Toona ciliata (PROTA)

Ressources végétales de l'Afrique tropicale Introduction

Liste des espèces

Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Légume
Glucides / amidon
Colorant / tanin
Huile essentielle / exsudat
Médicinal
Bois d'œuvre
Ornemental
Fourrage
Auxiliaire
Fibre
Sécurité alimentaire
Changement climatique

port de l'arbre (University of Hawaii)

branche feuillée (Zimbabweflora)

branche en fleurs (University of Hawaii)

partie de l'inflorescence (Zimbabweflora)

fruits (Zimbabweflora)

fruits et graines (University of Hawaii)

bois (University of Hawaii)

bois (Carlton McLendon, Inc.)

Toona ciliata M.Roem.

Protologue: Fam. nat. syn. monogr. 1: 139 (1846).

Famille: Meliaceae

Nombre de chromosomes: 2n = 52, 56, 78

Synonymes

• Cedrela toona Roxb. ex Rottler & Willd. (1803).

Noms vernaculaires

• Cèdre rouge, cèdre rouge d’Australie (Fr).
• Toon, Indian mahogany, Australian red cedar (En).
• Cedro australiano (Po).

Origine et répartition géographique

Toona ciliata est originaire d’Asie tropicale et d’Australie tropicale, mais il est à l’heure actuelle énormément cultivé dans tous les tropiques non seulement pour son bois mais également comme arbre ornemental ou d’alignement. Il est planté de manière extensive en Afrique tropicale, notamment en Afrique de l’Est et australe, mais aussi localement en Afrique de l’Ouest, à Madagascar et à Maurice. Il a déjà été signalé en Zambie et au Zimbabwe au début du XX^e siècle. Il s’est naturalisé localement en Afrique australe.

Usages

En Asie du Sud-Est, le bois est très prisé et employé pour la construction d’habitations, la construction navale, la menuiserie, le mobilier haut de gamme, les caisses à thé et la caisserie, les instruments de musique, les jouets et les articles de fantaisie, les objets sculptés, les placages, le contreplaqué et les crayons. Ailleurs, le bois d’arbres plantés de Toona ciliata est quelquefois utilisé, de même qu’en Afrique tropicale.

Les fleurs donnent un colorant rougeâtre ou jaunâtre servant en Asie tropicale à colorer la soie. L’écorce peut être utilisée pour tanner le cuir, et sert traditionnellement à fabriquer des sacs tressés. Plusieurs parties de la plante, mais plus particulièrement l’écorce, sont utilisées en médecine traditionnelle dans la zone de répartition d’origine de Toona ciliata, par ex. comme astringent et tonique, pour traiter la dysenterie et soigner les blessures. Au Zimbabwe, l’infusion de feuilles se prend en cas de maladies vénériennes. Toona ciliata est couramment planté comme arbre d’ornement, et notamment d’alignement. C’est son emploi le plus fréquent en Afrique. Il est aussi utilisé en pare-feu et pour le reboisement. Au Burundi, il est planté comme arbre d’ombrage dans les plantations de bananiers et pour lutter contre l’érosion, et le commerce de son bois constitue une important source de revenu pour les agriculteurs. Son feuillage peut servir de fourrage, et a été employé comme légume en Asie tropicale. On extrait une huile aromatique du bois et des fruits. Les arbres en fleurs sont une source appréciable de nectar pour les abeilles.

Production et commerce international

Dans de nombreuses régions au sein de son aire de répartition naturelle, le bois de Toona ciliata est très apprécié et a été surexploité, d’abord en Australie où ce fut jadis la première essence indigène. De nos jours, il est exploité dans de nombreuses régions d’Asie du Sud-Est, par ex. au Myanmar. Il est exporté en petites quantités vers la Chine et le Japon, mais les statistiques sur sa commercialisation ne sont pas disponibles.

