Grenadier (Cazin 1868) : Différence entre versions

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
(Page créée avec « {{Tournepage |titre=Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868 |titrepageprécédente=Gremil (Cazin 1868) |nomcourtpréc... »)
 
 
(6 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 8 : Ligne 8 :
  
  
__TOC__
+
[497]
  
[496]
+
Nom accepté : ''[[Punica granatum]]''
  
== Grenadier ==
 
  
Voir la page ''[[]]''
+
<center>'''GRENADIER'''. ''Punica granatum''. L.
  
GRENADIER. Punica granatum. L.
+
''Punica quæ malum granatum fert''. Cæsalp., Tourn. — ''Mala granata sive punica''. Tob.
  
Punica quce malum granatum fert. COESALP., TOURN. — Mala granata sive
+
GRANATÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.</center>
  
punica. TOB.
 
GRAKATÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.
 
Le grenadier, originaire des contrées de l'Afrique que baigne la Méditer-
 
ranée croît en Espagne, en Italie, et dans le midi de la France.
 
  
Description. — Racine. — Rameaux glabres, anguleux, couverts d'une écorce
+
Le grenadier, originaire des contrées de l'Afrique que baigne la Méditerranée croît en Espagne, en Italie, et dans le midi de la France.
rouge. — Feuilles très-lisses, opposées, lancéolées, portées sur des pétales très-courts.
+
-Fleurs hermaphrodites, régulières et assez grandes, d'un rouge vif, presque sessiles,
+
souvent solitaires, quelquefois réunies trois ou quatre vers le sommet des rameaux (juin-
+
iùillet-aoùt). — Calice épais et charnu, à cinq, sept divisions. — Corolle à cinq, sept pé-
+
tales ondulés. — Etamines très-nombreuses. — Style et stigmate simples. — Fruits de
+
la grosseur d'une pomme, arrondis, et revêtus d'une écorce d'un brun rougeâtre, con-
+
tenant en grande quantité des substances pulpeuses d'un rouge très-vif.
+
  
Parties usitées. — Les fleurs (balaustes). — Les fruits (grenades). — L'écorce
+
'''Description'''. — Racine. — Rameaux glabres, anguleux, couverts d'une écorce rouge. — Feuilles très-lisses, opposées, lancéolées, portées sur des pétales très-courts. - Fleurs hermaphrodites, régulières et assez grandes, d'un rouge vif, presque sessiles, souvent solitaires, quelquefois réunies trois ou quatre vers le sommet des rameaux (juin-juillet-août). — Calice épais et charnu, à cinq, sept divisions. — Corolle à cinq, sept pétales ondulés. — Etamines très-nombreuses. — Style et stigmate simples. — Fruits de la grosseur d'une pomme, arrondis, et revêtus d'une écorce d'un brun rougeâtre, contenant en grande quantité des substances pulpeuses d'un rouge très-vif.
du fruit (malicorium). — Les seme»ces. — La racine. —L'écorce. de la racine.
+
  
[Culture. — On multiplie les grenadiers de graines ou de greffes; ils exigent une
+
'''Parties usitées'''. — Les fleurs (balaustes). — Les fruits (grenades). — L'écorce du fruit (malicorium). — Les semences. — La racine. — L'écorce de la racine.
bonne exposition, on peut les cultiver au pied d'un mur, au midi ; on les couvre l'hi-
+
ver de feuilles et dé litière; ils demandent une terre légère et substantielle qu'il faut
+
renouveler souvent ; les fleurs naissent sur les pousses de l'année ; il faut tailler court
+
pour obtenir du jeune bois, arroser beaucoup et souvent. On préfère l'écorce du gre-
+
nadier sauvage.]
+
  
Récolte. — Les fleurs de grenadier, simples clans le grenadier sauvage, sont
+
['''Culture'''. — On multiplie les grenadiers de graines ou de greffes ; ils exigent une bonne exposition, on peut les cultiver au pied d'un mur, au midi ; on les couvre l'hiver de feuilles et de litière ; ils demandent une terre légère et substantielle qu'il faut renouveler souvent ; les fleurs naissent sur les pousses de l'année ; il faut tailler court pour obtenir du jeune bois, arroser beaucoup et souvent. On préfère l'écorce du grenadier sauvage.]
  
doubles, dans le grenadier cultivé. Ce sont ces dernières qu'on livre ordinairement au
+
'''Récolte'''. — Les fleurs de grenadier, simples dans le grenadier sauvage, sont doubles, dans le grenadier cultivé. Ce sont ces dernières qu'on livre ordinairement au commerce sous le nom de ''balaustes'', bien que les premières aient les mêmes propriétés médicales. On les récolte pendant tout le temps de la floraison. La dessiccation ne leur fait pas perdre leur belle couleur rouge. L'écorce du fruit se trouve dans le commerce de la droguerie en fragments secs, durs, coriaces, rougeâtres en dehors, jaunes au dedans.
  
; commerce sous le nom de balaustes, bien que les premières aient les mêmes propriétés
+
La racine sèche pouvant être tirée en abondance de l'Espagne, du Portugal, de la Provence, il y a avantage économique à la choisir. La racine fraîche, recueillie souvent sur de maigres arbustes élevés dans des caisses, est habituellement moins riche en tannin, et n'offre pas les mêmes avantages sous le rapport thérapeutique<ref>''Gazette hebdomadaire de médecine'', 1856.</ref>. — L'écorce de racine de grenadier de Portugal est beaucoup plus grosse que celle de France.
  
' médicales. On les récolte pendant tout le temps de la floraison. La dessiccation ne leur
+
Mérat regardait la racine fraîche comme beaucoup plus efficace que la racine sèche. Ce médecin était dans l'habitude de faire acheter un grenadier vivant, de huit à dix ans au moins (plus jeune il ne pourrait fournir la quantité d'écorce de racine suffisante) et d'en faire séparer l'écorce chez le malade même, le jour, ou, au plus tard, le lendemain du jour où des anneaux de tænia avaient été expulsés ; il le faisait employer immédiatement. I1 est reconnu aujourd'hui que la racine sèche est tout aussi efficace, lorsqu'on a eu la précaution de la faire macérer pendant vingt-quatre heures dans l'eau qui doit servir à l'ébullition.
  
fait pas perdre leur belle couleur rouge. L'écorce du fruit se trouve dans le commerce
+
Cette écorce se trouve dans le commerce en petits fragments cassants, non fibreux, d'un gris jaunâtre à l'extérieur et jaune à l'intérieur. Elle est inodore.
  
de' la droguerie en fragments secs, durs, coriaces, rougeâtres en dehors, jaunes au
+
Dans la droguerie on remplace quelquefois l'écorce de la racine de grenadier par celle de buis ou d'épine-vinette. L'amertume de ces deux dernières racines suffit à la dégustation, pour déceler la fraude. — « Une falsification plus fréquente que celle que nous venons de mentionner consiste à mélanger l'écorce de la tige avec celle de la racine. On peut reconnaître cette substitution à l'absence totale de toute production cryptogamique sur l'écorce des racines, tandis que l'on rencontre à l'aide du microscope, sur l'épiderme des écorces caulinaires, un grand nombre de cryptogames, tels que l’''opographa serpentina'', le ''verrucaria leinitata'', etc. — On peut la confondre avec les écorces d'angusture. Le sulfate de fer donne avec l'infusé d'écorce de grenadier un précipité noirâtre, avec l'angusture vraie, un précipité gris-jaunâtre, avec l'angusture fausse, un précipité vert bouteille. (Dorvault.)
  
