiques et emménagogues alors qu'en infusion, elles sont répu­tées enlever la mauvaise odeur de l'haleine et de la sueur.

Le lait dans lequel on fait bouillir du mastic est réputé efficace contre les maux de gorge note GATTEFOSSÉ qui signale de plus que :

- l'écorce est employée en fumigations (à Marrakech) pour faci­liter les accouchements,

- l'huile, extraite par ébullition des graines pilées, est utilisée dans le traitement de la gale et des rhumatismes.

L'extrait de l'huile sert aussi (DORVAULT et WEITZ) à la fabri­cation de pilules contre la diarrhée.

L'usage de la résine ou gomme (ar. = oum en nas) en fumiga­tion contre la fièvre est relevé par PASSAGER et BARBANÇON (1956).

[145]

R. - La résine ou « mastic » est sucée par les bergers (RENON s.d.) et serait selon les précisions de DOREAU (1961) une oléorrésine largement employée dans les indications prophylaxiques et thérapeutiques relevant de procédés magiques (fumigations) ce qui justifie­rait son nom arabe «oum en nas » signifiant « mère des gens », « mère des mauvais génies ».

D. - TROTTER (1915) présente quelques emplois de Pistacia lentiscus L. en Libye :

- les feuilles sont tannantes,

- la plante fournit le « mastic » de Chio,

- les fruits par extraction fournissent une huile utilisée pour l'éclairage, la médecine, la saponification,

- les fruits (selon MIEGUES) bouillis avec de l'alun donneraient une encre indélébile.

- les cendres du bois sont employées comme savon (GATTE­FOSSÉ).

L'huile est utilisée pour l'éclairage (DORVAULT et WEITZ). La gomme (ar. = ilk ar rûm; fr. : gomme mastic) est un mastica­toire et est utilisée au Maroc comme épilatoire et parfum par les gens aisés, rapportent RENAUD et COLIN (1934) qui signalent par ail­leurs que c'est de Chio que provient la meilleure gomme.

246. Pistacia terebinthus L.

[II/772; p:485]

A. - L'huile, extraite des fruits du térébinthe, sert de condiment dans le Sud du Maghreb (GATTEFOSSÉ, 1921).

Pour BOUQUET (1921), cette espèce est susceptible de procurer les mêmes usages que P. lentiscus.

Selon GATTEFOSSÉ, la résine produite par cette espèce, et nom­mée ailleurs térébenthine de Chio, est inconnue au Maroc où le téré­binthe est utilisé pour le tannage et la teinture. GATTEFOSSÉ note aussi que les fruits sont vendus pour servir contre les affections géni­tales.

Ce « pistachier » fournit (DUCROS, 1930) une résine ou plus exactement une térébenthine appelée en arabe « çmagh el bôttom ».

[146]

DUCROS précise que cette térébenthine dite « de Chio » est utilisée pour ses vertus stimulantes aromatiques et diurétiques et que de plus sa distillation (ainsi que celle de certains Pinus) foumit la « colophane » (ar. : qalafouunia) qui est prescrite :

- en poudre, à l'intérieur, dans les maladies de poitrine,

- en huile ou en emplâtre, à l'intérieur, en applications sur les excroissances des muqueuses.

PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977) font également état, à propos de cette espèce (ar. = battoum (*), fr. = térébinthe) de la térébenthine de Chio.

(*) Il est étonnant de voir rapporté ici comme nom ·ernaculaire arabe de cette espèce « battoum », habituellement appliqué à Pistacia atlantica Desf. Cet usa­ge provient probablement d'un synonymie antérieurement en usage où Pistacia at­lantica Desf. = Pistacia terebinthus ssp. atlantica (BATTANDIER et TRABUT, 1902).

247. Pistacia atlantica Desf.

[II/773; p:487]

La raréfaction, en Afrique du Nord, de cette plante aux nombreuses propriétés, est pour partie, due à l'intérêt que présentait son bois dans la région. Les individus qui subsistent bénéficient de fait d'un statut de protection et sont localisés à proximité des lieux de pélerinage (« marabout »).

A. - BURNET (1939) a noté, entre autre usage, que du fruit (ar. : haoudja, khatiri, gatouf, gueddain), on retire une amande comestible (ar. : hahbet el khadra) employée en pâtisserie et qui pro­cure une huile.

Selon REYNIER (1954), les fruits écrasés aves des figues sèches et des dattes, constituent un aliment.

M. - Le fruit de cette plante possède des vertus thérapeutiques (TROTTER, 1915) et la gomme résine du tronc est utilisée en Libye par les gens qui la mastiquent volontiers durant les longues marches. DESFONTAINES (in TROTTER) signale que cette gomme est appelée « heule » et note qu'elle est mastiquée car susceptible de procurer une meilleure haleine et de nettoyer les dents.

[147]

BURNET (1939), rapporte qu'en Tunisie les feuilles ser­vent à fabriquer une tisane (cf. à Artemisia arborescens, n° 428) et une décoction très sucrée comme le thé, il indique aussi les diverses appellations vernaculaires de l'espèce en arabe (bettam, iggt, iqq, idj) et en berbère (tismelelt, tesemhalt). Selon le même auteur, la résine (ar. : alk, anbak, heull) est employée comme masticatoire et comme médicament.

D'autres indications de thérapeutique sont soulignées par REY­NIER (1954) :

- le liquide obtenu en écrasant les feilles de Pistacia atlantica (ar. = betoum) est utilisé comme collyre contre la conjoncti­vite; - la mastication des feuilles aurait une action désinfectante et cicatrisante dans le cas de gingivites.

L'emploi pour calmer les céphalées est rapporté par BOUCHAT (1956) (cf. à Arthrophytum scoparium, n° ll6).

Le polypore (Polyporus driadeus Pers. et P. tinctorius Quel.) champignon parasite du tronc du « bétoum », préparé en soupe, a la propriété de soigner la jaunisse (GATTEFOSSÉ, 1921).

D. - Selon TROTTER, cette plante a de nombreux usages en Libye :

- avec lee cendres du bois on fait du savon,

- la plante est appréciée en tannerie et teinture pour les galles de ses feuillles, produites par Pemphigus utricularis Pass. et qu'il ne faut pas confondre avec ies galles du chêne (importées d' Orient) et causées par Cynips tinctoria Oliv.. Cette indication est aussi rappor­tée par BURNET qui note comme nom vernaculaire arabe de cette galle : liez, allez,

- les feuilles elles-mêmes ont des propriétés tannantes appré­ciées,

- sur le tronc se développe un champignon parasite (Polyporus tinctorius Quel.) qui est récolté pour teindre la laine en jaune. Cette indication est aussi relevée par BOUCHAT (1956) et GATTEFOSSÉ (loc. cit.), à propos de Polyporus tinctorius xanthochromus.

[148]

_ le suc (ar. = samach), qui coule des anfractuosités des vieux arbres, est dissout dans l'eau pour servir d'encre ; BURNET signa­lait également cet usage. GATTEFOSSÉ aussi rapporte que de cette espèce on extrait une gomme, analogue à la « térébenthine de Chio >> et nommée « heul >> en Tunisie, ainsi qu'un suc desséché « samacq >> qui sert à la confection d'une encre très utilisée.

Le bois de Pistacia atlantica (ar. betoum) servait tout particuliè­rement à fabriquer le mat central des tentes et l'âge des charrues ru­dimentaires (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954).

248. Rhus pentaphylla Desf.

[II/774; p. 487] ANACARDIACÉES

Flora europaea a adopté comme combinaison : R. pentaphylla (Jacq.) Desf.

M. - Les racines de cette espèce tannifère sont utilisées au Maroc (GATTEFOSSÉ, 1921), en médecine vétérinaire.

D. - Au Maroc encore, la racine du « tizra » est, utilisée pour le tannage des cuirs (GATTEFOSSÉ, 1957). La partie employée est très certainement, comme dans le cas de Rhus tripartitum, l'écorce de la racine.

249. Rhus tripartitum (Ucria) D.C.

[II/775; p:488]

Flora europaea indique comme combinaison valable pour ce ta­xon : R. tripartita (Ucria) Grande. En plus des données correspon­dant à ces dénominations, nous avons rassemblé ici celles se rapportant au synonyme R. oxyacantha Schousb.

Les usages les plus fréquemment rapportés concernent la consom­mation des drupes, l'emploi de ·l'écorce pour le tannage et l'utilisa­tion du bois pour la fabrication de charbon de bois.

A. - La consommation des drupes (« demagh »), a été signalée par PRAX (1850) qui souligne également que l'on met les drupes de cemte espèce (« djedari ») dans l'eau pour la rendre agréable au goût; ces indications sont aussi rapportées par TROTTER (1915). Les fruits du « jedari » sont au normbre des drupes comestibles (LARRI­BAUD, 1952) (cf. à Nitraria retusa n° 229) ce qui est aussi noté par

[149]

DOREAU (1961) pour la région de Ouargla (Algérie) et par GAST (1968) en Ahaggar où les fruits sont consommés crus ou stockés et mangés secs (état dans lequel ils sont plws sucrés) ou trempés dans le 1ait aigri.

M. - En pharmacopée traditionnelle, Rhus oxyacantha (« tesel­gha », « tirza ») en décoction bouillie, sert contre les coliques (BOU­CHAT, 1956).

D. - L'écorce de la racine est employée pour le tannage des peaux de moutons et de chameaux qu'elle colore en rouge (PRAX). LARRIBAUD (1952) a révélé à ce sujet une formule assez complète (cf. à Erodium glaucophyllum n° 218).

Pour la Libye TROTTER p'l'ésente maints usages de Rhus oxya­cantha Cav :

- le bois est des plus appréciés pour faire du charbon, éventuel­lement employé pour la fabrication de la poudre pyrique, signale VOGEL (in TROTTER) dans la région des Beni-Ulid.

- l'écorce des racines est la partie de la plante qui a la plus grande valeur. Elle est utilisée pour le tannage puis la teinture en rouge des peaux, et tout particulièrement des outres (l'eau de ces ou­tres prend par la suilte une coloration rosée). L'écorce est également (REBOUL, in TROTTER) employée, en Tunisie et Tripolitaine, pour procurer à la soie teinte en bleu une belle nuance sombre.

KEITH (1965) rapporte le même usage de la racine et de l'écor­ce en soulignat que le tanin est de la classe de cathéchols et en don­nant les résuiltats d'analyse. Le même emploi est signalé par GAST à propos de l'écorce (tam. : doufer) de cette espèce (tam. = abounegouan tahouneg ; ar. = jedari ; fr. = sumac).

Dans le Sud tunisien (région d'El Hamma), nous avons ·recueilli que c'est la poudre de l'écorce de la racine de « j'dari » qui est employée pour teindre le cuir en marron clair. Selon COUSTILLAC (1958), l'écorce de la racine de cette plante est utilisée pour la teinture de la laine et de la soie à qui elle donne des teintes beiges et brunes très solides en particulier au lavage et au frottement. Cependant, COUSTILLAC ne donne aucune recette d'em­ploi de cette espèce qu'il nomme injustement « jujubier sauvage ».

[150]

POTTIEH-ALAPET!TE (1979) indique aussi que les Rhus sont recherchés pour leur ècorce riche en tanins et teignant les peaux en rouge.

La fabrication de charbon de bois très apprécié des forgerons, est faite à partir de cette espèce notent PRAX et GAST, alors que PASSAGER et BARBANÇON (1956) signalent que Ziziphus lotus (« sedra ») et Rhus triparlitum « jedari » sont utilisés directement comme hois de chauffage.

250. Schinus molle L.

[II/sans n°; p:488] ANACARDIACÉES

Cette espèce quoique originaire d'Amérique du Sud est traitée dans la Flore de la Tunisie.