Propriétés

Le bois de cœur est rouge pâle à brun rougeâtre, fonçant au rouge-brun sombre à l’air, et se distinguant en général nettement de l’aubier de couleur blanc grisâtre à rose. Le fil est généralement droit, parfois contrefil, le grain plutôt grossier et irrégulier. Le bois dégage une odeur de cèdre.

Le bois est léger à moyennement lourd, avec une densité de 330–600 kg/m³ à 12% d’humidité. Les taux de retrait sont habituellement modérés. Le bois peut avoir tendance au gauchissement et au tuilage lors du séchage, notamment lorsqu’il s’agit de planches fines. Il est recommandé de réduire l’espacement entre les baguettes et de maintenir les piles de bois par des poids. Des planches de 25 mm d’épaisseur mettent 1–3,5 mois à sécher. Une fois sec, le bois est moyennement stable en service.

Pour du bois d’Afrique du Sud à 12% d’humidité, le module de rupture est de 76 N/mm², le module d’élasticité de 8900 N/mm², la compression axiale de 42 N/mm², le cisaillement de 7 N/mm², la dureté Janka de flanc de 3650 N et la dureté Janka en bout de 5330 N.

Le bois se scie, se coupe en travers et se rabote facilement, en donnant une surface lisse ; il se polit bien. Certaines surfaces travaillées ayant tendance à pelucher, il est préconisé d’employer des outils bien affûtés. Le mortaisage, le tournage et le ponçage donnent des résultats moyens, le perçage donnant quelquefois des résultats médiocres. Si le clouage est facile, la tenue des clous est moyenne. Les caractéristiques du collage sont bonnes. Le bois se déroule bien et le placage est de bonne qualité et a une belle figure. Le placage peut être collé pour donner un contreplaqué de bonne qualité.

Le bois est non durable à moyennement durable. Il est généralement sensible aux attaques des termites et des foreurs du bois sec. Le bois de cœur est normalement rebelle à l’imprégnation avec des produits de préservation, mais l’aubier est perméable. La sciure peut irriter les voies respiratoires et la peau.

Un extrait à l’éthanol du bois de cœur a montré des activités anti-ulcéreuses, gastro-protectrices et analgésiques lors d’essais sur des rats. Des extraits de l’écorce du tronc ont mis en évidence in vitro une activité antibactérienne. Plusieurs limonoïdes ont été isolés de Toona ciliata. Un tétranortriterpénoïde, la cédrélone, a fait ressortir une activité antifongique.

Le feuillage contient 13–14% de protéines brutes et 14–22% de fibres brutes, et aurait une bonne valeur nutritive, mais une piètre appétence. D’après des essais menés au Malawi, il semblerait que les brebis apprécient assez les feuilles de Toona ciliata. Les extraits d’écorce sont insectifuges.

Description

• Arbre caducifolié ou presque sempervirent, monoïque, de taille moyenne atteignant 25(–35) m de haut ; fût dépourvu de branches jusqu’à 22 m, atteignant 50(–100) cm de diamètre, avec ou sans contreforts à la base ; surface de l’écorce blanc grisâtre à brune, généralement fissurée et s’écaillant, écorce interne brune à rougeâtre, fibreuse ; cime arrondie, étalée.
• Feuilles alternes, composées paripennées à (5–)9–15 paires de folioles ; stipules absentes ; pétiole de 6–11 cm de long, rachis légèrement poilu ou glabre ; pétiolules de 2–10(–14) mm de long ; folioles lancéolées à ovales-lancéolées, de (7–)9–13(–16) cm × (2–)3–5(–6) cm, base asymétrique, apex aigu ou acuminé, entières, glabres, pennatinervées.
• Inflorescence : panicule axillaire ou terminale, fortement ramifiée, pendante, jusqu’à 55 cm de long, poilue.
• Fleurs unisexuées, fleurs mâles et femelles d’apparence très similaire, régulières, 5-mères, odorantes ; pédicelle de 0,5–1 mm de long ; calice d’environ 1 mm de long ; pétales libres, de 3,5–6 mm de long, d’un blanc crémeux ; étamines libres, de 1–2,5 mm de long ; disque de 1,5–2,5 mm de diamètre, rouge orangé ; ovaire supère, de 1–2 mm de diamètre, 5-loculaire, style de 0,5–3 mm de long, stigmate capité ; fleurs mâles à ovaire rudimentaire, fleurs femelles à anthères indéhiscentes.
• Fruit : capsule ellipsoïde à obovoïde de 1,5–2,5 cm de long, pendante, lisse ou à lenticelles, brun rougeâtre, déhiscente à 5 valves légèrement ligneuses, contenant de nombreuses graines.
• Graines de 1–2 cm de long, ailées aux deux extrémités, à ailes inégales.
• Plantule à germination épigée ; cotylédons foliacés ; premières feuilles opposées, 3-foliolées à folioles lobées ou dentées.