] dedans.
+
'''Propriétés physiques et chimiques'''. - Les fleurs et le malicorium
  
La racine sèche pouvant être tirée en abondance de l'Espagne, du Portugal, de la
+
____________________
  
- Provence, il y a avantage économique à la choisir. La racine fraîche, recueillie souvent
+
<references/>
  
sur. de maigres arbustes élevés dans des caisses, est habituellement moins riche en
 
  
! tannin, et n'offre pas les mêmes avantages sous le rapport thérapeutique (1).— L'écorce
+
[498]
  
"■ de racine de grenadier de Portugal est beaucoup plus grosse que celle de France.
+
contiennent une grande quantité de tannin et de l'acide gallique. L'écorce de la racine de grenadier est d'une saveur très-astringente, sans amertume ; humectée avec un peu d'eau et passée sur un papier, elle-y laisse une trace jaune, qui devient d'un bleu foncé par le contact du sulfate de fer. Cette racine a été analysée d'abord par Mitouart<ref>''Journal de pharmacie'', 1824, t. X, p. 352.</ref>, qui en a retiré une matière grasse assez abondante, du tannin, de l'acide gallique, une matière résineuse, de la mannite, du sucre et du ligneux ; puis par Latour de Trié<ref>''Journal de pharmacie'', 1831, t. XVII, p. 603.</ref>, qui en a obtenu de la chlorophylle, beaucoup, de résine, du tannin, de la matière grasse, et une substance cristalline sucrée qu'il nomme ''grenadine'', laquelle est blanche sans odeur, cristallisée en choux-fleurs et ne paraît pas constituer le principe actif du végétal (c'est tout simplement de la mannite). — Landerer, cité par Soubeiran, a retiré des fruits non mûrs une matière amère cristalline qu'il' a nommée ''granatine''. — (Righini a extrait de l'écorce un principe, âcre auquel il a donné le nom de ''punicine''.)
  
■ vBérat regardait la racine fraîche comme beaucoup plus efficace que la racine sèche.
+
''Substances incompatibles''. — La gélatine, le sulfate de fer, les sels d'argent, de plomb.
  
. Çè médecin était dans l'habitude de faire acheter un grenadier vivant, de huit à dix
 
; âns.au moins (plus jeune il ne pourrait fournir la quantité d'écorce de racine suffisante)
 
. «M'en, faire séparer l'écorce chez le malade même, le jour, ou, au plus tard, le len-
 
demain du jour où des anneaux de taenia avaient été expulsés; il le faisait employer
 
^immédiatement. 11 est reconnu aujourd'hui que la racine sèche est tout aussi efficace,
 
  
■ lorsqu'on a eu la précaution de la faire macérer pendant vingt-quatre heures dans l'eau
+
<center>PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
( qui doit servir à l'ébullition.
+
  
' .Cette écorçè se trouve dans le commerce en petits fragments cassants, non fibreux,
 
  
? Mil gris jaunâtre à l'extérieur et jaune à l'intérieur. Elle est inodore.
+
{|align="center"
 +
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" |
 +
A L'INTÉRIEUR. — Infusion ou décoction des fleurs , de 15 ai 30 gr. par 1 kilogramme d'eau.<br \>
 +
Décoction de l'écorce du fruit, de 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.<br \>
 +
Poudre de malicorium, de 3 à 12 gr. en substance ou en bol, etc.<br \>
 +
Sirop de grenade (8 de suc sur 15 de sucre), de 30 à 60 gr. en boisson.<br \>
 +
Suc de grenade, étendu dans l'eau et édulcoré.<br \>
 +
Sirop de malicorium, de 30 à 60 gr. en potion.<br \>
 +
Semence en poudre, de 4 à 8 gr. dans du vin, comme astringent.<br \>
 +
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction des écorees ou des fleurs (30 à 90 gr. par kilogramme d'eau), pour fomentations, lotions, lavements astringents, etc.<br \>
 +
Décoction de l'écorce de la racine, en lavements, comme anthelminthique.<br \>
 +
Décoction de l'écorce de la racine fraîche, 60 gr. pour-700 gr. d'eau que l'on fait réduire à 500 gr. et que l'on donne en trois fois contre le tænia.<br \>
 +
Extrait alcoolique de la racine, de l5 à 20 gr., comme astringent, vermifuge.<br \>
 +
Poudre de la racine, de 5 à 15 gr., en pilules, bols, au dans du vin, comme astringent.<br \><br \>
 +
<center>MÉDICATION TÉNIFUGE.</center>
 +
Suivant Mérat, qui assure n'avoir jamais vu manquer la racine de grenadier contre le tænia, le succès est lié à l'observation indispensable du certaines conditions, et ces conditions sont les suivantes :<br \>
 +
1° N'administrer le médicament que le jour même ou le lendemain du jour où des anneaux de tænia auront été rendus.<br \>
 +
2° Faire prendre en trois fois, à une demi-heure de distance les unes des autres, le produit de la décoction de 60 gr. d'écorce de racine fraîche de grenadier cultivé, dans 750 gr. d'eau réduite à 500 gr. par l'ébullition.<br \>
 +
Suivant Mérat, les insuccès que l'on a reprochés à ce mode de traitement sont dus uniquement à ce qu'il n'a pas été  fait convenablement, et ils doivent toujours, être considérés comme résultant soit de la faute du
 +
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" |
 +
médecin, soit de celle du malade. Ainsi, tantôt on a employé l'écorce sèche (qui pourtant réussit encore dans le plus grand nombre des cas), souvent altérée et mêlée à d'antres écorees ; tantôt on a fractionné la dose du médicament, et on lui a associé des purgatifs, ou on en a administré auparavant ; tantôt, enfin, les malades n'ont rendu des portions de vers que depuis un certain temps, etc.<br \>
 +
Bourgeoise<ref>''Nouvelle Bibliothèque médicale'', t. VI, p. 397.</ref> fait prendre la veille du jour où il doit administrer l'écorce de la racine de grenadier, le matin ou le soir, 45 à 60 gr. d'huile de ricin, dans la vue de nettoyer le tube digestif, de débarrasser le tænia des matières fécales qui l'entourent, et de le mettre à nu le plus possible. Il ne croit pas ce purgatif indispensable, mais il lui paraît angmenter les chances de succès. Gomès donne le conseil, lorsqu'après l'administration du ténifuge une portion du ver reste pendante à l'anus, de faire prendre le jalap, l'huile de ricin, etc., pour en faciliter la sortie.<br \>
 +
Latour de Trie propose de remplacer la décoction par la liqueur fermentée, qu'il prépare de 1a manière suivante : Prenez48 gr. d'écorce de racine de grenadier réduite en poudre grossière, mettez à macérer dans 50O gr. d'eau distillée ; au bout de deux jours, exprimez fortement. Remettez sur le marc 500 gr. d'eau bouillante et laissez en contact pendant vingt-quatre heures, passez et exprimez ; réunissez l'infusé au macéré, filtrez et abandonnez la liqueur pendant deux jours à une température de 30 degrés dans un vase ouvert, passez au filtre, trois verres par jour, le matin, à midi et le soir. Latour cite un cas d'expulsion d'un tænia par cette préparation.<br \>
 +
Chez les sujets faibles, nerveux, et surtout chez les enfants, on ne doit administrer l'écorce de racine de grenadier qu'à doses fractionnées. On peut, dans ces cas, faire prendre pendant huit, à quinze, jours„ tantôt par l'estomac et tantôt en lavements, une décoction de 4 gr. de cette écorce. Cependant ces demi-moyens sont loin d'amener un résultat aussi satisfaisant que le mode ordinaire d'administration.<br \>
 +
L'administration de l'écorce de la racine de grenadier sous forme de poudre, conseillée
 +
|}
  
' Dans la droguerie on remplace quelquefois l'écorce de la racine de grenadier par celle
+
____________________
  
de luis ou d'épine-vtnelte. L'amertume de ces deux dernières racines suffit à la dégus-
+
<references/>
;.talion, pour déceler la fraude. — « Une falsification plus fréquente que celle que nous
+
^ venons de mentionner consiste à mélanger l'écorce de la tige avec celle de la racine.
+
v Wpeut reconnaître cette substitution à l'absence totale de toute production crypto-
+
-•$f\?^é Sm |,écorce des racines, tandis que l'on rencontre à l'aide du microscope, sur
+
; jSderme.des éçorces caulinaires, un grand nombre de cryptogames, tels que Yo/.ogra-
+
Ï .m wfpentina, hverrucaria leinitata, etc. — On peut la confondre avec les écorces
+
i . ^gusture-iLe sulfate de fer donne avec l'infusé d'écorce de grenadier un précipité
+
  
npiratre,-avec l'angusture vraie, un précipité gris-jaunâtre, avec l'angusture fausse, un
+
[499]
  
