Roseau (Cazin 1868) : Différence entre versions

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L'action excitante du roseau aromatique l'a fait considérer comme stomachique, diaphorétique, emménagogue, expectorant, etc., suivant l'état d'atonie de tel ou tel organe. C'est ainsi qu'elle est utile dans les affections exanthématiques lorsqu'il y a défaut d'action de la peau, comme on l'observe chez les sujets faibles ; dans l'aménorrhée, chez les femmes lymphatiques et prédisposées à la chlorose ; dans la période d'atonie des affections catarrhales, dans les fièvres intermittentes exemptes d'irritation viscérale et accompagnées de débilité, d'œdème, de cachexie, contre les affections vermineuses, etc. Chomel en a éprouvé les bons effets dans l'atonie de
 
L'action excitante du roseau aromatique l'a fait considérer comme stomachique, diaphorétique, emménagogue, expectorant, etc., suivant l'état d'atonie de tel ou tel organe. C'est ainsi qu'elle est utile dans les affections exanthématiques lorsqu'il y a défaut d'action de la peau, comme on l'observe chez les sujets faibles ; dans l'aménorrhée, chez les femmes lymphatiques et prédisposées à la chlorose ; dans la période d'atonie des affections catarrhales, dans les fièvres intermittentes exemptes d'irritation viscérale et accompagnées de débilité, d'œdème, de cachexie, contre les affections vermineuses, etc. Chomel en a éprouvé les bons effets dans l'atonie de
l'estomac, la dyspepsie et le vomissement. Petochast la vante dans l'hydropisie, et Most dans l'hystérie. Les Tartares la considèrent comme antiseptique. Ces peuples, au rapport de Clusius, ne boivent jamais d'eau sans avoir, au préalable, fait macérer de cette racine. Lebeau, médecin au Pont-de-Bonvoisin, a préconisé ce médicament dans l'épistaxis et dans les hémorragies qui suivent l'avortement ; il dit que son père l'a souvent employé avec succès dans différentes espèces d'hémorrhagies (1)<ref></ref> ; mais il est évident qu'elle ne peut convenir que lorsque ces hémorrhagies sont passives : les
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l'estomac, la dyspepsie et le vomissement. Petochast la vante dans l'hydropisie, et Most dans l'hystérie. Les Tartares la considèrent comme antiseptique. Ces peuples, au rapport de Clusius, ne boivent jamais d'eau sans avoir, au préalable, fait macérer de cette racine. Lebeau, médecin au Pont-de-Bonvoisin, a préconisé ce médicament dans l'épistaxis et dans les hémorragies qui suivent l'avortement ; il dit que son père l'a souvent employé avec succès dans différentes espèces d'hémorrhagies<ref>''Ancien Journal de médecine'', t. X, p. 373.</ref> ; mais il est évident qu'elle ne peut convenir que lorsque ces hémorrhagies sont passives : les excitants ne peuvent, dans les hémorrhagies actives ou avec pléthore locale, qu'augmenter l'afflux qui les produit.
excitants ne peuvent, dans les hémorrhagies actives ou avec pléthore locale, qu'augmenter l'afflux qui les produit.
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La propriété hémostatique de la racine d'acore avait été signalée par Gr. Hortius. Cet auteur s'exprime en ces termes : ''Acorum nostrum decoctum et epotum immodicum profluvium mensium sistit. — Idem cum vino et prunis sylvestribus, omnibus fluxionibus immodicis sanguinis medetur''. — Je me suis très-bien trouvé de la décoction de cette racine dans un cas de menstrues ménorrhagiques avec chloro-anémie chez une femme de trente-deux ans. Cette hémorrhagie périodique datait de deux ans, durait chaque fois de dix à quinze jours, et avait résisté aux astringents employés en pareil cas. Il a suffi de l'usage de la décoction d'acore pour en triompher en peu de temps.
 
