Epinard (Candolle, 1882) : Différence entre versions
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'''Epinard'''. — ''Spinacia oleracea'', Linné. | '''Epinard'''. — ''Spinacia oleracea'', Linné. | ||
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Ce légume était inconnu aux Grecs et aux Romains <sup>9</sup>. Il était nouveau en Europe au xvie siècle <sup>10</sup>, et l'on a discuté pour savoir s'il devait s'appeler ''Spanachia'', comme venant d'Espagne, ou ''Spinacia'', à cause des épines du fruit <sup>11</sup>. La suite a montré que le nom vient de l'arabe ''Isfânâdsch, Esbanach'' ou ''Sebanach'', suivant les auteurs <sup>12</sup>. Les Persans disent ''Ispany'' ou ''Ispanaj'' <sup>13</sup>, et | Ce légume était inconnu aux Grecs et aux Romains <sup>9</sup>. Il était nouveau en Europe au xvie siècle <sup>10</sup>, et l'on a discuté pour savoir s'il devait s'appeler ''Spanachia'', comme venant d'Espagne, ou ''Spinacia'', à cause des épines du fruit <sup>11</sup>. La suite a montré que le nom vient de l'arabe ''Isfânâdsch, Esbanach'' ou ''Sebanach'', suivant les auteurs <sup>12</sup>. Les Persans disent ''Ispany'' ou ''Ispanaj'' <sup>13</sup>, et | ||
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9. J. Bauhin, ''Hist.'', II, p. 964 ; Fraas, ''Syn. fl. class.''; Lenz, ''Bot. d. Alten''. | 9. J. Bauhin, ''Hist.'', II, p. 964 ; Fraas, ''Syn. fl. class.''; Lenz, ''Bot. d. Alten''. | ||
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13. Roxburgh, ''Fl. ind.'', ed. 1832, v. III, p. 771, appliqué au ''Spinacia tetrandra'', qui paraît la même espèce. | 13. Roxburgh, ''Fl. ind.'', ed. 1832, v. III, p. 771, appliqué au ''Spinacia tetrandra'', qui paraît la même espèce. | ||
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les Hindous ''Isfany'' ou ''Palak'', d'après Piddington, ou encore ''Pinnis'', d'après le même et Roxburgh. L'absence de nom sanscrit indique une culture peu ancienne dans ces régions. Loureiro a vu l'Epinard cultivé à Canton, et M. Maximowicz en Mandschourie <sup>1</sup> ; mais M. Brestschneider nous apprend que le nom chinois signifie ''Herbe de Perse'', et que les légumes occidentaux ont été introduits ordinairement en Chine un siècle avant l'ère chrétienne <sup>2</sup>. Il est donc probable que la culture a commencé en Perse depuis la civilisation gréco-romaine, ou qu'elle ne s'est pas répandue promptement à l'est ni à l'ouest de son origine persane. On ne connaît pas de nom hébreu, de sorte que les Arabes doivent avoir reçu des Persans la plante et le nom. Rien ne fait présumer qu'ils aient apporté ce légume en Espagne. Ebn Baithar, qui vivait en 1235, était de Malaga ; mais les ouvrages arabes qu'il cite ne disent pas où la plante était cultivée, si ce n'est l'un d'eux qui parle de sa culture commune à Ninive et Babylone. L'ouvrage de Herrera sur l'agriculture espagnole ne mentionne l'espèce que dans un supplément, de date moderne, d'où il est probable que l'édition de 1513 n'en parlait pas. Ainsi la culture en Europe doit être venue d'Orient à peu près dans le xve siècle. | les Hindous ''Isfany'' ou ''Palak'', d'après Piddington, ou encore ''Pinnis'', d'après le même et Roxburgh. L'absence de nom sanscrit indique une culture peu ancienne dans ces régions. Loureiro a vu l'Epinard cultivé à Canton, et M. Maximowicz en Mandschourie <sup>1</sup> ; mais M. Brestschneider nous apprend que le nom chinois signifie ''Herbe de Perse'', et que les légumes occidentaux ont été introduits ordinairement en Chine un siècle avant l'ère chrétienne <sup>2</sup>. Il est donc probable que la culture a commencé en Perse depuis la civilisation gréco-romaine, ou qu'elle ne s'est pas répandue promptement à l'est ni à l'ouest de son origine persane. On ne connaît pas de nom hébreu, de sorte que les Arabes doivent avoir reçu des Persans la plante et le nom. Rien ne fait présumer qu'ils aient apporté ce légume en Espagne. Ebn Baithar, qui vivait en 1235, était de Malaga ; mais les ouvrages arabes qu'il cite ne disent pas où la plante était cultivée, si ce n'est l'un d'eux qui parle de sa culture commune à Ninive et Babylone. L'ouvrage de Herrera sur l'agriculture espagnole ne mentionne l'espèce que dans un supplément, de date moderne, d'où il est probable que l'édition de 1513 n'en parlait pas. Ainsi la culture en Europe doit être venue d'Orient à peu près dans le xve siècle. | ||
