Tragia brevipes (PROTA)
Introduction |
Tragia brevipes Pax
- Protologue: Bot. Jahrb. Syst. 19: 103 (1894).
- Famille: Euphorbiaceae
Noms vernaculaires
- Climbing nettle (En).
- Chavi, weni (Sw).
Origine et répartition géographique
Tragia brevipes est présent de l’Ethiopie jusqu’au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe. Sa présence a été signalée par erreur au Cameroun et en Somalie.
Usages
La décoction de racine se prend au Kenya comme purgatif, en particulier pour les bébés et les petits enfants. Les racines se donnent aux femmes qui souffrent pendant leur accouchement. Les douleurs rhumatismales se traitent en frottant les feuilles sur les articulations douloureuses. L’extrait de feuilles se boit pour soigner la gonorrhée, tuer les parasites internes, notamment le ténia, et pour traiter les maux d’estomac, la diarrhée et la gastro-entérite. Les racines et les feuilles se prennent en décoction pour favoriser la conception. Les feuilles, les racines et les rameaux sont utilisés pour traiter la poliomyélite. La cendre de feuilles brûlées s’inhale pour soigner l’éléphantiasis.
Propriétés
L’extrait au méthanol des fruits a une activité antibactérienne contre Staphylococcus aureus ; les extraits de feuilles, de tiges et de racines sont restées inactives contre un ensemble de bactéries et de champignons. Un extrait de feuilles à l’éthanol a manifesté une activité significative contre Entamoeba histolytica.
Description
Arbuste monoïque, diffus, volubile, grimpant ou rarement érigé, atteignant 1(–4,5) m de haut, à poils urticants. Feuilles alternes, simples ; stipules linéaires-lancéolées, atteignant 7 mm de long ; pétiole de 1–6(–10) cm de long ; limbe ovale ou ovale-lancéolé, de 4–10 cm × 3–7 cm, base cordée, apex acuminé, bords dentés, poilu au-dessous à poils urticants le long de la nervure médiane et des nervures principales. Inflorescence : grappe opposée aux feuilles, rarement axillaire ou latérale, à fleurs lâches, généralement à (1–)2(–4) fleurs femelles à la base et de nombreuses fleurs mâles plus haut ; pédoncule jusqu’à 4 cm de long. Fleurs unisexuées ; pétales et disque absents ; pédicelle de 0,5–1,5 mm de long, allant jusqu’à 5 mm chez le fruit ; fleurs mâles à calice fermé dans le bouton, s’ouvrant en 3(–5) lobes ovales à arrondis, d’environ 1,5 mm de long, blanc-verdâtre, étamines (1–)3(–5) ; fleurs femelles à 6 lobes de calice d’environ 2,5 mm de long, allant jusqu’à 1,5 cm chez le fruit, ovaire supère, 3-lobé, 3-loculaire, styles 3, d’environ 3,5 mm de long, élargis à l’apex. Fruit : capsule 3-lobée d’environ 9 mm de diamètre, à poils courts, brun terne pâle à maturité, à 3 graines. Graines globuleuses, d’environ 4 mm de diamètre, gris pâle, marbrées de brun.
Autres données botaniques
Le genre Tragia comprend environ 170 espèces, présentes dans toutes les régions tropicales, la majorité des espèces se trouvant en Afrique tropicale et en Amérique tropicale. Sur le continent africain, il y a environ 55 espèces et à Madagascar à peu près 10.
Tragia benthamii
Tragia benthamii Baker est présent dans l’ouest, le centre et le sud de l’Afrique et se distingue difficilement de Tragia brevipes. En Afrique de l’Ouest, les usages médicinaux de Tragia benthamii ressemblent aux usages est-africains de Tragia brevipes ; les extraits de racines se prennent comme abortif, pour faciliter l’accouchement et comme remède contre la gonorrhée.
Tragia preussii
Tragia preussii Pax est présent en Afrique centrale. En Centrafrique, la pâte de feuilles se frictionne sur le corps pour traiter la fièvre et les douleurs rhumatismales ; on panse les abcès avec des feuilles bouillies.
Tragia senegalensis
Le jus et la poudre de racine de l’espèce ouest-africaine Tragia senegalensis Müll.Arg. se prennent pour traiter l’aliénation mentale au Togo.