La propriété hémostatique de la racine d'acore avait été signalée par Gr. Hortius. Cet auteur s'exprime en ces termes : ''Acorum nostrum decoctum et epotum immodicum profluvium mensium sistit. — Idem cum vino et prunis sylvestribus, omnibus fluxionibus immodicis sanguinis medetur''. — Je me suis très-bien trouvé de la décoction de cette racine dans un cas de menstrues ménorrhagiques avec chloro-anémie chez une femme de trente-deux ans. Cette hémorrhagie périodique datait de deux ans, durait chaque fois de dix à quinze jours, et avait résisté aux astringents employés en pareil cas. Il a suffi de l'usage de la décoction d'acore pour en triompher en peu de temps.
  
Loiseleur-Deslongchamps administrait chaque jour 50 à 60 centigr. de racine d'acore en poudre, dans les cas où il était nécessaire de rétablir les fonctions faibles et languissantes des organes digestifs. Mappus (2)<ref></ref> attribue à l'acore vrai la faculté de provoquer le vomissement, donné à la dose de 4 gr. en poudre ; il a été rarement employé dans le but de produire cet effet. Dans la goutte chronique, les Allemands l'associent à la sabine dans la proportion de 9 parties pour 6 de sabine ; 6 gr. du mélange en infusion dans 1 litre d'eau, par verrées dans la journée.
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Loiseleur-Deslongchamps administrait chaque jour 50 à 60 centigr. de racine d'acore en poudre, dans les cas où il était nécessaire de rétablir les fonctions faibles et languissantes des organes digestifs. Mappus<ref>''Hist. plant. alsatic.'', 1742.</ref> attribue à l'acore vrai la faculté de provoquer le vomissement, donné à la dose de 4 gr. en poudre ; il a été rarement employé dans le but de produire cet effet. Dans la goutte chronique, les Allemands l'associent à la sabine dans la proportion de 9 parties pour 6 de sabine ; 6 gr. du mélange en infusion dans 1 litre d'eau, par verrées dans la journée.
  
 
Le calamus aromatique indigène peut très-bien remplacer celui qui nous est apporté des Indes.
 
Le calamus aromatique indigène peut très-bien remplacer celui qui nous est apporté des Indes.
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ROSEAU A QUENOUILLE ou CANNE DE PROVENCE. ''Arundo donax'', L. ; ''Arundo sativa quæ donax Dioscoridis et Theophrasti'', C. Bauh., Tourn. — Cette graminée croît naturellement et abondamment dans le midi de la France, près des rivières, des ruisseaux, autour des jardins potagers ; dans une grande partie du Roussillon il forme des haies autour des champs et des vignes. On en fait des quenouilles, des lignes. Coupée et fendue, on en fabrique des nattes, des fonds de chaises, etc.
 
ROSEAU A QUENOUILLE ou CANNE DE PROVENCE. ''Arundo donax'', L. ; ''Arundo sativa quæ donax Dioscoridis et Theophrasti'', C. Bauh., Tourn. — Cette graminée croît naturellement et abondamment dans le midi de la France, près des rivières, des ruisseaux, autour des jardins potagers ; dans une grande partie du Roussillon il forme des haies autour des champs et des vignes. On en fait des quenouilles, des lignes. Coupée et fendue, on en fabrique des nattes, des fonds de chaises, etc.
  
'''Description'''. — Racine : rhizome allongé, difforme, poreux, d'un blanc jaunâtre.
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'''Description'''. — Racine : rhizôme allongé, difforme, poreux, d'un blanc jaunâtre. — Tige creuse, ligneuse, cylindrique, de 3 à 5 mètres de hauteur. — Feuilles sessiles,
jyp.Creuse, ligneuse, cylindrique, de 3 à 5 mètres de hauteur. — Feuilles sessiles,
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longues de 60 centimètres environ, étroites, lancéolées, à nervures médianes longitudinales. Fleurs disposées en un panicule terminal, composé d'épillets solitaires
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(août-septembre). ~ Calice extérieur triflore à deux balles ; glume entourée de soies
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persistantes ; trois étamines ; ovaire surmonté de deux styles.
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'''Parties usitées'''. — Le rhizôme, improprement appelé racine.
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'''Récolte'''. — Elle se récolte vers la fin de septembre. On doit la couper par
  
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['''Culture'''. — La canne de Provence demande un terrain humide. Elle vient sur les bords des rivières, des ruisseaux, des étangs. On la propage par éclats de pieds.]
  
