Typha domingensis (PROTA)
Introduction |
Typha domingensis (Pers.) Steud.
- Protologue: Nomencl. bot. : 860 (1824).
- Famille: Typhaceae
- Nombre de chromosomes: 2n = 30
Synonymes
- Typha australis Schumach. (1827),
- Typha javanica Schnizl. ex Rohrb. (1869),
- Typha angustifolia auct. non L.
Noms vernaculaires
- Massette australe (Fr).
- Bulrush, cattail, Santo Domingo cattail, southern cattail, Indian reedmace (En).
Origine et répartition géographique
L’aire de répartition de Typha domingensis s’étend dans les régions subtropicales et tropicales du monde. Il est très répandu en Afrique tropicale. On le rencontre dans plusieurs îles de l’océan Indien où il a probablement été introduit.
Usages
Les feuilles sont très utilisées en Afrique tropicale pour la confection de nattes, de chapeaux et de paniers. Au Gabon, on s’en sert comme liens dans la culture maraîchère. On a constaté qu’elles étaient utilisées pour la fabrication de toits en Ethiopie. Elles servent parfois à calfater les barils et à obturer les coutures des pirogues. On en fait aussi des litières pour les animaux domestiques et on peut les utiliser dans l’industrie papetière. Avec les tiges, on confectionne des tapis et des clôtures. Au Nigeria, on en fait des claies pour les habitations. Dans l’Etat de Kano au Nigeria, on s’en sert pour fabriquer des pirogues à une personne. Les fleurs femelles arrivées à maturité et soyeuses servent au rembourrage des oreillers.
Dans certaines parties de la R.D. du Congo, on se nourrit des tiges et des rhizomes tout au long de l’année. Dans d’autres pays, comme au Nigeria, on consomme le rhizome en cas de famine. On mange les épis feuillés immatures comme légume et leur cœur tendre est apprécié en amuse-gueule sucré. En Argentine, on mange le pollen. Typha domingensis est planté dans les bassins de traitement des eaux usées en Tanzanie, au Kenya, en Australie, en Amérique centrale et du Sud. En médecine traditionnelle ougandaise, on brûle la plante entière et on lèche la cendre pour soigner la toux. Ailleurs, on la brûle pour obtenir du sel de cuisine ou pour fabriquer du savon.
Production et commerce international
Typha est une plante à fibres qui n’est récoltée que dans la nature. Il n’existe aucune statistique sur sa production.
Propriétés
Les tiges et les feuilles de Typha domingensis sont dures et fibreuses. Les feuilles se prêtent au calfatage, car elles gonflent une fois mouillées. Le papier fabriqué avec Typha est assez solide mais difficile à blanchir. La filasse de la partie femelle de l’inflorescence a une forte flottabilité et de bonnes propriétés isolantes, tant thermiques que phoniques.
Le rhizome contient de l’amidon et une substance toxique aux propriétés purgatives et émétiques. Les tiges (88% de teneur en eau) provenant de la région du Zambèze contenaient par 100 g de matière sèche : énergie 1253 kJ (299 kcal), protéines 1,4 g, lipides 0,5 g, glucides 81,9 g, fibres 3,2 g, Ca 20 mg, P 30 mg et Fe 10 mg. Les graines contiennent une huile siccative dont la qualité rappelle celle de l’huile de lin. Des extraits aqueux de Typha domingensis ont montré des propriétés phytotoxiques, bloquant la germination des graines de laitue et de radis et la croissance de Salvinia minima Willd., une fougère aquatique.
Falsifications et succédanés
Une multitude de Cyperaceae et de Pandanaceae peut servir au tissage. Pour ce qui est du traitement des eaux usées, la plante la plus couramment employée dans le monde est le roseau commun (Phragmites australis (Cav.) Trin. ex Steud.). D’autres espèces de Typha et plusieurs Cyperaceae sont également très utilisées.