M. - GATTEFOSSÉ (1921) rapporte le conseil selon lequel ii ne faut utiliser ni la gœnme purgative ni la résine des feuilles pour­tant employées aux U.S.A. pour les soins des maladies des yeux. Le même auteur note, que MELIS indique que les fruits sont utilisés en Algérie pour les soins dos affections génitales, vertu aussi soulignèe par TRABUT qui confirme que les fruits « cubeba » servent au trai­tement de la blennorragie.

251. Ziziphus lotus (L.) Desf.

[II/778; p. 490] RHAMNACÉES

Dans Flora europaea ce taxon s'orthographie : Z. lotus (L.) Lam.

Aliment ou friandise, le fruit du « jujubier » est appréciè ; de nombreux auteurs font confusion, au niveau du nom vernaculaire arabe, entre la plante (çder nebga) et le fruit (neheg).

A. - Les fruits qui seraient encore consommés par quelques tri­bus berbères seraient ce qui nourrissait les « lotophages » de l'Antiquité (GATTEFOSSÉ, 1921) indication s'opposant à celle de KEITH à propos de Nitraria retusa n° 229).

Le fruit (ar. : nbaq) est selon GOBERT {1940) plutôt apprécié, conune friandise que comme aliment mais cependant·là où l'espèce (ar. = çder) est abondante les fruits sont récoltès, séchés et réduits en une farine dont on fait une « zemmita » d'un goût agréable et su-

[151]

cré. Cette consommation des drupes est également rapportée par CHOUMOVITZ et SERRES (1951), DOREAU (1961), LEMORDANT et al. (1977) de même que par GALAN (1951) qui note cet emploi pour l'espèce et sa sous-espèce saharae (*) (cf. à Cistanche phelypaea n° 391) et par PARIS et DILLEMAN (1960) qui indiquent que les fruits de cette espèce ainsi que les feuilles de Ziziphus spina-christi et de Ziziphus mauritiana (**) ont joué un rôle dans l'alimentation.

M. - Dans le cadre des usages en médecine populaire, et alors que GOBERT (1940) déclare que les gens lui dénient toute propriété réconfortante, PARIS et DILLEMAN soulignent les propriétés émol­lientes, certaines, du fruit, qui en faisaient un des quatre fruits pectoraux et la confection encore actuelle de pâtes béchiques pectorales. MAIRE (in GAUTHIER-PILTERS, 1969) avait relevé au Sahara cen­tral que les feuilles et les fruits « sder » réduits en poudre et mélangés avec de l'eau ou du lait tiède étaient appliqués comme emplâtres sur les furoncles. Cette indication est retrouvée dans les propos de LARRIBAUD (1952) (cf. à Lepidiwn sativum, n° 165).

D. - D'autres emplois sont encore établis :

- ainsi GOBERT (1940) a signalé que les feuilles séches pul­vérisées au mortier, sont utilisées par les malékites du fait de leurs propriétés saponifiantes pour laver leurs morts.

-· selon PASSAGER et BRABANÇON (1956) le bois de « sedra » serait utilisé pour le chauffage.

- pour notre part dans la région des Ababsas (Tunisie), nous avons relevé le fait selon lequel les feuilles placées au-dessus du lit des jeunes enfants, en assurent une protection contre les chauve-souris.

(*) Ziziphus lotus ssp. saharae non signalé dans la Flore de la Tunisie.

(**) Ziziphus mauritiana Lamk. et Ziziphus spina-christi (L.} Willd. ne sont pas signalés dans la Flore de la Tunisie (POTTIER-ALAPETITE).

252. Rhamnus frangula L.

[II/779; p:49l] RHAMNACÉES

Ce taxon correspond (Flora europaea) à la combinaison actuelle suivante : Frangula alnus Miller.

[152]

M.D. - Chez la « bourdaine » l'écorce est utilisée en matière médicale pour son action purgative due à la présence, comme chez les autres espèces du genre Rhamnus, d'anthraglucosides (PARIS et DILLEMAN, 1960). Elle est très utilisée comme laxatif et purgatif selon PARIS et MOYSE (1967) qui rapportent aussi que le bois de bourdaine donne un charbon très fin utilisé pour la fabrication de la poudre noire.

253, Rhamnus alaternus L.

[II/779; p:491]

M. - Cette espèce (ar. = mlila ; fr. = alaterne) signalée par LEMORDANT et al. (1977) comme laxative constituerait (PARIS et DILLEMAN, 1960) une bonne source d'anthraglucosides.

254. Vitis vinifera L.

[Il/781; p:494] AMPELIDACÉES (Flo­ra europaea = VITACÉES).

M. - PARIS et MOYSE (1967) notent que :

- Le jus de raisin est employé en diététique dans les affections cardio-réna­les, l' obésité et la constipation, - Les pépins fournissent une huile, - Les feuilles des variétés rouges sont employées, seules ou en mélange, dans le traitement des affections veineuses et des troubles de la ménopause.

D. - Au Maroc (M. BELGHAZI, Ingénieur Forestier, comm. verb., 1979), on utili>&e les fruits (« grains ») non mûrs du raisin sau­vage pour le mordançage des laines en cas d'emploi de la teinture rouge synthétique.

255. Althaea officinalis L.

[II/794; p:503] MALVACÉES

M. - La guimauve est utilisée comme pectorale, béchique et émolliente pour les cas de maladies de la poitrine et de la vessie (DU­CROS, 1930).

256. Malva aegyptiaca L.

[II/795; p:504] MALVACÉES

Ce taxon est présenté dans Flora europaea sous la dénomination M. aegyptia L.

M. - Malva aegyptiaca (ar. = Khubiza) est employée pour faire des compresses émollientes (LOUIS, 1963).

[153]

257. Malva sylvestris L.

[II/797; p:504]

Souvent employée dans l'alimentation, cette mauve est également parée de quelques vertus thérapeutiques.

A. - La mauve « Khobiza » est cueillie, lavée et cuite à la va­peur (par exemple dans le couscous), les feuilles prennent alors une teinte jaune et peuvent, avec une sauce très condimentée entrer dans d'autres p1ats (GOBERT, 1940 et 1955). On a égailement rapporté que cette espèce constituait une part importante de l'alimentation dans la région de Takrouna (Tunisie) (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954 ; GOBERT, 1955).

BOUQUET (1938) signale également cette consommation (cf. à Malva parviflora L. n° 258).

M. - A propos du « gombo » (*), BOUQUET (1921) note que cette plante, cultivée comme légume, est appréciée pour la prépation de bains émollients (hémorroïdes, maladies des organes génitaux) où elle est mélangée à des fleurs et des feuilles de « khobeza »,

S'il signale son emploi dans l'alimentation en Tunisie, LOUIS (1963) rapporte éga'lement que, selon PRAX, la plante avait au siè­cle dernier la réputation de guérir les maux d'entrailles. Pour le Sud tunisien, LOUIS (1979) souligne que si, pour les maux de gorge le romarin (*) cuit es1 indiqué, on peut égaiement utilisé Malva sylvestris ( « khubiza ») en pommade notamment contre les inflammations de 1a gorge.

Plus anciennement CLASTRIER (1936), mentionne l'usage de 1'espèce (« khoubaïz ») dans les soins des plaies (cf. à Carlina involucrata n° 437).

De fait, il est surtout reconnu pour cette espèce (ar. = khubiza), des propriétés émollientes et béchiques (PAIUS et MOYSE, 1967 ; LEMORDANT et al., 1977) qui la font employer en infusion comme espèce pectorale.

T. - Seul CAUVET (1925) ne fai1t pas écho aux louanges à cet­te « mauve » quand il indique que les diverses Malva seraient, con­sommées seules, nuisibles (non mortelles) pour les chameaux.

[154]

(*) Gombo doit s'écrire Gombaud = Hibiscus esculentus L. = ar. = guena­ouyia » {famille des Malvacées) non retenue dans la Flore de la Tunisie quoiqu'elle y soit cultivée. (**) Rosmarinus officinalis L.

258. Malva parviflora L.

[II/799; p:505]

A. - Selon BOUQUET (1938), on récolte les jeunes feuilles de différentes mauves (Malva parviflora, M. silvestris, M. rotundifolia (*)) avant l'apparition des boutons floraux et on les consomme à la façon des épinards ou en soupe. BOUQUET signale aussi les dénominations vernaculaires sous lesquelles ces espèces sont connues en Tunisie.

(*) Il s'agit très probablement de Malva rotundifolia L. considérée absente de Tunisie.

259. Hypericum perforatum L.

[II/802; p. 508] HYPERICACÉES (Flora europaea = GUTTIFERACÉES).

T. - Ses propriétés photosensibilisantes ont été largement décrites par BOEUF (1933) (cf. à Hypericum triquetrifolium n° 260).

De façon moins scientifique RENON (s.d.) signale aussi que l'espèce (ar. = hamra) est effectivement nocive pour les moutons à muqueuse blanche et qu'à partir de juin il ne faut pas laisser les bêtes pâturer, en particulier aux heures chaudes, dans les terres où elle abonde. Il rèvèle un remède qui consiste à faire boire à un animal atteint du « hamra » (la maladie porte le même nom vernaculaire que la plante), un verre de « henné » (*).

Cette plante est également considérée comme photosensibitatrice par PARIS et MOYSE (1967} qui signalent que les glandes noires des feuilles et des fleurs contiennent, entre autre, un pigment rouge 1' « hypéricine » qui serait à l'origine des propriétés particulières de cette espèce et de Hypericum triquetrifolium.

(*) henné = Lawsonia inermis L. (fam. des Lythracées).

260. Hypericum triquetrifolium Turra

[II/803; p:508]

Ce taxon est souvent dénommé par une combinaison synonyme H. crispum L.

L'espèce est surtout connue à cause de sa propriété photosensibilisante.

[155]

T. - Hypericum crispum L. est signalé par TROTTER (1915) comme un poison pour le bétail qui s'en nourrit.

BOEUF (1933), dans sn travail su la photosensibilisation des organismes, signale, au paragraphe concernant la photosensibilisation chez les animaux, celle due aux plantes ingérées et donne une liste des espèces incriminées : Polygonum persicaria (*) (fr = sarrasin), divers trèfles (Trifolim hybridum*, T. pratense, T. elegans*, T. roseum*), les vesces, Malva parviflora, Lamium amplexicaule, Stachys arvensis et les « millepertuis » (Hypericum perforatum, H. crispum). Il note qu'en Tunisie Hypericum crispum (ar. : hamra) provoque chez le mouton, le boeuf et le cheval des accidents (parfois mortels chez le mouton),le mal étant lui-même nommé « hamra ». Il y a d'abord formation d'un oedème au niveau des oreilles, des paupières et de la face, à la suite de quoi apparaissent, une exsudation séreuse et une mortification des tissus.

A la suite d'expérimentations, BOEUF conclut que :

- seuls les moutons à tête blanche sont sensibles à l'ingestion de « hamra », et les lésions ne s'observent que sur les parties de la peau non pigmentées et non couvertes par la laine, ce qui a conduit les éleveurs dans les régions où cette espèce est abondante à sélectionner des moutons tout noir ou à tête noire.

- les effets de la photosensibilisation sont plus rapides et intenses en juin qu'en avril et mai, sans qu'il soit possible de dire si cela tient à la présence d'une plus grande quantité de substances actives dans la plante au stade de 1a floraison ou à une insolation plus longue et plus forte, les deux facteurs intervenant sans doute.

Cette propriété est rapportée par LABBE (1950).

M. - C'est l'hypéricine qui confère aux Hypericum des propriétés photo­sensibilisatrices notent PARIS et MOYSE (1967} qui signalent également qu'en usage externe, l'huile et le tanin du « millepertuis » sont des antiseptiques astringents et des cicatrisants ;

- qu'administrées par voie buccale, les mêmes préparations sont antispas­modiques.