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'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Cette racine a une saveur douce et sucrée lorsqu'elle est jeune, et est insipide étant plus avancée, surtout lorsqu'elle est sèche. Chevallier<ref>''Journal de pharmacie'', 1817, t. III, p. 244.</ref> en a retiré de l'extrait muqueux un peu amer, une substance résineuse, amère, aromatique, dont l'odeur se rapproche de celle de la vanille, quoique la canne soit inodore ; de l'acide malique, de l'huile volatile ; une matière azotée ; du sucre, quand la racine n'est pas ancienne, tandis que jeune il y en a assez pour qu'on s'en aperçoive à la saveur. — Elle ne contient pas de fécule, ce qui est fort remarquable.
conserve aisément en la privant du contact de l'air humide. '
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[Culture. — La canne de Provence demande un terrain humide. Elle vient sur les
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(En Provence, on emploie le roseau à quenouille pour faire des lambris destinés à servir de revêtement aux plafonds. Lorsque, sous l'influence de l'humidité, les cannes sont le siège de fermentation, une poussière blanche prend naissance sur les feuilles
. bords des rivières, des ruisseaux, des étangs. On la propage par éclats de pieds.]
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auprès des merithalles. Les vanniers ou cannissiers ont remarqué que le contact de
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cette poussière détermine une maladie particulière, maladie des roseaux. Cette dermatose a été étudiée par Maurin)<ref>''Revue thérapeutique du Midi'', 1859.</ref>.
  
Propriétés physiques et chimiques. — Cette racine a une saveur
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La décoction de racine de canne de Provence (30 à 60 gr. par kilogr. d'eau) est légèrement diurétique et diaphorétique. Elle jouit dans le peuple d'une grande réputation comme antilaiteuse. La plupart des médecins la considèrent comme inerte, et n'attribuent qu'à l'eau les effets que l'on a cru obtenir de son usage chez les nouvelles accouchées qui ne veulent ou ne peuvent nourrir, et chez les nourrices qui veulent sevrer. — Les anciens se servaient de cette plante à l'extérieur sur les plaies, en fomentation.
douce et sucrée lorsqu'elle est jeune, et est insipide étant plus avancée, surtout lors-
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qu'elle est sèche. Chevallier (1) en a retiré de l'extrait muqueux un peu amer, une sub-
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stance résineuse, amère, aromatique, dont l'odeur se rapproche de celle de la vanille"
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quoique la canne soit inodore; de l'acide malique, de l'huile volatile; une matière azotée'
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du sucre, quand la racine n'est pas ancienne, tandis que jeune il y en a assez pour qu'on
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(En Provence, on emploie le roseau à quenouille pour faire des lambris destinés à
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servir de revêtement aux plafonds. Lorsque, sous l'influence de l'humidité, les cannes
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sent le siège de fermentation, une poussière blanche prend naissance sur les feuilles
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auprès des merithalles. Les. vanniers ou _cannissiers ont remarqué que le contact de
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cette poussière détermine une maladie particulière, maladie des roseaux. Cette derma-
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La décoction de racine de canne de Provence (30 à 60 gr. par kilogr,
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d'eau) est légèrement diurétique et diaphorétique. Elle jouit dans le peuple
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d'une grande réputation comme antilaiteuse. La plupart des médecins la
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considèrent comme inerte, et n'attribuent qu'à l'eau les effets que l'on a
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cru obtenir de, son usage chez les nouvelles accouchées qui ne veulent
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anciens se servaient de cette plante à l'extérieur sur les plaies, en fomen-
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Version du 15 novembre 2016 à 22:06

Rosages
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Rosiers


[927]

Roseau à balais

Nom accepté : Phragmites australis


ROSEAU A BALAIS. Arundo phragmites. L.

Arundo vulgaris, sive phragmites Dioscoridis. C. Bauh., Tourn. — Arundo vallatoria. Ger. — Arundo vulgaris palustris. J. Bauh.