Description
Plante herbacée vivace, monoïque, glabre, à longs rhizomes rampants ; tige érigée, atteignant 5 m de haut, non ramifiée, solide. Feuilles sur deux rangées, principalement basales et sub-basales ; gaine à épaules obliques, mouchetée de violet à l’intérieur ; limbe linéaire, plat, atteignant 1,5 m × 8–13 mm, étroit à la base, obtus à l’apex. Inflorescence : épi cylindrique, la partie mâle superposée à la partie femelle, les deux parties séparées par un axe nu de 1–3 cm de long, fleurs nombreuses et en groupes serrés ; bractée foliacée à la base de chaque partie, caduque ; partie mâle de 10–34(–40) cm × 1–1,5 cm, fleurissant plus tôt que la partie femelle ; partie femelle de 10–25(–34) cm × 1,5–2 cm, brun rougeâtre vif, rachis densément recouvert de courtes excroissances verruqueuses, portant une à plusieurs fleurs fertiles ou stériles avec une bractéole étroite s’élargissant au sommet en un limbe court et plat. Fleurs unisexuées ; fleurs mâles à 2–3 bractées aplaties, fourchues ou finement lobées entourant les étamines, filets blancs, connés, anthères fixées à la base ; fleurs femelles à ovaire fusiforme porté par un axe mince entouré par un verticille de poils à la base, style distinct, court et mince, stigmate aplati, linéaire à spatulé ; fleurs femelles stériles semblables aux fleurs fertiles mais à ovaire non développé. Fruit : follicule de très petite taille, caduc avant la déhiscence en même temps que son axe, contenant 1 seule graine. Graines striées.
Autres données botaniques
Le genre Typha comprend (8–)15(–20) espèces, dont la plupart sont largement réparties dans toutes les régions tempérées, subtropicales et tropicales des deux hémisphères. La taxonomie est encore confuse et il est souvent difficile d’identifier les unités taxonomiques. En Afrique tropicale, on dénombre 4 espèces de Typha. Typha angustifolia L. est une espèce originaire des régions tempérées d’Europe et d’Amérique qui a été signalée par erreur à Madagascar. L’aire de répartition de Typha elephantina Roxb. s’étend en Asie, en Méditerranée, au Sénégal, au Sahel, en Ethiopie et dans les oasis du Sahara. Les feuilles servent à fabriquer des tapis, des vêtements, des cordages, des brise-vent et des abris. On consomme les jeunes racines et la base des feuilles comme légume et les plantes sont pâturées par les moutons, les chèvres et le bétail. En Inde, on le plante pour lutter contre l’érosion, on fait du pain avec le pollen, et on utilise le rhizome dans le traitement des ulcères, de la dysenterie et de la gonorrhée.
Croissance et développement
Les graines de Typha germent facilement dans les endroits humides et dégagés, mais la mortalité est élevée et peu de jeunes plantes atteignent le stade de la reproduction. Les semis survivent qu’ils aient été immergés dans l’eau ou émergés. Une fois que la plante s’est bien enracinée, dans l’année qui suit la germination, la croissance du rhizome démarre et devient le principal mécanisme qui maintient le peuplement. Les bourgeons qui sont situés sur 2 rangées de part et d’autre de l’apex du rhizome peuvent former de nouveaux rhizomes ou de nouvelles pousses. Les Typha sont des espèces vivaces ; grâce à leur rhizome, elles peuvent survivre à des périodes de froid ou de sécheresse. Chaque pousse ne vit pas plus d’un an. Le pollen est anémophile. Les jours de grand vent, une pollinisation croisée peut avoir lieu, alors que c’est l’autofécondation qui est la plus probable les jours calmes. On estime le nombre de graines par inflorescence à environ 680 000 et le nombre de graines par m² à 17 millions pour Typha domingensis. Le vent n’a aucun mal à transporter les fruits dont les poils servent de parachutes. A peine les tissus folliculaires ont-ils touché l’eau qu’ils s’imbibent d’eau, se fendent et s’ouvrent, libérant ainsi la graine. Les graines peuvent rester viables pendant longtemps si les conditions de germination ne sont pas favorables.
