Sonneratia alba (PROTA)

Ressources végétales de l'Afrique tropicale Introduction

Liste des espèces

Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Fruit
Colorant / tanin
Bois d'œuvre
Bois de feu
Fourrage
Fibre
Sécurité alimentaire
Statut de conservation

Sonneratia alba Sm.

Protologue: Rees, Cycl. 33(I) : Sonneratia no. 2 (1816).

Famille: Sonneratiaceae (APG: Lythraceae)

Nombre de chromosomes: n = 11, 12

Noms vernaculaires

Red-brown mangrove (En). Mlilana, mpia (Sw).

Origine et répartition géographique

Sonneratia alba est extrêmement répandu. Il est présent le long de la côte est d’Afrique tropicale de la Somalie au Mozambique et dans les Comores, à Mayotte, aux Seychelles et à Madagascar. On le trouve également dans toute l’Asie tropicale, et dans le nord de l’Australie, à Vanuatu et en Nouvelle-Calédonie.

Usages

Le bois de Sonneratia alba est utilisé au Kenya et en Tanzanie pour la menuiserie, les pirogues, les membrures de bateau, les pagaies, les mâts, les flotteurs, et pour les encadrements de fenêtres et de portes. Il est aussi utilisé comme bois de feu et pour la production de charbon de bois. A Madagascar, c’est le bois que l’on préfère pour la fabrication des pagaies. En Asie tropicale, le bois sert à la construction des maisons, la construction navale, les piles des ponts, les traverses de chemin de fer, les pavés de bois, les revêtements de sol, les meubles et les articles de sport. La pâte de bois au sulfate est indiquée pour la fabrication du papier.

Les fruits acides se consomment crus ou cuits et servent à faire du vinaigre. Les feuilles sont utilisées pour le fourrage des chameaux au Kenya. L’écorce s’emploie localement comme colorant brunâtre, elle sert au tannage du cuir et des filets de pêche.

Production et commerce international

En Afrique tropicale, il n’y a pas de commerce important du bois d’œuvre de Sonneratia. Pour l’Asie, il n’est pas facile de se procurer des statistiques commerciales, et elles portent sur le bois d’œuvre de toutes les espèces de Sonneratia cumulées. En 1992, environ 5100 m³ de grumes et 1700 m³ de sciages ont été exportés de Sabah au prix d’environ US$ 73/m³ et US$ 150/m³, respectivement. De très petites quantités de bois d’œuvre de Sonneratia sont exportées de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Propriétés

Le bois de cœur, brun à brun rougeâtre, se démarque distinctement de l’aubier plus pâle. Le bois est moyennement lourd, dur et durable. Il contient de petites quantités de sel, qui le rend résistant aux xylophages. Il a une action corrosive sur le métal et il faut donc employer des clous et vis spéciaux.

Pour du bois de chauffage, le bois est de qualité moyenne. Bien qu’il génère beaucoup de chaleur, il produit aussi beaucoup de cendres et de sel. L’écorce de Sonneratia alba contient 9–12% de tanin sur la base du poids sec.

Description

Arbuste ou petit arbre sempervirent atteignant 15(–20) m de haut ; fût souvent tortueux et cannelé à la base, sans contreforts, entouré de racines aériennes s’élevant à la verticale à partir de longues racines horizontales ; surface de l’écorce lisse et grisâtre au départ, se fissurant ensuite de façon irrégulière et virant au gris-brun foncé ; rameaux distinctement articulés au-dessus des nœuds et carrés. Feuilles opposées, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole de 3–15 mm de long ; limbe elliptique à ovale, de 3–13 cm × 2–9 cm, cunéiforme à la base, arrondi ou émarginé à l’apex, coriace, pennatinervé à 11–14 paires de nervures latérales. Fleurs solitaires ou par 3 à l’apex des rameaux, bisexuées, régulières, 6–8-mères ; tube du calice d’environ 1,5 cm de long, épais, coriace, persistant, lobes de 1–2 cm de long ; pétales ligulés, de 1–2 cm de long, caducs ; étamines nombreuses, voyantes, blanches ; ovaire supère, 12–20-loculaire, style de 4–6 cm de long, mince. Fruit : baie déprimée-globuleuse, de 2–3 cm × 2,5–4,5 cm, indéhiscente, surmontée par la base du style, contenant de nombreuses graines. Graines irrégulièrement anguleuses, d’environ 12 mm de long. Plantule à germination épigée ; hypocotyle allongé ; cotylédons émergents.