[156]

(*)- Polygonum persicaria L. (famille des Polygonacées) - Trifolium hybridum L. (famille des Légumineuses) - Trifolium elegans Savi id - (Trifolium roseum Presl. id Ces 4 espèces sont considérées absentes de Tunisie.

261. Frankenia laevis L.

[II/811; p.512] FRANKENIACÉES

D. - TROTTER (1915) signale l'emploi de cette espèce (« scifs­cifa ») comme combustible ce qui parait, pour le moins, étonnant.

262. Tamarix aphylla (L.) Karst.

[II/817; p. 516] TAMARI­CACÉES

Ce taxon présenté par TÄCKHOLM (1974) dans la même combi­naison a un synonyme assez fréquemment rencontré : T. articulata Vahl.

Chez cette espèce, les propriétés tannantes et tinctoriales sont les plus appréciées; elles sont dues à des galles provoquées par des piqûres d'insectes.

A. - GAST (1968) a relevé que Tamarix aphylla (L.) Karst. (tam. = tabarekkat) et Tamarix gallica L. (tam. : azaouna) sous l'effet de la piqûre de certains insectes produisent, au bout de leurs feuilles, un exsudat (sous forme de goutelettes de sucre cristallisé, de faible conservation) apprécié des enfants et servant occasionnellement à sucrer le thé. La consommation de cet exsudat suscite de nombreux rots quand il a été au préalable bouilli. En sirop, il sert de boisson rafraîchissante et sert à arroser les galettes.

M. - Pour cette espèce et T. gallica BOUQUET (1921) signale plusieurs usages :

- décoction de feuilles et de rameaux contre l'œdème de la rate. - décoction additionnée de gingembre (*) contre les affections utérines. - lotion d'écorce des grosses tiges bouillies dans l'eau vinai­grée, contre les poux.

[157]

Selon RAYNAUD (in GATTEFOSSÉ, 1921) les infusions de la galle (ar. : takaout) sont astringentes et utilisées contre l'entérite et les gastralgies :

De cette espèce on fait un goudron qui, comme celui des autres Tamarix, est employé dans le traitement de la gale du chameau (CAUVET, 1925).

D. - Sous la dénomination Tamarix articulata, TROTTER (1915) a noté que le bois de cette espèce qui sert dans la construction peut, également, être tourné et servir à la fabrication de plats et de selles de dromadaires.

Il a été établi par TRABUT en 1916 (in BOUQUET, 1921) que la galle « tacahout » est causée aux dépens de la fleur du Tamarix non par un lépidoptère (Pamene pharaonana) mais par un acarien : Eriophyes tlaix.

Cette galle abondante au Sahara est très recherchée pour le tannage des cuirs de luxe au Maroc et pour la teinture des cheveux (cf. à Lawsonia inermis, n° 279). Ces propriétés, tinctoriales, tannantes et astringentes, sont aussi rapportées par TROTTER (1915) et DORVAULT et WEITZ (1945).

(*) gingembre : Zingiber officinale Rosc. (famille des Zinziberacées) absente de Tunisie.

263. Tamarix gallica L.

[II/818; p:516]

A. - GAST (1968) indique quelques usages de l'exsudat de cette espèce (cf. à Tamarix aphylla n° 262).

M. - De nombreux usages de cette espèce sont rapportés par BOUQUET (1921) (cf. à Tamarix aphylla n° 262 et Lawsonia inermis n° 279).

L'écorce astringente et faiblement amère était autrefois considé­rée comme apéritive et diurétique alors que le jus de la plante serait, selon DORVAULT et WEITZ (1945), employé comme hémostatique en Afrique du Nord.

La décoction des tiges, feuilles ou rameaux de cette espèce ainsi que ceux de Tamarix getula Batt. (*) aurait des utilisations en méde­cine populaire (BOUQUET, in DORVAULT et WEITZ).

[158]

Expérimentée en Algérie {SERGENT et al., 1927) la décoction de ce tamaris s'est révélée totalement inefficace contre la babeliose expérimentale et naturelle, l'anapasmose et la theileriose et ce, contrairement aux croyances de certains vétérinaires.

(*) Tamarix getula Batt. = Tamarix speciosa Batt. espèce non retenue dans la Flore de la Tunisie.

264. Tamarix africana Poir.

[II/820; p:517]

M. - Quoique l'on ait longtemps pensé que la portion employée était le fruit. on utilise de fait la galle (ar. = thamar el athl) (DU­CROS, 1930). On en prépare :

- des décoctions et des infusions pour combattre les hémorroïdes, juguler la dysenterie et les écoulements,

- des col1yres astringents,

- des dentifrices pour resserrer les gencives,

- des cataplasmes.

D. - Toujours selon DUCROS, cette galle s'emploie également dans la teinture à la place de la « noix de galle ».

265. Cistus villosus L.

[II/824; p:520] CISTACÉES

Des modifications nomenclaturales font que ce taxon correspond actuellement (Flora europaea) à la combinaison : C. incanus L.

Nous traitons égaiement ici de C. polymorphus Willk. synonymie reconnue.

A. - Avec les feuilles de Cistus crispus et de Cistus polymorphus, confondues sous les noms vernaculaires arabes, on prépare une décoction très sucrée comme le thé (BURNET, 1939).

M. - Pour la Libye, KOTOB HUSSEIN (1979) indique l'emploi de Cistus incanus comme diurétique.

266. Cistus crispus L.

[II/325; p:520]

A. - Selon BURNET (1939) (cf. à Cistus villosus n° 265) ce ciste sert à préparer une décoction sembla-ble au thé.

[159]

267. Cistus salviifolius L.

[II/827; p:521]

Ce taxon est plus simplement orthographié C. salvifolius L. dans Flora europaea.

M. - La réputation de la ·racine de l'espèce dans les soins des hémorragies de la bronchite a été réfuté par RAYNAUD (in GAT­TEFOSSÉ, 1921) qui fait ohserver que ces propriétés seraient plutôt le fait de Cytinus hypocistis L. (*} parasite de la racine deE cistes.

D. - Les feuilles séchées et mises en poudre sont employées (TROTTER, 1915) infusées dans l'eau pour le tannage des peaux et la teinture des étoffes.

Au Maroc (RENAUD et COLIN, 1934), le nom arabe « ladan » recouvre de fait la résine qui exsude de plusieurs espèces de cistes :

- Cistus ladaniferus L. (**)

- Cistus creticus L. (**)

- Cistus salviifolius L.

Cette résine se récoltait en faisant passer les chèvres dans les fourrés de cistes, la résine s'attachant à leurs poils.

(*) Cytinus hypocistis (L) L. (famille des Rafflesiacées) non traitée ici

(**) Cistus ladaniferus L. n'est pas signalée dans la Flore de la Tunisie, ainsi que Cistus creticus L. = Cistus villosus var. undulatus Spach. Cross.

268. Helianthemum kahiricum Del.

[II/837; p. 529] CISTACÉES

T. - Les chameliers accusent cette espèce (ar. = lerga, r'guig, hamira, lessless) et le « kezdir » (cf. Anthyllis sericea ssp. henoniana n° 201) de provoquer la maladie dite « krafft » (DURAND, 1958).

269. Helianthemum lippii var. sessiliflorum (Desf.) Murb.

[II/840; p:53l]

La sous-espèce est désormais érigée au rang d'espèce (Flora euro­paea) sous la combinaison : H. sessiliflorum (Desf.) Pers.

[160]

La toxicité de cette plante pour le chameau est loin d'être clairement établie.

A. - A propos de cette espèce, signalons dans la famille des Ter­feziacées, l'existence d'une « truffe » blanche nommée « terfas » en arabe et dont le nom scientifique est Terfezia ovalispora Pat. Cette truffe est abondante dans les steppes sableuses du Sud tunisien où elle croît le plus souvent à proximité de Helianthemurn lippii. Les bergers la consomment bouillie puis pelée. Les mêmes propos sont tenus par GAST (1968) qui note que Terfezia ovalispora pousse dans l'Atakôr au pied d' Helianthemum lippii (tam. = tahaouet) ou d' Helianthe­mum ellipticum Desf. (*) (tam. = arroug ; ar. = erguig) et que cet­te truffe est consommée cuite sous la braise ou bouillie ou frite comme légume. Elle pourrait, rapporte-t-on, se conserver deux ans.

T. - La plante est réputée toxique pour le chameau. Ainsi, CAUVET (1925) rapporte les propos de BEJOT, selon lesquels cette plante (« semhari », « reguig », « regga ») et Helianthemum tunetanum (**) sont accusées de provoquer dans l'Est algérien une maladie du chameau, le « ghaf », (qui serait du rhumatisme et de la paraly­sie) due à l'absorption de ces cistacées à l'état sec. Les chamellles se­raient les plus sensibles à cette maladie (cf. à Genista saharae n° 189).

DURAND (1958) note qu'il y a confusion fréquente entre cette espèce (ar. : r'guig, samari, bouchlema, semhasi ; tam. = ahes, tahaouat, tahressouar) et Helianthemum kahiricum, ce qui confirme selon lui que le « ghaf » e1 le « krafft » sont une seule et même ma­ladie et qu'il n'est pas possible, de ce fait, de mettre en évidence les phénomènes pathologiques spécifiques à ces espèces et à Anthyllis sericea.

(*) Helianthemum ellipticum (Desf.) Pers. présente en Tunisie mais non trai­tée ici. (**) Helianlhemum tunetanum Coss. et Kral. signalée dans la Flore de la Tu­nisie (POTTIER-ALAPETITE, 1979) par son synonyme Helianthemum crassifolium (Poir.) Pers.

270. Helianthemum confertum var. brachypodium ( Chevallier) Maire

[II/841; p:531]

M. - Nous avons relevé dans l'Ouara (Tunisie) qu'en mélange avec Retama raetam, l'espèce sert à lutter contre l'infection des plaies.

[161]

271. Helianthemum crassifolium (Poir.) Pers.

[II/850; p:534]

La littérature fait état d'un synonyme : H. tunetanum Coss. et Kral.

T. - CAUVET (1925) rapporte Helianthemum tunetanum com­me toxique pour le chameau (cf. à Helianthemum lippii var. sessili­florum n° 269).

272. Viola odorata L.

[Il/858; p:540] VIOLACÉES

M.D. - La violette sert à fabriquer des tisanes émollientes (GATTEFOSSÉ, 1921).

L'essence, des feuilles et des fleurs de la violette odorante, est utilisée en parfumerie notent PARIS et MOYSE (1967) qui soulignent également l'emploi des fleurs, en infusé, comme émollient et béchique et signalent qu'à haute dose les ra­cines sont expectorantes et émétiques.

Cet intérêt en parfumerie ainsi que ces propriétés pectorales sont aussi rappelés par LEMORDANT et al. (1977).

273. Viola tricolor ssp. arvensis (Murr.) Gaud.

[II/861; p:541]

Il faut probablement assimiler ce taxon à V. arvensis Murray com­binaison retenue dans Flora europaea.

M. - Viola tricolor var. arvensis Murr. ou « pensée sauvage » est employée comme dépuratif, diurétique et laxatif léger (PARIS et MOYSE, 1967).

274. Opuntia ficus-indica (L.) Mill.

[II/sans n°; p. 543] CACTACÉES

Ce taxon est présenté

- soit comme espèce,

- soit comme variété de Opuntia vulgaris Miller que nous avons considérée absente de Tunisie puisque n'ayant pas été citée par POT­TIER-ALAPETITE (1979).

Il existe deux formes, l'une épineuse, l'autre non épineuse et dite « cactus inerme ».

[162]

De cette espèce probablement introduite en Afrique du Nord par les « Andalous » on tire nourriture et remède.