Autres données botaniques

Toona ciliata a une croissance rapide. A Hawaii, des arbres ont atteint une hauteur moyenne de 10 m et un diamètre moyen de fût de 9,6 cm au bout de 8,7 ans. L’accroissement annuel moyen du diamètre est de 0,8–1,8(–2,5) cm. Des arbres âgés de 40 ans peuvent atteindre 35 m de haut et avoir un diamètre de fût de 70 cm. Dans des plantations d’Afrique tropicale, la croissance chute rapidement au bout de 40 ans. Des spécimens plantés dans des milieux ouverts peuvent déjà fleurir et donner des graines au bout de 6 ans. Les fleurs sont pollinisées par des insectes tels que les abeilles et les papillons de nuit. Les fruits mûrissent 3 mois environ après la floraison. Les graines sont dispersées par le vent.

Le genre Toona comprend 4 ou 5 espèces et se rencontre en Asie tropicale ainsi que dans l’est de l’Australie. Il est étroitement apparenté au genre Cedrela d’Amérique tropicale. Cedrela odorata L. est planté comme arbre d’alignement et d’ombrage en Afrique tropicale, et en plantations de bois d’œuvre ; il a souvent été confondu avec Toona ciliata. Il diffère par ses fleurs à colonne longue (androgynophore) sur laquelle sont fixés les étamines et le pistil, et par les folioles entières de ses plantules.

Toona sinensis

Toona sinensis (A.Juss.) M.Roem. est planté dans certains pays d’Afrique, comme l’Ouganda et la Tanzanie, surtout en tant qu’arbre d’alignement. Il diffère de Toona ciliata par ses folioles dentées et par ses graines ailées à une seule extrémité. Les propriétés du bois sont comparables à celles de Toona ciliata.

Ecologie

Dans son aire de répartition naturelle, Toona ciliata est présent aussi bien en forêt primaire que secondaire, souvent en bordure de rivières et dans les vallées, jusqu’à 1500 m d’altitude, dans des régions où la pluviométrie annuelle est de 800–1800 mm. Il est capable de se régénérer en plein soleil. Il préfère les endroits bien drainés sur des sols profonds, fertiles, et ne pousse pas bien sur des sols sableux. Il tolère relativement bien la sècheresse si l’arbre est bien installé. Il est résistant au gel. Au Malawi, il pousse bien à 450–1500 m d’altitude avec une pluviométrie annuelle de 900–1500 mm.