GRAMINÉES. — ARUNDINÉES. Fam. nat. — TRIANDRIE DIGYNIE. L.


Ce roseau croît dans les ruisseaux et les étangs. Son nom vient de ce qu'on fait des balais avec ses panicules avant leur entier développement. On fait des nattes avec ses tiges. Les chèvres et les chevaux mangent ses feuilles ; on peut les substituer au foin dans les années de sécheresse. Elles fournissent une bonne litière au bétail.

Description. — Racine : rhizome jaunâtre, rampant, articulé, un peu fibreux. - Tiges droites, fortes, fistuleuses, de 1 à 2 mètres de hauteur. — Feuilles alternes, longues, engaînantes, étroites, finement striées, d'un vert glauque. — Fleurs rougeâtres, très-nombreuses, disposées en un panicule très-ample composé de petits épis aigus, filiformes (août-septembre). — Calice à deux valves nues, l'intérieure beaucoup plus longue. — Corolle également à deux valves garnies de poils persistants. — Trois étamines. — Deux styles à stigmate simple. — Fruit : caryopse oblong à deux balles.

Parties usitées. — La racine ou rhizome.

[Culture. — Les roseaux demandent un sol humide. On les propage par éclats de pied. On les cultive dans plusieurs localités pour les usages économiques.]

Propriétés physiques et chimiques. — Les rhizomes ont des pousses succulentes, sucrées. Les feuilles et les fleurs sont aussi sensiblement sucrées quand on les mâche quelques instants. Toutes les parties de cette plante sont inodores. Provenzale, qui a écrit une notice sur l’arundo phragmites, y a trouvé de la silice, ce qui a lieu pour plusieurs autres graminées. — Le panicule teint en vert.


[928]

La racine de roseau à balais est considérée comme sudorifique et diurétique. Elle a été vantée contre les affections rhumatismales, la goutte, la syphilis. On a prétendu qu'elle faisait la base du fameux rob de Boiveau-Laffecteur. Provenzale (in Mérat et Delens) la vante dans l'hydropisie. Laborie (1)[1] dit avoir guéri avec le suc de cette plante, à la dose de 15 gr. dans une tasse d'eau tiède, une demoiselle de vingt-cinq ans, atteinte d'une paralysie du membre supérieur droit, et de douleurs convulsives dans le membre inférieur du même côté. « Il serait difficile, dit Roques, de citer une observation bien faite, qui pût constater l'action médicale de ce roseau ; mais il ne faut point le dédaigner, puisque ses chaumes servent à couvrir le toit sous lequel repose la vertu indigente. »

____________________

  1. Des maladies nerveuses, p. 210. Paris, 1830.


ROSEAU AROMATIQUE. Acorus calamus. L.

Acorus verus, sive calamus aromaticus officinarum. C. Bauh., Tourn. — Acorus virus. Blaz. — Calamus aromaticus. Gaez. — Acorum legitimum. Tab.

Acore vrai, — acorus aromatique, — roseau odorant, — calamus aromatique.

AROÏDÉES. — CALLACÉES. Fam. nat. — HEXANDRIE MONOGYNIE. L.


Cette plante vivace (Pl. XXXV) croît dans les fossés marécageux de l'Alsace, de la Belgique, de la Bretagne, de la Normandie, des Vosges, etc.

Description. — Racine horizontale, noueuse, rampante, plus grosse que le doigt, spongieuse, jaunâtre en dehors, blanche en dedans. — Tige : hampe un peu comprimée, s'ouvrant sur les côtés pour donner passage à un spadice jaunâtre, allongé et cylindrique. — Feuilles radicales, engaînantes, étroites, ensiformes, longues de 50 à 70 centimètres. — Fleurs petites, hermaphrodites, axillaires, sessiles (juin-juillet). - Calice persistant formé de six pièces courtes. — Point de corolle. — Six étamines. - Un ovaire avec stigmate sessiles — Fruit : capsule triangulaire, entourée par le calice persistant, contenant trois semences.

Parties usitées. — La racine.