A.T. - La figue de Barbarie (*) a, signale GOBERT (1940), des propriétés nutritives très prononcées. Cependant, si l'on base en­tièrement l'alimentation sur ce fruit, la famille prend soin le matin, de consommer une bouillie de « tchich » qui est dite « lit de la figue » (ferch el hindi). Sans cette précaution le fruit, consommé toujours avec ses pépins, provoque une très sévère constipation pouvant aller jusqu'à l' obstruction et la mort.

M. - Les raquettes dépourvues de leurs épines servent à faire des cataplasmes, les fleurs sont utilisées contre les diarrhées (ainsi d'ailleurs que les fruits) usages très fréquemment rapporté (GATTE­FOSSÉ, 1921).

DORVAULT et WEITZ (1945) rapportent que, déterminant la constipation, la figue est un remède populaire contre la diarrhée et la dysenterie.

Dans les cas de teigne la « figue de Barbarie » est, éventuellement, utilisée comme détergent des lésions (PASSAGER et BARBANÇON, 1956).

LOUIS (1963) a relevé que la raquette, du « cactus inerme », fendue en deux dans le sens de son épaisseur puis mise à chauffer contre les parois du four à pain, est appliquée, très chaude, en cata­plasme pour guérir les maux de ventre.

L'inefficacité des raquettes, broyées et expérimentées, comme larvicide a été démontrée par SERGENT et SERGENT (1928).

S'ils notent aussi que les fleurs sont employées pour leurs vertus antidiarrhéi­ques, PARIS et MOYSE (1967) rapportent de plus que l'on reconnaît à l'espèce des propriétés antispasmodiques et que le fruit renferme de la pectine.

D. - La plante peut éventuellement servir à préparer une bois­son alcoolisée (TROTTER, 1915).

Pour que le beurre se conserve longtemps les bédouins ont coutume (RENON s.d.) de le mélanger à une sorte de confiture (« d'hi­na mrobba »), faites avec des dattes (**) ou des figues de Barbarie.

(*) Il s'agit du nom français du fruit de Opuntia ficus indica (L.) Miller. (**) Phœnix dactylifera L. (fam. des Palmiers).

[163]

275. Thymelea microphylla Coss. et Dur.

[III/867 ; p : 546] erreur tome II THYMELEACÉES

M. - On fait mûrir les furoncles par application de cataplasmes préparés à partir de feuilles de Thymelea microphylla (ar. = metnen) écrasées, mélangées à du lait de chèvre ou de vache et chauffées (REYNIER, 1954).

T. - D'après RODIN et al., (1970) cette plante n'est pas broutée par le bétail pour les mêmes raisons que celles invoquées pour Thymelea hirsuta (n° 276).

D. - Pour le chauffage des fours (BARDIN, 1944), on utilise éventuellement cette espèce (cf. à Artemisia campestris n° 430) qui est aussi employée pour la fabrication improvisée des cordes et de lacets.

276. Thymelea hirsuta (L.) Endl.

[II/868; p:546]

M. - Connue sous la dénomination « ef ftitisa » cette « passerine » est utilisée dans la région de Rabat comme purgatif (RENAUD et COLIN, 1934).

LOUIS (1979) signale que dans le Sud tunisien, elle entre dans la préparation d'emplâtre (cf. à Polygonum equisetiforme n° 093). C'est probablement ce même emploi que nous avons relevé dans la région de l'Ouara (frontière tuniso libyenne) où on utilise cette espèce (ar. = metnen) sous forme de compresse pour faire désenfler les abcès.

Nous avons relevé une indication de médecine vétérinaire dans le Sud tunisien (région des Ababsas) où les cendres de cette espèce, ap­pliquées sur le nez des brebis constitueraient un bon remède contre les écoulements de nez et les rhumes.

T. - Cette espèce (ar = metnen) est souvent physionomiquement dominante du fait de son faible intérêt pastoral (elle contient des glucosides et des alcaloïdes toxiques la faisant rejeter par le bétail) (RODIN et al., 1970).

D. - On connaît également quelques autres usages :

- le bois est récolté pour le chauffage des fours (cf. à Artemisia campestris n° 430) (BARDIN, 1944).

[164]

- Les fibres sont utilisées pour le tressage de cordes (TROTTER, 1915 ; BOYKO, 1954) et de nattes (TROTTER).

- Les tiges et rameaux sont utilisés pour la confection de balais (CHOUMOVITZ et SERRES, 1954).

277. Daphne gnidium L.

[III/ 869; p: 546] erreur tome II THYMELEACÉES

Quoique dans la Flore de la Tunisie, D. gnidium var. sericea Fau­re et Maire soit 1e seul taxon signalé, nous avons rapporté ici l'ensem­ble des indications concernant D. gnidium L. (combinaison retenue dans Flora europaea) puisque dans les autres Flores relatives à l'Afri­que du Nord (BATTANDIER et TRABUT, 1902; OZENDA, 1977; NEGRE, 1961; QUEZEL et SANTA, 1963) il n'est pas retenu de sub­division de cette espèce.

Les usages les plus courants concernent la teinturerie et quelques applicattons en thérapeutique traditionnelle.

M.T. - La violente toxicité des fruits est signalée par GATTE­FOSSÉ (1921) qui ajoute, que la poudre de l'écorce, très vesicante, est utilisée comme abortif et que la propriété révulsive des feuilles est considérée favorable au cuir chevelu.

Les emplois en pharmacopée sont, essentiellement, rapportés par PARIS et MOYSE (1967) selon lesquels :

- l'écorce et les fruits ont des propriétés vésicantes, - l'écorce fraîche ou trempée dans le vinaigre était utilisée comme révulsif et antirhumatismal, - l'écorce et les fruits sont utilisés comme purgatif, - cette espèce est encore employée à la campagne, comme raticide et en médecine vétérinaire, mais son emploi délicat en médecine humaine fait que cette drogue est aujourd'hui quasiment inusitée.

En Tunisie aussi, LEMORDANT et al. (1977) rappellent les propriétés révulsives, vesicantes et toxiques de l'espèce (ar. jaouz er rai­an ; fr. = garou, sainbois).

D. - Les propriétés tinctoriales du « garou » sont réputées et les feuilles sont employées pour teindre les cheveux.

[165]

Au Maroc, RENAUD et COLIN (1934) ont signalé que cette plante, « el Jzaz », était apportée au marché par les femmes de la campagne et employée pour teindre, la laine et la soie, en jaune ou en brun noir (avec addition de sulfate de fer). Cet emploi est encore réel (BELGHAZI, comm. verb.) au Maroc où dans la région d'Oulmès, la plante séchée et mélangée à de 1a terre riche en oxyde de fer, puis bouillie avec la laine, teinte celle-ci en noir.

En Tunisie, GOBERT (1940) note pour la fleur une constitution aromatique voisine de celle du Jasmin du Cap « fel » et signale le fait que les paysans de Kroumirie la porte sous la chéchia comme en vil­le on porte le jasmin.

278. Lythrum salicaria L.

[II/872; p:549] LYTHRACÉES

M. - En usage interne (décocté, poudre ou extrait fluide), cette espèce (fr. salicaire) est employée comme antidiarrhéique recommandé pour les nourrissons et efficace même pour les cas de diarrhées bacillaire en usage externe, c'est un astringent et un cicatrisant prescrit contre les ulcères variqueux (PARIS et MOYSE, 1967).

Les vertus astringentes, antidiarrhéiques et cicatrisantes de la « salicaire  » (ar. rih'ant el ma) sont aussi signalées par LEMORDANT et al. (1977).

279. Lawsonia inermis L.

[II/sans n°); p:552)

Très connue pour ses propriétés tinctoriales l'espèce a, de fait, de très nombreux intérêts thérapeutiques et est surtout considérée comme astringent externe.

M. - TROTTER (1915) souligne que Lawsonia alba Lam., dont il signale la synonymie avec L. inermis L., contient des principes astringents, qu'elle est utilisée en thérapeutique pour soigner les blessures, combattre les pellicules et les engelures mais qu'elle est égale­ment abortive.

En poudre, le « henné » s'emploie en cataplasmes, avec du vinaigre, contre les panaris et les furoncles (BOUQUET, 1921). Le même auteur note que la plante entière s'emploie en fomentations sur les pieds des varioleux dans le but d'empêcher que la maladie ne gagne les pieds.

[166]

GATTEFOSSÉ (1921) rapporte des usages confirmuant ceux de TROTTER et de BOUQUET (loc. cit.).

L'usage des tiges de « henné » pour le traitement des douleurs à l'aide des pointes de feu est rapporté par RAMES (1941) (cf. Retama raetam n° 190).

Les brûlures sont soignées en enduisant la partie atteinte d'un mélange de « henné » et de beurre de chamelle (LARRIBAUD, 1952) ou d'un emplâtre fait de henné, de quartiers d'oignons ou de beurre et de romarin (*) ou encore de savon, de « henné » ou de thé vert (PASSAGER et BARBANÇON, 1956). Une autre recette est donnée par LOUIS (1979) qui note que si la brûlure est bénigne on y met quelques gouttes d'huile, voire de pétrole, mais que si la brûlure est pius profonde on y applique une sorte de pommade faite de « henné » réduit en poudre etc ... d'urine de femme.

En Algérie (DOREAU, 1961) on utilise, en badigeonnage sur le front, une préparation à hase de « henné » pour calmer les maux de tête. Nous avons également (cf. à Capparis spinosa n° 153) rapporté pour la région de Touggourt (Algérie) la composition d'une prépara­tion ayant 1es mêmes effets. Le « henné » entre aussi, rapporte DO­REAU, dans la composition de liniments antirhumatismaux.

T. - CAUVET (1925) a relevé que cette espèce serait, selon VALLON, mortelle pour les chameaux.

R - La plante serait employée dans les cérémonies religieuses ou magiques (DOREAU).

D. - La richesse en tanins et en matière colorante est à l'origine de nombreux emplois de cette plante.

En Libye (TROTTER), on extrait des feuilles désséchées ,des ra­meaux et des racines un colorant qui au contact de l'air devient rouge ou jaune-orangé. Cette teinture est employée par les femmes, (mais aussi les hommes) qui se teignent les ongles, la paume des mains, la plante des pieds, et les vieux qui se colorent parfois la barbe et les cheveux. Selon la mode, la teinture est aussi quelquefois appliquée à la crinière blanche des chevaux et des ânes. On teinte aussi la soie, la laine, les peaux et le bois blanc qui prennent alors une belle couleur

[167]

acajou. L'addition de la teinture de la « noix de galle » (cf. Quercus) transforme en une belle nuance châtain le rouge du henné. Il semble également que les infusions de pondre de « henné » ne colorent que si on y a d'abord ajouté une substance alcaline ou tout autre substance comme l'acide citrique, l'alun, l'acide tartrique etc ...

VIVIANI (in TROTTER) indique qu'au cours des séances de tatouage, c'est l'incorporation de sels ammoniaqués qui fait virer au noir la couleur rouge donnée par le « henné ».

L'emploi du « henné » pour la teinture est rapportée en détail par BOUQUET (1921) qui note que le « henné » de Gabès est en Tu­nisie le plus réputé. Les deux procédés de teinture suivants sont appliqués.

= teinture blonde, à l'aide de 400-500 gr de henné pulvérisé :

  • délayer dans le double de son poids d'eau de pluie.
  • faire cuire à feu doux jusqu'à réduction à l'état de crème,
  • empâter toute la chevelure en roulant les cheveux,
  • après 24 h. démèler les cheveux et les sécher au soleil,
  • laver en employant, au lieu de savon, du « ghassoul » ou « tfal » (terre à foulon) qui dégraisse et communique un certain flou vaporeux,
  • si la teinte obtenue n'est pas assez claire, recommencer une ou plusieurs applications à quelques jours d'intervalle.