Ecologie
Typha domingensis pousse dans les endroits marécageux, les étangs peu profonds et en bord d’eaux souvent stagnantes, douces ou saumâtres, le long de canaux d’irrigation et dans les rizières. Il est réputé pousser dans une eau qui peut atteindre 2 m de haut. En Afrique de l’Est, on le trouve du niveau de la mer jusqu’à 1500(–2300) m d’altitude. En altitude, il est normalement associé à Typha latifolia L.
Les espèces de Typha vont souvent de pair avec des environnements perturbés et fertiles. On les trouve sur une multitude de types de sols, mais ils sont fréquents dans les boues et les vases organiques à texture fine, dont la teneur en nutriments et la rétention d’eau sont élevées. Elles passent pour être moyennement halophiles, mais leur croissance est fortement réduite lorsque la salinité est supérieure à 3–5 ppm (parts pour mille). Des salinités permanentes de l’ordre de 7 ppm ou plus dépassent le seuil de tolérance. Les bons résultats obtenus dans les environnements saumâtres semblent s’expliquer par leur aptitude à se développer rapidement lorsqu’elles ont à leur disposition de l’eau douce et au contraire à rester en dormance lorsque l’eau est salée.
Les espèces de Typha passent souvent pour des adventices. Elles peuvent dominer la végétation grâce à leurs rhizomes volumineux et à leur couvert dense et de haute taille qui leur confèrent un avantage concurrentiel. Un tapis de détritus végétaux, qui empêche la mise en place d’autres espèces mais qui peut également freiner la croissance des jeunes plants de Typha, contribue à la formation de peuplements monospécifiques. Les espèces de Typha colonisent rapidement les zones perturbées où l’on trouve de l’eau, et peuvent obstruer les canaux d’irrigation et de drainage. Elles augmentent également la perte d’eau à cause de leur transpiration élevée. En Australie, Typha domingensis passe pour une adventice aquatique de premier plan. En Afrique tropicale, les marécages denses à Typha peuvent abriter les nids de centaines de milliers de travailleurs à bec rouge (Quelea quelea) et les larves du moustique vecteur du paludisme.
Multiplication et plantation
Typha domingensis se multiplie par division de rhizome ou par graines. Le poids de 1000 graines est de 0,02–0,03 g. Les graines ne germent pas dans l’obscurité.
Gestion
Les Typha spp. se cultivent facilement en bord d’étangs naturels ou artificiels. Lorsqu’on les considère comme des adventices, on peut les éliminer de manière efficace en les coupant ou en les écrasant sous le niveau de l’eau, ou en pulvérisant du glyphosate.
Rendement
Typha domingensis est très productif et à Cuba sa production de biomasse aérienne a été estimée à 13–15 t de matière sèche par ha et par an.
Traitement après récolte
Les feuilles peuvent être découpées avant d’être tissées. Pour le défibrage, l’extraction simultanée des fibres des tiges et des feuilles peut se faire par un procédé chimique à l’hydroxyde de sodium.
Ressources génétiques
Ayant une aire de répartition étendue et une présence en milieu perturbé, Typha domingensis n’est pas menacé d’érosion génétique. On ne connaît ni collection de matériel génétique ni programme de sélection d’espèces de Typha.
Perspectives
L’importance de Typha domingensis en tant que source de matériau de tissage restera probablement limitée au niveau local. Pour les régions tropicales de basse altitude, il pourrait être promis à un bel avenir s’il est intégré aux systèmes de plantes aquatiques destinés à l’épuration des eaux usées.
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Sources de l'illustration
- Riedl, H., 2003. Typha L. In: Brink, M. & Escobin, R.P. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 17. Fibre plants. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 232–235.
Auteur(s)
- C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Bosch, C.H., 2011. Typha domingensis (Pers.) Steud. [Internet] Fiche de PROTA4U. Brink, M. & Achigan-Dako, E.G. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.
Consulté le 1 avril 2025.
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