Uapaca heudelotii (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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Bois d'œuvre Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Uapaca heudelotii Baill.


Protologue: Adansonia 1: 81 (1860).
Famille: Euphorbiaceae (APG: Phyllanthaceae)
Nombre de chromosomes: 2n = 26

Noms vernaculaires

Rikio des rivières (Fr).

Origine et répartition géographique

L’aire de répartition de Uapaca heudelotii s’étend de la Guinée à la Centrafrique et à la R.D. du Congo, et vers le sud jusqu’au nord de l’Angola.

Usages

Le bois est utilisé en construction, en menuiserie et pour la confection de madriers. Il convient pour la parqueterie, les boiseries intérieures, les étais de mines, la construction navale, la charronnerie, le mobilier et les traverses de chemin de fer. Les racines échasses et les branches se prêtent à la confection de membrures de bateau. Le bois donne un bois de feu et du charbon de bois de bonne qualité.

Les fruits sont comestibles ; relativement sucrés, ils sont appréciés localement. Les racines et l’écorce sont utilisées en médecine traditionnelle pour les mêmes usages que celles de Uapaca guineensis Müll.Arg. Des préparations à base de racine se prennent comme expectorant, et en cas de fièvre et de maux de tête. La décoction d’écorce est administrée en cas de dysenterie, d’intoxication alimentaire, de stérilité féminine, d’affections ovariennes, de maux de dent, de rhumatismes, d’œdème et d’hémorroïdes. Elle est également prescrite en lavement contre la constipation, et en friction sur les œdèmes. Les feuilles écrasées avec de l’huile de palme sont appliquées sur les furoncles pour les faire mûrir, pour soigner la migraine et les rhumatismes. L’écorce a été utilisée pour teindre les lignes de pêche. Grâce à ses racines échasses, l’arbre prévient l’érosion des berges et favorise l’accumulation de vase.

Propriétés

Le bois de cœur, rouge pâle à brun rougeâtre, souvent avec des stries plus foncées, ne se distingue pas nettement de l’aubier. Le fil est habituellement droit, le grain moyennement grossier. C’est un bois de poids moyen, avec une densité de 680–790 kg/m³ à 12% d’humidité. Il sèche à l’air assez rapidement, mais le séchage doit être fait avec précaution car il a tendance à gauchir et à former des gerces superficielles. Les taux de retrait sont assez élevés, de l’état vert à anhydre ils sont de 4,6% dans le sens radial et de 9,8% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est assez instable en service.

A 12% d’humidité, le module de rupture est de (100–)132–166 N/mm², le module d’élasticité de 11 560 N/mm², la compression axiale de 56–63 N/mm², le fendage de 21–23 N/mm et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 2,9–5,5.

Le bois est assez difficile à scier et à travailler, en particulier le bois séché ; il contient de la silice. Il est recommandé d’utiliser des lames de scies à dents stellitées et des outils tranchants au carbure de tungstène. Le bois se finit bien et se colle de manière satisfaisante. Il est modérément durable, car il résiste assez bien aux champignons et aux foreurs du bois sec, et moyennement bien aux termites et aux térébrants marins. Le bois de cœur est rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation.

Plusieurs alcaloïdes ont été trouvés dans les feuilles.

Description

Arbre sempervirent, dioïque, de taille petite à moyenne atteignant 20(–30) m de haut ; fût dépourvu de branches sur 8 m, normalement droit et cylindrique, jusqu’à 100 cm de diamètre, sur des racines échasses atteignant 3 m de haut ; surface de l’écorce écailleuse, gris-brun, écorce interne rosée à brun rougeâtre pâle, sécrétant un exsudat rouge ; cime assez dense, fortement ramifiée ; rameaux garnis de touffes de poils rougeâtres à l’aisselle des feuilles, à cicatrices foliaires apparentes. Feuilles disposées en spirale, regroupées près de l’extrémité des branches, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole de 0,5–3,5(–5,5) cm de long ; limbe elliptique à obovale, de (6–)10–15(–25) cm × 2,5–5(–8) cm, base cunéiforme, apex obtus à arrondi ou indistinctement courtement acuminé, papyracé, glabre, pennatinervé à (8–)10–13(–17) paires de nervures latérales. Inflorescence mâle : capitule axillaire globuleux de 7–8 mm de diamètre, sur un pédoncule de jusqu’à 2 cm de long, avec une dizaine de bractées jaunâtres atteignant 1 cm de long ; fleurs femelles solitaires. Fleurs unisexuées, 4–5-mères ; fleurs mâles sessiles, à lobes du calice inégaux et atteignant 2 mm de long, pétales d’environ 1 mm de long ou absents, étamines libres, de 2,5–4 mm de long, ovaire rudimentaire atteignant 1,5 mm de long, glabre ; fleurs femelles pédicellées, calice faiblement en coupe avec des lobes triangulaires à arrondis de jusqu’à 1 mm de long, glabre, ovaire supère, ellipsoïde, de 5–6 mm de long, 3-loculaire, glabre, styles 3. Fruit : drupe ellipsoïde à obovoïde de 2–3 cm de long, légèrement anguleuse, lisse mais souvent avec quelques petites verrues, glabre, à 3 noyaux, à 1 seule graine par noyau. Plantule à germination épigée ; hypocotyle de 3–4 cm de long, rainuré, épicotyle d’environ 3 cm de long ; cotylédons arrondis, d’environ 2,5 cm de large ; premières feuilles alternes.