= teinte noire, à l'aide de 200-300 gr. de henné :

  • griller à part, lentement en humectant légèrement d'huile d'olive, un poids égal de « henné » et de « tacahout » (galle de Tamarix aphylla n° 262),
  • après grillage, piler les galles,
  • mélanger les poudres en y ajoutant environ une cuillerée à café de sulfate de cuivre pulvérisé et une cuillerée à soupe de sesquioxyde de fer,
  • verser dans récipient de terre et délayer avec 1 litre d'eau de pluie,
  • faire bouillir à feu doux 1 h. durant en remuant,
  • appliquer comme pour la teinture blonde mais en laissant agir durant 48 h. sur les cheveux.

BOUQUET ajoute, lors de la description de ces recettes, que dans le Sud tunisien où 'le « tacahout » est inconnu on emploie pour les mêmes usages les galles de Tamarix gallica et de Limoniastrum guyo­nianum.

L'emploi de feuilles pour la teinture des laines a été aussi abondamment rapporté par COUSTILLAC (1958) dont nous reproduisons ici les recettes de trois teintes :

[168]

- nuance beige (teinture à base de henné et d'aloès (**) employée dans la région de Zarzis, Tunisie).

  • poids de laine à teindre = 3 kgs
  • produits :
    • aloès jeunes feuilles sèches) 0,5 kg
    • tan 2 kgs
    • henné 1 kg
  • opération:
    • faire cuire l'aloès, le tan et le henné dans 30 litres d'eau environ jusqu'à ce que tout soit parfaitement cuit.
    • y plonger la laine et laisser cuire 2 à 3 h.
    • retirer, laisser sécher, rincer.

- nuance grise (teinture préalable puis mordançage)

  • produits pour la teinture :
    • eau ordinaire 40 litres
    • henné 300 grs
  • produits pour le mordançage :
    • eau ordinaire 40 litres
    • tartre 40 grs
    • sulfate de fer 20 grs
  • opération :
    • faire d'abord pour la teinture une infusion de henné en le faisant bouillir 1/2 heure, teindre la laine durant 1 h. 1/2 dans ce bouillon: pour le mordançage monter un bain spécial avec sulfate de fer et tartre, y introduire la laine à froid, monter à ébullition en 1/2 h. et tenir à cette température 1 h. environ.

- nuance orangée (région d'Oudref)

  • opération :
    • préparer un bain contenant de l'eau, du henné et des feuilles de pommiers, monter à ébullition, introduire la laine et maintenir à température jusqu'à estimation d'une cuisson satisfaisante.
    • laisser refroidir la laine dans le bain.
    • retirer la laine, la recouvrir de sable rouge « remla » et laisser ainsi une nuit.

- si la tonalité n'est pas satisfaisante recommencer l'opération.

Cette teinture est réputée solide au lavage et à la lumière. COUS­TILLAC signa1e aussi que le « henné » est employé dans d'autres tein­tures.

[169]

- à Djerba et Oudref pour la teinture avec l'indigo, - à Zarzis pour la teinture avec l'indigo, la centaurée (**) et l'arunoise champêtre (**).

DOREAU a également consigné que les femmes se colorent la che­velure, les mains et les pieds au « henné >>. Cet usage pour teindre les paumes des mains, les ongles et les talons et pour effectuer parfois des tatouages à l'aide d'une macération de henné, surtout à l'occasion des fêtes, est aussi rapporté par BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ (1921).

Les fleurs enfilées en chaine servent d'ornement ; elles entrent également dans la composition d'une huile et d'une pommade de toi­lette (TROTTER).

La fleur de henné distillée procure une essence parfumée qui, aux dires de GOBERT (1940), fait les délices des orientaux. Cette odeur serait semblable à celle exhalée par l'Olivier de Bohème (***) (ar. zansfour).

BOUQUET (1921), indique que l'odeur suave des fleurs de hen­né rappe1le celle de la « rose thé » (****) et que l'on s'en sert pom préserver le linge contre les mites et autres insectes. Ces mêmes fleurs sont parfois (GATTEFOSSÉ, 1921) ajoutées au thé.

Nous avons noté, dans la région de Touggourt, l'usage de coucher les bébés dans un lit de feuilles de « henné » pour leur éviter les mé­faits des trop grosses chaleurs.

Pour PARIS et MOYSE (1967), cette plante est très employée comme cosmé­tique et teinture, dans la préservation des maladies de peau qu'elle tonifie, comme astringent, antiulcéreux, antidiarrhéique, emménagogue et anthelmintique. Ils notent également qu'en dehors des pays d'origine elle sert surtout en cosmétologie pour les teintures des cheveux.

(*) romarin : Rosmarinus officinalis L. (fam. des LABIÉES).

(**)(- aloes : Aloe vera L. (fam. des LILIACÉES). - centaurée : Centaurea acaulis Desf. (fam. des COMPOSÉES). - armoise champêtre : Artemisia campestris L. (fam. des COMPOSÉES)

(***) olivier de Bohême : Eleagnus angustifolia L. (fam. des ELEAGNÉES) espèce plantée en Tunisie et non traitée ici.

(****) rose thé : Rosa odorata (fam. des ROSACÉES) absente de Tunisie.

[170]

280. Punica granatum L.

[II/sans n°; p:552] PUNICACÉES

Douée de propriétés anthelmintiques, au niveau de l'écorce de la racine, cette espèce a également des propriétéa tannantes.

A. - Le fruit est consommé et était autrefoia pressé pour obtenir la grenadine.

M. - Les feuilles sont employées comme hémostatique alors que l'écorce, du tronc et de la racine, à des propriétés vermifuges (TROT­TER, 1915). De nombreux autres emplois au Maghreb sont, en plus, signalés par BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ (1921) :

- les feuilles et les écorces du fruit aont utilisées contre les hé­moptysies,

- les fleurs, macérées dans du lait de chamelle, guériraient des dartres du visage ; mais il faut que les fleurs soient tombées rou­ges d'un arbre ne portant pas de fruit,

- la poudre de fleurs et d'écorce s'emploie comme dentifrice pour fortifier les dents et guérir les saignements des gencives,

- cette même poudre additionnée de charbon de bois et de « noix de galle » (cf. Quercus) sert pour sécher et cicatriser les plaies purulentes,

- les feuilles et l'écoroe du fruit sont fortement astringentes etantidiarrhéiques.

Les fleurs sèches de Punica granatum sylvestris L. (*) (ar. = gol­nar) seraient, en thérapeutique traditionnelle, en Egypte (DUCROS, 1930), employées à l'intérieur en infusion ou décoction comme astrin­gent et à l'extérieur en application comme collutoires.

De fait, selon MOLAINE (1962) ce sont les alcaloïdes qu'elle contient qui confère à l'écorce de la racine ses propriétés d' anthelmintiques signalées depuis l'antiquité, époque à laquelle l'écorce du fruit était déjà utilisée pour les soins en cas de diarrhées et d'hémorragie.

D. - Selon MOLAINE l'écorce du fruit est utilisée depuis l'an­tiquité pour le tannage des peaux. Elle est encore employée en tein­turerie (TROTTER, 1915 ; POINSOT et REVAULT, 1937 ; COUS­TILLAC, 1958), et cette teinture sert éventuellement au marquage des animaux (RENON s.d.).

[171]

(*) Punica granatum sylvestris L. serait de fait le grenadier sauvage, mais nous n'avons pas trouvé trace de cette combinaison.

281. Myrtus communis L.

[II/876; p:553] MYRTACÉES

Cette espèce est considérée comme atringente.

M. - Les fleurs sont, selon TROTTER (1915), employées, en poudre, mélangées à quelques autres herbes aromatiques telles que l' « origan » (*), pour préparer des lotions capillaires.

Pour le Maghreb, de nombreux emplois sont notés par BOUQUET (1921) et GATTEFOSSÉ (1921) :

- la décoction de fleurs s'emploie contre les troubles de la cir­culation sanguine,

- l'infusion de la plante entière est antidiarrhéique,

- la macération, dans l'eau sucrée ou miellée, des baies est utilisée contre la variole,

- l'écorce des racines est un médicament astringent,

- la fumigation de feuilles est réputée contre les douleurs.

En plus de l'usage en tisane, signalé par BURNET (1939) (cf. à Artemisia arborescens n° 428) quelques indications médicinales de cette espèce sont rapportées dans la littérature.

Considérées astringentes, les feuilles sont, de plus, signalées par DUCROS (1930) et KOTOB HUSSEIN (1979) comme intervenant dans les soins contre les hémorroïdes et les maladies de la peau. DU­CROS ajoute que les fruits du myrte également astringents et aroma­tiques produisent une huile employée comme stimulante et raffermis­sante.

Les feuilles ont, en pharmacie, quelques emplois dûs à leur te­neur élevée en tanin (PARIS et DILLEMAN, 1960). La teinture et l'extrait liquide sont utilisés dans les soins contre les leucorrhées, les affections pulmonaires, les hémorroïdes, rapportent PARIS et MOYSE (1967), puis LEMORDANT et al. (1977) (ar. = rihan; fr. = myrte).

D. - L'essence est aussi utilisée en parfumerie (PARIS et MOYSE).

  • origan = Origanum majorana L. (fam. des LABIÉES).

[172]

282. Cynomorium coccineum L.

[II/885 ; p 558] CYNOMO­RIACÉES

L'espèce est consommée durant les périodes de disette. De plus, il lui est reconnu quelques vertus d'où son emploi en pharmacopée traditionnelle.

A. - La poudre de cette plante sert de condiment pour la vian­de (TROTTER, 1915).

En cas de disette, les nomades consomment cette espèce, sèche broyée sous forme de farine (GALAN, 1951) (cf. à Cistanche pheli­paea n° 391). La même information est rapportée par CHOUMOVITZ et SERRES (1954) qui précisent que cette espèce « tartout », parasite des Salsolacées (*), et tout particulièrement de Anabasis articulata, est, après séchage et broyage, consommée sous forme de galette, de valeur nutritive probablement faible. Pour le même emploi en Ahag­gar, GAST (1968) rapporte de nombreuses indications à propos de cette espèce {tam. = aoukal ; ar. : tartout) qu'il signale comme crois­sant sur les racines des Chénopodiacées en particulier Atriplex hali­mus (tam. = aramas) et Salsola fœtida (tam. : issim). Ainsi, il note que la racine, débarrassée de sa peau, est mélangée aux farines de céréales pour la confection de bouillies agrémentées de lait.

M. - Une préparation en galette, où entre en mélange cette es­pèce désséchée (mise en poudre) et du beurre, est utilisée contre les engorgements biliaires (TROTTER).

GAST souligne aussi qu'elle se récolte en hiver et qu'elle est con­sidérée comme un bon remède contre la diarrhée. Concernant encore les emplois en thérapeutique, KEITH {1965) indique que cette espè­ce, qui ne doit pas être employée trop longtemps a des pouvoirs as­tringents utiles dans les cas de diarrhées et de dysenteries. A Malte, elle était appelée « Malta fungus » et son emploi était réservé aux seuls Chevaliers de l'Ordre.

KOTOB HUSSEIN (1979) signale Cynomorium sp. (**) comme antiseptique urinaire.

R.D. - Réputée avoir été utilisée pour les superstitions et des usages immoraux, elle produit aussi une couleur rouge employée en

[173]

teinturerie (KEITH) et est recherchée pour le tannage des peaux (TROTTER ; GATTEFOSSÉ, 1921).


(*) Les Anabasis sont situés dans « la Flore de la Tunisie », dans la famille des CHENOPODIACÉES.

(**) Cynomorium coccineum L. étant la seule espèce de ce genre citée en Libye nous pensons pouvoir y rapporter le propos de KOTOB HUSSEIN.

283. Hedera helix L.

[II/886; p:559] ARALIACÉES

M.T. - LEMORDANT et al. (1977) ont également rapporté que le « lierre » (« qessous », « chaabata », « mahboula ») est considéré emménagogue, antispasmodique mais aussi toxique.

