Clusia (Pharmacopées en Guyane) : Différence entre versions

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''[[Clusia]]'' spp.
 
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*Espèces : ''[[Clusia grandiflora]]'', ''[[Clusia nemorosa]]'', ''[[Clusia panapanari]]'', ''[[Clusia scrobiculata]]''
  
 
== Noms vernaculaires ==
 
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== Emplois ==
 
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*Chez les Créoles, ces plantes sont indiquées à des fins magiques par les ''quimboiseurs'' afin de dominer d’autres personnes. Elles sont préparées en décoction et utilisées en lavage externe <ref>''[[Clusia venosa]]'' Jacq. (syn. ''Clusia mangle'' L. C. Rich.), signalé dans plusieurs ouvrages comme plante vénéneuse (HECKEL, 1897 ; LEMÉE, IV, 1956), ne se trouve pas en Guyane mais aux Antilles.</ref>.
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*Chez les Créoles, ces plantes sont indiquées à des fins magiques par les ''quimboiseurs'' afin de dominer d’autres personnes. Elles sont préparées en décoction et utilisées en lavage externe <ref>''Clusia venosa'' Jacq. (syn. ''[[Clusia mangle]]'' L. C. Rich.), signalé dans plusieurs ouvrages comme plante vénéneuse (HECKEL, 1897 ; LEMÉE, IV, 1956), ne se trouve pas en Guyane mais aux Antilles.</ref>.
 
*Chez les Palikur, elle sont considérées comme un des remèdes les plus importants contre la maladie dite ''blesse'' (''sikgep''). Tout d’abord, on recueille le latex s’écoulant des racines aériennes fraîchement coupées et on applique ensuite cet emplâtre sur la partie douloureuse ; on parachève le traitement en préparant une décoction, buvable à froid, d’une racine aérienne. Parallèlement, on tranche une racine aérienne souple, on retaille immédiatement les deux plans de coupe, de manière à ce que le supérieur s’emboîte dans l’inférieur. La « greffe » est ensuite ligaturée. Au fur et à mesure de la cicatrisation de la liane, le mal se résorbe.
 
*Chez les Palikur, elle sont considérées comme un des remèdes les plus importants contre la maladie dite ''blesse'' (''sikgep''). Tout d’abord, on recueille le latex s’écoulant des racines aériennes fraîchement coupées et on applique ensuite cet emplâtre sur la partie douloureuse ; on parachève le traitement en préparant une décoction, buvable à froid, d’une racine aérienne. Parallèlement, on tranche une racine aérienne souple, on retaille immédiatement les deux plans de coupe, de manière à ce que le supérieur s’emboîte dans l’inférieur. La « greffe » est ensuite ligaturée. Au fur et à mesure de la cicatrisation de la liane, le mal se résorbe.
  
Selon BERTON (1997), le latex est plus banalement utilisé comme cicatrisant externe en cas de blessure ou après une opération chirurgicale <ref>Un usage identique du latex de ''Clusia grandiflora'' a été observé chez les Waimiri Atroari (MILLIKEN ''et al.'', 1992) et chez les Tiriyo pour ''[[Clusia purpurea]]'' (Splitg.) Engl. (CAVALCANTE ET FRIKEL, 1973).
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Selon BERTON (1997), le latex est plus banalement utilisé comme cicatrisant externe en cas de blessure ou après une opération chirurgicale <ref>Un usage identique du latex de ''Clusia grandiflora'' a été observé chez les Waimiri Atroari (MILLIKEN ''et al.'', 1992) et chez les Tiriyo pour ''[[Clusia leprantha|Clusia purpurea]]'' (Splitg.) Engl. (CAVALCANTE ET FRIKEL, 1973).
 
D’autres ''Clusia'' sont utilisés chez les Karijona et les Witoto du nord-ouest amazonien, pour traiter
 
D’autres ''Clusia'' sont utilisés chez les Karijona et les Witoto du nord-ouest amazonien, pour traiter
 
les plaies et les atteintes fongiques de la peau (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).
 
les plaies et les atteintes fongiques de la peau (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).

Version actuelle en date du 31 décembre 2020 à 20:57

Calophyllum brasiliense
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Mahurea palustris


Clusia grandiflora. Fleur à peine épanouie
Clusia grandiflora. Fruit ouvert
Clusia scrobiculata. Fruits immatures
Clusia nemorosa



Clusia spp.

Noms vernaculaires

  • Créole : bois roi [1], zognon danbois [zongnon-danbwa].
  • Wayãpi : pelepele.
  • Palikur : patakwik.
  • Portugais : apuí, cebola-grande-do-mato.

Écologie, morphologie

Plantes épiphytes étrangleuses, devenant souvent arborescentes, aux feuilles épaisses, au latex jaune et aux longues racines aériennes.

Collections de référence

Cf. [2].

Emplois

  • Chez les Créoles, ces plantes sont indiquées à des fins magiques par les quimboiseurs afin de dominer d’autres personnes. Elles sont préparées en décoction et utilisées en lavage externe [3].
  • Chez les Palikur, elle sont considérées comme un des remèdes les plus importants contre la maladie dite blesse (sikgep). Tout d’abord, on recueille le latex s’écoulant des racines aériennes fraîchement coupées et on applique ensuite cet emplâtre sur la partie douloureuse ; on parachève le traitement en préparant une décoction, buvable à froid, d’une racine aérienne. Parallèlement, on tranche une racine aérienne souple, on retaille immédiatement les deux plans de coupe, de manière à ce que le supérieur s’emboîte dans l’inférieur. La « greffe » est ensuite ligaturée. Au fur et à mesure de la cicatrisation de la liane, le mal se résorbe.

Selon BERTON (1997), le latex est plus banalement utilisé comme cicatrisant externe en cas de blessure ou après une opération chirurgicale [4]. Une information récente nous indique également la décoction de l’écorce absorbée plusieurs jours de suite contre les maux d’estomac.

Étymologie

  • Créole : zongnon-danbwa, « oignon de la forêt », fait référence à la forme et à l’odeur du fruit ;
  • Palikur : patakwik, littéralement « ce qui est à l’aisselle », en raison du mode de ramification des racines aériennes.

Chimie et pharmacologie

Les différentes espèces que nous avons testées présentent les mêmes profils chimiques, caractérisés par l’abondance des tanins condensés et la richesse des feuilles en flavonoïdes. Les résines florales des Clusia renferment des benzophénones prénylées et des xanthones (DE OLIVEIRA et al., 1999).

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

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  1. Le nom, qui fait référence à l’usage magique, est aussi appliqué à quelques espèces du genre Ficus (Moracées).
  2. Les principales espèces utilisées sont Clusia grandiflora Splitg. (Grenand 460, 1010), Clusia nemorosa G. Mey. (Moretti 260), Clusia panapanari (Aubl.) Choisy (Grenand 1589) et Clusia scrobiculata Benoist (Lescure 839).
  3. Clusia venosa Jacq. (syn. Clusia mangle L. C. Rich.), signalé dans plusieurs ouvrages comme plante vénéneuse (HECKEL, 1897 ; LEMÉE, IV, 1956), ne se trouve pas en Guyane mais aux Antilles.
  4. Un usage identique du latex de Clusia grandiflora a été observé chez les Waimiri Atroari (MILLIKEN et al., 1992) et chez les Tiriyo pour Clusia purpurea (Splitg.) Engl. (CAVALCANTE ET FRIKEL, 1973). D’autres Clusia sont utilisés chez les Karijona et les Witoto du nord-ouest amazonien, pour traiter les plaies et les atteintes fongiques de la peau (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).