Récolte. — Cette racine nous est ordinairement envoyée de la Belgique, de la Hollande, de la Pologne, et même de la Tartarie, bien qu'on puisse la tirer de l'Alsace, de la Bretagne et des Vosges, où elle est très-commune. On la récolte au printemps ou à l'automne, et on la fait sécher. La dessiccation la rend beaucoup plus âcre, piquante et aromatique. Elle est sujette à être piquée des vers.

[Culture. — Le roseau aromatique exige un sol humide, il réussit bien dans les terrains submergés et marécageux. On plante à l'automne et au printemps les éclats de pieds à fleur de terre, sans cela ils seraient exposés à pourrir. Dans le nord de la France il fleurit rarement, et il ne mûrit ses graines qu'autant qu'on lui donne de la chaleur humide.]

Propriétés physiques et chimiques. — L'odeur de cette racine est forte, pénétrante et peu agréable, tant qu'elle est verte. Sèche, son odeur est agréable et persistante ; sa saveur est aromatique, un peu amère, piquante, âcre, et laisse dans la bouche l'odeur qui lui est propre. D'après Trommsdorff[1] elle contient une matière extractive, de la gomme, une résine visqueuse, une matière analogue à l'inuline, une huile volatile de saveur camphrée, du ligneux, quelques sels et de l'eau.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Décoction ou infusion, de 8 à 15 gr. et au delà par kilogramme d'eau ou de vin.
Poudre, de 1 à 4 gr. dans un véhicule approprié, ou en électuaire, bols, etc.
Teinture, de 2 à 6 gr., en potion.

Extrait, de 1 à 4 gr.
Vin (5 sur 50 de vin), de 50 à 500 gr.
Eau distillée, de 30 à 60 gr.
L'acore entre dans la composition de la thériaque, de l'opiat de Salomon, et d'autres préparations tombées en désuétude.

____________________

  1. Annales de chimie, 1812, t. LXXXI, p. 332.


[929]

L'action excitante du roseau aromatique l'a fait considérer comme stomachique, diaphorétique, emménagogue, expectorant, etc., suivant l'état d'atonie de tel ou tel organe. C'est ainsi qu'elle est utile dans les affections exanthématiques lorsqu'il y a défaut d'action de la peau, comme on l'observe chez les sujets faibles ; dans l'aménorrhée, chez les femmes lymphatiques et prédisposées à la chlorose ; dans la période d'atonie des affections catarrhales, dans les fièvres intermittentes exemptes d'irritation viscérale et accompagnées de débilité, d'œdème, de cachexie, contre les affections vermineuses, etc. Chomel en a éprouvé les bons effets dans l'atonie de l'estomac, la dyspepsie et le vomissement. Petochast la vante dans l'hydropisie, et Most dans l'hystérie. Les Tartares la considèrent comme antiseptique. Ces peuples, au rapport de Clusius, ne boivent jamais d'eau sans avoir, au préalable, fait macérer de cette racine. Lebeau, médecin au Pont-de-Bonvoisin, a préconisé ce médicament dans l'épistaxis et dans les hémorragies qui suivent l'avortement ; il dit que son père l'a souvent employé avec succès dans différentes espèces d'hémorrhagies[1] ; mais il est évident qu'elle ne peut convenir que lorsque ces hémorrhagies sont passives : les excitants ne peuvent, dans les hémorrhagies actives ou avec pléthore locale, qu'augmenter l'afflux qui les produit.

La propriété hémostatique de la racine d'acore avait été signalée par Gr. Hortius. Cet auteur s'exprime en ces termes : Acorum nostrum decoctum et epotum immodicum profluvium mensium sistit. — Idem cum vino et prunis sylvestribus, omnibus fluxionibus immodicis sanguinis medetur. — Je me suis très-bien trouvé de la décoction de cette racine dans un cas de menstrues ménorrhagiques avec chloro-anémie chez une femme de trente-deux ans. Cette hémorrhagie périodique datait de deux ans, durait chaque fois de dix à quinze jours, et avait résisté aux astringents employés en pareil cas. Il a suffi de l'usage de la décoction d'acore pour en triompher en peu de temps.