En pharmacie on utilise (PARIS et MOYSE, 1967) :

- le bois des vieux troncs sous forme de copeaux, pour ses propriétés antispasmodiques vérifiées,

- les feuilles en infusé comme emménagogue, en usage externe comme to­pique contre les ulcères, comme analgésique dans les névrites, en pommade et sous forme d'extrait contre les cellulites.

- les fruits employés comme purgatifs sont cependant émétocathartiques et susceptibles de provoquer des accidents chez les enfants qui les consom­ment.

284. Anthriscus cerefolium Hoffm.

[II/sans n° ; p:569] OM­BELLIFÈRES

A. - Les graines sont utilisées comme condiment au même titre que celles du coriandre (Coriandrum sativum n° 287) signale GATTE­FOSSÉ (1921).

285. Anthriscus silvestris Hoffm.

[II/898; p:569]

La combinaison correcte correspond dans Flora europaea à A. sylvestris (L.) Hoffm .

La Flore de la Tunisie retient comme seul taxon tunisien la var. mollis (Boiss. et Reut.) Maire; l'espèce n'étant pas subdivisée pour les autres pays du Maghreb nous avons rassemblé ici les indications se rapportant à A. sylvestris (L.) Hoffm.

T.M. - Même si le principe actif n'en a pas été défini, ni isolé, PARIS et MOYSE (1967) classent cette espèce (fr. : cerfeuil des bois) dans les Ombellifères toxiques. Les racines sont cependant réputées avoir des propriétés ocytociques.

[174]

La toxicité du « cerfeuil des bois » est aussi signalée par LEMOR­DANT et al. (1977).

286. Tinguarra sicula (L.) Parl.

[II/901 ; p:572] OMBELLIFÈRES

L'orthographe conforme de cette combinaison semble devoir être : T. sicula (L.) Bentham et Hooker fil.

Nous rapportons ici les usages de Athamanta sicula L. retenu com­me synonyme et qui est la combinaison adoptée dans Flora europaea.

M. - Les onctions d'une pommade à base de cette espèce et de Ajuga iva passent pour guérir la lèpre (GATTEFOSSÉ, 1921).

A noter que TRABUT (in GATTEFOSSÉ, 1921) a signalé que le << tafifrâne » (nom berbère de la plante) récolté en Tunisie par IBN EL BEITHAR serait de fait Magydaris panacina D.C. connu dans la Flore de la Tunisie sous le binôme Magydaris panacifolia (Vahl.) Lange (n° 291).

287. Coriandrum sativum L.

[II/909; p. 576] OMBELLIFÈRES

A. - Comme condiment on utilise les fruits, nommés « tabel » (BURNET, 1939) ou les feuilles (TROTTER, 1915).

M. - Les graines servent à la fabrication d'un sirop utilisé en Libye (TROTTER) pour soigner les affections de poitrine.

De nombreux usages médicinaux ont été signalés au Maghreb (BOUQUET, 1921) :

- pilée avec de la farine de pois chiche puis délayée dans de l'huile (où ont macéré au soleil et durant plusieurs semaines des pé­tales de rose) la plante s'emploie en cataplasmes contre les tumeurs et les engorgements ganglionnaires,

- la plante fraîche est donnée aux gens mordus par des animaux enragés,

- les grainee mêlées au miel som employées contre la toux,

- les graines sèches passent pour être anaphrodisiaques.

[175]

Les grainea ont encore (GATTEFOSSÉ, 1921) la réputation d'être résolutives, diurétiques et anthelmintiques.

Les graines interviennent en mélange avec d'autres espèces (cf. à Nigella sativa n° 135) pour combattre les céphalées (PASSAGER et DOREY, 1958). Les mêmes auteurs signalent également l'emploi de préparations, où intervient 1e « kesbor », contre les gastralgies, l'aéro­phagie et les étouffements .

DUCROS (1930), PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977) soulignent les vertus stomachiques et carminatives du fruit.

R. - BURNET décrit le rite suivant pour la région de Moknine « Quand un homme a une maîtresse, sa femme achète au souk du « tabel » et en fait répandre dans le couloir et l'escalier de la mai­son de sa rivale. L'amant et la maîtresse en marchant écrasent les graines et les disputes, aussi nombreuses que les fruits écrasés, s'é­lèvent entre eux et provoquent la rupture ».

D. - Les graines (« tabel ») ajoutées à du sel et du poivre cons­tituent un procédé de conservation de la viande desséchée que les ca­ravaniers emportent pour leurs voyages (TROTTER).

La même recette de conservation de la viande a été également décrite en Algérie (DORVAULT et WEITZ, 1945).

288. Smyrnium olusatrum L.

[II/911; p. 578] OMBELLIFÈRES

R. - ASCHERSON (in TROTTER, 1915) note que certaines couches de la population accorde crédit à la croyance pafois com­mode du « bébé endormi » dana le sein de sa mère durant quelques années (ou pour toujours) et souligne l'emploi du macérat de Smyr­nium olusatrum pour réveiller le fœtus assoupi.

289. Conium maculatum L.

[II/913; p. 579] OMBELLIFÈRES

T.M. - La mort de SOCRATE, suite à l'ingestion de ce poison, a été dé­crite par PLATON. Cette toxicité très marquée pour l'homme n'est pas égale pour toutes les espèces animales. C'est le fruit qui, surtout avant maturité complète, est très toxique indiquent PARIS et MOYSE (1967) qui déclarent également que la toxicité de l'espèce (fr. = grande ciguë) s'atténue à la dessication. Ces mêmes au-

[176]

teurs soulignent que même si les actions n'en sont pas très régulières, on a utilisé en thérapeutique les propriétés analgésiques de cette « ciguë ».

La toxicité de cette plante est aussi signalée par POTTIER-ALA­PETITE (1979).

290. Cuminum cyminum L.

[II/925; p. 587] OMBELLIFÈRES

A. - BURNET (1939) note l'emploi des grnines comme condi­ment ; cet usage étant très souvent cité (TROTTER, 1915) etc...

M. - Mâchées, les graines sont considérées efficaces contre les embarras gastriques (TROTTER). Cet usage est précisé par BOUQUET (1921) qui note que l'on doit à cet effet absorber matin et soir une pincée de graines écrasées dans de l'eau de fleur d'oranger. Le même auteur ajoute, par ailleurs, que l'eau distillée de « cumin » passe pour spécifique de tous les maux intestinaux. C'est aussi selon GAT­TEFOSSÉ (1921) un digestif léger, un diurétique et un vermifuge.

DUCROS (1930) signale que ce fruit est utilisé pour ses vertus de carminatif et d'emménagogue.

Pour les soins post-partum on utilise, note PIANA (1939), un mé­lange où interviennent des graines de cette espèce (cf. à Artemisia herba-alba n° 431).

Ces graines interviennent également, fréquemment en mélange (cf. à Nigella sativa n° 135) pour combattre la constipation (MAIRE et SAVELLI, 1955), les céphalées et donner de la vigueur (PASSAGER et DOREY, 1958).

Les fruits sont employés comme stimulants aromatiques, carmi­natifs et emménagogues (PARIS et MOYSE, 1967 ; LEMORDANT et al. 1977).

R. - Le mélange, composé de miel, de cumin et de poivre, con­sommé deux fois par jour serait, notent DORVAULT et WEITZ, un aphrodisiaque.

291. Magydaris panacifolia (Vahl.) Lange

[II/916; p. 582] OMBELLIFÈRES

M. - Malgré la confusion signalée par TRABUT (in GATTE­FOSSÉ, 1921) entre cette espèce et Tinguarra sicula (n° 286) nous

[177]

n'avons pas confirmation qu'il puisse y avoir substitution au niveau des usages.

292. Apium graveolens L.

[II/926; p. 588] OMBELLIFÈRES

De fait, la var. palustre Hayne est le seul taxon considéré comme présent en Tunisie. Cette subdivision de l'espèce n'ayant pas été abor­dée dans les « Flores » des autres pays d'Afrique du Nord, nous avons rassemblé ici toutes les informations relatives à l'espèce sans savoir si elles s'appliquent très précisément à la variété.

A. - L'espèce est nommée « klafs » en Tunisie et considérée comme un aliment (LEMORDANT et al., 1977).

M. - En Algérie, selon DORVAULT et WEITZ (1945), on a recourt pour dissiper les migraines à des fumigations, à base d' Apium, dirigées sur la tête. Le jus de la tige est par ailleurs employé comme médicament externe sur les yeux en cas d' ophtalmie.

293. Petroselinum crispum (Mill.) Nym.

[II/930; p:590] OM­BELLIFÈRES

Le taxon doit être orthographié actuellement P . crispum (Miller) A.W. Hill d'après Flora europaea.

Certaines variétés horticoles sont cultivées et même subsponta­nées.

A. - La plante entière est utilisée comme condiment.

M. - Elle est réputée avoir des vertus emménagogues et diurétiques (LEMORDANT et al., 1977).

294. Ridolfia segetum (L.) Moris

[II/931; p. 591] OMBEL­LIFÈRES

D. - L'essence du « fenouil des moissons » est réputée aroma­tique (GATTEFOSSÉ et IGOLEN, 1945).

295. Pituranthos chloranthus (Coss. et Dur.) Benth. et Hook.

[II/932; p. 591] OMBELLIFÈRES

Ce taxon a comme synonyme Deverra chlorantha Cosson et Du­rieu.

[178]

A. - A propos de Deverra chlorantha (ar. = gouzziha), LOUIS (1963) indique qu'aux Kerkennah, un lit de cette plante à légère odeur d'anis sert à étendre les figues qui en séchant sont pénétrées de son odeur.

M.T. - Deverra chlorantha Coss. et Dur. ainsi que les espèces voisines contiennent d'après GATTEFOSSÉ (1921) un alcaloïde dan­gereux. Le même auteur note aussi que :

- RAYNAUD a trouvé cette espèce employée en cataplasmes sur la tête dans les soins de céphalées.

- JULIEN considère cette plante à l'origine de dangereux empoisonnements d'animaux.

Il est rapporté (CAUVET, 1925) que dans l'Extrême Sud, le pol­len de Deverra chlorantha et de Deverra scoparia (*) occasionne une grave ophtalmie chez le chameau. Ce pollen contiendrait, de fait, quelques alcaloïdes actifs ayant la même action que l'atropine.

(*) Deverra scoparia Cosson et Durieu = Pituranthos scoparius (Coss. et Dur.) Benth. et Hook.

296. Pituranthos scoparius (Coss. et Dur.) Benth. et Hook.

[II/933; p:592]

Cette combinaison a une synonymie Deverra scoparia Cosson et Durieu.

T.M.A. - Rappelons (CAUVET, 1925) les ophtalmies provo­quées par le pollen de cette espèce (cf. à Pituranthos chloranthus n° 295). Pour le « fenouil sauvage » (tam. = tallait ; ar. = guezzah), GAST (1968) rapporte les nombreux emplois auxquels il donne 1ieu en Ahaggar :

- les jeunes pousses ee consomment crues, 7 jours après les pluies,

- les fleurs, qui sont sucrées, sont aussi appréciées et certains les mettent à tremper dans l'eau pour en extraire le sucre,

- après les avoir écorcées, on consomme le cœur des racines (tam. = enchi-inhan) des vieux pieds.

[179]

- mastiquées, durant les longues marches, les tiges aident à la salivation et atténuent la soif, les feuilles et les tiges dégagent un arôme agréable et c'est pour cette raison que l'on recouvre la viande fraîche d'un lit de tiges vertes de « tattait » et que l'on fait rôtir la partie su­périeure des galettes en y brûlant des tiges sèches.

