Argentine (Cazin 1868) : Différence entre versions

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Cette plante vivace (Pl. IV), très-commune, croît partout sur les terrains
 
Cette plante vivace (Pl. IV), très-commune, croît partout sur les terrains

Version actuelle en date du 7 mars 2017 à 19:28

Argémone
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Aristoloche
PLANCHE IV : 1. Anagyre. 2. Anémone S. 3. Aneth. 4. Ancolie. 5. Argentine.


[76]

Nom accepté : Argentina anserina


ARGENTINE. Potentilla anserina. L.

Argentina. Dod. — Potentilla. Bauh. — Pentaphylloïdes argenteum allatum, seu potentilla. T.

Potentille ansérine, — bec d'oie, — agrimoine sauvage, — pentaphylloïdes.

ROSACÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE POLYGYNIE. L.


Cette plante vivace (Pl. IV), très-commune, croît partout sur les terrains


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humides, au bord des chemins et des ruisseaux. Elle gâte les prairies, et se multiplie considérablement dans les endroits où l'eau séjourne. Les porcs en sont très-friands ; ils fouillent avidement le sol où elle croît pour dévorer les racines. Les oies aiment également cette plante, ce qui lui a valu le nom d’anserina.

Description. — Racine noirâtre, fibreuse, longue, garnie de nombreux ramuscules. — Tige de 30 centimètres environ, mince, faible, rampante et stolonifère, un peu velue. — Feuilles naissant des stolons qui s’enracinent de distance en distance, grandes, pintées, composées de quinze à dix-sept folioles sessiles, ovales, oblongues, dentées en scie, couvertes d’un duvet blanc, soyeux, argentin. — Fleurs jaunes, solitaires, axillaires, portées sur de longs pédoncules (tout l’été). — Calice soyeux, à 10 folioles, dont cinq internes et cinq externes. — Corolle de cinq pétales ouverts, arrondis. — Etamines nombreuses, à anthères en croissant. — Ovaires supérieurs surmontés de stigmates obtus. — Fruit composé de graines nombreuses nues, acuminées, fixées à un réceptacle commun et contenu dans le calice persistant.

Parties usitées. — L'herbe et la racine.

[Culture. — Cette plante est assez abondante pour suffire à la consommation médicale ; on ne la cultive que dans les jardins de botanique, on la multiplie par semis faits au printemps en terre légère, ou à l'automne sur couches ; on repique au printemps en place.]

Propriétés physiques et chimiques. — D'une odeur nulle, d'une saveur styptique assez prononcée, l'argentine contient une assez grande proportion de tannin. Sa racine noircit la solution de sulfate de fer, et son suc rougit le papier bleu. Elle peut être utile pour le tannage. Dans quelques pays on l'emploie à la fabrication de la bière. La racine, qui est un peu farineuse, a, dit-on, été employée en Ecosse comme aliment. Erhard dit même qu'elle a servi à faire du pain dans les temps de grande disette. [Les feuilles d'argentine sont employées en parfumerie, elles servent à faire avec l'alcool une teinture qui rend l'eau opaline.]

L'argentine a joui longtemps d'une grande réputation comme astringente. On l'employait contre les hémorrhagies, la dysenterie, la diarrhée, les flueurs blanches, etc. Mathiole, Dodoens, la recommandent dans ces maladies. Tournefort en a obtenu des avantages dans la leucorrhée. Degner[1]dit que dans une dysenterie qui régna en 1736, on employa avec succès la décoction d’argentine dans du lait. Il ajoute qu'un charlatan se vantait de guérir cette maladie en trois jours : son remède consistait en une décoction d'argentine dans du lait mélangé d'un peu d'eau, d'un peu de fleur de froment et de noix muscade, avec addition de jaunes d'oeufs, d'huile d'olive et de sucre.

Dubois, de Tournai, rapporte cinq observations en faveur des propriétés antidiarrhéïques de cette plante. La maladie a cédé en peu de jours à la décoction aqueuse (une poignée dans 1 litre d'eau). Ce remède est vulgairement employé dans nos campagnes ; je l’ai vu souvent réussir. Il agita peu près comme la décoction de renouée et celle de bourse-à-pasteur.

Les propriétés fébrifuges, antiphthisiques, diurétiques, lithontriptiques, attribuées à cette plante par Withering, Rosen et Bergius, sont illusoires ou très-exagérées. Elle n'a point justifié, comme fébrifuge, le titre de potentille (de potentia, puissance, vertu), bien que l'illustre Boerhaave l'ait considérée comme l'égale du quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes :

Quandoque bonus dormitat Homerus.
(HORACE.)

Toutefois, l'argentine a pu être employée dans quelques fièvres intermittentes vernales, contre lesquelles elle agit à la manière du plantain, delà quinte-feuille, etc. « C’est une chose avouée de tous les gens de l'art, dit

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  1. Histoire médicale de la dysenterie, p. 146.


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Lieutaud, que la plupart des parties de cette plante sont fébrifuges. Malgré cela il est rare qu'on s'en serve pour guérir la fièvre. Ceux qui la prennent comme fébrifuge peuvent boire depuis trois jusqu'à quatre onces de suc de cette plante. »

(Je l'ai vu employer en décoction par les paysans du Bas-Boulonnais contre l'anasarque consécutive aux fièvres intermittentes. Cette même décoction concentrée est fréquemment mise en usage par eux en lotions ou fomentations sur les hémorrhoïdes enflammées, les érythèmes, l'intertrigo infantile, etc.)