Loiseleur-Deslongchamps administrait chaque jour 50 à 60 centigr. de racine d'acore en poudre, dans les cas où il était nécessaire de rétablir les fonctions faibles et languissantes des organes digestifs. Mappus[2] attribue à l'acore vrai la faculté de provoquer le vomissement, donné à la dose de 4 gr. en poudre ; il a été rarement employé dans le but de produire cet effet. Dans la goutte chronique, les Allemands l'associent à la sabine dans la proportion de 9 parties pour 6 de sabine ; 6 gr. du mélange en infusion dans 1 litre d'eau, par verrées dans la journée.

Le calamus aromatique indigène peut très-bien remplacer celui qui nous est apporté des Indes.

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  1. Ancien Journal de médecine, t. X, p. 373.
  2. Hist. plant. alsatic., 1742.


ROSEAU A QUENOUILLE ou CANNE DE PROVENCE. Arundo donax, L. ; Arundo sativa quæ donax Dioscoridis et Theophrasti, C. Bauh., Tourn. — Cette graminée croît naturellement et abondamment dans le midi de la France, près des rivières, des ruisseaux, autour des jardins potagers ; dans une grande partie du Roussillon il forme des haies autour des champs et des vignes. On en fait des quenouilles, des lignes. Coupée et fendue, on en fabrique des nattes, des fonds de chaises, etc.

Description. — Racine : rhizôme allongé, difforme, poreux, d'un blanc jaunâtre. — Tige creuse, ligneuse, cylindrique, de 3 à 5 mètres de hauteur. — Feuilles sessiles, longues de 60 centimètres environ, étroites, lancéolées, à nervures médianes longitudinales. — Fleurs disposées en un panicule terminal, composé d'épillets solitaires (août-septembre). ~ Calice extérieur triflore à deux balles ; glume entourée de soies persistantes ; trois étamines ; ovaire surmonté de deux styles.

Parties usitées. — Le rhizôme, improprement appelé racine.

Récolte. — Elle se récolte vers la fin de septembre. On doit la couper par


[930]

tranches et la faire bien sécher ; en cet état, elle est d'un blanc sale, cassante, et se conserve aisément en la privant du contact de l'air humide.

[Culture. — La canne de Provence demande un terrain humide. Elle vient sur les bords des rivières, des ruisseaux, des étangs. On la propage par éclats de pieds.]

Propriétés physiques et chimiques. — Cette racine a une saveur douce et sucrée lorsqu'elle est jeune, et est insipide étant plus avancée, surtout lorsqu'elle est sèche. Chevallier[1] en a retiré de l'extrait muqueux un peu amer, une substance résineuse, amère, aromatique, dont l'odeur se rapproche de celle de la vanille, quoique la canne soit inodore ; de l'acide malique, de l'huile volatile ; une matière azotée ; du sucre, quand la racine n'est pas ancienne, tandis que jeune il y en a assez pour qu'on s'en aperçoive à la saveur. — Elle ne contient pas de fécule, ce qui est fort remarquable.

(En Provence, on emploie le roseau à quenouille pour faire des lambris destinés à servir de revêtement aux plafonds. Lorsque, sous l'influence de l'humidité, les cannes sont le siège de fermentation, une poussière blanche prend naissance sur les feuilles auprès des merithalles. Les vanniers ou cannissiers ont remarqué que le contact de cette poussière détermine une maladie particulière, maladie des roseaux. Cette dermatose a été étudiée par Maurin)[2].

La décoction de racine de canne de Provence (30 à 60 gr. par kilogr. d'eau) est légèrement diurétique et diaphorétique. Elle jouit dans le peuple d'une grande réputation comme antilaiteuse. La plupart des médecins la considèrent comme inerte, et n'attribuent qu'à l'eau les effets que l'on a cru obtenir de son usage chez les nouvelles accouchées qui ne veulent ou ne peuvent nourrir, et chez les nourrices qui veulent sevrer. — Les anciens se servaient de cette plante à l'extérieur sur les plaies, en fomentation.

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  1. Journal de pharmacie, 1817, t. III, p. 244.
  2. Revue thérapeutique du Midi, 1859.