Capucine (Cazin 1868) : Différence entre versions

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Nom accepté : ''[[Tropaeolum majus]]''
 
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''Cardamindum ampliore folio et majore flore''. Tourn. — ''Nasturtium indicum''. Lob.  
 
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Version actuelle en date du 30 novembre 2016 à 17:31

Câprier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Cardamine


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Capucine

Nom accepté : Tropaeolum majus

CAPUCINE. Tropæolum majus. L.

Cardamindum ampliore folio et majore flore. Tourn. — Nasturtium indicum. Lob.

Cresson du Pérou, — cresson d'Inde, — cresson du Mexique.

Géraniacées. — Tropæolées. Fam. nat. — Octandrie monogynie. L.


Originaire du Mexique et du Pérou, cette plante fait aujourd'hui l'ornement de nos jardins ; toutefois elle n'y est qu'annuelle, tandis qu'elle est vivace dans son pays natal.

Description. — Racine fibreuse, petite, blanchâtre, rampante. — Tiges herbacées, cylindriques, glabres, succulentes, grimpant sur une grande étendue en leur fournissant un appui. — Feuilles très-nombreuses, alternes, planes, arrondies, à cinq lobes superficiels, peltés, attachés à leur centre en forme de bouclier par un pétiole long, flexueux, qui s’entortille sur les corps voisins à la manière des vrilles. — Fleurs grandes et belles, longuement pédonculées, solitaires, de couleur aurore, se succédant pendant tout l’été et même jusqu'à l'entrée de l'hiver. — Calice monophylle, caduc, divisé profondément en cinq découpures lancéolées, et terminé postérieurement par une sorte de capuchon, d'où le nom de capucine. — Corolle composée de cinq pétales obtus, de grandeur et de figure inégales, attachés au calice, alternes avec ses découpures ; les deux supérieurs nus et striés à leur base de lignes pourpres ; les trois inférieurs ayant les ongles ciliés. — Etamines, huit courtes déclinées. — Ovaire arrondi, à trois côtes saillantes et striées, à trois loges uniovulées, surmonté d'un style dressé, triangulaire, trifide au sommet. — Fruit trilobé, consistant en trois coques charnues réunies, convexes et sillonnées en dehors, angulaires à l'intérieur et fixées à la base du style persistant, contenant chacune une semence ovoïde.

Parties usitées. — Les feuilles, les fleurs et les fruits.

[Culture. — La capucine est cultivée dans les jardins botaniques et d’agrément ; elles viennent dans tous les sols et se propagent de graines qu'on sème au printemps en place ou en pépinière.]

Récolte. — Elle s'emploie fraîche. Cependant les fruits séchés ont une énergie thérapeutique très-grande.

Propriétés chimiques. — La capucine est douée d'une saveur âcre, piquante, analogue à celle des crucifères. Il résulte des recherches de Braconnol, qu'outre le carbonate de potasse, le phosphate de chaux et de potasse, les sulfate et chlorate de potasse, dont la présence a été constatée dans la capucine, elle contient encore une quantité remarquable d'acide phosphorique : aussi, ce chimiste a-t-il été porté à attribuer les éclairs instantanés qui s'échappent des parties sexuelles de cette plante, et que la fille de Linné observa la première, à une production de phosphore qui brûle et s'acidifie à mesure qu'il est formé.

[Cloëz a signalé dans la capucine l'existence d'une essence sulfurée analogue à celle de la moutarde ; il est même probable que, comme dans cette dernière plante, l'esssence ne préexiste pas, car on ne perçoit l’odeur forte dans la capucine que lorsqu’on la froisse.]

On confit au vinaigre les jeunes boutons et les fruits verts, comme ceux du câprier, qu'ils peuvent remplacer.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Décoction, 15 à 30 g., par kilogramme d'eau.
Suc exprimé, 30 à 60 gr. et plus, seul ou mêlé avec le lait, la conserve de roses, etc.
Poudre des fruits, 50 centigr. à 1 gr., seule

ou en pilules, électuaire, dans l’eau, etc. Fleurs en salade.

A L'EXTÉRIEUR. — Décoction ou suc délayé, ou gargarisme antiscorbutique.