297. Ammi majus L.

[II/936; p. 594] OMBELLIFÈRES

M. - S'ils donnent la liste des alcaloïdes repérés dans cette es­pèce et qui ont fait l'objet de recherches cliniques ct chimiques, CHO­PRA et al. (1960) indiquent aussi que les fruits sont, en Egypte, uti­lisés sous forme de poudre pour traiter le vitiligo.

Cet usage est également rapporté par PARIS et MOYSE (1967) qui précisent, par ailleurs, que des extraits ont été employés, dans des préparations servant au brunissement accéléré de la peau et semblent avoir été à l'origine de certains ac­cidents. Selon les mêmes auteurs les fruits sont également utilisés comme diurétique.

T. - En Tunisie où elle est dénommée « khaba » Ammi majus présente un caractère photosensibilisant (LEMORDANT et al, 1977).

298. Ammi visnaga (L.) Lamk

[II/937; p. 594]

Cette espèce est surtout utilisée comme source de l.a « khelline », alcaloïde aux propriétés vasodilatatrices démontrées.

A. - GATTEFOSSÉ (1957) la signale au nombre des plantes dont les graines et les pétioles sont susceptibles de fournir une huile de bonne qualité.

M. - DUCROS (1930) note, pour l'Egypte, que la semence est diurétique, emménagogue mais qu'il s'agit surtout d'un lithontripti­que puissant.

A propos de cette plante (ar. : « bechni'ha ») GATTEFOSSÉ (1952) SO'Uligne qu'elle n'appartient pas au droguier du Maghreb et que les seuls usages qu'il en connaisse au Maroc ont trait à l'emploi, rare, des graines pour décongestionner la prostate et des rayons des ombelles comme cure-dents et pour les soins de la bouche (gingivite).

[180]

Sur le plan historique, GATTEFOSSÉ rappelle également que ce sont les multiples usages de Ammi visnaga en Egypte qui sont à l'origine de toutes les ob­servations scientifiques ayant, dès 1879, abouti à la découverte de la khelline par MUSTAPHA IBRAHIM (C.R. Acad. des Sc. 89, 1879, p. 442).

Selon GATTEFOSSÉ, l'immense intérêt de la khelline réside dans son action comme vasodilatateur coronarien et sa toxicité pratiquement nulle. Il indique l'em­ploi actuel dans les angines de poitrine, l'infarctus du myocarde, la lithiase urété­rale, l'asthme bronchique, les coliques néphrétiques et la coqueluche.

CHOPRA et al. (1960), comme pour Ammi majus, indiquent la liste des al­caloïdes contenus dans cette espèce et rapportent les expérimentations cliniques auxquelles ils ont donné lieu.

A la même date, PARIS et DILLEMAN notent qu' Ammi visnaga a été l'ob­jet de recherches, principalement dans le but d'en extraire de la khelline, vasodila­tateur des coronaires.

Selon PARIS et MOYSE (1967), les fruits peuvent être administrés, sous for­me de décocté, de teinture ou d'extrait, contre les coliques néphrétiques, les toux quinteuses, l'asthme, la dyspnée d'effort, l'angine de poitrine. Ils révêlent aussi que, de fait, en dehors des pays d'origine de l'espèce, ces affections sont traitées par administration de la khelline par voie buccale ou intramusculaire.

Les propriétés spasmolytiques et vasodilatatrices coronariennes sont rapportées aussi par LEMORDANT et al. (1977) qui notent le nom vernaculaire de l'espèce « khella » origine du nom de l'alcaloïde.

299. Ammoides verticillata (Desf.) Briq.

[II/938; p:594] OM­BELLIFÈRES.

Les modifications de nomenclature obligent à indiquer ce taxon par la combinaison (Flora europaea) : A. pusilla (Brot.) Breistr. L'espèce est également connue par une synonymie : Ptychotis verticillata Dub.

M. - En Egypte le nom arabe de Ptychotis verticillata Dub., à savoir « hhashishat el baras » signifiant « herbe à la lèpre », est héri­té des propriétés particulières reconnues à la poudre des graines (DU­CROS, 1930). Cette semence est également utilisée dans ce pays, com­me carminative, diurétique et emménagogue.

300. Carum carvi L.

[II/sans n°; p. 595] OMBELLIFÈRES

A.M. - Signalées comme condiment aromatique (TROTTER, 1915 ; GATTEFOSSÉ, 1921 ; BURNET, 1939) les graines sont aussi

[181]

employées pour calmer les douleurs des gastralgies (LARRIBAUD, 1952) ainsi que comme stimulant et carminatif (DUCROS, 1930).

Les hampes florales sont consommées comme l' « asperge » et la plante entière sert également de condiment, ajoute GATTEFOSSÉ (1921) qui note aussi que consommées en grande quantité, les graines ont réputées aphrodisiaques.

301. Bunium incrassatum (Boisa.) Bau.

[II/940; p:597 ] OM- BELLIFÈRES

Il nous paTaît probable qu'il s'agit là du taxon correspondant dans Flora europaea à la dénomination : B. pachypodium P.w. Bali.

Le tubercule sert d'aliment en période de disette.

A.T. - Nos références font toujours état de l'usage des tuber­ cules de cette espèce comme aliment. Ainsi GOBERT (1940) indique qu'ils sont cuits sous la cendre et consommés comme tels, alors que BOUQUET (1938) précise que l'écorce de ce tuberculç, riche en ami­ don, se détache par fragments à la des&ication. Il ajoute encore, pour cette espèce (<< talrhouda », << bel bous », << ak•tsi r », << oustsir », « aakser », << akoutsar »), deux types possibles de cuisson :

- grillée sur charbon de bois. A noter <.oependant que si la cuis­ son est insufisante, la résine âcre de « talrhouda » peut, en cas \ d'ingestion importante, provoquer des désordres gastro-intes­ tinaux, bouillie dans dP. l'eau salée puis accomodée (cette recette toutefois serait moins appréciée).

En année de pléthore, la plante entière et le tubercule sont récol­ tés comme fourrage pour les vaches dont ls accrwssent •les perfor­ mances laitières (BOUQUET). En année de disette, elle sert par con­ tre, dans l'aHmentation humaine, rapporte POTTlER-ALAPETITE (1979).

302. Bunium fontanesii (Pers.) Maire

[11/941; p:5981

Sans connaître les éventuelles modifications nomenclatures ré­ centes, nous avons retenu la synonymie entre B. mauritanicurn Batt. et B. fontanesii (Pers.) Maire c.itée par P01ïlER-ALAPETITE.

[182]

A. - CLASTRIER (1936) signale comme aliment de misère

- Les fruits de Crataegus monogyna (") (« edmen »), de Vicia onobrychoides et de Vicia amphicarpa (« tiffinin >>).

- les racines de Launaea acanthoclada, ((( arramon ») consom­ mées crues, et de Bunium mauritanicum ((( talghoudi »).

(•) Les usages de Crataegus monogyna sont rapportés à la rubrique de son synonyme Crataegus oxyacantha ssp. monogyna (Jacq.) R. et Camus.

RES

303. Crithmum maritimum L.

[II/945; p:599] OMBELLIFÈ-

A. - Les feuilles, confites au vinaigre, servent de condiment, apporte POTTIER-ALAPETITE (1979).

RES

304. a) Oenanthe fistulosa L.

b) Oenanthe globulosa L.

[11/949; p:602] OMBELLIFÈ- [11/950; p:602]

1:.

c) Oenanthe virgata Poir.

[II/951; p:603]

Ce taxon a une dénomination synonyme : 0. anomala Cosson et Durieu.

T. - Les espèces Oenanthe anomala, O. fistulosa et O. globulosa sont toutes trois considérées toxiques rapportent (LEMORDANT et al:, 1977).

RES

305. Foeniculum vulgare Mill.

[11/953; p:603] OMBELLIFÈ­

Certaines synonymies rapportées dans Ia littérature ne sont plus en usage, ainsi en est-il des suivantes : F. cappilaceum Gilib. = F . officinale Ali. = F. vulgare Mill. En effet dans Flora europaea, F. cappilaceum GHib. devient la ssp. vulgare de F. vulgare Miller alors que dans la Flore de la Tunisie, il s'-agit de la ssp. capillaéeum (Gi­ lib.) Holmbœ de cette même espèce.

Les frui,ts aromatiques sont esst>ntiellement employés comme con­ diment mais on leur Te<: nnaît de plus, ainsi qu'à d'autres parties, de !a plante, de nombreuses vertus.

[183]

A. - BURNET (1939), signale ·l'usage condimentaire de ce <<fe­ nouil » et indique les noms vernaculaires suivants :

- arabe : besbes, besbeça, besbes bastani (Maroc), chbets, che­ mar (Gabès), chibitt, dibcha, naffa. - berbère : tamessaout, lemsous, lebisbas, ouamsa. Les graines sont, selon GOBERT (1940), employées pour la con­ fection des pains aux épices ; cet usage est encore très fréquent.

Dans le Sud tunisien, nous avons noté l'emploi occasionnel de cette espèce dans le couscous.

M. - De nombreux auteun ont rapporté des indications concer­ nant les usages thérapeutiques.

S'H ra.pporte l'usage des graines comme condiment, GATTEFOS­ St (1921) ajoute que : - l'infusion est employée dans les soins des maux de gorge et des lumbagos, - la racine passe pour être un excellent galactogène.

Pour faire transpirer un fièvreux, LARRIBAUD (1952) a noté la recette qui consiste à faire prendre au malade : , - soit une pincée de semences de Coriandrum sativum dans un morceau de viande bieu poivré, 1 - soit un peu de Fœniculum vulgure (« besbes ») ou de Nigella . sativa (« sanoudj ») dans un œuf brouillé, - soit encore de lui faire prendre comme breuvage, du thé avec quelques graines d'Anethum theurkauffi (") (« guezza »). Cette usage du cc besbes »est confirmé par PASSAGER et DOREY (1958), qui si­ gna1ent que la tisane ou l'infusion. qui combat la fièvre, sert eussi dans les soim des maux de gorge et les oreillons.

Les fruits aromatiques, stimulants et carminatifs figurent (CHO­ PRA et al., 1960) dans la pharmacopée de tous les p-ays et sont utili­ sés : - pour le traitement des maladies de la poitrine, de la rate et des reins, - p-our masquer la saveur désagréable de quelques drogues,

[184]

dans l·a composi·tion de la « poudre de réglisse composée » et des préparations employées pour calmer les coliques.

LEMORDANT et al. (1977) confirment ces propriétés.

Nous avons aussi relevé, dans le Sud tunisien, l'usaf ; de cette espèce en gaTgarismes, en infusion pour laver les yeux co.1tre le tra­ chome et en cas de fatigue.

(*) Malgré cette référence de LARRIBAUD, nous n'avons trouvé nulle part, dans les Flores ou Index, trace de cette espèce.

RES

306. Anethum graveolens L.

[11/954; p:604]

OMBELLIFÈ-

L' « aneth » est aromatique mais présente également quelques vertus qui la font respecter dans la pharmacopée traditionnelle.

1 A. - BURNET (1939) indique qu'en Tunisie, les graines ont souvent désignées par les mêmes appellations que celles du fenouil <chermar » et « chibitt » ou de l'anis « habbet haloua » et qu'elles bOnt aromatiques. Cet usage est également rapporté en Ahaggarr par GAST (1968). M. - GAST note par ailleurs que cette espèce est un remède réputé contre la blennorragie, la syphilis, les affections cardiaques et la tuberculose.

La mastication des feuilles est, au Sahara (où Ja plante est con­ nue sous la dénomination « ouazouaz »), considérée comme un moyen e lutter contre les angines (LARRIBAUD, 1952).

L'emploi des fruits (ar. = chebt) en tant que stomachique, car­ minatif et diurétique est souligné par PARIS et MOYSE (1967) puis LEMORDANT et al. (1977).

D. - GAST note aussi que les propriétés ·aromatiques des grai­ nes entraînent leur emploi pour parfumer le beurre fondu, certains autres aliments et la coiffure des femmes.