Palpité vert bouteille. (Dorvault.)
+
{|align="center"
 +
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" |
 +
par Breton, qui la faisait prendre à la dose de 60 centigr. toutes les demi-heures pendant trois heures de suite, est moins certaine dans ses effets que la décoction. L'extrait alcoolique proposé par Deslandes<ref>''Archives générales de médecine'', 2e série, t. 1, p. 120.</ref> comme possédant une efficacité ténifuge plus prononcée que celle de l'écorce elle-même, est plus facile à administrer, répugne moins aux malades, et mérite d'être adopté, non-seulement comme propre à agir spécialement contre le tænia, mais aussi contre les autres espèces de vers intestinaux.<br \>
 +
Comme nous l'avons dit plus haut, l'écorce sèche n'est pas moins efficace que celle qui
 +
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" |
 +
est fraîchement récoltée. Trois faits publiés par Grisolle, Giscaro<ref>''Gazette hebdomadaire de médecine'', janvier 1856.</ref> et Dechambre viennent à l'appui de cette opinion. 64 gr. de cette racine sèche, qu'on avait fait macérer pendant vingt-quatre heures dans 750 gr. d'eau et réduire ensuite à 500 gr., ont fait rendre au malade de Giscaro, une demi-heure après la troisième verrée, le tænia solium qui causait tous les accidents, et 15 gr. de cette racine ont suffi chez le jeune enfant dont parle Dechambre. Dans les deux cas, l'administration de la décoction de racine de grenadier avait été précédée, vingt-quatre heures auparavant, d'une purgation avec l'huile de ricin.
 +
|}
  
Propriétés physiques et chimiques. -- Les fleurs et le malicorium
 
  
W Ginette hebdomadaire de médecine, 1856.
+
Les fleurs ou balaustes et l'écorce du fruit du grenadier ou malicorium (cuir de pomme) sont toniques et astringentes. On les emploie, à l'intérieur, dans la diarrhée et la dysenterie quand la période d'irritation est dissipée, dans les hémorrhagies passives, les écoulements muqueux avec atonie, et, à l'extérieur, en gargarisme dans le gonflement atonique des amygdales, le relâchement de la luette et des gencives, en lotion et en injection contre le relâchement de la muqueuse du vagin, la chute du rectum, l'œdème des extrémités, les engorgements articulaires, suite d'entorse et de luxation, etc. On fait ordinairement usage des fleurs à l'intérieur, et de l'écorce des fruits à l'extérieur. Les graines renfermées dans les grenades, d'une saveur aigrelette sont aussi astringentes, mais à un degré beaucoup plus faible ; elles ont été néanmoins prescrites en poudre dans les flueurs blanches, et, à l'extérieur, contre les ulcères atoniques. Le suc de grenade est rafraîchissant et diurétique. Etendu dans l'eau, il fournit, comme nos fruits rouges, une boisson acidulé d'un goût agréable, et qui convient dans les maladies inflammatoires, bilieuses et putrides, les affections des voies urinaires, etc.
  
32
+
Pline l'Ancien dit qu'une grenade, pilée et bouillie dans trois hémines de vin réduites à une, expulse le tænia. La grenade entière, enfermée dans un pot de terre neuf bien couvert et luté d'argile, mise au four et desséchée au point de pouvoir facilement la réduire en poudre, et administrée à la dose de 2 à 1 gr., avec du vin rouge, était un remède populaire vanté contre la dysenterie chronique, les pertes utérines, les flueurs blanches et les fièvres intermittentes. L'écorce du fruit du grenadier est regardée par les médecins persans et thibétains comme succédané du quinquina et employée contre les fièvres intermittentes <ref>Bibliothèque britannique, septembre 1811.</ref>.
downloadModeText.vue.download 527 sur 1308
+
  
 +
La propriété vermifuge de l'écorce de racine de grenadier, que l'on n'a mise à profit que depuis une trentaine d'années, était connue des anciens. Caton le Censeur la conseille contre les vers, et Dioscoride recommande la
 +
décoction de racine de grenadier prise en breuvage pour tuer les vers larges et les chasser du corps. Dans l'Inde, ce ténifuge était employé de temps immémorial. Ce fut Buchanam qui le remit en usage en Europe vers 1807. Laissant de côté, comme inutiles dans un travail exclusivement consacré à la thérapeutique, les autres détails historiques concernant ce précieux remède, nous nous contenterons de dire que le mémoire de Gomès, publié en 1822 et traduit par Mérat<ref>''Journal complémentaire des sciences médicales'', t. XVI, p. 24.</ref> a le plus contribué à en répandre l'usage en France.
  
Zl98 GRENADIER.
+
Ce qui frappe le praticien dans l'emploi de l'écorce de racine de grenadier comme ténifuge, c'est le défaut de proportion entre son action immédiate sur le tube digestif et le résultat qu'on en obtient. Introduite à dose légère dans l'estomac, elle ne produit aucun effet sensible ; en quantité plus
  
contiennent une grande quantité de tannin et. de l'acide gallique. L'écorce de la racine
+
____________________
de grenadier est d'une saveur très-astringente, sans amertume ; humectée avec un m
+
d'eau et passée sur un papier,, elle-y laisse une trace jaune-, qui devient d'un bleu foncj
+
par le contact du sulfate de fer. Cette racine a été analysée d'abord par llilouart (!)
+
qui en a retiré une matière grasse assez abondante, du tannin, de l'acide gallique une
+
matière résineuse, de l'a mannite, du sucre et div ligneux ; puis- par Latour de Trié (2)
+
qui en a obtenu de la- chlorophylle, beaucoup, de résine,, du- tannin, de la matière grasse'
+
et une substance cristalline sucrée qu'il, nomme grenadine, laquelle est blanche sans
+
odeur, cristallisée en choux-fleurs et ne paraît pas constituer le principe actif du W
+
tal (c'est tout simplement de la mannite).. — Landerer, cité par Soubeiran, a retiré des
+
fruits non mûrs une matière amère cristalline qu'il' a nommée grr«w«.£ine. — (.Uighinia
+
extrait de- l'écorce un principe, acre- auquel il a donné lé nom de- punicine. )
+
  
Substances incompatibles.— La gélatine, le sulfate de fer, les sels d'argent, de plomb,
+
<references/>
  
PoeKPA'RiATBOKS PHARMAGEnMQUBS ET DOSES.
 
  
A L'iNTÉniEciv. — Infusion' ou décoction des
+
[500]
fleurs , de 15 ai 30' gr;. par 1 kilogramme -
+
d'eau.
+
  
Décoction de l'écorce du fruit, de 30 à 60 gr.
+
forte, elle occasionne un peu de chaleur, et rarement de la douleur, dans la région épigastrique ; quelquefois, cependant, des nausées et même le vomissement ont lieu. Comme purgative, l'écorce de grenadier a une vertu peu active : elle ne provoque, administrée à haute dose, qu'un bien petit nombre de selles. On sait d'ailleurs que les purgatifs, même les plus énergiques, n'ont pas, par cette seule propriété, l'effet vermifuge. L'amertume de cette racine n'est pas assez prononcée pour que l'on puisse lui attribuer sa vertu anthelminthique ; tout à fait dépourvue d'arôme, sa décoction a seulement quelque chose de nauséabond.
par kilogramme d7eau.
+
  
Poudre de malicorium,. de 3> à. 12. gr.. en. sub-
+
On a quelquefois observé, après l'administration de ce médicament, des vertiges, des étourdissements, une sorte d'ivresse, parfois des syncopes, de légers mouvements convulsifs ; mais ces accidents sont fugaces et ne laissent aucune trace après leur manifestation.
stance ou. en bol,, etc.
+
  
Sirop de grenade (s de suc sur 15: de sucre),
+
Il paraît donc certain, en raisonnant par voie d'exclusion, que l'écorce de racine de grenadier agit d'une manière spéciale et par intoxication sur le ver, que l'on trouve toujours mort, pelotonné sur lui-même, et noué fortement à plusieurs endroits de sa longueur. Les remarques faites par la plupart des auteurs qui ont étudié les effets de cette substance viennent à l'appui de cette opinion. Breton<ref>''London medico-surgical transact''., t. XI, p. 301.</ref>, ayant jeté des tænias vivants dans une décoction d'écorce de racine de grenadier, les a vus se contracter aussitôt avec vivacité et mourir au bout de quelques minutes, tandis que ceux qui ont été plongés dans l'eau simple ont vécu plusieurs heures après leur expulsion. Gomès s'est aussi assuré que des portions de tænia vivant, jetées dans la décoction d'écorce de racine de grenadier, deviennent raides, contractées, et y périssent presque aussitôt, tandis que dans les autres anthelminthiques, même dans l'essence de térébenthine, elles se meuvent avec plus ou moins de vivacité.
de 30 à- 60 gr. en. boisson.
+
  