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Sans entrer ici dans une discussion purement botanique, je dirai qu'en lisant les descriptions citées par M. Boissier, en regardant la planche de Wight <sup>5</sup> du ''Spinacia tetrandra'' Roxb.. cultivé dans l'Inde, et quelques échantillons d'herbier, je ne vois pas de caractère bien distinctif entre cette plante et l'Epinard cultivé à fruits épineux. Le terme de ''tetrandra'' exprime l'idée que l'une des plantes aurait cinq et l'autre quatre étamines, mais le nombre varie dans nos Epinards cultivés <sup>6</sup>. | Sans entrer ici dans une discussion purement botanique, je dirai qu'en lisant les descriptions citées par M. Boissier, en regardant la planche de Wight <sup>5</sup> du ''Spinacia tetrandra'' Roxb.. cultivé dans l'Inde, et quelques échantillons d'herbier, je ne vois pas de caractère bien distinctif entre cette plante et l'Epinard cultivé à fruits épineux. Le terme de ''tetrandra'' exprime l'idée que l'une des plantes aurait cinq et l'autre quatre étamines, mais le nombre varie dans nos Epinards cultivés <sup>6</sup>. | ||
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1. Maximowicz, ''Primitiæ fl. Amur.'', p. 222. | 1. Maximowicz, ''Primitiæ fl. Amur.'', p. 222. | ||
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6. Nees, ''Gen. plant. fl. germ.'', livr. 7, pl. 15. | 6. Nees, ''Gen. plant. fl. germ.'', livr. 7, pl. 15. | ||
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Si, comme cela paraît probable, les deux plantes sont deux variétés, l'une cultivée, l'autre tantôt sauvage et tantôt cultivée, le nom le plus ancien ''S. oleracea'' doit subsister, d'autant plus que les deux plantes se voient dans les cultures du pays d'origine. | Si, comme cela paraît probable, les deux plantes sont deux variétés, l'une cultivée, l'autre tantôt sauvage et tantôt cultivée, le nom le plus ancien ''S. oleracea'' doit subsister, d'autant plus que les deux plantes se voient dans les cultures du pays d'origine. | ||
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L'''Epinard de Hollande'' ou ''gros Epinard'', dont le fruit n'a pas d'épines, est évidemment un produit des jardins. Tragus, soit Bock, en a parlé le premier dans le xvie siècle <sup>1</sup>. | L'''Epinard de Hollande'' ou ''gros Epinard'', dont le fruit n'a pas d'épines, est évidemment un produit des jardins. Tragus, soit Bock, en a parlé le premier dans le xvie siècle <sup>1</sup>. | ||
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1. Bauhin, ''Hist.'', II, p. 965. | 1. Bauhin, ''Hist.'', II, p. 965. | ||
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Version actuelle en date du 18 septembre 2013 à 11:30
Nom accepté : Spinacia oleracea L.
[78]
Epinard. — Spinacia oleracea, Linné.
Ce légume était inconnu aux Grecs et aux Romains 9. Il était nouveau en Europe au xvie siècle 10, et l'on a discuté pour savoir s'il devait s'appeler Spanachia, comme venant d'Espagne, ou Spinacia, à cause des épines du fruit 11. La suite a montré que le nom vient de l'arabe Isfânâdsch, Esbanach ou Sebanach, suivant les auteurs 12. Les Persans disent Ispany ou Ispanaj 13, et
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9. J. Bauhin, Hist., II, p. 964 ; Fraas, Syn. fl. class.; Lenz, Bot. d. Alten.
