Noms populaires des plantes : Différence entre versions
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*nom populaire français standard : pomme de terre | *nom populaire français standard : pomme de terre | ||
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+ | Dans ce cas, un Français concluera immédiatement que "Morelle tubéreuse" est inusité. Mais un locuteur d'une autre langue retiendra ce terme s'il entreprend de compiler les noms français de la pomme de terre. C'est hélas ce qui s'est souvent produit pour les dictionnaires publiés. De tels artefacts peuvent ainsi se maintenir plusieurs siècles, recopiés fidèlement d'un dictionnaire à l'autre, surtout quand il s'agit de dictionnaires multilingues, dont les auteurs maîtrisent rarement plus de deux ou trois langues. | ||
+ | === Intérêt pour l'historien === | ||
+ | Les plantes sauvages utilisées localement tendent à avoir des noms populaires très diversifiés, qui peuvent varier d'un village à un autre. Par contre, les plantes qui font l'objet d'une culture, d'un usage bien établi ou d'un commerce, tendent à avoir des noms plus stables, et des noms savants. Quand elles voyagent, elles le font souvent avec leur nom. Ceux-ci s'avèrent être des indices précieux pour reconstituer le cheminement de nos plantes usuelles. |
Version du 28 janvier 2011 à 17:00
Définitions
Le botaniste distingue habituellement les noms scientifiques, qui sont en latin, et les noms vernaculaires, ou noms vulgaires, qui sont dans les langues parlées.
Le linguiste, lui, préfère parler de noms populaires et de noms savants. Les premiers sont largement connus et employés par des groupes humains dans la langue parlée (du village au pays). Les seconds ne sont connus que par des groupes professionnels particuliers (guérisseurs, médecins, pharmaciens, botanistes, agronomes), qui consultent des livres savants ou se transmettent les noms oralement. Chaque nom se caractérise par une aire de répartition, par une période historique d'utilisation, par un niveau de langue...
Les siècles derniers, de nombreux érudits (botanistes, agronomes) ont compilé des noms populaires dans leurs écrits, sans prendre en compte ces caractères. Il en est résulté une impression de grande confusion, voire de "traîtrise de la nomenclature vernaculaire" (Aline Raynal-Roques, 1994. La botanique redécouverte).
La chose se complique avec la création par les botanistes de noms uninomiaux ou binomiaux décalqués du latin, dans le souci de mieux se faire comprendre des non-botanistes. Pour bien indiquer que ces noms désignent des taxons, certains tiennent à ce que leur initiale soit une majuscule.
Par exemple, on a :
- nom scientifique : Solanum tuberosum
- nom savant français : Morelle tubéreuse
- nom populaire français standard : pomme de terre
- nom populaire français familier : patate
- nom populaire en Ardèche en 1600 (Olivier de Serres) : cartoufle
Dans ce cas, un Français concluera immédiatement que "Morelle tubéreuse" est inusité. Mais un locuteur d'une autre langue retiendra ce terme s'il entreprend de compiler les noms français de la pomme de terre. C'est hélas ce qui s'est souvent produit pour les dictionnaires publiés. De tels artefacts peuvent ainsi se maintenir plusieurs siècles, recopiés fidèlement d'un dictionnaire à l'autre, surtout quand il s'agit de dictionnaires multilingues, dont les auteurs maîtrisent rarement plus de deux ou trois langues.
Intérêt pour l'historien
Les plantes sauvages utilisées localement tendent à avoir des noms populaires très diversifiés, qui peuvent varier d'un village à un autre. Par contre, les plantes qui font l'objet d'une culture, d'un usage bien établi ou d'un commerce, tendent à avoir des noms plus stables, et des noms savants. Quand elles voyagent, elles le font souvent avec leur nom. Ceux-ci s'avèrent être des indices précieux pour reconstituer le cheminement de nos plantes usuelles.