Suc de grenade, étendit' d'ans l'eau et édul-
+
Je n'eus qu'une seule fois occasion d'employer l'écorce de racine de grenadier contre le tænia. Ce fut en 1828, chez M. Seaton, officier anglaise en résidence à Calais. Ce malade, âgé de quarante-six ans, d'un tempérament lymphatico-nerveux, d'une taille élevée, d'une constitution grêle, avait été atteint, à l'âge de vingt-neuf ans, d'une fièvre typhoïde. La production de son tænia datait, disait-il, de la convalescence longue et pénible de cette
coTé';
+
dernière maladie. Un sentiment d'engourdissement ou de fourmillement presque continuel au dessous de l'ombilic, des mouvements ondulatoires, des élancements douloureux et instantanés dans les intestins, un appétit irrégulier et parfois vorace, de temps en temps une diarrhée muqueuse avec expulsion spontanée de morceaux de tænia, des spasmes vers l'épigastre avec efforts de vomissements, irritations nerveuses sympathiques et exaltation intellectuelle, auxquels succédait toujours un état d'abattement et de somnolence : tels étaient les symptômes que présentait M. Seaton lorsqu'il vint me consulter. Il avait mis en usage, pendant plusieurs années et à diverses reprises, la fougère, la gomme-gutte, l'huile de térébenthine, l'étain, l'huile de ricin et divers autres anthelminthiques, sans autre effet que l'expulsion de portions plus ou moins longues du ver qui le tourmentait.
  
Sirop de malicorium, de 30 à 60 gr. en po-
+
Je ne pus me procurer une quantité suffisante d'écorce de racine de grenadier qu'au bout de trois semaines. Je lui en administrai 60 gr. en décoction dans un litre d'eau réduit à trois verres. Le malade, préparé par la diète et quelques lavements, prit le premier verre à six heures du matin et le vomit dix minutes après. A six heures et demie, le second verre fut avalé et conservé, ainsi que le troisième, qui fut administré à sept heures et demie. Déjà des coliques s'étaient fait sentir, et bientôt deux selles eurent lieu sans qu'aucun symptôme nerveux se fût manifesté. Vers midi, le malade éprouvant des tranchées et des épreintes suivies seulement d'expulsion de muco-
tion.
+
  
Semence en poudre, de k à S gr. dans du
+
____________________
vin, comme astringent.
+
  
A L'KXTÉniEuit.. — Décoction' des écorees ou
+
<references/>
des fleurs-. (SU; à* 00) gr.. par/ kilogramme:
+
dfeau),, pour- fomentations.-,, lotions,, lave-
+
ments- astringents, etc.
+
  
Décoction de l'écorce de la racine, en lave-
 
ments-,, comme aiithelminthique.
 
  
Décoction' de' l'écorce die lia racine fraîche,.
+
[501]
60' gr 1. pour- 70CP gr. d'eau que Fon fait ré-
+
duiïse à 500' gr. et,que- l'on donne- en trois'
+
fois- contre le tteniai..
+
  
Extrait alcoolique:de la racinevdel-5 à'20 gri
+
sités, je me décidai à lui faire prendre en lavement une décoction de 20 gr. d'écorce de racine de grenadier dans 800 gr. d'eau réduits par l'ébullition à 800 gr. environ. Un quart d'heure après cette injection, une garde-robe amena le ver tout entier. Il était assez épais, opaque, roulé en peloton, de la longueur de quatre mètres environ, et de l'espèce non armée. J'ai pu, à l'aide d'une forte loupe, distinguer les papilles latérales, et, entre elles, la protubérance indiquant le suçoir central de l'animal.
comme, astringent,, vermifuge.
+
  
Poudre: de lai racine;, de 5. à. 15. gr., en. pi-
+
Ce fait, que j'ai cru devoir rapporter, vient se joindre au grand nombre de ceux qui sont consignés dans les journaux de médecine, et qui prouvent incontestablement que l'écorce de racine de grenadier est, de tous les anthelminthiques indigènes connus, celui qui jouit au plus haut degré de la faculté de tuer le tænia solium (1)<ref>Voyez ''Archives qénérales de médecine'', 1re série, t. VI, p. 293 ; t. VII, p. 153, 603 ; t. XIV, p. 285. 374, 603 ; t. XV, p. 124 ; t. XVI, p. 298 ; t. XVII, p. 130 ; t. XVIII, p. 438. — ''Journal général de médecine'', t. XXVII, 2e série, p. 329, etc.</ref>. C'est le succédané du kousso.
lules,. Bols, au dans du vin,, comme astrin-
+
gent.
+
  
mBDIGA.TtOK TUSNIEUGE.,
+
La racine de grenadier est aussi un remède efficace pour la destruction des autres espèces de vers intestinaux. On en donne la décoction en lavement contre les ascarides vermiculaires.  
 
+
Suivant Mérat,. qui assure n'avoir jamais
+
vu 1, manquer la- rarine de grenadier contre la
+
taenia, le succès est lié à l'observation indis-
+
pensable du certaines- conditions,, et ces conr
+
ditions sont les suivantes :
+
 
+
1° N'administrer le médicament que le jour
+
mfi'me ou le lendemain du -jour-où., des anneaux-
+
d'e-taenia auront été rendus.
+
 
+
2" Faire prendre.' en trois; fôisy à; une d'eniï-
+
lieure de distance les unes> des: autres, le pré*
+
duà* de la. décoction, de- 6ft gr;. d'écorce de var
+
cine fraîche de grenadier cultivé* dans 7/50 gr..
+
d'eau réduite: à 500 gr.. par l'ébullition.
+
 
+
Suivant Mérat, les insuccès- que l'on a
+
reprochés à ce mode de traitement sont dus
+
uniquement i ce qu'il' n'a pas été- fait conve-
+
nablement, et ils-doivent toujours, être consii-
+
dérés comme résultant soit de la faute du
+
 
+
médecin-, soit- de- celle du malade. Ainsi, tan-
+
tôt on a< employé L'écorce sèche (qui pourtant
+
réussit encore dans le plus grand nombre ils
+
cas) , souvent altérée et mêlée à d'antres
+
écorees'; tantôt on a fractionné la iw du
+
médicament,,et en lui a associé des purgatifs,
+
oui on en a administré auparavant; tantôt,
+
enfin, les malades n'ont rendu des portions
+
de vers que depuis un certain temps, etc.
+
Bourgeoise (3) fait prendre la ville du jour
+
1 où- il doit administrer l'écorce de la racineè
+
.grenadier, le matin ou le soir, 45 à 60p.
+
d'huile, de ricin, dans la vue de nettoyer le
+
tube digestif, de débarrasser le taenia des ma-
+
tières fécales' qui l'entourent, et de le mette
+
: à nu le- plus possible. Il ne croit pas ce pur-
+
i gatif indispensable^ mais il: lui paraît ang-
+
! menter les chances- de succès. Gomès donne
+
le: conseil r. Lorsqu'apiès l'administration, dn
+
ténifuge une portion du ver reste pendant)
+
. à l'anus, de faire prendre le j;ilap, l'huilé de
+
; ricin, etc., pour en faciliter la sortie.
+
Latour de Trie propose de remplacer la
+
décoction par la liqueur- fermentée, qu'il pré-
+
. pare' de 1& manière suivante : Prenez. B p.
+
d'écorce de: racine de grenadier réduite-a
+
poudre grossière,, metiez à. macérer dans
+
, 50O gr. d'eau distillée ;. au bout de deiisjoats,
+
ex-primez. fortement. Remettez sur le ma*
+
: 500 gr. d'eau bouillante' et laissez en contai
+
' pendant vingt-quatre heures, passez et espri-
+
mez; réunissez' Finfùsé' au macéré, filtr* *
+
abandonnez 1 lia. liqueur pendant d> ux jours «
+
: une température: de 30- degrés àtns' un ÏJ*
+
ouvert, passez au. filtre,, trois verres par joar.
+
le. matin,, à. midi et le soir. Latour cite»'
+
cas d'expulsion, d'uatoeuia par cette prépaa-
+
tion.
+
1 ' Chez- les sujets- faibles, nerveux, et surtout
+
: ehez' lès enfants, on- ne doi» administrer Ifr
+
corce de' racine- dé- grenadier 'iu'^ doses rrac-
+
tionnéès.On peut, dans ces-cas,, faire pM»*
+
' pendant huit, àt quinze, jour■„ tantôt par ts-
+
, tomac ei tantôt, en lavements, une déco™»
+
i de. 4 gr. de cette-écorce. Cependant ces <i»
+
moyens sont loin d'amener un rés™» r?
+
: satisfaisant que le mode ordinaire' i www
+
' tratibni. . u
+
 