10. Brassavola, p. 176.
11. Mathioli, ed. Valgr. p. 343.
12. Ebn Baithar, ueberttz von Sondtheimer, I, p. 34 ; Forskal, Egypt. p. 77 ; Delile, Ill. Ægypt., p. 29.
13. Roxburgh, Fl. ind., ed. 1832, v. III, p. 771, appliqué au Spinacia tetrandra, qui paraît la même espèce.
[79]
les Hindous Isfany ou Palak, d'après Piddington, ou encore Pinnis, d'après le même et Roxburgh. L'absence de nom sanscrit indique une culture peu ancienne dans ces régions. Loureiro a vu l'Epinard cultivé à Canton, et M. Maximowicz en Mandschourie 1 ; mais M. Brestschneider nous apprend que le nom chinois signifie Herbe de Perse, et que les légumes occidentaux ont été introduits ordinairement en Chine un siècle avant l'ère chrétienne 2. Il est donc probable que la culture a commencé en Perse depuis la civilisation gréco-romaine, ou qu'elle ne s'est pas répandue promptement à l'est ni à l'ouest de son origine persane. On ne connaît pas de nom hébreu, de sorte que les Arabes doivent avoir reçu des Persans la plante et le nom. Rien ne fait présumer qu'ils aient apporté ce légume en Espagne. Ebn Baithar, qui vivait en 1235, était de Malaga ; mais les ouvrages arabes qu'il cite ne disent pas où la plante était cultivée, si ce n'est l'un d'eux qui parle de sa culture commune à Ninive et Babylone. L'ouvrage de Herrera sur l'agriculture espagnole ne mentionne l'espèce que dans un supplément, de date moderne, d'où il est probable que l'édition de 1513 n'en parlait pas. Ainsi la culture en Europe doit être venue d'Orient à peu près dans le xve siècle.
On répète dans quelques livres populaires que l'Epinard est originaire de l'Asie septentrionale, mais rien ne peut le faire présumer. Il vient évidemment de l'ancien empire des Mèdes et des Perses. D'après Bosc 3, le voyageur Olivier en avait rapporté des graines recueillies, en Orient, dans la campagne. Ce serait une preuve positive si le produit de ces graines avait été examiné par un botaniste pour s'assurer de l'espèce et de la variété. Dans l'état actuel des connaissances, il faut convenir qu'on n'a pas encore trouvé l'Epinard à l'état sauvage, à moins qu'il ne soit une modification cultivée du Spinacia tetrandra Steven, qui est spontané au midi du Caucase, dans le Turkestan, en Perse et dans l'Afghanistan, et qu'on emploie comme légume sous le nom de Schamum 4.
Sans entrer ici dans une discussion purement botanique, je dirai qu'en lisant les descriptions citées par M. Boissier, en regardant la planche de Wight 5 du Spinacia tetrandra Roxb.. cultivé dans l'Inde, et quelques échantillons d'herbier, je ne vois pas de caractère bien distinctif entre cette plante et l'Epinard cultivé à fruits épineux. Le terme de tetrandra exprime l'idée que l'une des plantes aurait cinq et l'autre quatre étamines, mais le nombre varie dans nos Epinards cultivés 6.
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1. Maximowicz, Primitiæ fl. Amur., p. 222.
2. Bretschneider, Study, etc., of chinese bot. works, p. 17 et l5.
3. Dict. d'agric., V, p. 906.
4. Boissier, Fl. orient, VI, p. 234.
5. Wight, Icones, t. 818.
6. Nees, Gen. plant. fl. germ., livr. 7, pl. 15.
[80]
Si, comme cela paraît probable, les deux plantes sont deux variétés, l'une cultivée, l'autre tantôt sauvage et tantôt cultivée, le nom le plus ancien S. oleracea doit subsister, d'autant plus que les deux plantes se voient dans les cultures du pays d'origine.
L'Epinard de Hollande ou gros Epinard, dont le fruit n'a pas d'épines, est évidemment un produit des jardins. Tragus, soit Bock, en a parlé le premier dans le xvie siècle 1.
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1. Bauhin, Hist., II, p. 965.