Gestion

Des plantations expérimentales de bois d’œuvre ont été créées en Tanzanie, au Malawi, en Zambie, au Zimbabwe et en Afrique du Sud. On a signalé en Afrique de l’Est que Toona ciliata pouvait être agressif. Il se propage facilement par graine, et les racines coupées donnent des drageons. Son système racinaire s’étend considérablement en se propageant à fleur de sol, c’est la raison pour laquelle l’utilisation de l’arbre dans les jardins ou les cultures est déconseillée. Les graines sont souvent produites en grand nombre et on peut les ramasser par terre. Le poids de 1000 graines est de 2,5–5 g. Elles peuvent être conservées seulement quelques mois à température ambiante, mais entreposées à une température de –4°C, on a enregistré une viabilité de 97% au bout de 5 ans et de 38% au bout de 12,5 ans. La meilleure façon de placer les graines dans le sol est de disposer une aile vers le haut. Le taux de germination est de 30–80%, les graines germant entre 7–28 jours après le semis. Au Malawi, les meilleurs taux de germination ont été obtenus lorsque des graines arrivées à maturité ont été semées en pépinière sur un sol provenant de la savane boisée à Brachystegia. En Inde, on préfère les semis d’un an pour le repiquage au champ. En Australie, c’est l’emploi de tubes de plastique placés autour des plants qui est préconisé. On a aussi quelquefois recours aux drageons et aux sauvageons pour la multiplication. De petites boutures feuillées traitées à l’hormone de croissance s’enracinent relativement facilement, en particulier lorsqu’elles ont été prélevées sur des plants de 2 ans.

Dans les plantations, on préconise un espacement rapproché entre les jeunes arbres pour éviter une ramification précoce. Les espacements les plus courants sont 2 m × 2 m, mais en Afrique ils sont de 4–6 m × 4–6 m. Un désherbage régulier est nécessaire durant les 2 premières années car les semis sont très sensibles à la concurrence avec les plantes herbacées.

Les opérations d’éclaircissage doivent avoir lieu dès la 4^e année, et ensuite tous les 5 ans. Les arbres peuvent être traités par recépage et étêtage.

La brûlure de la feuille due à Phytophthora a été signalée dans des pépinières en Inde. Dans de nombreuses régions, les plantations de Toona ciliata sont sérieusement endommagées par la mineuse des pousses (Hypsipyla robusta), qui peut s’attaquer aux jeunes pousses, aux fleurs, aux fruits et aux graines. La mineuse des pousses, à l’instar de quelques autres ravageurs, peut être responsable de pertes en graines allant jusqu’à 97%. Toona ciliata a été utilisé avec succès en Asie du Sud-Est dans des plantations d’enrichissement, et à ce moment-là a beaucoup moins souffert des attaques de la mineuse des pousses que lorsque les semis étaient plantés en milieu ouvert. La mineuse des pousses Hypsipyla grandella attaque Toona ciliata dans tous les pays du monde. Dans les années 1970, dans plusieurs endroits du Malawi, de nombreux spécimens de Toona ciliata présentaient un dépérissement des branches, responsable localement de 80% de mortalité. On a émis l’hypothèse que Fusarium sp. pourrait en être la cause.

Ressources génétiques

Toona ciliata étant particulièrement recherché pour son bois d’œuvre dans son aire de répartition naturelle, il s’est raréfié en de nombreux endroits. On pense que Toona ciliata présentait une importante variation génétique au sein de sa vaste aire de répartition naturelle.

Perspectives

Toona ciliata est précieux en tant qu’essence à usages multiples. On recommande de le planter en Australie pour son bois d’œuvre haut de gamme, au Mexique comme essence d’ombrage dans les plantations de caféiers, et en Inde comme arbre à usages multiples dans les plantations agroforestières. En Afrique tropicale, les résultats des plantations créées ont été en général favorables, même si au Soudan certaines ont eu à déplorer des formes de fût médiocres et si dans certains endroits du Malawi d’autres ont connu un grave dépérissement. Tant son bois à usages multiples que la rapidité de sa croissance font de Toona ciliata un arbre intéressant à planter. En revanche, son système racinaire superficiel est un inconvénient pour les plantations agroforestières, et on ne doit pas méconnaître sa sensibilité aux maladies et aux ravageurs si l’on veut utiliser cette espèce dans les plantations d’essences à bois d’œuvre. La plantation d’essences indigènes d’Afrique ayant un bois similaire, comme les espèces d’Entandrophragma et de Khaya, serait préférable dans nombre de régions.

Références principales

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Autres références

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Auteur(s)

• R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Lemmens, R.H.M.J., 2008. Toona ciliata M.Roem. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 18 décembre 2024.

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