+
'■ EMmînistoatiorc de; l'écorce de la rao" «
+
grenadier sous, forme- de poudre, conseil
+
 
+
(1) Journal de pharmacie, 1824, t. X, p. 352.
+
 
+
(2) Journal de pharmacie, 1831, t. XVJT, p. 003'.
+
 
+
(3) Nouvelle Bibliothèque médicale, t. VI, p. 3BÏ..
+
downloadModeText.vue.download 528 sur 1308
+
 
+
 
+
GRENADIER.
+
 
+
m
+
 
+
sur Breton, qui' la faisait prendre- à la dose
+
de 60 centigr. toutes l>s demi-heures pendant
+
trois fleures de suite, est moins certaine dans
+
ses effets que la décoction. L'extrait alcooli-
+
que proposé par Deslandes (1) comme possé-
+
dant une efficacité ténifuge plus prononcée
+
que celle de l'écorce elle-même, est plus fa-
+
cile à/administrer, répugne moins aux ma-
+
lades, et .mérite d'être adopté, non-seulement
+
comme propre à agir spécialement contre le
+
taenia, mais aussi contre les autres espèces de
+
TÉrs intestinaux.
+
 
+
Gomme nous l'avons dit plus haut, l'écorce
+
sèche n'est pas moins efficace que celle- qui
+
 
+
est fraîchement récoltée. Trois faits publiés
+
par Grisolle, Giscaro (2) et Dechambre vien-
+
nent à l'appui de cette opinion. 64 gr. de cette
+
racine sèclie, qu'on avait fait macérer pendant
+
vingt-quatre beures dans 750 gr. d'eau et ré-
+
duire ensuite à 500 gr., ont fait rendre au
+
malade de Giscaro, une demi-heure après la
+
troisième verrée, le toenia solium qui causait
+
tous les accidents, et 15 gr. de cette racine
+
ont suffi chez le jeune enfant dont parle De-
+
chambre. Dans les deux cas, l'administration
+
de la décoction de racine de grenadier avait
+
été précédée, vingt-quatre heures auparavant,
+
d'une purgation avec l'huile de ricin.
+
 
+
Les fleurs ou balaustes et l'écorce du fruit du grenadier ou malicorium
+
(cuir, de. pomme) sont toniques et astringentes. On les emploie, à l'intérieur,
+
dans la diarrhée et la dysenterie quand la période d'irritation est dissipée,
+
dans les hémorrhagies passives, les écoulements muqueux avec atonie, et,
+
àl'estéiieur, en gargarisme dans le gonflement atonique des amygdales,
+
le.relâchement de la luette et des gencives^ en lotion et en injection contre
+
le relâchement de la muqueuse du vagin, la chute du rectum, l'oedème des
+
extrémités, les engorgements articulaires, suite d'entorse et de luxation, etc.
+
On;fait ordinairement usage des fleurs à l'intérieur, et de l'écorce des fruits
+
M'extéfieu'F. Les graines renfermées dans les grenades,, d'une saveur aigre-
+
lette-sont aussi astringentes, mais à un degré beaucoup plus faible ; elles ont
+
ié néanmoins prescrites en poudre dans les flueurs blanches, et, à l'exté-
+
rieur,, contre les ulcères a toniques. Le suc de grenade est rafraîchissant et
+
diurétique. Etendu dans l'eau, il fournit, comme nos fruits rouges, une
+
boisson acidulé d'un goût agréable, et qui convient dans les maladies in-
+
iflioertatokes, bilieuses et putrides,, l'es affections des voies urinaires, etc.
+
::,Pfce l'Ancien dit qu'une grenade, pilée et bouillie dans trois bénîmes de
+
m réduites à une, expulse le taBnia. La grenade entière,, enfermée dans un
+
pot de. terre neuf bien couvert et luté d'argile, mise au four et desséchée au
+
pbirit de:pouvoir facilement la réduire en poudre, et administrée à la dose de
+
tM gr., avec du vin rouge, était un remède populaire vanté contre la dysen-
+
terie; chronique-,, les pertes utérines, les flueurs blanches et les fièvres inter-
+
initteates; L'écorce du fruit du grenadier est regardée par les médecins
+
péjsaiset thibétains- comme succédané du quinquina et employée contre
+
lesflèires intermittentes (3).
+
 
+
J}& propriété vermifuge de l'écorce- de racine de grenadier,, que l'on n'a
+
fflÈetàproit que depuis une trentaine d'années, était connue des anciens.
+
■fâton;]jî:Gens:eii)r la conseille contre les vers, et Bioscoriée recommande la
+
SeçoetiiéiDj die: racine de grenadier prise en breuvage pour tuer les vers larges
+
etlésichasser du corps. Dans l'Inde, ce ténifuge était employé de temps im-
+
âémoriaL. Ce fut Buehanam qui le remit en usage en Europe vers 1807.
+
«ssai* die côté',, comme inutiles dans un travail exclusivement consacré à
+
^ thérapeutique,. les autres détails historiques concernant ce précieux re-
+
.^||e*'KTOS) niou& contenterons de dire que le. mémoire de Gomès,. publié en
+
^ et. traduit par Mérat (4)T a le plus contribué à en répandre l'usage en
+
 
+
|,fefaa frappe le praticien' dans l'emploi de l'écorce- de raeime de grena-
+
«f- éOBQ»e: téiiifege, c'est le défaut de proportion entre son action immé-
+
ge:mv latuibe- digestif et le résultat qu'on en obtient. Introduite à dose
+
«gte,dlaQS: lfesteianiae., elle ne pToduit aucun effet sensible ; en quantité plus
+
 
+
ffl 7^f,'eyréw'«S' de médecine, 2e série, 1.1, p. 120.
+
«S.Î- *"** de médecine, janvier 1856.
+
1 ?" i* 91' 8 brit<mnique, septembre 1811.
+
w mrnal complémentaire des science* méiieahs, t. XVI,.p. 2fc
+
downloadModeText.vue.download 529 sur 1308
+
 
+
 
+
500 GRENADIER.
+
 
+
forte, elle occasionne un peu de chaleur, et rarement de la douleur, dans
+
la région épigastrique ; quelquefois, cependant, des nausées et même le vo-
+
missement ont lieu. Comme purgative, l'écorce de grenadier a une vertu
+
peu active : elle ne provoque, administrée à haute dose, qu'un bien petit
+
nombre de selles. On sait d'ailleurs que les purgatifs, même les plus éner-
+
giques, n'ont pas, par cette seule propriété, l'effet vermifuge. L'amertume
+
de cette racine n'est pas assez prononcée pour que l'on puisse lui attribuer
+
sa vertu anthelminthique ; tout à fait dépourvue d'arôme, sa décoction a seu-
+
lement quelque chose de nauséabond.
+
 
+
On a quelquefois observé, après l'administration de ce médicament, des
+
vertiges, des étourdissements, une sorte d'ivresse, parfois des syncopes, de
+
légers mouvements convulsifs ; mais ces accidents sont fugaces et ne laissent
+
aucune trace après leur manifestation.
+
 