La capucine est tonique, stimulante, antiscorbutique. Comme nos cressons indigènes, elle peut être employée avec succès dans le scorbut, les scrofules, les cachexies, les infiltrations séreuses. « Elle offre, dit Bodart, aux enfants,


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aux constitutions délicates, un antiscorbutique modéré qui n'est point assez mis en usage. » Elle est considérée comme inférieure à nos cressons indigènes dans le traitement du scorbut, malgré l'assertion d'Ach. Richard : « L'usage de cette plante, dit cet auteur, n'est pas aussi répandu qu'il devrait l'être. C'est un stimulant énergique, et qui peut être comparé aux meilleurs antiscorbutiques produits par la famille des crucifères. »

Le suc exprimé des feuilles, seul ou mêlé avec la conserve de roses, a été préconisé contre la phthisie pulmonaire. « On entend ici, à ce que je crois, dit Ettmuller, la phthisie scorbutique, lorsque l'acide du scorbut corrode le poumon. » Je crois plutôt, avec Roques et Biett[1], que le catarrhe pulmonaire ayant été confondu mille fois avec la phthisie, on doit ajouter peu de foi à ces cures brillantes fastueusement prônées par des médecins inhabiles et incapables de saisir le vrai caractère d'une maladie. J'ai été à même de vérifier la justesse de cette remarque, et de me convaincre de la rareté des cas de guérison de phthisies bien diagnostiquées. L'observation suivante m'a paru de nature à faire apprécier l'action de la capucine dans les affections de poitrine : Marie Rousselle, âgée de trente ans, d'un tempérament lymphatico-sanguin, avait été prise d'une bronchite très-intense dans les premiers jours du mois d'août, à la suite de travaux pénibles, et après avoir bu de l'eau froide étant en sueur. Cette affection fut négligée, devint chronique et prit toutes les apparences d'une phthisie pulmonaire au second degré. C'est dans cet état que je vis la malade vers la fin de septembre 1842. Elle avait perdu tout son embonpoint, avait des sueurs nocturnes, toussait beaucoup, et expectorait abondamment des crachats épais et muqueux, principalement le matin. Avant d'avoir percuté et ausculté la poitrine, je la croyais moi-même phthisique. L'exploration la plus attentive ne m'offrit que l'existence d'un râle muqueux très-prononcé. Je fus rassuré, sans cependant annoncer une guérison à laquelle je n'osais croire, malgré les signes favorables fournis par l'examen local, tant l'état général était peu satisfaisant. Je saisis cette occasion d'essayer l'usage du suc exprimé de capucine. J'en fis prendre d'abord une once dans une tasse de petit-lait. J'augmentai la dose peu à peu, jusqu'à celle de 3 onces en deux fois, dans la journée. Dès les premiers jours la toux diminua, ainsi que l'expectoration ; les sueurs cessèrent peu à peu, le mouvement fébrile du soir disparut, le pouls, habituellement fréquent dans ce genre d'affection, reprit son rhythme habituel, les forces revinrent avec l'appétit et le sommeil, et au bout de vingt-cinq à trente jours le rétablissement était assuré. Il fut consolidé par l'usage pendant quinze jours d'une décoction de racine d'aunée, dont la convalescente prenait trois tasses par jour.

Je suis convaincu que le suc de cresson de fontaine, dont j’ai fait usage dans des cas analogues, eût produit le même effet.

Les fruits de la capucine, mûrs et desséchés, sont purgatifs. Cette propriété, reconnue par Arnold n'avait jamais appelé l'attention des praticiens et était tout à fait oubliée lorsqu'il me vint à l'idée de m'en assurer. Je pris, il y a deux ans environ, 60 centigr. de ce fruit en poudre, dans un demi-verre d'eau sucrée. Cette dose, administrée à sept heures du matin, avait proyoqué cinq selles assez abondantes, de neuf heures et demie à midi. Je prenais une grande tasse d'eau de veau tiède après chaque déjection. Les coliques furent modérées.

(A l'exemple de mon père, j'ai eu à me louer de ce purgatif, si facile à se procurer, dans plus de vingt cas où cette médication est indiquée.)

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  1. Dictionnaire des sciences médicales, t. IV, p. 45.