La vertu de clarifier et de parfumer le beurre a été précisée pa'l' GAST et al. (1969) qui indiquent ainsi qu'en Ahaggar le beurre fondu

[185]

(tarn. = oûdi ; ar. : smen) eobtenu de ·la façon suivante : le beur­ re frais est chauffé puis on y lrjoute quand il est liquide l'un des pro­ Juits suivants : une poignée de dattes concassées, de la corne de mou­ flon rôtie et .râpée, des feuilles de Matricaria pubescens (Desf.)

,chultz (lam. : aincssis), de Melilotus indica (L.) AU. (tarn. = ehes··

ses) ("), d'Anethum graveolens L. (tarn. : asear), de Ruta tubercu" lata Forsk. (..) (tarn. : touf ichkan) ou encore des g"r' aines de mil du Niger.

(") Certains assimilent « éhcses » à Trigonella anguina DeL espèce présente en Tunisie mais non traitée Ici. ("") Ruia tuberculata Forsk. = Haplopflyllum tuberculatum (Forsk.) Juss.

307. Ferula communis L.

[II/959; p:607] OMBELLIFI RES

Cette plante est à •la fois toxique ct parée du pouvoir de combattre cs maléfices.

A.T. - Les jeunes feuilles, encore blanches, sont consommées en temps de disette mais seraient à l' origine d' une maladie cutanée particulière, indique GATTEFOSSÉ (1921) qui rapporte également que les fleurs non épanouies se mangent cuites sous la cendre.

M. - La gomme, qui suinte de la férule à la suite de la piqûre d'un cha·rançon, est nommée en arabe « fassok » et utilisée au Ma­ roc, comme épilatoire el pour le traitement des ophtalmies (GATTE­ FOSSÉ, 1921). Cette gomme est aussi signalée par d'autres auteurs sous •le nom de cc résine » ou cc gomme résine ». VELU el GARDAS (1924) ont signalé par ailleurs que celte résine est, aux dires de GAT­ TEFOSSÉ, rl'exsudation pathologique des racines.

Selon SURCOUF (in GATTEFOSSÉ, 1921) les fleurs non épa­ nouies sont a'tthelmintiques.

T. - Synthétisarnt, en 1924, l'information alors disponible 'à son propos, VELU ct GARDAS ind1quaient que : - dès 1923, LAFRANCHI et ALTANA apportaient les preuves de la toxicité de la férule, - comme pour beaucoup d'espèces (•le sorgho par exemple), la toxicité de -la férule n'est révélée que certaines années, dans certaines régions et durant une période relativement brève de

[186]

sa croissance (après accumulation intraorganique de principes actifs),

CORNEVIN dans son «Traité des plamrtes vénéneuses » écrit : cc Après dessication, la férule commune, n'est plus nuisible. cc Au moment où elle sort de terre et pendant les premiers cc temps de sa végétation elle est également inoffensive ; puis « sa tige et ses feuilles deviennent vénéneuses jusqu'au mo· « ment de la floraison ; après cette époque, elle n'est plus à « craindre et les arabes prétendent qu'oalors on peut la man­ cc ger et qu'elle constitue même un bon aliment ».

- eUe occasio1me des empoisonnements mortels chez les hommes et les animaux à la suite d'une action équiv-alente à celle de la peucédamine extra,ite du Peucedanum officinale (•).

- la consommation de la vilmde du mouton empoisonné est sans danger, la cuisson annihilant l'action du principe véné­ neux volatil.

La « féru'le >> est en général dédaignée par les animaux mais il leur amive de }.a brouter à certains stades de végétation. Les efiets de sa toxicité chez l'homme et es animaux sont connus sous le nom de cc fé­ rulisme » (LABBE, 1950). Le même auteur signale qu'on en tire éga­ lement une gomme résine. Il s'agit très probablement de cette rés<ine désignée par VELU el GARDAS sous •le nom vernacula.i.re cc foasouh » et dont les pays musulmans sont gros consommateurs.

R. '-- La gomme résine de Ferula communis nommée cc foasouh » serait en infusion sucrée, un contre poison qui combattTait l'action des philtres d'envoûtements (« boTbor ») révèle REBOUL (1953).

D. - Passant aux usages hors pharmacopée, nous relevons (in BEN ALI et LOUIS, 1946) les emplois d'une espèce lllommée cc kech­ boûra » et qu'ils supposent improprement être du cc thapsia » alors qu'il s'agit très probablement de Ferula communis.

cc on emploie assez souvent les éléments de la tige ou des ti­ << gelles à divers travaux de sparterie ou de vannerie (confec· << tion de cage par exemple). Les barbiers tunisiens s'en ser­ ee vent aussi pour repasser leurs rasoirs : un morceau de tige cc est fendu en deux ; la moëlle qu'elle contient jouera le rÔ·

[187]

« le de cuir à repasser et un peu de sable fin fera office de « pâte à aiguiser. Les anciens auraient utilisé la moëlle de « cette plante comme mêche lente 1 ».

(•) Peucedanum olficinale L. (famille des OMBELLIFERES) non signalé dans la flore tunisienne.

308. Thapsia garganica L.

[II/966; p:612] OMBELLIFÈRES

Padois considérée comme toxique Thapsia garganica trouve ce­ pendant quelques applications dans tla thérapeutique.

A. - Au Maroc l'espèce passe pour favoriser l'engraissement. Il faut pour cela faire bouillir, dans du beurre ou de l'huile, les racines jusqu'à.ce qu'elle deviennent molles après quoi on les pile. La poudre obtenue mêlée à de la fariiJle d'orge ou de pois chiche et à du miel procure une pâte dont on doit consommer, sans boire, la valeur d'une poignée après chaque repas (BOUQUET, 1921).

M.T. - Déjâ en 1850, PRAX signalait que cette espèce (ar. = drias) contient un poison mais que sa racine (ar. = bou nâfa) est U!ti1Üsée, suiv·ant deux ind ications, pour combattre les douleurs :

« on met cette racine dans un feu peu ardent, on la reti.re, on '\ << l'écrase et l'on prend le corps du milieu, qui est dur, pour « frotter les parties malades ; les parties a·insi frictionnées en­ « fient, à moins que la douleur tne soit trop forte. Dans ce cas, « il n'y a qu'une éruption de boutons.

« on coupe 1le « bou nâfa >> en morceaux, on le hache, on le « fait bouilli·r dans une quantité d'eau telle qu'elle puisse être « absorbée presqu'entièrement. Cette racine, ainsi préparée et « mêlée à du son, est employée dans les bains par les femmes « qui éprouvent des douleurs ; avec ce mélange elles fl'iction­ « nent 1les parties malades ».

BOUQUET (1921) ct GATTEFOSSÉ (1921) ont aussi rapporté de nombreux usages médicinaux au Maghreb :

- contre ·les maladies des poumons .il est conseillé de couper en petits morceaux une racine de celle espèce, de. les faire bouillir dans l'huile jusqu'à ramollissement. Dans l 'huile obtenue on fait cuire des

[188]

œufs frais et on en consomme un tous les matins à jeun. L'huile re­ froidie sert à frictionner le thorax du malade,

- d·a plante est <aussi révulsive solon deux préparations possibles : placer une racine jusqu'à ramollissement dans la cendre chaude. Enlever l'écorce et avec la partie décortiquée frot­ ter <la partie malade, placer les racines, découpées en morceaux, dans 'llil vase fermé et faire bouillir 12 h. durant à feu doux. Ajouter du beurre et maintenir ainsi 12 h. à feu très faible. Le beurre d canté et solidifié est employé comme pommade révulsive.

- la gomme résine, aJbondante s-urtout dans l'écorce de la racine, est un révulsif très actif,

- la plante est réputée immuniser préventivement, un an du­ rant, contre la rage.

- la plante entière sert en cataplasmes contre les fluxions et les abcès.

CAUVET (1925) a noté que, quoique toxique, la plante est uti­ lisée pour la fabrication de vesicatoires é ner giques. Pour les soins des contusions, CLASTRIER (1936) a signalé l'em p·loi qui peut être fait des racines de cette espèce (ar. = derias) (cf. à Ballota hirsuta n• 358). Elle est également mentionnée comme étant rév ulsive par BOUCHAT (1956). DOREAU (1961) reprend ces indications et y ajoute que par voie interne la drogue calme la toux , la bronchite et les rhumatismes.

Ces usages sont précisés par PARIS et DILLEMAN qui ont souligné que l'é­ corce de la racine de cette espèce et de Thapsia vill osa L., par macération dans· !'alcool, fournit une résine utilisée comme révulsif. Cette extrait alcoolique de la racine est également cité par PARIS et MOYSE comme fournissant une résine vé­ sicante que l'on emploie en usage externe comme rév ulsif et antirhumatismal.

Pour combattre les e ffets d'une morsure de serpent ou d'une pî­ qure de scorpion, on utilise un emplât·re de feuilles de Thapsia garga­ nica (réduites en poudre), de semoule, de miel et de beurre fondu (LOUIS, 1979).

T. - Traitant du chameau, CAlJVET rapporte que Thapsia gar­ ganica est toxique car elle contient dans sa partie aérienne un suc rou­ ge et corrosif qui brûle l'estomac de l'animal et le tue. Cette toxicité

[189]

est également signalée par PARIS et DILLEMAN (1960) PARIS et

\iOYSE (1967) et RODIN et al. (1970).

309. Thapsia villosa L.

[11/967 ; p:612]

M. - PARIS et DILLEMAN (1960) ont signalé l'emploi de l'espèce en tant que révulsif (cf. à 7 hapsia garganica, n• 308).

310. Ammodaucus leucotrichus Coss. et Dur.

[11/969 p:613] OMBELLIFÈRES

A. - L'espèce est réputée excellent aromate (GATTEFOSSÉ, 1921). M. - C'est, comme le cc cumin>> (Cuminum cyminum) un diges­ tif mais qui semble plus énergique et favorable à la lutte contre les indigestions et les maladies d'estomac, signale GATTEFOSSÉ (1921) pour le Mlllroc.

Au Sahara occidental, on recommande (LARRIBAUD, I952) contre les nausées et les vomissement s, de prendre à jeun une infu­ sion, de feuiJles d'Haplophyllum tuberculatum , de Maerua crassi fo­ lia (•) ou de fleurs d'Ammodaucus leucotrichus (<< kemmoun el kou­ dia »), à laquelle on ajoute parlois quelques brindilles de Corri giola t el e pltifolia ("•).

Dans la même région, les nomades font, a défaut de thé, usage ae succédnné.s médiocres : Salvia aegyptiaca et Ammodaucus l eucot richus. Les iniusions de cette espèce ainsi que celle de Cleome arabica et de Lavandula sont, toujours .selon LARRIBAUD, réputées très efficaces pour comba Hre la toux.

Au Sahara, encore, cette plante est utilisée pour soigner les trou­ bles digestifs consécutifs à la peur (DOREAU, 1961).

(•) Maerua crassifolia Forsk. (famille des CAPPARIDAC ES) est absente de la flore tunisienne. (••) Corrigiola telephifolia Pourr. = Corrigiola littoralis ssp. telephifolia (Pourr.) Briq., la Flore de la Tunisie n'indiquant que l'espèce, nous n'avons pas établi de fiche pour cette sous-espèce.

311. Daucus carota L.

[II/975; p:618] OMBELLIFÈRES

M. - La graine est très employée dans les cas de coliques néph­rétiques ainsi que pour ses propriétés carminatives, apéritives, emménagogues et diurétiques (DUCROS, 1930).

[190]

L'espèce (fr. = carotte) est réputée antidiarrhéique et la pulpe utilisée en application externe contre différentes affections cutanées (PARIS et MOYSE, 1967).


Ça y est ! C'est fini....