+
Il paraît donc certain, en raisonnant par voie d'exclusion, que l'écorce de
+
racine de grenadier agit d'une manière spéciale et par intoxication sur le
+
ver, que l'on trouve toujours mort, pelotonné sur lui-même, et noué forte-
+
ment à plusieurs endroits de sa longueur. Les remarques faites par la plu-
+
part des auteurs qui ont étudié les effets de cette substance viennent à l'ap-
+
pui de cette opinion. Breton (4), ayant jeté des taenias vivants dans une
+
décoction d'écorce de racine de grenadier, les a vus se contracter aussitôt
+
avec vivacité et mourir au bout de quelques minutes, tandis que ceux qui
+
ont été plongés dans l'eau simple ont vécu plusieurs heures après leur ex-
+
pulsion. Gomès s'est aussi assuré que des portions de toenia vivant, jetées
+
dans la décoction d'écorce de racine de grenadier, deviennent raides, con-
+
tractées, et y périssent presque aussitôt, tandis que dans les autres anthel-
+
minthiques, même dans l'essence de térébenthine, elles se meuvent avec plus
+
ou moins de vivacité.
+
 
+
Je n'eus qu'une seule fois occasion d'employer l'écorce de racine de gre-
+
nadier contre le taenia. Ce fut en 1828, chez M. Seaton, officier anglaise»
+
résidence à Calais. Ce malade, âgé de quarante-six ans, d'un tempérament
+
lymphatico-nerveux, d'une taille élevée, d'une constitution grêle, avait été
+
atteint, à l'âge de vingt-neuf ans, d'une fièvre typhoïde. La production de
+
son toenia datait, disait-il, de la convalescence longue et pénible de cette
+
dernière maladie. Un sentiment d'engourdissement ou de fourmillement
+
presque continuel au dessous de l'ombilic, des mouvements ondulatoires,
+
des élancements douloureux et instantanés dans les intestins, un appétitir-
+
régulier et parfois vorace, de temps en temps une diarrhée muqueuse avec
+
expulsion spontanée de morceaux de toenia, des spasmes vers l'épigastre
+
avec efforts de vomissements, irritations nerveuses sympathiques et exalta-
+
tion intellectuelle, auxquels succédait toujours un état d'abattement et de
+
somnolence : tels étaient les symptômes que présentait M. Seaton Iorsquil
+
vint me consulter. Il avait mis en usage, pendant plusieurs années et à di-
+
verses reprises, la fougère, la gomme-gutte, l'huile de térébenthine, l'élan
+
l'huile de ricin et divers-autres anthelminthiques, sans autre effet crue ré-
+
pulsion' de portions plus ou moins longues du ver qui le tourmentait.
+
 
+
Je ne pus me procurer une quantité suffisante d'écorce de racine de gre-
+
nadier qu'au bout de trois semaines. Je lui en administrai 60 gr. en décoc-
+
tion dans un litre d'eau réduit à trois verres. Le malade, préparé pari»
+
diète et quelques lavements, prit le premier verre à six heures du matin «
+
le vomit dix minutes après. A six heures et demie, le second verre fut avale
+
et conservé, ainsi que le troisième, qui fut administré à sept heures et demie.
+
Déjà des coliques s'étaient fait sentir, et bientôt deux selles eurent lieu san^
+
qu'aucun symptôme nerveux se fût manifesté. Vers midi, le malade éprou-
+
vant des tranchées et des épreintes suivies seulement d'expulsion de m«c '
+
 
+
(i; London medico-surgical transùet., t. XI, p. 301.
+
 
+
 
+
[501]
+
  
sites, je.me décidai à lui faire prendre en lavement une décoction de 20 gr.
+
____________________
d'écorce de racine de grenadier dans 800 gr. d'eau réduits par l'ébullition
+
à800 gr. environ. Un quart d'heure'après cette injection, une garde-robe
+
amenale ver tout entier. Il était assez épais, opaque, roulé en peloton, de la
+
longueur de quatre mètres environ, et de l'espèce non armée. J'ai pu, à
+
l'aide d'une forte loupe, distinguer les papilles latérales, et, entre elles, la
+
protubérance indiquant le suçoir central de l'animal.
+
  
Ce fait, que j'ai cru devoir rapporter, vient se joindre au grand nombre
+
<references/>
dé ceux qui sont consignés dans les journaux de médecine, et qui prouvent
+
incontestablement que l'écorce de racine de grenadier est, de tous les an-
+
thelminthiques indigènes connus, celui qui jouit au plus haut degré de la
+
faculté de tuer le toenia solium (1). C'est le succédané du kousso.
+
  
La racine de grenadier est aussi un remède efficace pour la destruction
 
des-autres espèces de vers intestinaux. On en donne la décoction en lave-
 
ment contre les ascarides vermiculaires.
 
  
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]
 
[[Catégorie:Cazin 1868]]

Version actuelle en date du 3 décembre 2016 à 19:14

Gremil
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Groseillier


[497]

Nom accepté : Punica granatum


GRENADIER. Punica granatum. L.

Punica quæ malum granatum fert. Cæsalp., Tourn. — Mala granata sive punica. Tob.

GRANATÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.


Le grenadier, originaire des contrées de l'Afrique que baigne la Méditerranée croît en Espagne, en Italie, et dans le midi de la France.

Description. — Racine. — Rameaux glabres, anguleux, couverts d'une écorce rouge. — Feuilles très-lisses, opposées, lancéolées, portées sur des pétales très-courts. - Fleurs hermaphrodites, régulières et assez grandes, d'un rouge vif, presque sessiles, souvent solitaires, quelquefois réunies trois ou quatre vers le sommet des rameaux (juin-juillet-août). — Calice épais et charnu, à cinq, sept divisions. — Corolle à cinq, sept pétales ondulés. — Etamines très-nombreuses. — Style et stigmate simples. — Fruits de la grosseur d'une pomme, arrondis, et revêtus d'une écorce d'un brun rougeâtre, contenant en grande quantité des substances pulpeuses d'un rouge très-vif.

Parties usitées. — Les fleurs (balaustes). — Les fruits (grenades). — L'écorce du fruit (malicorium). — Les semences. — La racine. — L'écorce de la racine.

[Culture. — On multiplie les grenadiers de graines ou de greffes ; ils exigent une bonne exposition, on peut les cultiver au pied d'un mur, au midi ; on les couvre l'hiver de feuilles et de litière ; ils demandent une terre légère et substantielle qu'il faut renouveler souvent ; les fleurs naissent sur les pousses de l'année ; il faut tailler court pour obtenir du jeune bois, arroser beaucoup et souvent. On préfère l'écorce du grenadier sauvage.]

Récolte. — Les fleurs de grenadier, simples dans le grenadier sauvage, sont doubles, dans le grenadier cultivé. Ce sont ces dernières qu'on livre ordinairement au commerce sous le nom de balaustes, bien que les premières aient les mêmes propriétés médicales. On les récolte pendant tout le temps de la floraison. La dessiccation ne leur fait pas perdre leur belle couleur rouge. L'écorce du fruit se trouve dans le commerce de la droguerie en fragments secs, durs, coriaces, rougeâtres en dehors, jaunes au dedans.

La racine sèche pouvant être tirée en abondance de l'Espagne, du Portugal, de la Provence, il y a avantage économique à la choisir. La racine fraîche, recueillie souvent sur de maigres arbustes élevés dans des caisses, est habituellement moins riche en tannin, et n'offre pas les mêmes avantages sous le rapport thérapeutique[1]. — L'écorce de racine de grenadier de Portugal est beaucoup plus grosse que celle de France.

Mérat regardait la racine fraîche comme beaucoup plus efficace que la racine sèche. Ce médecin était dans l'habitude de faire acheter un grenadier vivant, de huit à dix ans au moins (plus jeune il ne pourrait fournir la quantité d'écorce de racine suffisante) et d'en faire séparer l'écorce chez le malade même, le jour, ou, au plus tard, le lendemain du jour où des anneaux de tænia avaient été expulsés ; il le faisait employer immédiatement. I1 est reconnu aujourd'hui que la racine sèche est tout aussi efficace, lorsqu'on a eu la précaution de la faire macérer pendant vingt-quatre heures dans l'eau qui doit servir à l'ébullition.

Cette écorce se trouve dans le commerce en petits fragments cassants, non fibreux, d'un gris jaunâtre à l'extérieur et jaune à l'intérieur. Elle est inodore.