Autres données botaniques

Le genre Uapaca comprend une cinquantaine d’espèces originaires d’Afrique tropicale et de Madagascar, et nécessite une révision complète.

Uapaca acuminata

Uapaca acuminata (Hutch.) Pax & K.Hoffm. est un arbre de taille moyenne à assez grande atteignant 35 m de haut, au fût jusqu’à 80 cm de diamètre, soutenu par des racines échasses de 4 m de haut. Il est présent du sud du Nigeria jusqu’à l’ouest de la R.D. du Congo. Il a été considéré comme une variété de Uapaca heudelotii (var. acuminata Hutch.) et tant son bois que son écorce et ses fruits sont incontestablement utilisés pour des usages similaires. Dans la littérature, les deux espèces ont été confondues. Uapaca acuminata diffère de Uapaca heudelotii par ses rameaux glabres, par ses feuilles habituellement plus petites et plus nettement courtement acuminées, et par son écologie, car elle préfère les endroits bien drainés de la forêt primaire et secondaire.

Anatomie

Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :

  • Cernes de croissance : 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
  • Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; (12 : contour des vaisseaux isolés anguleux) ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; (23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale) ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 27 : ponctuations intervasculaires grandes ( 10 μm) ; 31 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations rondes ou anguleuses ; 32 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations horizontales (scalariformes) à verticales (en balafres) ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré.
  • Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
  • Parenchyme axial : 76 : parenchyme axial en cellules isolées ; 78 : parenchyme axial juxtavasculaire ; 79 : parenchyme axial circumvasculaire (en manchon) ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale.
  • Rayons : (97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules)) ; 98 : rayons couramment 4–10-sériés ; 102 : hauteur des rayons > 1 mm ; 107 : rayons composés de cellules couchées avec 2 à 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées ; 108 : rayons composés de cellules couchées avec plus de 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées ; (109 : rayons composés de cellules couchées, carrées et dressées en mélange) ; 113 : présence de cellules des rayons avec parois disjointes ; 115 : 4–12 rayons par mm.
  • Inclusions minérales : 159 : présence de corpuscules siliceux ; 160 : corpuscules siliceux dans les cellules des rayons ; (161 : corpuscules siliceux dans les cellules du parenchyme axial).

(P. Mugabi, P.E. Gasson & E.A. Wheeler)

Croissance et développement

En Côte d’Ivoire, les arbres fleurissent en décembre–janvier, au Nigeria en décembre–février, et au Gabon au début de la saison des pluies lorsque le niveau de l’eau des rivières monte. En Côte d’Ivoire, on a trouvé des fruits en mai–juin et en septembre–octobre. Ce sont des oiseaux tels que les touracos et les perroquets qui s’en nourrissent, ainsi que les chauves-souris frugivores, les singes, les chimpanzés, les gorilles, les céphalophes, les porcs, les civettes et les éléphants, qui font tous office d’agents de dissémination. Les arbres poussent en symbiose avec des champignons ectomycorhiziens.

Ecologie

Uapaca heudelotii est caractéristique de la ripisylve, dans les régions de forêts et de savanes, jusqu’à 500 m d’altitude. On le trouve toujours à proximité de l’eau, ou bien ses racines échasses se trouvent dans l’eau, ressemblant à la mangrove et assurant abri et lieu de reproduction aux poissons des rivières. Il est localement commun dans les zones périodiquement inondées.

Multiplication et plantation

On compte environ 2500 graines par kg. Elles commencent normalement à germer 2–3 semaines après le semis, et le taux de germination est élevé.

Gestion

La préférence de l’arbre pour les berges rend son abattage et le débardage de ses grumes souvent difficiles, sans compter le surcroît de difficultés dû aux racines échasses lors de l’exploitation.

Ressources génétiques

Rien n’indique qu’Uapaca heudelotii soit menacé d’érosion génétique.

Perspectives

Le bois est essentiellement utilisé au niveau local et il est probable que cette situation perdurera car les difficultés rencontrées dans l’usinage du bois d’œuvre limitent d’autant les possibilités qui s’offriraient à son exportation. Non seulement la présence des racines échasses mais aussi la préférence de Uapaca heudelotii pour les milieux aquatiques compliquent son exploitation. Uapaca heudelotii pourrait convenir parfaitement s’il était planté en vue de restaurer la ripisylve et de stabiliser les berges.

Références principales

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Autres références

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Sources de l'illustration

  • Akoègninou, A., van der Burg, W.J. & van der Maesen, L.J.G. (Editors), 2006. Flore analytique du Bénin. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. 1034 pp.

Auteur(s)

  • R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Lemmens, R.H.M.J., 2012. Uapaca heudelotii Baill. In: Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. Consulté le 3 avril 2025.


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