Autres données botaniques

Sonneratia alba se développe selon le modèle architectural de Rauh, dont l’arbre se caractérise par un tronc monopodial qui grandit de façon rythmique et qui développe ainsi des branches en étages. Il fleurit la nuit et les pétales et étamines tombent quelques heures après l’anthèse.

Le genre Sonneratia comprend environ 5 espèces.

Ecologie

On trouve Sonneratia alba du côté de la mangrove qui fait face à la mer, car il ne supporte pas les fluctuations importantes de la concentration de sel. Il lui faut une amplitude de marées d’au moins 1 m et il pousse le long des rivages et à l’embouchure des criques baignées par les marées sur sols sableux, caillouteux ou boueux, ainsi que sur les terrasses coralliennes. Il peut jouer le rôle de pionnier et coloniser des vasières sablonneuses nouvellement formées dans des endroits abrités. Il est souvent grégaire mais en général il ne forme pas de peuplements denses.

Gestion

Sonneratia alba peut se multiplier par graines ainsi que par marcottage aérien. Il se replante moins facilement sur des sites où la sédimentation est élevée car les sédiments couvrent les pneumatophores et tuent les plants.

Ressources génétiques

Sonneratia alba est répandu et commun dans de nombreuses régions et ne semble pas vulnérable, en dépit de la vitesse à laquelle les mangroves sont détruites, que l’on estime à 1–2% par an au niveau mondial.

Perspectives

Dans les mangroves, Bruguiera et Rhizophora sont des espèces à bois d’œuvre de plus grande importance économique que Sonneratia. Les zones de mangrove endommagées ou mises en coupe sont généralement replantées avec des espèces d’Avicennia et de Rhizophora, et l’importance de Sonneratia pour le bois risque par conséquent de diminuer. Cependant, il a un très bon potentiel comme matière première de valeur pour la pâte au sulfate, ce qui justifie une prise en compte sérieuse.

Références principales

• Boer, E. & Lemmens, R.H.M.J., 1998. Sonneratia L. f. In: Sosef, M.S.M., Hong, L.T. & Prawirohatmodjo, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 5(3). Timber trees: Lesser-known timbers. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 529–532.

• Bosire, J.O., Dahdouh-Guebas, F., Walton, M., Crona, B.I., Lewis III, R.R., Field, C., Kairo, J.G. & Koedam, N., 2008. Functionality of restored mangroves: a review. Aquatic Botany 89(2): 251–259.

• Duke, N.C. & Jackes, B.R., 1987. A systematic revision of the mangrove genus Sonneratia (Sonneratiaceae) in Australasia. Blumea 32: 277–302.

• Fernandes, A., 1978. Sonneratiaceae. In: Launert, E. (Editor). Flora Zambesiaca. Volume 4. Flora Zambesiaca Managing Committee, London, United Kingdom. pp. 327–329.

• Kairo, J.G., Dahdouh-Guebas, F., Bosire, J. & Koedam, N., 2001. Restoration and management of mangrove systems: a lesson for and from the East African region. South African Journal of Botany 67: 383–389.

Autres références

• Alongi, D.M., 2008. Mangrove forests: Resilience, protection from tsunamis, and responses to global climate change. Estuarine, Coastal and Shelf Science 76(1): 1–13.

• Dahdouh-Guebas, F., Mathenge, C., Kairo, G. & Koedam, N., 2000. Utilization of mangrove wood products around Mida Creek (Kenya) amongst subsistence and commercial users. Economic Botany 54(4): 513–527.

• Ellison, J.C., 1998. Impacts of sediment burial on mangroves. Marine Pollution Bulletin 37(8–12): 420–426.

• FAO, 2007. Mangroves of Africa 1980-2005: Country Reports. Forest Resources Assessment Programme, Working Paper 135, Rome, Italy. 155 pp.

• Nshubemuki, L., 1993. Forestry resources in Tanzania's wetlands: concepts and potentials. In: Kamukala, G.L. & Crafter, S.A. (Editors). Wetlands of Tanzania. Proceedings of a seminar on wetlands of Tanzania. IUCN Wetlands Programme, Nairobi , Kenya. pp. 37–48.

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• Shi, S., Huang, Y., Tan, F., He, X. & Boufford, D.E., 2000. Phylogenetic analysis of the Sonneratiaceae and its relationship to Lythraceae based on ITS sequences of nrDNA. Journal of Plant Research 113: 253–258.

• Williams Sangai, G.R., 1968. Sonneratiaceae. In: Milne-Redhead, E. & Polhill, R.M. (Editors). Flora of Tropical East Africa. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. 4 pp.

Auteur(s)

• C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Bosch, C.H., 2010. Sonneratia alba Sm. In: Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 17 décembre 2024.

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