Dans la droguerie on remplace quelquefois l'écorce de la racine de grenadier par celle de buis ou d'épine-vinette. L'amertume de ces deux dernières racines suffit à la dégustation, pour déceler la fraude. — « Une falsification plus fréquente que celle que nous venons de mentionner consiste à mélanger l'écorce de la tige avec celle de la racine. On peut reconnaître cette substitution à l'absence totale de toute production cryptogamique sur l'écorce des racines, tandis que l'on rencontre à l'aide du microscope, sur l'épiderme des écorces caulinaires, un grand nombre de cryptogames, tels que l’opographa serpentina, le verrucaria leinitata, etc. — On peut la confondre avec les écorces d'angusture. Le sulfate de fer donne avec l'infusé d'écorce de grenadier un précipité noirâtre, avec l'angusture vraie, un précipité gris-jaunâtre, avec l'angusture fausse, un précipité vert bouteille. (Dorvault.)

Propriétés physiques et chimiques. - Les fleurs et le malicorium

____________________

  1. Gazette hebdomadaire de médecine, 1856.


[498]

contiennent une grande quantité de tannin et de l'acide gallique. L'écorce de la racine de grenadier est d'une saveur très-astringente, sans amertume ; humectée avec un peu d'eau et passée sur un papier, elle-y laisse une trace jaune, qui devient d'un bleu foncé par le contact du sulfate de fer. Cette racine a été analysée d'abord par Mitouart[1], qui en a retiré une matière grasse assez abondante, du tannin, de l'acide gallique, une matière résineuse, de la mannite, du sucre et du ligneux ; puis par Latour de Trié[2], qui en a obtenu de la chlorophylle, beaucoup, de résine, du tannin, de la matière grasse, et une substance cristalline sucrée qu'il nomme grenadine, laquelle est blanche sans odeur, cristallisée en choux-fleurs et ne paraît pas constituer le principe actif du végétal (c'est tout simplement de la mannite). — Landerer, cité par Soubeiran, a retiré des fruits non mûrs une matière amère cristalline qu'il' a nommée granatine. — (Righini a extrait de l'écorce un principe, âcre auquel il a donné le nom de punicine.)

Substances incompatibles. — La gélatine, le sulfate de fer, les sels d'argent, de plomb.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion ou décoction des fleurs , de 15 ai 30 gr. par 1 kilogramme d'eau.
Décoction de l'écorce du fruit, de 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre de malicorium, de 3 à 12 gr. en substance ou en bol, etc.
Sirop de grenade (8 de suc sur 15 de sucre), de 30 à 60 gr. en boisson.
Suc de grenade, étendu dans l'eau et édulcoré.
Sirop de malicorium, de 30 à 60 gr. en potion.
Semence en poudre, de 4 à 8 gr. dans du vin, comme astringent.
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction des écorees ou des fleurs (30 à 90 gr. par kilogramme d'eau), pour fomentations, lotions, lavements astringents, etc.
Décoction de l'écorce de la racine, en lavements, comme anthelminthique.
Décoction de l'écorce de la racine fraîche, 60 gr. pour-700 gr. d'eau que l'on fait réduire à 500 gr. et que l'on donne en trois fois contre le tænia.
Extrait alcoolique de la racine, de l5 à 20 gr., comme astringent, vermifuge.
Poudre de la racine, de 5 à 15 gr., en pilules, bols, au dans du vin, comme astringent.

MÉDICATION TÉNIFUGE.

Suivant Mérat, qui assure n'avoir jamais vu manquer la racine de grenadier contre le tænia, le succès est lié à l'observation indispensable du certaines conditions, et ces conditions sont les suivantes :
1° N'administrer le médicament que le jour même ou le lendemain du jour où des anneaux de tænia auront été rendus.
2° Faire prendre en trois fois, à une demi-heure de distance les unes des autres, le produit de la décoction de 60 gr. d'écorce de racine fraîche de grenadier cultivé, dans 750 gr. d'eau réduite à 500 gr. par l'ébullition.
Suivant Mérat, les insuccès que l'on a reprochés à ce mode de traitement sont dus uniquement à ce qu'il n'a pas été fait convenablement, et ils doivent toujours, être considérés comme résultant soit de la faute du

médecin, soit de celle du malade. Ainsi, tantôt on a employé l'écorce sèche (qui pourtant réussit encore dans le plus grand nombre des cas), souvent altérée et mêlée à d'antres écorees ; tantôt on a fractionné la dose du médicament, et on lui a associé des purgatifs, ou on en a administré auparavant ; tantôt, enfin, les malades n'ont rendu des portions de vers que depuis un certain temps, etc.
Bourgeoise[3] fait prendre la veille du jour où il doit administrer l'écorce de la racine de grenadier, le matin ou le soir, 45 à 60 gr. d'huile de ricin, dans la vue de nettoyer le tube digestif, de débarrasser le tænia des matières fécales qui l'entourent, et de le mettre à nu le plus possible. Il ne croit pas ce purgatif indispensable, mais il lui paraît angmenter les chances de succès. Gomès donne le conseil, lorsqu'après l'administration du ténifuge une portion du ver reste pendante à l'anus, de faire prendre le jalap, l'huile de ricin, etc., pour en faciliter la sortie.
Latour de Trie propose de remplacer la décoction par la liqueur fermentée, qu'il prépare de 1a manière suivante : Prenez48 gr. d'écorce de racine de grenadier réduite en poudre grossière, mettez à macérer dans 50O gr. d'eau distillée ; au bout de deux jours, exprimez fortement. Remettez sur le marc 500 gr. d'eau bouillante et laissez en contact pendant vingt-quatre heures, passez et exprimez ; réunissez l'infusé au macéré, filtrez et abandonnez la liqueur pendant deux jours à une température de 30 degrés dans un vase ouvert, passez au filtre, trois verres par jour, le matin, à midi et le soir. Latour cite un cas d'expulsion d'un tænia par cette préparation.
Chez les sujets faibles, nerveux, et surtout chez les enfants, on ne doit administrer l'écorce de racine de grenadier qu'à doses fractionnées. On peut, dans ces cas, faire prendre pendant huit, à quinze, jours„ tantôt par l'estomac et tantôt en lavements, une décoction de 4 gr. de cette écorce. Cependant ces demi-moyens sont loin d'amener un résultat aussi satisfaisant que le mode ordinaire d'administration.
L'administration de l'écorce de la racine de grenadier sous forme de poudre, conseillée

____________________

  1. Journal de pharmacie, 1824, t. X, p. 352.
  2. Journal de pharmacie, 1831, t. XVII, p. 603.
  3. Nouvelle Bibliothèque médicale, t. VI, p. 397.

[499]

par Breton, qui la faisait prendre à la dose de 60 centigr. toutes les demi-heures pendant trois heures de suite, est moins certaine dans ses effets que la décoction. L'extrait alcoolique proposé par Deslandes[1] comme possédant une efficacité ténifuge plus prononcée que celle de l'écorce elle-même, est plus facile à administrer, répugne moins aux malades, et mérite d'être adopté, non-seulement comme propre à agir spécialement contre le tænia, mais aussi contre les autres espèces de vers intestinaux.
Comme nous l'avons dit plus haut, l'écorce sèche n'est pas moins efficace que celle qui

est fraîchement récoltée. Trois faits publiés par Grisolle, Giscaro[2] et Dechambre viennent à l'appui de cette opinion. 64 gr. de cette racine sèche, qu'on avait fait macérer pendant vingt-quatre heures dans 750 gr. d'eau et réduire ensuite à 500 gr., ont fait rendre au malade de Giscaro, une demi-heure après la troisième verrée, le tænia solium qui causait tous les accidents, et 15 gr. de cette racine ont suffi chez le jeune enfant dont parle Dechambre. Dans les deux cas, l'administration de la décoction de racine de grenadier avait été précédée, vingt-quatre heures auparavant, d'une purgation avec l'huile de ricin.