Tragia spathulata
Le jus des feuilles de l’espèce ouest-africaine Tragia spathulata Benth. s’emploie pour soigner les maux de tête au Ghana.
Tragia tenuifolia
Tragia tenuifolia Benth. se rencontre de l’Afrique de l’Ouest au Soudan et au Rwanda, ainsi qu’au Zimbabwe. En Sierra Leone, on frictionne l’abdomen des femmes enceintes avec un cataplasme de feuilles pour déclencher les mouvements fœtaux ; l’infusion de feuilles se boit contre les menaces de fausse couche.
Plusieurs autres espèces de Tragia de l’Afrique orientale et australe ont aussi des usages médicinaux bien décrits.
Tragia furialis
En Tanzanie, la cendre de plantes brûlées de Tragia furialis Bojer (synonyme : Tragia scheffleri Baker) se frictionne sur la peau pour soigner les maux de tête. Au Kenya, on traite les morsures de serpent en avalant une décoction de plante ou en appliquant de la poudre de racine. L’infusion de feuilles en lotion sert à soulager les irritations provoquées sur la peau par les poils urticants des plantes.
Tragia hildebrandtii
En Ethiopie, les feuilles de Tragia hildebrandtii Müll.Arg. sont utilisées pour traiter les affections utérines. La fibre d’écorce a des applications textiles.
Tragia okanyua
Au Zimbabwe, les racines en poudre de Tragia okanyua Pax se frictionnent sur la peau pour soigner les maux de tête.
Tragia plukenetii
En Somalie, les racines de Tragia plukenetii Radcl.-Sm. sont utilisées dans un remède contre l’impuissance masculine. Au Kenya, les feuilles sont consommées comme légume et la plante est broutée par les chèvres.
Tragia pungens
En Ethiopie, l’extrait à l’eau chaude des racines de Tragia pungens (Forsk.) Müll.Arg. se boit pour prévenir les grossesses.
Ecologie
Tragia brevipes est présent au bord des rivières et des lacs, dans les fourrés et la savane boisée à Brachystegia fortement arrosée, depuis le niveau de la mer jusqu’à 2150 m d’altitude.
Ressources génétiques
Tragia brevipes est répandu et relativement commun, et n’est pas menacé d’érosion génétique.
Perspectives
Tragia brevipes ne gardera une importance qu’au niveau local comme plante médicinale, à moins que des études chimiques et pharmacologiques supplémentaires ne mettent en lumière des propriétés intéressantes.
Références principales
- Boily, Y. & Van Puyvelde, L., 1986. Screening of medicinal plants of Rwanda (Central Africa) for antimicrobial activity. Journal of Ethnopharmacology 16: 1–13.
- Burkill, H.M., 1994. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 2, Families E–I. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 636 pp.
- Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
- Radcliffe-Smith, A., 1987. Euphorbiaceae (part 1). In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 407 pp.
Autres références
- Heine, B. & Heine, I., 1988. Plant concepts and plant use; an ethnobotanical survey of the semi-arid and arid lands of East Africa. Part 1. Plants of the Chamus (Kenya). Cologne Development Studies 6. Breitenbach, Saarbrücken, Germany. 103 pp.
- Lebbie, A.R. & Guries, R.P., 1995. Ethnobotanical value and conservation of sacred groves of the Kpaa Mende in Sierra Leone. Economic Botany 49(3): 297–308.
- Murengezi, I. & Sano, A., 1993. Medicinal plants used as amoebicidal in Rwanda. In: Natural products for development: chemistry, botany and pharmacology. Extended abstracts. NAPRECA Symposium on Natural Products, Antananarivo, Madagascar. pp. 87–88.
- Vlietinck, A.J., van Hoof, L., Totté, J., Lasure, A., Vanden Berghe, D.A., Rwangabo, P.C. & Mvukiyumwami, J., 1995. Screening of hundred Rwandese medicinal plants for antimicrobial and antiviral properties. Journal of Ethnopharmacology 46: 31–47.
Auteur(s)
- C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Bosch, C.H., 2008. Tragia brevipes Pax. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 6 mars 2025.
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