Les fleurs ou balaustes et l'écorce du fruit du grenadier ou malicorium (cuir de pomme) sont toniques et astringentes. On les emploie, à l'intérieur, dans la diarrhée et la dysenterie quand la période d'irritation est dissipée, dans les hémorrhagies passives, les écoulements muqueux avec atonie, et, à l'extérieur, en gargarisme dans le gonflement atonique des amygdales, le relâchement de la luette et des gencives, en lotion et en injection contre le relâchement de la muqueuse du vagin, la chute du rectum, l'œdème des extrémités, les engorgements articulaires, suite d'entorse et de luxation, etc. On fait ordinairement usage des fleurs à l'intérieur, et de l'écorce des fruits à l'extérieur. Les graines renfermées dans les grenades, d'une saveur aigrelette sont aussi astringentes, mais à un degré beaucoup plus faible ; elles ont été néanmoins prescrites en poudre dans les flueurs blanches, et, à l'extérieur, contre les ulcères atoniques. Le suc de grenade est rafraîchissant et diurétique. Etendu dans l'eau, il fournit, comme nos fruits rouges, une boisson acidulé d'un goût agréable, et qui convient dans les maladies inflammatoires, bilieuses et putrides, les affections des voies urinaires, etc.

Pline l'Ancien dit qu'une grenade, pilée et bouillie dans trois hémines de vin réduites à une, expulse le tænia. La grenade entière, enfermée dans un pot de terre neuf bien couvert et luté d'argile, mise au four et desséchée au point de pouvoir facilement la réduire en poudre, et administrée à la dose de 2 à 1 gr., avec du vin rouge, était un remède populaire vanté contre la dysenterie chronique, les pertes utérines, les flueurs blanches et les fièvres intermittentes. L'écorce du fruit du grenadier est regardée par les médecins persans et thibétains comme succédané du quinquina et employée contre les fièvres intermittentes [3].

La propriété vermifuge de l'écorce de racine de grenadier, que l'on n'a mise à profit que depuis une trentaine d'années, était connue des anciens. Caton le Censeur la conseille contre les vers, et Dioscoride recommande la décoction de racine de grenadier prise en breuvage pour tuer les vers larges et les chasser du corps. Dans l'Inde, ce ténifuge était employé de temps immémorial. Ce fut Buchanam qui le remit en usage en Europe vers 1807. Laissant de côté, comme inutiles dans un travail exclusivement consacré à la thérapeutique, les autres détails historiques concernant ce précieux remède, nous nous contenterons de dire que le mémoire de Gomès, publié en 1822 et traduit par Mérat[4] a le plus contribué à en répandre l'usage en France.

Ce qui frappe le praticien dans l'emploi de l'écorce de racine de grenadier comme ténifuge, c'est le défaut de proportion entre son action immédiate sur le tube digestif et le résultat qu'on en obtient. Introduite à dose légère dans l'estomac, elle ne produit aucun effet sensible ; en quantité plus

____________________

  1. Archives générales de médecine, 2e série, t. 1, p. 120.
  2. Gazette hebdomadaire de médecine, janvier 1856.
  3. Bibliothèque britannique, septembre 1811.
  4. Journal complémentaire des sciences médicales, t. XVI, p. 24.


[500]

forte, elle occasionne un peu de chaleur, et rarement de la douleur, dans la région épigastrique ; quelquefois, cependant, des nausées et même le vomissement ont lieu. Comme purgative, l'écorce de grenadier a une vertu peu active : elle ne provoque, administrée à haute dose, qu'un bien petit nombre de selles. On sait d'ailleurs que les purgatifs, même les plus énergiques, n'ont pas, par cette seule propriété, l'effet vermifuge. L'amertume de cette racine n'est pas assez prononcée pour que l'on puisse lui attribuer sa vertu anthelminthique ; tout à fait dépourvue d'arôme, sa décoction a seulement quelque chose de nauséabond.

On a quelquefois observé, après l'administration de ce médicament, des vertiges, des étourdissements, une sorte d'ivresse, parfois des syncopes, de légers mouvements convulsifs ; mais ces accidents sont fugaces et ne laissent aucune trace après leur manifestation.

Il paraît donc certain, en raisonnant par voie d'exclusion, que l'écorce de racine de grenadier agit d'une manière spéciale et par intoxication sur le ver, que l'on trouve toujours mort, pelotonné sur lui-même, et noué fortement à plusieurs endroits de sa longueur. Les remarques faites par la plupart des auteurs qui ont étudié les effets de cette substance viennent à l'appui de cette opinion. Breton[1], ayant jeté des tænias vivants dans une décoction d'écorce de racine de grenadier, les a vus se contracter aussitôt avec vivacité et mourir au bout de quelques minutes, tandis que ceux qui ont été plongés dans l'eau simple ont vécu plusieurs heures après leur expulsion. Gomès s'est aussi assuré que des portions de tænia vivant, jetées dans la décoction d'écorce de racine de grenadier, deviennent raides, contractées, et y périssent presque aussitôt, tandis que dans les autres anthelminthiques, même dans l'essence de térébenthine, elles se meuvent avec plus ou moins de vivacité.

Je n'eus qu'une seule fois occasion d'employer l'écorce de racine de grenadier contre le tænia. Ce fut en 1828, chez M. Seaton, officier anglaise en résidence à Calais. Ce malade, âgé de quarante-six ans, d'un tempérament lymphatico-nerveux, d'une taille élevée, d'une constitution grêle, avait été atteint, à l'âge de vingt-neuf ans, d'une fièvre typhoïde. La production de son tænia datait, disait-il, de la convalescence longue et pénible de cette dernière maladie. Un sentiment d'engourdissement ou de fourmillement presque continuel au dessous de l'ombilic, des mouvements ondulatoires, des élancements douloureux et instantanés dans les intestins, un appétit irrégulier et parfois vorace, de temps en temps une diarrhée muqueuse avec expulsion spontanée de morceaux de tænia, des spasmes vers l'épigastre avec efforts de vomissements, irritations nerveuses sympathiques et exaltation intellectuelle, auxquels succédait toujours un état d'abattement et de somnolence : tels étaient les symptômes que présentait M. Seaton lorsqu'il vint me consulter. Il avait mis en usage, pendant plusieurs années et à diverses reprises, la fougère, la gomme-gutte, l'huile de térébenthine, l'étain, l'huile de ricin et divers autres anthelminthiques, sans autre effet que l'expulsion de portions plus ou moins longues du ver qui le tourmentait.

Je ne pus me procurer une quantité suffisante d'écorce de racine de grenadier qu'au bout de trois semaines. Je lui en administrai 60 gr. en décoction dans un litre d'eau réduit à trois verres. Le malade, préparé par la diète et quelques lavements, prit le premier verre à six heures du matin et le vomit dix minutes après. A six heures et demie, le second verre fut avalé et conservé, ainsi que le troisième, qui fut administré à sept heures et demie. Déjà des coliques s'étaient fait sentir, et bientôt deux selles eurent lieu sans qu'aucun symptôme nerveux se fût manifesté. Vers midi, le malade éprouvant des tranchées et des épreintes suivies seulement d'expulsion de muco-

____________________

  1. London medico-surgical transact., t. XI, p. 301.


[501]

sités, je me décidai à lui faire prendre en lavement une décoction de 20 gr. d'écorce de racine de grenadier dans 800 gr. d'eau réduits par l'ébullition à 800 gr. environ. Un quart d'heure après cette injection, une garde-robe amena le ver tout entier. Il était assez épais, opaque, roulé en peloton, de la longueur de quatre mètres environ, et de l'espèce non armée. J'ai pu, à l'aide d'une forte loupe, distinguer les papilles latérales, et, entre elles, la protubérance indiquant le suçoir central de l'animal.

Ce fait, que j'ai cru devoir rapporter, vient se joindre au grand nombre de ceux qui sont consignés dans les journaux de médecine, et qui prouvent incontestablement que l'écorce de racine de grenadier est, de tous les anthelminthiques indigènes connus, celui qui jouit au plus haut degré de la faculté de tuer le tænia solium (1)[1]. C'est le succédané du kousso.

La racine de grenadier est aussi un remède efficace pour la destruction des autres espèces de vers intestinaux. On en donne la décoction en lavement contre les ascarides vermiculaires.

____________________

  1. Voyez Archives qénérales de médecine, 1re série, t. VI, p. 293 ; t. VII, p. 153, 603 ; t. XIV, p. 285. 374, 603 ; t. XV, p. 124 ; t. XVI, p. 298 ; t. XVII, p. 130 ; t. XVIII, p. 438. — Journal général de médecine, t. XXVII, 2e série, p. 329, etc.